Chapitre 93 — Le lecteur et le héros doivent absolument tomber amoureux.
Tic tac — tic tac —
C'était le bruit de son réveil. Le réveil de sa chambre avait toujours un léger problème : les aiguilles faisaient plus de bruit quand il mettait l'alarme.
Du Ze contempla bêtement les aiguilles du cadran qui tournaient. Le dōjinshi tomba à côté. Sa chambre était juste devant lui mais Du Ze éprouvait un sentiment d'étrangeté en cet instant.
— Il était vraiment revenu.
L'aiguille des secondes de son réveil fit un tour complet, puis encore un. Il lui était impossible de dire si le temps écoulé pendant son absence était court ou bien s'il ne s'était pas écoulé de temps — tout ce qu'il avait vécu dans l'autre monde semblait aussi irréaliste qu'un rêve.
Du Ze s'avança vers son ordinateur. Son esprit était vide, il ne pensait à rien, il ne ressentait rien, il agissait comme un robot dénué d'intelligence qui ne faisait que suivre les instructions qu'on lui avait données. Il ouvrit la page internet de "Sang Mêlé" et en bas dans les dernières mises à jour, il y avait encore le chapitre où Xiu avait été frappé par Jugement et était tombé dans l'océan, son sort incertain. La date affichée sur l'ordinateur était toujours la veille de la fin du monde. Rien ne semblait avoir changé et tout semblait avoir changé.
Le héros était toujours le héros, le lecteur était toujours le lecteur.
Du Ze lut les commentaires en bas du dernier chapitre. De nombreux lecteurs débattaient des aventures qui attendraient ensuite le héros. Personne ne pensait qu'il était mort. Du Ze regarda les commentaires et une pointe de fierté surgit dans son cœur en dépit de sa peine..
Il savait que Xiu allait directement tomber sur l'Île des Dragons cachée sous l'océan, qu'il obtiendrait un artefact, la lance dragon, qu'il réveillerait son sang de dragon et signerait un contrat de chevalier dragon avec le dragon noir Muir.
Il savait que la guerre des dieux allait ensuite éclater puis que Xiu rencontrerait Nina, la fille renarde, qu'il éveillerait son sang d'Homme Bête durant le festival et qu'il combattrait ensuite le dieu de la Lumière pour la première fois.
Il savait que la Tour Divine apparaîtrait après que tous les dieux principaux soient tués et que Xiu se lancerait dans son ascension pour devenir le Dieu Suprême.
Il savait tout cela parce qu'il l'avait vécu avec Xiu.
En tant que lecteur, je devrais m'estimer content.
… n'est-ce pas ?
Puisque le lendemain était la fin du monde prédite par les Mayas, il y avait de nombreux lecteurs qui discutaient dans les commentaires sur ce à quoi ressemblerait la fin du monde. Quand il reprit ses esprits, Du Ze se rendit compte qu'il avait écrit un commentaire et l'avait envoyé.
Pseudo : DuZi, commentaire : "Sang Mêlé", Note : 1, Chapitre commenté : 275
Comme le héros furieux n'en pouvait plus de l'abus de l'auteur, il est venu dans ce monde. Il a tué l'auteur et a détruit ce monde en passant.
Du Ze regarda ce commentaire et ferma les yeux, n'en pouvant plus.
Tu veux juste le revoir.
C'est seulement ça.
« … Il parvint au sommet de la Tour Divine, devint le Dieu Suprême et ce fut le début d'un nouvel Âge. Sous le règne du Dieu Suprême, le Continent du Chaos a connu la paix et toutes les races vivent en harmonie. »
Le professeur démon referma le manuel "L'Épopée du Chaos" puis informa ses élèves :
« Révisez bien cette partie, je ne vous ferai pas encore un test facile la prochaine fois. »
Les élèves un peu endormis commencèrent enfin à s'agiter et un adolescent démon leva la main :
« Mais je n'arrive pas à m'imaginer ça, ah, professeur. »
Le garçon démon passa nonchalamment un bras autour des épaules d'un de ses camarades.
« Les anges et les démons qui étaient autrefois ennemis et tout le reste... T'en penses quoi, Théo ?
– Lâche-moi. »
Le garçon ange ainsi saisi par le démon se froissa et prit un air sévère.
« Tu appuies sur mes ailes. »
Une vampire au dernier rang leva la main.
« Professeur, il paraît que le Dieu Suprême était autrefois élève ici. C'est vrai ? »
Toute la classe se tut soudain. Le professeur remonta ses lunettes de lecture sur son nez et regarda tous ses élèves aux oreilles tendues. Ce serait bien si ces petits vandales pouvaient se montrer aussi sérieux durant les cours, songea le professeur avant de hocher la tête.
« La raison pour laquelle l'Académie de Magie est si réputée et aussi laquelle vous êtes venus ici... vous avez dû aussi l'entendre, hein ? fit le professeur en soupirant. En tant qu'enseignant dans cette académie, je me dois cependant de vous dire que les faits ne sont pas aussi glorieux que vous l'imaginez — notre académie a autrefois exclu le Dieu. »
Les élèves poussèrent des cris de stupeur et le professeur poursuivit :
« Les gens d'autrefois étaient trop ignorants. Juste à cause d'une différence de race, on jugeait si une personne était bonne ou mauvaise, si elle devait vivre ou mourir. Ce fut ainsi que le Dieu Suprême fut persécuté — dire qu'ils ont failli tuer le futur Dieu Suprême à l'époque ! »
Tous les élèves en restèrent muets de stupeur. Le regard sévère du professeur passa sur l'ange et le démon assis côte à côte, le mort-vivant qui prenait des notes avec un grand sérieux ainsi que bien d'autres races.
« Chérissez votre vie actuelle et les amis autour de vous. Comparé à autrefois, vous ne vous rendez pas compte à quel point vous avez de la chance.
« Tout cela est dû à la bénédiction du Dieu Suprême.
« Ainsi s'achève le cours d'aujourd'hui. La prochaine fois, nous étudierons les "Applications de la Magie Combinée". »
Une main referma gentiment les "Applications de la Magie Combinée" pour le remettre sur l'étagère. Le Dieu Suprême de ce monde contempla ses mains. Elles étaient fines et aux jointures proéminentes. Le moindre mouvement de ses muscles et tendons révélait une puissance terrifiante.
Il possédait un véritable pouvoir, comme tout le monde le savait, cependant le pouvoir était souvent inversement proportionnel au bonheur. Cette fois, personne ne viendrait lui prendre la main, personne ne viendrait le réconforter :
[Quand nous serons sortis de cette tour, nous y retournerons. Tout ce que tu n'as pas terminé, on n'a qu'à retourner le poursuivre.]
Il était bien retourné dans cette académie pour finir d'apprendre ce qu'il n'avait pas eu le temps d'apprendre et finir ce qu'il n'avait pas eu le temps de finir, cependant il n'était pas à ses côtés.
— Il avait tout, sauf lui.
Le jeune et beau Dieu Suprême se tint devant l'étagère et l'atmosphère autour de lui était excessivement vide, révélant une sorte d'impuissance et de chagrin. Des ombres moroses remplies de tristesse engouffraient peu à peu la silhouette sans vie de cet homme.
Les Terres Sauvages à l'est, l'océan sans fin à l'ouest, les terres arctiques au nord, la forêt des elfes au sud, la prochaine étape était... les Terres Perdues au centre.
Le Dieu Suprême posa le pied sur le sol en cristaux de glace et l'immense pilier de lumière au loin s'élevait du sol au ciel, comme une persistance d'autrefois. Quand la Tour Divine s'était effondrée, le Continent du Chaos avait retrouvé son apparence originelle et les Terres Perdues avaient également repris leur ancienne apparence — la même que lorsqu'il s'était réfugié dans les Terres Perdues et avait rencontré cet homme.
Le Dieu Suprême contempla le temple abandonné en face de lui et ses yeux d'un bleu profond reflétèrent la statue cassée de manière trouble. il s'avança et se laissa lourdement tomber le long du socle de la statue exactement comme auparavant, incapable de bouger.
Peux pas le trouver...
Je ne peux plus le trouver...
J'ai cherché pendant des dizaines de milliers d'années, j'ai fouillé chaque recoin du Continent du Chaos — j'ai clairement le pouvoir suprême et les droits suprêmes mais je ne peux même pas retrouver la trace de la personne la plus importante à mes yeux. C'est vraiment... ridicule.
Le Dieu Suprême ferma les yeux et resta assis sans un mot dans l'ombre de la statue, immobile. Si quelqu'un pouvait entendre son cœur, il serait englouti par le désespoir profond.
Il avait perdu quelqu'un, la personne qui l'avait poussé à aimer à la folie et à chérir la vie.
Cet homme qui avait dit qu'il croyait en lui, qu'il l'accompagnerait pour accomplir de grandes choses, qu'il était son seul et unique croyant, qu'il allait devenir un dieu, qu'il allait exaucer ses souhaits et qui avait dit miaou lors de leur première rencontre...
« Miaou ~ »
À cet instant, le Dieu Suprême entendit une voix extrêmement douce et aussi belle qu'une illusion.
Il rouvrit les yeux.
Une bête à neuf queues le regardait non loin, la tête penchée et de la joie et de la terreur dans ses yeux — elle avait envie de s'approcher mais craignait le pouvoir du Dieu Suprême. Quand elle le vit ouvrir les yeux, la bête spirituelle à neuf queues abaissa ses oreilles. Au final, la peur l'emporta sur l'amour et elle déguerpit en courant.
Le Dieu Suprême contempla calmement la bête spirituelle s'échapper ainsi. Il posa une main sur ses yeux et un rire rauque jaillit de sa bouche.
Comme il s'y attendait... plus là...
Cet homme ne viendrait plus jamais le sauver, ne réapparaîtrait plus jamais devant lui.
« Tu ne peux pas le trouver. Quoi que tu fasses, tu ne pourras pas le retrouver. »
Une voix résonna avec malice et ses paroles étaient remplies d'une tentation indescriptible.
« Comme je te l'ai déjà dit : si tu détruis le monde, je te le rendrai — moi seul dans ce monde sait où il se trouve.
– ... »
Le Dieu Suprême garda le silence un moment puis retira lentement sa main. Ses yeux ainsi dévoilés étaient submergés par le désespoir et la folie qui avait rompu une digue.
Détruire le monde... ?
Il avait perdu la personne qui comptait le plus au monde pour lui, pourquoi ne pouvait-il pas devenir fou ?
Il avait perdu la personne qui comptait le plus au monde pour lui, pourquoi ne pouvait-il pas... détruire ce monde ?
« Du Ze... »
Xiu leva la tête et les cheveux dorés tombèrent sur la courbe du coin de sa bouche. Il tendit la main vers quelqu'un dans le vide. Son expression était si impuissante et fragile pour la première fois, comme s'il suffirait d'un doigt pour le transpercer.
« Je te l'ai dit — tu dois me regarder. Si tu ne me regardes pas, je ne sais pas ce que je pourrai faire. »
— Je vais détruire le monde ?
— Il ne faut pas que tu le fasses.
Alors viens m'en empêcher, même si tu dois me tuer pour ça...
La lumière de la destruction apparut au bout de ses doigts. Le Dieu Suprême de ce monde souriait mais c'était encore plus triste que s'il pleurait.
« Je veux te voir, Du Ze. »
Tu ne sais peut-être pas à quel point il l'aimait
Mais tu peux certainement l'entendre :
Quand il l'a perdu,
Des lamentations à vous fendre le cœur.
« — !!! »
Du Ze releva subitement la tête, écarquilla les yeux et regarda l'écran pâle de l'ordinateur en face de lui. Ses joues étaient couvertes de sueur froide et son cœur donnait l'impression qu'il allait bondir hors de sa poitrine.
À un moment donné, il s'était endormi sur le ventre et avait fait un rêve. Le héros de son rêve était Xiu. Cet homme n'avait cessé de le rechercher, encore et encore. Il avait cherché dans tous les endroits possibles et avait utilisé diverses méthodes — Xiu avait même tenté de ressusciter le Dieu de la Création parce qu'apparemment, le Dieu lui avait révélé durant leur combat final certaines informations. Cependant, le dieu de la Création était définitivement mort et ne pouvait plus être ramené à la vie. Xiu ne put donc que rassembler une conscience similaire à un fragment du Dieu de la Création. L'essence de cette conscience était la malveillance du Dieu de la Création envers Xiu. Comme il était trop rempli de ressentiment, ce fragment était resté.
Afin de faire souffrir Xiu, cette conscience lui avait dit : Si tu détruis le monde, je te rendrais la personne que tu veux.
Alors Xiu avait vraiment fait ça.
Au milieu des fragments du Continent du Chaos détruit, Xiu pressa ce morceau de conscience entre ses mains et demanda avec empressement :
« Tu as clairement dit que si je détruisais le monde, tu me le rendrais. J'ai détruit le monde, où est-il alors ? Rends-le moi ! »
La lumière vague de cette conscience eut un sourire grimaçant. Plus l'autre homme souffrait, plus elle était heureuse. C'était la raison de son existence.
« Le monde a été détruit par toi. Ha ha ha — je t'ai menti. »
Chaque mot de la conscience était rempli de malveillance et de rancœur.
« Laisse-moi te dire en fait : il n'est plus là, tu l'as complètement perdu ! Ha ha ha — tu ne le retrouveras jamais ! Ha ha ha — urgh ! »
Xiu coupa de force ces mots qui sonnaient comme une malédiction. Cependant, même si la conscience souffrait terriblement, elle ne cessa pas de rire comme un maniaque pour autant. Elle hurla d'une voix remplie de moquerie :
« Tu es devenu le Dieu Suprême, et alors ? Du monde entier — tu n'es plus que le dieu de toi tout seul ! »
Ce cri dans le rêve bourdonnait encore dans la tête de Du Ze. Il s'assit sur la chaise et ne sentit que du froid dans ses mains et ses pieds : tout seul, tout seul — est-ce que Xiu avait vraiment éliminé tous les êtres vivants et détruit le monde ?
Cet homme n'avait plus rien.
Tout en sachant que c'était clairement un piège, du moment qu'il y avait l'ombre d'un espoir, même un faux espoir, cet homme avait détruit le monde par désespoir — c'était exactement ce qu'avait montré le Couloir du Temps à l'époque, il s'était lui-même conduit dans une situation désespérée.
À la fin de ce rêve, Xiu avait détruit la conscience alors il ne restait plus que lui dans ce monde brisé, entouré par les ténèbres et la solitude sans fin.
Afin de réchapper à ce genre d'effroyable pressentiment, Du Ze tenta de se convaincre que ce n'était qu'un simple rêve et il s'obligea à focaliser son attention sur d'autres choses : l'heure affichée en bas à gauche de son ordinateur était 23:50. Il avait en fait dormi trois heures d'un coup. D'après les habitudes de Yi Ye Zhi Qiu, il devrait y avoir une mise à jour à cette heure.
Du Ze cliqua donc sur la page internet de "Sang Mêlé" et quand il plissa les yeux pour lire une ligne sur la page, Du Ze eut l'impression d'être tombé dans une mer de glace. Il cessa de respirer un moment.
Annonce de l'auteur : Merci à tous d'avoir soutenu cet humble Qiu jusqu'à maintenant. C'est à mon plus grand regret que j'ai pris la décision de poser ma plume définitivement.
Ce message provoqua de l'agitation non seulement parmi les lecteurs, mais aussi dans le département de l'éditeur. En tant qu'éditeur en charge de Yi Ye Zhi Qiu, Jin Yi ne cessait de cliquer tellement vite sur le bouton gauche de son souris sur la page QQ d'une certaine bête ah ah, manquant de faire exploser sa souris.
Éditeur Jin Yi : Vous êtes là ? Vous êtes là ?!!
Éditeur Jin Yi : J'ai dû faire une bêtise en ouvrant ce message ! Vous avez vraiment dit que vous comptez laisser tomber ?
Éditeur Jin Yi : Hé ho, vous êtes toujours en vie, big boss ?!!
Jin Yi ne cessa de toquer sur la page QQ et commença à chercher le contrat de Yi Ye Zhi Qiu. Il se jura que le type ne répondait pas et qu'il trouvait son adresse, il prendrait un vol de nuit pour se pendre à la porte de Yi Ye Zhi Qiu !
Sous la persévérance de la fenêtre pop-up de Jin Yi, Yi Ye Zhi Qiu réagit enfin.
Yi Ye Zhi Qiu : Ah ah.
En voyant le traditionnel ah ah, Jin Yi s'étrangla un moment puis se sentit confus par les chevaux d'herbe et de boue cachés derrière cette phrase.
Éditeur Jin Yi : … Chaque fois que je vous vois écrire "ah ah", ça me donne vraiment envie de vous cogner, cogner, cogner.
Éditeur Jin Yi : À part ça, dites-moi que votre dernier message n'est pas vrai.
Yi Ye Zhi Qiu : C'est vrai.
Éditeur Jin Yi : … Pourquoi vous ne voulez plus écrire ?
Yi Ye Zhi Qiu : Demain, c'est la fin du monde.
La fin du monde, et ta sœur — !!!
Sous le regard horrifié des autres éditeurs, Jin Yi inspira profondément et reposa le clavier qu'il tenait à la main.
Éditeur Jin Yi : Ce n'est pas encore la fin du monde, par contre je pressens que c'est votre fin. [🔪]
Yi Ye Zhi Qiu : Ah ah.
Éditeur Jin Yi : … Boss, vous n'allez pas vraiment utiliser cette excuse ? Je ne vous croyais pas naïf au point de croire à la fin du monde, ah !
Éditeur Jin Yi : Donnez-moi une raison valable, ah !
Yi Ye Zhi Qiu regarda le message QQ laissé par Jin Yi. Sa souris glissa et il tomba sur le commentaire de DuZi. Une fois qu'il le lut, Yi Ye Zhi Qiu fut très content car il avait trouvé une bonne excuse.
Yi Ye Zhi Qiu : Bon, d'accord. Le héros a découvert que j'étais l'auteur qui l'avait abusé alors il a rampé hors de l'écran pour me tuer.
Les points de suspension de Jin Yi remplirent tout l'écran.
Éditeur Jin Yi : Vous n'avez pas honte de jouer les innocents ?!
Yi Ye Zhi Qiu : Ah ah.
Éditeur Jin Yi : Vous n'allez vraiment plus écrire ?
Yi Ye Zhi Qiu : C'est bien ça.
Éditeur Jin Yi : Hé, dites-moi alors ce qui va se passer ensuite, ah. C'est inhumain de laisser un tel cliffhanger, ah.
Yi Ye Zhi Qiu : Après ça, il y a le nouvel Âge, la Bataille des Dieux.
Éditeur Jin Yi : Je vais jouir et vous, vous me laissez avec un eunuque ?!
Yi Ye Zhi Qiu : Cette partie n'a pas grand-chose à voir avec le héros.
Éditeur Jin Yi : Ah ? Il se passe quoi ensuite ?
Yi Ye Zhi Qiu : Le Crépuscule des Dieux.
Putain, plus j'en sais et plus je veux lire la suite !
La curiosité de Jin Yi était totalement titillée alors il refusa de renoncer et tenta de convaincre Yi Ye Zhi Qiu de continuer à écrire. Il regarda l'heure affiché en bas à gauche de son ordinateur : il serait bientôt minuit.
Éditeur Jin Yi : Vous êtes encore en vie ?
Yi Ye Zhi Qiu : Ah ah.
Éditeur Jin Yi ; Félicitations, camarade Yi Ye Zhi Qiu. Vous avez survécu à la fin du monde ! Alors maintenant, dépêchez-vous d'écrire la suite de votre histoire, hein ?
Yi Ye Zhi Qiu : D'après la NASA, la fin du monde aura lieu en 2013.
Éditeur Jin Yi : …
Sentant venir une nouvelle série d'excuses, Jin Yi se résigna à son sort. Après avoir fréquenté l'autre pendant si longtemps, il savait également que cette bête ah ah n'avait sans doute vraiment plus l'intention de continuer à écrire.
Éditeur Jin Yi : D'accord. Mais au nom de notre longue amitié, dites-moi pourquoi vous avez arrêté soudain d'écrire ?
Un long moment s'écoula cette fois. La fenêtre de Yi Ye Zhi Qiu indiquait juste "en train d'écrire".
Yi Ye Zhi Qiu : Je ne peux plus écrire, il y a une sorte de vie dans l'autre monde caf342fh2#a
Éditeur Jin Yi : ?
Éditeur Jin Yi ? Qu'est-ce que vous faites ? Votre visage est tombé sur le clavier ?
Yi Ye Zhi Qiu semblait soudain être déconnecté et il n'y eut plus de réponse. Cela laissa Jin Yi très perplexe. Au moment où il allait envoyer un autre message pour demander ce qui se passait, il vit que Yi Ye Zhi Qiu avait répondu.
Yi Ye Zhi Qiu : ...
Jin Yin contempla les points de suspension avec épouvante. C'était toujours Yi Ye Zhi Qiu qui poussait les gens à écrire « ... ». Comment quelqu'un avait-il pu pousser cette bête ah ah à écrire « ... » à son tour ?
Yi Ye Zhi Qiu : Le héros est vraiment apparu.
Éditeur Jin Yi : De quoi ? Vous voulez dire que votre héros est vraiment sorti de votre roman à cause de ce que vous avez écrit ?
Yi Ye Zhi Qiu : En.
Jin Yi contempla ce En pendant cinq bonnes minutes avant de répondre.
Éditeur Jin Yi : Le héros est parti ? Vous allez bien ?
Yi Ye Zhi Qiu : Il m'a juste regardé et il est parti. Ah ah.
Éditeur Jin Yi : …
Éditeur Jin Yi : Faut vous faire soigner, boss. C'est la réalité, pas un roman.
Yi Ye Zhi Qiu était débout devant son ordinateur. Il regarda la chaise tombée par terre puis tapa lentement une dernière phrase :
« Qui sait ? Peut-être que nous sommes dans un roman. »
Du Ze contempla l'annonce de l'auteur jusqu'à ce que ses yeux lui piquent, mais le fait que Yi Ye Zhi Qiu abandonne ce roman ne changea pas.
Il s'était dit naïvement que même s'il ne pouvait pas être avec cet homme, il lui restait au moins "Sang Mêlé" pour qu'il puisse toujours observer l'autre dans ce monde. Même si personne d'autre ne lisait, il accompagnerait Xiu durant sa vie.
Mais même ça était devenu un espoir vain.
— Devait-il se séparer pour de bon de "Sang Mêlé", quitter le héros et renoncer à Xiu ?
« … Pourquoi tu pleures ? »
Je pleure ? se demanda Du Ze avant de se figer soudain.
… ?!
Du Ze voulut tourner la tête par pur réflexe mais il s'arrêta subitement au dernier moment. Du Ze n'osait pas regarder derrière lui, il craignait qu'en faisant ça, il briserait cette belle illusion.
En voyant Du Ze se tenir debout face à l'ordinateur, l'homme derrière lui poussa un soupir qui ressemblait à un léger rire. Des bruits de pas réguliers s'approchèrent de lui.
Une main se posa légèrement sur la nuque de Du Ze : c'était l'intensité et la chaleur douloureusement familières. Du Ze contempla bêtement le jeune homme blond dont l'image se reflétait sur l'écran de son ordinateur et la petite page blanche de "Sang Mêlé" regroupait leurs deux reflets.
Le lecteur et le héros.
Du Ze et Xiu.
Il sentit un serrement à la base d'un des doigts de sa main gauche. Du Ze baissa les yeux et vit l'anneau argenté orné de diamants bleus que l'autre homme venait de lui passer au doigt — depuis son retour, cet anneau qui provenait d'un autre monde avait bien entendu disparu mais là, il avait repris sa place d'origine.
Le souffle de Xiu caressa doucement son oreille :
« Ne le laisse plus jamais. »
Ne le laisse plus jamais.
— Ne me laisse plus jamais.
La poitrine de Du Ze menaçait d'exploser sous le coup de ses émotions débordantes. Il saisit le bras de Xiu. Le contact chaud rendit cela plus réel. Du Ze pensa bêtement à voix haute :
« C'est bien vrai... »
Il savait que ce qu'il disait devait être un peu stupide, pourtant il n'y avait que de la tendresse dans le sourire de l'autre homme.
Xiu serra Du Ze dans ses bras. Son apparence sublime ne différait guère de celle du moment de leur séparation, pourtant elle était teintée d'un je ne sais quoi, comme le passage du temps. Xiu avait passé des centaines de millions d'années dans les ténèbres avant d'avoir enfin l'occasion de rencontrer de nouveau ce jeune homme.
La vérité de ce monde était à la fois si simple et si complexe.
Xiu leva légèrement un doigt et une ligne de mots bleus apparut dans les airs.
« Je t'avais dit que je ferais de cette histoire la réalité. »
— Du Ze et Xiu vivent ensemble pour toujours.
Du Ze contempla cette ligne. Son cœur battit plus vite et son sang parut bouillonner dans ses veines. Sans qu'ils n'aient parlé, il savait que Xiu était au courant de tout. Du Ze regarda Xiu : toutes les émotions de cet homme étaient cachées dans les profondeurs de ses yeux bleus, certaines si concentrées qu'elles semblaient insondables.
« … Est-ce que cette histoire a un titre ?
– Comment tu voudrais l'appeler ? »
Xiu embrassa les cheveux noirs de Du Ze, sa voix remplie d'affection.
— Il était une fois un lecteur qui avait été transporté à l'intérieur d'un roman. Il rencontra le héros et ils furent enfin ensemble car...
Du Ze posa la tête contre le torse de Xiu. En entendant les battements de cœur familiers, le coin de ses lèvres s'étira peu à peu.
« Le lecteur et le héros doivent absolument tomber amoureux. »
Note de Karura : Aaaah, une fin positive qui vient adoucir le cliffhanger du chapitre précédent.
Bon, il nous reste trois extras. Les fidèles lecteurs ont sans doute remarqué que je vous avais promis quelque chose au début de l'histoire qui ne s'est pas encore produit. Ça ne vous dit vraiment rien ?
Indices : Huit... races... ce... soir. \(@^0^@)/
Notes du chapitre :
(1) C'est vraiment noté comme ça dans le texte original. L'auteur a eu un trou de mémoire ?
Commentaires :
Momochan a écrit le mercredi 27 Octobre 2021 à 10:15:19
Que d’émotions ! J’ai découvert ton travail via ce projet et c’est maintenant fini :’)
Un grand merci pour nous faire découvrir en français des novels Chinoises. La qualité était dingue, vraiment !!
Je devine que les tournures de phrase Chinoises ne sont pas toujours faciles faciles.
J’ai hâte de découvrir tes autres projets :)
Je ne quitte pas tout de suite Du Ze et Xiu puisqu’il reste des extras et… « huit races ce soir » xDDDD
Karura Oh a écrit le mercredi 03 Novembre 2021 à 10:35:07
Merci !
Ça fait toujours un petit pincement au cœur quand une histoire se termine, surtout une histoire aussi riche en rebondissements.
J'espère que mes autres projets te plairont aussi ! 😊