Ils disent tous que j'ai vu un fantôme 38


Je jure qu'à cet instant, je ne demandais qu'à tout oublier et me concentrer sur Xiao Ning. Il était en train de m'embrasser, allez savoir pourquoi. J'aurais dû apprécier ce moment.

Cependant, il y avait un moustique qui bourdonnait sans arrêt juste à mon oreille. Je cherchai la source de ce bruit, tendis la main et frappai Xiao Ning sur la joue.

Xiao Ning couvrit sa joue d'une main et me lança un regard rempli de choc et de déception.

Je tendis la main pour lui montrer.

« Regarde-moi un peu ce moustique. Ma main est couverte de sang. Il a dû te pomper beaucoup de sang, non ? »

Les yeux de Xiao Ning se baissèrent machinalement de mon visage à ma main. Il vit le moustique écrasé et les traces de sang.


Je caressai l'endroit où il avait été piqué, le cœur serré. La peau de Xiao Ning était si blanche. Demain, il y aurait un bouton hideux sur son visage.

« J'irai après à la pharmacie pour acheter de la crème, fis-je. Il y a une marque de répulsif qui marche bien. J'attire les moustiques en général alors je sais de quoi je parle. »

Juste à ce moment, une nuée de moustiques apparut et s'abattit sur moi. Cela faisait plus de vingt ans que j'affrontais les moustiques alors je m'y connaissais. Je n'avais même pas besoin de les voir pour savoir où ils allaient frapper. Je tapai des mains une paire de fois et plusieurs moustiques écrasés apparurent sur mes paumes.

En voyant le sang sur mes mains, je secouai la tête en soupirant.

« Je me suis quand même fait piquer. Il y avait trop de moustiques. J'ai été submergé par le nombre. »

Je fis une inspection des lieux. Il y avait deux ou trois moustiques qui étaient morts de mes mains, remplis de mon sang.


Xiao Ning ne commenta pas. D'un air sombre, il se tourna vers l'entrée de l'immeuble.

« Duan Youlian est sortie. »

Une silhouette en imperméable sortit lentement de l'immeuble. Elle leva la tête vers la fenêtre de l'appartement où vivait sa mère. Puis, sans un regard en arrière, elle s'avança devant les arbres où nous étions cachés et nous fit :

« On s'en va. »

Je frottai mes mains pour enlever les moustiques et sortis du couvert des arbres. Je consultai mon portable : il ne s'était écoulé que dix minutes.

« Déjà ? »

J'aurais pensé qu'après toutes ces années sans avoir vu sa mère, elle serait restée plus longtemps.

« Les vivants et les morts appartiennent à deux mondes différents. Dix minutes, c'est déjà trop. »

Xiao Ning se montra à son tour et retira le talisman de Duan Youlian.

« Tu as pu arranger les choses ? »

Duan Youlian répondit :

« Oui. Cela me suffit de la voir une seule fois. »


Il était déjà 4:20. Nous étions pressés. Nous quittâmes rapidement la résidence pour monter dans le bus.

Une fois à bord, le professeur Liu apparut. Il se tapota le torse du plat de la main et fit :

« J'ai vraiment cru que j'allais mourir. J'ai eu peur que le professeur Shen se serve du cahier pour écraser les moustiques. Certains avaient déjà sucé son sang. S'ils avaient effleuré ma peau... je n'ose imaginer les conséquences ! »

Apparemment, le professeur Liu ne s'était toujours pas remis de la fois où j'avais utilisé le cahier pour écraser des vers. Je pris un air penaud. Dans mon dortoir, à la fac, cela avait été tout à fait normal de prendre des livres ou des cahiers pour écraser les cafards.

« Vous craignez aussi le sang sucé par les moustiques ? demandai-je pour changer de sujet.

– Évidemment. Les moustiques et autres choisissent des gens avec un sang fort. Le sang qu'ils ingèrent est l'essence du corps humain. C'est très puissant, » expliqua le professeur Liu, effrayé après coup.


Je demandai à Duan Youlian :

« Toi aussi, tu as eu peur ?

– Tout à l'heure, quand vous êtes sorti de sous les arbres, heureusement que vous aviez d'abord retiré les moustiques de votre mains. Sinon, comme j'étais réprimée par le talisman, si j'avais touché votre pur sang Yang, mon âme et mon corps en auraient pris un coup. Je crois même que j'aurais été incapable de me réincarner. »

Le visage de Duan Youlian exprima sa terreur.

« Alors, à quoi bon être un fantôme ? fis-je avec enthousiasme. Tu dois même fuir les moustiques. Xiao Duan, as-tu résolu ce qu'il fallait pour que tu puisses te réincarner ? »

Xiao Ning était l'autorité en la matière.

« Son énergie malveillante s'est dissipée. Nous pouvons la ramener à la secte de Maoshan pour une cérémonie de transcendance et elle pourra quitter son corps. »


En fait, cela me dérangeait un peu. Cela faisait huit ans que Xiao Duan avait disparu. Si son corps venait soudain à réapparaître, sans aucun signe de décomposition après huit ans, la police ne pourrait pas ignorer ce fait, même si la mère de Xiao Duan ne portait pas plainte. Ce serait une affaire d'homicide.

« Si tu la ramènes à la secte de Maoshan, cela ne posera pas de problème avec la police ? demandai-je d'un ton inquiet.

– Cela ne risque pas d'arriver, répondit Ning Tiance avec un sourire confiant. La secte de Maoshan a des relations. En plus, Duan Youlian a déjà réglé leur compte à ceux qui l'ont tuée. La police ne trouvera rien. Une fois qu'elle se sera transcendée, nous rendrons son corps à sa mère pour qu'elle incinère et l'enterre. »

Je ne demandai pas à Xiao Duan de quoi elle avait parlé avec sa mère. C'était une affaire privée. Cela me suffisait de la voir avec une expression paisible, bien loin du sombre ressentiment d'avant.


* * *


Le chauffeur profita de l'absence de trafic au petit matin ainsi que du fait qu'aucune caméra de surveillance ne le filmerait. Il garda le pied au plancher tout du long. Il commença d'abord par ramener le professeur Liu au quartier de l'Autre Rive, puis il nous ramena, Xiao Ning, Xiao Duan et moi, à l'hôtel. Le tout ne prit qu'une demi-heure. Il devait encore trouver un endroit à l'ombre pour se garer en moins de dix minutes.

C'était la première fois que j'étais à bord d'un bus fantôme qui faisait du cent cinquante à l'heure dans la ville. Le chauffeur garda le pied au plancher et grilla tous les feux rouges, passant à ras des autres voitures. J'eus si peur que j'agrippai le repose-bras d'une main et le bras de Xiao Ning de l'autre, terrifié à l'idée que nous puissions être projetés hors du bus.


Quand nous descendîmes, le chauffeur tapota le rebord de sa casquette et eut un sourire de dérision à mon égard.

« Alors comme ça, je ne peux faire que du quatre-vingt à l'heure maximum ? La bonne blague ! »

Après nous avoir jetés du bus, il appuya sur le champignon et fila au loin. Je tins la main de Xiao Ning, le visage pâle.

« Ce chauffeur n'est pas rien. Je me sens tout petit. Il ose vraiment rouler aussi vite en ville ! »

Sans battre un cil, Xiao Ning fit :

« Il conduit un bus fantôme. Le monde des humains est séparé de celui des fantômes. Il ne risque pas de foncer dans une autre voiture. Et même si c'était le cas, le bus passerait simplement au travers. Tout irait bien. »

Xiao Ning était vraiment impressionnant. Il pouvait rester calme à une telle vitesse. Les Maîtres Célestes de Maoshan étaient vraiment extraordinaires...

« Eurk... »

Pendant que j'étais perdu dans mes pensées, Xiao Ning avait couru à la poubelle la plus proche pour y vomir.

Je ne fis aucun commentaire.


Au final, j'aidai le pauvre Xiao Ning à entrer dans l'ascenseur, lui qui souffrait du mal des transports. Une fois dans la chambre, je l'aidai à s'asseoir sur le canapé et lui servis un verre d'eau chaude.

« Tiens, rince-toi la bouche. Ah, pourquoi tu as essayé de te la jouer si tu es malade en voiture ? Garde plutôt les yeux et la bouche fermés, repose-toi et laisse-moi te masser les tempes. »

Xiao Ning me renvoya un regard silencieux. Il semblait y avoir une tonne de mots non dits dans ses yeux.

Ces derniers temps, il me regardait toujours ainsi. Je m'y étais fait.

J'allai lui prendre une serviette chaude, m'assis sur le canapé et allongeai Xiao Ning pour que sa tête repose sur mes genoux. Je passai la serviette chaude sur son visage.

« Ferme les yeux, reste un peu tranquille. Tu te sentiras mieux après un peu de repos. »


Après lui avoir ressuyé le visage, j'examinai la piqûre de moustique. Il n'y avait pas de renflement mais c'était un peu rouge.

Je concentrai tous mes efforts à passer la serviette chaude à cette endroit, afin de faciliter la circulation sanguine et d'empêcher que cela enfle, tout cela pour préserver la beauté de Xiao Ning.

Ce dernier n'était pas très obéissant. Sauf quand je lui essuyai le visage, il ne ferma pas les yeux. Il suivait du regard le moindre de mes gestes.

Tandis que j'étais concentré à prendre soin de son visage, Xiao Ning me saisit soudain la main et fit doucement :

« Professeur Shen... »

J'en fus si décontenancé que j'en lâchai la serviette.

Xiao Ning déglutit. Sa pomme d'Adam roula gentiment. Je n'osai le regarder en face, gardant les yeux baissés sur sa gorge. Je ressentis l'envie soudain de la mordre.

Bien que j'évitai le regard de Xiao Ning, mes oreilles restaient à l'écoute, attendant tranquillement qu'il parle.

Et j'entendis...


Bang !

On toqua lourdement à la porte. Je repris aussitôt mes esprits et me levai pour ouvrir.

Xiao Ning tomba du canapé dans un bruit sourd. Ah ! J'avais oublié qu'il était allongé sur mes genoux alors en me levant, il était...

On continua de toquer, bruyamment et avec urgence. Le chef de secte Ning, qui dormait dans la chambre principale, en sortit en se tenant le dos et en baillant.

« Pourquoi personne n'ouvre ? »

Puis il alla ouvrir lui-même. J'eus soudain l'impression d'avoir oublié quelque chose. Mais quoi ?

La porte s'ouvrit. Le chef de secte Ning s'écria :

« Quel mort-vivant a l'audace de toquer à la porte de la chambre d'hôtel de la secte de Maoshan ? Tiance, l'épée d'exorcisme ! Tu vas voir comment je vais lui régler son compte à cette vile créature. »

Ah, j'avais été si dévoué à aider Xiao Ning à prendre l'ascenseur que j'en avais oublié Xiao Duan en bas...


La parole à l'auteur :

Xiao Ning : J'ai choisi un très bel endroit à l'écart, avec des arbres et la lune, pour déclarer mon amour. Je l'ai gentiment embrassé et lui... il a préféré chasser des moustiques et il m'a giflé...

Professeur Shen : La romance est impossible, impossible dans cette vie.

Professeur Liu : Frère Qi est vraiment un dieu parmi les fantômes. Il peut faire peur au professeur Shen. C'est vraiment un exemple pour tous les fantômes de cette époque. Je l'admire !

Frère Qi : Humph !







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