Le méchant est outrageusement beau 89

Chapitre 89 : La sphère de lumière au zénith


Durant les quatre années suivantes de la dynastie de Tianding, il se passa beaucoup de choses.


Tianding, troisième mois de la quatrième année.

Les quatre grandes sectes d’origine du Dao Immortel furent vaincues. Le Dao Démoniaque s’imposa par les tueries, aspirant à écraser tous ses ennemis et il s’empara de la position orthodoxe des grandes sectes.


Quatrième mois.

Xu Xingzhi se réveilla de la technique de lavage d’âme.

Dorénavant, Xu Xingzhi était mort tandis que Xu Ping était né.


Au cinquième mois, Guang Fu, qui était prisonnier dans la capitale du royaume des Démoniaques, ne cessait d’insulter ses gardiens de sa langue de vipère à cause de son entêtement. Il se fit horriblement torturer par ces gens : ils commencèrent par lui arracher la langue, puis il se fit mordre par des chiens enragés. On lui jeta ensuite de l’acide au visage pour le défigurer, de sorte qu’il ressemblait désormais à une bougie qui avait fondu n’importe comment toute la nuit.

Toutefois, bien que cet homme avait été écorché, torturé et s’était fait couper la langue, il parvenait encore à lancer des regards noirs et insultants aux gens venus se moquer de lui.


Quand Jiu Zhideng se rappela de lui et vint le revoir, il fut incapable de reconnaître que cet homme était celui qui s’était montré si sévère et arrogant à l’époque sur la Montagne de la Tombe du Vent, Guang Fu / Yue Xiyun au jugement précis.

Jiu Zhideng contempla son visage défiguré et garda un bon moment le silence. Puis il versa sur lui un poison pour le transformer en monstre, lui coupa les deux bras et l’expédia dans les Terres Sauvages Relisez à présent le chapitre 1, vous allez avoir une révélation. (1).


Sixième mois.

Lin Haoxin, Tu Yiping et quatre autre disciples du Pic du Yang Vermillon firent semblant de servir Jiu Zhideng pour tenter de s’emparer de la clef des Terres Sauvages. Malheureusement, ils se firent démasquer par Wen Xuechen et furent emmenés en prison. Ils furent par la suite condamnés à l’exil dans les Terres Sauvages.


Également au sixième mois.

Dans les Terres Sauvages, Tao Xian se fit mordre par une bête sauvage. La blessure s’infecta et se mit à puruler, ce qui le rendit gravement malade. Il resta cloué au lit pendant deux mois avant de pouvoir se lever de nouveau.


Septième mois.

Wen Xuechen demanda à Jiu Zhideng la clef des Terres Sauvages car il voulait envoyer des gens pour savoir si Tao Xian, qui portait les fragments du Livre du Monde, était mort ou pas et comment Qu Chi, qui connaissait la vérité sur le Livre du Monde, se portait à présent.

Après que Jiu Zhideng lui ait enseigné la technique secrète pour ouvrir la porte des Terres Sauvages, Wen Xuechen ordonna à ses disciples de transporter le Miroir d’Étang Spirituel afin d’explorer les lieux. Il fut ainsi confirmé que même si Qu Chi avait rejoint Meng Chongguang et d’autres personnes, il avait perdu l’esprit et avait oublié la plupart de ses souvenirs. Il parlait et agissait comme un enfant, il était donc inutile de s’inquiéter à cause de lui.

Quant à Tao Xian, les disciples venus faire leur rapport assurèrent qu’ils étaient restés deux semaines à guetter près de la tour et qu’ils n’avaient jamais vu cet homme.

Ce ne fut que là que Wen Xuechen fut soulagé.


Huitième mois.

Jiu Zhideng émit un décret pour changer son appellation afin que ce soit plus pratique. Il ordonna donc aux disciples de chaque branche de l’appeler ‘maître’, et le titre de seigneur fut complètement abandonné.

La plus importante branche du Dao Démoniaque dirigée par la secte du Serpent Rouge troqua la tenue noire et violette qu’ils avaient toujours portée pour adopter le système de tenue uniforme des quatre grandes sectes.

Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !

Dixième mois.

Le sixième groupe de cultivateurs démoniaques envoyés par Wen Xuechen pour fouiller dans les montagnes revint bredouille. Ils avaient eu beau fouiller chaque coin et recoin, ils n’avaient pas pu trouver l’endroit où se cachaient les disciples restants de la Montagne de la Tombe du Vent et du Pic du Yang Vermillon.


Onzième mois.

Meng Chongguang, qui se trouvait dans les Terres Sauvages, connut sa première soif de sang.

Les Démons Célestes étaient à l’origine des êtres spirituels du Ciel et de la terre. Ils profitaient de la faveur de l’Univers tout entier et jouissaient de la véritable grâce céleste. Cependant, les Terres Sauvages étaient froides et amères, avec un Qi spirituel très raréfié. Depuis que Meng Chongguang était entré dans les Terres Sauvages, il avait changé son comportement paresseux d’avant. En plus de chercher Xu Xingzhi qui pouvait se trouver quelque part dans les Terres Sauvages, il cultivait consciencieusement.

Malheureusement, quand il passait un niveau important, c’était au prix de sa lucidité.


Quand la soif de sang s’empara de lui pour la première fois, il se retrouva à babiller et à marcher avec difficulté en regardant autour de lui.

Il sortit de la tour en titubant et tua une bête démoniaque qui passait par là.

Alors qu’il buvait son sang, il se mit soudain à trembler et se roula en boule. Il se couvrit le visage et songea : Grand frère martial, surtout n’apparais pas tout de suite. Tu ne dois pas me voir comme ça, c’est trop hideux.


Douzième mois.

La nouvelle cuvée de liqueur de Toso venait juste de sortir des caves dans le monde mortel. Toutes les rues et les allées étaient remplies d’un arôme riche et intoxicant.

Les changements dans les sectes Daoïstes, le changement de maître des quatre sectes, les naissances, la vieillesse, les maladies et les morts des gens dans les Terres Sauvages n’avaient pas du tout affecté la joie de ce monde.

Et ce fut ainsi que jour après jour, mois après mois, treize années s’écoulèrent en un clin d’œil.


* * *


Xu Xingzhi grandit comme une pousse de bambou, d’une douce petite boulette à un jeune homme comme une grue blanche dans un ciel azur.

Il aimait errer partout dans la ville en agitant un éventail ordinaire. Ses amis de beuverie étaient de passage comme les nuages et ses amis intimes n’étaient que deux ou trois. Il savait jouer du guqin et un peu de flûte mais malheureusement, il chantait un peu faux. Il avait lu énormément de livres et s’était un peu entraîné à l’épée mais malheureusement, il ne s’y consacra pas avec assiduité.

Bien que cela faisait treize ans qu’il avait perdu sa main droite, il vivait une belle vie, brillante et colorée.

Son passé et ses souvenirs n’étaient plus que poussière, les jours se succédaient comme l’eau d’une rivière et il semblait que cela continuerait toujours ainsi.


Un jour, il emmena sa petite sœur, Xu Wutong, à la campagne pour une promenade. Après avoir fabriqué une brochette de bateaux avec des tuiles cassées, il s’allongea dans l’herbe près de l’étang, une main derrière la tête. Il leva les yeux vers le soleil un peu masqué par des nuages, l’air un peu songeur.

La jeune fille aux longs cheveux et vêtue d’une robe jaune était agenouillée près de lui. Elle faisait chauffer de la liqueur dans un petit fourneau avec des branches de prunier, le tout apporté avec elle.

Voyant Xu Xingzhi en transe, elle demanda d’un ton doux :

« À quoi tu penses, grand frère ? »

Xu Xingzhi, ou plutôt Xu Ping, fixa les nuages filants et fit doucement :

« … J’ai fait un rêve. »

La jeune fille le regarda et attendit qu’il poursuive, mais Xu Xingzhi n’ajouta pas un mot après ça, comme si ce rêve avait été aussi fugitif qu’un nuage et qu’il ne valait pas la peine d’être raconté en détail.

La fille ne posa pas plus de questions. Après tout, Jiu Zhideng n’avait jamais été du genre à insister sur un sujet.

Jiu Zhideng ne prit vraiment pas cette histoire au sérieux.


Mais quelques jours plus tard, alors qu’il avait pris l’apparence de Wutong pour nettoyer le bureau de Xu Xingzhi, il découvrit une pile de feuilles blanches sur son bureau. L’écriture était à la fois douce et solide, très énergique et on voyait tout de suite que c’était Xu Xingzhi qui avait écrit ça.

Jiu Zhideng n’y prêta pas attention au départ. Mais après avoir remis en ordre les papiers éparpillés, quand il les reposa sur le bureau, ses yeux tombèrent par hasard sur une certaine ligne et il fut aussitôt choqué.

Les mots ‘Meng Chongguang’ furent comme deux tisons qui, après avoir été chauffés à blanc, s’enfoncèrent dans ses yeux. Sa gorge se serra un moment puis il retomba sur la chaise, incapable de prononcer le moindre mot.

Comment grand frère martial peut-il encore se rappeler de Meng Chongguang ?

Cela fait pourtant treize ans que ce fléau a été éliminé !

Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !

Son grand frère martial avait tout oublié du passé. Tout ce qu’il voyait et touchait autour de lui avait été soigneusement sélectionné par Jiu Zhideng. Il n’y avait pas la moindre chose qui aurait pu lui rappeler les jours anciens et les anciennes connaissances. Alors comment se faisait-il que Meng Chongguang faisait de nouveau irruption ainsi dans leur vie ?!

Ce monde était un immense mensonge minutieusement élaboré par Jiu Zhideng. Toutes les personnes qui vivaient dans ce monde provenaient de lui alors il pouvait laisser sa conscience occuper le corps de n’importe lequel d’entre eux.

Du coup, une fois que Xu Xingzhi se réveilla de sa sieste, il découvrit avec surprise que son père, Xu Sanqiu, était assis au bord du lit, le contemplant avec une douce expression.


Sa relation avec son père était comme une relation fraternelle. Xu Xingzhi ne s’encombra pas alors de salutations inutiles. Après s’être frotté les yeux, il bailla avec indolence.

« Père, que se passe-t’il, ah ? »

Après avoir baillé, une larme resta accrochée sur ses longs et doux cils. Son père tendit une main d’un geste naturel pour ressuyer cette larme.

« Ping’Er, qui est Meng Chongguang ? »

Xu Xingzhi marqua une légère pause, puis demanda avec aisance :

« Tu as lu ce que j’ai écrit ?

– … Pourquoi tu t’es subitement mis à écrire une histoire ? »

Xu Xingzhi répondit d’un ton pas sérieux :

« J’ai vu qu’il y a des gens qui vendent leurs histoires sur le pont. Les histoires bien écrites peuvent se vendre très rapidement et une copie peut rapporter une belle somme.

– Ridicule. Tu manques à ce point d’argent chez nous ?

– J’ai écrit ça pour m’amuser. »


Xu Xingzhi était insouciant, mais quand il vit que son père faisait une vilaine tête, il changea rapidement de discours :

« Si ça ne te plaît pas que j’écrive, je ne le ferai plus. »

Son père soupira.

« Étudie plutôt, c’est ça le noble chemin. »

Xu Xingzhi connaissait bien le vieil adage qui disait que si la famille vivait en harmonie, toutes les affaires prospéreraient. Il répondit donc d’un ton sincère :

« Bien, bien, bien, d’accord, d’accord, d’accord. »

En voyant l’air souriant et docile de Xu Xingzhi, son père leva une main et lui caressa la tempe.

« … Ce nom de Meng Chongguang est assez particulier. Comment ça t’est venu ? »


Dès qu’il parla de ça, Xu Xingzhi prit de nouveau son air profondément rêveur, comme sur les bords de la rivière l’autre jour.

« … J’ai fait un rêve il y a quelques jours. À mon réveil, je ne me souvenais de rien à part ce nom. »

Xu Xingzhi prononça en silence les deux mots ‘Meng Chongguang’ et se dit que ce nom sortait avec aisance et douceur de sa bouche, comme s’il l’avait déjà prononcé un millier de fois dans un lieu inconnu.

« … Je trouve que c’est un très beau nom. »

Son père le fixa d’un air pas content du tout.

Xu Xingzhi toussota et se montra aussitôt complaisant :

« Peu importe que ce soit un beau nom, je ne l’écrirai plus ! L’attachement aux petits détails empêche de faire des progrès, quel scandale ! »

En entendant ça, le visage de son père se détendit un peu. Il lui fit signe de se lever rapidement pour se laver, puis il se leva et sortit de la chambre.


Mais en arrivant à la porte, il s’arrêta et hésita un moment. Il finit par tourner la tête et demander :

« … Ping’Er, les fragments des Artefacts qui peuvent ouvrir la porte des Terres Sauvages dont tu as parlés dans ton livre, où sont-ils éparpillés ? »

Xu Xingzhi haussa un sourcil et son visage rayonna au point de faire tomber facilement amoureux les gens de lui.

« Tu as donc tout lu ? Ça veut dire que mon histoire est bonne. … Tu as vraiment envie de savoir, ah ?

– … Ça m’intrigue un peu, » avoua son père.

Xu Xingzhi écarta les bras et avoua :

« Je n’y ai pas encore pensé. Je te le dirai quand je le saurai. »

Son père tendit la main pour s’accrocher au montant de la porte, puis il demanda autre chose :

« Qu’est-ce qui va arriver à Meng Chongguang à la fin ? »

Xu Xingzhi enfila ses chaussettes d’un air négligent.

« Puisqu’il s’agit d’une belle histoire, il finira par sortir des Terres Sauvages. »


* * *


Dans le palais de Bambou Vert, le visage de Wen Xuechen vira au gris quand Jiu Zhideng lui raconta tous les tenants et aboutissants de cet incident.

« Pourquoi il s’est tout à coup mis à écrire ça ? »

Jiu Zhideng se sentit extrêmement irrité rien qu’en y repensant.

« Grand frère martial a dit qu’il a fait un rêve une nuit qui l’a beaucoup inspiré, alors il a écrit cette histoire avant de s’en rendre compte.

– Tu lui as demandé ce qu’il compte écrire pour la suite ?

– Il veut probablement écrire que Meng Chongguang va guider tout le monde pour s’échapper des Terres Sauvages, répondit Jiu Zhideng.

– Dis-lui d’arrêter tout de suite d’écrire ! fit froidement Wen Xuechen. Personne ne sait pour le moment quel est le pouvoir du Livre du Monde, alors il ne faut pas le laisser continuer à écrire !

– J’ai déjà agi dans ce sens, » répliqua Jiu Zhideng.

Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !

… Deux jours plus tôt, alors que Xu Xingzhi s’était endormi à son bureau, l’abat-jour de la lampe n’avait pas été bien fermé et l’huile avait un peu coulé. La lanterne s’était alors enflammée avant d’exploser. Deux ou trois étincelles étaient tombées sur le papier et le feu s’était répandu en un clin d’œil.

Grâce à ‘Xu Wutong’ qui avait découvert l’incendie à temps, pas un seul des cheveux de Xu Xingzhi n’avait brûlé.

Mais il ne restait plus que la moitié du bureau de Xu Xingzhi ainsi que quelques pages qu’il était en train d’écrire. Le reste du manuscrit avait totalement brûlé dans les flammes.

Malgré ça, Jiu Zhideng avait toujours le visage fermé.

Il connaissait bien le tempérament de Xu Xingzhi, à l’instar de Wen Xuechen.


Ce dernier demanda :

« … Une fois le manuscrit détruit, il a continué à écrire en cachette ? »

L’expression de Jiu Zhideng ne varia pas, ce qui était comme confirmer ce que venait de dire Wen Xuechen.

Tel était le tempérament de grand frère martial : quand il s’intéressait à quelque chose, rien ni personne ne pouvait le faire changer d’avis. Plus on lui interdisait de faire quelque chose, plus il était motivé à le faire. En plus, Jiu Zhideng avait été son père depuis des années et s’était toujours montré doux et tolérant. S’il tentait cette fois de le réprimer de force, cela pourrait engendrer des soupçons et ce ne serait pas bon du tout.

En cet instant, Jiu Zhideng se rappela de Guang Fu qui punissait toujours son grand frère martial en lui faisant copier des livres et des écrits sacrés.

Bien que cette méthode était un peu rude, elle avait au moins été efficace. À cause de ça, son grand frère martial s’était lamenté sans fin et dès qu’il voyait un pinceau et une pierre à moudre l’encre, il se comportait comme s’il tombait sur un tigre féroce. Jamais il ne lui serait venu l’envie d’écrire.

Cependant, puisque son grand frère martial avait tout oublié de son passé, il avait également complètement oublié cette peur du pinceau.


Jiu Zhideng s’enquit :

« Y a-t’il eu du changement dans les Terres Sauvages récemment ? »

L’autre homme répondit :

« Hier, un disciple m’a rapporté qu’il n’y avait rien de nouveau du côté de Meng Chongguang. … Mais le plus important pour le moment, c’est de décider quoi faire avec Xu Xingzhi. »

Jiu Zhideng réfléchit.

Il connaissait le tempérament de son grand frère martial. Quand il se lançait dans quelque chose, tenter de l’en empêcher ne ferait que donner le résultat inverse. Mais avec un peu de chance, Xu Xingzhi allait se lasser en cours de route et laisser ce projet mourir tout seul.

Il fit donc :

« … Mieux vaut le laisser écrire. Grand frère martial a parlé de la clef des Terres Sauvages. S’il continue à écrire, il peut peut-être indiquer où elle est cachée. »

Il aurait pensé que la nature prudente de Wen Xuechen et sa tendance à tout prendre en compte l’empêcheraient d’accepter une approche aussi risquée. À sa grande surprise, l’autre homme réfléchit seulement un peu avant d’accepter :

« … Entendu. »


* * *


Une fois sorti du palais de Bambou Vert, Wen Xuechen s’adossa contre son fauteuil roulant et se pinça le nez d’un air las.

Treize années s’étaient écoulées et ses cheveux à la base noirs teintés de gris étaient à présent devenus totalement blancs. Sous son guan en jade, sa chevelure possédait une certaine élégance, comme la neige.

Quand un disciple l’aperçut assis seul devant les marches, il vint s’enquérir :

« Grand frère martial Wen, tu vas bien ? »

L’homme fut tiré de ses pensées et demanda en retour :

« Y a-t’il en ce moment une affaire importante concernant les quatre sectes qui a besoin d’être réglée par le maître ?

– En réponse à grand frère martial Wen, il n’y a rien d’important pour le moment.

– Vraiment ? » insista-t’il.


Ce disciple savait aussi se montrer intelligent et avisé. Après avoir entendu Wen Xuechen répéter deux fois d’affilée la question, il comprit. Il réfléchit soigneusement, puis fit :

« En réponse à grand frère martial Wen, certains disciples ont récemment aperçu des disciples du Pic du Yang Vermillon autour des monts du Premier Soleil. Une équipe est partie enquêter à ce sujet. »

Cependant, cette réponse ne convint pas à Wen Xuechen.

« Autre chose ?

– Autre chose… »

Le disciple parcourut mentalement la liste des affaires courantes.

« Ah oui, il y a un disciple rebelle de la secte du sang qui sévit dans la zone du Bord du Soleil ces temps-ci. Il boit du sang et nourrit des vers de Gu avec le sang. Le maître nous a ordonné de le capturer. »

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Wen Xuechen releva :

« Et vous n’avez toujours pas capturé ce disciple dissident ?

– Il a déjà atteint le troisième rang du Noyau Doré. C’est donc difficile pour des disciples ordinaires de le combattre, mais…

– C’est bon, va faire ton rapport au maître, le coupa Wen Xuechen. Tu vas lui dire que cela fait des années que la secte du sang n’avait pas causé de problèmes. Mais là, un rebelle se manifeste. Si le maître n’agit pas personnellement pour le punir sévèrement, il est inévitable qu’une foule d’autres suivront son exemple. … Mais tu ne dois pas lui dire que c’est moi qui t’ai demandé de lui raconter ça, tu as bien compris ? »

Le disciple hésita un peu à cet ordre, mais il songea alors que depuis qu’il faisait partie de la secte, Wen Xuechen avait toujours suivi fidèlement le maître Jiu Zhideng. En ce qui concernait les affaires à régler, le maître lui faisait entièrement confiance et Wen Xuechen ne ferait jamais rien qui puisse nuire aux quatre sectes. Alors le disciple exprima son accord et entra dans le palais.


* * *


Tard dans la soirée, Jiu Zhideng prit son repas avec Xu Xingzhi dans le monde illusoire, puis il quitta la montagne.

Après son départ, Wen Xuechen manœuvra son fauteuil roulant dans le Palais de Bambou Vert, posa la main sur la pierre à moudre cinabre et activa son pouvoir spirituel.

Il savait que quand Jiu Zhideng devait s’absenter un certain temps, il mélangeait un peu de son pouvoir spirituel à la nourriture et la boisson afin que Xu Xingzhi s’endorme durant tout ce temps. Sinon, si on le laissait livré à lui-même, il irait traîner avec ses amis de beuveries et sans la présence de Jiu Zhideng, il pourrait facilement se rendre compte d’anomalies dans son monde.

Pendant longtemps, Jiu Zhideng avait consacré toute son attention et son esprit à créer un monde sur mesure pour Xu Xingzhi, fabriquant toute une ville pour le piéger à l’intérieur et le faire rêver durant treize ans.

Il était à présent temps de le réveiller de ce rêve.


Wen Xuechen s’était toujours montré sceptique à propos de l’efficacité de la technique de lavage d’âme. À présent que Xu Xingzhi avait écrit de sa propre main le nom de Meng Chongguang, cela ne faisait que renforcer ses plus profondes inquiétudes et craintes.

— Est-ce que Xu Xingzhi avait déjà retrouvé tous ses souvenirs ?

S’il se rappelait vraiment du passé, alors il avait dû remarquer que ce monde était une illusion. Mais il avait fait semblant de ne rien savoir et avait seulement fait mine d’être docile avec Jiu Zhideng.

Avant ça, Xu Xingzhi n’avait eu aucun moyen de savoir qu’il possédait le Livre du Monde dans son corps. Cependant, vu que Jiu Zhideng l’avait empêcher de continuer à écrire, avec l’intelligence et la vivacité d’esprit de Xu Xingzhi, si ce dernier était capable de mettre les choses bout à bout, alors tout serait fini pour de bon.

Mais ces arguments, même présentés et analysés un par un devant Jiu Zhideng, cela ne servirait à rien.

Les sentiments de Jiu Zhideng l’empêchaient de distinguer le bien du mal, le vrai du faux, et de décider de ce qui était vraiment important.

Alors en tant que bras droit, Wen Xuechen devait agir à sa place.


Il dissimula son aura et pénétra dans la flaque d’encre qui contenait la maison avec des tuiles.

Sur un côté de la cour, il y avait une rangée de petites fleurs jaunes. Leur parfum était rafraîchissant et enivrant.

La lumière de la rue était projetée à l’intérieur de la petite cour mais bloquée par le mur d’enceinte. Du coup, cela partageait la cour en deux : une moitié éclairée et l’autre moitié sombre.

Wen Xuechen s’avança lentement vers la maison en suivant cette ligne de démarcation.

Il ne lui fallut pas longtemps pour arriver à la chambre de Xu Xingzhi.

Le jeune homme était déjà profondément endormi, serrant la couette sans aucune défense et dormant comme un bienheureux. Il n’avait absolument pas conscience de ce qui allait se passer.


Wen Xuechen était assis dans le fauteuil roulant que ce jeune homme avait fait pour lui. Il s’approcha de lui en silence.

Il ne haïssait pas Xu Xingzhi mais pour le bien de tous, il devait mourir une bonne fois pour toutes.

À cette pensée, il souleva sa manche et une roulette en jade s’envola, s’approchant de la nuque de Xu Xingzhi. La roulette tournoyait dans le vide et il suffisait de la pousser un peu en avant pour qu’elle tranche la tête du jeune homme.

Cependant, pour une raison mystérieuse, la roulette avait déjà tourné une centaine de fois sur elle-même mais Wen Xuechen n’arrivait pas du tout à bouger. Son cœur, qui n’avait pas réagi depuis longtemps, l’élança un peu. Ses lèvres devinrent bleues et violettes à cause de la douleur. Après avoir agité vainement ses doigts un moment, il serra les dents et souleva de nouveau sa manche. La roulette revint se nicher à l’intérieur.


À cause du pouvoir spirituel dans son corps, Xu Xingzhi dormait toujours à poings fermés et n’avait conscience de rien autour de lui.

Wen Xuechen se détourna de lui. Il appuya un coude sur le bord de son fauteuil roulant tandis que son autre main agrippait son torse. Une fois qu’il se força à se calmer, il regarda de nouveau Xu Xingzhi mais se rendit compte qu’il voyait flou.

Il en fut un peu stupéfait, puis leva une main pour se ressuyer les yeux. Il découvrit alors que ses doigts étaient couverts d’un peu d’eau claire.

Wen Xuechen fit violemment pivoter son fauteuil roulant et sortit de la chambre. Ce ne fut qu’après être resté immobile un bon moment dans la cour qu’il retrouva la maîtrise de ses émotions.

… Ça n’allait pas, il devait absolument…

L’idée de tuer Xu Xingzhi de ses propres mains le rendait malade et lui donnait envie de vomir.

Mais il restait une lueur de raison en lui qui le soutenait et lui rappelait que puisqu’il était déjà venu ici, il ne pouvait pas laisser Xu Xingzhi s’en tirer comme ça et que s’il tardait de trop, toutes sortes de choses terribles pouvaient arriver.

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Après s’être calmé un bon moment, Wen Xuechen regarda les maisons autour et après un certain temps, un plan surgit brusquement dans son esprit.

Bien que ce monde était une illusion fabriquée par Jiu Zhideng, elle appartenait quand même au territoire des quatre grandes sectes. Il y avait quelques temps, à cause de la situation compliquée, Jiu Zhideng avait cédé à Wen Xuechen le contrôle de la clef des Terres Sauvages.

Quelle que soit la manière de regarder, Wen Xuechen avait une santé fragile et ne quitterait pas la Montagne de la Tombe du Vent pour un rien. Il avait toujours traité les affaires de manière sérieuse et posée, alors c’était plus sûr de lui confier la clef des Terres Sauvages.

Wen Xuechen caressa la bourse accrochée à sa ceinture. Il réfléchit à tout ça, puis retourna dans la maison.

… Il avait un plan qui lui permettrait de faire d’une pierre deux coups.


* * *


De nouveau devant le lit, Wen Xuechen joignit son index et son majeur et activa son pouvoir spirituel. Il dissipa l’illusion sur le visage de Xu Xingzhi pour dévoiler sa véritable apparence.

Ces treize dernières années, Xu Xingzhi n’avait jamais pu voir son vrai visage splendide, brillant, séduisant et détendu. Il croyait qu’il avait seulement une apparence ordinaire.

Aussitôt après, Wen Xuechen concentra son énergie et créa un simple sort d’illusion. Sans la moindre hésitation, il poussa Xu Xingzhi dedans.

Même si quelqu’un dormait comme un loir, le fait de tomber soudain dans de l’eau glacée ne pouvait que le réveiller efficacement.

Les paupières de Xu Xingzhi frémirent un peu, puis se soulevèrent. Wen Xuechen fit soudain apparaître une lumière blanche dans l’illusion. Elle aveugla le jeune homme qui poussa un léger cri et se releva.

Afin d’éviter des ennuis inutiles, Wen Xuechen ne se montra pas en personne. Il utilisa seulement la transmission de voix et fit d’un ton énigmatique :

« … Te voilà. »


Sûrement à cause de son attaque cardiaque de tout à l’heure, Wen Xuechen sentit que sa voix était rauque et plus faible qu’avant. Il porta une main à son torse et le tapota deux fois, libérant un peu plus de force. Il reprit d’une voix plus profonde :

« … Tu dois le tuer. »

Bizarrement, Xu Xingzhi sembla se reprendre très vite.

« … Qui ?

– Meng Chongguang, » répondit-il.

Tout à l’heure, Wen Xuechen avait pris sa décision.

… Il allait envoyer Xu Xingzhi dans les Terres Sauvages !

Cela paraissait être une décision très risquée mais après y avoir soigneusement réfléchi, les résultats pouvaient être très impressionnants.


Le niveau actuel de pouvoir spirituel de Meng Chongguang était très différent d’autrefois. S’il continuait à cultiver ainsi, même si Xu Xingzhi n’écrivait plus ces choses, Meng Chongguang créerait de gros problèmes tôt ou tard.

Au vu de son niveau actuel de cultivation, qui pourrait l’approcher à son insu et le tuer sans qu’il ne réagisse ? Qui, hormis Xu Xingzhi ?

Dans les Terres Sauvages, Qu Chi était le seul à savoir que le Livre du Monde se trouvait dans le corps de Xu Xingzhi. Cependant, les espions avaient tous rapporté que Qu Chi n’avait que des souvenirs épars, qu’il avait perdu l’esprit et qu’il avait totalement oublié ce qui s’était passé sur le Pic du Yang Vermillon. Il ne pourrait donc pas intervenir dans ses plans.

Au final, si la tentative d’assassinat réussissait, alors Meng Chongguang, la pire menace latente de Jiu Zhideng, disparaîtrait enfin.

Et si la tentative échouait, alors Xu Xingzhi, qui était entré dans les Terres Sauvages avec un corps de mortel, allait forcément périr.

Quelle que soit l’issue, cela profitait à Jiu Zhideng et aux quatre grandes sectes sans qu’ils n’aient à prendre de risques.


Afin de ne prendre aucun risque, profitant de l’ignorance de Xu Xingzhi, Wen Xuechen inventa un mensonge tout simple comme quoi Meng Chongguang avait apporté le malheur aux quatre grandes sectes et avait fait du mal au ‘propriétaire originel de ce corps’. Cela lui permit de lui glisser certaines choses dans son esprit afin qu’il décide au plus vite d’éliminer Meng Chongguang.

Après quelques mots tous simples, Wen Xuechen lui engourdit l’esprit. Il récita la formule, leva la main et lança la clef des Terres Sauvages dans la formation. Le portail lumineux gris et semi-circulaire apparut. Wen Xuechen réfléchit ensuite au meilleur endroit où envoyer Xu Xingzhi.

… Ce Yue Xiyun, n’avait-il pas toujours considéré Xu Xingzhi comme un fléau et ne voulait-il pas le tuer sans attendre ?

Même s’il était à présent devenu totalement fou à cause du poison, qu’il vivait au beau milieu des Terres Sauvages en se nourrissant de chair humaine, Wen Xuechen était confiant quant au fait qu’il allait pouvoir exaucer son petit souhait de rien du tout.


* * *


La pluie tomba sur les Terres Sauvages, dissipant un peu le brouillard qui s’étendait sur une vaste partie.

Meng Chongguang avait juste terminé une autre recherche vaine et il était revenu à la tour. Il se sentait déprimé intérieurement et tout lui semblait insipide.

Il s’assit devant la tour, appuyé contre son épée, et écouta le babillement du ruisseau, l’esprit ailleurs. Ce ne fut que lorsque la ‘nuit’ tomba sur les Terres Sauvages qu’il se releva de la pierre couverte de mousse verte au bord du ruisseau. Il remit de l’ordre dans ses vêtements et fit mine de repartir.

Yuan Ruzhou sortit de la tour à ce moment. Le voyant se diriger vers le nord-est, elle ne put s’empêcher d’élever la voix pour lui demander :

« Tu viens juste d’arriver que tu veux déjà repartir ? »

Meng Chongguang lui répondit sans même tourner la tête vers elle :

« Je vais juste marcher pour me détendre. »


Il fit donc une promenade dans les Terres Sauvages, comme il le faisait jour et nuit depuis les treize dernières années.

Quand les gens normaux voulaient se changer les idées, ils choisissaient plutôt de se promener près des ruisseaux, dans les montagnes et les forêts, les cimes vertes ou les chutes d’eau. Mais Meng Chongguang était sans doute habitué aux scènes brutales des Terres Sauvages : il se dirigea vers un charnier situé au nord-ouest de la tour.

Du moment que grand frère martial n’est pas là, tous les endroits se ressemblent, il n’y a aucune différence.

Dans les Terres Sauvages, tout le monde avait un endroit où vivre. C’était pareil pour Meng Chongguang : afin que son grand frère retrouve au plus vite le chemin de sa maison, il avait bâti après plusieurs années de lourds efforts une immense tour au beau milieu des Terres Sauvages, assez haute pour atteindre les étoiles.

Il en était de même pour le Mont Scellé qui se trouvait à cent li de la tour, ainsi que pour le charnier qui se trouvait à trente li de la tour.

Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !

Après son arrivée dans les Terres Sauvages, Meng Chongguang ne s’était concentré que sur la recherche de son grand frère martial. Il n’alla pas importuner de lui-même les gens autour. Le propriétaire de ce charnier se cachait si bien qu’il était difficile d’apercevoir même son ombre. Comparé au maître du Mont Scellé qui venait souvent à la tour pour provoquer des conflits, ce propriétaire était très discret. C’était à tel point que Meng Chongguang n’avait jamais rien vu bouger dans ce charnier.

Aujourd’hui cependant, sous la lumière terne du disque lumineux dans le ciel, Meng Chongguang put apercevoir le propriétaire de ce charnier, changé au-delà des mots et semblable à un mandrill.

Cette créature était accroupie au sommet d’une pile de cadavres entourés par des sphères de lumière bleues et d’une aura fantomatique très dense. Son dos nu et couvert de boue était tourné vers Meng Chongguang. Les deux longues lames qui lui tenaient lieu de bras s’enfonçaient tour à tour dans le cadavre frais devant lui, tailladant le torse et arrachant le cœur qui battait encore. Il porta le cœur à sa bouche et le mâchouilla avec des petits bruits satisfaits.


Meng Chongguang était du genre à ne pas chercher des ennuis inutilement. Bien que ce monstre avait l’air féroce, il n’était pas une menace pour lui. En plus, il voulait seulement se détendre pour le moment et ne pas provoquer des conflits. Alors il changea de direction et prévit de partir.

Au moment où il jeta un coup d’œil comme ça à la pile de cadavres, le bras droit du corps en train de se faire dévorer comme un festin retomba faiblement pour atterrir sur le pile de cadavres.

— Au poignet se trouvait une main en bois finement sculptée.

Aussitôt, Meng Chongguang eut l’impression que cette main en bois avait pris vie.

Elle rampa en direction de son torse et après avoir creusé un gros trou, elle trouva avec précision l’emplacement de son cœur et le compressa pour n’en faire qu’un tas de cendres sanglantes.


Il ne sut même pas comment il arriva aux côtés de Xu Xingzhi. De ses mains tremblantes et couvertes de sang, il souleva le corps encore chaud. Dans un état second, il ressuya le sang sur le visage de cet homme.

Celui qu’il avait attendu pendant treize ans se trouvait dans ses bras, mais c’était devenu un cadavre au corps encore chaud dont les six esprits avaient été totalement anéantis.

… Meng Chongguang avait l’impression d’être mort.

Mais comment un mort aurait-il pu hurler comme un dément ?

Comment un mort aurait-il pu pousser des lamentations comme si on l’étranglait ?

Comment un mort aurait-il pu souffrir à ce point ?


Projeté dans des ténèbres glaciales et profondes, il se faisait traîner dans la boue tout le long du chemin. Parmi les pensées chaotiques, désespérées et abattues, il y avait une voix qui devenait de plus en plus forte et imposante.

… Non, il n’acceptait pas ça. Il préférait encore mourir plutôt que d’accepter ça.

Même s’il devait employer cette méthode…

Oui, exact, il y avait cette méthode !

Il parvint à réprimer son pouvoir spirituel qui se répandait frénétiquement. Meng Chongguang leva ses yeux écarlates et regarda autour de lui d’un air morne. Il vit que tous les cadavres du charnier avaient été écrasés et réduits en cendres. Le disque de lumière s’inclinait un peu vers l’ouest et les légers nuages semblaient poussés par sa force spirituelle à couvrir un coin de la sphère lumineuse.


Meng Chongguang fit de son mieux pour refouler ses pensées frénétiques. Il reposa le cadavre qui avait rendu son dernier souffle, puis il s’éloigna d’un pas rigide de plusieurs dizaines de pas. Il s’assit en tailleur et régula son souffle comme une tortue. Son esprit entra en harmonie, son corps et son esprit ne firent plus qu’un, et le Qi agité parcourut lentement les muscles et les méridiens de tout son corps. Après s’être ainsi purifié, ses mains formèrent rapidement un sceau au niveau de son torse. Une lumière dorée jaillit du bout de ses doigts. Les traces dans l’air formèrent un symbole magique des plus complexes. Pendant un instant, une harmonie suprême s’en dégagea, puis se figea en se détachant de ses os.

Toutefois l’instant d’après, un brasier s’éleva jusqu’au ciel, l’enveloppant en un clin d’œil.


* * *


Quand Meng Chongguang rouvrit les yeux, avant qu’il ne puisse voir clairement l’endroit où il se trouvait, un caillot de sang remonta dans sa gorge. L’intérieur de son corps le brûlait comme du charbon. La douleur était si horrible qu’il était à deux doigts de s’évanouir.

Malgré ça, il lutta pour relever la tête. Il vit alors que la sphère lumineuse était au zénith, que les fins nuages ne s’étaient pas encore rassemblés et qu’à environ dix li derrière lui se trouvait la tour qu’il venait juste de quitter.

— Il était remonté dans le temps d’une période d’environ un bâton d’encens Quelques minutes. (2).

Dans les méthodes de cultivation Daoïste, il y avait des milliers de choses extraordinaires, des centaines de choses étranges et pas mal de choses merveilleuses entre les deux.

Et il y avait une méthode du nom de ‘Manche Pourri’.


Dans la légende au sujet de la montagne du Manche Pourri, un bûcheron s’était simplement arrêté pour observer une partie d’échecs entre deux fées mais plusieurs milliers d’années s’étaient écoulées dans le monde Il s’en rendit compte en premier en voyant que le manche de sa hache était pourri, d’où le nom. (3). Cette formation consistait à voyager dans le temps, voilà pourquoi elle avait reçu ce nom.

L’effet de ce sort était très simple : en bref, il s’agissait d’inverser le cours du soleil et de la lune, à savoir de remonter dans le temps. Pour cela, il fallait un état d’esprit très serein, visualiser le passé et ouvrir dans son esprit une porte vers un certain point du passé pour s’y transporter physiquement. Il n’y avait plus ensuite qu’à se rendre dans le passé pour remplir le vœu qui n’avait pas pu être accompli.

Cette méthode du Manche Pourri était extrêmement compliquée et piégeuse. On ne pouvait l’employer qu’un bref moment et seule une porte pouvait être créée. Une fois la porte établie, on ne pouvait plus la changer. L’utilisateur devait aussi être d’un niveau au moins supérieur à la Grande Perfection d’Esprit Naissant. Sans toutes ces années de cultivation dans les Terres Sauvages, Meng Chongguang n’aurait jamais pu réussir à lancer ce sort à son arrivée.

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En plus de ça, la partie la plus difficile et dangereuse de ce sort était que la personne qui traçait la formation devait intégrer toutes les causes et conséquences provoquées par la régression temporelle et spatiale. Le résultat était proche d’une immolation par le feu.

Meng Chongguang n’était revenu dans le temps que l’espace d’un bâton d’encens, pourtant il avait l’impression que ses cinq organes internes étaient passés dans l’huile bouillante. Il pouvait même entendre des crépitements en provenance de l’intérieur de son corps.

Il y avait des marques de brûlures et de carbonisation sur son visage et son corps.

Mais comment aurait-il pu se soucier de ça ?

Meng Chongguang n’en avait cure : il courut précipitamment vers le charnier.


Après avoir lancé un si grand sort, son corps était grandement endommagé et il ne pouvait absolument pas utiliser son pouvoir spirituel. Il ne pouvait donc compter que sur ses deux jambes. Il courut à pas irréguliers vers l’endroit putride où les mouches et les moustiques se réunissaient.

De loin, il vit un jeune homme surgir en courant de la pile de cadavres, suivi par le monstre aux deux lames qu’il avait juste massacré tout à l’heure et réduit en purée.

Meng Chongguang s’avança en titubant vers son grand frère martial et il hurla dès qu’il fut assez près :

« Grand frère martial ! Grand frère martial ! »

Malheureusement, ses cordes vocales avaient fondu. La douleur suite à la brûlure était insoutenable et ses cris se retrouvèrent coincés dans sa gorge. Xu Xingzhi fut donc totalement incapable de l’entendre et courut devant lui à l’aveugle.

Endurant la sensation douloureuse que ses poumons allaient exploser, Meng Chongguang serra les dents et se rua vers lui.


Quand Xu Xingzhi l’aperçut, il s’arrêta net et il brandit la dague qu’il serrait dans la main, comme s’il se demandait s’il valait mieux avoir affaire à lui ou au monstre aux lames qui rugissait dans son dos.

Conscient de la méfiance de son grand frère martial, Meng Chongguang comprenait que son apparence l’avait un peu effrayé. Il ne put qu’agiter les mains désespérément et faire d’une voix muette :

« Cours, ah ! »

Ce cri avait épuisé toutes ses forces. Il se rua ensuite contre le monstre.

Meng Chongguang devint alors complètement fou. Privé de son pouvoir spirituel, il roula en boule en se battant sauvagement contre ce monstre. Il n’aurait pas su dire combien de fois les lames entaillèrent son corps. Cela dura jusqu’au moment où une main s’enroula autour de sa taille et l’éloigna complètement du monstre. Il continua cependant à donner des coups en silence et à verser des larmes. Il ne remarqua même pas la chair carbonisée qui se détachait de son corps par endroits.


Ce fut une voix familière qui s’extirpa de ce tourbillon de désespoir :

« C’est bon, c’est bon, il est mort. Ne t’agite plus, du calme. »

Meng Chongguang contempla d’un air hébété le monstre qui gisait au sol : sa nuque était penchée en arrière dans un angle impossible et sa gorge et les vertèbres de son cou avaient été tranchées.

Xu Xingzhi, qui avait eu le cœur dévoré par ce monstre plus tôt, vit l’homme carbonisé au point d’entre être méconnaissable regarder fixement le corps du monstre. Inévitablement, il ressentit un peu de pitié pour lui. Ignorant les horribles blessures, il le réconforta d’une voix douce :

« Regarde, il est mort, vraiment mort. »

Meng Chongguang tourna lentement la tête et contempla Xu Xingzhi avec avidité, mais aussi du chagrin. Au bout d’un long moment, il se jeta dans ses bras et explosa en sanglots sans crier gare.

Ça fait si mal, ah, grand frère martial. Ça fait tellement mal…


Xu Xingzhi fut pris au dépourvu par ses sanglots effrénés. Quand il se ressaisit, il ne savait pas s’il devait en rire ou en pleurer. En tout cas, il ressuya les larmes de l’autre.

« Pourquoi tu pleures ? Tu es humain, pas vrai ? »

Meng Chongguang était déjà dans la plus grande confusion. Il se jeta de nouveau dans les bras de Xu Xingzhi, hochant et secouant la tête un bon moment.

Après une douleur terrifiante, il connaissait finalement le bonheur suprême. La joie douce et fine était bien là, tangible, passant ses bras autour de sa tête et l’attirant dans une étreinte chaude, douce et confortable.

Meng Chongguang se pressa dans les bras de Xu Xingzhi. Sa tête retomba et il perdit connaissance.

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« … Hé ho ? Hé ho ! »

Xu Xingzhi regarda tout autour de lui et repéra aisément la tour immense qui se dressait vers le sud-est.

Il fronça les sourcils, comme s’il songeait à quelque chose. Puis il rengaina la dague qui n’avait pas servi avant de remettre le fourreau dans sa ceinture. Sa main en bois se posa sur la taille de l’autre homme qui était couvert de brûlures. Sa main gauche tira sur le bras, dont la chair était carbonisée, et le passa autour de son cou. Puis il souleva l’autre homme sur son dos.

Il ne pouvait pas abandonner cet homme aussi grièvement blessé.

Il devait trouver un endroit où se reposer un peu avec lui, puis il repartirait à la recherche de Meng Chongguang pour l’éliminer et ainsi retrouver son père et sa petite sœur.

Cette tour au loin semblait assez récente et ressemblait quasiment aux tours qu’il avait vues dans son monde. Il pourrait peut-être obtenir des informations là-bas.

Xu Xingzhi inspira un bon coup et se mit en route vers la tour.


* * *


Meng Chongguang avait l’impression d’être tombé dans un épais brouillard frais et humide. Son corps si épuisé qu’il ne pouvait pas bouger était enveloppé dans une chaleur familière. C’était si confortable qu’il avait presque envie de pleurer.

Au moment où la chaleur disparut, il se réveilla aussitôt d’un coup et avant même d’ouvrir les yeux, il saisit la manche du jeune homme.

« Ne t’en va pas. »

Xu Xingzhi en fut un peu surpris, puis il sourit.

« Tu es réveillé ? Je vais sortir un peu… »

Ils venaient juste de traverser une forêt dense. Xu Xingzhi était un peu fatigué d’avoir marché, alors il avait voulu s’arrêter pour boire un peu. Il avait trouvé une grotte près d’un ruisseau mais au moment où il avait voulu déposer la personne qu’il portait, ce dernier s’était réveillé et tourné vers lui.


Les larmes de Meng Chongguang menacèrent de couler de nouveau. Il répéta :

« Ne t’en va pas.

– Je vais juste te chercher de l’eau. »

Quand il vit son air malheureux avec des larmes aux yeux, le cœur de Xu Xingzhi s’adoucit à moitié.

« On pourra nettoyer tes blessures et ça te fera du bien de boire. »

Ce fut à ce moment que Meng Chongguang reprit ses esprits. Il entendit le murmure d’un ruisseau à juste quelques pas de là et se sentit soulagé. Il relâcha ses doigts douloureux et se blottit sagement contre le rocher. Il ressemblait à un chiot qui attendait le retour de son maître.

Xu Xingzhi eut un léger rire, puis recouvrit soigneusement Meng Chongguang de la tunique qu’il venait de retirer, craignant qu’il ne prenne froid.


Meng Chongguang se sentait simplement fatigué et faible de partout. Après le départ de son grand frère martial, sa tête devint lourde et il ne lui fallut pas longtemps pour plonger sans le vouloir dans des couches de rêves.

Il ne fit pas de cauchemars cette fois.

Son rêve était rempli de la présence de son grand frère martial et c’était si chaleureux qu’il ne voulait jamais se réveiller. Il voulait simplement se fondre dans ce rêve pour toute la vie et ne jamais le quitter.

… Quant au grand frère martial donc le cœur avait été arraché par le monstre aux lames, ce devait n’être qu’un mauvais rêve.


* * *


Meng Chongguang n’aurait pas su dire combien de temps il avait dormi. Il savait simplement que cela avait été son sommeil le plus profond, le meilleur et le plus doux depuis qu’il était entré dans les Terres Sauvages. Toute l’énergie spirituelle qu’il avait consommée se régénéra en continue, enrichie et remplissant de nouveau son corps.

Mais tout à coup, Meng Chongguang s’aperçut de quelque chose et son corps se crispa et se couvrit de sueur froide. Il venait de réaliser un sérieux problème :

Grand frère martial a dit qu’il allait chercher de l’eau, pourquoi il met autant de temps ?

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Très vite, il retrouva dans une petite forêt Xu Xingzhi qui s’était fait déchiqueter en mille morceaux.

Un serpent-squelette dont le corps avait été rongé au point où il ne restait plus que la tête avait rampé hors de la forêt pendant que son grand frère martial était penché pour récupérer de l’eau et avait le dos tourné à la forêt. Le reptile avait mordu son grand frère martial au cou.

Meng Chongguang s’agenouilla sans un bruit à côté du corps de Xu Xingzhi sur le sol humide de la forêt. Les yeux noirs d’encre du jeune homme semblaient contenir encore une certaine lueur mais quand Meng Chongguang se pencha pour voir de plus près, il s’aperçut que ses yeux ne voyaient plus rien.

Il contempla les yeux éteints et ses lèvres tremblèrent violemment.


Il n’avait pas fait attention jusque là et venait seulement de réaliser maintenant qu’il n’y avait aucune trace de pouvoir spirituel circulant dans le corps de son grand frère martial.

Les paroles que Jiu Zhideng lui avait lancées treize ans plus tôt tourbillonnèrent et résonnèrent de nouveau à ses oreilles :

« … j’ai scellé les méridiens de grand frère martial, détruit ses racines spirituelles et l’ai envoyé dans les Terres Sauvages… »

Son grand frère martial était devenu un mortel aux racines spirituelles détruites et dénué de tout pouvoir spirituel. Pourtant, Meng Chongguang avait oublié ce fait et l’avait laissé sortir chercher de l’eau dans un endroit aussi dangereux…

Cette fois, Meng Chongguang ne hurla pas et ne pleura pas. Au lieu de ça, il se mit en tailleur devant le cadavre de Xu Xingzhi, mobilisa son pouvoir spirituel et remonta à nouveau le temps. Ses doigts, qui étaient déjà brûlés jusqu’à l’os et devenus tous noirs, fendirent de nouveau l’air après la pluie d’une lumière dorée.


* * *


Quand Meng Chongguang rouvrit de nouveau les yeux, il y avait de nouveau le disque de lumière clair au zénith dans le ciel.

Cependant, aux yeux de Meng Chongguang, ce disque de lumière semblait avoir baigné dans du sang et s’être imbibé de sa couleur.

— Entre le temps durant lequel Xu Xingzhi l’avait emmené loin du charnier et le temps durant lequel il avait dormi profondément dans la grotte, il avait dû remonter plus loin dans le temps et la rétribution karmique à subir était plus importante. Cela pouvait aisément se voir à la forte odeur de brûlé en provenance de son torse et la gravité des brûlures sur tout son corps.

Meng Chongguang ne savait pas savait pas si c’était son imagination ou pas, mais il avait l’impression que cette fois, la souffrance dans ses cinq organes internes n’était pas si intense.


Après avoir craché un peu de sang qui était remonté dans sa gorge, Meng Chongguang mit un genou à terre et après s’être un peu secoué, il parvint à faire tenir debout son corps délabré qui fumait encore. Il se précipita clopin clopant vers le charnier.

Grand frère martial, je peux courir très vite.

Attends-moi, je viens te chercher tout de suite.

J’arrive très vite, j’accours.


La parole à l’auteur :

Chongguang : Grand frère martial, je préférerais encore me brûler à mort plutôt que de te faire du mal.

Chongguang : Grand frère martial, je te l’ai dit, non ? Je cours très vite.

Chongguang : Grand frère martial… je dois te retrouver… Tu n’as pas le droit d’aller nulle part, je peux te retrouver où que tu ailles… Je cours, cours très vite…

— La sœur Guang paranoïaque, tendre mais aussi puissante.


Note de Karura : Je rappelle aussi que dans le chapitre 2, lorsque Xu Xingzhi demande à Meng Chongguang combien de temps il a passé dans les Terres Sauvages, ce dernier répond :

« Je ne sais plus. J'ai l'impression que ça fait une centaine d'années. »

Mais Xu Xingzhi croit qu’il plaisante.

Il y a eu aussi ce qui était soit une coquille, soit un gros spoiler dans un autre chapitre mais que j’ai rectifié : l’auteur écrivait que Meng Chongguang avait passé 113 ans dans les Terres Sauvages.

Bon, vous comprenez un peu plus son attitude paranoïaque et démente. Cela explique aussi pourquoi il prévoit les dangers à l’avance, au moins jusqu’au Territoire Hors du Monde.

Eh oui, quand on croit qu’il n’y a plus de grosses révélations, une nouvelle bombe vous tombe dessus ! 😋


Notes du chapitre :
(1) Relisez à présent le chapitre 1, vous allez avoir une révélation.
(2) Quelques minutes.
(3) Il s’en rendit compte en premier en voyant que le manche de sa hache était pourri, d’où le nom.






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