Chapitre 215
Pendant un moment, les deux personnes dans la salle de bain ne dirent pas un mot.
Les yeux de renard de Fu Jiuyin étaient plongés dans ceux de Shen Jue, exprimant une intention qui allait de soi. Il n’avait pas besoin d’expliquer ce qu’il voulait faire. Shen Jue pencha la tête sur le côté et contempla le visage sans défaut qui lui faisait face. Il cligna lentement des yeux. Quand les lèvres de l’autre se posèrent de nouveau sur les siennes, il recula légèrement mais très vite, une main vint tenir sa nuque.
Cette main pouvait donner l’impression de le soutenir mais en fait, elle était là pour empêcher Shen Jue d’esquiver.
En réalité, Shen Jue était un peu inconfortable en cet instant. L’effet du poison de ce serpent à deux visages était au-delà de son imagination mais puisqu’il fallait l’endurer, il pouvait encore l’endurer. Il savait ce que Fu Jiuyin était en train de faire, mais sa vitesse de réflexion était bien ralentie.
Au bout d’un moment, il tendit la main pour repousser le jeune homme. Sa voix était loin d’être aussi calme qu’avant.
« Assez. Fu Jiuyin, sors. »
Les lèvres rouges du jeune homme s’étirèrent en un léger sourire et ses yeux semblaient contenir de la séduction cachée.
« Mon oncle, pourquoi tu ne veux pas ? Dans la vie, le plaisir est ce qu’il y a de plus important, n’est-ce pas ? »
Quand il eut dit ça, un ruban rouge apparut sur la main de Shen Jue. Il glissa le long de son poignet, puis disparut dans l’eau.
Mais peu de temps après, le ruban rouge se fit saisir par Shen Jue.
Le visage de ce dernier devint glacial. Fu Jiuyin se fit ligoter par la corde Attrape Immortel et jeter dans la cour dehors.
Il se débattit un bon moment sans parvenir à se libérer. Il jeta un regard furieux à l’homme vêtu de brocart qui se tenait dans le couloir.
« Mon oncle, tu te crois vraiment si irrésistible ? »
Pour lui, Shen Jue était comme un beau morceau de viande qu’on agitait sous ses yeux. Fu Jiuyin était clairement incité à le manger. Il le léchait de partout, mais ce morceau de viande ne finissait pas dans son estomac.
Il était vraiment furieux et agacé. Ses yeux restaient rivés sur l’autre.
Cet homme était comme de l’eau, de la neige et de la glace. Il semblait être très proche de lui mais en réalité, il était à des milliers de zhang.
« Fu Jiuyin. »
L’homme vêtu de brocart prononça doucement son nom. Fu Jiuyin renifla et détourna le visage.
« Tu tiens vraiment à faire ce genre de choses ? Pourquoi ? »
Shen Jue s’approcha lentement de lui. Voyant que le jeune homme par terre gardait obstinément la tête tournée, il lui donna un petit coup de pied.
« Fu Jiuyin, réponds. »
Le jeune homme resta silencieux un moment avant de tourner la tête. Ses yeux étaient comme des flammes qui pouvaient tout engouffrer dans ce monde.
« Parce que je t’aime, mon oncle. »
En fait avant de dire ça, Fu Jiuyin avait longuement réfléchi à comment répondre à la question de Shen Jue. Mais il avait lu toutes sortes d’histoires et de brochures cette année. Il n’y avait personne au monde qui n’aimait pas entendre des mots d’amour. Il se disait que cet homme en face de lui ne faisait pas exception.
Mais après avoir prononcé ces paroles, Fu Jiuyin lui-même en resta stupéfait un moment.
Parce que je t’aime, mon oncle.
Tu l’aimes vraiment ? Ou bien tu es juste en train de mentir ?
« Vraiment ? »
La voix de Shen Jue le tira de ses pensées.
Il répondit instinctivement :
« Oui. »
Les renards étaient par nature trompeurs et rusés. Après avoir répondu ‘oui’, Fu Jiuyin entendit Shen Jue lui demander encore :
« Quelle preuve as-tu de ça ?
– Je suis prêt à donner ma vie pour mon oncle. »
Il avait aussi appris cette phrase dans les livres. De toute manière, il ne pensait pas que Shen Jue allait vraiment le tuer après avoir dit ça. Si ces mots pouvaient amadouer l’autre partie, alors cela ne coûtait rien de les dire.
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
Shen Jue fixa un bon moment ce jeune homme, puis il secoua la tête.
« Je me suis montré apparemment trop gentil avec toi. Tu vas dormir dehors cette nuit. »
Fu Jiuyin en resta stupéfait, mais Shen Jue tourna bel et bien les talons et rentra dans sa chambre après avoir dit ça. Il vit les lumières à l’intérieur s’allumer, puis s’éteindre. Tout devint silencieux et l’autre homme ne ressortit plus.
Shen Jue était allongé dans son lit, mais il ne trouvait pas le sommeil. Le poison le rendait un peu agité. Il fronça les sourcils et roula sur le côté. Ce fut alors qu’il entendit un très léger bruit à la porte.
Il n’ouvrit pas les yeux car il savait déjà qui était entré.
Durant cette année, Fu Jiuyin avait vraiment bien progressé dans sa cultivation : il avait réussi à se défaire rapidement de la corde Attrape Immortel.
« Fu Jiuyin, sors, » fit Shen Jue d’un ton sec.
Mais l’instant d’après, il sentit le matelas s’affaisser à côté. Le nouveau venu avait encore l’odeur de savon juste après avoir pris un bain.
« Mon oncle, pourquoi tu ne veux pas me croire ? »
Fu Jiuyin passa ses bras autour de la taille de l’autre et pressa sa tête contre son épaule. Il fit d’un ton chagriné :
« J’aime vraiment mon oncle. Et même si mon oncle veut ma vie, je la lui donnerai volontiers. »
Shen Jue rouvrit lentement les yeux.
« Fu Jiuyin, donne-moi cette corde Attrape Immortel. »
À ces mots, Fu Jiuyin cacha immédiatement sa main gauche dans son dos. Mais comment aurait-il pu fuir ? Il lui était impossible de quitter tranquillement et de son propre gré le lit de Shen Jue. Au final, la corde Attrape Immortel lui fut prise. Il fixa la corde qui se trouvait à présent dans les mains de Shen Jue et se mordit les lèvres. Il fit d’un ton mécontent :
« Mon oncle, tu vas encore m’attacher et me jeter dehors par terre ? Il fait un froid glacial, tu sais. »
Shen Jue était assis à ce moment et il jeta un léger regard au jeune homme. L’instant d’après, la corde Attrape Immortel s’était enroulée autour de Fu Jiuyin. Ce dernier arbora l’expression de celui qui s’y attendait, mais il n’avait pas encore fini de rouler des yeux qu’il vit Shen Jue s’approcher.
Les yeux de renard s’écarquillèrent rapidement en voyant la main de l’autre se poser légèrement sur son visage.
« Fu Jiuyin, tu ne devras pas oublier ce que tu m’as dit ce soir. »
Fu Jiuyin n’était pas certain de pouvoir se rappeler ou pas de ses paroles, par contre il lui serait impossible d’oublier ce qui suivit. Pendant l’acte, il rougit et supplia l’autre de défaire la corde, mais Shen Jue l’ignora totalement. Le coin des yeux de Fu Jiuyin devint rouge et il était incapable de se libérer. Finalement, quand l’autre homme fut complètement épuisé et s’allongea pour dormir, Fu Jiuyin se colla lentement contre lui.
« Mon oncle, la prochaine fois que tu fais ça, ne m’attache pas, d’accord ? »
Mais Shen Jue ne lui répondit pas du tout. Fu Jiuyin fut un peu fâché et ne put s’empêcher de se pencher sur lui pour lui mordre l’oreille. Mais après ça, il retira ses dents.
Ce n’était pas du tout ce que disaient les brochures.
Quand Shen Jue s’endormit pour de bon, Fu Jiuyin se tourna et sortit du lit pour prendre de l’eau. Alors qu’il ressuyait l’autre homme, il lui jeta exprès un sort de sommeil pour qu’il n’ait pas à craindre de le réveiller.
Le lendemain matin, quand Fu Jiuyin se réveilla, l’homme à côté de lui dormait encore. Fu Jiuyin cligna lentement des yeux, puis il se redressa lentement et se rapprocha de lui.
Shen Jue avait les yeux fermés et les sourcils un peu froncés, comme s’il n’avait pas bien dormi. Il y avait encore quelques légères cernes sous ses yeux. Fu Jiuyin toucha gentiment les cils de l’autre homme du bout des doigts. Malheureusement, cela réveilla le dormeur.
« Qu’est-ce que tu fais ? »
La voix de Shen Jue était un peu rauque, son être tout entier manquait de vigueur.
Au contraire, Fu Jiuyin se sentait plein d’énergie. Il s’allongea sur l’autre.
« Mon oncle, tu veux que je t’emmène prendre un bain ? »
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Shen Jue repoussa le visage du jeune homme et s’assit tout seul. Mais au moment où il se mit assis, son visage se crispa un peu.
« C’est bon, je peux le faire moi-même. »
Il remarqua que ses vêtements avaient été changés, mais il ne dit rien. Il sortit du lit et se dirigea vers son armoire. Il se changea de nouveau et s’attacha les cheveux avant de sortir. En le voyant partir, les yeux de Fu Jiuyin se rétrécirent.
C’était clairement marqué dans les livres qu’une fois que deux personnes avaient couché ensemble, elles devenaient ensuite inséparables. Alors pourquoi Shen Jue ne voulait plus du tout lui parler ?
Durant la journée, Fu Jiuyin essaya de lui parler mais soit l’autre homme ne lui répondait pas, soit il le faisait de manière laconique, comme s’il ne voulait pas du tout le voir. Fu Jiuyin n’avait jamais été traité de cette manière. Même avant, Shen Jue ne l’avait jamais ignoré à ce point. Fu Jiuyin ne comprenait pas ce qui se passait alors le soir venu, il se jeta de nouveau dans le lit de Shen Jue.
« Mon oncle, pourquoi tu m’ignores ? »
Fu Jiuyin avait un air grave et des yeux sombres. Ces trois dernières années, Shen Jue était celui qui était resté le plus longtemps avec lui. C’était Shen Jue qui s’était occupé de lui tout le temps. On pouvait dire que Shen Jue était presque le seul au monde pour lui.
Il ne voulait pas fâcher l’autre, mais il ne voulait pas non plus que l’autre l’ignore.
Shen Jue lui jeta un regard, puis détourna de nouveau les yeux. Il demanda d’un ton calme :
« Quand est-ce que je t’ai ignoré ?
– Aujourd’hui, toute la journée. »
Fu Jiuyin marqua ensuite une pause.
« Tu m’as ignoré à cause de ce qui s’est passé cette nuit ? Pourquoi ? »
Voyant que l’autre homme ne disait rien, Fu Jiuyin réitéra sa question et obtint enfin une réponse.
« Tu sais ce que cet acte veut dire chez les mortels ? » demanda Shen Jue.
Fu Jiuyin se rappela de ce qu’avait dit Ding Heyuan :
« Ça veut dire que les deux personnes s’aiment.
– Il n’y a que des amoureux qui peuvent faire ça et Fu Jiuyin, toi et moi ne sommes pas amoureux, fit doucement Shen Jue. Alors ne parle plus jamais de ça. Je sais que c’est juste une passade pour toi, alors je t’ai donné ce que tu voulais. Mais maintenant, tu ne dois plus m’embêter avec ça. »
Ces mots tombèrent dans les oreilles de Fu Jiuyin. C’était comme si son partenaire sexuel mettait en doute ses compétences.
Il en fut fâché. N’y avait-il rien de plus frustrant et déprimant pour un renard mâle que de se faire abandonner après avoir enfin réussi sa cour ?
Non, rien du tout.
Sans compter que durant la nuit où sa cour avait enfin porté ses fruits, Fu Jiuyin était resté passif durant tout le processus. Il avait trouvé ça agréable, voire très agréable, mais c’était quand même frustrant.
Alors il fit d’un ton un peu furieux :
« Dans notre clan des renards, on n’a en général qu’une seule épouse dans la vie. Alors ce n’est pas une passade pour moi. »
Mais dès qu’il eut prononcé ces mots, il en resta figé.
Comment savait-il que les renards n’avaient qu’une seule épouse dans leur vie ? Ces mots avaient paru surgir spontanément dans son esprit.
Mais Fu Jiuyin relégua ce problème au second rang. Il se dit que si ses paroles ne suffisaient pas à Shen Jue, alors il allait prouver et convaincre par ses actes que ce n’était pas une passade pour lui. Cependant au moment où il allait se jeter sur Shen Jue, il se fit éjecter du lit.
Fu Jiuyin : « … »
Shen Jue ne lui accorda qu’un bref regard.
« Va-t’en, je dois dormir. »
S’il y avait une chose que vous n’aviez encore jamais mangée, cela ne posait aucun problème. Mais une fois que vous y aviez goûtée, si vous ne pouviez plus jamais y toucher, comment pourriez-vous le supporter ?
C’était ce que Fu Jiuyin vivait en cet instant. Il s’était dit que s’il parvenait à coucher avec Shen Jue, cela le satisferait pleinement. Mais en y regardant maintenant, rien n’avait changé, c’était même encore pire. Il avait pu goûter à quelque chose qu’il n’avait encore jamais goûté, tout comme la première fois où il avait mangé la viande préparée par Shen Jue.
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Alors durant les jours qui suivirent, Fu Jiuyin s’appliqua avec plus d’ardeur à se glisser dans le lit de Shen Jue, mais il échoua systématiquement. Shen Jue se montrait encore plus impitoyable avec lui et à force de se faire rejeter, les yeux de Fu Jiuyin devenaient de plus en plus moroses.
Comment réagirait un animal qui était en pleine parade nuptiale et dont les besoins n’étaient pas satisfaits ?
Après s’être fait repousser une n-ième fois, Fu Jiuyin se rendit dans un bordel.
…
Il ne s’était jamais rendu dans un endroit pareil, mais il en avait entendu parler. Il changea exprès son apparence pour celle d’un homme d’âge moyen et bedonnant avant d’entrer dans la maison close.
Cet établissement proposait des hommes comme des femmes. Les femmes étaient dans la cour de devant et les hommes dans la cour de derrière Y a-t’il une subtile raison à ce choix ou bien est-ce moi qui ai les idées mal placées ? 😋 (1). Dès qu’il franchit le portail, un employé accueillit Fu Jiuyin :
« Honorable client, vous ne me semblez pas très familier, serait-ce votre première fois ici ? Désirez-vous vous rendre dans la cour de devant ou celle de derrière ? Le devant est pour les femmes, le derrière pour les hommes. »
Fu Jiuyin réfléchit un moment :
« La cour de derrière. »
Dès qu’il eut répondu, l’employé le conduisit aussitôt à l’arrière. Au même moment, Shen Jue qui était rentré tôt se rendit compte que Fu Jiuyin n’était pas là.
Il utilisa directement un sort de localisation et découvrit que Fu Jiuyin se trouvait actuellement dans le quartier ouest, celui qui comptait le plus de bordels et de maisons closes. Il en resta un moment surpris, puis renifla de dédain.
Il employa un sort qui lui permit d’apparaître aussitôt dans le quartier ouest. Il n’eut qu’à fouiller un peu pour trouver la maison close où se trouvait Fu Jiuyin.
L’employé aux portes de l’établissement vit Shen Jue arriver et remarqua son chapeau avec un voile. Il décela que son tempérament n’avait rien à voir avec les gens du commun et qu’il n’avait pas l’air d’être venu prendre du bon temps. Alors il arbora rapidement un sourire et demanda :
« Honorable client, vous êtes venu voir quelqu’un ? Ou bien vous amuser ?
– Je cherche quelqu’un. »
Shen Jue sortit une pièce d’argent de sa manche et la lança à l’employé.
« Je peux entrer maintenant ?
– Bien sûr ! Vous désirez la cour de devant ou bien la cour arrière ? La cour de devant est pleine de femmes, tandis que celle de derrière est pleine d’hommes. »
C’était la première fois que l’employé voyait un client donner de l’argent avant d’entrer, alors son sourire se fit plus rayonnant.
Leur maison close était soutenue par la secte voisine et il y avait des cultivateurs de rang Noyau Doré dans tout le bâtiment, alors cet employé ne craignait pas que Shen Jue ne vienne causer des problèmes. Ceux qui faisaient affaires ne pouvaient pas permettre de craindre les ennuis.
« La cour arrière, » répondit directement Shen Jue.
Il fut conduit à l’arrière du bâtiment. En chemin, il vit plusieurs hommes et femmes, certains s’enlaçant directement en public. Dès que Shen Jue entraperçut cela, il détourna aussitôt le visage.
Un lac séparait les deux cours. Il y avait un pont qui l’enjambait et deux serviteurs se tenaient dessus. Shen Jue fut conduit sur le pont et changea alors de guide.
Le nouveau serviteur qui lui ouvrait le chemin était clairement très enthousiaste.
« Vous connaissez déjà quelqu’un ici ? Sinon, Xiao Nu peut vous faire des recommandations. Qu’en dites-vous, honorable client ? »
Bien que Shen Jue pouvait détecter la présence de Fu Jiuyin en ces lieux, il était incapable de savoir précisément dans quelle chambre se trouvait l’autre.
« Quels sont les employés qui reçoivent actuellement des clients ? »
Le jeune employé ne s’attendait pas à ce que Shen Jue pose une telle question et il en resta surpris un moment. Il reporta ensuite quelques noms. Vu qu’il faisait encore jour, il n’y avait pas beaucoup de clients dans l’établissement et encore moins dans la cour arrière.
« Alors fais-les tous venir ici pour moi. »
Cette fois, Shen Jue sortit une bourse remplie de pièces d’or.
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Quand le jeune employé s’aperçut qu’il s’agissait d’or, ses yeux s’illuminèrent aussitôt. C’est un gros client, bien plus riche que les autres clients tous réunis. Alors sans faire plus d’histoires, il prépara une pièce pour que Shen Jue puisse s’asseoir et boire, et il alla rassembler les prostitués.
Cependant, Shen Jue ne s’assit pas et alla plutôt à la fenêtre pour écouter attentivement ce qui se passait dehors. Selon le tempérament de Fu Jiuyin, il n’accepterait certainement pas que l’homme qu’il avait commandé se fasse inviter par un autre, alors il allait causer un scandale. Comme ça, Shen Jue pourrait entendre l’agitation et il saurait ainsi dans quelle chambre se trouvait le jeune homme.
Il y eut effectivement de l’agitation à l’extérieur. Shen Jue tendit soigneusement l’oreille mais ne détecta pas la présence du renard dans les chambres où il y avait des problèmes. Après un moment, le jeune employé revint avec sept ou huit personnes.
Ces jeunes gens étaient tous des adolescents à l’air tendre. Ils ne semblaient pas encore en âge de porter le guan. Une fois entrés, ils saluèrent Shen Jue :
« Ces humbles servantes saluent le jeune seigneur. »
Shen Jue fronça légèrement les sourcils et se tourna vers l’employé :
« Ils sont tous là ? »
L’employé hocha la tête.
« Tous ceux qui avaient un client sont ici. Honorable client, vous n’êtes pas satisfait ? Désirez-vous que je fasse venir d’autres personnes ? »
Shen Jue réfléchit un moment, puis demanda :
« Quelles sont les chambres où les clients n’ont pas protesté avec toi tout à l’heure ? »
Il n’y avait que trois clients qui n’avaient pas posé de difficulté. Le premier avait accepté l’argent et avait appris qu’il n’aurait pas à payer pour cette fois, alors il avait joyeusement cédé. L’autre était si ivre qu’il ne s’était même pas rendu compte du changement de prostitué. Quant au troisième…
« Le troisième client n’a pas réclamé d’argent et n’a rien dit sur l’échange. Il semblait avoir un bon tempérament, » fit l’employé.
Quand Shen Jue entendit ça, il fut pratiquement sûr qu’il s’agissait de Fu Jiuyin.
« Où est-il ? »
Voyant que l’employé hésitait, il ajouta :
« Ne t’en fais pas, je ne suis pas venu créer des problèmes et je ne nuirai pas à vos affaires ici. »
Grâce à ces mots, l’employé donna avec hésitation le numéro de la chambre du troisième client à Shen Jue.
Shen Jue se rendit aussitôt dans la dite chambre.
Au moment où il arrivait à la porte, il entendit les gémissements de deux personnes à l’intérieur. Son expression se fit glaciale, puis il toqua à la porte.
Personne ne vint répondre.
Il poussa la porte qui n’était pas verrouillée.
Dès qu’il mit un pied dans la pièce, il put sentir une odeur dense à l’intérieur qui assaillait presque les narines. Il se renfrogna et s’avança plus à l’intérieur. Il n’y avait personne dans la première pièce. De la nourriture intacte et des boissons traînaient sur la table basse. Shen Jue y jeta un coup d’œil avant d’entrer dans la seconde pièce.
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Le lit de la chambre interne était agité de secousses et on pouvait entendre un grincement en provenance du pied du lit. Quand l’homme sur le lit vit Shen Jue, il en fut si effrayé qu’il arrêta aussitôt et se couvrit avec la couverture de brocart, tandis que l’autre homme assis de l’autre côté du lit s’écria :
« Qu’est-ce que tu fais ? Continue ! »
Le jeune homme sur le lit prit un air gêné.
« Honorable client, c’est que… quelqu’un est entré. »
Quand l’homme entendit ça, il ne réagit pas du tout et fit simplement :
« Ne t’en fais pas, tu peux continuer. »
Shen Jue jeta un rapide coup d’œil au jeune homme sur le lit et s’approcha de l’autre homme. Voyant que ce dernier gardait les yeux fixés sur le prostitué, il se pinça les lèvres.
« Fu Jiuyin, tu as donc l’intention de rester ici ? »
L’homme ne se tourna même pas vers lui et émit un simple En.
En entendant ça, Shen Jue tourna les talons et partit.
En voyant Shen Jue s’en aller, le jeune homme sur le lit cligna des yeux et reprit sa performance. Il se disait que ce client était vraiment trop bizarre : il lui avait demandé de lui montrer comment exciter un homme, mais le prostitué avait eu beau s’évertuer un moment, son client ne réagissait pas du tout. Il avait à peine repris ses efforts qu’il vit son client se lever.
« Honorable client ? »
Mais le client s’était envolé.
Quand Fu Jiuyin se précipita dehors à la poursuite de Shen Jue, ce dernier avait déjà disparu. Le niveau de cultivation du renard n’était pas aussi bon que celui de Shen Jue, alors si ce dernier choisissait délibérément de dissimuler sa présence, il n’avait aucun moyen de le retrouver. Fu Jiuyin n’eut donc pas d’autre choix que de retourner à la maison. À son grand dam, il eut beau attendre toute la nuit, Shen Jue ne revint pas.
En réalité, Fu Jiuyin s’était rendu dans une maison close dans l’intention de se venger. Il s’était dit que puisque Shen Jue ne voulait pas de lui, il se trouverait d’autres personnes avec qui coucher. Mais une fois arrivé au bordel, il s’était rendu compte que personne ne pouvait se comparer à Shen Jue. Il avait observé le jeune homme tenter de l’exciter au lit et avait remplacé son visage par celui de Shen Jue, mais il s’était ensuite dit que Shen Jue ne serait jamais aussi vulgaire et aguicheur.
Quand Shen Jue était venu le trouver, Fu Jiuyin était en fait très heureux parce que cela prouvait que l’autre tenait à lui. Mais là, il semblait qu’il avait été trop loin.
Shen Jue était vraiment fâché.
C’était bon signe qu’il soit en colère, car son degré de colère indiquait à quel point il tenait à lui. Cependant, Fu Jiuyin n’aurait jamais cru que Shen Jue resterait absent pendant cinq jours juste parce qu’il était fâché.
Fu Jiuyin eut l’impression de devenir fou. Il n’avait jamais été séparé aussi longtemps de Shen Jue. Le plus long avait duré deux jours et c’était lorsqu’il n’avait encore que sept queues.
Durant ces cinq jours, il resta assis sur le muret à regarder dans la rue, espérant voir une silhouette familière, mais son espoir fut vain.
Quand tomba la nuit du sixième jour, Shen Jue n’était toujours pas revenu et Fu Jiuyin se sentit abandonné.
Shen Jue ne voulait plus de lui.
Il l’avait pourtant élevé pendant plus de trois ans et là, juste parce que Fu Jiuyin était allé dans une maison close, il ne voulait plus de lui ?
Fu Jiuyin ne put s’empêcher de grincer des dents. Il se dit que si Shen Jue revenait, il lui mordrait la nuque sans hésiter et le mordrait si fort que l’autre s’excuserait auprès de lui.
Mais et si Shen Jue ne revenait pas ?
Les yeux de Fu Jiuyin s’assombrirent énormément à cet instant. Il sortit la corde Attrape Immortel de sa manche. Cette dernière parut soudain douée de conscience car elle lui tapota le dos de la main, comme pour le réconforter.
« À quoi bon me réconforter ? À chaque fois que je te demande de l’attacher, tu n’arrives pas le retenir bien longtemps. Bon-à-rien, » jura Fu Jiuyin à voix basse.
À ces mots, la corde se retira en silence dans sa manche. Fu Jiuyin renifla. Il se dit soudain que si Shen Jue ne revenait pas, alors il irait le chercher. En songeant à ça, il consulta son anneau de stockage pour voir combien d’argent il lui restait.
Depuis qu’il avait acheté la poudre d’Âme Perdue la dernière fois, Shen Jue avait réduit l’argent qu’il lui donnait. Du coup, Fu Jiuyin avait à peine de quoi se payer une brochure.
Il ne trouva pas d’argent, mais repéra l’épée volante qu’il avait achetée avant.
Comme cette épée ne lui servait à rien, il l’avait laissée dans son anneau de stockage. Il la ressortit à présent pour l’examiner et se demanda s’il pouvait la vendre pour se faire un peu d’argent.
Fu Jiuyin dégaina l’épée. Voyant que la lame était extrêmement affûtée, il ne put s’empêcher d’y toucher. Dès qu’il posa le doigt dessus, il se coupa avec la lame et le sang coula aussitôt.
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Au même moment, il entendit soudain des bruits de pas.
C’était ses bruits de pas familiers.
Fu Jiuyin n’en avait plus rien à faire de sa blessure. Il rengaina aussitôt l’épée et la jeta dans son anneau de stockage. Puis il sauta du mur et courut rapidement vers la silhouette familière.
« Mon oncle ! »
Il courut si vite qu’il apparut presque en un éclair en face de l’autre homme. Il le contempla avec avidité. Bien que Shen Jue portait un chapeau avec un voile, Fu Jiuyin continua de le fixer directement, comme s’il pouvait percevoir son visage à travers le tissu noir.
« En. »
Shen Jue sortit un sac rempli de son anneau de stockage et le tendit au jeune homme.
« Cette mission m’a pris pas mal de temps, mais la récompense est plutôt bonne. »
Fu Jiuyin se figea.
« Tu étais parti pour une mission ?
– En, qu’y a-t’il ? »
Voyant que Fu Jiuyin ne bougeait pas, Shen Jue lui tendit de nouveau le sac.
Mais il se fit enlacer l’instant d’après. Fu Jiuyin serra fort ses bras autour de son cou, presque au point de l’empêcher de respirer.
« J’ai cru que tu m’avais abandonné, fit le jeune homme d’une voix étouffée. Je te demande pardon, je t’ai mal compris. Je n’irai plus jamais au bordel, mon oncle. Dorénavant, je t’obéirai en tout. »
Shen Jue ne dit rien un moment, puis il leva la main pour tapoter le dos du jeune homme.
« D’accord. Rentrons d’abord, j’ai envie de prendre un bain. Je suis un peu fatigué. »
Fu Jiuyin se montra plus obéissant que jamais ce soir-là. Avant même que Shen Jue ne retourne dans sa chambre, il changea exprès l’eau dans la chambre pour lui, disant que si Shen Jue avait soif, il pourrait ainsi boire. Il ne tenta pas de se glisser dans son lit et retourna bien gentiment dans sa propre chambre une fois l’eau changée.
Shen Jue souffla la bougie et se mit au lit.
Tout était plus simple qu’il ne l’avait imaginé et il s’avérait qu’un Fu Jiuyin privé de ses souvenirs et de son puissant niveau de cultivation était plus facile à manipuler qu’avant. Si les choses continuaient ainsi, cela ne prendrait pas bien longtemps.
Il pouvait y arriver.
Dans l’autre chambre, Fu Jiuyin était également allongé sur le lit. Il ouvrit le sac que lui avait apporté Shen Jue. Il y avait pas mal de bonnes choses l’intérieur.
Durant ces six derniers jours, il s’était longuement lamenté sur le fait que son niveau de cultivation soit si bas. Dans le cas contraire, il aurait pu retrouver Shen Jue.
Normalement, Fu Jiuyin ingérait lentement ces fruits spirituels car il savait que son corps avait du mal à les absorber. Mais il en avait assez d’être aussi faible alors cette fois, il avala tous les fruits d’un coup.
Une fois cela fait, il poussa un soupir de soulagement mais à ce moment, il s’aperçut que son doigt, qui avait été entaillé par le tranchant de l’épée, s’était mis de nouveau à saigner.
La parole à l’auteur : À la fin de cette partie, je vais écrire un extra doux et léger sur un petit écureuil.
Note de Karura : Plus qu’un chapitre !
Notes du chapitre :
(1) Y a-t’il une subtile raison à ce choix ou bien est-ce moi qui ai les idées mal placées ? 😋
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