Le méchant est outrageusement beau 75

Chapitre 75 : Le responsable


Quand Xu Xingzhi reprit connaissance, la première chose qu’il vit, ce fut le rideau de la fenêtre qui était soulevé par une brise légère et dansait tel un papillon.

Au loin, il devait y avoir un temple bouddhiste ou daoïste car le vent charriait dans la chambre le bruit de la cloche du soir, ce qui éclaircit l’esprit du jeune homme.

Il se redressa sur le lit doux et inconnu, mais sentit que son corps n’était pas stable, comme si le côté gauche était plus lourd que le droit.

Son corps était comme une balance avec trop d’objets lourds sur un plateau, il ne put s’empêcher de pencher vers la gauche.

Xu Xingzhi voulut instinctivement tendre la main droite pour se raccrocher, mais il se retrouva à tomber du lit avec un grognement rauque.

… Heureusement, une paire de bras le rattrapa juste à temps par la taille.


Les oreilles de Xu Xingzhi bourdonnaient comme un nid de grillons. Il saisit d’une main le devant des vêtements de l’autre personne. Il avait si mal qu’il pressa sa tête contre le bras de l’autre mais au moins, il ne s’humilia pas en poussant un cri.

Des grosses larmes tombèrent sur son visage. Xu Xingzhi se ressuya les yeux avec quelques doutes et sentit seulement que c’était chaud.

Il ouvrit donc les yeux et dès qu’il vit le visage de l’homme en face de lui, il arbora sans y penser un léger sourire.

Le sourire orna son visage pendant que de la sueur froide coulait dessus.

« … Encore à pleurer. Pourquoi tu pleures cette fois ? »

Meng Chongguang murmura dans un sanglot :

« Grand frère martial, j’aurais dû tous les tuer ! »


Sa voix était très grave, on aurait dit un chiot en colère.

Cependant, seul le Ciel savait ce qu’il avait ressenti quand, après avoir déposé son grand frère martial ici, il avait déchiré sa manche droite trempée de sang pour voir l’état de ses blessures, mais n’avait alors vu qu’une masse sanglante dont sortaient quelques os.

Il avait pleuré très fort en serrant le moignon et le contour de ses yeux était encore enflé.

En cet instant, il n’avait eu qu’une envie : retourner sur-le-champ à la Montagne de la Tombe du Vent pour décapiter Guang Fu et se venger au nom de son grand frère martial.

Mais il était déjà terrifié.

Il était terrifié à l’idée que s’il laissait son grand frère martial seul, il pourrait alors lui arriver quelque chose. Dans ce cas, il n’aurait plus qu’à se suicider aussitôt.

Alors durant les deux derniers jours, il était resté aux côtés de son grand frère martial. Qui aurait cru que juste au moment où il était allé demandé à l’employé d’apporter de l’eau chaude dans la chambre, grand frère martial avait failli tomber du lit.


Après s’être un peu remis, Xu Xingzhi fut transporté sur le lit par Meng Chongguang.

Il ne pouvait honnêtement pas dire comment il se sentait.

Il se rappelait clairement de tout ce qui s’était passé avant qu’il ne perde connaissance et du goût du sang de son maître qui avait éclaboussé sa bouche. Mais son cœur était comme engourdi, il ne ressentait absolument rien, ni douleur ou démangeaison. C’était un peu bizarre.

Meng Chongguang avec son nez rouge avait l’air un peu amusant, alors Xu Xingzhi sourit avec naturel.

« Tu n’es plus fâché contre moi ? »

Dès qu’il aborda ce sujet, le visage de Meng Chongguang devint aussitôt pâle.

S’il ne s’était pas disputé avec grand frère martial, s’il était revenu plus tôt…

Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !

Voyant que les yeux de Meng Chongguang étaient soudain devenus rouges, que son visage était pâle et qu’il avait l’air d’être à deux doigts de fondre en larmes, Xu Xingzhi faillit s’étrangler. Comme d’habitude, il voulut le prendre dans ses bras pour le consoler mais Meng Chongguang le prit de vitesse : il tendit les bras pour le serrer contre lui, ses bras tremblant encore un peu.

Cependant, Meng Chongguang n’osa pas employer la moitié de sa force sur lui. Les muscles de ses bras étaient tendus alors qu’il prenait sur lui, comme si ce n’était pas Xu Xingzhi qu’il tenait mais de la porcelaine très précieuse et fragile.


Xu Xingzhi avait toujours été celui qui prenait les gens dans ses bras. Il ne supporta donc pas d’être tenu ainsi comme un enfant. Il se figea un moment, mais son corps était très faible. Il ne pouvait donc pas repousser l’autre.

« Chongguang…

– Ne bouge pas, grand frère martial, murmura l’autre. Attention à tes blessures. »

Xu Xingzhi avait en effet à peine un peu bougé, mais il avait déjà comme un voile blanc devant les yeux. Afin de se sentir un peu mieux, il renonça simplement à se débattre et profita de sa position pour poser la tête sur l’épaule de Meng Chongguang.

Il demanda :

« Ça fait combien de temps que j’ai dormi ?

– Deux jours, » répondit Meng Chongguang d’une toute petite voix.

… Mais à ses yeux, c’était comme si deux années s’étaient écoulées.


« Comment ça se passe à la Montagne de la Tombe du Vent ?

Yue Xiyun C’est le vrai nom de Guang Fu. Meng Chongguang l’utilise à présent pour bien marquer qu’il ne se considère plus comme un disciple. (1) est à notre recherche. »

Meng Chongguang craignit soudain que Xu Xingzhi se fasse trop de soucis, alors il se pencha prudemment et déposa un léger baiser sur ses lèvres.

« Grand frère martial, ne t’en fais pas. Nous sommes à plusieurs milliers de li de la Montagne de la Tombe du Vent. Ils ne pourront pas nous retrouver. »

Quand Xu Xingzhi entendit ça, il sombra peu à peu dans l’inconscience.


* * *


Dans les jours qui suivirent, il alterna entre éveil et sommeil, pas toujours lucide, avec une forte fièvre par moments, rêvant constamment de faire des allées et venues dans un four puis dans de l’eau glacée.

Ce ne fut que sept jours plus tard qu’il se réveilla complètement avec l’esprit bien lucide. Meng Chongguang était allongé à ses côtés tout habillé pour le veiller. Quand il le vit ouvrir les yeux, il crut d’abord que Xu Xingzhi s’était de nouveau réveillé de façon temporaire. Il l’aida donc à se redresser et à boire un peu d’eau, puis le reprit dans ses bras pour qu’ils se rallongent en silence.

Mais après un long moment, Xu Xingzhi fit d’une voix rauque :

« Ma main. »

Le dos de Meng Chongguang se tendit et il se releva aussitôt :

« … Elle te fait mal ? »


Les yeux de Xu Xingzhi retrouvèrent un peu de vie et il pencha la tête sur le côté pour le regarder :

« … Je devrais me faire une autre main, tu ne crois pas ? Sinon, si ça reste nu comme ça, ça va faire bizarre et moche. »

Meng Chongguang passa gentiment un bras autour de la tête de Xu Xingzhi et la caressa deux fois.

« En.

– Le métal serait trop lourd, mais le bois va facilement attirer les insectes, poursuivit le jeune homme d’une voix faible. Aide-moi à trouver quel matériau serait le mieux. »

Pendant qu’il disait ça, il remua un peu mais frotta alors sa plaie couverte d’une fine croûte rosée et inspira brusquement de douleur.

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Meng Chongguang paniqua tellement que sa voix vira dans les aigus :

« Grand frère martial ! »

Xu Xingzhi fit une grimace.

« Ce n’est rien, c’est juste que je ne m’y attendais pas. C’est moi qui ai eu mal, pas toi. »

Le visage pâle, Meng Chongguang prit la main gauche de Xu Xingzhi et en posa la paume gelée contre son cœur. Il fit d’un ton tendre :

« Ridicule. Quand Chongguang voit grand frère martial souffrir, il a mal ici. »

Xu Xingzhi leva faiblement sa main pour lui pincer sa nuque chaude.

« … Idiot. »

Meng Chongguang baissa la tête et le laissa gentiment le caresser.

Après ce moment d’intimité, les deux continuèrent d’être allongés côte à côte paisiblement, comme s’ils se trouvaient encore dans leur chambre de la Montagne de la Tombe du Vent et que rien ne s’était passé.


Mais après un moment, Xu Xingzhi posa la même question qu’il avait demandée quelques jours plus tôt :

« Comment ça se passe à la Montagne de la Tombe du Vent ? »

Meng Chongguang se pinça les lèvres mais répondit honnêtement :

« Ce jour-là, quand j’ai emmené grand frère martial loin de la Montagne de la Tombe du Vent, j’ai convenu avec Yue Xiyun qu’après dix jours, s’il n’avait pas fait une enquête minutieuse pour prouver ton innocence, je reviendrai prendre sa vie. »

Il ne comptait pas du tout demander à Xu Xingzhi comment était mort Qing Jing.

Dans son esprit, grand frère martial et le maître avaient une relation très proche. Grand frère martial n’aurait jamais pu tuer le maître, alors il était forcément accusé à tort.


Quand Xu Xingzhi entendit les paroles de Meng Chongguang, son cœur fut envahi par un calme sans précédent.

Tant qu’on l’accusait à tort d’être un cultivateur fantôme, il avait ressenti le besoin de se défendre. Mais à présent qu’il avait bel et bien tué son maître de ses propres mains, que pouvait-il dire sur son innocence ?

Dire qu’à ce niveau, Xu Xingzhi était d’un calme extrême, à tel point qu’il ne pouvait pas verser la moindre larme.

Il put même taquiner tranquillement le jeune homme :

« Chongguang, est-ce qu’au moins tu peux battre maître Guang Fu ? »

Sans surprise, Meng Chongguang se rendit compte qu’il en avait trop dit et il fit d’un ton hésitant :

« Je… »

Xu Xingzhi continua de l’interroger :

« Et qu’est-ce que tu m’as fait avaler ce jour-là devant le Palais de Bambou Vert ? »


Meng Chongguang paniqua alors.

Devant le Palais de Bambou Vert, quand il avait vu le sang de son grand frère martial, il avait eu peur que l’autre soit gravement blessé. Alors il avait directement mis sa propre pilule démoniaque dans la bouche de Xu Xingzhi pour stabiliser son Qi. Mais il avait complètement oublié qu’en faisant ça, il exposait directement son identité de démon céleste à Xu Xingzhi.

Tout était fini, il était à présent inutile de nier. Meng Chongguang dut baisser la tête et reconnaître :

« Grand frère martial, je ne voulais pas te mentir… »

Cependant, il n’avait toujours pas le courage de dire ces mots à voix haute.

Pendant plus de dix ans, il n’avait jamais dévoilé sa véritable nature. Il avait continué à jouir des faveurs de son grand frère martial, prétendant n’avoir qu’un niveau de cultivation en-dessous de la moyenne. Il avait suivi son grand frère martial qui lui avait offert avec prodigalité des trésors rares pour améliorer sa cultivation. Il avait simplement et joyeusement apprécié la gentillesse de son grand frère martial envers lui. S’il disait qu’il n’avait pas caché la vérité exprès, seul un fantôme pourrait le croire.


Comme Xu Xingzhi ne le regardait pas, Meng Chongguang fut si affolé qu’il serra entre ses doigts la manche gauche du jeune homme et refusa de la lâcher.

« Grand frère martial, tu peux me punir si tu veux… »

Xu Xingzhi tourna la tête sur le côté pour le regarder sous le clair de lune. Il étira ses lèvres pâles en un sourire et retira sa manche de ses doigts crispés.

Avant que Meng Chongguang ne puisse implorer son pardon, il se pencha à son oreille et murmura à voix basse :

« Dis-moi un peu, comment devrais-je te punir ? »

La voix rauque de Xu Xingzhi était si aguichante que Meng Chongguang en fut soulagé : Xu Xingzhi n’était pas fâché pour de vrai contre lui. Il se pressa immédiatement contre lui.

« Tu peux battre ou punir Chongguang. Du moment que grand frère martial n’est pas fâché avec moi, tout me va.

– Alors en guise de punition, tu devras me fabriquer une main. »

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Xu Xingzhi lui mordilla l’oreille puis murmura :

« … Et aussi, ne fais pas de mal aux gens de la Montagne de la Tombe du Vent.

– Je ne tiens pas spécialement à les tuer, je veux juste le bonheur de grand frère martial. »

Meng Chongguang frotta sa tête contre les bras de Xu Xingzhi comme un enfant. Il déposa de légers baiser sur le côté gauche de son torse, comme pour embrasser le cœur qui battait à l’intérieur.

« Si grand frère martial est malheureux, j’irai aussitôt là-bas pour tous les tuer. Mais si grand frère martial s’en fiche, pourquoi devrais-je me soucier d’eux ? »


Xu Xingzhi contempla attentivement ce jeune homme brillant de santé et de vigueur. Il tendit la main gauche pour lui caresser le front de ses doigts, puis la posa sur son dos.

C’était la première fois que Meng Chongguang montrait ses crocs acérés devant lui sans la moindre hésitation, mais il ne pouvait pas lui en vouloir.

Il avait toujours su que ce garçon était un démon céleste, mais il ne s’était jamais rendu compte que l’autre avait aussi caché sa puissance.

Normalement, il aurait dû le questionner mais avant d’ouvrir la bouche, il se rappela soudain que quand il avait forcé sa tribulation de l’Esprit Naissant par les éclairs, Meng Chongguang et lui étaient tombés ensemble dans la montagne.


Une fois de retour, il s’était vanté devant Zhou Beinan qu’il s’était évanoui après le premier éclair et n’avait pas du tout senti les autres. Du coup, il avait atteint ce niveau d’Esprit Naissant sans rien payer en retour.

Mais à l’époque… ce devait être en fait Meng Chongguang qui avait bloqué les quarante-huit autres éclairs de la tribulation pour lui, non ?

En songeant à ça, Xu Xingzhi n’avait plus le cœur à se fâcher contre lui. Rien qu’en restant avec lui, il ressentait une chaleur infinie envahir son corps.

Il songea que si Meng Chongguang était séparé de lui, il ne savait pas à quoi ressemblerait cette petite bête.

Dieu merci, il m’a toujours eu, moi.

Dieu merci, je l’ai toujours eu, lui.


Après un long moment, il fit :

« Chongguang, quand j’irai mieux, parcourons le monde ensemble. »

Au début, Meng Chongguang fut transporté de joie. Puis sa joie se ternit et il demanda avec circonspection :

« Mais grand frère martial, tu ne veux pas blanchir ton nom ? »

Xu Xingzhi ne répondit pas.

Meng Chongguang se rendit compte qu’il faisait une drôle de tête, alors il se tut sagement et ne dit plus un mot.

Xu Xingzhi rumina un moment, puis demanda :

« Chongguang, où est la bourse spirituelle qui contient les fragments de l’Esprit Naissant du maître ? »

En voyant son air stupéfait, il expliqua :

« Le premier jour où j’ai repris connaissance, je t’ai vu porter la bourse spirituelle fermée de maître Guang Fu. »


Comme Xu Xingzhi l’avait découvert, Meng Chongguang n’eut pas d’autre choix que de lui tendre bien docilement la bourse spirituelle.

Xu Xingzhi inspira un grand coup, puis ouvrit la bourse. Ce qui lui sauta aux yeux fut l’enchevêtrement d’énergie spirituelle et démoniaque, ce qui lui fit froncer les sourcils.

L’énergie démoniaque était très bien dissimulée. Quelqu’un d’un niveau de cultivation inférieur ne l’aurait pas du tout détectée. Mais après la rupture de l’Esprit Naissant, les morceaux d’Esprit Naissant de Sa Luo et Qing Jing étaient emmêlés ensemble. Même Xu Xingzhi aurait été bien en peine de dire quels morceaux appartenaient à son maître et quels morceaux appartenaient au Démoniaque malfaisant qui s’était emparé en cachette du corps de son maître.


Xu Xingzhi serra fort la bourse spirituelle. Puis il s’allongea sur le dos sur le lit, contemplant d’un air vide le ciel du lit.

Les cris de chagrin des disciples de le Montagne de la Tombe du Vent résonnèrent à ses oreilles, ainsi que Guang Fu qui le maudissait de rage tout en sanglotant. Mais il resta d’un calme surprenant, il ne pouvait même pas penser.

Son maître s’était fait posséder par un Démoniaque. Combien de gens parmi les cultivateurs démoniaques étaient en mesure d’envahir le corps du maître sans que ce dernier ne s’en rende compte ? Et comment ce Démoniaque avait fait pour entrer dans la Montagne de la Tombe du Vent ? Est-ce qu’il visait le maître, ou bien lui-même ?

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En voyant Xu Xingzhi serrer la bourse spirituelle en transe, Meng Chongguang se sentit de nouveau bouleversé. Il prit la main du jeune homme.

« Grand frère martial, j’ai examiné ces fragments et je sais que le maître a été possédé par un cultivateur démoniaque… Quant au responsable, tu n’as pas déjà quelques soupçons, grand frère martial ? »

Xu Xingzhi leva les yeux vers lui.

Après avoir bien pesé ses mots, Meng Chongguang fit avec quelques hésitations :

« Ces dernières années, le seul point commun entre la Montagne de la Tombe du Vent et le royaume des Démoniaques, c’est…

– Xiao Deng ne ferait jamais une chose pareille, » le coupa Xu Xingzhi d’un ton plat.


Meng Chongguang entendit que Xu Xingzhi soutenait toujours Jiu Zhideng, même en un moment pareil. Après un moment de stupéfaction, il explosa :

« Grand frère martial ! Tu refuses toujours d’ouvrir les yeux ? À part lui qui aurait manigancé ça, comment ce Démoniaque aurait-il pu s’introduire dans la Montagne de la Tombe du Vent ? En plus, à part lui et moi, qui d’autre savait que tu avais une marque sur le dos que tu ne pouvais montrer à personne ? Qui d’autre aurait pu retourner ça contre toi ?!

– … Chongguang, Xiao Deng n’est pas comme ça, » répéta Xu Xingzhi d’un ton las et tendre.

… Meng Chongguang s’arrêta net.

Ce n’était pas parce que les paroles de Xu Xingzhi l’avaient convaincu, mais parce qu’il s’était enfin rendu compte que Xu Xingzhi était trop calme, au point que c’était anormal.


En ce qui concernait Meng Chongguang, Qing Jing était juste nominalement son maître. Il ne s’était pas montré méchant avec lui, mais pas non plus trop proche.

On pouvait dire que dans toute la Montagne de la Tombe du Vent, Xu Xingzhi était le seul que Qing Jing choyait de tout son cœur. À part lui, Qing Jing s’occupait rarement des autres.

Qing Jing se comportait envers grand frère martial comme un père ou un grand frère, et grand frère martial était quelqu’un qui attachait une grande importance à l’amitié. Mais là, Qing Jing était mort dans des circonstances étranges, alors l’attitude détachée de Xu Xingzhi rendait vraiment Meng Chongguang perplexe et mal à l’aise.

Il aurait encore préféré voir son grand frère martial pleurer que de le laisser se faire du mal ainsi.


* * *


Toutefois, dans les dix jours qui suivirent, Xu Xingzhi se comporta normalement. Il resta au lit pour se reposer et de temps en temps, il s’entraîna à écrire de la main gauche ou à tenir ses baguettes avec. À part ça, il ne semblait pas s’intéresser à ce qui se passait dans le monde. On aurait dit qu’il voulait vraiment rester coupé du reste du monde ainsi.

Meng Chongguang se rongeait les sangs, mais il ignorait comment faire pour aider Xu Xingzhi à se débarrasser de ce démon intérieur. Il en souffrit un bon moment.

C’était probablement à force d’y penser à longueur de journée qu’il finit par en rêver la nuit. Un soir, Meng Chongguang s’endormit et fit un rêve. Il rêva que Qing Jing était en train de boire avec son grand frère martial. À son réveil, il arbora une mine stupéfaite, à tel point que Xu Xingzhi se rendit compte que quelque chose n’allait pas.

Il demanda donc :

« De quoi tu as bien pu rêver ? »


Meng Chongguang voulut d’abord éluder mais ensuite, il changea d’avis pour une certaine raison. Il répondit donc honnêtement :

« J’ai rêvé du maître. »

Xu Xingzhi se figea un moment, puis demanda :

« Que faisait le maître, ah ?

– Il buvait avec grand frère martial, » répondit le jeune homme.

Cela fit penser Xu Xingzhi à la dernière fois où il avait bu avec le maître. Dans ce petit kiosque, le vent soufflait doucement et la pluie s’abattait sur les lotus. Il avait pris la jarre du maître dans sa main mais avait retenu la main du maître avec impertinence, l’empêchant de boire ne serait-ce qu’une gorgée.

Xu Xingzhi leva sa main gauche et eut l’impression de sentir encore un reste de chaleur dessus.


Après un long moment, il demanda d’une toute petite voix :

« … Le maître était heureux ? »

Meng Chongguang ne sut que répondre à ça.

N’obtenant pas de réponse, Xu Xingzhi contempla le ciel du lit comme à son habitude et répondit comme pour lui-même :

« Vu qu’il a pu boire, le maître devait naturellement être heureux. »

Son ton était plat et dénué de la moindre émotion.

Meng Chongguang en fut si bouleversé qu’il enlaça la taille de Xu Xingzhi par derrière, tâchant de son mieux de lui transmettre sa chaleur corporelle afin de réchauffer son cœur.

Mais Xu Xingzhi semblait tout à fait capable de vivre sans sa chaleur.


* * *


Après encore dix jours où il resta consciencieusement allongé pour détendre ses muscles, il finit par se lever. Au début, il marcha juste un peu autour de la chambre. Par la suite, il commença à entraîner Meng Chongguang pour sortir se balader dehors.

Xu Xingzhi n’avait pas l’air différent de d’habitude : il agitait son éventail de la main gauche et portait une tenue azur toute neuve. On aurait dit que cela ne lui faisait rien d’avoir perdu une main. Il était capable de passer un bras autour des épaules de Meng Chongguang pour lui raconter quelques blagues.

Le printemps était pluvieux. Cela ne faisait pas longtemps que les deux jeunes gens étaient sortis qu’une pluie légère tomba du ciel.

Les parapluies s’ouvrirent dans la rue, les épaules se frottèrent l’une contre l’autre, c’était une scène délicate et charmante.

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Xu Xingzhi venait tout juste de se rétablir de ses graves blessures. Meng Chongguang avait peur qu’il ne prenne froid, alors il acheta un parapluie. Il retira aussi son manteau pour le poser sur les épaules de Xu Xingzhi. Ses petits yeux clairs de chiot ne le quittèrent pas.

Les deux jeunes gens s’engagèrent dans une ruelle. Xu Xingzhi, qui était en train de parler de tout ce qu’il avait vu et entendu au fil des années, s’arrêta soudain.

Au bout de la ruelle, il y avait des odeurs de liqueur alléchantes. Quiconque aimait boire ne pouvait que se douter que cet endroit vendait du sake.

En voyant l’air songeur de Xu Xingzhi, Meng Chongguang se frotta docilement contre lui et fit :

« Grand frère martial, tu n’as pas encore complètement récupéré de tes blessures, alors tu ne dois pas boire d’alcool. »


Mais Xu Xingzhi était comme captivé par l’odeur de la liqueur. Il lâcha tout à coup :

« Je devrais en ramener au maître, ah. Le maître va sûrement… »

Il se tut subitement à ce moment.

L’air hébété, il baissa les yeux vers sa main droite.

Ce n’était plus vide : Meng Chongguang lui avait fabriqué une main en bois de Bodhi et l’avait fixée à son poignet amputé de sorte que cela fasse très vrai, mais cela semblait tout bizarre et anormal en fin de compte.

Xu Xingzhi resta planté comme ça un bon moment, puis il s’avança et quitta l’abri du parapluie en papier huilé.

Le visage de Meng Chongguang changea d’expression :

« Grand frère martial ! »

À pas irréguliers, Xu Xingzhi s’avança sous la pluie en direction du magasin de liqueur.


Meng Chongguang n’osa pas utiliser son pouvoir spirituel car cela aurait pu attirer l’attention des autres. Il dut alors lui courir derrière et après seulement dix pas, il put lui saisir la main gauche.

« Grand frère martial, tu — »

Quand il se fit attraper, Xu Xingzhi, qui avait toujours eu le dos droit et un visage radieux, s’effondra soudain en avant comme le mont Buzhou frappé par Gonggong.

Dans la pluie diluvienne et entouré de l’arôme de l’alcool, Xu Xingzhi se mit en boule et tenta pour la première fois de pleurer et de laisser éclater ses sanglots.

Jamais il ne s’était senti aussi loin de la Montagne de la Tombe du Vent, séparé par des montagnes et des océans, et ces montagnes et océans ne pourraient jamais plus être aplatis.


Dans la rue, les parapluies continuaient de défiler, haut et bas, et la pluie recouvrit ses pleurs. Personne ne se rendit compte que ce jeune homme qui s’était effondré dans l’allée était en train de pleurer.

Dans ce monde, il y avait des gens heureux, occupés, tristes et aussi désespérés. Ses émotions et sa peine étaient comme la mer qui contemplait le ciel et les nuages qui contemplaient la mer. Ils ne pouvaient que se voir à distance sans jamais communiquer.


* * *


Inutile de dire qu’avec le chaos qui agitait la Montagne de la Tombe du Vent et les trois autres sectes, le royaume des Démoniaques était aussi sous tension.

Un choucas se posa sur une branche pin devant le palais des Démoniaques. Après un moment, il s’envola en poussant un cri. Ce son parut saisir avec lui un bout du cœur d’une personne.

Assis en hauteur dans la salle principale du palais, Jiu Zhideng avait une expression morose. Il semblait ne pas avoir dormi de la nuit. Ses yeux lançant des poignards, il demanda d’une voix glaciale :

« Vous n’avez toujours pas retrouvé mon grand frère martial ? »

Les disciples démoniaques qui avaient été envoyés à la recherche de Xu Xingzhi n’osèrent pas dire un mot. Ils étaient tous en train de trembler et avaient bien trop peur pour bouger.

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Jiu Zhideng faillit se briser les dents en les serrant. Il projeta la table par terre d’un coup de paume.

« Amenez-moi cet homme ! »

Les disciples démoniaques ne purent endurer la pression d’Esprit Naissant qui se répandit alors. Ils se levèrent précipitamment et partirent d’un air peu digne.

Liu Yunhe fut ramené, tiré par des hommes.

Quand l’affaire avait éclaté, Jiu Zhideng lui avait brisé les jambes et les rotules.

Peu lui importait les compromis, la retenue ou les forces cachées derrière tout ça, en cet instant, il ne s’en était pas du tout soucié. Il voulait seulement tuer Liu Yunhe et laisser son cadavre pourrir sans sépulture.

Mais même s’il avait sombré dans cet état, Liu Yunhe était visiblement persuadé que Jiu Zhideng n’oserait jamais l’éliminer. Alors quand il fut jeté par terre dans la salle principale comme de la boue, il eut même le culot de remettre de l’ordre dans ses cheveux en bataille aux tempes avant de relever la tête.


Jiu Zhideng serra les poings dans un bruit étouffé.

« Parle, pourquoi tu as tenté d’assassiner mon grand frère martial ?! »

Depuis un mois, toutes sortes de nouvelles et de rumeurs avaient dévasté Jiu Zhideng et l’avait rendu confus.

Qing Jing était mort subitement, Xu Xingzhi avait perdu sa main, tué son maître et s’était enfui de la Montagne de la Tombe du Vent avec Meng Chongguang, un démon céleste. Les deux avaient disparu…

Cette accumulation avait peu à peu rendu fou Jiu Zhideng.


Alors ces derniers jours, il avait fait de son mieux pour tenir le coup. Il avait envoyé ses hommes à la recherche de son grand frère martial et avait aussi envoyé plus d’une dizaine de lettres à la Montagne de la Tombe du Vent, l’une après l’autre, pour demander l’autorisation de venir afin de discuter en détail de tout ce qui s’était passé, mais ces lettres furent toutes comme des pierres jetées dans la mer. Il s’était même rendu en personne là-bas mais avait été poliment éconduit en quelques mots.

Sans le maître et son grand frère martial, Jiu Zhideng ne pouvait plus désormais revenir dans la Montagne de la Tombe du Vent.

Et puis hier, il avait finalement abouti dans ses spéculations et trouvé quelques indices qui désignaient le coupable de tout ce désastre.


Les disciples n’osèrent pas rester, alors il n’y eut plus que Liu Yunhe et Jiu Zhideng dans la grande salle.

Quand il entendit cette question, Liu Yunhe leva des yeux méprisants et fit :

« Seigneur Démoniaque, pourquoi vous en prendre à moi ? N’est-ce pas vous qui au début m’avez dit que Xu Xingzhi détenait le Livre du Monde dans son corps ? »


Note de l’auteuse :

Henrik (Ibsen ?) :

“Cela peut paraître facile de pleurer

Mais c’est en fait très difficile.”


Note de Karura : Pauvre Xu Xingzhi…


Notes du chapitre :
(1) C’est le vrai nom de Guang Fu. Meng Chongguang l’utilise à présent pour bien marquer qu’il ne se considère plus comme un disciple.






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