Ils disent tous que j'ai vu un fantôme 14


Xia Jin courut hors du local électrique et, tout sourire, fit à Ning Tiance :

« Tianshi, le problème de fantôme est réglé ? Il n'y a plus besoin de démonter l'ascenseur ? »

Il donnait la désagréable impression d'être un chien qui se frottait aux jambes d'une personne.

Xiao Ning, qui avait toujours l'air d'avoir vu son monde s'effondrer, hocha la tête.

« Bien, alors donnez-moi votre numéro de compte. Je demanderai au comptable de vous transférer l'argent.

– Inutile, fit Ning Tiance en secouant la tête et en me regardant. Ce n'est pas moi qui me suis débarrassé du fantôme. C'est le professeur Shen. J'ignore comment mais il est parvenu à manier l'épée en bois de pêcher transmise de génération en génération dans la secte de Maoshan. C'est vraiment incroyable, si seulement—

– Stop ! l'interrompis-je immédiatement dès que je compris où il voulait en venir. J'ai un doctorat d'Éducation Politique et Idéologique. Ma seule religion est le communisme et le Marxisme. Jamais je ne rentrerai dans la secte de Maoshan. »


Il eut un sourire amer.

« Puisque je n'ai aucune chance de vous convaincre, je n'insisterai pas. Je m'en vais.

– Attends ! »

Quand je le vis sur le point de partir, je me relevai, époussetai mes fesses et courus le rejoindre.

Bien que ce Ning Tiance soit rempli de superstitions arriérées, n'avait pas été au collège, avait attaqué Mu Huaitong et m'avait tripoté dans le noir, c'était quelqu'un de bien. Il était intervenu pour m'aider quand ces enfants s'étaient rassemblés autour de moi pour me frapper, alors même qu'il ignorait qu'il s'agissait de moi. J'aurais pu être n'importe quel autre membre du personnel. Dans le désert glacial de notre société, Ning Tiance était un oiseau rare.

Alors je devais le remercier !

« C'était moi dans le costume d'ours que les enfants ont attaqué. Merci de m'avoir aidé à les arrêter, fis-je à Ning Tiance d'un ton sincère. Même si nous n'avons pas les mêmes croyances, je pense que nous pouvons être amis. Note de Karura : à partir de ce moment, Shen Jianguo et Ning Tiance vont se tutoyer (c'est toujours délicat à traduire !). (1) »


Xiao Jin, qui me connaissait bien, me lança un regard des plus perçants. Je l'ignorai et gardai les yeux rivés sur Xiao Ning.

Ning Tiance inclina légèrement la tête dans ma direction.

« Je dois m'en aller. Nous aurons l'occasion de nous revoir une autre fois.

– Où vas-tu ? Tu veux que je te raccompagne puisqu'il se fait tard ? C'est peut-être sur ma route. »

Ning Tiance secoua la tête.

« Je vais à la campagne. »

Bon, ce n'était pas du tout sur mon chemin. Je ne pus que regarder Xiao Ning quitter le centre commercial et disparaître au loin.


Xia Jin ne m'avait pas lâché des yeux.

Quand Ning Tiance fut parti, je lui fis :

« Tu peux me déposer chez moi. »

Xia Jin fit d'un ton lourd de signification :

« Ning Tianshi est un bel homme, tu ne trouves pas ? »

Je me souvins de son apparence de la veille alors qu'il portait des vêtements ordinaires et ne pus qu'être d'accord :

« Oui, un très bel homme !

– Ha ! renifla Xia Jin. Ne viens pas me demander de t'accompagner pour noyer ton chagrin dans l'alcool quand ton histoire d'amour finira mal.

- Ha ! répliquai-je sur le même ton. Tu as l'esprit mal tourné, je l'ai juste remercié !

– Tu connais très bien tes intentions, » fit Xia Jin alors que nous nous dirigions vers le premier niveau du parking sous-terrain.


En fait, s'il n'y avait pas eu cet incident hier dans le bus scolaire, j'aurais bien aimé lui faire part de mes véritables intentions. À l'université, j'avais flashé sur un très beau senior qui faisait du basket et était très doué. Je n'étais pas du genre sportif à l'époque. Afin de me rapprocher de lui, je me suis frénétiquement lancé dans le sport et j'avais passé des jours et des jours sur le terrain de basket. Après ça, j'avais dirigé mon équipe de basket pour battre la sienne. Il me coinça dans un coin de la cour avec des amis à lui pour me tabasser, mais c'est moi qui finis par les battre. Depuis lors, il y avait eu une querelle irréparable entre moi et ce senior pour qui j'avais eu le béguin. C'était la première fois que mon cœur frémissait pour une personne et cela s'était fini ainsi.

Après ça, Xia Jin avait bu avec moi tous les soirs pendant un mois pour que je m'en remette. Comme je n'avais pas d'argent, c'était Xia Jin qui achetait du Baijiu à deux yuan la cannette mais c'était dégueulasse, très difficile à boire et ça vous donnait mal au crâne le lendemain. Jamais je n'oubliais cette démonstration de notre amitié fraternelle.


* * *


Je ne dis pas un mot jusqu'à ce que je rentre au numéro 404. Il était déjà une heure du matin. Je devais faire cours le lendemain soir. Avant de me coucher, je consultai mon portable. La principale Zhang m'avait envoyé l'adresse et le thème du cours.

[Lundi à minuit, la salle de réunion du quatrième étage de l'ancien site du quatrième hôpital de la ville de H. Le cours durera deux heures. Le thème est Culture Morale et Idéologique. Le bus scolaire se chargera de vous emmener et vous ramener.]

Ce n'était plus l'école de la Bienveillance cette fois ?

Couché dans mon lit, je me renseignai sur l'ancien site du quatrième hôpital. Les informations que je trouvai étaient tout bonnement édifiantes.

Le quatrième hôpital fut contraint de déménager car la rumeur le disait hanté. L'ancien site n'avait pas encore été racheté. Tous les promoteurs intéressés avaient connu des morts subites. Le reste des informations était dans le même genre. La principale Zhang avait vraiment le chic pour choisir les lieux de cours.


J'en fus perplexe. Puisque la principale Zhang voulait aider ces gens particuliers, pourquoi ne trouvait-elle pas un lieu fixe pour les cours ?

J'exprimai mes doutes au travers de WeChat et reçus vite une réponse de la part de la principale Zhang :

[C'est un élève qui m'a proposé ce lieu. C'est gratuit.]

Le mot "gratuit" dissipa aussitôt tous mes doutes. C'était donc ça. Ces derniers temps, je m'étais rendu compte que j'aimais vraiment ce mot !

La principale Zhang avait bon cœur. Je ne savais même pas si elle faisait payer ses élèves. Si tel était le cas alors l'école privée devait fonctionner comme une œuvre de charité. Par conséquent, les prévisions économiques de la principale Zhang ne devaient pas être bonnes. Elle devait économiser de l'argent comme elle le pouvait. Quelle importance si le lieu changeait à chaque fois ? Si cela ne dérangeait pas les élèves alors peu importait.


Mais j'avais un autre problème :

[Pourquoi faut-il que les cours aient toujours lieu la nuit ? Il vaudrait mieux les faire de jour. Et même si cela doit être la nuit, pourquoi ne pas commencer à vingt heures ?]

Je songeai avec tristesse à la ligne de cheveux de Xia Jin qui reculait.

Réponse de la principale Zhang : [Il y a moins de gens la nuit, les élèves se sentent plus à l'aise.]

Cela me fit penser à Li Yuanyuan. Elle apparaissait toujours la nuit uniquement. Le jour, il y avait peut-être trop de gens pour qu'elle se sente en sécurité, au vu de tout ce qu'elle avait vécu.

Je pouvais comprendre. Ah, le bien-être des élèves valait bien le risque de calvitie.


Je tournai dans tous les sens dans mon lit cette nuit, incapable de trouver le sommeil. Je songeais sans cesse au visage sévère et aux lèvres pincées du camarade Xiao Ning. Bien qu'il soit visiblement très jeune, il se comportait comme un vieil homme. Sa façon de parler était également celle d'un grand-père. En y réfléchissant, c'était plutôt adorable.

Je pris mon portable et envoyai un message à Xiao Ning :

[Tu dors ?]

Il me répondit quasiment dans la seconde qui suivit :

[Non.]

[Pourquoi tu ne dors pas encore à cette heure ?]

[Je me trouve au cimetière de la ville de H, je réfléchis à comment appréhender le chemin qui m'attend et à trouver la bonne voie pour ma spiritualité.]

Quelle genre de bizarrerie Ning Tiance nous faisait là ? Il allait au cimetière au beau milieu de la nuit pour réfléchir au sens de la vie ?


Je lui demandai :

[Il y a des fantômes dans le cimetière ?]

[Il y en avait avant la République Populaire. Maintenant, tout le monde préfère se faire incinérer. Sans os, l'âme n'a aucune attache. La plupart d'entre eux ne restent pas dans notre monde. Il n'y a donc ici ni fantôme, ni personne. C'est l'un des endroits les plus purs du royaume terrestre.]

L'état de Xiao Ning... Ses paroles m'inquiétèrent un peu, surtout après l'avoir vu tout chamboulé plus tôt. C'était une expérience très douloureuse que de voir sa conception du monde ébranlée par les autres. À cause de ça, on pouvait facilement se perdre.

[On avait prévu de se voir lundi, pas vrai ? Je ne m'attendais pas à te voir au milieu de la nuit avant ça. Alors prévoyons quelque chose demain, en plein jour.]

L'état émotionnel de Xiao Ning n'avait pas l'air au top. Je voulais le voir pour discuter.


[Désolé, je ne pourrai pas tenir mon engagement. Avant d'aller au cimetière, je suis allé à la gare acheter un billet pour retourner dans ma secte demain matin à la première heure. Ce qui s'est passé m'a ébranlé au plus profond de mon être. J'ai besoin de retourner chez moi un moment.]

[Oh, et où se trouve ta secte ? Il y en a pour combien de temps en train ?]

[Plus de trente heures sur un siège dur Dans le train en Chine, il existe un type de siège pas cher : les sièges durs. C'est en fait la couchette du bas (sans matelas) d'un wagon, et les gens s'y asseoient côte à côte. (2), trois ou quatre jours pour l'aller-retour, plus le temps qu'il me faudra pour méditer. En tout, cela devrait me prendre entre une à deux semaines avant de revenir. On pourra se voir après ?]

Plus de trente heures sur un siège dur... Rien que d'y penser, j'en avais mal au dos et aux fesses. Apparemment, la profession d'exorciste ne rapportait pas beaucoup d'argent à Xiao Ning. En me disant que je venais de lui voler une affaire, je me sentis coupable.

[Il y avait une réduction pour les sièges durs ? En général, à cette période de l'année, les billets d'avion coûtent moins chers que les billets de train.]

[Non, je n'ai pas de souci d'argent. J'ai choisi de voyager sur un siège dur afin de cultiver mon esprit et mon cœur dans le royaume terrestre.]


En lisant les mots "pas de souci d'argent", je sentis une pointe de jalousie. Moi, j'avais vraiment des soucis d'argent. Chaque fois que j'optais pour un siège dur, c'était afin d'économiser une centaine de yuan pour les autres dépenses essentielles.

[Bon... alors je ne t'embête pas plus et je te laisse cultiver ton cœur.. Je te verrai à ton retour. N'oublie pas de me rendre visite.]

Après avoir envoyé le message, je me demandai soudain si je ne m'étais pas montré trop entreprenant. Et si Xiao Ning n'était pas gay ? Toutefois, il m'avait tripoté dans l'ascenseur...

Je rajoutai donc :

[Quand tu viendras, je te recommanderai des œuvres de vulgarisation scientifique à lire.]

Ning Tiance répondit simplement :

[D'accord.]

Je ne pouvais dire s'il soupçonnait ou non mes intentions.


Après notre discussion, je m'endormis peu à peu. Je ne fis aucun rêve. Quand je me réveillai au matin, cela me mit de bonne humeur de voir la lumière du soleil.

Je ne rêvais pas souvent, depuis tout petit, et j'avais une bonne qualité de sommeil. À part en classe, je pouvais dormir n'importe où.

La principale Zhang m'avait donné le sujet du cours d'aujourd'hui et c'était un sujet fait pour moi. Je m'enfermai toute la journée dans ma chambre pour préparer ma leçon. Puisqu'un hôpital déserté n'aurait sans doute pas de vidéoprojecteur, après avoir conçu un Powerpoint, j'écrivis aussi le plan de ma leçon sur le cahier que m'avait offert Liu Shishun, au cas où.



* * *


Le soir, j'attendis le bus à 23:30, comme d'habitude. Le chauffeur était ponctuel, comme d'habitude.

Quand je montai dans le bus, j'eus un peu chaud. Je ne pus m'empêcher de dire :

« Monsieur, il faut un peu chaud aujourd'hui. Vous n'avez pas mis la clim ?

– Vous pouvez prendre n'importe quel siège aujourd'hui, » fit le chauffeur sans me répondre.

Je regardai autour de moi. Effectivement, tous les sièges étaient devenus verts et il n'y avait plus la pancarte pour le siège du Professeur Shen Jianguo.

Bien que ce siège réservé pour femmes enceintes m'avait gêné, cela montrait aussi les bonnes intentions du chauffeur. Le fait de ne plus l'avoir me renvoya un sentiment d'étrangeté.

« Pourquoi tous les sièges ont été peints en vert ? » demandai-je.

Le chauffeur continua à éluder mes questions.

« Vous êtes le seul passager ce soir. Vous pouvez vous asseoir où vous voulez. »

Il disait cela comme si je n'avais pas été le seul passager à chaque fois... Mais en y réfléchissant bien, je me rappelai soudain de ce qui s'était passé avec Xia Jin l'autre nuit. Je me dis que le chauffeur devait avoir vu la scène et je me sentis gêné de lui parler. Je m'assis tranquillement sur un siège.


Arrivé sur l'ancien site du quatrième hôpital, le chauffeur me fit :

« Je viendrai vous chercher à deux heures du matin et j'attendrai jusqu'à cinq heures. Avant cette heure, vous devrez... laissez tomber, vous reviendrez sûrement. »

Puis il me déposa là et s'en alla.

Les bâtiments d'origine du quatrième hôpital étaient encore en bon état. Dans l'obscurité, je ne pouvais différencier clairement les bureaux, le bâtiments des urgences et celui des soins.

Mon cours aurait lieu dans la salle de réunion des urgences. C'était là que les docteurs se réunissaient pour parler des traitements à appliquer. La salle de réunion était très vaste et disposait d'outils de projection. Elle était bien adaptée pour faire cours.


Tandis que je m'approchais du portail de l'hôpital, je vis une fille en robe rouge me faire signe de la main à la porte.

Je me rapprochai et reconnus Mu Huaitong. Elle devait avoir mis trop de fond de teint : dans la nuit, son visage luisait aussi blanc que la neige, et ses lèvres avaient une couleur rouge pas du tout naturelle.

« Professeur Shen, me fit Mu Huaitong avec un sourire, à la porte du bâtiment et sans en sortir. J'avais peur que vous ne trouviez pas la salle de classe alors je me suis proposée pour vous attendre à l'entrée. »


La parole à l'auteur :

Entretien avec l'amour secret de Shen Jianguo, ce qu'il pense de ce dernier—

Senior : Ce gamin m'en veut à mort ou quoi ? Chaque fois qu'il me regardait jouer au basket, je n'arrivais même pas à toucher la balle ! Shen Jianguo et moi ne pouvons pas vivre sous le même ciel Une expression qui veut dire qu'ils sont des ennemis jurés. (3) !

Xia Jin: Shen Jianguo est condamné à rester célibataire jusqu'à la fin de ses jours, qu'il aime les hommes ou les femmes. Quiconque suscite son affection connaîtra la malchance.

Tous ceux pour qui le professeur Shen a le béguin seront tourmentés sans fin. Xiao Ning, tu es le prochain !

Ning Tiance : J'ai déjà commencé à réfléchir au sens de la vie dans un cimetière.


Notes du chapitre :
(1) Note de Karura : à partir de ce moment, Shen Jianguo et Ning Tiance vont se tutoyer (c'est toujours délicat à traduire !).
(2) Dans le train en Chine, il existe un type de siège pas cher : les sièges durs. C'est en fait la couchette du bas (sans matelas) d'un wagon, et les gens s'y asseoient côte à côte.
(3) Une expression qui veut dire qu'ils sont des ennemis jurés.






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