Ils disent tous que j'ai vu un fantôme 15


Au clair de lune, le sourire de Mu Huaitong était extraordinairement frappant. Je soupirai discrètement. Comment se faisait-il qu'une gentille fille comme elle ait un pire sens de l'esthétique féminin que moi, un gay pur et dur ? C'était une chose que d'utiliser du fond de teint pour recouvrir un teint blême et du rouge à lèvres pour la touche de couleur, mais si on mettait trop de fond de teint, le visage avait alors l'air exsangue et avec ses lèvres, on aurait dit qu'elle avait bu du sang de porc. Il n'y avait rien de beau là-dedans.

Mu Huaitong prit mon bras en un geste naturel et fit d'une voix douce :

« Ce n'est pas prudent de marcher dans le noir. Je m'inquiète que le professeur Shen ne voie pas clair alors laissez-moi vous aider. »

Elle parlait comme si j'étais un vieillard de soixante-dix ou quatre-vingt-dix ans. Et elle se pressait bien contre mon corps, sa poitrine se frottant contre mon bras.

« Mu Huaitong, tu... »

J'hésitai en la regardant.


Elle leva la tête vers moi et cligna des yeux. Ses grands yeux était comme un piège pour l'âme et sa poitrine effleura de nouveau mon bras.

« Tu devrais boire plus de jus de baies de goji, fis-je avec inquiétude. Ta peau est froide, même en plein été. Tu dois manquer de fer et avoir une mauvaise circulation sanguine. Si tu as déjà ce genre de problèmes à ton âge, ce serait encore plus dur après. Le plus important est de faire de l'exercice. À la pause, je te montrerai les exercices que je fais régulièrement. Tu verras, c'est très efficace. »

Tout en parlant, j'éloignai mon bras de sa poitrine, retirai ma veste et la mis sur ses épaules. Le vêtement avait encore ma chaleur corporelle, cela la réchaufferait un peu.

Heureusement que j'avais apporté une veste et une chemise de rechange pour faire cours. Si j'avais porté le même T-shirt à 19,90 yuan que pour mon petit boulot, après l'avoir enlevé j'aurais été torse nu. Je n'aurais pas pu le prêter à Mu Huaitong.


Mu Huaitong enfonça son visage dans la veste, si bien que je ne voyais plus que ses yeux fixés sur moi. Elle demanda :

« Professeur, vous me trouvez laide ? Mon apparence est horrible ?

– Tu es très jolie, fis-je d'un ton assuré. J'étais en fac d'éco. La majorité des élèves étaient des filles. C'était comme voler au milieu de nuages de belles femmes. Mais même là-bas, tu ferais partie du haut du podium. Ton seul problème, c'est que tu manques d'assurance. Je ne suis pas de ces hommes hétéros qui ont un problème avec les femmes qui se maquillent. Je pense que le maquillage peut t'embellir et te donner plus d'assurance. Tant que tu fais attention à ta peau, c'est bien de se maquiller. Mais il faut de la mesure dans tout. Tu es si jolie. Un lourd maquillage ne peut que cacher ta beauté. Tu devrais appliquer un maquillage plus léger. »

Et le plus grave était qu'elle avait mal appliqué son maquillage. À l'université, j'avais été entouré d'étudiantes. Elles m'avaient confié des tonnes d'astuces maquillage. Même si cela ne m'intéressait pas, je me souvenais d'une bonne partie.


Mu Huaitong fit une grimace. Elle me fixa du regard et fit :

« Vous n'avez aucune autre idée à mon sujet, professeur ? »

Ensuite elle cligna plusieurs fois des yeux. Ses cils étaient très longs mais pas autant que ceux de Xiao Ning. Son image m'apparut, la tête penchée, plongé dans ses pensées. Ses longs, très longs cils avaient attiré mon attention.

« Si, j'en ai, fis-je en hochant la tête. J'espère que tu pourras sortir de l'ombre de ton passé au plus vite pour affronter la vie avec une attitude positive. Il n'existe aucune barrière en ce monde qui ne puisse être franchie. Les gens sont souvent plus forts qu'ils ne le croient. »

Je savais qu'elle avait beaucoup souffert à cause de son copain qui l'avait abandonné, de sa fausse couche et du mépris de ses camarades. Ce genre de douleur ne s'en irait pas juste parce que je lui disais d'être forte. Le chemin qui attendait Mu Huaitong ne serait pas facile.


« Je n'ai pas étudié la psychologie. Je n'ai pas beaucoup de connaissances théoriques mais il y a une chose que je sais : cela rend les gens heureux de faire du sport ! »

Je tapai du poing sur mon torse et lui fis :

« Quand je n'ai pas le moral, je cours dix kilomètres et transpire un bon coup avant de prendre une douche. Si mon corps est fatigué, mon esprit ne peut pas ruminer les choses. Si tu veux, je peux t'accompagner pour faire un jogging matinal ! »

Mu Huaitong me lança ma veste au visage et s'éloigna à grands pas rageurs.

« Professeur Shen, vous n'aurez jamais de petite-amie ! »

C'était parfaitement sensé. Je ne voulais pas de petite-amie, de toute façon.


Après que Mu Huaitong se soit fâchée, nous allâmes nettement plus vite. En moins de cinq minutes, nous pénétrâmes dans les urgences. Il faisait sombre à l'intérieur. Malgré moi, je saisis le bras de Mu Huaitong qui marchait en tête.

« Qu'y a-t'il ? Vous avez peur ? »

Elle se retourna et me sourit, son visage aussi pâle qu'une feuille de papier A4.

« Hé bien, un peu, avouai-je. Et si je tombais dans le noir sur un autre élève qui fait semblant d'être un fantôme ? La dernière fois, parce que tu m'as arrêté au beau milieu des escaliers, le cours a été annulé. Je n'ai même pas pu voir les élèves. La principale Zhang ne m'a rien reproché mais je ne veux pas rater de nouveau mon travail. Je veux pouvoir mériter le salaire que me verse la principale Zhang. »


Mu Huaitong comprit probablement que je faisais allusion à son mauvais comportement de la dernière fois et elle prit un air légèrement contrit. Elle garda le silence un moment, ne parlant que lorsque nous arrivâmes au quatrième étage.

« Ne vous inquiétez pas, Professeur Shen. Personne n'osera vous arrêter dans le couloir cette fois. »

Juste quand j'allais dire des louanges sur l'obéissance des élèves, elle ajouta :

« Mais cela ne veut pas dire qu'ils se tiendront en classe. J'espère que vous saurez les gérer comme vous l'avez fait avec moi. »

Sur ces mots, la porte de la salle de réunion s'ouvrit derrière elle, bien qu'il n'y ait aucun courant d'air. La lumière n'était pas allumée. Mu Huaitong disparut dans les ténèbres. Je me dis qu'elle devait se cacher derrière la porte pour me faire peur.

Ah, ces élèves étaient bien trop méfiants avec moi. Ils n'avaient même pas allumé la lumière. Ils devaient certainement prévoir un accueil effrayant dans le noir.


Heureusement, après mon expérience à l'école de la Bienveillance, je m'étais préparé au pire. Je sortis de mon sac ma toute nouvelle lampe de poche LED à économie d'énergie. Je l'avais chargée toute la journée et elle fonctionnait à plein régime. Elle pouvait éclairer quarante mètres carré, l'outil de choix lors d'une panne de courant.

J'entrai dans la classe en tenant ma lampe. Depuis le seuil, j'aperçus un élève en tenue d'hôpital, la tête couverte de sang et de bouts de cerveau, qui flottait devant moi. Il sourit en me voyant. À la lumière de la lampe de poche, je vis des cafards grouiller sur ses dents.

« Quelle délicieuse énergie humaine, si riche en Yang. Elle me fera tenir une année entière. Nyah-ah-ah ! »

Il émit un rire horrible et des asticots tombèrent de sa bouche souriante pour s'étaler par terre.

Cet élève s'était donné beaucoup de mal pour m'effrayer. Je ne pouvais dire si les asticots étaient des vrais ou non.


La bonne blague. Avais-je l'air de quelqu'un qui allait s'effrayer pour quelques insectes ? Quand nous avions eu une invasion de cafards dans le dortoir, Xia Jin avait hurlé comme un fou, grimpé de sa couchette du bas à ma couchette du haut pour s'agripper à moi et me dire qu'il y avait un cafard dans son lit, alors il ne pouvait pas dormir. J'avais attrapé la bête à main nue avant de la jeter par la fenêtre. Comment pourrais-je avoir peur de ces petites bestioles-là ?

Les vers se tortillèrent et rampèrent vers moi. Sans me hâter, je sortis le cahier offert par le professeur Liu et m'en servis pour écraser les asticots Ce faisant, sans que mon visage ne change d'expression, je tapotai l'épaule de l'élève.

« Jeune homme, tu t'es vraiment surpassé pour me faire peur. Quel est ton nom ?

– Vous— vous venez de tuer les vers de sang que je me suis donné tant de mal à élever ? répliqua l'élève en colère. Vous savez combien de temps et d'efforts ça m'a pris pour faire grandir ces asticots dans du formol ?

– Je sais que tu n'es pas très porté sur l'hygiène... »

Je m'éloignai discrètement de lui.

« Retourne à ta place. Les autres élèves attendent. »


La principale Zhang m'avait communiqué la liste d'appel à l'avance. Cette classe comportait vingt-trois élèves. Ce n'était pas beaucoup, mais si on jugeait par rapport à celui qui se tenait devant moi, aucun d'entre eux ne serait un cas facile.

Après avoir passé le seuil, je soulevai ma lampe puissante et vis clairement les visages des vingt-trois élèves.

Ils étaient tous habillés bizarrement. Certains étaient en fauteuil roulant, d'autres portaient des cheongsam Des anciens vêtements. (1), certains étaient enveloppés dans des bandages comme des momies, et il y avait même un garçon de treize ou quatorze ans assis avec une planche de lit Au lieu d'un sommier, c'est une planche. On pose le matelas ou directement des couvertures dessus. C'est principalement utilisé par les gens qui ont des soucis d'argent. (2) dans le dos ; il ne craignait apparemment pas la scoliose.

En les voyant ainsi, je me rendis soudain compte que Mu Huaitong s'était comportée plutôt poliment avec moi l'autre nuit. Au moins, elle comprenait la notion d'hygiène et n'avait pas tenté de me dégoûter avec des vers.


« Ahem, fis-je en m'éclaircissant la gorge. Bonjour à tous. Je suis votre professeur de Culture Morale et Idéologique. Mon nom est Shen Jianguo. Vous pouvez m'appeler Professeur Shen, Professeur Jianguo ou Shen Jianguo, tout me va. Ceci est mon premier travail. Ce cours va être pour nous l'occasion d'apprendre et de progresser tous ensemble. Je suis très content que vous ayez tous pu venir aujourd'hui. Je sais que c'est dur d'aller en cours la nuit et dans un tel quartier. Afin de mieux vous connaître, je vais faire l'appel. Mu Huaitong ! »

Assise au premier rang de la salle de réunion, Mu Huaitong leva lentement la main en signe de soutien. Comme elle montrait l'exemple, le reste des élèves fut coopératif. En quelques minutes, je mémorisai le nom de tous les élèves et leur apparence. Bien entendu, ce n'était pas que j'avais une bonne mémoire mais parce que leurs déguisements étaient impressionnants et inoubliables.

Par exemple, l'élève qui aimait jouer avec les cafards s'appelait Tian Bowen "En quête de savoir/culture". (3), un nom plutôt littéraire.



Apparemment, un élève facétieux avait coupé le courant dans la salle alors je ne pus me servir du vidéo-projecteur. Je n'eus pas d'autre choix que de recourir à mon matériel traditionnel, préparé exprès au cas où. Je posai sur la table le cahier offert par le professeur Liu et tous les élèves se calmèrent et se tinrent bien.

« La Culture Morale et Idéologique est en fait enseignée dès l'école primaire, et revue chaque année ensuite. Comme c'est une matière facultative, peu d'écoles, élèves et professeurs y attachent de l'importance, cependant c'est vraiment la matière la plus importante car elle peut aider les élèves à bâtir une conception du monde correcte durant cette période de développement, tout en aidant les adultes à trouver leur voie pendant les moments difficiles de leur vie. Qu'est-ce que j'entends par conception du monde ? Ce sera le sujet abordé dans notre première leçon. »

Après mon introduction, j'écrivis les mots "conception du monde" sur le tableau blanc de la salle de réunion.

Les élèves étaient très calmes. Mu Huaitong sortit même un cahier pour prendre des notes. Cela me ravit. Bien qu'ils se soient tous déguisés pour me faire peur, dans le fond c'étaient des braves petits.


Après avoir parlé pendant une heure, j'avais la gorge sèche alors je sortis une bouteille d'eau et annonçai :

« Nous allons faire dix minutes de pause. Vous pouvez aller aux toilettes ou marcher un peu. Oh... qui est l'élève qui a loué cet endroit ? Tu peux me dire où est le boîtier électrique ? Je vais allumer la lumière. Ce n'est pas bon pour nos yeux d'être dans le noir. »

À mes mots, le garçon de treize ou quatorze ans avec sa planche de lit sur le dos vint me voir en traînant des pieds.

« Professeur, c'est moi qui ai loué la salle. »

Je me souvins de son nom, Tan Xiaoming, un nom qu'on voyait souvent dans les manuels. Tan est le troisième nom de famille le plus répandu en Chine. Xiaoming veut dire Aube Radieuse. Mais quel est le rapport avec les manuels ? (4)

« Tu sais où se trouve le boîtier électrique ?

– Je peux rallumer les lumières, me répondit Tan Xiaoming avant d'ajouter un rire, ah ah. »

Mes élèves aimaient vraiment rire.


« Mais j'ai une condition.

– Laquelle ?

– Professeur Shen, vous devez passer la nuit avec moi. »

J'examinai le visage jeune et rempli de fraîcheur de Tan Xiaoming et répondis de façon très convenable :

« Bien que tu sois beau garçon, tu es encore mineur. Je ne peux pas accepter.

– Non, fit Tan Xiaoming en secouant la tête. Je veux dire que le professeur Shen doit passer la nuit à la morgue ici avec moi. »


La parole à l'auteur :

Mu Huaitong : Professeur Shen, vous me trouvez jolie ?

Shen Jianguo : Ton maquillage ne va pas du tout.

Tian Xiaoming : Professeur Shen, passez la nuit avec moi ici à la morgue.

Shen Jianguo : Un professeur ne peut pas fréquenter un élève mineur.


Décidément, les femmes n'intéresseront jamais le professeur Shen.



Mini-théâtre de Karura :

Tian Bowen : Attaquez-le, mes redoutables vers de sang ! Ha ha ha !

Le professeur Shen les écrase calmement avec un cahier.

Tian Bowen : w(Д)w


Notes du chapitre :
(1) Des anciens vêtements.
(2) Au lieu d'un sommier, c'est une planche. On pose le matelas ou directement des couvertures dessus. C'est principalement utilisé par les gens qui ont des soucis d'argent.
(3) "En quête de savoir/culture"
(4) Tan est le troisième nom de famille le plus répandu en Chine. Xiaoming veut dire Aube Radieuse. Mais quel est le rapport avec les manuels ?






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