Esprit Malin 150

Chapitre 150 : Les rumeurs du monde inférieur


Chi Yan n’aurait jamais pensé que le fait qu’il avait utilisé le pouvoir de Ye Yingzhi avait déjà été découvert par trois de ses compagnons sur quatre. Après avoir réfléchi un moment, il décida de suivre le conseil de Lei Yun et alla voir Tu Long pour évaluer d’abord la situation.

Quand Chi Yan passa dans son bureau, M. Hodge venait juste de s’en aller, les deux s’étaient ratés de peu. Chi Yan entra dans le bureau du doyen Tu Long et avant même qu’il n’ouvre la bouche, le vieil homme parut deviner ce qu’il allait dire. Il cligna des yeux et sourit.

« Hodge est déjà venu me voir. Je lui ai dit que c’était dû à l’effet d’un outil magique que je t’ai donné pour te protéger. »

Chi Yan en resta stupéfait un moment et mit du temps à réagir :

« Professeur… ?

– Alors tout va bien, assura Tu Long en agitant la main vers lui. Tu peux repartir. N’oublie de donner la même version que moi. Je te fais confiance. »


* * *


Chi Yan retourna donc dans sa chambre et vit l’oiseau noir. Ce dernier battit des ailes et vola devant lui.

« Chi, Chi, Chi Chi, je sais ce qu’est le test dont tu as parlé la dernière fois ! »

Le jeune homme s’assit sur le lit et l’oiseau noir se mit à lui raconter tout ce qu’il savait du test dans le moindre détail.

Chi Yan hocha la tête après ses explications.

« Tout s’explique. »

Alors la dernière fois, tout comme aujourd’hui, c’était M. Tu Long qui l’avait aidé à dissimuler et à s’en tirer.


Après mûres réflexions, il pensait avoir deviné qui était à l’origine de cette rumeur. Il s’agissait de personnes qui connaissaient bien la tour noire et les Portes du Chaos, et qui avaient inventé cette rumeur à son sujet exprès pour détourner l’attention… Il y avait neuf chances sur dix qu’il s’agissait des gens qui s’étaient trouvés de l’autre côté des Portes du Chaos cette nuit-là. Bien que Chi Yan ignorait encore quel était leur but en s’infiltrant dans la tour noire et en essayant d’ouvrir les Portes du Chaos, étant donné qu’ils avaient échoué, ils n’allaient pas renoncer comme ça. Il était donc plus que certain qu’ils allaient tenter à nouveau de s’y infiltrer.

Chi Yan avait grandi tout en étant choyé alors naturellement, il n’appréciait pas du tout que les autres aient fait une cible de lui. Le sang chaud, il prit aussitôt une décision des plus stupides — il allait se rendre à l’autel tous les soirs à compter de ce soir, afin de monter la garde. Il attendrait que ces gens reviennent pour voir en cachette qui ils étaient et ensuite, il les dénoncerait anonymement au professeur Tu Long.


Il procéda donc ainsi pendant les sept jours qui suivirent, mais les intrus ne se montrèrent pas du tout. En revanche, le Dieu du Mal fut aux anges. Le huitième jour, Chi Yan n’en pouvait plus. Au moins quand il était dans le royaume des dieux, il avait la rosée de jade et le breuvage divin pour se nourrir. Ces deux choses pouvaient aider son corps à récupérer plus vite et à éliminer toute fatigue. Mais comme il n’y avait pas accès dans le monde des humains, il n’en pouvait vraiment plus.

Quand ils étaient seuls tous les deux, Chi Yan ne se souciait guère de son image. Il s’accrocha pitoyablement à Ye Yingzhi et agit comme un enfant gâté. Ye Yingzhi en fut si bouleversé qu’il se rendit aussitôt au royaume des dieux afin de lui ramener de la rosée de jade pour le nourrir. Chi Yan but la boisson et sentit aussitôt que son état physique s’était amélioré. Il serra donc Ye Yingzhi et l’embrassa.

Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !

Par conséquent, Chi Yan, qui avait triché en buvant de la rosée de jade, ne se rendit pas à l’autel le neuvième soir. Il s’était finalement rendu compte que son plan était stupide et infaisable à mettre en pratique pour lui. Du coup, le pauvre vénérable Dieu du Mal attendit longtemps dans le royaume des dieux, avec la rosée de jade à la main, attendant en vain que son trésor d’offrande l’invoque.


* * *


Le dixième jour, Chi Yan se rendit au cours d’histoire de la théologie et s’assit comme d’habitude à côté d’Andy.

Ce dernier lui fit d’un ton excité :

« Enfin, ce n’est plus M. Hodge aujourd’hui ! Il est parti assister à des conférences. C’est M. Du Jin le remplaçant, il enseigne aux secondes années ! »

Chi Yan fut un peu perplexe.

« Quelle est la différence ?

– Mon grand frère et ma grande sœur ont tous les deux étudié ici avant. Les cours de M. Du Jin sont très appréciés des étudiants plus âgés, et ils disent que ses cours sont tous très intéressants. Il va nous raconter plein d’anecdotes et de petites histoires du monde des dieux, pas comme M. Hodge qui se contente de répéter ce qui est écrit dans les livres. »


Pendant qu’ils discutaient, M. Du Jin entra.

Au départ, Chi Yan écouta avec attention et anticipation, mais il réalisa lentement qu’il y avait quelque chose qui clochait.

« … Ceci conclut l’histoire du Dieu des Arts qui est tombé amoureux de la Déesse du Chant, sans pouvoir obtenir ce qu’il désirait. Mais il y a un autre récit intéressant. D’après mon expérience passée, je suis sûr que M. Hodge ne vous en a pas du tout parlé. Le dieu supérieur, le Dieu du Mal, qui a toujours été craint et révéré dans le monde inférieur, a un humain pour amant. Il le chérit tellement que tout le monde dans le monde supérieur est au courant de leur amour. Une fois, le Dieu du Mal a emmené son petit chéri à une exposition organisée par le Dieu des Arts. Un dieu les a vus s’embrasser intimement derrière la statue dans le jardin du Dieux des Arts, et les yeux du Dieu du Mal étaient remplis d’une tendresse et d’une possessivité sans précédent... »


Chi Yan tapota doucement l’épaule d’Andy :

« Dis voir... »

Mais l’autre jeune homme écouta religieusement M. Du Jin et ne tourna même pas la tête.

« Attends, attends, tu me diras ça après le cours. »

Chi Yan ne put alors que se souvenir douloureusement de cette histoire, et se rendit compte que ce que Du Jin racontait sur cette exposition du Dieu des Arts était en fait bien vrai ! Ce n’était pas du tout une invention. Mais à l’époque, quand Ye Yingzhi l’avait pris dans ses bras et qu’ils s’étaient cachés derrière la statue, Chi Yan n’avait pas du tout vu un autre dieu qui les observait… Ye Yingzhi avait dû s’en rendre compte, non ? Sauf qu’il ne se souciait pas du tout ce ça, il se moquait totalement de garder la face et il avait juste voulu prendre du bon temps ! C’était tout bonnement irritant.


Comparés aux récits insipides de M. Hodge, les étudiants préféraient clairement les anecdotes et histoires racontées par M. Du Jin. Aux moments les plus excitants, ils le pressaient de continuer et de leur en dire plus. Quand le cours se termina, tout le monde avait envie de continuer.

Après le cours, Andy se tourna enfin vers son ami.

« Chi Yan, tu voulais me demander quoi ?

– Je, je voulais juste savoir si les cours de M. Du Jin se passaient toujours comme ça ? … À raconter des histoires sur le Dieu du Mal et son amant, et ainsi de suite. M. Hodge n’avait pas dit que le Dieu du Mal est un dieu supérieur et que donc, par respect, le monde inférieur parlait rarement de lui ? »

Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !

Andy lui lança un sourire un peu malicieux.

« Tu as déjà entendu l’expression ‘un secret de polichinelle’ ? Le Dieu du Mal et son petit amant sont ce genre de secret dont tout le monde est au courant. C’est la meilleure histoire de M. Du Jin. Il la raconte à toutes ses classes. Nous pourrons entendre plus d’histoires quand nous serons en seconde année. M. Hodge est le béni de la Déesse du Printemps, ses agissements impliquent naturellement sa déesse alors il se montre en général très prudent dans ses paroles et ses actes. Il fait très attention à ne pas commettre d’impairs. Au contraire, M. Du Jin n’est qu’un humain ordinaire et il n’est pas du genre à faire des manières, alors il peut dire tout ce qu’il veut. Aucun dieu n’irait s’occuper en personne d’un simple mortel, cela leur ferait une mauvaise réputation. »

C’était comme s’il comprenait très bien la mentalité des dieux.


« Puisque M. Du Jin n’est pas un béni des dieux, où a-t’il bien pu entendre toutes ces rumeurs ?

– Réfléchis un peu. Avec le Dieu du Mal qui dorlote un humain, et à ce point, les autres dieux ne peuvent pas s’empêcher de partager ça avec leurs fidèles. Et quand les bénis des dieux entendent une histoire pareille, ils ne peuvent pas non plus s’empêcher de la partager en privé avec leurs proches. M. Du Jin travaille au Département d’Histoire de la Théologie de notre Académie et il est très populaire. C’est normal qu’il entende toutes sortes d’histoires. »

Andy crut que Chi Yan posait autant de question parce qu’il s’intéressait au Dieu du Mal et à son amant. Après tout, le dieu le plus puissant dans l’esprit des humains du monde inférieur et qui symbolisait le mal favorisait en fait un humain. Il n’était guère étonnant que cela suscite la curiosité et l’attention des gens.


Comme il était rare que son ami se montre si intéressé, Andy continua à lui parler :

« … Il y a aussi un détail intéressant. Quand nous serons en seconde année, il se peut que M. Du Jin en parle ou pas. Après tout, il y a tant d’histoires intéressantes sur le royaume des dieux, et chaque année apporte son nouveau lot d’histoires. Mon frère n’a donc jamais entendu cette histoire, mais ma sœur a entendu M. Du Jin la raconter et elle nous l’a répétée. Le genre de l’amant du Dieu du Mal est un peu vague, en fait. La plupart des rumeurs le décrivent comme un homme mais on raconte qu’une fois, le Dieu du Mal avait organisé un banquet dans son temple et quelqu’un a alors vu l’amant porter une longue robe argentée, assis seul sur un banc dans le jardin, comme s’il dormait. Les pétales blancs tombaient gentiment sur lui, la scène était incroyablement splendide... »


C’était également une histoire vraie. Mais Chi Yan jura que cela ne s’était produit qu’une seule fois ! À sa grande surprise, ça s’était propagé jusque dans le monde inférieur. Il se trouvait que la Déesse de la Lune avait du mal à distinguer les genres et croyait qu’il était une femme. Alors le jour de son dix-huitième anniversaire, elle avait tissé pour lui une splendide robe en clair de lune et la lui avait offerte en cadeau.

Tous les dieux étaient au courant du trouble cognitif de la Déesse de la Lune, l’exemple le plus connu était son histoire d’amour avec le Dieu de la Guerre. La déesse était du genre conservateur et traditionnel. Elle avait toujours cru que le Dieu de la Guerre était une femme à l’apparence martiale, alors après de longues, longues hésitations, elle s’était enfin résolue à courtiser la ‘magnifique sœur’ qu’était le Dieu de la Guerre à ses yeux. Bien que les deux finirent par résoudre tous les malentendus au dénouement de cette comédie, il y eut tout de même pas mal de moments hilarants entre-temps, ce qui fournit de bons sujets de conversation après les repas au royaume des dieux.


Pour cette occasion, Chi Yan n’eut pas d’autre choix que d’accepter le cadeau bien intentionné de la déesse, puis de préciser qu’il était un homme, plutôt que de ne pas être content de la robe offerte par la Déesse de la Lune.

Mais allez savoir ce qui passa par la tête de Ye Yingzhi, il annonça sur un coup de tête qu’il voulait voir Chi Yan dans cette robe. Il lui assura même qu’il était prêt lui aussi à porter une robe pour lui. Chi Yan n’avait pas les mêmes lubies étranges que son amant et ne désirait pas le voir en robe, alors il finit par lui promettre qu’il voulait bien la porter, mais rien qu’une nuit.

Chi Yan se rappelait bien que lorsqu’il avait revêtu la robe, il ne ressemblait en rien à la description d’Andy : il avait au contraire l’air très facile à tourmenter. Loin de la dignité de la Déesse du Temps ou de l’assurance de la Déesse du Printemps, quand il enfila cette robe en clair de lune, il eut l’air très faible et fragile, comme si on pouvait le prendre dans le creux de sa main et le tourmenter à loisir — d’ailleurs, Ye Yingzhi le tourmenta d’une autre manière ce jour-là. Cependant, Chi Yan fut tellement tourmenté qu’il trouva que Ye Yingzhi avait été trop loin, alors il riposta dès le lendemain. Ye Yingzhi reconnut ses torts et accepta ses coups sans broncher.

Chi Yan n’aurait cru que le monde inférieur serait au courant de cette histoire. Heureusement, il semblait que le monde inférieur ne savait pas encore qu’il avait frappé Ye Yingzhi.


Après qu’Andy eut fini de parler, il soupira et fit :

« J’ignore à quel point l’amant du Dieu du Mal doit être beau et charmant pour pouvoir fasciner un dieu à ce point. Cela dit, on raconte que le Dieu du Mal se montre très possessif envers son amant et qu’il ne le laisse quasiment pas sortir du temple seul, alors nous ne risquons pas de pouvoir l’apercevoir. »

Chi Yan l’observa et songea en lui-même : Remets-toi, tu viens de parler de ton bon vieux camarade juste en face de toi. Ne te perds pas dans tes illusions, ouvre les yeux et regarde-moi, d’accord ?

Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !

Cependant, Andy ne pouvait entendre la voix intérieure de Chi Yan. Ce dernier ne put que l’entendre continuer :

« … Au fait, il y a une aussi histoire très intéressante au sujet de l’amant humain qui a frappé le Dieu du Mal. Il paraît que c’est un dieu qui a vu ça et a dit que c’était l’humain qui frappait avec indignation le Dieu du Mal dans le jardin du temple, comme un petit chaton qui tapait avec ses coussinets. Le Dieu du Mal est simplement resté tranquille, l’air indulgent, et l’a laissé le frapper. Et quand l’humain a perdu l’équilibre et a glissé, il s’est fait enlacer par le Dieu du Mal... »

Chi Yan : … On dirait que ce que tu as entendu et ce que j’ai vécu ne sont pas du tout la même chose. Votre filtre de spectateur est un peu trop fort.


Note de Karura : Comment Chi Yan apprend que Ye Yingzhi est encore plus sans vergogne qu’il ne le pensait !







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