Cent façons de tuer un prince charmant 213

Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !

Chapitre 213


« Fu Jiuyin ! »

Quand s’éleva la réprimande de Shen Jue, le garçon retira rapidement ses dents et lécha l’endroit deux fois. Puis il leva la tête.

« Tonton, ça ne fait pas mal, hé ? »

Shen Jue portait toujours un chapeau avec un voile quand il sortait. Quand Fu Jiuyin se rendit compte qu’il ne pouvait pas voir son expression ainsi, il plissa légèrement les yeux. Puis il fourra de force sa tête à l’intérieur du voile, de sorte que les deux se retrouvèrent pratiquement face à face.

Shen Jue fronça les sourcils et pencha légèrement la tête en arrière pour reculer.

« Qu’est-ce que tu fais ?

– Tonton, pourquoi tu portes ça ? »

Fu Jiuyin cligna des yeux et leva la tête.

« C’est à cause de tes cornes ? »


Il voulut les toucher, mais Shen Jue fit mine de le lâcher et de le laisser tomber.

« Fu Jiuyin, si tu ne te tiens pas bien, tu redescendras et tu marcheras tout seul. »

Le ton de Shen Jue était un peu féroce, alors Fu Jiuyin retira aussitôt sa main et sa tête. Il reprit sa position d’avant.

Allongé contre l’homme, il tourna la tête pour regarder le cou de l’autre. Il y avait un léger cercle de marques de dents sur le cou, provoqué par sa morsure.


* * *


Une fois hors de la ville, Shen Jue se dirigea vers un endroit désert. Il posa Fu Jiuyin, puis prit sa forme de dragon. Il saisit ensuite le col du garçon de sa patte avant et fit mine de prendre son envol.

« Attends, tonton, je veux monter sur toi ! »

Fu Jiuyin se tortilla frénétiquement sous les griffes du dragon.

« Je ne veux pas me faire porter. »

Shen Jue s’était rendu compte le mois dernier qu’il était enfin capable de voler car ses cornes de dragon avaient terminé de pousser. Tout en s’occupant de Fu Jiuyin durant cette période, il n’avait pas négligé sa cultivation et avait continué d’ingérer des Perles de Dragon.


Voyant que Fu Jiuyin se débattait de trop, Shen Jue n’eut pas d’autre choix que de le lâcher. Il le prévint :

« Tu as intérêt à bien t’accrocher.

– En en. »

Fu Jiuyin acquiesça deux fois, puis il se tourna aussitôt pour grimper sur le dos de Shen Jue. Il monta avec audace sur son cou avant de s’asseoir et de bien tenir les cornes de Shen Jue de ses deux petites mains.

« Vole, tonton. »

Shen Jue s’envola jusqu’à une grande ville pas très loin. Il y avait une secte en dehors de la ville du nom de la secte des Montagnes d’Automne. Bien qu’elle ne valait pas la secte des Eaux Célestes, elle n’était pas mauvaise non plus. L’une des raisons pour lesquelles Shen Jue avait choisi cette ville, c’était parce que la secte des Montagnes d’Automne était la meilleure pour cultiver des plantes et des fruits spirituels. Une fois là-bas, Shen Jue pourrait en acheter plus pour Fu Jiuyin.


Une fois que Shen Jue entra dans la ville, il acheta d’abord à manger pour remplir l’estomac de Fu Jiuyin. Ensuite, il loua une maison avec une cour. À présent que Fu Jiuyin pouvait prendre forme humaine, ils ne pouvaient plus n’avoir qu’une seule chambre comme avant. Shen Jue loua donc une maison avec un bâtiment principal et deux chambres annexes. Il y avait un pêcher dans la cour.

Leur voisin juste à côté était un lettré. Quand Shen Jue entra dans la cour avec Fu Jiuyin dans les bras, il croisa justement ce lettré qui sortait. Quand l’homme les vit, il se figea un moment, puis un sourire se dessina sur son visage fin et un peu jaune.

« Vous venez d’emménager ici ? Un parent lointain ne vaut pas un voisin proche. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, n’hésitez pas à me demander. Mon nom est Huang. »


Shen Jue hocha la tête pour saluer ce Huang Shusheng. Fu Jiuyin avait gardé la tête posée sur son épaule mais en entendant la voix du lettré, il regarda dans sa direction.

Ce regard fut aussitôt repéré par Huang Shusheng. Quand il vit clairement le visage du garçon, sa mâchoire se décrocha et il en resta sans voix un bon moment.

Mais Shen Jue était déjà rentré dans la cour avec Fu Jiuyin dans les bras.

« Tonton, c’est ici qu’on va habiter maintenant ? murmura le garçon.

– En. »

Shen Jue le posa et désigna l’une des annexes à côté du bâtiment principal.

« C’est ta chambre. Reste un peu jouer dans la cour, je vais nettoyer. »


* * *


Quand Shen Jue eut enfin fini de faire le ménage et qu’il sortit du bâtiment principal, il découvrit que Fu Jiuyin avait grimpé sur l’arbre à un moment donné et semblait parler à quelqu’un. Shen Jue tendit l’oreille et se rendit compte que le garçon était en train de discuter avec le voisin Huang Shusheng. Pour être plus précis, c’était le lettré qui parlait et Fu Jiuyin qui écoutait.

« Quel âge tu as cette année ? Tu vas dans une école privée ? C’est mieux de commencer à étudier jeune… »

Huang Shusheng parlait quasiment sans s’arrêter, tandis que Fu Jiuyin était allongé sur l’arbre à écouter, ses pieds se balançant dans le vide. De temps en temps, il répondait pas un léger “Oh ?”.


« Fu Jiuyin, descends, » fit Shen Jue en arrivant sous l’arbre.

Dès que le garçon entendit sa voix, il se releva aussitôt sur la branche et sauta dans le vide sans hésiter. Si Shen Jue ne s’était pas précipité pour le rattraper, le garçon se serait écrasé par terre.

Le visage de Shen Jue s’assombrit.

« Pourquoi tu as sauté ?

– Parce que c’était plus rapide, ah. »

Après avoir répondu ça, Fu Jiuyin parut se rendre compte que Shen Jue faisait une drôle de tête, alors il roula des yeux et posa ses deux mains sur le visage de l’homme.

« Tonton, ne te fâche pas. Je te promets de ne plus recommencer. »


Shen Jue se renfrogna encore plus et il le posa par terre.

« Je dois m’absenter un moment. Tu…

– Je veux aller avec tonton ! » répondit aussitôt Fu Jiuyin.

Shen Jue réfléchit un moment.

« Reste plutôt ici, je reviendrai vite. Si tu t’ennuies, tu peux parler avec le voisin, mais fais bien attention… »

Il baissa énormément la voix.

« Ne prends pas ta forme d’origine. La plupart des gens ici sont des mortels ordinaires. Si quelqu’un te voit sous ta vraie forme, il te capturera. Tu as compris ? »

Fu Jiuyin fit la moue.

« Je veux sortir avec tonton.

– Non, tu restes ici. »


Shen Jue ne perdit pas plus de temps à discuter de ça avec Fu Jiuyin. Il alla prendre son chapeau avec voile dans la maison, dressa une barrière autour de la cour, puis s’en alla.

S’il ne voulait pas prendre Fu Jiuyin avec, c’était parce qu’il se rendait dans un magasin qui vendait des plantes et des fruits spirituels. Il craignait que des cultivateurs ne perçoivent la véritable forme du garçon. Pour le moment, Fu Jiuyin était uniquement considéré comme une petite bête démoniaque et Shen Jue ne voulait pas avoir des ennuis dans cette ville.


* * *


Tant qu’il n’avait que le renard à nourrir, Shen Jue trouvait que cela pouvait encore aller. Mais quand il dut s’occuper de Fu Jiuyin sous sa forme humaine, il comprit véritablement ce que ça voulait dire que d’avoir l’argent qui vous filait entre les doigts. Pour se remplir l’estomac, Fu Jiuyin avait réellement besoin de manger des plantes et fruits spirituels qui pouvaient accroître le pouvoir spirituel. Bien que Shen Jue possédait encore pas mal de perles de triton, s’il n’allait pas gagner de l’argent, à force de rester assis et de manger, la montagne allait se vider. Shen Jue dut alors accepter les missions postées aux portes de la ville par la secte des Montagnes d’Automne.


Cette secte ne comptait pas tant de disciples que ça, alors ils proposaient diverses missions à des cultivateurs de passage et les récompenses étaient plutôt généreuses. Shen Jue se chargeait d’une mission tous les sept jours et il prenait les plus dangereuses et les mieux récompensées. Il y avait souvent un certain fruit spirituel offert en récompense pour ce genre de mission : le Fruit de Joie.

Ce fruit contenait plus d’énergie spirituelle que les autres fruits, ce qui faisait qu’il était très rare sur le marché. Shen Jue en avait donné un une fois à Fu Jiuyin et ce dernier en avait aussitôt réclamé plus.


Deux mois plus tard, Fu Jiuyin eut une autre queue qui poussa, ce qui porta le total à huit queues. Sa vitesse de progression était si rapide que Shen Jue en resta sans voix. Cependant avec cette queue supplémentaire, Fu Jiuyin mangea encore plus et Shen Jue dut raccourcir l’intervalle entre deux missions. Cela ne plut absolument pas au garçon qui voulait partir avec lui.

« Pourquoi je ne peux pas sortir avec tonton ? Je ne veux plus rester enfermé tous les jours dans cette maison pourrie, ce n’est pas du tout amusant, se plaignit Fu Jiuyin à Shen Jue avec un air sévère. Je suis tellement en colère que je n’ai même plus envie de dormir avec tonton la nuit, ah. »


Shen Jue lui jeta un coup d’œil.

« Mais tu n’essaies pas pourtant de venir dans ma chambre toutes les nuits ?

– Et toi, tonton, tu me jettes de ton lit toutes les nuits, ah. »

En parlant de ça, le garçon se massa les fesses.

« À force de recevoir des coups de pieds, elles vont finir toutes enflées.

– Quand tu arriveras à hauteur de mon torse, je t’emmènerai pour faire des missions, » fit Shen Jue.


Cette fois, il s’absenta pendant deux jours. Avant de partir, il laissa plein de nourriture pour Fu Jiuyin et lui dit que s’il s’ennuyait vraiment de trop, il pouvait grimper à l’arbre et discuter avec Huang Shusheng d’à côté. Mais il n’avait pas le droit de prendre sa forme d’origine et de faire peur aux gens. Ce que Shen Jue ne savait pas, c’était que cela faisait longtemps que Fu Jiuyin était capable de défaire sa barrière. Il en profitait pour sortir jouer en cachette et revenait ni vu, ni connu. Cette fois, Shen Jue allait partir pendant deux jours et avait refusé de l’emmener avec lui. Alors Fu Jiuyin en fut si furieux qu’il défit la barrière pour sortir s’amuser toute la journée. Il ne revint que tard le soir et recommença le lendemain.

Quand il revint le second jour, il se trouvait que Huang Shusheng était en train de sortir. Ses yeux s’illuminèrent en voyant le garçon.

« Qu’est-ce que tu fais dehors ? Tu veux venir chez moi ? Je peux te donner de l’eau sucrée à boire, c’est vraiment délicieux. »


* * *


Après que Shen Jue ait accompli sa mission, il se dépêcha de revenir à la tombée de la nuit. Cette fois, la tâche était vraiment compliquée alors la récompense avait été bien plus généreuses : trois Fruits de Joie.

Comme d’habitude, il ouvrit la porte de la cour et s’aperçut que Fu Jiuyin ne se montrait pas, lui qui d’ordinaire courait tout de suite vers lui. Cela le surprit énormément : quelle que soit l’heure à laquelle il rentrait, Fu Jiuyin se levait toujours pour se précipiter à la porte et se jeter dans ses bras.

Se pouvait-il qu’il soit bien endormi ce soir ?

Shen Jue entra d’abord dans sa chambre. Bien que cela soit nominalement sa chambre, en fait Fu Jiuyin dormait le plus souvent ici. Il n’y avait personne dans la pièce, alors Shen Jue alla voir dans l’autre chambre. Le lit était exactement comme lorsqu’il était parti, personne n’avait dormi là.

Fu Jiuyin avait disparu.


Shen Jue employa aussitôt un sort de localisation et découvrit à sa grande surprise que le garçon était tout près. À ce moment, il entendit un homme hurler dans la maison voisine.

Une lueur passa dans ses yeux et il s’envola directement par-dessus le mur mitoyen. Dès qu’il atterrit dans la cour du lettré Huang, il vit la porte de la maison s’ouvrir et une petite silhouette rouge en surgit en courant. La silhouette ne s’arrêta pas un seul instant et se rua aussitôt vers Shen Jue, agrippant ses cuisses avec force.

Fu Jiuyin enfouit son visage dans les vêtements de Shen Jue et ne dit rien, contrairement à son habitude.

Les longs cils de l’homme frémirent et il se pinça les lèvres très fort. Il caressa les longs cheveux du garçon qui avaient été défaits à un moment ou à un autre, puis fit doucement :

« Fu Jiuyin, rentre d’abord. Je te rejoindrai après. »

Fu Jiuyin refusa de le lâcher, alors Shen Jue n’eut pas d’autre choix que de le porter jusque dans leur maison d’abord, puis de revenir dans la maison de Huang Shusheng.


Il revint après environ un quart d’heure. Quand il retourna dans sa chambre, Fu Jiuyin était recroquevillé dans un coin, les bras autour de ses jambes repliées devant lui.

Ses longs cheveux étaient emmêlés, ses vêtements étaient froissés et il y avait des marques bizarres sur son visage et son cou. Quand Shen Jue rapporta de l’eau pour le laver, il se rendit compte que les fins poignets avaient des meurtrissures violacées.

« Pardon. »

Pour la première fois de sa vie, Shen Jue eut l’impression d’avoir commis la plus grosse erreur qui soit. Il savait que l’apparence ne pouvait qu’attirer les regards, pourtant il l’avait laissé seul à la maison. Il avait cru qu’une simple barrière suffirait à assurer sa sécurité. Il avait voulu accepter plus de missions afin que le garçon grandisse plus vite mais ce faisant, cela avait fourni une occasion à un sale type de s’en prendre à Fu Jiuyin.


En fait, il avait bien trouvé ce Huang Shusheng Et puis, huangshu veut dire livre porno ! (1) un peu bizarre dès le début, mais qui était Fu Jiuyin ? Dans son esprit, Fu Jiuyin était toujours le Fu Jiuyin d’origine. Même s’il était devenu un peu plus petit, c’était Fu Jiuyin qui faisait du mal aux autres, pas le contraire.

À présent, Shen Jue était confronté au fait cruel que Fu Jiuyin avait été blessé par un autre parce qu’il n’avait pas réussi à bien le protéger.

Il s’excusa des dizaines de fois auprès du garçon, jusqu’à ce que ce dernier murmure :

« Tonton, pourquoi ce monsieur voulait m’embrasser ? Il a dit que c’était parce qu’il m’aimait mais moi, je ne voulais pas. Alors il m’a saisi les poignets et a retiré mes vêtements. Je me suis souvenu que tonton m’avait dit de ne frapper personne, alors je me suis simplement enfui. Mais il n’a pas arrêté de me courir derrière et a baissé son pantalon devant moi…

– N’en dis pas plus, » l’interrompit Shen Jue.


Il enroula le garçon dans une serviette et le sortit du bain.

« Ce genre de choses ne se reproduira plus, je te le promets. »

Fu Jiuyin avait l’air fatigué. Il posa la tête sur l’épaule de Shen Jue.

« Tonton, je n’en pouvais plus alors je me suis défendu. Tu es fâché contre moi, dis ?

– Tu as fait ce qu’il fallait, pourquoi je serais fâché ? »

Shen Jue le serra très fort contre lui.

À cause de ce qui était arrivé à Fu Jiuyin, Shen Jue craignait qu’il ne puisse pas dormir tout seul ce soir, alors il le porta dans sa chambre. Il voulait à la base prendre un bain avant de se coucher car durant sa mission, il avait roulé une paire de fois dans la boue. Bien qu’il avait pratiqué un sort de purification, il se sentait encore sale. Mais dès qu’il quitta la chambre, Fu Jiuyin le fixa avec des larmes dans les yeux, comme s’il se faisait abandonner.


Shen Jue n’eut pas d’autre choix que de le prendre avec lui dans la salle de bain. Il prépara un petit tabouret et lui demanda de rester assis à côté de la baignoire.

Contrairement à ses habitudes, Fu Jiuyin se montra bien calme ce soir, pas du tout bruyant. Il resta simplement assis sur le tabouret à regarder Shen Jue avec son menton sur ses mains.

Quand Shen Jue eut fini son bain, Fu Jiuyin vint lui prendre la main de lui-même et le suivit dans la chambre.

Sur le lit, bien que Shen Jue était très fatigué, il ne pouvait s’empêcher de songer à ce qui venait de se passer aujourd’hui. Il avait tué Huang Shusheng, mais ce dernier était un résident de longue date. S’il venait à disparaître d’un coup, cela ne pourrait qu’éveiller les soupçons des autres voisins. Shen Jue allait donc devoir prendre l’apparence de cet homme demain et prétendre partir en voyage très loin.


Tout à coup, Fu Jiuyin se rapprocha de lui. Il se pressa contre Shen Jue et releva un peu la tête.

« Tonton.

– En ? fit Shen Jue en baissant la tête vers lui.

– Tonton, tu devras m’emmener avec toi partout où tu vas, d’accord ? » murmura le garçon.

Shen Jue garda le silence un moment, avant de répondre :

« C’est d’accord.

– Tonton, serre-moi fort dans tes bras, » fit de nouveau Fu Jiuyin.

Shen Jue s’exécuta et Fu Jiuyin pressa fort son visage dans le creux de son cou, comme un homme en train de se noyer et qui se raccrochait à son unique planche de salut.


Il fallut bien longtemps pour que Fu Jiuyin s’endorme, mais il fit ensuite un cauchemar. Shen Jue fut réveillé à cause du garçon qui parlait dans son sommeil :

« Non… Ne t’approche pas… »

Quand Shen Jue entendit ça, ses yeux s’assombrirent. Le Fu Jiuyin actuel était encore un enfant, à la fois mentalement et physiquement, et tout cela était de sa faute.


Durant les jours qui suivirent, Shen Jue prit Fu Jiuyin avec lui où qu’il allait, même lors de missions. Il voulait à la base mettre aussi un chapeau avec voile sur le visage du garçon, mais ce dernier se sentit étouffer, alors Shen Jue dut employer un sort d’illusion en cachette pour modifier son visage.

Fu Jiuyin resta constamment dans les bras de Shen Jue. Une fois, alors qu’ils passaient à côté de la porte de la cour de Huang Shusheng qui était déjà couverte de toiles d’araignée, il ne put retenir un léger sourire, puis il resserra ses bras autour du cou de Shen Jue et demanda faiblement :

« Tonton, ce monsieur va revenir ? J’ai si peur. »

Dès qu’il eut prononcé ces mots, il se fit naturellement réconforter par une voix chaleureuse et se fit même tapoter la tête.


* * *


Le temps fila. Cela faisait un an qu’ils vivaient dans cette ville quand la neuvième queue de Fu Jiuyin poussa enfin. Du coup, sa forme humaine passa d’un garçon de cinq ou six ans à un adolescent de quatorze ou quinze ans.

Le jeune Fu Jiuyin était un peu moins mignon que lorsqu’il était plus petit, mais il avait gagné en charme. Quand son regard se faisait mielleux, on pouvait presque deviner son apparence à son apogée.

Étant donné que Fu Jiuyin avait autant changé, Shen Jue dut déménager dans une autre ville. Il observa attentivement les voisins avant de choisir une maison.

À gauche, il y avait une veuve et son fils qui avait environ le même âge que Fu Jiuyin désormais. À droite, il y avait une vieille dame. Son mari était décédé il y avait deux ans et ses enfants vivaient ailleurs, alors elle était toute seule.


Comme Fu Jiuyin avait grandi, Shen Jue ne voulait plus le limiter. Il avait bien l’intention de l’élever comme une personne ordinaire qui comprenait l’étiquette, la justice, l’intégrité et l’honneur, et non plus comme un animal. Mais Shen Jue avait également ses propres limitations : il n’aimait pas trop parler, sauf quand il y était obligé. Fu Jiuyin l’imita et devint peu à peu moins bavard, mais il aimait toujours autant s’accrocher à lui.

Shen Jue ne voulait pas que Fu Jiuyin devienne comme ça. Ce fut à ce moment qu’il remarqua le garçon qui vivait à côté.

Il s’appelait Ding Heyuan. Comme sa famille était pauvre, il devait accompagner sa mère pour travailler. Tous les matins, il allait tenir un stand au marché et il accueillait toujours les gens avec un sourire. Dès que Shen Jue et Fu Jiuyin avaient emménagé, il était venu apporter de la nourriture.


« Qu’est-ce que tu penses de Ding Heyuan ? demanda Shen Jue à Fu Jiuyin. Tu pourrais discuter un peu avec lui, ou bien sortir vous amuser ensemble. »

L’adolescent se pressa paresseusement contre lui.

« Je ne l’aime pas, il a l’air d’un gros idiot.

– … Il aide sa mère pour le travail et tout le reste, c’est un fils pieux, » répliqua Shen Jue.

À ces mots, Fu Jiuyin se redressa un peu et se tourna pour regarder Shen Jue.

« Je peux aussi aider mon oncle. Et si j’aidais mon oncle à prendre son bain aujourd’hui, hein ?! »

Shen Jue se retrouva de nouveau sans voix.

Après un moment, il repoussa l’adolescent.

« Ce ne sera pas la peine. Je ne suis pas vieux, je peux encore me baigner tout seul. »


* * *


Comme Shen Jue ne cessait de mentionner Ding Heyuan devant Fu Jiuyin de temps en temps, cela agaça un peu ce dernier. Il prit donc l’initiative d’aller voir ce Ding Heyuan pour savoir ce qu’il y avait de si bien chez lui.

Bien que l’autre adolescent fut un peu ébahi en voyant le visage de Fu Jiuyin, il se reprit et sourit aimablement :

« Tu es le neveu qui habite dans la maison voisine, n’est-ce pas ?

– Tu me connais ? » demanda Fu Jiuyin en haussant un sourcil.

Ding Heyuan hocha la tête.

« J’ai entendu ton oncle parler de toi. Au fait, ton oncle fait vraiment très jeune, ah. »

À ces mots, Fu Jiuyin rétrécit ses yeux de renard.

« Tu as vu le visage de mon oncle ? »

Il savait que Shen Jue portait toujours un voile dehors pour masquer son visage à cause de ses cornes de dragon.


« La dernière fois, j’ai grimpé dans l’arbre pour cueillir des jujube et j’ai vu… »

Ding Heyuan ne put terminer sa phrase car il trouva soudain que le regard de l’autre adolescent était devenu un peu effrayant.

Le visage de Fu Jiuyin s’assombrit.

« Est-ce que tu as vu quelque chose que tu n’aurais pas dû voir ? »

Cela rendit l’autre perplexe et il lui fallut un bon moment pour faire :

« Qu’est-ce que je n’aurais pas dû voir ?

– C’est juste que… marmonna Fu Jiuyin. Mon oncle est un peu différent. »

Ding Heyuan y réfléchit sérieusement.

« Ben non. Quand ton oncle m’a entendu, il s’est tourné vers moi et m’a souri. Je n’ai rien vu de différent.

– Il t’a souri ?! »

Fu Jiuyin ne put en supporter davantage. Il tourna les talons et rentra chez lui.


Le lendemain, il revint voir Ding Heyuan.

« Hé, tu fais quoi d’habitude pour t’occuper ? »

Tout le monde appréciait la beauté, surtout les jeunes gens comme Ding Heyuan. Il avait tendance à se montrer plus tolérant face au beau Fu Jiuyin, même si l’autre s’adressait toujours à lui avec des “hé, hé, hé”.

« En général, j’aide ma mère à vendre du tofu, expliqua-t’il.

– Et après, quand tu as vendu le tofu ? » insista Fu Jiuyin.

Ding Heyuan hésita, puis secoua lentement la tête.

Fu Jiuyin renifla. À ses yeux, il n’avait vraiment rien à apprendre de Ding Heyuan. Pourquoi d’ailleurs voudrait-il apprendre quoi que ce soit de ce type ?


Voyant que Fu Jiuyin était sur le point de partir de nouveau, Ding Heyuan serra les dents et le rappela en mobilisant tout son courage.

« Attends, je… »

Fu Jiuyin se tourna à moitié vers lui.

« Tu quoi ? »

L’autre adolescent rougit.

« J’ai une brochure, tu veux la lire ? »

À quoi les adolescents avaient-ils tendance à penser quand ils s’ennuyaient ? La réponse était évidente, même pour un adolescent aussi simple et honnête que Ding Heyuan. Sa famille était pauvre. Alors que les jeunes hommes de son âge étaient déjà fiancées et que ceux qui avaient un ou deux ans de plus que lui étaient même mariés avec déjà un bébé, lui n’avait rien de tout ça. Parfois, sa mère pleurait la nuit en lui demandant pardon de ne pas pouvoir lui trouver une épouse.


Bien entendu, Ding Heyuan réconfortait sa mère mais parfois, il ne pouvait s’empêcher de se demander quel genre de vie il aurait menée s’il avait eu une épouse. Alors un jour où il aidait le gérant de la librairie et que ce dernier lui avait donné son salaire du jour, il lui avait aussi tendu discrètement une brochure en lui conseillant de la lire en cachette une fois chez lui.

Les choses dessinées dans cette brochure ouvrirent un tout nouveau monde à Ding Heyuan. Il en fut surpris, honteux, puis même un peu intéressé. Il n’avait jamais osé parler de cette brochure à qui que ce soit jusqu’à ce qu’il rencontre Fu Jiuyin, un ami qui était à peu près de son âge.

En fait, il voulait demander depuis longtemps si ces images étaient réalistes et là, il avait enfin quelqu’un à qui poser la question. En plus pour lui, les bons amis devaient tout partager et il voulait être bon ami avec Fu Jiuyin.


Quand Fu Jiuyin l’entendit mentionner une brochure, il en fut surpris un moment, puis fit :

« D’accord, ah. »

Avant de lui montrer la brochure, Ding Heyuan prit bien soin de fermer la porte et les fenêtres, puis il sortit la brochure du fond de son armoire en la tenant comme un trésor précieux.

« Je veux bien te la montrer, mais tu ne dois en parler à personne, insista-t’il avec une grande prudence.

– D’accord, accepta Fu Jiuyin avec impatience. Allez, vite, arrête de lambiner. »

Ce ne fut qu’une fois que Ding Heyuan eut sa promesse qu’il lui tendit sa précieuse brochure. Pendant que Fu Jiuyin lisait la brochure, Ding Heyuan ne put s’empêcher de regarder avec lui. Il avait beau l’avoir lue plusieurs fois, son visage devenait tout rouge à chaque fois.


Fu Jiuyin fronça les sourcils au départ, puis devint ensuite songeur. Quand il eut fini sa lecture, il releva les yeux et demanda à l’autre adolescent :

« Pourquoi l’homme au-dessus fait des choses pareilles ?

– C’est parce qu’il aime l’autre, » répondit rapidement Ding Heyuan.

Il s’inquiéta ensuite du fait que Fu Jiuyin comprenne de travers et ne se mette à harceler les jeunes filles dehors, alors il précisa aussitôt :

« Ces choses-là ne doivent se faire qu’entre deux personnes en harmonie mutuelle.

– C’est quoi, l’harmonie mutuelle ? » demanda encore Fu Jiuyin.

L’autre adolescent bloqua sur cette question et il se creusa la tête pour trouver une réponse :

« Je dirais que c’est lorsqu’on est inséparable l’un de l’autre, non ? »


Fu Jiuyin détourna le regard, puis referma lentement la brochure.

« Merci de m’avoir montré ça, mais c’est l’heure que je rentre pour le dîner.

– Bien sûr, bien sûr. »

Ding Heyuan reprit la brochure et fit d’un ton anxieux :

« Surtout, tu n’en parles à personne, ah. »

Fu Jiuyin remarqua son air nerveux et renifla d’un air un peu moqueur :

« D’accord. »


Une fois à la maison, Fu Jiuyin repensait encore aux images de la brochure, à tel point qu’il n’entendit même pas ce que lui disait Shen Jue. Ce ne fut que lorsque l’homme cessa de parler qu’il se rendit compte de quelque chose et se força rapidement à sourire.

« Mon oncle, qu’est-ce que tu disais ? »

Shen Jue baissa les yeux.

« Je te demandais simplement comment tu t’entendais avec Ding Heyuan.

– Ça peut aller. »

Quand Fu Jiuyin entendit cette question à propos de l’autre adolescent, il perdit aussitôt tout enthousiasme. Ce type était vraiment très ennuyeux, par contre sa brochure était des plus intéressantes.


* * *


Le lendemain, après que Fu Jiuyin ait rapidement modifié son visage, il alla faire des courses en ville. Une fois qu’il avait grandi, Shen Jue lui avait donné de l’argent pour qu’il puisse s’acheter tout ce qu’il voulait, mais Fu Jiuyin n’était pas en général intéressé par des achats. Aujourd’hui cependant, il comptait s’acheter quelques brochures pour lui et en prendre une nouvelle pour Ding Heyuan en passant, afin que l’autre n’ait plus qu’une seule brochure à chérir précieusement.

Il se rendit d’abord dans la librairie et demanda directement au gérant s’il avait des brochures.

L’homme se figea un moment, puis sortit plusieurs exemplaires de sous le comptoir.

« Voici toutes les nouvelles brochures que nous avons reçues. Laquelle tu veux ?

– Je les veux toutes. »

Après ça, Fu Jiuyin demanda de nouveau :

« Elles sont toutes à propos d’un homme et d’une femme ? »

Le gérant se figea de nouveau, puis sortit d’autres brochures.

« Celles-ci sont du genre Longyang Un mot pour désigner indirectement l’homosexualité entre hommes. (2). »


Fu Jiuyin paya sans hésiter et mit les brochures dans son anneau de stockage. Sur le chemin du retour, il repéra un magasin d’armes magiques et ne put s’empêcher d’être un peu intrigué, alors il entra.

Dès qu’il pénétra dans le magasin, son regard se posa sur une corde rouge suspendue au mur.

Une lueur défila dans ses yeux.

« Qu’est-ce que c’est ? » demanda-t’il.

Le vendeur suivit le regard de l’adolescent et tourna la tête derrière lui.

« Vous avez l’œil, honorable client. C’est une corde Attrape Immortel qui peut retenir tout ce qui se trouve entre le Ciel et la terre. On raconte qu’elle a appartenu autrefois au célèbre cultivateur démoniaque Xue Wenchun. S’il n’était pas mort, un si bon artefact n’aurait jamais été mis en vente.

– Je la veux ! » s’écria directement Fu Jiuyin.


Son attitude décisive surprit un peu le vendeur qui lui indiqua le prix exprès. Mais l’expression de Fu Jiuyin ne varia pas. Alors le vendeur se dit qu’il s’agissait d’un gros client et il lui présenta plusieurs autres choses. L’une des épées volantes attira l’attention de l’adolescent.

« C’est… »

Il tendit la main pour toucher l’épée et à sa grande surprise, la lame vibra dès qu’il l’effleura.

En fait, cela faisait un bon moment que le vendeur avait mis ces objets en vente, surtout la corde Attrape Immortel et l’épée volante. Mais même si ce si deux objets avaient été vendus plusieurs fois, ils avaient toujours été rapportés car il était impossible de leur faire reconnaître un nouveau maître. Alors le vendeur fut très surpris de tomber aujourd’hui sur un client qui pouvait se faire reconnaître comme maître de l’épée volante.


« Honorable client, vous étiez assurément destiné à devenir le maître de cette épée volante. Cela fait deux ans que j’ai acquis cette épée. C’est vraiment une excellente épée, faite à partir de plusieurs matériaux de qualité, mais elle ne reconnaît aucun maître et refuse d’obéir aux ordres, alors personne n’a voulu l’acquérir. Mais aujourd’hui, vous voilà et cette épée a trouvé le maître parfait pour elle, » fit le vendeur avec un enthousiasme débordant.

Quand il prit l’épée, Fu Jiuyin eut l’impression qu’une partie de son cœur était de nouveau comblée. Il en resta un moment stupéfait avant de faire au vendeur :

« Je veux la corde Attrape Immortel et cette épée. »


* * *


Quand il rentra chez lui, Shen Jue n’était pas encore revenu.

L’homme continuait à partir en mission et parfois Fu Jiuyin l’accompagnait, parfois Shen Jue ne le laissait pas venir avec.

Quand l’adolescent rentra, il sortit la corde Attrape Immortel et l’épée volante. Dès que la corde Attrape Immortel fut sortie, elle s’enroula d’elle-même autour de sa main. Après avoir fait plusieurs tours, elle glissa dans sa manche. Fu Jiuyin sortit ensuite l’épée volante. L’arme vibrait et semblait très excitée.

« Bizarre… fit l’adolescent d’un ton pensif. J’ai l’impression de l’avoir déjà vue quelque part… »

Pour une raison mystérieuse, il ne raconta pas à Shen Jue qu’il avait acheté ces choses, mais il les étudia en cachette à chaque fois que l’homme s’absentait.


Les brochures qu’il avait achetées au gérant de la librairie étaient bien plus excitantes que celle de Ding Heyuan, avec toutes sortes de positions. Fu Jiuyin vit également un des deux hommes attaché avec une corde. Il éprouvait quelques réticences à attacher Shen Jue avec une corde mais cela n’avait pas d’importance, puisqu’il possédait la corde Attrape Immortel.

Depuis le moment où Ding Heyuan lui avait montré sa brochure, il avait ressenti le besoin pressant de faire ça à Shen Jue.

Il ne comprenait toujours pas cette histoire d’harmonie mutuelle, mais il voulait se rapprocher de Shen Jue, se rapprocher vraiment, pas comme un oncle et son neveu. Il savait déjà que Shen Jue n’était pas vraiment son oncle : Shen Jue était en effet un dragon et lui un renard, comment aurait-il pu être son oncle ?


La parole à l’auteur : Bonne nuit à tous et à toutes ~ Aujourd’hui, vous avez eu droit à un gros chapitre, gros comme le culot de Fu Jiuyin.


Note de Karura : Un gros chapitre, en effet (soupir).

Bon, Fu Jiuyin va passer à l’attaque dans le prochain chapitre ~


Notes du chapitre :
(1) Et puis, huangshu veut dire livre porno !
(2) Un mot pour désigner indirectement l’homosexualité entre hommes.






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