Le méchant est outrageusement beau 115

Chapitre 115 : Des sentiments profonds pour sa vieille épée


Le seigneur Chu avait vraiment érigé une muraille de fer autour du Pic du Yang Vermillon où pas une lame ne pouvait s’enfoncer et pas une goutte d’eau ne pouvait s’infiltrer. Il y avait formations sur formations, des rondes de jour comme de nuit et des postes de guets furent installés à plus de cent li.

Autrefois, le seigneur de forteresse Chu aimait se promener sur les sentiers montagneux du pic avant la tombée de la nuit. Au début, c’était pour savourer sa victoire mais par la suite, c’était devenue une habitude.

Mais désormais, il vivait comme une fourmi craintive, secouant la tête et agitant ses antennes dans toutes les directions à chaque fois qu’il franchissait les portes de la montagne. Ce n’était qu’une fois qu’il s’était assuré qu’il n’y avait aucun danger nulle part qu’il osait sortir et faire quelques pas à l’extérieur.


Ce n’était pas qu’il avait envie de sortir se promener en cette période mais s’il commençait à changer ses habitudes, les disciples démoniaques qui étaient déjà dans un état de panique seraient encore plus anxieux.

Les cœurs des gens étaient du sable, il serait difficile de les rassembler une fois en morceaux. Le seigneur Chu n’osait pas prendre un tel risque en ce moment.

Il arpenta donc les sentiers dans la forêt éparse. Sa nuque était raide et douloureuse à cause de la bise hivernale. Cela lui faisait horriblement mal et tout le plaisir que lui avaient procuré ces promenades autrefois était devenu à présent de la pure torture.

Les disciples qui l’escortaient étaient tout autant affectés par son esprit morose et sombre. Les gens à côté de lui faisaient la même tête que s’il portaient des cercueils, tandis que ceux plus loin ne pouvaient s’empêcher de bavasser.


Leur discussion à voix basse fut portée aux oreilles du seigneur Chu par le vent de montagne :

« … D’après vous, il ressemble à quoi, Xu Xingzhi ? Ce n’est pas comme s’il avait trois têtes et six bras, hein ?

– C’est dur à dire… »

La voix de son compagnon tremblait, comme si chaque arbre de la forêt servait d’yeux et d’oreilles pour Xu Xingzhi.

« J’ai entendu mes seniors parler de lui. Cet homme est très puissant. Il a fabriqué un éventail qui peut prendre mille et une formes. Si ça se trouve, il peut lui aussi changer de forme. Peut-être qu’il se cache dans la forêt en cet instant même. »

Quand le seigneur Chu entendit ça, son dos se couvrit de sueur froide, comme si un serpent venimeux était en train de ramper sur sa nuque.


Ces derniers jours, il avait observé d’un œil impartial et s’était rendu compte que bien que Meng Chongguang dépassait de loin Xu Xingzhi en terme de pouvoir spirituel, c’était Xu Xingzhi dont les disciples avaient le plus peur.

Xu Xingzhi était extrêmement renommé à l’époque et il sortait du lot, c’était donc normal qu’il soit craint. Mais ce qui effrayait encore plus les disciples démoniaques, c’était son statut en tant que disciple de maître Qing Jing.

Autrefois, quand Qing Jing avait tranché la gorge de Sa Luo, sa posture de neige qui refoulait les flots écrasants avait fait penser à un être céleste. Un génie en herbe avait mis fin à un autre génie en devenir et ainsi, le rêve du Dao Démoniaque de vaincre les quatre grandes sectes s’était brisé en cours de route.

Bien que cela faisait des années qu’il était mort, l’ombre de Yue Wuchen planait encore aujourd’hui sur la tête de tous les Démoniaques.


En tant que seul et unique disciple interne de Qing Jing / Yue Wuchen, le fait que Xu Xingzhi conduisait les troupes cette fois était un très mauvais présage aux yeux des disciples du Dao Démoniaque.

Ils ne connaissaient que de manière générale les horreurs commises par Meng Chongguang, mais ils étaient submergés par les légendes sur Xu Xingzhi, qu’elles soient vraies ou fausses.

Le seigneur Chu se sentait lui aussi un peu paniqué et à bout de souffle.

Afin de se débarrasser de cette sensation horrible, il s’arrêta net et pointa derrière lui.

« Vous voyez ces deux commères au fond ? Allez les couper en deux et accrochez-les devant le palais de la Lune Paisible. Dites à tous les disciples que c’est la conséquence quand on augmente la confiance de l’ennemi tout en sapant le moral de ses propres compagnons ! »

Ses serviteurs personnels savaient qu’en ce moment, il avait un tempérament volatile et que la moindre contrariété pouvait le faire exploser. S’il y avait le plus léger retard dans l’exécution de son ordre, il se pouvait fort que sa colère retombe sur eux. Alors ils se hâtèrent d’aller trancher en deux les deux personnes à l’arrière.

Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !

En entendant les supplications et les hurlements s’estomper, le seigneur Chu expira pour se débarrasser de sa colère. Il désigna les gens qui étaient restés à ses côtés.

« Les troubles et les désastres doivent venir de devant, sinon méfiez-vous de ce que je pourrais faire par la suite ! »

Les disciples qu’il désigna hochèrent rapidement la tête, hébétés.

Ils avaient eux aussi entendu les commentaires de ces deux malchanceux mais n’y avaient pas plus prêté attention que ça, parce que cela reflétait ce que plein de gens pensaient. Ils n’auraient jamais cru qu’il y aurait de telles conséquences au fait de le dire à voix haute.

Beaucoup de gens scellèrent leur peur dans leur cœur à cause de ça, ce qui lui permit de macérer pour devenir une tempête aux conséquences imprévisibles.


Les deux disciples se firent couper en deux. À cause de leur pouvoir spirituel, ils mirent très longtemps à mourir. Après avoir été pendus devant le palais un jour entier, leurs moitiés supérieures du corps en sang finirent par rendre leur dernier souffle.

Malgré ça, le seigneur Chu ne voulut pas les laisser s’en tirer à si bon compte : ils restèrent suspendus pendant encore deux jours.

Assis dans le palais de la Lune Paisible, le seigneur Chu regarda les quatre moitiés qui avaient été séparées et qui se balançaient au gré du vent. Parfois, il était aussi terrorisé que ses disciples et parfois, il se sentait soudain rempli de malveillance joyeuse, comme s’il était tout puissant.


* * *


Après quelques jours à protéger le pic, Sun Yuanzhou vint subitement lui rendre visite.

Le seigneur Chu lui fit visiter le pic et désigna la zone autour avec un sourire :

« J’ai mis en place un cercle magique de miasmes toxiques à cinquante li. Quiconque franchit ce cercle, que ce soit à pied ou dans le ciel, du moment que leur niveau de cultivation est inférieur au Noyau Doré, ils seront inévitablement contaminés par les miasmes. Ils se transformeront en cadavres toxiques et mordront leurs compagnons ! »

Tenant un mince fouet, il se rapprocha un peu plus.

« … L’avant-garde est postée un peu avant ce cercle magique de miasmes toxiques. »

Sun Yuanzhou s’enquit :

« Une avant-garde ? Tu comptes prendre qui pour la composer ?

– Bien sûr, nous ne pouvons pas demander aux gens du Dao de faire une chose aussi horrible ! »


Le seigneur Chu eut un sourire mauvais et détendu.

« J’ai fait déterrer les dépouilles des disciples du Pic du Yang Vermillon, ce qui fait un total de six cents corps qui sont en train de se faire raffiner en cadavres réveillés le plus vite possible. Ces cadavres ne craignent pas de mourir alors quand l’armée ennemie aura souffert des miasmes et que leurs positions seront chaotiques, mes cadavres réveillés les prendront définitivement par surprise ! »

Sun Yuanzhou avança de deux pas.

« Ce n’est pas forcément une bonne idée d’employer un tel cercle magique. Tu te souviens des fantômes de la Vallée de la Pure Fraîcheur ? Eux aussi ne redoutent pas les miasmes et les brumes toxiques. »

Le seigneur Chu arbora un sourire, montrant des dents blanches étincelantes.

« Le Dao des Revenants n’est pas si éloigné que ça du Dao Démoniaque. Il y a même certains sorts et certaines formations en commun. Comment pourrais-je ne pas savoir comment régler leur compte à ces fichus fantômes ? »


Il leva son fouet pour désigner quelque chose au loin.

« Le cercle interne formé par la première ligne de l’avant-garde est précisément une antique grande formation d’élimination des fantômes. J’ai fait exprès de laisser quelques ouvertures. Je vais attendre qu’ils s’infiltrent à l’intérieur, puis ils tomberont dans un piège encore plus grand. Il suffit qu’un fantôme avec un niveau peu élevé de cultivation entre dans la formation pour que son noyau d’âme vole en éclats, qu’il se fasse réduire en poussière et complètement anéantir, sans n’avoir plus aucune chance de se réincarner ! »

Plus le seigneur Chu parlait, plus il s’excitait. Il poursuivit :

« Mon cercle magique externe de miasmes toxiques est extrêmement bien dissimulé et au moins la moitié des vivants subiront son effet. Comme les fantômes n’ont rien à craindre du poison, Xu Xingzhi va très certainement les envoyer en éclaireurs. Alors quand cette armée qui ouvrira la voie nourrira la formation d’élimination des fantômes, Xu Xingzhi se retrouva inévitablement en difficulté. Et ensuite, nous pourrons… »

Il s’excitait tout en parlant. Son visage alterna entre le rouge et le blanc, sa bouche s’ouvrit et se referma, comme s’il y avait déjà une myriade de cadavres gisant dans la montagne.

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Sun Yuanzhou le laissa s’agiter un moment, puis demanda d’un ton calme :

« … Tu peux arrêter Meng Chongguang et Xu Xingzhi ? »

Cela ne servit pas à calmer l’autre qui haussa les sourcils :

« Ce ne sont que deux personnes. Sont-ils capables de dévorer le Pic du Yang Vermillon tout entier ?

– Ils sont capables de raser cette montagne, répondit Sun Yuanzhou en disant la vérité.

– Alors qu’ils viennent ici, ah ! »

Une lueur meurtrière apparut dans les yeux du seigneur.

« Au pire, soit le poisson mourra ou bien le filet se déchirera ! Cela ne me pose aucun problème de faire de cet endroit un Enfer sur terre ! »

En parlant de ça, il manifesta de nouveau du ressentiment.

« Puisque le maître ne daigne pas quitter sa montagne, pourquoi devrais-je avoir peur de Meng Chongguang ?! »


Sun Yuanzhou avait perdu beaucoup de poids rien qu’en trois jours et ces yeux étaient plus brillants et pénétrants. Quand il entendit l’autre mentionner leur maître, la lumière dans son regard s’atténua un peu et il changea de sujet :

« La secte du Lotus Bleu, la secte de la Demi-Lune, la Forteresse de l’Esprit Caché et les sept autres sectes sont venues me voir. »

Le seigneur Chu comprit enfin quel était le but de la visite de cet homme. Il ramena son fouet contre lui et se tapota légèrement l’autre paume avec. Il eut un sourire serré.

« Telle est donc la raison principale de la venue du maître de secte Sun, pas vrai ? »

Sun Yuanzhou voyait bien que cet homme était devenu fou à force de préparer le combat. Il ne faisait que prétendre être sain d’esprit en apparence et il suffirait d’un rien pour qu’il révèle son côté bestial. Sun Yuanzhou parla donc de manière très douce :

« Tu as sacrifié bien trop de leurs disciples pour le sang, c’est normal qu’elles viennent se plaindre. »


Cette superposition de cercles magiques et formations n’était pas quelque chose qu’on mettait en place comme ça. Si on voulait que chaque couche ait un maximum d’effet, il fallait les alimenter avec de la vie.

Naturellement, le seigneur Chu ne voulait pas sacrifier la vie de ses précieux disciples de la forteresse. Il ne voulait pas non plus utiliser la vie et la chair de personnes ordinaires pour créer cette puissante formation, ce serait comme l’oiseau mythique Jingwei https://fr.wikipedia.org/wiki/Jingwei (1) qui essayait de remplir l’océan avec des pierres. Il s’était donc naturellement tourné vers ces petites sectes et les avait convaincues en prétextant s’unir contre l’ennemi.

Quand les disciples étaient venus, ils n’avaient même pas eu le temps de se poser qu’ils se firent entraîner vers la formation en grand nombre, hébétés, et servirent de pierres angulaires pour la formation.

Les autres sectes se rendirent alors compte que la forteresse Stoppe Nuages était devenue un gros insecte suceur de sang, bien robuste et prospère, prêt à pomper tout leur sang pour ne leur laisser d’un corps vidé. Naturellement, ils en furent extrêmement furieux et coururent à la Montagne de la Tombe du Vent pour se plaindre auprès du maître de la secte du Serpent Rouge.


Quand il entendit les paroles de Sun Yuanzhou, le seigneur Chu fit claquer son fouet. Le fouet s’abattit sur un rocher et le fit exploser tellement fort que des éclats de roche fusèrent dans tous les sens.

« Ces enfoirés osent se plaindre de moi en ce moment ?! Putain, ils me prennent pour qui ? Très bien, j’arrête d’organiser la défense, plus de défense. Je vais simplement me barrer et leur laisser une montagne déserte. C’est ce qu’ils veulent ? »

Sun Yuanzhou soupira.

« Seigneur Chu, ne dis pas ça. »

Il parlait d’un ton très doux, mais qui trahissait à la fois une extrême impuissance.

— La forteresse Stoppe Nuages était une large secte. Si elle se retirait et ne trouvait pas d’endroit où s’abriter, cela se transformerait en une chasse et une battue. Cela ne faisait pas peur à la secte du Lotus Bleu et les autres petites sectes : il leur suffisait de trouver une montagne où camper et ils pourraient survivre.

Les grandes sectes voulaient asseoir leur pouvoir, tandis que les petites sectes voulaient se protéger. Les intérêts des deux camps entraient en conflit et personne n’était prêt à reculer.

Sun Yuanzhou savait que cette situation était ce qu’on appelait ‘les pensées ne s’accordaient pas et les croyances n’étaient pas uniformes’.


Le seigneur Chu observa le visage un peu déconfit de Sun Yuanzhou et un rare sentiment de compassion surgit de son cœur meurtrier. Il tapota l’épaule de l’autre homme avec sa grosse main capable de briser des rochers et fit :

« Maître de secte Sun, je sais que ce n’est pas facile pour toi d’être au milieu. Ne t’en fais pas, même si le maître refuse d’agir, j’ai ma petite idée sur le moyen de m’occuper de Meng Chongguang et des autres. »

Sun Yuanzhou avait passé ces derniers jours à déployer toutes les forces de son esprit à ce sujet. Il était curieux d’entendre quels autres tours possédait le seigneur Chu dans sa manche, hormis le fait de s’entourer d’une muraille de fer.

« … Dis-moi donc, seigneur Chu.

– Parmi nos ennemis se trouve un homme du nom de Lu. C’est lui qui commande ces fichus fantômes. »

Le seigneur Chu eut un léger sourire avec une lueur mauvaise dans les yeux.

« Dans la formation, je ferai tout mon possible pour le capturer. Si je peux le faire prisonnier, je serai en excellente position pour négocier avec Xu Xingzhi. »

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Cette idée n’enthousiasma pas plus que ça Sun Yuanzhou.

À sa connaissance, Lu Yujiu était à présent au niveau d’Esprit Naissant. Comment le seigneur Chu pourrait-il le capturer simplement parce qu’il le voulait ?

Mais cela restait néanmoins une solution possible, alors il hocha la tête et le rassura :

« Merci, seigneur Chu. »

L’autre eut un léger rire. Ses yeux étaient bleu foncé mais il y brûlait des flammes de satisfaction.

« J’aimerais bien voir comment ils vont s’y prendre pour tenter de briser ce mur de fer que j’ai érigé ! »


* * *


Trois jours s’écoulèrent, puis cinq jours, puis quinze jours. Le seigneur Chu continua de renforcer les défenses du pic en empilant de plus en plus de cadavres, ce qui engendra de plus en plus de plaintes et de critiques. Malgré ça, rien ne bougea sur l’Île du Fleuve Céleste et les espions envoyaient les mêmes lettres spirituelles jour après jour : les plus de mille disciples étaient étrangement calmes et ne montraient aucun signe de mobilisation.

Le seigneur Wu de la forteresse des Eaux Noires en conçut un peu de regret et se dit qu’ils avaient vraiment été trop lâches de se replier. Dès le début, ils auraient dû prendre leur courage à deux mains, serrer les dents et attaquer directement pour les chasser de l’Île du Fleuve Céleste.

Après réflexion, il attribua à Jiu Zhideng cette occasion manquée.

— Si le maître n’avait pas dû battre en retraite de l’Île du Fleuve Céleste au début et ne s’était pas ensuite retiré sur la montagne d’un air abattu, ils n’auraient pas été autant terrifiés.


Après ça, le seigneur Wu tenta avec empressement de convaincre le seigneur Chu d’attaquer ensemble, mais ce dernier secoua la tête comme un hochet tambour et refusa de lutter à mort.

Sa ligne de défense en acier venait tout juste d’être achevée et il se sentait en sécurité et à l’aise en se terrant sur le Pic du Yang Vermillon. Désormais, il refusait absolument de sortir prendre le moindre risque.

Le seigneur Wu eut beau parler jusqu’à s’engourdir la langue, il vit qu’il ne parviendrait pas à convaincre l’autre homme. Alors il n’eut pas d’autre choix que d’aller voir Sun Yuanzhou.

Qui aurait cru que le maître de secte avait continué à s’agiter comme une toupie à cause de l’inaction de Jiu Zhideng ? Il avait complètement mobilisé la secte du Serpent Rouge et il ne pouvait donc affecter personne au seigneur Wu pour son attaque surprise.


À part la secte du Serpent Rouge et la forteresse Stoppe Nuages, les relations entre le seigneur Wu et les autres maîtres des grandes sectes étaient extrêmement mauvaises. Même s’ils s’alliaient en dépit de ça, les risques de conflits internes et de querelles présenteraient en fin de compte plus de danger que leur ennemi même.

Après avoir réfléchi à tout ça, le seigneur de forteresse Wu se dit que cela ne servirait à rien de tenter de se démarquer. Alors il renonça calmement à ses idées et assista la forteresse Stoppe Nuages pour fortifier le pic. Il apporta toutes sortes d’idées vicieuses et ajouta six lignes de défense en plus des trois initialement prévues. Du coup, toute la zone à cent li autour devint une zone inhabitée remplie d’obstacles à chaque pas et qui ressemblait à une zone dévastée après une bataille.

Ils attendirent tranquillement que Xu Xingzhi et son groupe se jettent dans leur piège et se fassent réduire en morceaux. En réalité, la seule chose qu’ils craignaient dorénavant, c’était que leurs ennemis ne viennent pas.

Ces deux hommes bien affairés n’avaient pas la moindre idée de ce qui se passait au même moment sur l’Île du Fleuve Céleste.


* * *


Sur l’Île du Fleuve Céleste.

Après avoir interrogé plusieurs disciples, Zhou Wang trouva enfin où étaient Xu Xingzhi et les autres. Elle traversa des couloirs et des halls avant de les apercevoir.

Elle n’avait jamais été confrontée au problème de se perdre dans les Terres Sauvages mais dans le monde réel, elle avait facilement la tête qui tournait à force de voir des rangées et des rangées de bâtiments. Il lui avait fallu des jours pour commencer à reconnaître un peu la disposition des bâtiments de la secte.

La jeune fille tourna au détour d’un corridor et vit Xu Xingzhi, Zhou Beinan et Qu Chi assis côte à côte sous un auvent, avec le ciel nuageux en vue. Ils tenaient chacun des bols identiques. Xu Xingzhi était assis au milieu et tenait son bol de nouilles de sa main en bois. Il était en nage et ses lèvres bien dessinées étaient rouges à cause de la soupe très chaude. Il mangeait en tirant la langue afin de dissiper un peu la chaleur. Assis à côté de lui, Zhou Beinan avait fini par être contaminé par sa manière de manger. Seul Qu Chi tenait son bol à deux mains de manière polie, buvant la soupe avec grâce et élégance.

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Zhou Wang ne put s’empêcher de rire en les voyant. Ils n’étaient clairement plus dans leur jeunesse, pourtant ils se comportaient tous ensemble comme une bande d’adolescents pas encore mûrs.

Qu Chi fut le premier à remarquer la présence de la jeune fille. Il posa son bol et l’accueillit d’un sourire.

Zhou Wang salua son parrain, puis son oncle. Zhou Beinan releva la tête de son bol de nouilles. Comme s’il se rendait compte seulement à présent qu’il ne se comportait pas de manière très digne, il se ressuya la bouche et tenta de prendre un air sérieux.

« Qu’y a-t’il ? »

De son côté, Xu Xingzhi baissa ses baguettes et la salua :

« J’ai fait des nouilles et il en reste encore dans la marmite. Ah Wang, tu veux en manger avec nous ? »


Cela faisait longtemps qu’il n’avait pas mangé de la nourriture et il avait presque oublié les bonnes manières. Tandis qu’il parlait, il planta nonchalamment ses baguettes dans les nouilles. Qu Chi, qui se tenait à sa gauche, remarqua ça et lui rendit service en silence en retirant les baguettes, en les secouant pour retirer les nouilles, puis en les posant horizontalement sur le bol.

Zhou Wang était très surprise.

Xu Xingzhi ne semblait pas très pressé d’attaquer, mais pourquoi est-ce que Qu Chi se montrait lui aussi indifférent ?

Elle avait entendu les disciples du Pic du Yang Vermillon parler de l’humiliation qu’avait subie Qu Chi autrefois et ces derniers avaient le sang qui bouillonnait. Ils auraient voulu pouvoir tout de suite attaquer et massacrer tous les Démoniaques sur leur pic et décapiter le seigneur de la forteresse Stoppe Nuage. Mais en voyant l’attitude actuelle de Qu Chi, on aurait dit que corriger la manière dont Xu Xingzhi plantait ses baguettes l’intéressait plus que la vengeance.


Heureusement, Zhou Wang n’était pas du genre timide, alors elle n’hésitait pas à poser directement la question quand elle avait quelque chose à demander :

« Vous n’allez pas attaquer aujourd’hui ? J’ai entendu plusieurs grands frères martiaux de la Vallée de la Pure Fraîcheur dire que le Pic du Yang Vermillon est en train de consolider ses défenses dans la montagne. Si ça continue comme ça, ils ont peur que le pic devienne vraiment un pic de fer. »

Xu Xingzhi reprit ses baguettes et baissa les yeux vers son bol de nouilles. Il fit d’un ton détendu :

« Laissons-les faire. Comme ça, ça les occupe. »

Après ça, il tendit ses baguettes et piqua des nouilles dans le bol de Zhou Beinan sans chercher la discrétion.

Son ami lui jeta un regard noir.

« Hé !

– Quoi, hé ? Regarde-toi un peu, à jouer les radins.

– … Je t’emmerde… »

Il leva son pied pour le frapper, mais Xu Xingzhi se pressa aussitôt contre Qu Chi, son bol vacillant, tout en riant.

« Attention, tu vas renverser ma soupe. »


En les voyant se chamailler, Zhou Wang sentit son cœur se réchauffer. Cependant, il y avait toujours quelque chose dans son cœur qui la réjouissait et l’attristait en même temps.

Elle s’assit à côté de Qu Chi et tendit ses jambes fines et souples. Elle demanda :

« Grand frère martial Xu, qu’est-ce qu’on attend ? Plus on tarde, plus la bataille sera rude, pas vrai ?

– Nous allons devoir mener de rudes batailles, approuva le jeune homme, … mais pas en ce qui concerne le Pic du Yang Vermillon. Ce vieux con de Chu ne le mérite pas. »

Zhou Wang haussa les sourcils de surprise, son cœur rempli de doutes.


Xu Xingzhi sourit et leva la tête pour contempler le ciel. Après un moment, il annonça :

« La lune est jolie ce soir. Allons faire du ménage sur le Pic du Yang Vermillon après ce bol de nouilles, qu’en dites-vous ? »

Zhou Wang : « … »

Elle s’aperçut qu’elle ne parvenait vraiment pas à suivre la façon de penser de Xu Xingzhi.

« Juste… juste les attaquer directement ? »

Qu Chi et Zhou Beinan étaient apparemment au courant du plan de Xu Xingzhi. Qu Chi expliqua à la jeune fille d’une voix douce :

« Nous avons déjà discuté d’un moyen. Quand le moment sera venu, tu viendras avec nous. »

Bien que confuse, elle comprit en tout cas que ce soir, ce serait le moment de venger Qu Chi.

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Elle se leva et courut. Xu Xingzhi l’appela par derrière :

« Hé, tu ne veux pas manger ? »

Zhou Wang lâcha tout en courant :

« Non ! Je vais aller voir tous les grands frères martiaux ! Je vais leur dire de se tenir prêts devant le palais ! »

La jeune fille courut avec vivacité, laissant derrière elle une traînée de pas joyeux et cristallins.

Xu Xingzhi regarda son dos qui s’éloignait et son sourire retomba un peu.

… Aucune fille au monde ne devrait se réjouir de pouvoir bientôt tuer.

Il décida que lorsque tout serait terminé, il ferait en sorte que Zhou Wang se rende compte peu à peu qu’elle était une jeune fille, pas une arme.


Tandis que Xu Xingzhi était plongé dans ses pensées, Zhou Beinan s’était déjà penché sur son bol et déposa quelques tas de fines nouilles.

« … Juste deux cuillerées, c’est déjà de trop. … Arrête de jouer les fainéants, tu ne pourrais pas aller te resservir en cuisine ? »

Xu Xingzhi reprit ses esprits et tendit son bol en salivant.

« Juste ça ? Tu nourris un chat ou quoi ?

– C’est plutôt un chien que je nourris, » cracha Zhou Beinan.

Xu Xingzhi ne se fâcha pas du tout et fit :

« Ouaf. »

Qu Chi se retint de rire :

« Pfff… keuf keuf. »

Zhou Beinan resta un moment sans voix devant son manque de gêne, puis il éclata de rire. Tout en riant, il ajouta encore d’autres nouilles jusqu’à ce qu’il soit satisfait.

Tout en savourant ses nouilles, Xu Xingzhi songea : C’est la première fois que Beinan rit depuis la mort de son père. Ça valait bien de jouer les chiens.

En songeant à ça, il termina son bol. Puis il se leva et s’étira.

« … Allons-y. »


* * *


La neige était faiblement tombée sur le Pic du Yang Vermillon deux jours plus tôt. Elle avait fondu à peine le sol touché, mais elle avait complètement purifié toute la montagne de haut en bas. On aurait dit le sourcil délicatement dessiné d’une belle femme. Avec le croissant de la lune dans son premier quart qui était suspendu dans le ciel, cela offrait une image vraiment brillante et vivifiante.

Toutefois, le seigneur de forteresse Chu n’était aucunement enclin à admirer la lune. Il assurait la défense de la montagne qu’il avait transformée en fer et acier, attendant l’arrivée de Xu Xingzhi avec impatience et malveillance.

En ce moment, les troupes de la forteresse Stoppe Nuages, de la forteresse des Eaux Noires et de sept ou huit autres petites sectes étaient toutes rassemblées sur le Pic du Yang Vermillon. Les disciples avaient allumé des torches en pin et se déplaçaient sans arrêt, illuminant toute la montagne sans laisser la moindre ombre.


Assis seul dans la grande salle, le seigneur Chu se mit subitement à songer de nouveau à Qu Chi. Il repensa à ce beau jeune homme gracieux dont la main était striée de bleus violacés et la tête couverte de sang. Plus il y pensait, plus il se sentait entièrement satisfait.

Cette personne qu’il avait piétinée dans la boue treize ans plus tôt voulait encore se relever et lui marcher dessus ?

Il pouvait toujours rêver !


* * *


Comparé à l’extérieur rempli de bruits et de tapage, le Pavillon des Textes Sacrés du Pic du Yang Vermillon était aussi silencieux qu’une tombe. De temps en temps, une petite lanterne était effleurée par le bas d’une tunique et s’agitait, mais elle se calmait bien vite. Pendant ce temps, sept disciples étaient calmement en train de ranger les livres.

Ils étaient de vrais disciples du Pic du Yang Vermillon. Pendant treize ans, ils s’étaient eux-mêmes enfermés dans le pavillon pour ranger les textes sacrés et restaurer les livres antiques. Ils s’étaient presque transformés en moines bouddhistes Zen poussiéreux.

Quand le seigneur Chu avait appris que Xu Xingzhi et les autres s’étaient échappés des Terres Sauvages, il avait énormément songé à eux. Cependant, tuer ces sept personnes en guise d’avertissement aux autres semblait excessif et ce serait faire beaucoup de bruit pour rien. Quant à se servir d’eux comme otages, il se trouvait que ces gens étaient tous des disciples intermédiaires sans le moindre rang, alors ils n’avaient pas assez d’importance.


Il aurait pu aussi bien les tuer pour nourrir un sceau magique mais une fois morts, il n’y aurait plus personne pour gérer le Pavillon des Textes Sacrés du pic. Il fallait savoir que c’était une tâche très pénible et ennuyeuse. Si ces gens-là n’étaient pas là pour s’en charger, le seigneur Chu ne pourrait trouver personne d’autre pour prendre leur place.

Alors après mûres réflexions, il avait simplement décidé de les épargner. De toute façon, la montagne avait été scellée de tous les côtés. Ces disciples ne pouvaient pas s’enfuir, alors ils ne risquaient pas de donner des informations à l’ennemi.

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Un de ces disciples était en train de faire une copie d’un exemplaire unique.

À la lumière de la lanterne, il tourna une page quand il sentit soudain un courant d’air devant lui. Les rubans de soie bleu accrochés aux livres sur les rayons s’agitèrent en chœur, tremblant comme des feuilles de saule agitées par la brise de printemps.

Il protégea soigneusement la page du livre et se dit qu’une fenêtre ne devait pas être bien fermée.

Mais quand il leva les yeux, son corps tout entier se figea comme une statue d’argile.

Un portail semi-circulaire de lumière grise était lentement apparu dans les airs et une paire de jambes extrêmement fines et longues en sortait.


Le pinceau dans les mains du disciple tomba par terre avec un bruit sec, les éclaboussures formant deux ou trois fleurs d’encre. Ses yeux se mirent à briller de larmes.

Bien qu’il était déjà au courant du retour de Qu Chi dans le monde réel, bien qu’il le voyait en ce moment de ses propres yeux, ce disciple crut qu’il était en train de rêver. Il ne pouvait pas en croire ses yeux et craignait qu’en parlant un peu trop fort, il briserait ce rêve et ferait disparaître cet homme avec.

« Grand… grand frère martial… »

Qu Chi tenait un petit fouet dans les mains et avait une longue épée accrochée à sa ceinture. Sa tenue vermeille se soulevait par vague sous l’effet du vent qui provenait de la porte de lumière. Il leva une main et ses manches s’agitèrent. Il saisit les manches voletant dans ses paumes et porta un doigt à ses lèvres, émettant un léger :

« Chut. »


Des disciples démoniaques qui patrouillaient de nuit à l’extérieur entendirent un léger bruit en provenance du Pavillon des Textes Sacrés. L’un d’eux cria de loin :

« C’est quoi, ce bruit ? »

Le disciple dans le pavillon comprit la situation et ressuya ses larmes. Il alla ouvrir une fenêtre et répondit :

« Une étagère remplie de livres est tombée. Si vous avez le temps, venez m’aider à nettoyer. »

Dès qu’ils entendirent que c’était un travail pénible, les disciples démoniaques marmonnèrent quelques mots pour éviter de faire ça et partirent avec les lanternes.

Dans le pavillon, le disciple referma la fenêtre et tourna la tête pour faire :

« Grand frère martial, je… »

Dès qu’il tourna la tête, il en resta de nouveau hébété.


Xu Xingzhi, Meng Chongguang, Zhou Beinan, Lu Yujiu, une personne vêtue d’une longue cape noire à capuche et une jeune fille de petite taille avec deux sabres dans le dos surgirent à leur tour du portail de lumière.

Puis des disciples portant les tuniques des anciennes quatre grandes sectes sortirent tour à tour de la porte lumineuse derrière eux. Le passage était étroit, seule une personne à la fois pouvait passer, pourtant tout le monde arriva un par un de manière ordonnée. En un rien de temps, des dizaines de personnes se massaient dans le Pavillon des Textes Sacrés.

Xu Xingzhi mit une main dans le dos et agita lentement son éventail de l’autre. Il adressa un sourire aux sept disciples du Pic du Yang Vermillon qui étaient venus après avoir entendu l’agitation.

« Bonjour vous tous. Cela faisait longtemps. »


Les sept disciples avaient tous les larmes aux yeux, mais ils avaient tout à fait conscience que ce n’était guère le moment de se retrouver et de discuter du bon vieux temps. Alors ils refoulèrent tous le picotement dans leurs yeux. Ils se mirent à genoux en silence dans la pièce et joignirent leurs mains devant eux pour saluer. Ils émirent un son par terre qui était à la fois rempli de souffrance et d’espoir.

L’un des disciples demanda d’une voix tremblante :

« Grands frères martiaux, d’où est-ce que vous êtes sortis… ? »

Xu Xingzhi replia son éventail et répondit avec un sourire :

« Nous ? Nous avons fait un petit détour par les Terres Sauvages. »


À la base, ils avaient discuté quelques jours plus tôt et avaient décidé de passer à l’attaque trois jours après que la neige aurait fini de tomber afin de prendre le Pic du Yang Vermillon par surprise. Mais quand Qu Chi était venu rapporter la clef qu’il avait empruntée pour se rendre dans les Terres Sauvages, Xu Xingzhi reçut soudain une illumination et songea à un plan des plus rusés.

… Qu’est-ce qui les obligeait à aller aussi loin pour attaquer en force ?

La porte des Terres Sauvages pouvait s’ouvrir sur le lieu désiré par son utilisateur, ne serait-ce donc pas un raccourci que de passer par les Terres Sauvages ?

Après ça, Xu Xingzhi avait demandé à Meng Chongguang de faire un essai et ils avaient découvert que la porte des Terres Sauvages pouvait effectivement les conduire au Pic du Yang Vermillon. Malheureusement, sans doute à cause du principe de répulsion mutuelle, ils ne pouvaient pas aller comme ça sur la Montagne de la Tombe du Vent qui détenait une autre clef.

De toute évidence, c’était une faille dans les défenses à laquelle le seigneur Chu n’avait pas du tout pensé.

Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !

Xu Xingzhi jeta un coup d’œil à la porte des Terres Sauvages d’où sortaient encore des gens, puis il se gratta le crâne avec le manche de l’éventail.

« Xiao Lu, voyons voir d’abord si ce vieux con de Chu a été assez cinglé pour dresser des formations à l’intérieur de la montagne. »

Conformément à ses paroles, Lu Yujiu se concentra et libéra plus d’une dizaine de filaments d’âme qu’il avait récupérées dans les Terres Sauvages. Récitant le sort, il fit en sorte que ces dizaines d’ombres transparentes se posent au pied du mur et se faufilent dehors en silence.

Ses yeux passèrent du foncé au clair. Des milliers de scènes apparurent brièvement dans les pupilles aussi turquoise que celles d’un petit renard. Après avoir cherché patiemment, il répondit :

« Rien à signaler dans la montagne. »

Xu Xingzhi se lécha les lèvres et fit tourner sa tête. On entendit deux craquements au niveau de sa nuque.


Au moment où il allait s’empresser de sortir, il se sentit tiré en arrière par la ceinture.

Meng Chongguang s’était collé dans son dos et il fit d’une voix tendre :

« Grand frère martial, la situation va devenir dangereuse. Ne t’éloigne pas trop de moi. »

Xu Xingzhi savait que ce petit diable était étrangement obsédé par le fait qu’il reste sain et sauf, alors il écouta ses paroles. Il se tourna et tapota légèrement ses lèvres douces et humides du bout du doigt.

« C’est toi qui ne dois pas trop t’éloigner de moi. »

Tout en parlant, il passa sa main dans son propre dos et le tapota légèrement.

« Je te confie mon dos. »

Meng Chongguang ouvrit doucement les lèvres et prit dans sa bouche le bout du doigt de l’autre homme. Il l’embrassa légèrement comme s’il mangeait un bonbon, marquant ainsi sa promesse.


* * *


Dans le Palais de la Lune Paisible, les seigneurs Chu et Wu étaient en train de discuter d’autres mesures de défense pour le pic. Tandis que la nuit avançait, ils eurent l’impression qu’il faisait encore plus froid, alors ils allumèrent simplement un fourneau et posèrent de la liqueur dessus pour se réchauffer.

Le seigneur Chu était assis les jambes croisées et regarda par la fenêtre. En songeant à la muraille d’acier qu’il avait complètement dressée ici, il ne put que ressentir un plaisir inexprimable dans son cœur.

« Si ce Xu et ses amis osent vraiment venir, je leur ferai savoir ce que c’est que de pouvoir arriver mais de ne pas pouvoir repartir ! »

Le seigneur Wu rit avec lui, mais son rire était un peu teinté de tristesse. En entendant la liqueur qui bouillonnait, il baissa les yeux.

« Si mon fils était encore de ce monde, on serait en train de se disputer pour un verre de liqueur. »


Le seigneur Chu n’avait pas d’enfant, il ne pouvait donc pas comprendre la tristesse soudaine de l’autre homme. Mais même quelqu’un de sans-cœur comme lui savait que le nom du fils du seigneur Wu avait été inscrit dans les annales. Sa mort tragique avait été le déclencheur de la contre-offensive du Dao Démoniaque contre les quatre grandes sectes.

Le seigneur Chu était fermement convaincu que cette période historique allait perdurer. La contre-attaque de ces gens du passé n’était rien d’autre que l’ultime tentative désespérée de bêtes prises au piège et à l’agonie. Il suffisait que le Dao Démoniaque l’emporte cette fois encore pour que l’élan de ces gens soit brisé, qu’ils n’aient plus la force de continuer et qu’ils déclinent tout naturellement.

En songeant à ça, le seigneur Chu eut un sourire mauvais.

« Il n’est pas trop tard pour se venger ! La Vallée de la Pure Fraîcheur a déjà été anéantie, nous pouvons à présent détruire de nouveau ces envahisseurs, nous… »


Il n’avait pas fini de parler qu’il entendit soudain du bruit à l’extérieur, des gens qui s’agitaient de plus en plus. Il ne put s’empêcher de se rembrunir.

« De quoi ces gens jacassent-ils donc ? »

À ce moment précis, le ciel se mit à trembler comme si un éclair avait parcouru toute la montagne, la faisant trembler !

Le seigneur Wu en fut sidéré.

« Mais que se passe-t’il ? »

Il se leva pour ouvrir la porte afin d’en avoir le cœur net, quand un disciple démoniaque au pouvoir spirituel qui s’agitait dans tous les sens fit irruption dans la salle comme un poulet sans tête. La tête en sang, il se recroquevilla et se coucha sur le sol froid en hurlant :

« Seigneur de forteresse ! Seigneur de forteresse… Ils sont là ! »


Le seigneur de forteresse Chu, qui avait pu rester confortablement assis jusqu’à présent, se leva soudain. Il vacilla et fit tomber le fourneau sur lequel chauffait la liqueur.

« Quoi ?! »

Le fourneau se renversa et les morceaux de charbons blanc argenté roulèrent par terre comme de petits crânes humains. L’homme piétina le charbon de ses grands pieds, réduisant plusieurs morceaux en cendres qui furent dispersées par le vent.

Il souleva de terre le jeune homme qui était entortillé comme un ver de terre et rugit :

« Qu’est-ce que tu racontes ? Qui est là ? »

Le disciple s’écria avec du sang coulant sur son visage :

« Xu Xingzhi, Meng Chongguang… et Qu Chi… En plus, il y a d’autres personnes, tout plein de gens qui portent les tuniques des quatre sectes…

– Pourquoi tu t’affoles autant ? »

Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !

Le seigneur Chu continua de hurler face à son visage en détresse. Il le secoua par le col et demanda :

« Ils sont entrés dans quel niveau ? Et l’avant-garde ? Ils n’ont pas reçu l’ordre de s’étendre jusqu’à deux mille li avant-hier ? Avec tous ces gens qui arrivent, ils font quoi ? Ils mangent ? »

Le disciple trembla comme une feuille.

« Ils, ils ne sont pas entrés… Ils ne viennent pas de l’extérieur… »

Il y eut comme une explosion dans le cerveau du seigneur Chu. Toute son organisation et toutes ses pensées furent rasées. Pendant un moment, il ne parvint même pas à comprendre de quoi parlait le disciple.

« Comment ça, ‘ils ne sont pas venus de l’extérieur’ ? marmonna-t’il. Ne me dis pas qu’ils ont creusé un tunnel pour surgir du sol ? »


Le disciple fit en pleurant :

« Je viens du Palais du Yang Originel… Ils sont arrivés par l’ouest, le flanc ouest, et ils ont surgi sans un bruit. Ce disciple a pu voir de ses propres yeux le démon céleste du nom de Meng. Il n’a fait qu’agiter sa manche et le Palais du Yang Originel s’est effondré. Ce disciple a réussi à s’extirper des ruines…

– Et qu’en est-il de la garde autour de la montagne, ah ? Pourquoi n’ont-ils pas donné l’alerte ? »

Le disciple secoua simplement la tête en pleurant. Il avait déjà été effrayé à mort par ces guerriers surgis de nulle part. Son corps était affaibli et il se laissa mollement tomber par terre.

Il n’y avait eu aucun signalement de l’extérieur. À cause de ça, le cœur du seigneur Chu sombra dans de profondes ténèbres sans fond.

Il renversa la table d’un coup de pied et se rua hors du palais, épée en main. Haussant la voix comme un gong brisé, il rugit :

« À l’attaque — »


* * *


En réalité, son appel ne servait à rien : en à peine quelques instants, les flammes de la guerre avaient déjà embrasé férocement tout le pic.

Les deux sabres dans le dos de Zhou Wang furent motivés par les bruits de combat tout autour et ils chantèrent à leur tour avec des bruits métalliques très forts. Xu Xingzhi lui ouvrit le chemin et six disciples démoniaques pas très avisés se ruèrent vers lui en poussant des :

« Tuez-le ! »

Xu Xingzhi fit tournoyer son éventail dans sa paume et ce dernier se transforma en longue hallebarde. Il la lança et l’arme fendit le ciel neigeux, se fondit un moment avec l’ombre de la lune, puis transperça trois des disciples en un instant !

En voyant ça, les trois autres eurent les yeux qui devinrent rouges. Ils poussèrent des cris furieux et chacun brandit sa lame. Ils se précipitèrent ensuite vers Xu Xingzhi !


Zhou Wang s’avança. Xu Xingzhi était déjà prêt à lui céder la place.

« Ils sont à toi. »

La jeune fille balaya rapidement la zone du regard, puis elle saisit d’abord de sa main droite la poignée d’un des sabres dans son dos. Elle regarda les trois hommes qui se ruaient vers elle comme une meute de tigres et de loups et elle demanda de manière brève et concise :

« Qui dois-je tuer en premier ? »

Xu Xingzhi répondit d’un ton léger :

« … Décapite tous ceux que tu vois. »

La jeune fille hocha la tête et passa ensuite sa main gauche dans son dos.

Dès que les deux sabres furent dégainés, ils projetèrent de la lumière dans l’obscurité. Avec une impulsion des jambes fines de Zhou Wang, les deux sabres en bronze qui pesaient plus de cent jin transpercèrent le ciel bleu nuit et trois geysers de sang s’élevèrent.


Sous la lumière de ses sabres, les trois disciples furent démembrés comme des fruits pourris. La jeune fille traversa la pluie de sang et ses joues à la peau remarquablement délicate reçurent quelques gouttes.

Elle ressuya ses joues avec son épaules et renifla.

« … C’est rien de plus que ça. »

Ces disciples qui avaient voulu faire une démonstration de force étaient en réalité bien plus vulnérables et fragiles que les monstres auxquels elle avait eu affaire dans les Terres Sauvages.

Après ça, elle lança ses sabres en l’air pour les faire tournoyer et les récupéra dans ses mains. Puis elle leva les mains dans son dos et se rua droit vers un groupe de disciples qui se battaient.

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De son côté, Lu Yujiu avait recouvert son visage avec le masque de fantôme. Du talisman qui flottait devant lui coulait sans fin une aura lavande. Ses lèvres rouges et ses dents blanches bien visibles s’ouvraient et se refermaient sans arrêt. Sous ses ordres, la troupe de fantômes arborant un nuage lavande brûlant sur leur front surgit et se mit en formation. Ils forcèrent les disciples démoniaques déjà bien paniqués à se séparer, les empêchant de se protéger ensemble.

Par les lames glaciales et brillantes, la chair et le sang furent répandus et les lamentations fusèrent de toutes parts.

À côté de Lu Yujiu, Zhou Beinan protégeait fermement ses arrières. Il bloquait une à une toute attaque ouverte ou masquée.

Il était l’esclave fantôme de Lu Yujiu. Personne n’avait le droit de blesser son maître.


Après avoir laissé partir Zhou Wang seule, Xu Xingzhi rejoignit Meng Chongguang.

Face à un petit groupe de disciples démoniaques qui les encerclait, les deux se mirent dos à dos comme convenu et affrontèrent les ennemis en face d’eux.

Xu Xingzhi fit avec un sourire.

« Chongguang, si je ne me trompe pas, c’est la première fois que je combats à tes côtés, non ? »

L’autre homme n’était pas tout à fait d’accord.

« … La fois avec le Géant des Origines. »

Xu Xingzhi argua :

« Nous étions séparés à ce moment-là.

– Et après devant la tour des Terres Sauvages, avec Wen Xuechen… »

Xu Xingzhi secoua de nouveau la tête.

« Cette fois-là, tu m’as serré dans tes bras et tu ne voulais pas me laisser bouger. »


Meng Chongguang se pinça les lèvres et sourit.

« Alors grand frère martial, c’est bien notre première fois. Comment tu veux t’y prendre ? »

Xu Xingzhi lâcha un rire joyeux et transforma le Pinceau Libre en épée courte.

« … On échange ? »

Meng Chongguang comprit son intention et les deux se passèrent leurs armes.

L’arme de Meng Chongguang était une épée toute simple au point d’en être choquant. Elle n’avait pas de nom et encore moins d’origine illustre. C’était juste qu’une fois que Meng Chongguang était devenu adulte, Xu Xingzhi l’avait emmené à la Forgerie de la Montagne de la Tombe du Vent pour qu’il choisisse une épée qui correspondait à sa stature et à son maniement.

… Il n’aurait jamais cru que Meng Chongguang aurait continué à l’utiliser après toutes ces années.


Cette épée n’avait vraiment rien de remarquable. Que ce soit sa couleur, ses motifs et son style, 99 % des épées ressemblaient toutes à ça. La seule petite différence, c’était la chaleur que lui avait donnée la paume de Meng Chongguang.

Xu Xingzhi leva calmement la lame et fit glisser lentement le plat de l’épée sur son avant-bras, formant une croix. Il n’oublia pas de demander à Meng Chongguang sur le côté :

« Comment s’appelle-t’elle ? »

Meng Chongguang tenait fermement l’épée courte de Xu Xingzhi dans son dos et il répondit lentement :

« Penser lentement Lentement (Xu) est le même caractère que dans Xu Xingzhi. (2). »

Xu Xingzhi en fut d’abord surpris, puis il éclata de rire.

Voyant que leurs ennemis avaient rassemblé leur courage et poussaient des cris de ‘tuez-les’, les deux épées surgirent tout à coup. Elles rugirent comme des dragons en transperçant le ciel, faisant trembler les cœur et couler le sang.


* * *


Le seigneur Chu se tenait devant le palais. En entendant les cris de combat et les hurlements qui résonnaient dans toute la montagne, son visage prit un air ébahi.

Toutes les lanternes dans le Palais de la Lune Paisible avaient été secouées et renversées. Le feu avait déjà ravagé la moitié du palais mais le seigneur Chu n’avait toujours rien remarqué. Des taches sombres volaient devant ses yeux.

Le seigneur Wu était parti un quart d’heure plus tôt pour chercher les maîtres des autres sectes, mais il n’était toujours pas revenu. Il était impossible de savoir s’il avait pu s’enfuir ou bien s’il avait été tué.

Le seigneur Chu se moquait bien de la vie ou de la mort, il se demandait seulement où est-ce qu’il s’était trompé.

De toute évidence, tout aurait dû être parfait. De toute évidence…

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Pendant qu’il était en train de se triturer les méninges, une silhouette descendit lentement du ciel dans son champ de vision noir et gris.

Quand la personne atterrit, sa manche gauche était relevée et une épée jaillit de sa manche droite. Du sang rouge vif dégoulinait de la lame. Les yeux du seigneur Chu se plissèrent et il leva la tête, hébété. Ce fut alors qu’il vit le visage de Qu Chi.

La silhouette du jeune homme s’agitait au milieu des flammes comme une tige de bambou. Il n’était ni arrogant, ni triomphant. Même en venant réclamer vengeance, il n’en faisait pas de trop. Ce comportement de gentilhomme qui était calme et composé en toute circonstance fit étouffer encore plus le seigneur Chu.

« … Il a plusieurs années, tu m’as accordé tes bons soins. »

Le jeune homme ouvrit la bouche pour parler d’une voix claire. Son ton ne contenait pas trop de haine. Il souleva le devant de sa tunique et s’inclina pour demander un duel.

« Maintenant, je suis venu te tuer. »

Ces paroles ne contenaient pas trop de sarcasme ou de froideur, c’était plus comme s’il énonçait le destin qui allait inéluctablement arriver au seigneur Chu. Il y avait même une légère pointe de compassion poignante.


Le seigneur Chu dégaina subitement son épée. Il jeta le fourreau qui tomba au sol dans un bruit sourd et se mit à rire comme un fou :

« Bien, bien ! Bien !! Qu Chi, si tu veux te battre, alors battons-nous ! Il y a plusieurs années, tu avais humilié notre forteresse Stoppe Nuage et je t’ai rendu la pareille. Tu viens maintenant me le faire payer, c’est très juste, très juste ! »

Le jeune homme qui avait été piétiné dans la boue treize ans plus tôt s’était démené pour se relever du sol boueux et il se tenait de nouveau aussi droit qu’une montagne dominante.

Face à la voix rauque du seigneur Chu, il ne changea pas d’expression et leva simplement son épée d’où tombaient des gouttes de sang.

Entraînée par le mouvement de l’épée, la tunique supérieure de Qu Chi s’ouvrit un peu, dévoilant une partie de son vêtement en-dessous.

Ce vêtement n’était pas fait de la soie grège très chère utilisée par le Pic du Yang Vermillon pour faire les tuniques. Ce n’était ni du coton, ni du chanvre, c’était d’un blanc grisâtre. Cependant, Qu Chi le portait à même la peau comme un trésor précieux et rarissime.


Remarquant ça, Qu Chi parut avoir peur de le salir. Il remit soigneusement en place le col de sa tunique extérieure pour dissimuler de nouveau le vêtement.

C’est le moment !

Le seigneur Chu passa à l’attaque à ce moment précis. Il brandit son épée et se précipita en avant. Une étoile filante glaciale se rua vers la gorge de Qu Chi !

Mais ce dernier ne s’alarma pas outre-mesure. Ses mouvements furent très simples : il fendit l’air horizontalement sans le moindre ornement, puis remit aussitôt son épée dans son fourreau. Ses gestes furent propres et adroits.

Face au cadavre dont le sang coulait de la gorge et dont les membres convulsaient, Qu Chi fit :

« Je te l’ai dit, je suis simplement venu te tuer. Mes amis m’attendent alors désolé, je n’ai pas trop de temps à perdre avec toi. »

Sur ça, il se tourna et s’élança de nouveau de tout son corps dans la nuit froide et qui semblait ne jamais se terminer.


La parole à l’auteur : L’essentiel de se chapitre :

#La tragédie de concentrer toutes ses forces au mauvais endroit

#Scène du quotidien : manger des nouilles avec ses amis

#Les salauds le paieront toujours tôt ou tard.


Note de Karura : … Je suis vidée. Sérieusement, quand j’ai vu la taille de ce chapitre, j’ai failli me décourager. Pitié, que ce soit le dernier long chapitre de l’histoire principale !!! 🙈


Notes du chapitre :
(1) https://fr.wikipedia.org/wiki/Jingwei
(2) Lentement (Xu) est le même caractère que dans Xu Xingzhi.






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