Le méchant est outrageusement beau 78

Chapitre 78 : Je souhaite que l’on puisse souvent se revoir


La nuit à l’Île du Fleuve Céleste contenait toujours une trace d’humidité. Le vent venant du courant marin assaillait les visages et il semblait y avoir en permanence une couche de brouillard translucide entre le ciel et la terre.

Zhou Beinan était comme un poisson ondulant dans l’eau et émergeant dans le ciel.

Il secoua les gouttes d’eau sur sa tête, puis souleva son bras et jeta un bon gros poisson aux écailles blanches sur le rivage. Il s’allongea ensuite sur un rocher près de la plage, contemplant la lune comme un lapin étendu.


Au moment où il allait pousser un soupir, il entendit une voix chaleureuse lui demander derrière lui :

« Beinan, qu’est-ce que tu fais ici ? »

Zhou Beinan était plongé dans ses pensées. Quand il entendit cette voix, son coude dérapa et il glissa de nouveau dans l’eau.

Il se tourna et vit Qu Chi debout sur le rivage.

Après avoir plongé deux fois dans l’eau, Zhou Beinan remonta à la surface et nagea jusqu’à la rive.

« Je suis sorti pour marcher seul.

– J’ai remarqué que tu as souvent la tête ailleurs, quelque chose te chiffonne ? demanda Qu Chi. C’est ton anniversaire aujourd’hui mais tu n’es pas à table pour le banquet. Les autres disciples se font du souci.

– Sans moi, ils peuvent quand même s’amuser. »


Zhou Beinan sortit de l’eau avec indifférence, ne portant qu’un pantalon brun trempé. Ses larges muscles humides brillaient un peu sous le clair de lune.

Il essora ses longs cheveux et fit :

« Laisse-moi tranquille. Tu peux retourner là-bas. »

Qu Chi était du genre conciliant. Zhou Beinan avait dit qu’il ne faisait rien de spécial et qu’il n’avait pas besoin de sa compagnie, alors le jeune homme n’insista pas pour rester, ce qui aurait dérangé Zhou Beinan.

Avant de partir, il jeta un regard songeur au gros poisson jeté sur le rivage par son ami et qui se tortillait encore en agitant la queue.


Zhou Beinan cueillit quelques algues rejetées sur la plage par la marée nocturne. Il les tressa ensemble, puis les passa à travers la gueule du poisson.

Mais après ça, il ne savait pas ce qu’il fallait faire ensuite.

Après avoir fixé longuement les yeux brillants et écarquillés du poisson blanc, le jeune homme ne savait plus contre qui il était fâché, alors il marmonna :

« … Quel imbécile. »

Dès qu’il eut dit cela, il vit son ombre s’étirer sous ses pieds suite à une lumière étincelante, comme si une étoile s’était brisée en morceaux et que ces morceaux tombaient du ciel.


Zhou Beinan tourna la tête juste à temps pour voir un feu d’artifice exploser dans une ville du continent qui n’était qu’à une centaine de zhang de la mer.

Cela ne fit pas beaucoup de bruit, mais les perles volantes et les fleurs étoilées qui fleurissaient à basse altitude étaient si familières que les yeux du jeune homme s’illuminèrent.

Un second feu d’artifice s’éleva dans le ciel, mais il explosa plus bas. Des milliers de points lumineux apparurent à basse altitude, les feux lumineux illuminèrent le vaste ciel, teintant les nuages de rose et de bien d’autres couleurs merveilleuses.


Avant même qu’un troisième feu d’artifice ne soit lancé, Zhou Beinan avait déjà ramassé le poisson et il s’habilla rapidement avec les vêtements qu’il avait laissés sur le rivage. Il ne prit même pas le temps de tordre ses cheveux pour les rincer : il invoqua sa lance en vitesse puis traversa la mer, se dirigeant vers la ville du nom de Linjin.

Il avait eu le pressentiment toute la journée que Xu Xingzhi n’allait pas rater son anniversaire.

Et là, en voyant les feux d’artifice familiers dans le ciel lointain, comment aurait-il pu ne pas comprendre ?


* * *


La cité de Linjin se trouvait près du port, elle était donc accessible de toutes les directions et il y avait plusieurs auberges où loger. Si Zhou Beinan les observait une par une, il n’arriverait pas à faire la distinction. Heureusement, ce n’était pas le Nouvel An aujourd’hui, ni même un festival, alors il n’eut qu’à demander à quelques vendeurs ambulants d’où étaient venus les feux d’artifices pour obtenir ce renseignement.

Zhou Beinan se renseigna donc tout en marchant et il arriva bientôt à une auberge. Sans surprise, dès qu’il interrogea le gérant, il apprit que deux jeunes seigneurs riches et généreux avaient loué toute l’auberge. Ils avaient lancé trois feux d’artifice depuis le toit, puis l’un des deux seigneurs était descendu les prévenir que si un jeune seigneur cultivateur bien habillé se présentait pour les chercher, il devait se rendre dans une chambre de son choix à l’étage et attendre un peu, ils viendraient le rejoindre plus tard.

Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !

Zhou Beinan ne mit pas sa parole en doute. Il lui jeta le poisson qu’il tenait et fit :

« Fais-moi une soupe avec ça. »

En voyant la perche de mer blanche toujours vivante, le gérant manifesta sa stupeur.

« Mon seigneur, une perche de mer est fréquente mais cette perche de mer blanche est vraiment très rare. On pourrait en tirer cinquante pièces d’or. J’ai bien peur que le cuisinier de notre modeste auberge ne soit pas capable de… »

Zhou Beinan était pressé de voir Xu Xingzhi, alors il ne voulut pas perdre de temps à discuter avec lui :

« Prépare-la de la manière la plus simple possible : fais-la braiser puis sers-la avec un bouillon. »

Après ça, il souleva le devant de sa tunique et monta les escaliers en courant.


Dès qu’il eut monté les escaliers, il eut l’impression de passer à travers une paroi souple.

Il y avait une barrière spirituelle et transparente à cet endroit, que les mortels ne pouvaient pas traverser.

Cependant, à peine Zhou Beinan avait-il franchi la barrière qu’il entendit soudain de petits gémissements en provenance du toit : des bruits de succion et de baisers, des cris de plaisir, le tout sans fin.

Bien que Zhou Beinan n’avait jamais eu de relation intime, il comprit ce qui se passait. Son visage devint aussitôt tout rouge et il était si gêné qu’il faillit tomber des escaliers en posant un pied dans le vide pour reculer.

Puisqu’il n’y avait que Xu Xingzhi et Meng Chongguang dans cette auberge, il était facile de comprendre qui faisait tous ces bruits.


* * *


Zhou Beinan se trouva au hasard une chambre où était allumée la lanterne et il s’enferma dedans. Malgré ça, les bruits obscènes se poursuivirent inévitablement. En entendant les bruits légers, Zhou Beinan rougit d’embarras et se tortilla comme s’il avait un balai dans le cul. Il n’aurait su dire combien de temps il dut souffrir ainsi avant de voir la porte de sa chambre s’ouvrir de l’extérieur.

Xu Xingzhi entra sous ses yeux, ses cheveux un peu défaits et le devant de sa tunique entrouvert, suivi de Meng Chongguang. Quand le jeune homme vit Zhou Beinan, il lâcha un Oh, puis fit :

« Beinan, tu es déjà là ? »

Avant ce face-à-face, Zhou Beinan avait déjà songé à tuer ce sans-gêne de Xu Xingzhi. Mais avant même de parler, son cœur se calma de 70 %, et les 30 % restants disparurent complètement en voyant la main droite de son ami qui était couverte par un gant fin.


Malgré ça, le ton du jeune homme resta aussi acerbe que jamais :

« T’es encore en vie ? »

Xu Xingzhi sourit et répondit :

« Je ne suis pas mort. »

Mais dans ce sourire, Zhou Beinan perçut quelque chose de différent.

Avant, Xu Xingzhi aurait rigolé et lui aurait passé un bras autour des épaules en demandant d’un ton chaleureux :

« Comme si tu voulais que je meurs. »

Il n’aurait jamais laissé passer l’occasion de se moquer de lui, avec sa tête d’imbécile qui donnait envie aux autres de le frapper.

Il a changé après tout.

À cette pensée, le cœur de Zhou Beinan s’adoucit encore plus.


Xu Xingzhi s’approcha de la table mais quand il voulut s’asseoir, ses bras appuyés sur la table se raidirent un peu et le coin de ses lèvres s’abaissa en un arc d’inconfort.

Heureusement, Meng Chongguang avait l’œil vif et les mains lestes. Il lui tendit un coussin moelleux, posa une main sur son bras et l’aida à s’asseoir sans encombre.

En regardant leurs interactions, Zhou Beinan ne put que comprendre ce qui s’était passé. Il fixa Xu Xingzhi et déglutit.

Ce dernier lui demanda :

« Comment se fait-il que tu sois le seul à être venu ? »

Le jeune homme roula des yeux et répliqua :

« Oh, j’aurais donc dû faire venir tous les disciples des quatre sectes pour qu’ils voient ce qui s’est passé entre Meng Chongguang et toi ? »

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Xu Xingzhi était naturellement immunisé contre la honte et il eut un sourire insouciant.

« Chongguang, tu peux descendre. Je veux parler seul avec Beinan. »

Meng Chongguang jeta un regard à Zhou Beinan et se pinça les lèvres. Il n’était clairement pas ravi, cependant il obéit sagement et se leva pour descendre.

Dès qu’il fut parti, Zhou Beinan fit d’un ton furieux et hors de lui :

« Dis voir, tu m’as fait signe de venir avec tes feux d’artifice, alors pourquoi tous les deux, vous avez quand même… ? »

Xu Xingzhi ne put s’empêcher de rire.


Depuis peu, Meng Chongguang avait enfin goûté au bonheur de cet acte doux et agréable. Comme quelqu’un qui avait goûté à la moelle et ne pouvait plus s’en passer, il le harcelait sans cesse comme un petit chiot, demandant à le faire deux ou trois fois par jour.

Quant à Xu Xingzhi, après la première et la seconde fois pas très agréables, cela s’était amélioré et il s’était même rendu compte que le fait de faire ça souvent lui apportait de réels bénéfices. Alors il s’était simplement plié au bon vouloir de Meng Chongguang et l’avait laissé faire à sa guise.

Tout à l’heure, après avoir lancé les feux d’artifice, Meng Chongguang avait regardé les lumières brillantes dans le ciel, ce qui était très beau. Il avait été inspiré par l’ambiance et n’avait cessé d’amadouer Xu Xingzhi, disant qu’il voulait essayer dans un nouvel endroit. Tout en tirant sur les vêtements du jeune homme, il avait dit d’un ton minaudier :

« Le temps que Grand frère martial Zhou voit les feux d’artifice, qu’il se change, qu’il vienne de l’Île du Fleuve Céleste et qu’il demande son chemin en passant pour trouver cet endroit, cela lui prendra certainement un bon bout de temps pour venir… »


Xu Xingzhi s’était retrouvé complètement enveloppé dans son étreinte si tendre et chaude. Il avait pincé le dos de l’autre jeune homme en réponse et avait dit :

« Parce que cette fois, tu vas pouvoir faire ça vite ? »

Meng Chongguang l’avait embrassé au sommet du crâne et lui avait assuré :

« Grand frère martial, je vais faire de mon mieux pour aller plus vite. »

Xu Xingzhi s’était seulement dit que ce petit enfoiré avait le don de le convaincre et qu’il n’arrivait jamais à se montrer dur et ferme avec lui. Cette fois encore, il s’était laissé facilement convaincre et les deux s’étaient allongés et pressés l’un contre l’autre, ce qui n’était pas du tout confortable.

Sous le ciel bleu foncé et la lune argentée, tout semblait lumineux et brillant, comme purifié. Le toit de l’auberge était au même niveau que les bâtiments à côté. Quelqu’un de l’autre côté n’avait qu’à ouvrir sa fenêtre pour tomber sur la scène de printemps qui se déroulait de ce côté-ci. Xu Xingzhi avait donc dû réprimer et ravaler ses gémissements, et ses yeux étaient devenus rouges.

La lune bien haute dans le ciel regarda avec tendresse et compassion ces deux jeunes hommes en train de s’unir comme si c’était la fin du monde.


* * *


Assis dans la chambre, Xu Xingzhi prit la théière de sa main gauche et se servit du thé chaud dans des tasses.

Zhou Beinan savait que même s’il posait la question, il n’obtiendrait pas de réponse décente, alors il agita simplement la main.

Xu Xingzhi poussa une tasse vers lui.

« Tu aurais dû prévenir Xuechen et Qu Chi.

– Je suis venu en vitesse. »

Zhou Beinan prit la tasse et la tint dans ses paumes.

« En plus, Qu Chi était probablement avec Xuechen à ce moment. Alors si je voulais faire venir Qu Chi, cela aurait aussi impliqué Xuechen. Tu sais comment il est. S’il ne s’agissait que de te voir, cela ne poserait pas de problème, mais… »


Voyant qu’il ne semblait pas pouvoir dire la suite, Xu Xingzhi compléta pour lui :

« Je sais. Chongguang est un démon céleste, alors cela poserait problème. »

Wen Xuechen n’avait jamais caché son aversion pour les gens qui suivaient d’autres Dao. Meng Chongguang était collé à Xu Xingzhi désormais, alors si ces deux-là se rencontraient, ils allaient forcément se battre. Mieux valait éviter ça.

Zhou Beinan se renfrogna un peu, triturant sans s’en rendre compte un pan de sa tunique.

En réalité, s’il n’avait pas demandé à Wen Xuechen de venir, c’était parce qu’encore aujourd’hui, Wen Xuechen était intimement convaincu que Meng Chongguang était responsable de la mort de maître Qing Jing. Il avait également ordonné en privé à ses disciples de la Vallée de la Pure Fraîcheur que s’ils trouvaient où était Meng Chongguang, ils devaient revenir l’en informer personnellement pour qu’il aille le tuer.

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Zhou Beinan voulut dire la vérité, mais il se dégonfla.

« Non, ce n’est pas ça. Il doit rester avec Xiao Xian’Er. Elle est… elle est enceinte. »

Xu Xingzhi fut à la fois surpris et ravi.

« C’est vrai ? »

Zhou Beinan se gratta le bout du nez et fit d’un ton fier :

« Ça fait deux mois mais je ne suis au courant que depuis hier. Xiao Xian’Er a dit que c’était son cadeau pour mon anniversaire. »

Xu Xingzhi en fut aussi transporté de joie. Il prit un morceau de jade pur sculpté en forme de dragon qui était accroché à sa ceinture, le tourna entre ses doigts, puis le tendit à son ami.

« Tiens.

– Qu’est-ce que c’est ?

– C’est ce que j’avais prévu de t’offrir, fit le jeune homme. Je l’ai acheté chez un antiquaire en venant ici avec Chongguang, c’est un jade qui a été cultivé depuis plus de dix ans. Mais maintenant que Xiao Xian’Er attend un heureux événement, tu peux bien le lui laisser, hein ? »


Zhou Beinan prit le jade et le soupesa une paire de fois. Il vit que ce jade était d’excellente qualité et qu’il avait dû coûter cher. Son cœur éprouva à la fois de la gratitude et du regret, mais quand les mots de remerciements sortirent de ses lèvres, le ton et le sens avaient complètement changé :

« Et mon cadeau d’anniversaire, alors ?

– Je vais te donner ça, » assura Xu Xingzhi sans se démonter.

Il ouvrit de nouveau la main et dans sa paume se trouvait une petite poche couleur cinabre faite main et qui était très exquise.

Zhou Beinan fit d’un ton écœuré :

« Où est-ce que tu as acheté un truc aussi féminin, ah ?

– C’est moi qui l’ai fait. »

Zhou Beinan : « … »


Xu Xingzhi n’était clairement pas comme les autres hommes. Il n’avait absolument pas honte de manier le fil et l’aiguille. Il fit d’un ton expert :

« Il y a dedans du bois de santal et de pêcher. Je les ai taillés en billes et les ai poncés une par une. Je voulais d’abord en faire deux pour donner l’autre à Chongguang, comme ça on en aurait une chacun, mais au bout du compte, je n’en ai fait qu’une. »

Zhou Beinan laissa échapper :

« Mais ta main — »

Il sut tout de suite qu’il avait fait une gaffe, mais cela ne parut pas déranger Xu Xingzhi qui agita sa paume restante d’un air naturel.

« Ça va, fit-il. Même s’il ne me reste qu’une main, je peux faire plein de choses. … Par exemple, je peux te battre au bras de fer. »


Zhou Beinan étouffa un léger rire, puis sentit que sa gorge était de nouveau serrée. Il lui fila donc simplement un coup de pied sous la table.

Cependant, Xu Xingzhi tendit la main pour déposer la poche cinabre dans la main droite de Zhou Beinan et il serra les deux avec un peu de force.

« Beinan, joyeux anniversaire. »

Zhou Beinan avait entendu ces mots toute la journée. Pourtant en cet instant, ils tombèrent dans ses oreilles avec beaucoup de gentillesse et de confort. Le visage du jeune homme lui brûla un peu.

« … C’est dégoûtant à mort.

– Tu dois faire un vœu. »


Zhou Beinan se gratta le menton, un peu mal à l’aise.

« Où est-ce que tu vas aller maintenant ?

– Voyager aux quatre coins du monde. Après tout, il doit bien y avoir des choses à voir, fit Xu Xingzhi avec un sourire. … Où qu’aille Chongguang, j’irai. Nous avons déjà tous les deux une petite maison et on a planté des vignes, des fleurs et des plantes. Au printemps prochain, on prendra peut-être même un chien. »

Zhou Beinan le contempla. Il comprit que Xu Xingzhi ne voulait plus s’impliquer dans ce monde et son cœur fut un peu amer un moment. Ensuite, son cœur redevient chaleureux et il fit doucement :

« Alors je souhaite que l’on puisse souvent se revoir. »


* * *


Zhou Beinan continua à parler avec Xu Xingzhi, mais ils parlèrent seulement de choses légères qui leur étaient arrivées récemment.

Quant à l’ordre de pourchasser et tuer Xu Xingzhi émis par Guang Fu qui s’était répandu dans les quatre sectes, Xu Xingzhi devait en avoir tout à fait conscience, alors Zhou Beinan n’avait pas besoin d’en parler.

Quant à la véritable cause de la mort de Qing Jing, Xu Xingzhi en parlerait quand il voudrait lui en parler, alors Zhou Beinan ne se permit pas de demander.

Quoi qu’il arrive, il avait toujours pleinement confiance en Xu Xingzhi.

Il souhaitait simplement que Xu Xingzhi soit à l’aise avec lui et qu’il puisse encore lui montrer son rire clair et de bon cœur d’avant.

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Après avoir discuté un demi shichen, Zhou Beinan compta sur ses doigts et en conclut que cela serait grave s’il s’absentait plus longtemps et que cela pourrait susciter des soupçons. Alors il se leva et se prépara à retourner sur l’Île du Fleuve Céleste.

Xu Xingzhi n’insista pas pour qu’il reste et le raccompagna à la porte de l’auberge. Une fois que la silhouette de son ami se fut fondue dans la nuit, il se tourna et vit justement Meng Chongguang sortir de la cuisine avec une marmite d’où s’échappaient de la fumée et une odeur appétissante. L’odeur d’umami Une des cinq saveurs de base. (1) qui en sortait était tout simplement attirante.

Xu Xingzhi trouva cette odeur familière.

« C’est… »


L’aubergiste s’empressa de répondre d’un ton enthousiaste :

« C’est une perche blanche apportée par le jeune seigneur qui vient de vous rendre visite. Quand il est venu, il nous a ordonné de la faire cuire à petit feu. Il nous a fallu jusqu’à maintenant pour cuire les mille morceaux de tofu et les mille morceaux de poisson… »

Avant qu’il ne puisse finir de parler, il se recroquevilla sous le regard glacial et perçant de Meng Chongguang, puis se retira dans la cour d’un air penaud.

À ces mots, Xu Xingzhi ne put s’empêcher de courber un peu ses sourcils.

— Durant l’anniversaire de Zhou Beinan l’an dernier, il avait comme d’habitude apporté les cadeaux à l’Île du Fleuve Céleste lors du banquet. Il avait ensuite goûté les plats un par un, puis avait pointé du doigt la soupe de perche de mer blanche. Il avait dit en souriant :

« Celui-ci a un peu de goût. Les autres sont tous fades. »

À ce moment, Zhou Beinan avait vivement répliqué :

« Si tu n’aimes pas, dégage. Mon Île du Fleuve Céleste n’a pas à s’adapter à tes goûts. »


En voyant Xu Xingzhi contempler la soupe de poisson d’un air rempli de nostalgie, Meng Chongguang se sentit encore plus déprimé. Il prit un morceau de poisson blanc et bien frais et le mordit comme pour défouler sa colère. Rempli de vinaigre, il prit un autre morceau avec des baguettes et le tendit vers Xu Xingzhi.

« Grand frère martial s’est bien trop dépensé aujourd’hui. Il doit reprendre des forces. »

Xu Xingzhi s’approcha lentement mais ne prit pas le morceau de poisson entre les baguettes : il se pencha en avant et prit l’autre morceau de poisson dans le bouche du jeune homme.

Meng Chongguang en lâcha ses baguettes et le morceau de poisson qui valait au moins le prix d’une maison tomba par terre.


Après avoir cajolé ce petit gars de mauvais poil, Xu Xingzhi prit place à table. Il mangea deux morceaux de poisson avec une cuillerée de bouillon et leva aussitôt son poignet pour se frotter l’œil gauche. Il souffla un peu et fit :

« … C’est trop chaud. »

Meng Chongguang se rapprocha de lui et lui embrassa l’oreille tendrement. Il mordilla le contour délicat de son oreille.

Il ne dit pas un mot et tint justement patiemment Xu Xingzhi dans ses bras, afin que l’autre puisse finir en paix le dîner que lui avait apporté son meilleur ami.


* * *


Après être sorti de l’auberge, Zhou Beinan joua avec le sachet cinabre pendant tout le trajet, ne cessant de grommeler :

« C’est un truc pour les filles. »

Il était absorbé, la tête baissée, à manipuler la poche dans un bruissement. Quand ses yeux baissés virent une paire de jambes très fines ainsi que les roues d’un fauteuil roulant, il s’arrêta net, incapable de s’enfuir.

Il releva aussitôt la tête et pendant un moment, un milliard d’excuses pour avoir quitté le banquet surgirent dans son esprit. Hélas, Wen Xuechen réduisit en morceaux toutes ses belles idées rien qu’une phrase :

« J’ai vu ces feux d’artifice à basse altitude, Qu Chi aussi. »

Zhou Beinan fit claquer sa langue et se gratta la tête afin de trouver un moyen d’empêcher Wen Xuechen de se rendre à l’auberge. Il lança alors maladroitement un autre sujet :

« Où est Xiao Xian’Er ? »

Wen Xuechen répondit sans se démonter :

– J’ai veillé à ce que petite sœur Xian retourne dans nos quartiers et qu’elle et le bébé soient bien installés avant de venir ici avec Qu Chi. »

Zhou Beinan : « … »


Avant que le jeune homme ne puisse trouver d’autres sujets de conversation, Wen Xuechen demanda :

« Il va bien ? »

Zhou Beinan ne pouvait rien faire d’autre à part hocher la tête.

« Son moral est bien meilleur. Heureusement qu’il a Meng Chongguang avec lui. »

Quand il prononça le nom de Meng Chongguang, il fit particulièrement attention à bien observer l’expression de Wen Xuechen. Il espérait simplement que Wen Xuechen n’irait pas attaquer les deux autres maintenant. Si un combat se déclenchait pour de bon, il ne saurait même pas qui aider.

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Après un long moment, Wen Xuechen prit un parchemin de sa manche et en parcourut quelques pages. Il fit lentement :

« D’après l’almanach, aujourd’hui est le jour de la Chambre Dorée. C’est un jour propice au mariage, pas au combat. Je suis juste venu voir. Maintenant que je sais que Xingzhi va bien, je suis rassuré… Qu’est-ce que tu fais ?! »

Qu Chi sourit derrière lui :

« Laisse-moi voir si c’est vraiment le jour de la Chambre Dorée aujourd’hui. »

Wen Xuechen cacha le parchemin où était clairement inscrits les mots “Livre de Naissance” sur le devant. Il haussa le ton inconsciemment :

« … Bien sûr que ça l’est ! »


Qu Chi ne voulut pas le contredire. Il demanda d’un ton doux :

« Nous n’allons vraiment pas le voir ?

– Du moment que Xingzhi va bien, pourquoi irions-nous le déranger ? »

Wen Xuechen fit lentement tourner son bracelet Yin-Yang autour de son poignet du bout des doigts.

« En plus, Meng Chongguang est avec lui. Si on se rencontre et que cela déclenche une querelle et un conflit, ne serait-ce pas très difficile pour lui ? »

Zhou Beinan poussa un soupir de soulagement.

« Alors… On rentre ? »


Pendant la conversation, Qu Chi avait attentivement repéré une petite poche accrochée au bout de la lance en acier de Zhou Beinan. Il demanda avec curiosité :

« Beinan, tu ne détestes pas ce genre d’ornement normalement ? »

Le jeune homme toussota sèchement et détourna le visage.

« J’ai trouvé ça joli, alors je l’ai acheté sur un coup de tête. »

En voyant sa réaction, Qu Chi se douta de quelque chose et insista :

« … Vraiment ?

– … Bien sûr ! » affirma Zhou Beinan d’un ton décisif.

Cela fit rire Qu Chi.

Il n’avait pas pour habitude de démasquer les autres, alors les trois jeunes gens marchèrent tranquillement sous le clair de lune, se dirigeant lentement vers l’Île du Fleuve Céleste.


* * *


Sur le toit de l’auberge, Xu Xingzhi, qui tenait son bol et ses baguettes, regarda ses trois amis au loin. Il était sous le même croissant de lune qu’eux, entendait le même bruit des vagues qu’eux, alors son cœur s’apaisa, comme si tous ses soucis avaient disparu.


La parole à l’auteuse : — Quand Xu Xingzhi a tendu la poche à Zhou Beinan, ce fut leur dernier contact physique.


Un poème pour grand frère martial Xu :

J’ai également erré pendant longtemps,

Ces dix dernières années,

Je n’ai pas pu vous remercier de votre profonde gentillesse,

Mon maître et ami est décédé.

Gu Zhenguan (1637 – 1714)


Notes du chapitre :
(1) Une des cinq saveurs de base.






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