Chapitre 59 : À la satisfaction générale

« Un Artisan ?

– Un Artisan !

– Il est en fait un Artisan !

– Par le Ciel, depuis combien de temps les Lin n'ont pas eu un Artisan ? »

Différentes voix s'élevèrent d'en dessous avec choc. Elles résonnèrent aux oreilles de Lin Xuanzhi mais en son for intérieur, il se réjouit que l'ancêtre qui était monté au ciel et avait gravé les règles de la famille Lin ait été lui-même un Artisan. Après cet homme, plus aucun Lin n'eut le talent d'entrer dans la voie de l'Artisan.

L'Artisanat était différent de la cultivation par les arts martiaux. Pour fabriquer des objets il fallait non seulement des racines spirituelles mais aussi un feu spirituel. Si quelqu'un avait un feu spirituel d'une des catégories suivantes — métal, bois, eau, feu, terre, vent ou tonnerre — qui convenait à l'Artisanat, alors il pouvait pratiquer sinon il n'avait aucun talent.

Et le feu spirituel était quelque chose d'inné. Chaque disciple des familles de cultivateurs immortels devaient passer le test de feu spirituel à la naissance. Si on détectait un feu spirituel, alors l'enfant était directement considéré comme un cultivateur spécial d'Artisanat et éduqué par la famille comme un talent important.

Cependant Lin Xuanzhi avait été bien été testé pour le feu spirituel à sa naissance et il n'avait aucune aptitude à devenir Artisan. Comment se faisait-il à présent qu'il soit devenu un Artisan ?

C'était le choc du siècle.

C'était tout bonnement du jamais vu et entendu !

Non, il y avait eu pourtant un précédent du même genre.

Le Troisième Aîné fit une drôle de tête. Il se leva et déclara :

« Lin Xuanzhi, tu reconnais ton crime ?

– J'ignore de quel crime il s'agit, » fit-il.

Le Troisième Aîné fit d'un ton sévère :

« Tu n'avais clairement aucun feu spirituel. Mais voilà que tout à coup, après dix-sept ans d'existence, il apparaît. C'est absolument impossible. Tu as dû utiliser un sort maléfique pour t'emparer du feu spirituel d'un artisan !

– Hé, fit Lin Xuanzhi en étirant froidement les lèvres. Vous dites que je me suis emparé du feu spirituel d'un autre mais il vous faut une preuve de ce que vous dites.

– Tu... »

Le Troisième Aîné s'étouffa à ces mots.

Lin Xuanzhi avait toujours aimé employer les propres méthodes de ses ennemis pour les contre-attaquer. Puisque ces gens lui avaient demandé tout à l'heure de fournir une preuve, il leur demandait à présent la même chose. Il se demandait si ces gens seraient capables de le punir sans preuve d'être un Artisan !

« Troisième Aîné, vous avez tort. »

Le Cinquième Aîné plissa les yeux et arbora un sourire mystérieux sur son visage glabre.

« Si ma famille Lin a pu produire un Artisan, c'est sûrement parce que nos honorables ancêtres nous ont pris en pitié. C'est assurément une bénédiction qu'ils nous envoient depuis le royaume des Immortels. »

Bien que le rang du Cinquième Aîné soit inférieur à celui du Troisième Aîné, c'était uniquement parce qu'il avait été promu au rang d'Aîné un peu plus tard. Si on comparait vraiment, le statut du Cinquième Aîné était plus élevé que celui du Troisième.

Les paroles du Cinquième Aîné prouvaient clairement qu'il comptait protéger Lin Xuanzhi.

Le Troisième Aîné ne put que refermer sa bouche et se rasseoir, la mine sombre.

En fait, le Cinquième Aîné avait toujours pris ses décisions en fonction du bien de la famille Lin dans son ensemble. Si les Lin voulaient continuer à prospérer ou même profiter du succès d'un des leurs, il était absolument impensable de réprimer le talent inné d'un individu.

Mieux encore, tous les Aînés du clan devraient offrir une protection spéciale à cette personne.

Comment le Cinquième Aîné aurait-il pu ne pas voir les mauvaises intentions de ces gens auparavant ? Il n'avait rien fait pour protéger cet arrière-petit-fils avant parce que d'un, Lin Xuanzhi n'était plus d'aucune utilité à la famille et de deux, tant de gens voulaient jeter des pierres maintenant qu'il était dans le puits alors même si le Cinquième Aîné le protégeait aujourd'hui, il ne pourrait jamais le protéger pour le restant de ses jours.

Si Lin Xuanzhi voulait survivre, il devait se sauver lui-même.

Mais jamais il n'aurait pensé que son arrière-petit-fils lui procurerait une telle surprise.

La famille Lin avait beau être l'une des trois grandes familles de la cité de Qing, elle n'était rien de plus qu'une famille de troisième catégorie sur tout le Continent Est et même sur les Cinq Continents.

Le Cinquième Aîné Lin Runru songea que la dernière fois que la famille Lin s'était distinguée sur les Cinq Continents, ce fut lorsque Lin Xuanzhi était entré dans la Secte du Ciel Mystérieux pour la première fois. À l'époque, pas moins de cent jeunes disciples des grandes familles du Continent Est et même des Cinq Continents s'étaient présentés mais seul Lin Xuanzhi avait réussi dans le temps imparti le test d'entrée imposé par le maître de la secte.

À l'époque, le Maître Immortel Ziguang Ce n'est pas son vrai nom mais son nom de courtoisie, comme Huarong. Son vrai nom est Jiang Chenzi et il apparaîtra plus tard. (1), le maître de la Secte du Ciel Mystérieux qui venait d'atteindre le niveau Terrestre, avait déclaré brièvement que l'avenir de Lin Xuanzhi sur qui tous les yeux étaient braqués lui garantissait d'être le numéro un de toutes les sectes honorables des Cinq Continents pour les cinq cents années passées et futures !

Tous les Cinq Continents avaient soudain été en ébullition !

Depuis ce jour, les disciples de la famille Lin avaient attiré énormément d'attention où qu'ils aillent et ils avaient été tenus en haute estime. La famille Lin durant ces années avait été effectivement cent fois plus prospère. Avec ça, les gens avaient vraiment compris ce que signifiait le proverbe : quand un homme devient immortel, son chien et sa volaille se réveillent aussi au Ciel.

Cependant quand vint le déclin de Lin Xuanzhi, la famille Lin connut de nouveau la récession.

Li Runru n'avait qu'une envie : lever les yeux au ciel et hurler qu'il n'y avait pas qu'un seul chemin vers le Dao. Lin Xuanzhi méritait vraiment d'être le numéro un de la famille Lin. Avec lui, qu'est-ce qui empêcherait les Lin de devenir la plus grande famille des Cinq Continents, de se tenir fermement et d'avoir des bases solides ?

En songeant à cela, les yeux du Cinquième Aîné s'illuminèrent en se posant sur Lin Xuanzhi. Ce dernier ne fut guère surpris par cette réaction. Il sourit et demanda :

« Patriarche, j'ignore si la preuve de Xuanzhi est à votre convenance ? »

Avec un sourire aux lèvres, le Cinquième Aîné, hocha la tête avec satisfaction et fit :

« Bien sûr que je suis satisfait, Xuanzhi. Si tu es l'héritier direct des Lin un jour, tu le resteras pour la vie. Personne ne peut nier ce fait.

– Bien entendu, » répondit Lin Xuanzhi d'un ton calme.

Les paroles du Cinquième Aîné avaient un double sens. D'un, il confirmait le statut de jeune maître de Lin Xuanzhi afin de dissuader ceux qui penseraient autrement. De deux, il rappelait en même temps à Lin Xuaznhi qu'il ne devait pas oublier les responsabilités et les obligations de l'héritier direct des Lin.

Le Cinquième Aîné était vraiment un vieux renard rusé.

Cependant cela ne dérangeait pas Lin Xuanzhi.

Il avait vraiment besoin de la protection des aînés de sa famille afin de se concentrer sur sa cultivation.

Le Cinquième Aîné en fut encore plus satisfait. Il regarda Lin Xuanzhi un moment puis son visage se fit glacial. Il agita ses manches et un souffle de vent projeta à l'extérieur les gens agenouillés qui clamaient être de la famille de Wang Wu.

« Dorénavant, quiconque ose manquer de respect à Li Xuanzhi sera puni selon la volonté de Lin Xuanzhi. Vous avez bien compris ? »

La voix du Cinquième Aîné n'était pas forte mais elle contenait une immense pression qui se dissipa dans les airs au-dessus des têtes de la famille Lin.

Du Hall d'Application des Règles jusqu'aux portes de la résidence Lin, à travers toute la résidence vaste de plusieurs milliers de mu, tout le monde entendit les instructions de l'Aîné au dernier rang du niveau Primaire. Tout le monde en fut confondu mais ils abandonnèrent aussitôt ce qu'ils étaient en train de faire pour s'agenouiller en direction du Hall d'Application des Règles et joindre leurs mains :

« Vos petits-enfants et disciples obéissent à votre ordre ! »

Lin Xuanzhi se mit à rire doucement.

Comme prévu, la famille Lin était vraiment réaliste et intelligente.

Le Cinquième Aîné était vraiment digne d'être le Patriarche depuis une centaine d'années. Il avait déjà balayé les obstacles devant lui sans qu'il n'ait à prendre lui-même la parole et avait cloué le bec des récalcitrants. Il lui accordait ainsi un très grand honneur ce qui lui permit de dresser fièrement la tête et de se départir du ressentiment qu'il gardait en lui depuis longtemps.

Deux feulements de tigre parvinrent de l'autre bout du couloir. Bien que ce ne soient que des tigreaux au niveau de l'Enfance, l'aura de futurs Empereurs Démoniaques se faisait déjà bien sentir.

Madame Bai s'affala dans son large fauteuil et de la sueur froide coula sur son front.

Elle était elle-même une Artisane alors elle savait naturellement à quel point ce statut était important. Toutefois elle n'était pas une Lin alors la famille Lin n'avaient jamais pu lui faire entièrement confiance. C'était différent pour Lin Xuanzhi.

C'est terminé, tout est terminé.

Madame Bai ne put s'empêcher d'avoir des regrets. Sans son impatience, si elle n'avait pas tant convoité les quelques trésors de Lin Xuanzhi et voulut défouler sa colère sur lui, alors Lin Xuanzhi n'aurait jamais eu ainsi l'occasion de se présenter au Cinquième Aîné.

Si elle avait su que Lin Xuanzhi était déjà un Artisan, elle aurait plutôt fait de son mieux pour l'éliminer en secret et une bonne fois pour toutes !

Le Troisième Aîné était tout aussi abattu. Sur son cœur pesait une pierre aussi lourde que dix mille pièces d'or.

Au milieu de tous ces gens qui parlaient, le Cinquième Aîné voulait non seulement en apprendre plus sur la situation actuelle de Lin Xuanzhi mais il était également impatient de rapporter cette nouvelle extrêmement importante au Premier Aîné qui était en retraite. Par conséquent, une fois qu'il eut reçu la réponse d'obéissance de la famille Lin, il se leva en agitant les mains et fit :

« Le procès d'aujourd'hui est terminé. Vous pouvez tous vous retirer, allez ! »

Lin Xuanzhi prit alors la parole en s'inclinant.

« Patriarche, Xuanzhi a encore une chose à reporter.

– Petit-fils Huarong n'a pas besoin d'être aussi poli, dis-moi simplement ce qu'il te faut. »

Le Cinquième Aîné était d'excellente humeur.

Lin Xuanzhi déclara :

« Xuanzhi n'ose pas faire la moindre requête. Par contre, un des intendants de la famille est venu me chercher dans ma cour pour m'amener au Hall d'Application des Règles et m'a provoqué à plusieurs reprises. Il avait même ordonné auparavant que je n'ai plus de riz des cinq principes. Si mon petit-frère, Yan Tianhen, n'avait pas renoncé à sa part de riz pendant six mois pour me la donner, mon corps n'aurait certainement pas pu tenir le coup jusqu'au jour où mon destin a changé.

– Il y a un tel servant méprisable dans ma famille Lin ? »

Le Cinquième Aîné fut si furieux qu'il frappa le fauteuil fait en Acier Mystérieux et le réduisit en morceaux. Le sol se fissura sous ses pieds et il explosa :

« Gardes, amenez-moi cet homme. Je veux l'interroger personnellement pour savoir qui lui a donné le courage d'insulter autant mon descendant direct ! »

Tout le monde en-dessous en fut abasourdi. Quand un cultivateur au dernier rang du niveau Primaire se mettait en colère, cela faisait s'effondrer les montagnes et couler en sens inverse les rivières. Les gens en-dessous se mirent à gémir puis se prosternèrent. Tout le monde tremblait et personne n'osait émettre le moindre son de crainte de provoquer l'Aîné.

Les vêtements de Madame Bai étaient trempés de sueur tant elle craignait que Lin Xuanzhi ne la dénonce.

Autrefois Lin Xuanzhi n'aurait pas été du genre à faire des histoires mais à présent il allait définitivement...

« Cet intendant est un serviteur de ma tante mais elle a certainement été bernée par lui et n'est au courant de rien, » fit-il d'un ton léger en lançant un regard en coin à Madame Bai.

Madame Bai en fut consternée et perdit toute couleur. Tout en insultant ce sale petit enfoiré dans son esprit, elle se prosterna et fit :

« Je ne suis absolument pas au courant de cela. J'ai toujours pris soin de mon neveu. Comment aurais-je pu laisser quelqu'un humilier Xuanzhi ? Je supplie le Patriarche de bien vouloir enquêter ! »

Comment le Patriarche aurait-il pu ne pas voir ce qui se passait ? Il contempla Madame Bai d'un air froid, leva la main puis la frappa dans le dos de sa paume pour injecter son Qi.

Il déversa vraiment un flot de Qi !

« Aaaah ! »

Madame Bai se mit à hurler. Elle avait l'impression d'avoir dix milles fourmis dans tout son corps qui lui pinçaient les muscles, les veines, sa chair et son sang. Cela faisait si mal qu'elle devait se retenir pour ne pas se rouler par terre.

« Tu es la régisseuse de la famille Lin et tu n'arrives pas à te montrer stricte. Mais tu as eu le mérite de donner naissance à un fils et tu as également grandement contribué à la famille durant toutes ces années alors je te laisse la vie sauve cette fois. Ce Qi hétérogène est ta punition. Quand tu t'en seras débarrassée, ta punition aura pris fin. »

Le Cinquième Aîné rétrécit ensuite les yeux et appela :

« Ji Lanjun.

– Je suis là, répondit une femme en robe violette plus bas.

– À compter de ce jour, ce sera toi la régisseuse de la famille Lin pour le moment. J'espère qu'une telle chose ne se reproduira plus. »

Ji Lanjun n'osa pas lever la tête et s'empressa de dire :

« Patriarche, ne vous en faites pas. Lanjun fera de son mieux et ne se permettra pas le moindre relâchement. Je ne laisserai plus jamais le neveu Xuanzhi subir le moindre tort. »

Le Cinquième Aîné hocha la tête puis fit :

« Où est ce serviteur méprisable ? »

Il comptait donc s'occuper personnellement du sort de l'intendant Zhang. Il fallait savoir qu'en tant que patriarche et Aîné, c'était en-dessous de lui de régler les problèmes d'un serviteur mais aujourd'hui...

Notes du chapitre :
(1) Ce n'est pas son vrai nom mais son nom de courtoisie, comme Huarong. Son vrai nom est Jiang Chenzi et il apparaîtra plus tard.

Commentaires :

Karura Oh a écrit le mercredi 27 avril 2022 à 19:03
Je suis ravie que ça te plaise. J'hésitais un peu à me lancer là-dedans parce que... 774 chapitres 😬 Mais j'aime trop cette histoire !

Karura Oh a écrit le lundi 08 mai 2023 à 16:31
Merci pour ton gentil commentaire ! J'espère que l'histoire continuera à te plaire ~