Chapitre 114 : Dépression
Sun Yuanzhou s’était rendu à la Montagne de la Tombe du Vent pour une affaire importante. À sa grande surprise, il ne vit pas Jiu Zhideng dans le Palais de Bambou Vert. Il héla un disciple qui passait par là et lui demanda :
« Où est passé le maître ? »
Durant ces treize dernières années, il avait rarement vu Jiu Zhideng à plus de quelques centaines de pas du Palais de Bambou Vert. À présent que la situation était chaotique, sa disparition était encore plus inquiétante.
Heureusement, le disciple interrogé lui indiqua rapidement où se trouvait Jiu Zhideng. Sun Yuanzhou poussa un soupir de soulagement.
Depuis que l’Île du Fleuve Céleste était tombée, il s’était mis à neiger fortement sur la Montagne de la Tombe du Vent dès le lendemain matin et pendant trois jours entiers. La montagne était recouverte d’un épais manteau blanc partout, ce qui gelait les pensées et désolait le regard. Les chutes de neige avaient fini par cesser progressivement. On pouvait entendre un peu partout le bruit des branches qui se brisaient sous la masse de la neige, l’une après l’autre, ce qui avait tout l’air d’un mauvais présage.
Sur les indications du disciple, Sun Yuanzhou vit celui qu’il cherchait dans un endroit ouvert du Palais Interdit.
Le Palais Interdit était un palais exquis et original dont la plaque avait été retirée, alors il était impossible d’en connaître le nom. Si on se basait sur sa disposition feng shui de tout premier ordre, ce palais n’avait rien à envier au Palais de Bambou Vert. Cependant, comme Jiu Zhideng avait strictement interdit à quiconque de mettre un pied dedans, il avait reçu le surnom de ‘Palais Interdit’. Une fois, un disciple réputé pour ses chapardages s’y était introduit en pleine nuit et avait volé une lampe de clairvoyance. À la surprise générale, Jiu Zhideng l’avait attrapé et jeté par-dessus une falaise. Depuis, tout le monde regardait ce palais d’un air rempli de terreur et le contournait. Cet endroit était donc resté aussi paisible et isolé qu’un temple bouddhiste. Avec la fine neige qui tombait du ciel, ce temple donnait le sentiment bien particulier de ne pas appartenir à ce monde.
Sous le clair de lune chaleureux, Jiu Zhideng avait allumé un petit fourneau à l’extérieur du palais et y faisait fondre de la neige pour faire du thé. Les branches de poirier qu’on stockait jusqu’en hiver étaient en train de crépiter dans le petit fourneau. Rôties par les flammes, elles répandaient un parfum de bois légèrement sucré.
C’était peut-être à cause de la neige qui tombait, mais le visage splendide de Jiu Zhideng avait l’air pur et le teint clair. Les larges veines bleuâtres sur son cou étaient légèrement visibles et ses yeux d’ordinaires étroits étaient aussi un peu plus grands. Il avait l’air rajeuni et adorable, il n’avait plus rien de la lame tranchante qui raclait les os.
Tout en sachant que cet homme était plongé dans d’innombrables pensées, Sun Yuanzhou resta stupéfait un moment, puis il s’avança comme dans un rêve et le salua :
« Maître, pourquoi vous ne rentrez pas à l’intérieur ? »
Jiu Zhideng leva les yeux vers lui.
« Pourquoi rentrer ? »
Sun Yuanzhou avait toujours été paternel. Même si cette personne en face de lui n’avait pas besoin de ça, il ne put se retenir de dire quelques mots :
« Il fait toujours plus chaud à l’intérieur qu’à l’extérieur. »
Après ça, il jeta un coup d’œil au palais et fut surpris de constater que la neige avait été balayée à l’intérieur et autour. Les piliers dans le couloir étaient propres comme lavés à l’eau et même les cloches en cuivre sous les auvents avaient été soigneusement ressuyées.
Jiu Zhideng versa le thé fraîchement infusé dans une tasse.
« Ce n’est pas mon palais. Je peux juste le nettoyer, mais je n’ai pas le droit d’y rester trop longtemps. »
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
Sun Yuanzhou comprit qu’il se mêlait de ce qui ne le regardait pas, alors il baissa les yeux et renonça à son comportement paternel pour reprendre sa position de subordonné.
« Je comprends.
– Où est Wen Xuechen ? »
C’était justement une des raisons de la venue de Sun Yuanzhou.
« Les disciples de ma secte sont revenus faire leur rapport. Ils ont fouillé mille li autour de la tour où vivaient Meng Chongguang et les autres, mais ils n’ont pas trouvé Wen Xuechen… Ils n’ont trouvé que son fauteuil roulant dans la tour. »
Jiu Zhideng tenait la tasse de thé toute simple et fumante. Ses yeux s’écarquillèrent et devinrent plus humides.
« … Son fauteuil roulant.
– Les disciples l’ont rapporté. Il se trouve devant le Palais de Bambou Vert. »
Jiu Zhideng répondit par un En et se demanda à voix haute :
« … Où a-t’il bien pu passer ?
– Pour quoi avez-vous besoin de Wen Xuechen ? se risqua à demander Sun Yuanzhou. Peut-être que ce subordonné peut le faire pour vous. »
Tout en disant cela, il avait bien conscience de ses limites.
Il n’avait qu’un talent moyen pour la cultivation et ses seuls atouts étaient ‘avoir une vision claire des choses’ et ‘savoir bien administrer’. Comparé à l’esprit sophistiqué de Wen Xuechen, il n’avait que ses belles paroles qui savaient réconforter le cœur des gens.
Mais à présent que la situation évoluait très rapidement, il ne pouvait plus se contenter de paroles pour apaiser les cœurs agités.
Il ne pouvait que compter sur Jiu Zhideng pour inverser la tendance.
« … Tu peux effectivement le faire aussi. »
Jiu Zhideng lui jeta juste un regard en coin avant de faire :
« J’ai simplement besoin de quelqu’un pour boire du thé avec moi. »
Sun Yuanzhou en resta surpris, puis son visage se rembrunit légèrement.
Il existait bien des branches du Dao Démoniaque et elles avaient toutes était réprimées par le gant d’acier de Jiu Zhideng durant toutes ces années, mais cela avait apporté une certaine paix.
Tout le monde redoutait Jiu Zhideng non seulement à cause de sa cruauté, mais aussi pour son ingratitude.
Les gens avaient vraiment des pensées étranges. Tant qu’il n’avait pas voulu s’attaquer aux quatre grandes sectes, tout le monde avait cru que c’était parce qu’il n’avait pas le cœur d’un vrai Démoniaque. Une fois qu’il était devenu le maître des quatre sectes, les gens avaient médit de plus belle sur lui, disant qu’il avait un cœur de glace et des poumons de fer. Il avait même osé tuer son propre maître, alors il n’était qu’un petit louveteau ingrat.
Et quand ces mêmes gens se rendirent compte que Jiu Zhideng n’avait pas la moindre affection pour le Dao Démoniaque, ils en furent effrayés et n’osèrent absolument pas s’en prendre à ce louveteau pour le tuer.
Cependant, Xu Xingzhi et les autres s’étaient cette fois échappés des Terres Sauvages. Une fois que cela se sut, le chaos se répandit.
Certaines personnes chuchotèrent en se demandant pourquoi Xu Xingzhi réapparaissait subitement alors qu’il était censé être déjà mort. D’autres paniquaient en s’inquiétant de la vengeance de ces gens.
D’autres allaient chercher encore plus loin : Jiu Zhideng n’avait jamais été enclin à faire prospérer le Dao Démoniaque. Une fois qu’il avait pris le pouvoir, toutes les affaires avaient été gérées selon les règles des quatre anciennes grandes sectes, que ce soit l’assimilation culturelle des disciples démoniaques, le changement des tuniques ou l’interdiction de certaines pratiques. Il avait aussi traité avec bonté les prisonniers des anciennes sectes en leur permettant de rester ou de partir. C’était clairement une manière détournée de préserver intact l’esprit des quatre grandes sectes.
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
Et là, Xu Xingzhi et les autres qui auraient dû mourir depuis longtemps s’étaient enfuis des Terres Sauvages. Si Jiu Zhideng avait été capable de trahir les quatre grandes sectes, ne serait-il pas aussi capable de trahir le Dao Démoniaque cette fois ?
La multitude de branches dans le Dao Démoniaque était à la fois un avantage et un inconvénient. Querelles, blâmer les autres, jalousies, cent personnes avaient autant d’intentions différentes, ce qui tirait la puissance du Dao Démoniaque dans cent directions à la fois.
Les disputes internes avaient déjà bien entamé le moral de chaque branche, la panique régnait en permanence.
Sun Yuanzhou en avait presque eu le cœur brisé pour Jiu Zhideng, mais voilà que le maître était tranquillement en train de préparer du thé sous le clair de lune et de balayer un palais, comme si l’agitation du monde externe n’avait aucune importance à ses yeux.
Ce temps de loisir pris au mauvais moment ne pouvait qu’énerver les gens. Heureusement, Sun Yuanzhou avait un bon tempérament. Il rapporta la situation connue à Jiu Zhideng :
« Maître, d’après les rapports des espions, il y a plus de deux mille disciples arborant la tenue de la Montagne de la Tombe du Vent, du Pic du Yang Vermillon et de l’Île du Fleuve Céleste installés dans une ville sur la côte près de l’Île du Fleuve Céleste. Si on ajoute à ça les deux mille guerriers fantômes de la Vallée de la Pure Fraîcheur et le millier de disciples que possède déjà l’Île du Fleuve Céleste, la situation s’annonce très mal. »
En apprenant ces nouvelles, Jiu Zhideng ne montra aucun signe de nervosité mais fut très intéressé :
« D’où viennent les deux mille disciples qui se sont installés en ville ? »
Sun Yuanzhou fronça les sourcils.
D’après les paroles du disciple tremblant de peur, ces gens étaient ‘sortis du sol’. Mais il ne pouvait clairement pas répéter cette affirmation aberrante, donc il secoua la tête.
« Je n’en sais rien mais une chose est sûre : il est impossible d’avoir rassemblé autant de gens en moins de cinq ans sans que cela ne se remarque. »
Jiu Zhideng prit une gorgée de thé et toussa un peu.
« … Va savoir. »
Sun Yuanzhou savait que ce n’était pas le moment d’enquêter sur les origines de ce groupe. Vu qu’ils étaient là, il était bien plus urgent de savoir comment se débarrasser d’eux.
Il fit :
« J’ai déjà discuté avec le maître de la Forteresse Stoppe Nuages. Quoi qu’il arrive, nous jurons de tout faire pour conserver la Montagne de la Tombe du Vent et le Pic du Yang Vermillon. Sinon, si nous nous retirons, nous perdrons les bases de tout ce que nous avons bâti depuis des années et ce sera terminé pour de bon. »
Le visage glacial de Jiu Zhideng s’anima un peu : le coin de ses lèvres s’étira légèrement vers le haut et il ne répondit pas.
Dès que Wen Xuechen avait envoyé son grand frère martial dans les Terres Sauvages ou plutôt, dès que Xu Xingzhi avait écrit dans son histoire que ‘Meng Chongguang va sortir des Terres Sauvages’ malgré ses souvenirs effacés, Jiu Zhideng avait eu le vague pressentiment que le Dao Démoniaque allait connaître sa fin.
Durant ces longs six mois écoulés depuis, toutes ses émotions s’étaient évanouies et à présent, il ne voulait plus que boire du thé.
Sun Yuanzhou continua de parler sans arrêt :
« Hier, la secte des Trois Principes Originels, qui est la plus proche de l’Île du Fleuve Céleste, a envoyé un groupe de cultivateurs pour s’attaquer à la ville côtière afin de saper leur moral. Malheureusement, ils ignoraient que Meng Chongguang était en ville. Le groupe est tombé sur lui par inadvertance et aucun d’entre eux n’est revenu. »
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
Jiu Zhideng émit un son indifférent. Il posa la tasse de thé et prit une poignée de neige sur les escaliers. Il s’en servit pour nettoyer l’épée qui pendait à sa ceinture, donnant l’apparence de s’en moquer totalement. Pendant un moment, Sun Yuanzhou ne put déterminer si c’était parce qu’il se moquait bien de Xu Xingzhi et des autres, ou bien s’il n’avait pas écouté le moindre mot de ce qu’il venait de dire.
Après un long silence passé sur des charbons ardents, il le pressa :
« Maître, vous devez donner vos ordres.
– Comme tu l’as dit, c’est à chacun de protéger sa propre montagne. »
Au final, Jiu Zhideng ne lui donna aucun plan.
« Le Pic du Yang Vermillon est protégé conjointement par la Forteresse Stoppe Nuages et celle des Eaux Noires. Il n’y a aucune raison pour qu’ils faillissent. »
C’était inconcevable pour Sun Yuanzhou.
« Et c’est tout ? »
Jiu Zhideng prit une autre poignée de neige.
« … Quoi d’autre ? »
Après avoir nettoyé, il se mit de nouveau à tousser très lentement. C’était comme s’il avait avalé une feuille de thé : elle ne pouvait ni monter, ni descendre. Cela lui grattait la gorge, donc il ne pouvait que s’en débarrasser en toussant un bon coup.
Sun Yuanzhou s’exprima en termes simples et clairs :
« La Forteresse Stoppe Nuages aimerait que vous veniez pour rassurer tous les disciples et discuter ensemble de la marche à suivre. Vous ne pouvez pas simplement rester dans la montagne à attendre que l’ennemi vienne vous attaquer, n’est-ce pas ? »
Ces sectes étaient comme des mille-pattes, elles avaient besoin d’un cerveau commun pour les diriger afin qu’elles soient le plus efficaces possible. Sans ça, les pattes avant allaient faire trébucher les pattes arrière et faire tomber tout l’ensemble, et comment alors préserver tout ce qu’ils avaient accompli ?
Toutefois, Jiu Zhideng fit seulement :
« Qu’ils discutent dans leur coin. Se peut-il que sans moi, ils vont seulement rester les bras croisés et attendre la mort ? »
Sun Yuanzhou avait beau avoir un bon tempérament, il ne put rester tranquille en entendant des paroles si scandaleusement indifférentes et glaciales.
« Maître, vous n’avez peut-être aucune affection pour le Dao Démoniaque, mais vous devez au moins comprendre le principe que sans lèvres, les dents s’exposent au froid ! »
Jiu Zhideng rengaina son épée dans son fourreau avec un léger sifflement et sa voix avait un timbre un peu étrange :
« … Cela fait longtemps que les dents sont pourries. »
Face à cet homme qui se fichait de tout, le cœur de Sun Yuanzhou devint totalement glacial. Il s’inclina un peu raidement.
« Ce subordonné a bien compris les intentions du maître. Si le maître n’a plus rien à me dire, ce subordonné va prendre congé. »
Une fois Sun Yuanzhou parti, il ne resta plus que la lune pour boire du thé en compagnie de Jiu Zhideng.
Il eut un rire d’auto-dérision.
Voilà pourquoi il avait voulu qu’on retrouve Wen Xuechen. Seul cet homme savait ce qu’il pensait et lui seul pouvait comprendre pourquoi il n’avait aucune envie de se soucier de quoi que ce soit concernant le Dao Démoniaque.
La vapeur qui sortait de la bouilloire agita vigoureusement le couvercle. Jiu Zhideng retira la bouilloire et versa deux tasses de thé. Il poussa la seconde de l’autre côté des escaliers et prit la première pour lui. Il murmura :
« Wen Xuechen, et si on parlait de poésie ? »
Tout autour était désert et silencieux, la neige absorbait la plupart des bruits, ce qui rendait la nature sauvage autour encore plus désertique.
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
Il leva les yeux vers la lune et donna le début d’un vers :
« … Une lune très pleine, mais pas aussi pleine qu’une foule rassemblée. »
Wen Xuechen ne pouvait bien sûr pas lui répondre, il n’y avait que la tasse de thé chaude placée à côté de Jiu Zhideng dans cette froide nuit d’hiver, de la fumée blanche en émanant.
Tenant sa tasse dans les mains, il prononça la seconde moitié du vers dans le silence infini :
« Malgré le grand nombre de voiles, aucun souverain n’est à bord. »
Après sa récitation, il toucha du bout des doigts la tasse solitaire et eut un sourire joyeux, comme si son seul et unique ami de poésie, compagnon de thé et confident depuis les treize dernières années était toujours à ses côtés.
Sun Yuanzhou franchit les portes de la montagne et rapporta ce qui s’était dit aux deux hommes en tunique noire qui l’attendaient là depuis un bon moment. L’un d’eux explosa soudain de colère et s’écria :
« Ce ne sont que des conneries ! »
Sans même attendre que Sun Yuanzhou ne le reprenne, il se rendit compte lui-même qu’il réagissait de manière un peu trop excessive. Cela dit, il ne pouvait pas se calmer comme ça, alors il ne put que jurer à voix basse :
« C’est vraiment un toutou élevé par les quatre grandes sectes. Il n’a aucun sens de la justice ou de la gratitude. Lors d’une situation critique, il ne sait que balancer quelques jolies paroles et se mettre bien à l’abri tout en nous disant de sonner la charge ! Xu Xingzhi n’était pas censé être mort depuis longtemps ? S’il réapparaît comme ça d’un coup, c’est sûrement parce que le maître l’a protégé à l’époque ! »
Celui qui venait de parler se nommait Chu Xinzhi, le maître de la Forteresse Stoppe Nuages qui avait battu Qu Chi à cause d’une rancune personnelle jusqu’à ce que le jeune homme perde l’esprit. L’autre homme était plus grand et plus fin. C’était le maître de la Forteresse des Eaux Noires, le seigneur Wu.
Comparé à la rage du seigneur Chu, le seigneur Wu était plutôt inquiet.
« Je me souviens que Xu Xingzhi détient l’Artefact le Livre du Monde. S’il a pu sortir des Terres Sauvages, c’est peut-être parce qu’il a employé le pouvoir du Livre du Monde… »
Sun Yuanzhou refusa de poursuivre sur de tels sujets qui n’auraient pour effet que de miner encore plus le moral des troupes.
« Puisque le maître a ordonné que chacun fasse à sa façon, je demande donc aux deux seigneurs de forteresse de coopérer pour unir les petites sectes des alentours. D’un côté, renforcez les défenses. De l’autre, contactez les sectes près de l’Île du Fleuve Céleste pour attaquer sans relâche ces gens. Si vous avez besoin d’aide, n’hésitez pas. Si c’est en mon pouvoir, moi, le maître de la secte du Serpent Rouge, ferai tout pour vous assister. »
Le seigneur Chu s’extirpa de sa colère et retrouva un esprit lucide, bien qu’un tic agitait encore ses joues.
« Oui, tu as raison. Je vais entourer le Pic du Yang Vermillon avec des murailles en acier ! Ce ne sera pas facile pour cet homme du nom de Qu d’y pénétrer de nouveau. Je n’ai pas pu le tuer la dernière fois alors cette fois, je l’écorcherai vif ! »
Dans la salle de réunion de l’Île du Fleuve Céleste, Xu Xingzhi, Meng Chongguang, Qu Chi, Zhou Beinan, Lu Yujiu et bien d’autres s’étaient tous placés suivant leurs grades. Les disciples au fait et en charge des affaires des quatre grandes sectes — la Vallée de la Pure Fraîcheur, l’Île du Fleuve Céleste, le Pic du Yang Vermillon et la Montagne de la Tombe du Vent — étaient en train d’analyser et de présenter la situation devant eux. Zhou Wang était sortie admirer la mer, tandis que Yuan Ruzhou était chargée de servir le thé et l’eau.
Il était clair que le Dao Démoniaque était en proie à un grand désordre. Après délibérations, le groupe décida également que leur prochaine cible serait le Pic du Yang Vermillon. Sauf imprévu, ils se mettraient en route dans trois jours.
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
À présent que la décision capitale avait été prise, ils se rassemblèrent par groupes de deux ou trois pour discuter d’autres choses. Le groupe autour de Xu Xingzhi était le plus animé et bruyant. Xu Xingzhi sortit quelques patates douces cuites du fourneau à bois devant lui. Il souffla dessus et en lança une à Zhou Beinan, une autre à Qu Chi, puis il distribua le reste à quelques disciples. Il s’en garda une dans la paume.
La veille, il avait eu une forte envie de patates douces, alors Meng Chongguang avait traversé la mer pour lui en acheter. Il était ainsi tombé par hasard sur la secte des Trois Principes Originels qui avait tenté de semer le trouble. Meng Chongguang les avait réduit en bouillie en passant, puis était retourné sur l’Île du Fleuve Céleste.
Tandis que Xu Xingzhi tenait sa patate douce fraîchement cuite et soufflait dessus, Meng Chongguang lui prit la patate des mains. Il retira les cendres dessus, puis la pela avant de la tendre docilement à Xu Xingzhi.
« Grand frère martial, mange. Attention, ne te brûle pas. »
La patate douce qui sortait du feu était très douce et sucrée. Le cœur fondant coulait dans votre gorge dès que vous mordiez dedans. C’était si chaud, gluant et doux qu’on s’empressait de l’avaler.
Zhou Beinan, qui était toujours ce bon vieux jeune maître Zhou, dédaignait naturellement ce genre de nourriture bonne uniquement pour les gens du commun. Pour quelqu’un comme lui qui pratiquait l’inédie depuis des années, manger n’était guère plus qu’un passe-temps occasionnel. Cependant après toutes ces années passées dans les Terres Sauvages, quand il sentit de nouveau pour la première fois l’odeur de ce monde mortel, son cœur et son estomac en furent réchauffés.
À ses côtés, Lu Yujiu était également en train de manger avec soin.
Zhou Beinan observa en cachette les gestes de Meng Chongguang et tenta maladroitement de peler une patate douce à son tour pour Lu Yujiu.
Jie Xinyuan, le second grand frère martial de la Vallée de la Pure Fraîcheur, n’avait cessé de dévisager Lu Yujiu de loin jusque là. À présent que plus personne ne discutait de choses importantes, il s’avança tranquillement et fit au jeune homme :
« Le combat est terminé, alors ne porte plus ce truc bizarre. C’est trop moche. »
Lu Yujiu émit un ah de surprise, puis se rendit alors compte que l’autre homme parlait de son masque de fantôme. Il allait lever la main pour le retirer quand Zhou Beinan rabaissa subitement sa main.
« Ai, ne fais pas ça ! »
Il leva ensuite la tête et fit de manière directe et rude :
« Il n’enlève jamais son masque. »
Cela étonna Jie Xinyuan.
« Pourquoi ?
– Il ne l’enlève pas, c’est tout, » répondit Zhou Beinan d’un ton sec.
Xu Xingzhi entendit la discussion et regarda tranquillement le spectacle, une patate douce dans la bouche.
Lu Yujiu sentit la tension dans l’air, alors il calma aussitôt les choses d’une voix douce :
« Grand frère martial, ne t’en fais pas pour ça. »
Jie Xinyuan plissa le front. Cependant, Zhou Beinan était d’un rang supérieur au sien, alors il avait plus d’autorité que lui. Jie Xinyuan cessa d’insister et après un salut respectueux, il partit, non sans un dernier regard à Zhou Beinan.
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
Tout en continuant de peler les patates douces, Zhou Beinan trouva ça étrange.
« C’est quoi ce regard qu’il m’a lancé, ah ? On aurait dit que je lui ai piqué quelque chose. »
Lu Yujiu le réprimanda doucement :
« Ne sois pas impoli envers grand frère martial. »
Zhou Beinan renifla.
« Où ça, un grand frère martial ? C’est ton grand frère martial. Moi, je suis du même niveau que lui et les autres. J’ai même treize ans d’ancienneté de plus qu’eux. Je leur ai permis de partager ton essence, n’est-ce pas déjà bien suffisant ? »
Lu Yujiu ne renonça pas et les défendit énergiquement :
« Ce sont mes grands frères martiaux, c’est normal. »
Zhou Beinan étira les lèvres en un sourire amer et fit simplement :
« Oh. »
Il coupa en deux la patate douce qui était si douce qu’elle en était presque coulante et tendit le plus gros bout à Lu Yujiu. Il baissa un peu la voix pour faire :
« Tu n’as pas à obéir à ce point à tes grands frères martiaux. Si tu ne veux pas leur montrer tes cicatrices sur le visage, alors ne le fais pas. Tu peux simplement me les montrer à moi, je ne me moquerai pas. »
Lu Yujiu, qui s’était tout d’abord cru dans son bon droit, toucha son masque de fantôme. Sa verve diminua et il mâchonna la patate douce comme un petit écureuil, avec un souci en plus.
La parole à l’auteur : J’ai voulu écrire du point de vue du Dao Démoniaque la résistance ultime de Jiu Zhideng et des cultivateurs démoniaques, tout en semant quelques indices par-ci, par-là sur ce qui va arriver qwq
Il y a aussi une bonne raison pour que sœur Jiu refuse de résister.
D’ici trois chapitres, sœur Jiu quittera l’aventure et dans sept chapitres tout au plus, l’histoire sera terminée ~
Autre chose, jusque là, Zhou Beinan croit toujours qu’il a une femme laide qwq
Note de Karura : La bataille entre Zhou Beinan et ses deux mille oncles pour le cœur de Lu Yujiu a commencé 😁
Effectivement, l’histoire principale se termine bientôt. Mais il restera ensuite tout plein d’extra ~
Commentaires :