Chapitre 170
Jie Chen se méfiait bien trop de lui, alors Shen Jue ne put qu’y aller doucement pour le moment.
Durant les jours qui suivirent, Shen Jue suivit en cachette Jie Chen et sa compagne. Il garda ses distances, de peur que l’autre ne sente sa présence.
Quelques jours plus tard, la jeune femme scella un pacte avec une bête démoniaque et fit ses adieux à Jie Chen avant de partir la première. En voyant la jeune femme partir, la queue de Shen Jue frétilla un peu. Il se prépara à guetter la bonne occasion pour s’occuper de Jie Chen.
Il s’était longtemps entraîné à manier la corde Attrape Immortel. S’il voulait ligoter Jie Chen, il n’aurait droit qu’à un essai. Shen Jue avait prévu que s’il trouvait une bonne occasion de le ligoter et que Jie Chen refuserait de sceller un pacte avec lui, il ferait semblant de vouloir le tuer.
Et si la force ne donnait rien, il passerait ensuite à la douceur Mon gars, on fait l’inverse d’habitude ! 😅 (1). Il dirait alors que cela faisait des années qu’il était prisonnier de cet endroit et qu’il y avait partout des bêtes démoniaques qui voulaient le dévorer. Alors il voulait sortir d’ici à tout prix.
Après avoir établi son argumentaire, il était temps de trouver la bonne occasion pour passer à l’action.
Jie Chen dormait avec son épée en main la nuit. Il ouvrirait rapidement les yeux au moindre problème. Shen Jue dut attendre plusieurs jours sans trouver de bonne occasion, jusqu’à ce que Jie Chen affronte un homme-serpent à deux visages.
Cet homme-serpent était un serpent avec deux visages humains sur la tête. D’habitude, il aimait se déguiser en jeune demoiselle fragile pour séduire certains cultivateurs libidineux. Ensuite, il profitait du fait que l’autre avait baissé sa garde pour reprendre sa forme d’origine et le pendre vivant.
Cela faisait plus de soixante ans que Shen Jue vivait ici et il avait plusieurs fois vu cet homme-serpent à deux visages. Ce gars était très féroce quand il avait affaire à ces cultivateurs, mais très intimidé et mal à l’aise face aux autres bêtes démoniaques. Chaque fois qu’il voyait Shen Jue, il lui offrait des fruits.
« Ceci est pour le seigneur renard à neuf queues et vous qui le servez, » disait-il délicatement.
Cet homme serpent à deux visages était très épris de Fu Jiuyin et il se proposa même pour se faire dévorer par lui. Mais quand le renard vit les deux visages sur sa tête, il faillit en vomir de dégoût et éjecta l’autre très loin d’un seul coup de patte.
En voyant qu’il n’avait aucune chance de plaire à Fu Jiuyin, l’homme-serpent s’était rabattu sur Shen Jue. Au départ, il lui avait même offert des jambes et des bras humains.
Les cultivateurs débarquaient en grand nombre tous les cinq ans. L’homme-serpent en tuait un maximum durant ces cent jours et jetait ensuite les corps dans lac gelé où il stockait sa nourriture. Comme ça, quand il était malheureux, il n’avait qu’à sortir un bout et le manger.
Quand il déposa devant Shen Jue des membres humains qui avaient été congelés depuis Dieu sait combien de temps, Shen Jue faillit défaillir à cause de l’odeur. Il fit demi-tour et s’enfuit à toute vitesse. L’homme-serpent recommença plusieurs fois mais finit par se rendre compte que l’écureuil partait en courant dès qu’il voyait les membres, alors il comprit que quelque chose n’allait pas. Les fois suivantes, il avait retenu la leçon et commença à offrir plutôt des fruits.
Cependant, quand Shen Jue avait apporté les fruits de l’homme-serpent aux deux visages à Fu Jiuyin, il ne les regarda même pas et ordonna à Shen Jue de les jeter.
« Ça pue à mort, je ne veux même pas savoir d’où ça vient. »
Fu Jiuyin ne cessait de dire que cet homme-serpent dégageait une très forte odeur rance, mais Shen Jue ne sentait rien. Alors au bout du compte, tous ces fruits avaient fini dans son estomac.
Mais depuis que Shen Jue avait retrouvé la mémoire, il était très occupé tous les jours alors il n’avait pas encore eu l’occasion de revoir l’homme-serpent à deux visages.
Aujourd’hui comme à son habitude, l’homme-serpent s’était déguisé en une très belle jeune femme qui était tombée sous un arbre et pleurait en enfouissant son visage dans ses mains. Il avait réussi à leurrer bien des cultivateurs au fil des ans. Son sens de l’esthétisme progressait : son maquillage et ses vêtements suivaient l’évolution du monde extérieur.
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
Shen Jue s’assit sur un arbre avec une poignée de noisettes qu’il grignota, tout en regardant l’homme-serpent attirer Jie Chen dans son piège. Cet homme-serpent était très fort en combat : ces cultivateurs qu’il suspendait vivants n’avaient pas eu l’occasion de se défendre.
Mais il n’avait que très peu de chance face à Jie Chen. Cependant, Shen Jue espérait tout de même qu’il blesse et épuise suffisamment le jeune homme pour que Shen Jue puisse ensuite descendre et lancer son plan.
Une belle jeune femme qui apparaissait subitement dans la Terre Interdite et qui pleurait d’un air si malheureux, quelqu’un de normal irait voir ce qui se passait. Cependant, Jie Chen ne lui jeta même pas un seul regard et passa à côté sans tourner la tête.
L’homme-serpent à deux visages marqua une pause bien manifeste, puis releva la tête de son mouchoir et regarda le dos de Jie Chen avec des larmes dans les yeux :
« Grand frère martial, tu n’aurais pas une pilule détoxifiante sur toi ? Je viens de me faire mordre par un serpent. »
Jie Chen marqua alors une pause. Il tourna légèrement la tête pour regarder l’homme-serpent et fit d’un ton calme :
« Un serpent qui se fait mordre par un serpent, et tu veux une pilule détoxifiante ? »
Quand Shen Jue entendit ça du haut de son arbre, il en oublia de manger ses noisettes. Jie Chen était vraiment digne de sa réputation de génie : il avait percé à jour la véritable forme de l’homme-serpent en à peine une fraction de seconde.
Cela faisait bien quelques centaines d’années que l’homme-serpent vivait dans la Terre Interdite. Il avait tué bien des cultivateurs, dont certains très puissants, mais aucun d’entre eux n’avait pu déceler sa véritable apparence au premier regard.
Quand il entendit les paroles de cet humain, il reprit sa forme d’origine et sa gueule féroce se rua doit vers la tête de Jie Chen.
Il avait deux visages mais sa véritable gueule se trouvait au-dessus des visages, autrement dit au sommet de sa tête.
C’était la première fois que Shen Jue voyait cet homme-serpent à deux visages chasser. Quand Fu Jiuyin chassait, c’était bien trop facile alors Shen Jue n’avait aucune envie de voir ça. Mais c’était différent cette fois : le niveau de cultivation de l’homme-serpent n’était pas du tout mauvais et son adversaire, Jie Chen, était un jeune génie dans le monde de la cultivation. Cela promettait un combat intéressant entre les deux.
Shen Jue était très intéressé par la cultivation. La plupart des premiers mondes qu’il avait traversés étaient basés sur la force interne ou des pouvoirs surnaturels. Ce monde-ci toutefois était assez similaire au vrai monde de Shen Jue, alors il ne put s’empêcher de grimper sur une branche plus haute afin de mieux voir ce combat.
Mais cet affrontement fut de très courte durée. Jie Chen attaqua sans faire de quartier. Au contraire, l’homme-serpent l’attaqua très rapidement dès le début, puis perdit du terrain au fur et à mesure et finalement, il inclina sa tête de serpent devant le jeune homme.
C’était un signe de capitulation.
« Je veux bien sceller un pacte avec toi. »
L’homme-serpent à deux visages usa de la voix tendre avec laquelle il parlait d’habitude à Shen Jue et le bout de sa queue, qu’on n’aurait même pas pu encercler à deux mains, s’agita coquettement.
Jie Chen retira ses sorts et recula de deux pas. Il fit d’un ton sec :
« Non merci. »
Quand l’homme-serpent entendit son refus, un de ses visages se mit à pleurer tandis que l’autre fixa l’humain d’un air implorant :
« Pourquoi tu ne veux pas me prendre avec toi ? »
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Jie Chen ne donna aucune explication et se détourna de lui pour partir. À ce moment, l’homme-serpent derrière lui rétrécit les yeux et sa queue fila rapidement vers Jie Chen.
Ce dernier ne semblait pas s’être attendu à ce que l’homme-serpent le trahisse aussitôt. La queue s’enroula autour de son mollet. Au moment où elle allait atteindre sa taille, une arme magique apparut de nulle part dans la main gauche de Jie Chen. L’arme magique fut abattue vers le bas et frappa rudement la queue de l’homme-serpent.
Une partie de la peau écaillée prit subitement feu. L’homme-serpent poussa un cri de douleur et retira aussitôt sa queue. Mais Jie Chen attrapa le bout de la queue et y enfonça l’épée qu’il tenait dans sa main droite.
Le sang éclaboussa son visage et ses lèvres.
L’homme-serpent à deux visages poussa alors un hurlement comme une bébé. Sa tête se rua vers Jie Chen pour le mordre furieusement mais il se reçut un sort en plein visage, ce qui le fit gémir de douleur. Il ne put que se coucher par terre faiblement.
Quand Jie Chen vit que son adversaire n’était plus en état de l’attaquer, il le libéra.
« Dorénavant, ne te fais plus passer pour un humain afin de tromper les gens. »
Il jeta un regard glacial à l’homme-serpent qui se tordait de douleur au sol. Il leva une main pour ressuyer le sang sur son visage, puis s’éloigna.
Ce combat s’était terminé bien trop rapidement. Shen Jue fourra la noisette à moitié grignotée dans sa gueule et après avoir vu que Jie Chen était loin, il bondit de l’arbre et grimpa sur le côté de l’homme-serpent.
« Tu vas bien ? »
Il regarda cet homme-serpent qui pleurait d’un air malheureux. Cette fois, ses deux visages étaient en train de pleurer à chaudes larmes.
« Pas bien, répondit-il dans un sanglot. D’où sort ce petit roi des Enfers ? Pourquoi est-il aussi féroce ? »
Effectivement, Shen Jue avait déjà observé Jie Chen combattre d’autres bêtes démoniaques et d’habitude, une fois qu’il l’avait vaincue, il partait après que la bête démoniaque ait reconnu sa défaite. Alors quand l’homme-serpent s’était fait brûler la queue, Jie Chen aurait normalement dû arrêter. Pourtant, il avait continué le combat. Ce genre de comportement était très rare de sa part.
Shen Jue réfléchit un moment, mais ne put trouver d’explication. Voyant qu’il se faisait tard et que ce serait bientôt l’heure de rejoindre Fu Jiuyin, il fit à l’homme-serpent à deux visages :
« Soigne bien ta blessure, je dois y aller.
– Hé, ne parle pas de ma blessure à son Excellence le renard à neuf queues. Je ne voudrais pas qu’il s’inquiète, » fit l’homme-serpent en reprenant sa voix douce.
Shen Jue fit mine de ne rien entendre et courut rapidement loin de là.
Quand il revint à la grotte, Fu Jiuyin dormait encore. Shen Jue lui jeta un coup d’œil, puis ressortit de la grotte pour rester un peu dans son nid. Dès qu’il entendit du bruit dans la grotte, il en redescendit.
Fu Jiuyin se réveilla en clignant un peu de ses yeux de renard. Il prit forme humaine, vêtu d’une tunique largement ouverte qui révélait la peau blanche comme la neige et presque luisante de son torse.
Ce renard ne faisait que dormir et manger, manger et dormir tout au long de la journée. Il ne s’exposait que rarement au soleil, alors toute la peau de son corps était uniformément blanche. Cela dit, même s’il baignait des heures au soleil, cela ne changerait pas grand-chose à son teint puisque sa forme d’origine avait une fourrure blanche.
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Fu Jiuyin bailla en se couvrant la bouche. Au moment où ses pieds allaient toucher le sol, Shen Jue ramena en vitesse ses bottes. Le renard baissa les yeux vers l’écureuil affairé. Ses yeux se rétrécirent et l’instant d’après, Shen Jue se fit éjecter de la grotte par un souffle de vent.
« Tu pues de trop. Va d’abord te laver avant de revenir. »
Fu Jiuyin poussa ses bottes d’un coup de pied et marcha pieds nus sur le sol de pierre.
Quand Shen Jue revint, le renard n’était plus dans la grotte.
Il revint au bout d’un certain temps. Il avait repris sa forme originelle et une de ses queues tirait un quartier de viande animale pas encore terminé.
« Prépare-moi ça. Je le mangerai demain matin. »
Quand il tombait de la nourriture délicieuse, Fu Jiuyin la ramenait à la grotte et attendait le lendemain pour en manger de nouveau.
Une fois qu’il eut dit ça, il se coucha de nouveau. Shen Jue regarda le morceau de viande qui avait encore la peau dessus. Il enroula la corde Attrape Immortel autour et la tira hors de la grotte.
Près d’un cours d’eau, il retira la peau de la viande, la gela avec un sort et la rapporta à la grotte. Après ça, il invoqua une petite barrière autour de la viande pour en bloquer l’odeur. Fu Jiuyin ne dormait toujours pas, il avait les pattes posées paresseusement sur trois de ses queues tandis que les autres se balançaient au bord du lit. Quand Shen Jue revint, il ne releva même pas les paupières.
Shen Jue savait que le renard attendait sur lui, alors il grimpa sur le lit de pierre, sortit un petit peigne d’une ouverture dans le mur et se mit à brosser la fourrure de Fu Jiuyin.
Comme c’était à présent l’été, Fu Jiuyin perdait beaucoup de poils. Il suffisait qu’il se retourne pour laisser une pile de poils de renard sur le lit. Sa fourrure d’hiver était très longue alors s’il ne la brossait pas, cela risquait de faire des nœuds. Du coup, à chaque changement de saison, Shen Jue devait brosser les poils de Fu Jiuyin assez régulièrement.
Une telle tâche était trop épuisante à faire pour un écureuil.
Shen Jue pensait toujours à Jie Chen qui se trouvait dehors, alors il se changea simplement en humain pour brosser plus vite la fourrure de Fu Jiuyin.
Naturellement, il n’oublia pas de mettre des vêtements.
Il y avait effectivement des vêtements humains dans la grotte : Fu Jiuyin les avait sortis des anneaux de stockage des cultivateurs qu’il avait tués.
Quand il en vint à brosser l’estomac, le renard et l’écureuil se firent face. Fu Jiuyin ne voyait que rarement Shen Jue prendre forme humaine. Ses pattes avant bougèrent un peu et il demanda d’un ton indolent :
« Comment ça se fait que tu te sois changé en humain ?
– C’est plus rapide pour te brosser, » répondit Shen Jue.
Le peigne passa du torse au ventre et le renard à neuf queues écarta les pattes arrière pour lui permettre un meilleur accès.
En fait, la majorité des bêtes démoniaques avaient l’habitude de rester sous leur forme originelle, comme Fu Jiuyin ou l’homme-serpent. Cependant, quand Fu Jiuyin quitta la Terre Interdite après avoir scellé un pacte avec Jie Chen, il passa la majeure partie de son temps sous sa forme humaine.
Après tout, sa forme de renard à neuf queues attirait bien trop les regards. Cela dit, sa forme humaine n’était pas non plus du genre à passer inaperçue.
Après un demi shichen de brossage, une épaisse couche de poils s’était accumulée sous le lit.
Après être enfin arrivé aux queues, Shen Jue prit la première queue et se mit à la brosser. Les deux pattes arrières de Fu Jiuyin bougèrent en rythme. Comme il ne cessait de penser à Jie Chen, Shen Jue brossa ses poils plus vite que jamais. Quand il arriva à la neuvième queue, Fu Jiuyin prit soudain sa forme humaine.
Fu Jiuyin regarda fixement Shen Jue de ses yeux soyeux et charmants, puis retira lentement sa queue.
« Il n’y pas de renarde ici. »
La parole à l’auteur :
Un certain rat s’est mis soudain à jouer les épouses charmantes qui bâclent le travail ménager, la raison en est…
Un certain époux qui tient à rester anonyme : Ces derniers temps, mon épouse va de plus en plus vite. J’ai à peine le temps d’en profiter qu’il a déjà fini. Dis, on ne pourrait pas plutôt continuer à mener notre vie quotidienne ?
Note de Karura : Et si un certain cultivateur s’est soudain mis à attaquer sauvagement une bête démoniaque, la raison en est… que Shen Jue était en train de le regarder alors forcément, il devait montrer à quel point il est fort !
Shen Jue : Euh…
Jie Chen : (✿◡‿◡) J’avoue.
Notes du chapitre :
(1) Mon gars, on fait l’inverse d’habitude ! 😅
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