Le méchant est outrageusement beau 84

Chapitre 84 : Une visite pour convaincre


Quand Sa Si était parti pour la ville frontalière dans le but de trouver Xu Xingzhi, il lui avait fallu trois jours pour le repérer.


La première nuit de ces trois jours.

L’heure Zhi Entre 23 h et 1 h. (1), une nuit de printemps, tout était pratiquement silencieux.

Au beau milieu de la nuit, les lanternes sur la Montagne de la Tombe du Vent vacillaient et le nombre de disciples affectés à la garde de nuit était bien plus élevé que d’ordinaire. Les avant-postes s’étendaient jusqu’à cent li, ils se tenaient prêts à tout moment pour une attaque-surprise des cultivateurs démoniaques.

Xu Pingsheng portait sa tenue de combat et dormait avec son épée contre lui à la porte sud-ouest de la montagne.


Il y avait quelques autres disciples comme lui, exténués par ces longues veillées de nuit pour se préparer au combat. Tout comme lui, beaucoup de disciples refusaient de retourner dans leurs chambres et préféraient tenir leurs positions en permanence. Plus d’un disciple était aussi en train de dormir tout habillé mais ils se mettaient par groupes de trois ou quatre. Comme ça, en cas d’urgence, ils pourraient se réveiller mutuellement et se protéger ensemble. Seul Xu Pingsheng était entouré par un vide subtil et gênant.

Depuis un an, peu de gens étaient désireux de s’approcher de lui.

Heureusement, il avait l’habitude. Mais une fois qu’il s’endormait, il était constamment assailli par des cauchemars et ça, il était incapable de s’y habituer.


… Cette nuit, il rêva de nouveau d’un événement du passé.

Un petit garçon était allongé sur le sol d’un petit temple Daoïste avec une blessure à la jambe d’environ un cun de long et un demi-cun de profondeur. La plaie était en train de s’infecter.

La terrible fièvre avait rendu son visage pâle comme un linge, seules ses lèvres étaient un peu colorées.

Tenant un bout de couverture en lambeaux, ses petites épaules tremblaient.

« … Grand frère, j’ai faim et j’ai soif. »

Xu Pingsheng s’agenouilla à côté de lui.

« Il y a des fantômes et des monstres dehors. S’ils nous attrapent, ils nous jetteront en pâture aux insectes. Xingzhi, sois patient, ah. »

L’enfant demanda d’une toute petit voix :

« En pâture aux insectes ? »


Xu Pingsheng serra fort le garçon dans ses bras.

« … Quand je suis sorti voir dehors tout à l’heure, j’ai vu oncle Xu, notre voisin… Le même oncle Xu qui venait souvent apporter à manger à maman. Quand je suis allé au ruisseau au bord du village, je l’ai vu par terre. Sa tête s’était détachée de son corps et des vers jaillissaient de ses oreilles et de ses yeux… De bons gros vers blancs qui le dévoraient, couverts de sang… »

À cette époque, Xu Pingsheng n’était lui-même encore qu’un enfant et c’était très difficile pour lui de prendre en compte les sentiments des autres. Il avait juste voulu partager la terreur qui avait rempli son cœur avec la seule autre personne près de lui avec qui il pouvait parler. Il ne remarqua donc pas du tout la lueur d’angoisse dans les yeux du garçon qu’il tenait.

Le petit ne réclama plus du tout à boire ou à manger.

À cause de la fièvre, de fins vaisseaux sanguins s’étiraient dans ses yeux et quand ils se remplirent de nouveau de larmes, ils devinrent particulièrement ronds, brillants et émouvants.

« Grand frère, ne sors plus dehors. C’est trop dangereux.

– D’accord, je ne sortirai plus, » accepta Xu Pingsheng.


Après avoir cajolé l’enfant affamé pour qu’il plonge dans un sommeil étourdi, Xu Pingsheng l’enveloppa dans la couverture en coton puis le déposa par terre. Il se rendit dans le hall principal du temple Daoïste où se trouvaient côte à côte les statues en argile aux couleurs vives des Trois Purs Les trois dieux les plus élevés du Daoïsme. (2). Comme personne n’était venu les honorer depuis longtemps, les cendres d’encens sur le plateau étaient agglutinées ensemble, les toiles d’araignées s’accumulaient comme du givre et les lézards grimpaient et descendaient le long des murs et par terre. C’était très lugubre.

Il ne reconnut pas tout de suite qu’il s’agissait des statues des Trois Purs : la peinture s’était écaillée, les crânes étaient brisés et il était même difficile de savoir s’il s’agissait d’hommes ou de femmes. Alors Xu Pingsheng s’agenouilla sur le coussin de sol sale et récita dans sa tête tous les noms de dieux et de Bouddhas qu’il connaissait. Il les implora un par un :

« Reine-mère de l’Ouest, Déesse de la Miséricorde, seigneur Yama, grand-mère Saule, Xingzhi est la seule famille qu’il me reste. Je vous en conjure, ne me le prenez pas. »

Après avoir supplié les dieux et les Bouddhas, Xu Pingsheng retrouva un peu de paix de l’âme. Il retourna auprès de son petit frère et le recouvrit de chiffons et drapeaux jaunis empilés dans un coin. Il s’enveloppa dans ses vêtements, se pelotonna dans un coin et finit par s’endormir.


Au bout d’un certain temps, il se fit réveiller par les gémissements rauques et faibles du garçon à côté de lui.

Xu Pingsheng se frotta les yeux.

« Xingzhi ? »

Le garçon tordit son corps avec le visage très pâle. On pouvait lire la douleur sur son visage et il gémissait comme un petit chiot blessé.

Xu Pingsheng comprit soudain qu’il se passait quelque chose. Il souleva les deux trois drapeaux jaunis et après avoir regardé de plus près, il en resta stupéfait et figé.

Il y avait eu une immense fourmilière à l’endroit où les bannières jaunies avaient été empilées. Les fourmis avaient senti l’odeur du sang et s’en étaient réjouies. Elles s’étaient rassemblées sur la blessure à la jambe du garçon comme des fèves noires. Inlassablement, elles mordillaient et transportaient la chair un peu pourrie au bord de la blessure. Elles recouvraient déjà densément la moitié de sa jambe.

Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !

Comme il n’avait pas avalé d’eau ou de riz depuis fort longtemps, le garçon ne pouvait pas bouger, ni même crier. Ses yeux secs et brûlants étaient grands ouverts, observant les fourmis démanteler rapidement sa blessure comme si, au bout d’un moment, ce serait son corps tout entier qui serait découpé en petits bouts puis transporté dans la fourmilière sombre.

Xu Pingsheng le prit dans ses bras et tapa sa jambe de sa main d’un air paniqué, afin d’en retirer les fourmis qui rampaient sur ses jambes.

« Xingzhi, n’aie pas peur, ah, n’aie pas peur ! »

Au bout d’un moment, ce fut une main couverte de sang et dont tous les os avaient été brisés qui agrippa fortement son bras.

Cette main avait en fait la taille d’une main d’adulte !

La voix grave de Xu Xingzhi était faible et désespérée, mais elle résonna à ses oreilles comme le tonnerre :

« Grand frère, sauve-moi — »


* * *


Xu Pingsheng lutta pour sortir de ce cauchemar. Son corps se couvrit de sueur froide et il regarda autour un bon moment avant de se relever, son épée accrochée à sa taille.

Avant de remettre de l’ordre dans sa tenue, il saisit d’abord son épaule d’une main et fit des moulinets du bras qui était engourdi. Il fit de même avec l’autre bras.

Quand Qu Chi arriva en volant sur son épée et atterrit sur le côté de la porte sud-ouest d’un bond gracieux, Xu Pingsheng n’était pas présentable et ce fut là que leurs regards se croisèrent.

Qu Chi agita les longues manches de sa tenue vermeille. Il leva son petit fouet dans sa main droite pour le poser contre son bras gauche. Puis il fit un gentil signe de tête à l’intention de Xu Pingsheng.


Qu Chi se montrait toujours poli envers tout le monde. Xu Xingzhi s’était plus d’une fois moqué de lui à cause de sa courtoisie inutile. Du coup, même dans un tel moment, il avait toujours à cœur de se soucier des autres.

« Quand on tremble de peur et qu’on est anxieux, quand on est troublé par ses regrets, il suffit de boire deux cuillères de décoction Wendan Une décoction pour soigner l’inflammation de la vésicule biliaire. (3) et ça ira mieux. »

Xu Pingsheng baissa la tête et joignit ses mains pour le saluer.

« Merci, grand fr… Maître du pic.

– Maître suppléant du pic, rectifia Qu Chi d’un ton chaleureux. Et si c’est un peu trop compliqué à dire, appelle-moi grand frère martial Qu. »


La nouvelle que Qu Chi se rendait à la montagne avait été relayée par les avant-postes. Il venait à peine d’atterrir à la porte sud-ouest qu’un disciple s’empressa de venir l’accueillir.

« Grand frère martial Qu, par ici je vous prie. Maître Guang Fu vous attend dans le palais de Bambou Vert. »

Quand Qu Chi partit avec lui, ses yeux se posèrent calmement sur les nombreux disciples qui montaient la garde aux portes. Il vit qu’ils avaient l’air épuisé, leurs doigts trituraient nerveusement le bord de leurs tuniques ou la poignée de leurs épées. La moitié d’entre eux fixait le ciel avec terreur tandis que l’autre moitié était perdue dans leurs pensées. Seul un petit nombre d’entre eux avaient les yeux clairs et vifs, et le feu brûlait en eux.

En voyant cette scène, l’expression sur le visage de Qu Chi ne varia pas trop. Ses cils s’abaissèrent silencieusement, il grava soigneusement cette image dans son cœur avant de s’éloigner.

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Une fois qu’il fut parti, plusieurs disciples murmurèrent entre eux :

« Grand frère martial Qu est venu, cela doit être pour discuter avec maître Guang Fu de l’alliance de nos deux sectes pour lutter contre les cultivateurs démoniaques, non ?

– Est-ce que l’Île du Fleuve Céleste s’est vraiment rendue aux Démoniaques ?

– Leur maître a dû tirer des leçons du massacre de toute la Vallée de la Pure Fraîcheur. Sa fille était entre les mains des Démoniaques et grand frère martial Zhou conduisait des disciples pour les affronter. Quand il a vu que cela conduirait tout droit à un malheur, il a décidé de se rendre avec toute sa secte au nom de la paix et pour assurer la sécurité de ses enfants. On peut le comprendre, non ? »

Quelqu’un cracha :

« Bah, il n’a vraiment aucun cran ! Il a aussi cédé la clef des Terres Sauvages ! C’est un méprisable et un lèche-botte ! N’est-ce pas comme s’il avait poussé de ses propres mains grand frère martial Zhou et grand sœur martiale Zhou dans les Terres Sauvages ? »

Discutant entre eux, ils n’hésitaient pas à jurer et insulter à cœur joie.


Quelques jours plus tôt était tombée la nouvelle que deux des quatre grandes sectes étaient occupées par l’ennemi. Les disciples externes au faible niveau de cultivation furent terriblement effrayés et sept à huit disciples sur dix s’étaient enfuis en l’espace d’une nuit. Il restait encore mille deux cents disciples externes et internes. S’ils se servaient de la Grande Formation de Protection de la montagne et s’ils s’alliaient au Pic du Yang Vermillon, ils pourraient résister un certain temps et leurs chances de l’emporter n’étaient pas nulles non plus.

Quelqu’un fit brusquement :

« Si grand frère martial Xu était encore là, comment Jiu Zhideng oserait-il nous envahir ?! »

Quand ces paroles furent prononcées, des regards haineux, méprisants et assassins furent lancés en direction de Xu Pingsheng.

Xu Pingsheng n’était guère le bienvenu ici.

Le jeune homme resta impassible mais c’était comme s’il se faisait juger et réduire en poussière par ces dizaines de regards noirs.

Xu Pingsheng se dit que cela faisait un an qu’il était ainsi mis à l’écart et qu’il avait l’habitude. Mais pour une raison étrange, ce rêve refusait de le lâcher.


En voyant Xu Pingsheng pâlir et détourner le regard, tout le monde se calma et cessa de le foudroyer du regard. Ils continuèrent à discuter des mêmes sujets dont ils débattaient encore et encore depuis ces derniers jours.

Quelqu’un demanda :

« … Mais l’Île du Fleuve Céleste ne possède pas un Artefact ? La Vallée de la Pure Fraîcheur aussi, alors pourquoi ne les ont-ils pas utilisés ? »

Il y eut un grand silence autour. Tout le monde regarda l’autre, attendant que quelqu’un leur fournisse une réponse plausible et rassurante.

Un disciple prit son courage à deux mains et se lança :

« Peut… peut-être que les cultivateurs démoniaques ont frappé trop vite, alors ils n’ont pas eu le temps de s’en servir, vous ne croyez pas ? »

Cette raison était un peu trop artificielle et cela fit perdre aux autres tout intérêt à en discuter. Ils échangèrent encore quelques ragots plats et insipides, puis regagnèrent leur poste. Ils gardèrent bien les yeux ouverts, attendant jusqu’à l’éreintement une attaque violente et féroce qui allait leur tomber dessus sans qu’ils ne sachent quand.


Xu Pingsheng resserra sa prise sur son épée et leva les yeux au ciel.

… Il ne voulait plus faire de rêve ce soir, mais il avait écouté en vain les rêveries stupides de ces gens.

Avant qu’un désastre imminent ne s’abatte, ces gens jouaient naturellement les bravaches.

En à peine deux jours, tous ceux qui étaient restés étaient prêts à sacrifier leur vie pour protéger la montagne mais leur ardeur n’allait pas durer longtemps. Plus le temps passait, plus elle se refroidissait.

La Vallée de la Pure Fraîcheur n’était plus que sang et larmes, l’Île du Fleuve Céleste s’était rendue à l’ennemi et avait changé de camp. Avec ces deux précédents, d’innombrables doutes étaient apparus dans le cœur des gens, agitant des couches de vent et de vagues.

Il fallait reconnaître que Jiu Zhideng avait vraiment bien calculé son coup.

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La Vallée de la Pure Fraîcheur, dirigée par Wen Xuechen, était réputée pour sa nature inflexible. Elle avait tissé un lien avec le mariage entre Wen Xuechen et la fille de Zhou Yunlie, maître de l’Île du Fleuve Céleste. De toutes les quatre sectes, l’Île du Fleuve Céleste était celle qui attachait le plus d’importance à la famille. Alors une fois Zhou Xian capturée vivante, cela avait semé la tourmente dans l’Île du Fleuve Céleste. Il était évident que Jiu Zhideng avait prévu tout cet enchaînement depuis bien longtemps. Il lui avait suffi d’attendre qu’un événement déclenche le feu aux poudres pour qu’il s’empare de deux des quatre grandes sectes.

… Au fait, qu’en était-il des Artefacts Divins ?

Qu’en était-il des Artefacts que chacune des grandes sectes protégeait et qui étaient exhibés tous les sept ans lors de la réunion d’appréciation ?

Se pouvait-il que Jiu Zhideng avait prévu à l’avance que même si la vallée était détruite, la montagne rasée, le pic renversé et la rivière déviée, les quatre sectes n’utiliseraient pas les Artefacts Divins ?

Une terrible idée apparut dans l’esprit de Xu Pingsheng.

Et cette idée se répandait également lentement dans le cœur de chacun des disciples qui montaient la garde.

… Est-ce que les Artefacts Divins existaient vraiment ?


* * *


À l’intérieur du palais de Bambou Vert.

Après avoir écouté les paroles de Qu Chi, Guang Fu s’obligea au calme :

« … Qu’est-ce que tu veux dire par là ? Je ne comprends pas.

– Maître Guang Fu, vous n’avez pas besoin de me le cacher, fit tranquillement Qu Chi. Avant que mon maître Ming Zhao ne s’envole vers les quatre cieux de Brahmā, il m’a expliqué tout ce qu’il fallait que je sache. Je sais donc que parmi les quatre Artefacts, il ne reste plus que le Livre du Monde et il est conservé dans la Montagne de la Tombe du Vent. »

Guang Fu ne dit rien, mais son expression vacilla un peu.

Qu Chi poursuivit d’un ton éloquent :

« Pour autant que je sache, Hongjun Laozu voulait utiliser les quatre Artefacts qu’il avait avec lui pour créer une prison sauvage dans ce monde afin de la sceller dans les quatre directions et qu’elle soit sûre. La clef des Terres Sauvages a également été fabriquée en détachant un fragment de chaque Artefact et en les modelant ensemble. Mais avant qu’il ne puisse créer ces Terres Sauvages, un des Artefacts, le Livre du Monde, évolua pour ressentir les six plaisirs sensoriels et acquérir un esprit. Il s’attacha à un disciple de Laozu et ils tombèrent amoureux… »


La première fois que Qu Chi avait entendu cette histoire de la bouche de son maître Ming Zhao, il avait aussi été incrédule.

Ce disciple en question avait suivi Hongjun Laozu pendant bien des années. Il était spécialisé dans les Artefacts et dans leurs soins. Mais pour une raison ou une autre, il tomba amoureux de l’esprit du Livre du Monde et cela engendra bon nombre de désillusions imperceptibles.

Avec ses paroles éloquentes, il séduisit le Livre du Monde et décida de berner son maître. Il détourna une bonne partie du pouvoir divin pour créer un faux livre du monde. Son plan était que ce faux livre serve à créer les Terres Sauvages au lieu du vrai Livre du Monde, comme ça ce dernier pourrait rester dans ce monde et avec ce disciple pour l’éternité.

Toutefois, comment Hongjun Laozu aurait-il pu se laisser duper à ce point ? Quand les Terres Sauvages furent formées, il sentit qu’il manquait un filet d’âme divine. Heureusement, comme les trois autres Artefacts avaient réussi à fusionner, les trois puissances s’étaient peu à peu équilibrées et les Géants des Origines capturés avaient pu être exilés sans problème.


Mais cela ne suffit pas au disciple, il voulait dévorer l’éléphant. De son pinceau, il écrivit des mots empreints de folie : il voulait utiliser le pouvoir de l’Artefact Divin pour tuer Hongjun Laozu et s’emparer de sa divinité. Heureusement, Hongjun Laozu découvrit son projet à temps.

Après ça, le disciple mourut et l’esprit du Livre du Monde se réduisit en cendres.

Une fois l’esprit perdu, le pouvoir divin de l’Artefact fut grandement réduit alors cela n’aurait plus servi à rien de l’emmener avec lui. Hongjun Laozu le confia donc à son disciple Xuan Fei en lui ordonnant de le sceller et d’en prendre bien soin.

Une fois que Hongjun Laozu alla s’installer pour de bon dans le sixième Ciel, Xuan Fei consacra tout ses efforts à établir quatre sectes. Afin d’avoir un équilibre juste et équitable entre les sectes et de leur accorder du prestige, il créa trois Artefacts par lui-même et prétendit faussement qu’ils étaient des trésors laissés par Hongjun Laozu. Il les confia à la Vallée de la Pure Fraîcheur, l’Île du Fleuve Céleste et le Pic du Yang Vermillon pour qu’ils les conservent et les protègent. Il leur demanda aussi de garder cette histoire secrète pendant très longtemps. Il ne révéla qu’à ses disciples le secret que “les Artefacts sont des faux” avant de réussir son ascension.

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Quant au Livre du Monde qui contenait encore un peu de pouvoir divin, Xuan Fei le confia à son disciple favori, Chi Hong. Ce dernier passa le relai à son disciple Qing Jing / Yue Wuchen avant de monter dans le royaume supérieur.

Un jour que Yue Wuchen était ivre, il emmena dans le Pavillon des Trésors un certain disciple, proposant de lui montrer à quoi ressemblait vraiment l’Artefact le Livre du Monde. Qui aurait cru que par accident, ce disciple allait toucher le sceau, ce qui permit au Livre du Monde de laisser échapper un peu de son Qi interne. Ce Qi envahit le Qi de ce disciple et perdit tout jugement. Il se fondit dans le corps et le parasita dans le but de s’en servir pour absorber le Qi spirituel de la terre et du ciel, et ainsi de récupérer son pouvoir perdu.

Ce disciple venait juste d’entrer dans le Dao et il fut incapable de supporter l’afflux de pouvoir de l’Artefact Divin. Il perdit aussitôt connaissance.


Heureusement, l’Artefact Divin n’était pas intact et Qing Jin, qui avait un peu dessaoulé, ajusta les méridiens de l’adolescent à temps. Pendant les dix jours où le disciple resta inconscient, Qing Jing continua de diriger l’énergie de ses méridiens et lui sauva ainsi la vie de justesse. Cela eut pour effet que le Livre du Monde fusionna avec sa chair et son sang.

Quand le jeune disciple se réveilla, il avait complètement oublié ce qui s’était passé. Il apprit seulement qu’il avait été accepté comme premier disciple à cause de “la faveur du Ciel”, ce qui le laissa très confus.

Plus tard, il s’était même vanté auprès de Qu Chi et des autres en disant que s’il était devenu le disciple en chef aussi facilement, c’était sûrement parce qu’il était trop beau.

En songeant à ce jeune homme rempli de fougue et de vitalité, le coin des lèvres de Qu Chi s’étira légèrement vers le haut et ses doigts caressèrent lentement le manche de son fouet.


Bien qu’un sceau soit placé pour isoler la salle, Guang Fu tâcha de parler le moins fort possible :

« C’est un secret propre à notre secte. Grand frère martial et moi n’en avons jamais parlé à personne d’autre. Comment es-tu au courant ? »

Qu Chi répondit d’un ton neutre :

« Non seulement je suis au courant, mais Jiu Zhideng doit aussi le savoir. Il a osé s’attaquer ouvertement aux quatre grandes sectes, cela veut bien dire qu’il savait déjà que les Artefacts Divins sont des faux. Surtout après le massacre… »

En parlant de ça, Qu Chi fit une légère pause, comme s’il se mordait la langue.

« … après le massacre de la Vallée de la Pure Fraîcheur, il n’a absolument pas redouté le pouvoir des Artefacts Divins. Le fait qu’il s’attaque ensuite directement à la Montagne de la Tombe du Vent le prouve bien. »

Puisque l’affaire était connue, ce serait ridicule de continuer à la cacher. Guang Fu soupira et fit :

« C’est exact. Le Livre du Monde… se trouve en effet dans le corps de Xu Xingzhi. »


Quand il avait appris la nouvelle, il avait l’impression que le ciel lui tombait sur la tête. Il avait aussitôt dégainé son épée pour tuer ce jeune garçon et le découper en morceaux afin d’en faire sortir le Livre du Monde pour le remettre à sa place d’origine, dans le but d’éviter des ennuis par la suite. Cependant, Qing Jing se sentait coupable et fit de son mieux pour protéger le garçon. Après toutes sortes de persuasions, il parvint à sauver de justesse la vie du garçon.

Au fil des années, Guang Fu avait sauté sur la moindre occasion pour que Xu Xingzhi copie des livres dans un but bien précis : il voulait que le garçon soit écœuré du pinceau et du papier, et qu’il n’ait jamais l’envie d’écrire ou de peindre. En effet, cela aurait stimulé le pouvoir du Livre du Monde dans son corps, perturbant le Mandat du Ciel et apportant le chaos, provoquant des dommages irréparables.


Voyant que l’affaire était claire, Qu Chi déclara ses intentions d’une voix assurée :

« Maître Guang Fu, je veux que Xingzhi utilise le pouvoir du Livre du Monde pour nous sortir de cette situation désespérée.

– Absolument hors de question ! » lâcha aussitôt l’autre homme.

Cela ne parut guère surprendre Qu Chi qui demanda simplement :

« Pourquoi ?

– Les anciens livres ne font nulle part mention de ce que peut accomplir le Livre du Monde, personne ne le sait ! Personne ne sait à quel point il peut être puissant ! fit Guang Fu en grinçant des dents. Xu Xingzhi s’est toujours montré arrogant et rebelle, sans vertu et indigne de sa position. Si grand frère martial et moi, nous nous sommes évertués à cacher ce secret, c’était justement parce qu’on craignait qu’une fois qu’il aurait obtenu ce pouvoir et qu’il pourrait faire tout ce qu’il voulait, plus personne ne pourrait l’arrêter ! »

Qu Chi demanda alors calmement :

« Que vous faut-il ? Même si vous voyez les quatre sectes se faire détruire, vous continuerez à refuser de lui demander son aide ? »

Les yeux de Guang Fu s’écarquillèrent et il inspira brusquement.

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Qu Chi reprit :

« Pardonnez ma présomption, mais craignez-vous que Xingzhi se venge de vous ?

– Si je crains ça ? S’il veut ma vie, qu’il vienne la prendre ! répliqua Guang Fu sans hésiter. Ce dont j’ai peur, c’est qu’il ait une haine profonde au fond de son cœur et qu’il refuse de venir aider les quatre grandes sectes ou pire encore, qu’il en profite pour s’allier à ce Jiu Zhideng ! Si cela se produisait, comment pourrais-je l’arrêter ? Comment tu pourrais l’arrêter ? »

Qu Chi fixa Guang Fu qui s’agitait, ses yeux aussi tranquilles que de l’eau, posés et faisant ressentir de la chaleur aux gens.

« Maître Guang Fu, vous avez passé des années avec Xingzhi. Bien que ses actions soient parfois inappropriées et discutables, il attache une énorme importance à l’amour et la justice. S’il savait le désastre qui menace les quatre sectes, il reviendrait assurément, quitte à devoir franchir dix mille rivières et mille montagnes. »

Après une très longue hésitation, Guang Fu murmura :

« … Il le ferait vraiment ? »


Qu Chi lui offrit un sourire gentil et aimable, puis il tendit sa paume vers lui.

« Pouvez-vous d’abord me remettre la main droite de Xingzhi ? »

Guang Fu sursauta.

Qu Chi avait comprit énormément de choses depuis qu’il savait que Xu Xingzhi était le porteur du Livre du Monde.

« Au fil des années, le Livre du Monde a déjà pénétré dans la chair et le sang de Xingzhi. Par conséquent, il y a des fragments du Livre du Monde dans la main droite de Xingzhi, n’est-ce pas ? fit Qu Chi. Si vous me faites confiance, alors donnez-la moi. Je me porterai garant pour Xingzhi. Une fois que je l’aurai retrouvé, les fragments réintégreront son corps. Avec ça pour preuve, je pourrai le convaincre que je dis vrai. Dans ce cas, il ne restera pas sans rien faire tandis que les quatre sectes sont au bord de l’effondrement ! »


Guang Fu changea plusieurs fois d’expression pendant ce discours mais au bout du compte, son envie de protéger la montagne l’emporta sur ses doutes et ses soupçons.

Il détacha une bourse qui pendait à sa ceinture et la tendit au jeune homme.

Quand les doigts fins de Qu Chi effleurèrent le tissu en brocart de la bourse, les scellés dessus apparurent couche par couche, luisant entre ses doigts.

Voyant que Qu Chi avait soigneusement rangé la bourse, Guang Fu inspira profondément et demanda :

« Qu Chi, laisse-moi te poser une question : comment le Pic du Yang Vermillon a-t’il l’intention de combattre l’ennemi ? Il était convenu d’avance que nous, la Montagne de la Tombe du Vent, allons nous défendre jusqu’à la mort sans jamais reculer ! »

Qu Chi fit d’un ton cultivé et raffiné :

« Maître Guang Fu, vous pouvez seulement garantir que vous allez vous défendre jusqu’à la mort sans jamais reculer. »


Guang Fu serra les poings avec un craquement et se sentit grandement offensé.

« … Qu’est-ce que tu veux dire ? Se pourrait-il que le Pic du Yang Vermillon a l’intention de suivre l’exemple de l’Île du Fleuve Céleste et de se soumettre au Dao Démoniaque ?

– … C’est tout à fait mon intention, » reconnut Qu Chi.

Pour toute réponse, une tasse en porcelaine fut jetée par terre et le thé éclaboussa les pieds du jeune homme. Guang Fu avait actuellement un air comme enragé.

Qu Chi expliqua lentement d’un ton ni froid, ni chaud :

« Dans cette période, le Pic du Yang Vermillon et la Montagne de la Tombe du Vent ne devraient pas être engagés dans un siège dangereux et se battre jusqu’à la mort. La Vallée de la Pure Fraîcheur a combattu jusqu’à la mort afin de préserver leur intégrité. L’Île du Fleuve Céleste, attachée aux sentiments, a été obligée de capituler afin de sauver des vies. Sur les quatre grandes sectes, deux ont déjà été vaincues. Alors afin de préserver nos forces, je suggère que le Pic du Yang Vermillon et la Montagne de la Tombe du Vent ouvrent leurs portes et laissent partir tous leurs disciples. Mieux vaut laisser deux montagnes vides à Jiu Zhideng que de se rassembler ici et permettre aux cultivateurs démoniaques de nous éliminer d’un seul coup.

– Je refuse de laisser se renforcer les ambitions d’un autre ! Je ne comprends pas ce que cela pourrait lui rapporter plutôt que de combattre à mort la Montagne de la Tombe du Vent !

– Cela ne lui apportera rien. »

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Sous le regard ardent et furieux de Guang Fu, Qu Chi se pencha pour ramasser les morceaux de porcelaine par terre. Il les rassembla dans sa paume.

« Si maître Guang Fu allait voir les disciples qui montent la garde aux portes, vous n’auriez qu’à regarder leurs yeux pour savoir combien d’entre eux sont comme vous, vraiment prêts à sacrifier leur vie pour protéger la montagne.

– Ils sont restés volontairement —

– Les gens ont tendance à changer d’avis. C’est comme ça, on ne peut pas les forcer. »

Qu Chi finit de ramasser les morceaux et les déposa sur un coin de la table.

« Maître Guang Fu, sur mes 2 365 disciples du Pic du Yang Vermillon, après ce qui s’est passé à la Vallée de la Pure Fraîcheur et l’Île du Fleuve Céleste, je dirais qu’il n’y en a environ qu’une centaine qui seraient vraiment résolus à rester jusqu’au bout. La Montagne de la Tombe du Vent est un peu plus grande que mon Pic du Yang Vermillon, alors il devrait y avoir cent cinquante personnes. »


Le visage de Guang Fu était hideux à voir, comme si quelqu’un avait marché dessus.

Qu Chi poursuivit :

« Le Dao Démoniaque recherche actuellement à tout régler en une seule bataille décisive, tout ça pour s’emparer des quatre sectes au plus vite. À votre avis, est-ce que deux cent cinquante personnes feraient le poids contre l’armée des Démoniaques qui est remontée à bloc et pleine d’esprit combatif ? »

Guang Fu grinça des dents.

« Alors le sort des quatre grandes sectes… Se pourrait-il que ce soit la fin ?!

– Ce ne sera jamais la fin ! »

Le visage d’ordinaire toujours affable de Qu Chi se remplit d’une volonté de fer.

« Ce n’est pas que ces disciples ne sont pas attachés au Dao honorable, c’est juste qu’ils ne veulent pas mourir pour rien ! Si vous conduisez ces disciples dans un endroit sûr et à l’écart et que vous prenez le temps de dresser un plan, l’éclat des quatre sectes restera pareil à celui du soleil et ne se laissera jamais ternir par le Dao Démoniaque ! »


Guang Fu contempla les flammes douces mais résolues dans les yeux de ce jeune homme. Il réfléchit un moment là-dessus, puis demanda :

« … Dans ce cas, qu’est-ce que tu as voulu dire tout à l’heure en parlant de te soumettre au Dao Démoniaque ?

– … Beinan et Zhou Xian, il faut que quelqu’un se porte à leur secours. La mort de Xuechen, il faut que quelqu’un la venge, fit Qu Chi d’un ton léger. Je me porterai à leur secours. Je le vengerai. »


Note de Karura : Encore des révélations sur le Livre du Monde dans ce chapitre ! Quel peut bien être son pouvoir ?

Quant à Qu Chi qui parle si noblement, on sait malheureusement comment ça a fini pour lui… 😥


Notes du chapitre :
(1) Entre 23 h et 1 h.
(2) Les trois dieux les plus élevés du Daoïsme.
(3) Une décoction pour soigner l’inflammation de la vésicule biliaire.






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