Extra 1 partie 16
Ces quatre petits mots ‘je t’en supplie’ résonnèrent deux fois dans le cœur de Sa Luo.
— Puisque Yue Wuchen lui demandait ça, cela prouvait qu’il savait que Sa Luo n’avait pas perdu la mémoire.
Dans ce cas, pourquoi lui avait-il permis d’intégrer la secte à l’époque… ?
Ce n’était pas le moment de songer à ça. La vie de Jiu Zhideng ne tenait qu’à un fil. Sa Luo reprit rapidement ses esprits. Il se pencha et passa un bras autour des épaules de l’autre homme. Ses yeux d’un noir profond le fixèrent un moment.
« Puisque tu me supplies, je vais le faire… Ne t’en fais pas. »
Après ça, profitant de la confusion, il prit affectueusement le menton de Yue Wuchen entre ses doigts, le caressant avec tendresse et frivolité.
Au milieu de toute cette agitation, Sa Luo se dirigea rapidement vers Jiu Zhideng et Xu Xingzhi, qui s’était précipité sur le terrain pour le prendre dans ses bras.
D’un geste qui semblait inconscient, Yue Wuchen leva la main pour ressuyer son menton, les yeux fixés sur le dos de Sa Luo. D’un côté, il était soulagé que cette grande catastrophe soit évitée mais de l’autre, il était inévitablement un peu confus par ce geste excessivement intime.
Xu Xingzhi avait déjà utilisé son pouvoir spirituel pour sonder le corps de Jiu Zhideng et cela se présentait assez mal. Les méridiens de son corps étaient inversés partout, comme une digue qui était brisée suite à une inondation. Il était très difficile d’arrêter ce flux. Mais si on ne l’aidait pas à inverser sa circulation sanguine, Jiu Zhideng allait mourir de l’explosion de ses méridiens d’ici très peu de temps.
Sauf que le jeune homme souhaitait mourir maintenant.
Son sang et ses os semblaient le faire souffrir horriblement. Du sang coulait en abondance du coin de ses lèvres et il murmurait sans cesse, demandant à mourir. Xu Xingzhi en eut mal au cœur à l’entendre. Il voulut le prendre dans ses bras pour l’emmener loin d’ici, loin de cet endroit horrible quand soudain, une main se tendit vers lui.
« Passe-le moi. »
Sa Luo tendit la main par-dessus l’épaule de Xu Xingzhi pour saisir rudement Jiu Zhideng par le col.
« … Je sais comment le soigner. »
Au milieu de son tourment où il avait l’impression de griller avec ses os qui servaient de bois pour le feu et son sang qui servait d’huile, Jiu Zhideng, qui était déjà étourdi par la douleur, ouvrit soudain les yeux en entendant ça. De toute ses forces, il saisit le poignet de Sa Luo et le serra avec un oh.
La main posée sur la nuque de Jiu Zhideng, Xu Xingzhi leva les yeux vers Sa Luo, surpris.
Ce dernier avait le poignet enserré par la main de Jiu Zhideng, rempli du désir de survivre. Il expliqua succinctement :
« … Le maître m’a appris ça en privé. »
Xu Xingzhi se tourna alors vers Yue Wuchen. Ce dernier avait entendu toute la conversation entre les deux. Il lui fit signe du regard que ce que Sa Luo venait de dire était vrai.
Xu Xingzhi se sentit alors un peu soulagé. Il fit d’un ton solennel :
« Petit frère martial Luo, je te confie Xiao Deng. Tu…
– Personne ne doit être présent quand j’utiliserai cette technique. Il me faut un endroit pur et éloigné de tout. »
Sa Luo ne voulait pas accepter ce genre de courtoisie. En plus, cela faisait longtemps qu’il n’avait pas utilisé de méthodes mentales des Démoniaques. Il ne savait donc pas s’il était vraiment en mesure de sauver l’autre, alors il préférait ne pas en parler. Il ne répondit donc pas aux paroles de Xu Xingzhi et fit plutôt directement :
« Laisse-moi utiliser l’Étang de Calcédoine. »
L’air était pur et frais autour de l’Étang de Calcédoine. Deux personnes, l’une vêtue de noire et l’autre vêtue de blanc, étaient assises au bord de l’étang. La brume glaciale recouvrait uniformément leurs corps.
Sa Luo avait la main posée sur le méridien du cœur de Jiu Zhideng et y déversait son pouvoir spirituel au compte-gouttes. Il suivait plusieurs points d’acupression importants comme indiqué dans la méthode secrète du Dao Démoniaque, calmant progressivement son sang turbulent et le réprimant.
Quand il déversa son pouvoir spirituel, Sa Luo n’osa pas aller trop vite, mais il ne pouvait pas non plus aller trop lentement. Chaque apport de pouvoir spirituel devait être constant, sinon une fois que cela atteindrait le cœur, le seul effet serait de causer la mort immédiate.
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Cette méthode était donc très éreintante et Sa Luo suait abondamment. Aussi fort qu’il était, ses mains ne pouvaient s’empêcher de trembler. Quand le tourbillon spirituel violent se calma peu à peu dans le corps de Jiu Zhideng, Sa Luo pâlit et tomba sur le côté. Il haleta pour reprendre son souffle, tout en se tenant sur un coude sur un des rochers au bord du bassin.
Heureusement, Jiu Zhideng était inconscient, alors il ne vit pas son état de faiblesse.
Après avoir récupéré un peu de forces, Sa Luo ramena en arrière ses cheveux trempés de sueur afin de voir comment allait Jiu Zhideng, qu’il avait laissé allongé sur le côté.
Ce jeune homme était vêtu de riches vêtements et avait l’air calme et honnête. Il donnait l’impression d’être un brave garçon. Quand il s’était évanoui, son visage était encore couvert de larmes. Tout parent qui voyait un enfant pareil ne pouvait que sentir son cœur s’attendrir.
Sa Luo le contempla et repensa à la première fois où il l’avait vu.
Cet enfant lui avait fait penser à un poussin, tout maigrichon, efflanqué et docile. Il n’avait pas du tout l’allure d’un vrai petit gars du Dao Démoniaque. À l’époque, Sa Luo n’avait que sa vengeance en tête alors il n’avait pas du tout considéré ce garçon inutile comme une personne.
Mais à présent, Jiu Zhideng était le seul parent qu’il pouvait fréquenter.
Après l’avoir observé un moment, Sa Luo tendit la main pour caresser les lèvres mordues de Jiu Zhideng. Il se renfrogna un peu, puis puisa un peu d’eau de l’Étang de Calcédoine pour nettoyer les marques sanglantes autour des lèvres. De son autre main, il lui remonta son col rabaissé.
« Belle tunique, ah, fit Sa Luo pour lui-même. Porte-la bien et ne l’enlève jamais. Si tu retournais au Dao Démoniaque, petit idiot, ces gens te boufferaient tout cru. »
Jiu Zhideng resta allongé sans pouvoir entendre le langage grossier de son oncle par alliance.
Dans un accès de colère, Sa Luo leva de nouveau la main et le frappa fort sur la tête.
« … Enfant stupide, tu es vraiment incorrigible. »
Ce n’était pas bien difficile de deviner la raison pour laquelle le sang de Démoniaque de Jiu Zhideng s’était subitement réveillé. Après tout, Sa Luo avait observé tout ça d’un œil détaché pendant toutes ces années. Le seul capable de devenir le démon interne de Jiu Zhideng, c’était ce petit enfoiré du nom de Xu.
Et aujourd’hui, Jiu Zhideng avait l’occasion de renoncer pour de bon.
Sa Luo se dit qu’après presque une année de dur labeur, son troisième grand frère martial, qui était aussi borné que Yue Xiyun, avait enfin fini par accepter avec réticence que son petit frère soit une manche coupée. Alors à présent que le mariage de Xu Xingzhi et Meng Chongguang allait pouvoir être organisé le plus vite possible, Jiu Zhideng perdrait son blocage de Démoniaque et Sa Luo entendrait moins souvent Yue Wuchen chanter les louanges de Xu Xingzhi. N’était-ce pas le meilleur des mondes possibles ?
Rempli de toutes ces intentions, Sa Luo ramena un Jiu Zhideng toujours inconscient à son grand frère martial Xu. Il alla se laver puis retourna au Palais de Bambou Vert pour faire son rapport.
Il n’y avait personne dans le palais, mais cela ne l’inquiéta pas. Il suivit simplement l’odeur de l’alcool pour trouver celui qu’il voulait voir.
Sans surprise, il y avait Yue Wuchen assis au milieu de la verdure dans la forêt de bambous derrière le palais. Il était assis en tailleur devant une table faite en lamelles de bambou jaune. Il y avait aussi de la liqueur et du thé sur la table.
Deux coussins de sol étaient installés l’un en face de l’autre autour de la table en bambou. Le second coussin semblait avoir été préparé spécialement pour lui, alors Sa Luo vint s’asseoir tranquillement. Il prit une coupe de liqueur et la vida d’un trait.
La liqueur chaude fut comme du miel dans sa gorge. Il lâcha un soupir d’aise, sentant la fatigue disparaître de son corps.
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« Comment va Xiao Deng ? » demanda Yue Wuchen.
Sa Luo répondit d’un ton indifférent :
« S’il était mort, je me serais déjà enfui depuis longtemps. Tu crois vraiment que je serais venu boire ta liqueur ? »
Yue Wuchen baissa la tête et sirota un peu d’alcool pour dissimuler son sourire.
… Il va bien, il va bien.
C’était difficile de changer le cours du destin, pourtant il était allé à l’encontre du Dao du Ciel et avait élevé Sa Luo pendant plus de dix ans, tout ça pour en faire une variable qui pourrait changer la destinée.
Depuis, le monde avait perdu une personne pathétique qui avait été changée au-delà de toute reconnaissance à cause de son démon interne.
Naturellement, Sa Luo ne pouvait pas savoir ce qui mettait Yue Wuchen de si bonne humeur.
Une fois son identité dévoilée, ces faux rituels entre maître et disciple furent vite oubliés pour lui. Il replia une jambe devant lui et jeta un regard en coin à Yue Wuchen. Il étira le coin de ses lèvres et croisa son regard.
« Sa Luo, Luo Shisan. Yue Wuchen, tu as fait exprès de me donner un si mauvais nom ? »
Yue Wuchen eut un rire étouffé qui dévoila un peu ses dents.
Son rire avait toujours été très délicat et pas du genre communicatif, pourtant Sa Luo ne put s’empêcher de rire avec lui.
Sa Luo sourit et se rapprocha sur le côté.
« Alors comme ça, tu savais que j’étais Sa Luo et tu savais aussi que je n’étais pas amnésique ? »
Yue Wuchen répondit mentalement : C’était juste un pari à moitié probable.
Si Sa Luo avait vraiment perdu la mémoire, on aurait pu dire que son karma antérieur avait totalement disparu. Alors s’il n’avait pas pu sauver Jiu Zhideng, cela n’aurait été que de la malchance pour ce dernier. Après lui avoir sauvé la vie, il l’aurait tout de même laissé vivre sur la Montagne de la Tombe du Vent et il aurait été hors de question de le laisser retourner dans le Dao Démoniaque.
Mais si Sa Luo n’était pas amnésique et voulait bien lui venir en aide, alors tout le monde serait content.
Maintenant que les choses avaient été confirmées, Sa Luo se montra plus audacieux et regarda l’autre homme avec un sourire.
« J’ai joué la comédie pendant toutes ces années, tu n’es pas fâché ?
– Je ne suis pas fâché, » répondit Yue Wuchen.
Pourquoi aurait-il été mécontent ? Après tout, il avait espéré que Sa Luo n’avait pas perdu la mémoire.
Quand Sa Luo l’entendit se montrer si tolérant et gentil, son cœur déborda de joie. Il prit une autre gorgée de liqueur et hocha la tête.
« Le maître a bel et bien le béguin pour moi.
– … Sottises. »
Sa Luo avait un visage obscur, alors son sourire fut particulièrement malveillant et équivoque.
« Yue Wuchen, tu dis toujours que je ne raconte que des sottises. Tu ne comprends vraiment pas ou bien tu fais semblant de ne pas comprendre ? »
Yue Wuchen avait encore en tête le fait qu’il était parvenu à changer le destin, alors il demanda distraitement avec un sourire :
« Qu’est-ce que je ne comprends pas ?
– Que je suis tombé amoureux de toi, » répondit franchement l’autre jeune homme.
La coupe de liqueur que Yue Wuchen venait de soulever resta figée au niveau de ses lèvres.
« … »
Au fil des années, Sa Luo avait pris l’habitude de voir toutes sortes d’expressions chez lui mais ce qu’il préférait le plus, c’était son air un peu confus. Quand il se réveillait le matin, quand il était ivre ou quand il tombait sur quelque chose qu’il ne comprenait pas, il arborait un tel air un peu perdu, ce qui était mortellement attirant.
Mais quand il songea que l’autre n’avait vraiment rien compris, Sa Luo se fâcha de nouveau un peu. Il se dit que lui-même était vraiment très enthousiaste tandis que l’autre restait indifférent.
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Comme il s’y attendait, Yue Wuchen le rejeta :
« Ça n’ira pas.
– Pourquoi ? »
Vu qu’il s’était préparé à ce refus, Sa Luo n’allait pas laisser tomber et son ton était plutôt calme.
« Toi et moi sommes maître et disciple. La personne la plus importante après le Ciel et les parents, c’est le maître. Avoir une relation avec son maître, cela va à l’encontre de la morale.
– Un maître, mon cul, c’est juste un faux titre, répliqua Sa Luo d’un ton dédaigneux. En terme d’âge, j’ai quelques années de plus que toi. En plus, tu as juste annoncé comme ça en public que tu me prenais pour disciple. Premièrement, je ne me suis pas prosterné et deuxièmement, il n’y a pas eu de cérémonie officielle, alors ça ne compte pas. »
Après avoir passé des années à recopier des textes sacrés, Sa Luo avait fini par développer des manières un peu élégantes, mais son tempérament dominateur de rebelle faisait partie depuis longtemps de lui et ne pouvait pas disparaître aussi facilement.
Ses paroles semblaient sensées. Yue Wuchen sentit une migraine poindre.
Il avait décidé depuis longtemps que si Sa Luo pouvait l’aider à éviter la catastrophe pour Jiu Zhideng, alors cela prouverait que cet homme pouvait faire ses marques dans le Dao honorable. Cependant, il n’aurait jamais pensé qu’à peine cette tâche accomplie, cela générerait un si gros problème pour lui.
En voyant l’expression troublée de Yue Wuchen, Sa Luo ne fut pas trop déçu.
Il s’était douté qu’il ne pourrait pas gagner le cœur de l’autre homme en si peu de temps et s’il avait abordé le sujet maintenant, ce n’était pas dans l’intention de le forcer à accepter ses sentiments. C’était juste que cela avait coïncidé avec l’incident de Jiu Zhideng aujourd’hui. Il avait donc pu enfin se montrer utile pour Yue Wuchen et cela avait engendré en lui plus de pensées et d’espoirs.
Il était tellement bien, après tout. Comment Yue Wuchen ne pourrait-il pas se laisser séduire avec du temps ?
« Laisse-moi te dire quelque chose. »
Sa Luo tint le bord de la coupe entre ses dents et la vida d’un trait. Puis il lâcha la coupe qui retomba dans sa paume. Il fit d’un ton éclatant et vigoureux :
« Yue Wuchen, je suis tombé amoureux de toi. Et quand moi, Sa Luo, m’intéresse à quelqu’un, il est impossible que je renonce. Je suis prêt à traverser les océans et à franchir tous les fossés naturels. Un jour, je ferai en sorte que tu annonces volontiers au monde entier que moi, Sa Luo, suis ton compagnon de Dao. »
Bizarrement, Yue Wuchen partit d’un léger rire.
Sa Luo haussa un sourcil.
« Qu’est-ce qui te faire rire ? »
Yue Wuchen le regarda, plissant ses yeux qui étaient un peu embués de larmes à cause de l’alcool.
Par delà ce visage, il songea à sa lointaine vie passée, au visage furieux de Xu Xingzhi quand il avait été accusé à tort, à sa main droite arrachée et son petit gémissement de désespoir.
Le garçon qu’il avait élevé l’appelait “Maître, maître” en pleurant des larmes de sang. Mais désormais, il pouvait de nouveau tenir cette main et réparer les erreurs qu’il avait commises à l’époque.
Yue Wuchen ne voulut pas dire ce qu’il avait vraiment sur le cœur, alors il changea de sujet d’une voix aimable :
« … Je me souviens que lorsque tu étais petit, tu avais l’habitude de dire ‘bosser naturels’ au lieu de ‘fossés naturels’. »
Sa Luro rougit un peu et fit d’un ton quelque peu agacé :
« Pourquoi tu parles de ça maintenant ? Bois, bois. »
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Yue Wuchen lui versa une coupe. Sa Luo la prit et fit d’un ton généreux :
« Puisque nous avons tout mis à plat, tu peux dorénavant m’appeler Sa Luo en privé, hein ?
– Je n’ai pas l’habitude, » refusa l’autre homme d’un ton neutre.
Sa Luo se pencha sur la table en bambou en posant un coude dessus, puis lui demanda :
« Qui est-ce que tu préfères le plus, Sa Luo ou Luo Shisan ?
– Les deux sont toi, alors où est la différence ? »
Sa Luo eut un sourire.
« Je serai celui que tu préfères. »
Yue Wuchen secoua la tête et fit de nouveau :
« … Des paroles d’enfant. »
Cela ne fit pas très plaisir à Sa Luo que l’autre le traite encore comme un gamin, comme s’il avait lui-même vécu quatre-vingts ou cent ans de plus que lui. Mais il savait aussi que l’empressement ne lui servirait à rien, alors il n’insista pas plus sur ce sujet. Il fit plutôt :
« La grande cérémonie de mon quatrième petit frère martial n’a pas pu se terminer correctement, ce ne serait vraiment pas bien si cela venait à se savoir. La Montagne de la Tombe du Vent va donc devoir organiser un grand événement heureux de manière grandiose afin de faire oublier cette histoire. »
Aux mots ‘grand événement heureux’, Yue Wuchen arbora enfin un sourire aussi pur que celui d’un enfant.
« .. Oui, il est grand temps d’organiser ça. »
Dans les Terres Sauvages, Zhou Beinan, qui avait terminé d’escorter un lézard géant, avait achevé sa mission et il conduisait une dizaine de disciples, dont Cheng Ding, vers le lieu où son père allait invoquer la porte, selon ce dont ils avaient convenu à l’avance.
Sur une colline à un li de là, une paire d’yeux observait en silence ce groupe.
« … À en juger par leurs tuniques, ces Daoïstes puants viennent de l’Île du Fleuve Céleste. Ils sont venus soit pour inspecter les lieux ou bien pour envoyer en exil un criminel ou une bête démoniaque. »
Après une longue observation, Zhu Dongfeng suggéra à l’homme derrière lui :
« Votre Majesté, désirez-vous les tuer pour absorber leur cultivation ? Ou bien les suivre pour quitter cet endroit maudit quand la porte des Terres Sauvages s’ouvrira pour eux ? »
Celui qu’il appelait ‘votre Majesté’ était un bel homme du nom de Nan Li.
Ce dernier caressa le sheng qu’il venait de tailler, puis jeta un regard en direction du groupe de disciples.
« La porte des Terres Sauvages s’ouvre toujours dans l’enceinte des quatre grandes sectes. Tu veux fuir d’ici pour aller te jeter dans la gueule du loup et mourir ? »
Zhu Dongfeng semblait désireux de tenter le coup.
« Alors on les tue tous ?
– Tu as vu leur chef ? fit Nan Li en désignant le groupe avec son sheng. Regarde sa tunique, cet homme est un disciple en chef de l’Île du Fleuve Céleste. Si on lui ôte la vie, nous encourrons la colère des quatre grandes sectes qui viendront pour se venger. Tu crois vraiment qu’on a une trop belle vie dans les Terres Sauvages ? »
Son serviteur ne cacha pas sa réticence :
« … Alors on les laisser passer comme ça ? »
Nan Li fit sur le ton de la plaisanterie :
« Si jamais un jour ces gens font une bêtise et se font exiler ici, il ne sera jamais trop tard pour qu’on les accueille cordialement. »
Zhu Dongfeng n’eut pas d’autre choix que de renoncer à ses pensées vaines. Il tourna la tête et regarda autour, puis fut soudain pris au dépourvu.
— Un des disciples de l’Île du Fleuve Céleste s’était arrêté et regardait droit dans leur direction.
Zhu Dongfeng fronça ses sourcils épais et saisit en silence la poignée de son épée, secrètement paniqué.
De toute évidence, son roi et lui avaient déjà dissimulé leur aura et leur silhouette quand ils étaient montés sur la colline, alors comment un jeune prêtre Daoïste ordinaire avait-il pu les détecter ?
Est-ce que les prêtres puants hors des Terres Sauvages avaient atteint un tel niveau de cultivation de nos jours ?
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Zhou Beinan veillait sur ses disciples tout au long du chemin, craignant que l’un d’eux ne reste en arrière. Quand il tourna la tête cette fois, il vit qu’un disciple s’était arrêté. Une ombre passa sur son visage et il s’écria d’un ton vif :
« Toi là, Ye quelque chose, tu fais quoi à rêvasser ? »
Ye Buyi, qui venait juste de réussir la compétition d’offrandes pour l’Empereur Oriental et qui avait revêtu la tunique de disciple interne comme il en avait toujours rêvé, était en train de contempler une falaise abrupte qui se trouvait à un li de là, en transe. À cet appel, il sursauta comme tiré d’un rêve. Il courut pour rattraper le groupe et répondit docilement :
« Grand frère martial Zhou, je… »
Zhou Beinan ne se montra pas tendre :
« Tu t’imagines vraiment que les Terres Sauvages sont un lieu de détente ? Attends un peu qu’une bête féroce surgisse pour t’emporter et tu verras à quel point c’est dangereux ici ! »
Ye Buyi referma la bouche. Il baissa la tête et reconnut sa faute :
« Grand frère martial Zhou, ce disciple comprend son erreur. Il ne sera plus distrait. »
En regardant ses yeux larmoyants et innocents, Zhou Beinan songea mystérieusement à une autre paire d’yeux.
… Ces yeux étaient grands et brillants, noirs sur fond blanc, mais aussi tenaces que de la mauvaise herbe, ce qui donnait l’envie irrésistible aux gens de lui pincer les joues.
La plus grande partie de la colère de Zhou Beinan se dissipa instantanément. Il toussota légèrement pour réprimer le sourire qui était monté sur ses lèvres et tâcha de reprendre un air sévère :
« On repart, on repart, on repart. Ne perdons pas plus de temps. »
Alors que le groupe se mettait de nouveau en marche, Ye Buyi ne put s’empêcher de regarder de nouveau en arrière.
Les fleurs sur la colline était vraiment très belles, rouges comme du sang et les pétales voletant joyeusement au gré du vent. On aurait dit un feu tombé du ciel. Ye Buyi n’avait encore jamais vu des fleurs comme ça dans le monde réel et il craignait fort qu’il n’en verrait plus jamais de pareilles.
De son côté, Nan Li était assis au milieu des fleurs de Luohan et avait pris une fleur pour jouer oisivement avec. Quand il entendit Zhu Dongfeng annoncer le départ des cultivateurs, il leva les yeux avec indifférence. Ce fut alors qu’il croisa un regard au loin.
L’autre ne pouvait pas voir Nan Li, mais Nan Li pouvait parfaitement le voir.
Au premier regard, le Roi Fantôme en resta stupéfait. Puis il ne put s’empêcher de se lever et de faire quelques pas pour s’approcher du bord de la falaise.
Cela rendit son serviteur perplexe.
« Votre Majesté, qu’y a-t’il ? »
Nan Li contempla le dos du petit prêtre Daoïste qui s’était de nouveau tourné et il murmura d’un air songeur :
« … Ses yeux sont comme ceux d’une vieille connaissance. »
Dès que Zhou Beinan revint des Terres Sauvages, il n’eut même le temps de se laver qu’il reçut une lettre avec un sceau rouge et or, indiquant que cela venait de la Montagne de la Tombe du Vent.
Zhou Beinan prit la missive et retira le sceau. Il lut ensuite le contenu et se renfrogna.
Cheng Ding, qui avait accepté de prendre un bain avec lui dans la source chaude, vit son air indescriptible et demanda :
« Grand frère martial Zhou, qu’y a-t’il ? »
L’autre renifla lourdement :
« … Putain d’homo ! »
Cheng Ding : « … ? »
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Zhou Beinan se bougea et sortit de la pièce en jurant :
« Ce n’est pas un problème si un homme trouve le bonheur avec un autre homme, mais il veut en plus un mariage officiel. Il n’a donc vraiment pas honte ? »
Surpris, Cheng Ding se hâta de remettre sa ceinture et de courir à sa poursuite.
« Grand frère martial Zhou, tu ne voulais pas te baigner ?
– Me baigner, et puis quoi encore ?! »
Zhou Beinan fit un geste de la main.
« Cheng Ding, viens avec moi. On va aller dans mon dépôt privé et tu vas m’aider à choisir un trésor. Plus ça aura de la valeur, mieux ce sera. Si ce dénommé Xu veut faire un scandale, moi, Zhou Beinan, je ne vais pas me priver de lui rendre sa face en public ! »
Note de Karura : Dans cette vie au moins, le petit Ye Buyi réchappera des griffes du vilain Nan Li. Bien fait pour ce monstre de Nan Li !
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