Esprit Malin 72

Chapitre 72 :Attaqué


« Non, je n'ai pas l'intention de demander l'aide du prince Eymer pour ça. »

Il n'était qu'un humain ordinaire qui s'occupait de ses propres affaires, il n'était pas noble et désintéressé. En plus, l'attitude du prince était toujours si étrange qu'il ne pouvait pas prévoir ce que l'autre lui demanderait en échange.

Chi Yan se rendit dans la buanderie du couloir en gardant son portable en main. Il venait de se rappelait que les vêtements qu'il avait lavés vendredi étaient toujours pendus là, il avait oublié de les récupérer.

Il écouta Ye Yingzhi blablater et lui dire des choses comme :

« Sois un peu plus prudent, il faut se méfier des humains comme des vampires. Quand tu es tout seul, fais attention à toi. Tu dois me contacter dès que tu as un problème. » Etc.

Pendant ce temps, Chi Yan répondit avec des En, en mais des scènes entre Emily et lui défilèrent dans son esprit sans qu'il ne le veuille.


Il se rappela qu'Alex était venu le voir une nuit pour l'inviter à une soirée. Il avait refusé, par contre Emily y était allée. Le lendemain, il l'avait revue blessée au poignet et saignant beaucoup. Des vampires avaient donc déjà bu son sang le soir précédent, n'est-ce pas ?

Il remarqua soudain un problème — si Emily avait été blessée à cause de la morsure d'un vampire, comment se faisait-il qu'elle avait autant saigné ? D'après sa propre expérience, le prince Eymer léchait tout le sang à chaque fois et ne le laissait jamais repartir avec des blessures. Même si ces vampires n'étaient pas du même rang qu'Eymer, ce n'était pas excusable que la jeune fille ait autant saigné...


Chi Yan était déjà arrivé dans la buanderie, perdu dans ses pensées. On ne captait pas très bien ici et ce ne serait pas pratique de dépendre du linge avec un portable en main. Du coup, Chi Yan allait suggérer à Ye Yingzhi de se voir en vrai avant de raccrocher quand il vit soudain une ombre noire passer à sa droite du coin de l'œil.

Il pressa une main sur ses yeux et se dit qu'il devait être un peu étourdi à cause de la perte de sang.

Si c'est le cas, je me plaindrai à Eymer la prochaine fois. Sa salive n'a absolument aucun effet. Dans l'esprit du développement durable, il devra boire moins de sang et réduire la fréquence.

Une autre ombre noire surgit de nulle part. Chi Yan sentit seulement quelque chose le heurter.


Avec un pop, le téléphone tomba par terre.

Chi Yan se pencha automatiquement pour le ramasser. La lumière de la buanderie s'éteignit soudain au moment où il baissa la tête. Au même instant, les portes de devant et de derrière se fermèrent avec un clac. La petite pièce fut soudain scellée et plongée dans l'obscurité

Chi Yan réalisa alors que quelque chose n'allait pas et il se redressa vivement pour regarder tout autour.

L'ombre qu'il avait vue à l'instant n'était pas une illusion.

Quelque chose rôdait vraiment autour de lui, attendant la bonne occasion.

Ses yeux n'étaient pas encore accoutumés à l'obscurité mais il pouvait clairement apercevoir des points rouge sang dans l'obscurité — comme des yeux de bêtes qui le fixaient attentivement.


Chi Yan pouvait sentir que ces choses gardaient les portes des deux côtés tandis qu'une autre rôdait près de lui.

Tout à coup, les rires et les pas des étudiants dans le couloir disparurent comme s'il ne restait plus que lui, isolé dans cette petite buanderie.

Chi Yan n'osa pas agir imprudemment. Il ignorait ce qui l'entourait alors il resta sur ses gardes. Ce faisant, il évalua calmement la distance entre lui et les deux portes et se visualisa de mémoire les meubles et obstacles jusqu'aux portes.

Ce n'était clairement pas une bonne idée de rester là à attendre la mort, autant courir et s'échapper de la buanderie.


Cette crise inconnue stimula sa vitesse de pensées. Il dressa un plan clair dans son esprit et se répéta mentalement deux fois ce qu'il devait faire. Ensuite, il jeta la pile de vêtements qu'il tenait devant lui vers la droite. Il se trouvait qu'il s'agissait de vêtements fins qu'il avait portés quand il faisait encore chaud. Ils n'étaient pas lourds mais ils attiraient bien l'attention.

En même temps, il se rua vers la porte de gauche et comme prévu dans son plan, il traîna derrière lui l'aspirateur en tenant le long manche en plastique pour se protéger. Cela lui donna le temps d'ouvrir la porte. Heureusement, il s'était souvenu que le verrou de la porte de gauche était cassé et qu'on ne pouvait donc plus la verrouiller ces derniers temps. Il put ainsi quitter la pièce sans souci.


C'était encore calme hors de la buanderie. Chi Yan ne pouvait entendre que le bruit de ses pas tandis qu'il courait sur la moquette, ainsi que les battements de son cœur. Il ne pouvait même pas entendre la voix des autres étudiants, de la télé ou des jeux sur le net — le bâtiment datait un peu et l'isolation sonore des portes n'était pas très bonne. On pouvait entendre en général ce qui se passait dans une chambre rien qu'en se trouvant près de la porte.

Les lumières blanches du couloir semblaient un peu lugubres dans cet étrange silence.

Chi Yan continua à courir et à appeler à l'aide à plein poumon, mais personne ne vint à son secours.


Après avoir couru dix mètres, il regarda en arrière d'un air horrifié et vit finalement les choses qui le pourchassaient.

Ils avaient une fourrure sombre et épaisse, des pattes musclées, des griffes acérées, des crocs qui luisaient d'un éclat d'acier ainsi que les yeux rouges, cruels et turbides d'une bête — c'étaient évidemment des loups féroces, solides et sans égal. Chi Yan ne douta pas un seul instant que leurs griffes n'avaient pas déjà fait couler le sang. Ils étaient doués pour déchiqueter la gorge de leur proie et ensuite l'éventrer.

Ces bêtes-là, ces loups étaient bien plus effrayants que ceux qu'il avait vus au zoo ou dans les documentaires animaliers.

Subitement, le loup le plus proche de lui bondit dans les airs et ses pattes avant étaient à deux doigts de heurter le dos de Chi Yan. Ce dernier se vit déjà cloué au sol dans la seconde qui suivit. Il n'était qu'un humain aux capacités physiques moyennes, il était incapable d'échapper à ces montres à quatre pattes qui le poursuivaient.


Ce fut alors qu'on entendit du verre se briser dans le couloir vide.

Le loup s'arrêta aussitôt et s'avança ventre à terre derrière Chi Yan d'un air alerte comme s'il avait senti quelque chose, puis prit une posture défensive. Les autres loups derrière lui gémirent également et reculèrent un peu lentement.

Chi Yan regarda aussi en direction du bruit.

Il était tard le soir, les débris de la vitre se trouvaient à l'intérieur et le vent nocturne s'engouffrait de l'extérieur, amenant avec lui la fraîcheur de l'automne. La nuit était noire, le ciel nocturne était totalement obscurci. À travers une percée dans les nuages, on pouvait voir légèrement une demi-lune. Le septième jour du premier mois lunaire correspondait au premier quartier de lune mais le clair de lune était rouge sang.

On aurait dit l'enfer sur terre.

À part ça, il n'y avait personne en vue et il était impossible de savoir qui avait bien pu briser la vitre.


Le loup noir tout près de Chi Yan était immense. Il faisait deux mètres de long et atteignait la hauteur du torse de Chi Yan quand il marchait à quatre pattes. Angoissé, il dressa ses pattes avant et se rua soudain sur Chi Yan pour l'attaquer, comme dans une manœuvre désespérée.

Chi Yan fut pris par surprise et eut juste le temps de reculer d'un pas. Les crocs pointus du loup n'étaient plus qu'à une main de lui. Soudain une silhouette surgit. Chi Yan ne vit qu'une forme trouble devant lui et ensuite le loup géant qui allait l'attaquer avait déjà été projeté en arrière. En y regardant de plus près, on pouvait voir une plaie très longue et très profonde sur son abdomen. Le sang jaillit rapidement. Il ne se voyait pas très bien sur la fourrure noire mais une grosse quantité de sang noir se mit à couler sur la moquette bleue du couloir.

L'animal s'effondra sur le côté mais ses yeux rouge sang fixaient toujours Chi Yan, ou plutôt la personne qui était subitement apparue devant le jeune homme. Les autres loups jappèrent et l'entourèrent. Ils observèrent les deux jeunes gens d'un air vigilant mais sans oser s'approcher de trop près.


Chi Yan s'intéressa alors à son sauveur apparu si subitement.

Le temps à Sophis était devenu froid en Avril et les températures minimales la nuit n'étaient que de sept ou huit degrés. L'homme était grand et fort. Il portait un long trench coat noir. Ses cheveux noirs arrivaient un peu en dessous de ses épaules et étaient tirés naturellement en arrière. Ses bras étaient baissés des deux côtés de son corps. La première chose que remarqua Chi Yan, ce fut la main gauche. Elle était fine et pâle mais semblait très puissante. À l'annulaire gauche se trouvait un anneau large en argent gravé d'un motif irrégulier. Une goutte de sang noir coulait de la rainure de ce motif et tombait sur la moquette bleue en dessous.

Il venait d'utiliser cet anneau pour blesser gravement le loup.


L'homme se tenait à deux pas devant Chi Yan et observait les loups d'un air calme. De son angle de vue, Chi Yan ne pouvait voir qu'un côté de son visage. L'homme ne parla pas et ne bougea même pas, néanmoins même Chi Yan pouvait sentir l'aura oppressante qui se dégageait de lui.

Ce genre de pression et d'aura était certainement perçue comme une menace par les loups. Ils jappèrent à voix basse comme pour communiquer entre eux puis ils disparurent tous sous les yeux de Chi Yan en un clin d'œil, y compris le loup blessé. Et l'homme ne fit pas mine de les arrêter.

Chi Yan contempla la scène d'un air dubitatif, anxieux et appréhensif. Il ne put ensuite s'empêcher de regarder l'homme devant lui. Ce dernier se tourna également vers lui en même temps.


Leurs regards se croisèrent. L'homme s'avança vers lui avant de s'arrêter. Il pencha la tête légèrement et fit :

« Tu sais que tu attires facilement ces créatures des ténèbres ? »

Il baissa davantage la tête, s'approcha de l'oreille de Chi Yan et renifla.

« Tu as une énergie sombre et extrêmement pure dans ton corps. Je l'ai sentie dès que je t'ai vu. »

C'était pratiquement la même énergie sombre que la sienne, comme pour le guider et l'attirer dans les ténèbres.

Et une fois qu'il s'était rapproché, il ne pouvait que l'attraper fermement et ne plus jamais le lâcher.


Chi Yan ne réagit pas tout de suite et marmonna :

« À l'instant... ? »

Il regarda derrière lui la vitre brisée et la lune de sang dehors. Il entendit l'homme expliquer d'un ton calme :

« C'est juste un petit tour de ces quatre pattes qui profitent des phases de la lune. »

Comme pour approuver ses dires, la fenêtre brisée fut miraculeusement restaurée et les nuages par la fenêtre se dissipèrent, révélant la lune calme et brillante. Le ciel était clair et dégagé, la lune était brillante et la brise légère. C'était incontestablement une belle nuit d'automne.

Le bruit usuel du dortoir revint. On pouvait entendre clairement de la musique et des rires dans la salle d'activité de l'étage au-dessus.

Même les taches de sang sur la moquette avaient disparu.

Tout était redevenu comme avant, comme si l'incident qui venait de se produire n'était que le fruit de son imagination. Il n'y avait rien d'autre qui prouvait ce qu'il avait vécu, excepté l'homme à côté de lui.


Note de Karura : Zorro est arrivé ! Hum non, Ye Yingzhi est arrivé !

Je trouve que Chi Yan arrive bien à garder son calme dans une situation plutôt angoissante. Cela dit dans les autres réincarnations, il avait tout le temps été pourchassé par des créatures immatérielles. Pour une fois que ce sont des créatures concrètes qui s'attaquent à lui, ça change !







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