Chapitre 150
Quelques jours plus tard, Shen Jue reçut une lettre secrète de l’officiel du département des châtiments et tortures. Dans cette lettre, l’officiel expliqua en détail comment il avait déterminé l’âge de celui à qui appartenait l’os reçu et il écrivit sa conclusion à la fin.
Ce squelette appartenait à quelqu’un qui avait dépassé l’âge du guan.
Durant le banquet au palais l’an dernier, Shi Zhou n’avait pas encore dix-huit ans, alors cela ne pouvait pas être son corps. Cela ne pouvait être que celui de son grand frère, Shi Ji.
Shen Jue jeta la lettre dans le brasero et ne détourna le regard que lorsque le papier commença à tomber en cendres. Comme il s’en était douté, Shi Zhou n’était pas mort aussi facilement. Quelques jours auparavant, ce jeune homme avait même protégé Wen Yurong de son corps face au danger. Seul Shi Zhou pouvait se comporter ainsi.
Ce ne serait pas facile de tuer Shi Zhou à présent. Non seulement il devait se méfier du palais mais en plus, si Shen Jue agissait trop imprudemment, la famille Shi pourrait réagir avec vigueur.
Mais s’il laissait Shi Zhou rester au palais, Shen Jue risquait alors de se retrouver dans la même situation que les vies précédentes. Pour le moment, Wen Yurong semblait hésiter entre eux deux. En effet, s’il aimait vraiment Shi Zhou, il n’aurait jamais bécoté Shen Jue dans la résidence du premier ministre quelques jours plus tôt sans se soucier de la blessure de Shi Zhou.
Bien entendu, il se pouvait que Wen Yurong se soit fait du souci pour son ami, mais Shen Jue ne lui en avait pas laissé l’occasion.
Il était sûr que Shi Zhou allait venir à la résidence du premier ministre cette nuit-là, alors il avait fait exprès de rester pour la nuit avant de profiter de l’ordre de Tong Meng’Er pour rentrer.
Dans l’état actuel des choses, il préférait éviter de coucher avec Wen Yurong. Tout d’abord, il n’avait pas envie et c’était toujours mieux d’éviter ce genre de choses. Deuxièmement, son corps n’était pas en état de supporter les activités physiques en tout genre.
Peu importait qu’il soit le dominant ou que ce soit Wen Yurong le dominant. Il était incapable de pratiquer la première option et cela le dégoûtait même, tandis qu’il pouvait perdre la moitié de son espérance de vie pour la deuxième, voire toute sa vie, ce qui était bien trop risqué.
Sa priorité principale pour le moment était de régler le problème Shi Zhou le plus vite possible.
Shen Jue réfléchit ainsi durant plusieurs jours au moyen d’éliminer Shi Zhou, puis il trouva subitement une bonne occasion.
Durant les vies précédentes, un pays voisin avait envahi leur nation et Tong Meng’Er avait envoyé un autre général combattre à la frontière. Shen Jue se rappelait que cette bataille avait duré très longtemps, au moins deux bonnes années. Si c’était Shi Zhou qui menait les troupes, cela durerait bien quelques années.
Et cela éviterait ainsi que Shi Zhou et Wen Yurong se voient en privé pour roucouler.
Dès que Shen Jue eut cette idée, il alla aussitôt en parler à sa mère. Tong Meng’Er en resta stupéfaite un moment, puis fit :
« Puisque mon chéri veut que Shi Ji aille au combat, alors Shi Ji ira.
– Ce n’est pas suffisant que Shi Ji y aille seul. Que Shi Haoran ait le commandement des troupes et Shi Ji sera son lieutenant. Quant aux femmes de la famille Shi, elles devront rester dans la capitale, » argua Shen Jue.
Bien que l’impératrice douairière était un peu dubitative, elle n’insista pas. Le décret fut émis le lendemain : Shi Haoran et Shi Zhou devaient partir pour diriger l’armée dès le jour suivant sans le moindre délai.
Le jour du départ de Shi Zhou, Wen Yurong avait clairement l’esprit ailleurs. Il ne cessait de regarder l’enceinte du palais d’un air pensif. Normalement, il était de repos en ce jour mais l’état de santé de Shen Jue s’était subitement aggravé durant la nuit. Tong Meng’Er avait ordonné au jeune homme de rester pour prendre bien soin de lui.
Et bien que Shen Jue soit malade et groggy, il continuait à tenir la main de Wen Yurong. Si jamais le jeune homme retirait sa main, celle de Shen Jue restait dans les airs, comme pour tenter d’attraper quelque chose.
En voyant ça, Wen Yurong n’avait pas d’autre choix que de laisser l’empereur lui tenir la main.
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
Shen Jue n’alla pas mieux avant l’après-midi. Wen Yurong l’aida à se redresser dans le lit et il s’adossa contre les oreillers doux dans son dos. Il regarda alors attentivement le jeune homme.
« Tu as pris soin de moi durant toute la journée, ça n’a pas dû être facile pour toi. Tu peux aller te reposer.
– Ce n’est rien, votre Majesté. Votre santé est plus importante que tout, fit Wen Yurong avec un sourire.
Toutefois, ce sourire n’atteignit pas ses yeux.
Shen Jue le regarda. Après tout, il avait grandi avec Shi Zhou. Et vu que ce dernier n’avait pas encore totalement récupéré de sa blessure, il était normal qu’il s’inquiète pour lui alors qu’il devait se rendre à la frontière.
Le temps fila et deux années s’écoulèrent en un clin d’œil.
Durant ces deux dernières années, Shen Jue et Wen Yurong étaient devenus de plus en plus intimes. Même le premier ministre avait fini par découvrir le pot aux roses car son fils restait bien trop souvent et longtemps au palais.
Du coup, le premier ministre avait une fois abordé son fils en privé pour l’interroger sur la nature exacte de sa relation avec l’empereur. Quand Wen Yurong avait gardé le silence, le visage du premier ministre avait énormément changé de couleur. Il avait pris un teint bleu et rouge, et au final il n’avait pu que soupirer.
En voyant que son père faisait une drôle de tête, Wen Yurong avait hésité avant d’expliquer :
« Père, je n’ai vraiment jamais rien fait avec l’empereur. Je lui tiens simplement compagnie au palais. »
Quand le premier ministre avait entendu ça, son expression put enfin s’adoucir. Il ne voulait pas voir son fils dont il était si fier devenir un concubin qui avait séduit l’empereur. Toutefois depuis ce jour, le premier ministre ne fut plus capable de regarder normalement son fils et son visage s’assombrissait toujours en le voyant.
À force, Shen Jue avait fini par s’en rendre compte.
Il avait regardé Wen Yurong avec inquiétude.
« Yulang, et si j’allais voir le premier ministre pour tout lui expliquer ? »
Wen Yurong avait secoué la tête.
« Mon père est au courant, je lui ai déjà dit… Cela ira mieux une fois que mon père aura digéré la nouvelle. »
Un an plus tôt, Shen Jue lui avait ordonné de ne plus se référer à lui en disant ‘ce sujet’ en sa présence mais d’utiliser plutôt le ‘je’ normal.
En entendant ça, Shen Jue lui avait caressé la joue avec compassion.
« L’homosexualité est assez courante chez les gens. Le premier ministre ne me semble pas être du genre pédant. Je pense qu’il a du mal plutôt à cause de mon identité et il s’imagine que j’ai usé de mon pouvoir pour t’obliger à être avec moi. »
Il marqua une pause avant d’ajouter :
« Je t’ai causé du tort.
– Pas du tout, je suis très heureux, » assura le jeune homme en souriant.
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Durant ces deux dernières années, il y avait également un message qui parvenait de la frontière tous les mois, relatant en détail la situation au front. D’après les lettres, c’était très difficile sur le champ de bataille, même pour Shi Haoran.
De temps en temps, la situation de Shi Zhou était brièvement mentionnée, même si c’était évidemment le nom de Shi Ji qui apparaissait.
Shen Jue ne mettait jamais Wen Yurong à l’écart quand il lisait ces lettres, alors Wen Yurong put aussi être un peu informé de ce que vivait Shi Zhou, mais pas trop.
Pendant ces deux ans, Shen Jue avait tenté d’approfondir sa relation avec Wen Yurong mais il avait beau faire, il semblait y avoir une couche de voiles entre eux deux. C’était comme une théière remplie d’eau sur le feu. Elle semblait à deux doigts de s’ouvrir mais ne le faisait pas, comme si elle attendait juste qu’on la retire du feu.
Ce fut alors que Shen Jue s’aperçut qu’il s’y était peut-être mal pris. Il avait cru qu’en éloignant Shi Zhou de la capitale, ce serait plus facile pour lui de s’emparer du cœur de Wen Yurong. Mais il semblait à présent que même si Wen Yurong était à ses côtés, il continuait à se soucier de Shi Zhou qui se trouvait à la frontière.
Il était fort possible que l’amitié entre les deux jeunes hommes ne puisse pas si aisément se laisser détruire juste en quelques années.
Mais Shen Jue manquait de temps car Shi Haoran venait de se rebeller. Le général avait déclaré que l’impératrice démone était un désastre pour la cour impériale et que le tyran était cruel et inhumain. Les troupes de la famille Shi s’étaient alliées à celles du prince Jinling, prêtes à soutenir l’accession au trône de l’aîné des petits-fils du prince Jinling.
Bien que Shen Jue avait fait surveiller en cachette la demeure du général Shi, les femmes de la famille avaient toutes fui au beau milieu de la nuit, ne laissant que Shi Tongru et quelques vieux serviteurs.
Shi Tongru était un ancien vétéran de la guerre des trois royaumes, alors Shen Jue ne pouvait pas s’en prendre à lui comme ça. Cependant, à sa grande stupéfaction, cela ne faisait pas sept jours que Shi Haoran s’était publiquement rebellé que le grand-père Shi mourut subitement. Cet incident causa une vive réaction dans la capitale. Que ce soit les ministres des affaires civiles ou militaires, et même les gens de la capitale, tout le monde ne parla que de ça et soupçonna que le palais avait quelque chose à voir là-dedans.
Quelques jours plus tard, Shi Haoran fit publier Le Livre du Père. Le contenu était à la fois bouleversant et touchant. Non seulement Shi Haoran déplora la perte de son perte et sa propre impuissance, mais il révéla aussi dans ce livre la cause de la mort de Shi Ji.
Shen Jue fut un peu surpris par la rapidité avec laquelle ce livre se répandit. En à peine deux mois, toute la nation était au courant de ce Livre du Père.
Shen Jue et Tong Meng’Er étaient déjà dans une position délicate et avec la sortie de ce livre, elle devint encore plus injustifiée.
Aux yeux du peuple, Shen Jue était le plus inutile et cruel des empereurs, tandis que Tong Meng’Er était une impératrice démone qui avait séduit le précédent empereur avec sa grande beauté. Tous les deux avaient usurpé leur position au détriment d’autres personnes. De tous les fils du précédent empereur, lequel n’était pas meilleur que Shen Jue ? Toutefois, ils avaient tous fini morts ou dérangés.
Les gens croyaient donc que Shen Jue était quelqu’un de sournois et qui n’avait aucune piété filiale, qui ne pouvait pas tolérer ses frères impériaux au-dessus de lui et ses ministres loyaux en-dessous de lui. Il n’était donc absolument pas qualifié pour occuper le trône.
Au même moment, l’armée rebelle de Shi Haoran et du prince Jinling se battit avec brio en partant de la frontière. L’armée de Shen Jue perdit peu à peu du terrain, abandonnant ville après ville. Il y eut même des villes qui se rendirent avant les combats.
En à peine cinq mois, l’armée rebelle put ainsi arriver à la capitale et Shen Jue n’avait aucune chance de gagner.
« Mère impériale, je vous en supplie, partez vite avant qu’ils ne pénètrent dans la capitale. »
Shen Jue contempla sa mère d’un air calme.
Les yeux de la femme étaient rouges et enflés. Quand elle entendit ça, elle faillit le gifler.
« Tu fais partir ta mère impériale, et toi alors ?
– Votre fils ne peut pas partir, ils ne me laisseront pas m’enfuir. »
Shen Jue savait clairement que l’édit d’abdication devait être signé et scellé par lui en personne. S’il s’échappait, Shi Haoran et les autres ne seraient certainement pas tranquilles et ne manqueraient pas de se lancer à sa poursuite. Ils ne pourraient pas avoir de repos tant qu’il ne serait pas mort ou sous les fers.
Et si Tong Meng’Er perdait son fils, même si elle s’enfuyait et survivait, elle ne serait plus un danger pour Shi Haoran et les siens.
Personne n’irait soutenir une femme qui ne portait pas le nom des Shen pour s’emparer du trône.
« Ta mère impériale ne partira pas. Si tu dois mourir, nous mourons tous les deux ensemble ici, fit Tong Meng’Er en ressuyant ses larmes avec un mouchoir. C’est ton père qui t’a accordé cette position, de quel droit osent-ils te chasser du trône pour le donner au petit-fils du prince Jinling ? »
Le prince Jingling était un cousin du précédent empereur. Son petit-fils était donc censé appeler Shen Jue ‘mon oncle impérial’.
« Mère impériale, tout est perdu, je ne peux plus rester sur le trône. J’ai eu l’immense chance de pouvoir survivre si longtemps avec ce corps, tout ça grâce aux soins attentionnés de ma mère impériale. Mais votre fils n’a pas pu engendrer un enfant alors je vous souhaite de vivre dans la paix et le confort, et de bien vous ménager. »
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Après ça, Shen Jue s’agenouilla et se prosterna très respectueusement devant sa mère.
Il lui devait bien ça. Sans Tong Meng’Er, il serait mort des milliers de fois bien plus tôt. Même si Tong Meng’Er n’était qu’un personnage de ce monde, elle s’était vraiment montrée très bonne envers lui.
Quand Tong Meng’Er vit cela, elle fondit de nouveau en larmes. Elle refusa de partir, mais Shen Jue resta ferme et choisit les plus loyaux de ses gardes impériaux pour l’escorter hors du palais durant la nuit.
Dans les vies précédentes, Shen Jue n’avait pas pu la protéger alors dans cette vie, il voulait au moins lui éviter une mort aussi misérable et des tortures innommables.
C’était la seule chose qu’il pouvait faire pour elle.
Une fois Tong Meng’Er partie, il ne resta plus qu’une seule chose dans l’esprit de Shen Jue, à savoir comment briser ce monde.
La nuit qui précéda l’entrée des rebelles dans la capitale, Shen Jue et Wen Yurong avaient partagé le même lit, mais aucun des deux n’avait vraiment dormi. L’abdication de Shen Jue était inévitable. Il n’avait plus de soldats pour combattre les rebelles, alors il n’avait pas d’autre choix que d’admettre sa défaite.
Dans la journée, Shen Jue avait révoqué le statut de prince hériter de Shen Yongcheng et l’avait laissé retourner au palais du prince Yong.
L’adolescent regrettait peut-être sa position de prince héritier ou bien il y avait une autre raison, mais ses yeux devinrent rouges et il se prosterna longuement devant Shen Jue avant de quitter le palais impérial.
Désormais, tous les serviteurs avaient commencé à fuir de peur que quand les rebelles entreraient au palais, ils s’en prendraient à eux sous le coup de la fureur.
À cette heure de la nuit, le palais était donc calme et beaucoup moins peuplé.
« Yulang, l’armée rebelle devrait arriver demain. Je n’ai plus longtemps à vivre, mais c’est déjà une chance que ce corps ait pu tenir aussi longtemps. Tu peux retourner chez ton père demain, » fit lentement Shen Jue.
Son ton n’était ni triste ou joyeux, c’était comme s’il parlait d’une chose ordinaire.
Wen Yurong caressa sa main et la tint gentiment.
« Votre Majesté, vous restez un membre de la famille impériale. Tout ira bien, je veux rester avec vous au palais. »
À ces mots, Shen Jue se tourna pour le regarder, son regard s’approfondissant peu à peu.
« Yulang, en fait, je n’ai aucun désir pour ce monde mortel. La seule chose à laquelle je ne peux renoncer, c’est toi. Tu… Est-ce que tu serais d’accord pour m’accompagner ? »
C’était plus que clair : Shen Jue lui demandait s’il acceptait de mourir avec lui. Si Wen Yurong était d’accord, ce monde pouvait être brisé dès cette nuit.
Mais Wen Yurong le regarda un long moment avant de murmurer :
« Votre Majesté, rien ne vous arrivera. Shi… le général Shi n’est pas une brute, il ne vous tuera pas. Votre Majesté, tant que les collines vertes sont là, il est inutile de s’inquiéter pour le bois du feu Tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir. (1). »
Wen Yurong avait refusé.
Shen Jue détourna le visage après cette réponse et regarda la bougie sur la table de chevet dont la flamme dansait.
« Très bien, ah. »
Après ça, ils ne se dirent plus un mot.
Le lendemain, le temps était nuageux alors Shen Jue put se lever tôt. C’était la dernière fois qu’il se rendait à l’audience matinale.
Aucun serviteur ne se tenait derrière lui, seulement Wen Yurong.
Il s’assit sur le trône du dragon et contempla les ministres plus bas, ses yeux très calmes.
« Cela fait dix-huit ans que j’occupe le trône et j’ai vraiment été béni par mes ancêtres. Mais le vent a tourné et je me retrouve comme une bête piégée. Il serait inutile de lutter. En réalité, je n’ai même pas retenu le visage de certains d’entre vous alors je ne peux guère compter parmi les monarques éclairés. Vous n’avez donc pas à être tristes. À partir d’aujourd’hui, suivez le prochain empereur, servez-le bien et continuez à être les piliers de notre nation. »
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Quand il eut terminé son discours, Shen Jue se releva. Il leva les yeux vers les grandes colonnes de marbre à l’extérieur de la salle, se redressa et cria :
« La cour impériale se retire ! »
Les ministres s’agenouillèrent et après un long moment, les gens partirent l’un après l’autre. Le premier ministre fut le dernier à s’en aller. Il regarda d’abord son fils qui se tenait derrière Shen Jue.
« Yueze, tu viens avec ton père ? »
Mais Wen Yurong sourit doucement.
« Père, je veux rester ici avec sa Majesté. »
Le premier ministre hocha la tête en entendant ça.
« Entendu, tu peux rester avec sa Majesté. »
Il se tourna alors vers Shen Jue qui s’était rassis sur le trône du dragon.
« Votre Majesté, ce vieux ministre se retire. »
Shen Jue lui rendit son sourire.
« Premier ministre, vous pouvez partir. »
Le premier ministre sortit donc du palais et regarda le ciel. Des nuages sombres recouvraient la ville et on avait l’impression que la pluie pouvait tomber à tout moment.
Il soupira profondément et s’éloigna.
Shen Jue s’était rendu et avait ordonné d’ouvrir directement les portes de la cité afin de permettre à l’armée rebelle d’envahir la ville sans faire plus de victimes. Les ministres étaient supposés rester avec l’empereur jusqu’au dernier moment mais là, on leur avait permis de se retirer.
Le premier ministre avait toujours méprisé Shen Jue. Mais en cet instant, il réalisa enfin qu’il était un vrai empereur.
Les rebelles ne tardèrent pas à arriver. Shen Jue attendit sur le trône du dragon et avant midi, Shi Zhou apparut devant lui.
La troupe qu’il menait était partie en éclaireurs, voilà pourquoi ils se présentèrent les premiers au palais.
Shi Zhou avait à présent repris son apparence d’origine. Comparé à son grand frère Shi Ji, il était bien plus beau. Toutefois, Shen Jue n’était guère d’humeur à apprécier.
Son épée en main, Shi Zhou entra pas à pas dans le hall principal. Quand il vit Shen Jue sur le trône du dragon avec Wen Yurong derrière lui, un air railleur passa sur son visage.
« Votre Majesté, vous êtes surpris de voir ce sujet, n’est-ce pas ? »
Les yeux de Shi Zhou luisaient d’ironie.
« Frère Yurong, tu es toujours avec ce souffreteux. Est-ce qu’il sait au moins quelles étaient tes raisons pour entrer au palais à l’origine, ah ? »
Wen Yurong n’eut pas le temps de parler que Shen Jue avait déjà pris la parole :
« Shi Zhou, si tu veux me tuer, fais-le. Agis au lieu de parler. »
Il fixa avec indifférence Shi Zhou qui se trouvait au pied des marches.
Le jeune homme sourit lentement à ces mots.
« Te tuer, bien sûr que je veux te tuer. Mais avant ça, dis-moi simplement : est-ce toi et cette Tong qui avez tué mon grand frère ?
– C’est exact, reconnut Shen Jue. Seulement, nous nous sommes trompés : c’est toi qu’on voulait tuer à la base. »
Quand il entendit ça, Wen Yurong ne put se retenir de lancer un regard en coin à l’empereur.
Shen Jue ne sembla pas remarquer son regard et garda les yeux fixés sur Shi Zhou plus bas.
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Quand Shi Zhou entendit ça, sa main se resserra encore plus sur la poignée de son épée et ses yeux devinrent comme fous.
« Pourquoi vous vouliez ma mort ? Qu’est-ce que notre maison Shi vous a fait de mal ?!
– Pourquoi devrais-je te le dire ? répliqua Shen Jue avec un sourire. Tu ne le sauras jamais de toute ta vie. »
Quand Shi Zhou entendit ça, il se tourna vers Wen Yurong.
« Frère Yurong, je vais te laisser une dernière chance. Tue-le et rejoins-moi, et je ferai comme si rien ne s’était passé entre vous. »
Les longs cils de Wen Yurong frémirent et son regard prit une teinte compliquée. Après un long moment, il parla avec du mal et sa voix contenait de l’amertume :
« Xiao Zhou, je refuse de le tuer. Tu as déjà gagné et il s’est rendu. Tu ne pourrais pas le laisser partir ?
– Pas question ! »
Shi Zhou étira le coin gauche de ses lèvres en un sourire sinistre.
« Tu me demandes de le laisser partir alors que mon grand frère a perdu la vie ?! Frère Yurong, tu te souviens de ce que je t’ai dit il y a deux ans ? J’ai dit qu’un jour, je ferais en sorte que tu pleures et que tu me supplies. »
Wen Yurong fronça les sourcils et tenta de le persuader :
« Xiao Zhou, tout ça, c’est du passé. Aujourd’hui…
– Je t’interdis de me dire ça. Tu n’as pas qualifié pour lui pardonner en mon nom et je ne t’ai pas pardonné non plus ! » l’interrompit brusquement Shi Zhou.
Il se tourna ensuite vers les soldats derrière lui et ordonna :
« Retirez-vous tous à cinquante pas à l’extérieur du palais. Personne n’est autorisé à rentrer !
– À vos ordres, major général ! »
À cet ordre, les soldats se retirèrent du hall et refermèrent les portes derrière eux.
En voyant ça, le visage de Wen Yurong changea légèrement d’expression.
« Xiao Zhou, qu’est-ce que tu vas faire ?
– Ce que je vais faire ? Tu vas bientôt le savoir. »
Shi Zhou pencha la tête sur le côté puis monta pas à pas vers le trône. Il ne s’arrêta qu’une fois devant Shen Jue.
Voyant que la situation ne présageait rien de bon, Wen Yurong s’interposa aussitôt devant Shen Jue et regarda Shi Zhou droit dans les yeux.
« Xiao Zhou, tu ne pourrais vraiment pas le laisser vivre ? Il n’a plus rien, il ne combattra plus et il sait qu’il a eu tort. »
Shi Zhou haussa un sourcil.
« Moi, je ne vois pas sur son visage qu’il sait qu’il a eu tort. »
Dès qu’il eut dit ça, il pressa directement sur des points d’acupression de Wen Yurong puis le porta au trône où Tong Meng’Er prenait d’habitude place. Ensuite, il retourna devant Shen Jue.
Bien que Wen Yurong ne pouvait plus bouger, il pouvait encore parler. Il vit Shi Zhou s’approcher de l’empereur et son cœur fut envahi par un très mauvais pressentiment.
« Xiao Zhou, n’agis pas sur le coup de la colère, Xiao Zhou ! »
Shi Zhou se tenait devant Shen Jue et avait les yeux baissés sur lui, son regard glacial.
« Votre Majesté, vous n’avez pas peur ? »
Shen Jue ne le regarda pas mais continua à regarder droit devant lui.
« Pourquoi devrais-je avoir peur de toi ? Tu n’es qu’un petit garçon dont les poils ont à peine poussé, il n’y a rien à craindre.
– Vous n’avez pas peur ? Tant mieux si vous n’avez pas peur. »
Shi Zhou baissa la tête et eut un rire sinistre en murmurant à l’oreille de Shen Jue :
« J’espère que votre Majesté pourra encore dire ça après. »
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Il saisit subitement la main de Shen Jue et retira la dague que l’autre avait cachée dans sa manche. Shi Zhou examina la dague, puis posa sa longue épée sur le bureau qui se trouvait devant Shen Jue.
L’empereur fronça les sourcils mais avant qu’il ne puisse parler, Shi Zhou se servit de la dague pour couper sa ceinture.
La lame était extrêmement affûtée, elle aurait presque pu trancher l’acier comme de la boue.
« Votre Majesté n’est-il pas très doué pour séduire les hommes ? Si vous n’avez pas un homme pour vous enlacer, vous risquez de mourir. Alors aujourd’hui, ce sujet va servir sa Majesté. J’espère que vous apprécierez mes soins, » fit Shi Zhou avec un rire grave, mais il n’y avait aucun amusement dans ses yeux.
Le tonnerre retentit soudain dehors, il allait apparemment pleuvoir.
À ses mots, les yeux de Shen Jue vacillèrent.
« Toi ! »
Shi Zhou se mit assis à côté de lui. Bien que le trône du dragon soit large, il n’y avait pratiquement aucun espace entre les deux hommes pressés l’un contre l’autre.
« Votre Majesté, vous avez été bien entretenu, votre peau et votre chair sont très douces. Ce sujet a combattu à la frontière pendant bien des années et les femmes de là-bas n’ont pas un corps aussi doux et tendre que le vôtre, sans parler des hommes. Ce pauvre sujet n’a encore jamais eu l’occasion de tâter de la chair, alors il va profiter de votre Majesté pour y goûter pour la première fois. »
En disant ça, Shi Zhou jeta la ceinture de Shen Jue par terre.
La parole à l’auteur : Je décline toute responsabilité pour le mini-théâtre suivant.
Wen Yurong : Attendez ! Une minute ! Mon esprit est complètement confus. C’est quoi cette tournure des événements, ah ?
Auteur immoral : C’est la tournure des événements pour te faire pleurer, ah. N’est-ce pas évident ? (commence à pulvériser de la peinture verte partout comme un maniaque)
Wen Yurong : … Ça suffit !
Note de Karura : Si j’ai bien compris les derniers mots de Shi Zhou, il est vierge et il a décidé de le faire pour la première fois avec Shen Jue ? Mmm, je ne comprends pas non plus ce développement.
Notes du chapitre :
(1) Tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir.
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