Le Prince Solitaire 5 10

Chapitre Dix : Voyage en famille


Kurojū, cinquième mois de l'année 2446


Peu de temps après l'anniversaire de Chiharu, Kaname émit une requête assez particulière : elle voulait se rendre à Metsūjū, l'ancien fief des Hamenoto, son clan natal, afin d'assister à la cérémonie de commémoration de la mort de sa famille. Cela faisait vingt-cinq ans cette année. Le souci, c'était qu'elle avait demandé à ce que Chiharu et Haruni l'accompagnent. Forcément, cela rappela à Tegami le terrible danger qu'ils avaient couru à l'époque à cause de l'Invasion des Vites. Ce fut pour cette raison qu'il refusa aussitôt.

« Tegami, je t'en prie, fit-elle d'un ton suppliant. Laisse-moi rendre cet hommage à ma famille.

Je ne t'interdis pas de t'y rendre, nuança-t'il, mais tu n'emmèneras pas les enfants.

Chiharu a le droit de présenter ses respects à ses ancêtres.

Et Haruni ? »

Kaname marqua une pause avant de répondre :

« Je pense qu'il a besoin de retourner là-bas pour se pardonner. »


Tegami se renfrogna. Il lui était toujours aussi difficile d'accepter le fait que son second fils avait participé à l'Invasion !

« C'est trop dangereux, je m'y oppose ! décréta-t'il.

Allons, les Hikari ne sont plus et c'était eux les responsables de l'Invasion. L'Empire de l'Aube est de nouveau sûr. En plus, le peuple de Towa se réjouira de voir le Premier Prince chez eux. »

Kaname avançait d'excellents arguments, mais l'Empereur restait réticent. L'Impératrice finit par se prosterner devant lui.

« Tegami, je te supplie d'accepter. »

Étant donné tout ce qu'elle avait subi autrefois par sa faute, il se sentait naturellement coupable. De ce fait, il ne put refuser en voyant qu'elle était prête à l'implorer.

« Kenryū vous accompagnera avec trois cents hommes de la garde impériale, » imposa-t'il comme condition.

Les larmes aux yeux, Kaname acquiesça et le remercia chaudement.


~*~


Chiharu se réjouit aussitôt en entendant qu'il allait partir en voyage avec sa mère et son petit frère. Cela faisait bien des années qu'il n'avait plus eu l'occasion de quitter Kurojū sauf pour des balades courtes à cheval autour de la capitale. Cette perspective l'enthousiasmait énormément !

« Pourquoi vous ne venez pas avec nous, Père ? s'enquit-il.

Je dois rester pour gouverner, expliqua Tegami en souriant. L'Empereur doit toujours faire passer son devoir avant tout.

C'est vraiment dommage, fit Chiharu d'un air déçu. Bon, je vous rapporterai un cadeau ! »

Tegami sourit devant la gentillesse de son aîné.

Œuvre originale écrite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé mon histoire !

Haruni n'était pas aussi ravi du voyage. Il prit Kaname à partie un peu plus tard dans la matinée, le visage sombre.

« Pourquoi je dois venir avec ?

Ne me dis pas que tu refuserais une occasion de quitter le palais pour deux mois ? » le taquina-t'elle.

En voyant son visage sérieux, elle reprit :

« Je pense que cela te ferait du bien de retourner à Metsūjū.

Après ce que j'ai fait ?!

Haruni, soupira-t'elle, tu n'es pas entièrement responsable.

J'ai tout de même ma part de responsabilité là-dedans, » répondit-il avec obstination.

Elle le regarda un moment avant d'offrir un nouvel argument :

« Tu ne serais pas plus rassuré en nous accompagnant ? Au cas où quelque chose se produirait encore... »

Les yeux dorés s'écarquillèrent et elle sut qu'elle l'avait convaincu.


~*~


Il était d'usage que la noblesse se déplace en carrosse. Toutefois, les garçons pouvaient prendre leurs chevaux pour quelques heures par jour, ce qui permit à Haruni de profiter de l'air frais. Le souci dans le carrosse, c'était que Chiharu parlait sans arrêt. C'était agaçant à la longue. Au moins quand il était à cheval, personne ne cherchait à lui adresser la parole — cela avait parfois du bon d'être un paria ! Le rythme du voyage était assez lent, surtout parce qu'ils étaient nombreux. L'arrêt pour le déjeuner pouvait durer jusqu'à deux heures. En fin de journée, ils s'arrêtaient dans une auberge pour le dîner et y passer la nuit, sans parler du petit-déjeuner le matin. Haruni se disait souvent qu'il aurait eu largement le temps de faire quatre fois l'aller-retour !

« Ce n'est pas la destination qui compte, mais le voyage, fit Kaname en le voyant bouillonner sur place.

Justement, en allant plus vite, on peut voir plus de choses en moins de temps ! » répliqua le garçon.

Cela fit rire l'Impératrice qui était habituée à sa logique très différente.


Chiharu se plaignait lui aussi, mais c'était parce qu'ils n'avaient aucun contact avec les gens des villages et villes qu'ils traversaient. Quand ils se présentaient dans un lieu, les gens se prosternaient et n'osaient pas leur parler. C'était Kenryū qui se chargeait de louer leurs chambres. Ils prenaient leur repas à l'intérieur et c'étaient leurs servants qui s'occupaient d'eux — tous leurs servants n'étaient pas venus, bien sûr, mais chacun avait deux servants avec lui. Il y avait aussi des gardes à leurs portes en permanence, si bien que personne n'aurait pu les approcher. Cela dit, personne n'aurait osé tenter ça.

« Chiharu, expliqua patiemment Kaname, ton frère et toi êtes les descendants des Dieux. Les gens du peuple vous vénèrent et s'estiment indignes de vous adresser la parole.

Pourtant au palais, tout le monde me parle ! protesta le garçon.

C'est parce qu'ils sont habitués à fréquenter la famille impériale. »


Chiharu comprenait la nécessité d'une attitude respectueuse, mais cette vénération ne lui semblait guère justifiée. Haruni pensait comme lui. Quand il partait de Kurojū pour ses voyages en solitaire, il devait tout le temps cacher son identité et mieux encore, éviter les gens. Il avait eu une fois le malheur de se faire reconnaître dans un petit village et il avait failli ne pas pouvoir en sortir : les gens s'étaient prosternés tout autour de lui et refusaient de se relever, le chef du village n'avait cessé de lui proposer l'hospitalité, des hommes s'étaient même proposés pour l'escorter au palais afin qu'il rentre en toute sécurité. Haruni avait cru qu'il devrait se frayer un chemin de force pour sortir de là. C'était toujours mieux pour un dirigeant de pouvoir observer de ses propres yeux la vie quotidienne de ses sujets mais là, à cause du culte de la famille impériale et des Dieux, c'était tout bonnement impossible.

« À Metsūjū, fit Kaname pour rassurer son fils, tu rencontreras de nouvelles personnes qui te parleront, ne t'en fais pas. »

Ragaillardi à l'idée de se faire de nouveaux amis, Chiharu oublia sa morosité.


~*~


Lorsque le convoi passa la frontière de Towa, Kaname prit un air mélancolique et resta bien silencieuse. Même Chiharu nota l'humeur inhabituelle de sa mère. Il tenta de la distraire de son mieux :

« Mère, mère, regardez les écureuils dans la forêt !

« Mère, il pleut souvent dans cette province ?

« Mère, vous voulez que je vous récite un poème de maître Hidashi ?

« Mère... »

Kaname ne lui répondait que brièvement et restait absorbée par ses pensées. Finalement, Haruni, qui l'avait observée en silence et comprenait son état d'esprit, lui prit la main et demanda :

« Kaname, ça va aller ? »

Elle se tourna vers lui et vit l'inquiétude dans le regard doré. Elle vit également Chiharu avec une mine larmoyante. Elle se força à sourire pour le rassurer.

« Désolée, les garçons, j'étais... plongée dans mes souvenirs.

Tu n'étais pas revenue depuis... ? »

Il ne précisa pas l'événement en question, c'était inutile.

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L'Impératrice secoua la tête,

« Je n'avais pas le courage de revenir, avoua-t'elle. Mais Towa fait partie de moi et d'un côté, je suis contente de revoir ma province natale. Sauf que... »

Sauf que plus personne de sa famille ne serait là pour l'accueillir. Cela ternissait le plaisir de revenir.

« Tu as déjà rencontré le régent de Towa ? demanda Haruni pour détourner la conversation.

Oui, il se nomme Haori du clan Mondō. C'était avant un noble mineur de Towa avec une très bonne réputation. Heureusement qu'à l'époque, les Hikari n'ont pas tenté de placer un de leurs laquais !

Towa ne les intéressait pas, » commenta le garçon.

Le seul et unique objectif des Hikari avait toujours été de supplanter la famille impériale. À l'époque de l'Invasion, ils étaient plus qu'influents et avaient déjà suffisamment d'alliés parmi les nobles mineurs et les seigneurs. Alors une province de plus ne les tentait guère.


« En tout cas, poursuivit Kaname en retrouvant un peu d'animation, le seigneur Haori a maintenu la prospérité dans ma province. Il m'envoie tous les ans un rapport détaillé. »

Elle soupira.

« Je compte d'ailleurs profiter de la commémoration pour annoncer sa nomination en tant que seigneur de Towa.

Tu es sûre ? s'enquit Haruni.

Il l'est déjà officieusement depuis vingt-cinq ans. »

Malgré cela, elle avait longtemps débattu avec elle-même à ce sujet. Ce n'était pas rien de renoncer définitivement à la province que son clan avait dirigée depuis des centaines d'années, mais elle devait se rendre à l'évidence : la lignée principale des Hamenoto était pratiquement éteinte. Le seul héritier était Chiharu, qui allait devenir Empereur. Cela ne servirait donc à rien de s'accrocher à ce fief. Mieux valait le remettre à une personne qui le méritait afin que le peuple prospère dans la sécurité. Du coup, elle avait prévenu Tegami qu'elle acceptait l'officialisation du régent de Towa et le Conseil avait approuvé dans la foulée.


À l'époque, les Hikari avaient suggéré quelque chose d'absurde : qu'elle épouse Haori et engendre des enfants de la lignée des Hamenoto. L'idée avait pourtant failli aboutir, ce qui prouvait l'influence de ces maudits magiciens autrefois. Pour dire, Kaname elle-même s'était demandée si ce sacrifice ne serait pas en fait une bonne solution pour faire revivre son clan. Mais son amour pour Tegami avait fini par l'emporter même si à l'époque, leur relation n'était pas du tout cordiale. Au bout du compte, Kaname se sentait encore un peu coupable de ça et elle voulait profiter de cette visite pour implorer le pardon de ses ancêtres. Les temps à venir n'allaient pas être joyeux, voilà pourquoi elle n'avait pas voulu faire le voyage seule. Elle allait avoir besoin de soutien moral.


En parlant de régence, Towa n'était pas la seule province à ne plus avoir de famille seigneuriale : Higawa, l'ancien fief des Hikari, était également dirigée par un régent. Naturellement, la nomination du régent avait engendré de nombreux débats au Conseil à l'époque. En tant qu'unique survivant du clan Hikari, cela aurait dû être à Haruni de décider mais il était hors de question que les conseillers le laissent choisir ! Ils craignaient qu'il ne nomme un sympathisant des Hikari, ce qui lui donnerait plus de pouvoir par la suite. Jamais ils n'auraient pensé qu'en fait, Haruni ne voulait rien entendre au sujet de Higawa. Il avait dit à son père qu'il pouvait nommer n'importe qui, peu lui importait. Au bout du compte, un noble mineur de Higawa accéda au poste de régent, mais seulement après un examen minutieux prouvant qu'il n'était pas et n'avait jamais été un partisan des Hikari. Le régent de Higawa envoyait des rapports annuels au Second Prince qui ne les lisait jamais, ainsi qu'une très belle somme pour ses anniversaires, comme un tribut. Sans doute que ce régent ne tarderait pas à être nommé lui aussi seigneur de Higawa pour de bon.


~*~


Ils arrivèrent à Metsujū sans encombre et furent accueillis chaleureusement par les habitants de la cité.

« Dame Kaname ! Votre Majesté ! » entendait-on sur le passage du carrosse.

Tous gardaient un excellent souvenir de la fille aînée de leur seigneur et ils étaient fiers qu'elle soit devenue Impératrice. Devant un tel accueil, Kaname ne put que sourire et elle n'hésita pas à tirer le rideau du carrosse pour saluer la foule. Chiharu se réjouit de voir sa mère de nouveau heureuse. Haruni quant à lui était assailli par les souvenirs de la Croisade. À l'époque, ils avaient évité la ville pour attaquer directement le palais qui en était isolé. Cela avait été une chance, sinon il ne serait pas resté grand-chose des citadins !


Une fois la ville traversée, le convoi impérial prit le chemin du palais niché au cœur de la forêt. Ils furent reçus en grandes pompes par le régent Haori dans la cour du palais. Haori était un homme de taille moyenne, âgé d'un peu plus de cent ans. Il avait les yeux verts et les cheveux violet clair. À l'époque de sa nomination, il venait à peine de se marier et à présent, il avait eu deux enfants avec son épouse, dame Makito. La famille se prosterna devant Kaname et les deux princes.

« Votre Majesté, vos Altesses, c'est un immense honneur de vous recevoir en ces lieux, fit le régent Haori.

Merci pour votre accueil, » répondit l'Impératrice qui tenta de cacher son trouble.

Elle avait passé toute son enfance dans ce palais et connaissait les lieux sur le bout des doigts. Pourtant, elle était désormais considérée comme une invitée. C'était embarrassant, mais tel était le protocole.

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Haruni balaya la cour du regard et nota que le palais ne portait plus aucune marque de l'attaque qu'il avait subie vingt-cinq ans plus tôt. Tout avait été rénové à l'identique, comme si rien ne s'était passé... Dommage qu'on ne pouvait pas réparer les esprits et les gens de la même manière !

« Mon épouse va vous conduire à vos appartements, poursuivit le régent en interrompant les pensées du Second Prince. Nous avons organisé un banquet en votre honneur ce soir.

C'est fort aimable à vous, régent Haori. »

Kaname se comportait en gracieuse invitée, mais son regard et son sourire crispé trahissaient ses pensées. Cela lui en coûtait beaucoup de voir un autre clan s'être approprié la demeure de ses ancêtres.


Sur le chemin de leurs appartements, Haruni surprit plusieurs regards peu amicaux à son encontre, ainsi que des commentaires murmurés qui n'avaient sûrement rien d'agréables. Depuis le temps, la vérité sur l'Invasion était connue de tous, surtout le rôle joué par les Hikari. Il n'était donc pas étonnant que les gens de Towa ne l'appréciaient guère. De toute manière, il avait l'habitude d'être traité comme ça, alors il ne s'en formalisa pas. Les appartements qu'on leur avait réservés étaient spacieux et luxueux, bien qu'ils ne pouvaient pas rivaliser avec ceux de Kurojū. Il y avait deux chambres séparés — donc les frères allaient dormir ensemble, pour le plus grand plaisir de Chiharu — un séjour avec vue sur les jardins et une salle d'eau. Cinq servants étaient à leur disposition, en plus de ceux qu'ils avaient ramenés de la capitale.

Chiharu manifesta son appréciation :

« C'est très beau. Mère, c'étaient vos appartements quand vous étiez petite ? »

Haruni lança un regard désapprobateur à son frère qui semblait vraiment avoir un don pour remuer le couteau dans la plaie !


« Non, Chiharu, répondit Kaname d'une voix qui ne masquait pas totalement sa peine. J'ai vécu dans l'aile principale avec mon frère et ma sœur.

Oh, comme c'est dommage. J'aurais bien voulu voir vos anciens appartements.

Chiharu ! » le réprimanda Haruni, n'y tenant plus.

L'adolescent lui lança un regard perplexe. Kaname fut bien obligée d'intervenir entre eux avant que cela ne dégénère en dispute :

« C'est bon, Haruni, merci. Chiharu, la famille régente occupe à présent l'aile principale. Ce n'est donc plus chez moi. »

Penaud, Chiharu comprit enfin qu'il s'était montré très maladroit. Il prit la main de sa mère et déposa un baiser sur le dos.

« Votre demeure est désormais à Kurojū, mère, lui assura-t'il, et personne ne viendra jamais prendre votre place ! »

Le bon cœur de son fils la fit sourire.


Le thé fut servi pendant qu'ils se rafraîchissaient à tour de rôle. Quand ce fut le tour de Chiharu, Haruni en profita pour dire à Kaname :

« Tu sais, quand je suis retourné à Hanajū, j'ai été logé dans mes anciens appartements. Je m'y suis senti... comme un fantôme. »

Kaname posa sa tasse de thé pour le fixer avec attention.

« Cela ne fait pas toujours du bien de revenir sur ses pas. Cela nous oblige juste à prendre conscience que les choses ont changé.

Il y a parfois du bon dans le changement, argua la femme. On ne s'en rend pas toujours compte sur le coup, c'est tout. »

Elle soupira.

« Je ne regrette pas d'avoir épousé Tegami et d'être partie vivre à Kurojū, loin de là. Mais le fait de revenir ici me rend triste. Je ne sais pas si c'est à cause de la nostalgie ou bien parce que j'ai perdu toute ma famille. C'est confus. »

Haruni lui tapota gentiment la main. Pour sa part, il ne pouvait pas dire qu'il ne regrettait pas sa vie d'avant mais là, il ne s'agissait pas de lui.


Kenryū se présenta pour s'assurer qu'ils étaient bien installés. Il se montra prévenant envers Kaname, conscient de la peine qu'elle devait ressentir. Elle lui assura que tout allait bien et l'invita à prendre le thé avec eux. Chiharu revint ensuite de son bain et fut ravi de la présence du général. Haruni se retira pour se laver à son tour, conscient de l'ambiance un peu tendue entre le général et lui. Quand il eut fini de se rafraîchir, Kenryū était toujours là et il riait avec Kaname et Chiharu. Il semblait au moins être parvenu à remonter un peu le moral de l'Impératrice.

« Haruni ! l'accueillit son frère. Le général Kenryū est en train de nous raconter ses souvenirs d'enfance. Tu savais qu'il avait grandi avec Père et notre défunt oncle ?

Oui, » répondit laconiquement le garçon en reprenant place à la table basse.

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Une servante de Metsūjū lui resservit aussitôt du thé, tout en lui indiquant l'assiette de douceurs déjà bien entamée par le Premier Prince.

« Merci, Yomi, » fit-il, ayant retenu aisément le nom des servants bien qu'ils ne s'étaient présentés qu'une seule fois.

Cela fit rire son frère.

« Pourquoi tu remercies une servante ? s'étonna-t'il. Elle ne fait que son travail.

Ce n'est pas une raison pour se montrer impoli. »

Chiharu avait déjà pu constater l'impolitesse de Haruni avec leur père et leurs précepteurs, pourtant il se retint de commenter. Quant à Kenryū, il arbora un air dédaigneux.

« Regardez comment ce bâtard essaie de jouer les gentils garçons, songea-t'il. Mais il ne pourra pas longtemps cacher sa vraie nature ! »

Le général se retira alors pour leur laisser le temps de se préparer pour le banquet du soir.


Kaname se tourna alors vers la servante afin de lui demander :

« Yomi, tu sais s'il est possible de se rendre au Pavillon des Ancêtres ? Je voudrais me recueillir en privé.

Je vais demander, votre Majesté, » répondit la femme en s'inclinant.

Elle revint une demi-heure après.

« Le maître vous présente toutes ses excuses, mais le Pavillon est actuellement en préparation pour la cérémonie de demain.

Ah, je comprends, fit l'Impératrice, la déception évidente dans sa voix.

Le maître a promis d'essayer de vous arranger un temps de visite en fin de journée. Cependant, il y aura des prêtres dans le Pavillon.

Peu importe, cela me va très bien ! » s'empressa-t'elle d'accepter.

La servante s'inclina, ravie d'avoir été utile.


Kaname se tourna alors vers les deux garçons et son regard se mit à briller.

« En attendant, nous allons nous occuper de votre tenue et de votre coiffure. Surtout toi, Haruni, je veux que tu fasses bonne figure pour le banquet ! »

Même si Haruni détestait ces séances de torture, il savait que cela allait distraire Kaname de sa mélancolie alors il s'y plia de bonne grâce. Mais franchement, pourquoi les vêtements ici devaient forcément compter sept couches ?! Sans parler des bijoux et de la coiffure ! Du coup, cela les occupa forcément quelques heures.


~*~


Peu avant de se rendre au banquet, un servant vint les prévenir que le Pavillon des Ancêtres était accessible. Kaname se leva gracieusement, les perles de sa coiffure tintant à peine. Chiharu et Haruni la suivirent, ce dernier avec un peu plus de mal vu qu'il avait l'impression de porter son poids en tissu et ornements.

« Dis-toi que cela renforce tes muscles, » se dit-il pour se faire une raison.

Le Pavillon des Ancêtres était le lieu où étaient rassemblées les cendres des membres du clan Hamenoto. C'était l'équivalent d'une crypte ou d'un mausolée pour les Vites. Pour les gens du peuple, on dressait dans chaque maison un petit autel avec les cendres en allant jusqu'à deux générations en arrière, faute de place. Après ça, les cendres étaient rapportées dans un temple où elles étaient répandues dans un jardin consacré. Pour les nobles, on conservait toutes les cendres depuis la première génération, ce qui remplissait aisément une salle entière, voire plus. Dans tous les cas, pour prier les ancêtres, la coutume était d'allumer trois bâtons d'encens et de se recueillir. On déposait aussi des boulettes de riz ou des fruits en guise d'offrandes, voire une coupe de sake.


Kaname et Chiharu pénétrèrent dans le pavillon, mais Haruni resta sur le seuil. Quand l'Impératrice s'en aperçut, elle lui lança un regard interrogateur auquel il répondit :

« Je n'ai pas ma place ici. »

Cela pouvait signifier que, ne faisant pas partie du clan Hamenoto, Haruni n'était pas qualifié pour se recueillir ou faire des offrandes. Cependant, Kaname comprit le véritable sens de ses paroles : ayant participé à l'Invasion, Haruni n'osait pas se présenter devant ceux qu'il avait tué et troubler leur repos. Elle soupira mais ne le força pas. Elle prit des bâtons d'encens et les alluma devant les portraits de ses parents, son frère, sa sœur et son frère, ainsi que leurs familles. Chiharu observa les visages peints avec attention, notant les cheveux roses qui étaient la marque de reconnaissance du clan Hamenoto. Puis il joignit les mains à son tour et pria un moment avec sa mère.


« Mère, fit-il ensuite, je crois que je me souviens un peu d'eux. »

Kaname lui sourit tristement. Chiharu n'avait que quinze ans à l'époque, encore un enfant. De plus, ce n'était pas un événement dont ils avaient souvent parlé depuis.

« Grand-père riait souvent et très fort, continua l'adolescent. Il m'a fait monter à cheval, n'est-ce pas ?

Oui, c'est vrai, se souvint Kaname.

Grand-mère était aussi douce et gentille que vous, tout comme tante Kawakō. Oncle Dōmoru Le nom posthume de Kahiro. (1) n'arrêtait pas de m'ébouriffer les cheveux. Et j'ai joué avec mes cousins et ma cousine.

Ils étaient très heureux de te revoir, confia Kaname. Ils t'aimaient énormément et étaient fiers de toi. »

Chiharu hocha la tête.

« Ils vous aimaient aussi, c'est certain ! » renchérit-il en souriant.

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Émue, Kaname caressa la joue de son fils, le dernier descendant des Hamenoto. Même si le sang de ce clan allait continuer à se perpétuer avec la lignée impériale, ce n'était pas la même chose. Dans les livres d'Histoire, les Hamenoto s'étaient éteints le jour de l'Invasion. La province de Towa allait avoir une autre famille seigneuriale et le Pavillon des Ancêtres serait vidé des cendres du clan précédent au bout de cent ans. Un autre pavillon serait construit entre-temps pour le nouveau clan seigneurial. Kaname inspira brusquement pour retenir ses larmes. Le passé ne pouvait pas être changé, il fallait l'accepter pour aller de l'avant. Et sa venue à Towa avait précisément pour but de l'aider à renoncer au passé, même si c'était très dur.


~*~


Le banquet fut modérément animé car le souvenir des événements tragiques de vingt-cinq ans en arrière était toujours très présent dans toutes les pensées, en particulier à cause de la présence de l'Impératrice. Pour autant, l'ambiance ne fut pas non plus lugubre. Une cinquantaine de personnes étaient présentes : la famille du régent, des nobles mineurs affiliés de loin au clan Hamenoto, des prêtres… Pour ne pas offenser l'Impératrice, les hommes et les femmes dînaient ensemble. Les seuls enfants présents étaient les deux princes ainsi que les enfants du régent, alors ils étaient exceptionnellement placés avec leurs parents, écoutant respectueusement les conversations des adultes.

« Votre Majesté, s'enquit un des nobles, que pensez-vous de l'état de notre Towa ?

La province est prospère, seigneur Tafūki, répondit honnêtement la femme. Le régent Haori en a pris grand soin et il a toute ma gratitude pour cela. »

Le concerné accepté humblement le compliment :

« Ah, je dois dire que le butin récupéré il y a vingt-cinq ans a amplement contribué à la prospérité actuelle ! »


Voyant que tout le monde souriait d'un air entendu, Haruni ne put s'empêcher de demander :

« De quel butin parlez-vous, seigneur Haori ? »

Le régent parut un moment interloqué d'entendre un enfant s'adresser à lui au beau milieu d'une conversation d'adultes, mais il se reprit vite puisqu'il s'agissait du Second Prince.

« Votre Altesse, nous avons pu récupérer une énorme quantité d'acier avec les armures des Vites, expliqua-t'il. C'est un acier bien différent de celui qu'on utilise dans l'Empire de l'Aube : il est bien plus résistant et facile à travailler. Cela explique sûrement pourquoi les Vites ont pu s'en faire des armures.

Même les chevaux étaient couverts d'acier ! se rappela le seigneur Tafūki d'un air ébahi. Quel genre de peuple met des armures sur leurs chevaux ?!

Mmm, peut-être le genre de peuple chez qui l'acier est si courant qu'il ne vaut quasiment rien, » répliqua Haruni avec agacement, ressentant le besoin de défendre les siens.


Mais sa remarque passa inaperçue, tant les gens restaient fixés sur l'idée de chevaux cuirassés. Dans l'Empire de l'Aube, non seulement l'acier était rare en raison du peu de mines, mais en plus la matière était difficile à travailler car les forgerons ne voulaient pas d'un alliage trop divers. Ils étaient obsédés par la pureté, quitte à se compliquer la tâche. Toutes les armes des nobles étaient du meilleur acier forgé une seule fois. Les armes des soldats provenaient d'acier fondu, puis reforgé une deuxième fois. Le reste servait à fabriquer les outils pour le peuple — hache, marteau, scie, clou, etc. — et c'était donc bien plus fragile. Il y avait plus de mines dans les Monts de l'Est, mais aussi des vampires — quoique le sujet était tabou dans l'Empire. Tout cela faisait qu'il n'y avait pas suffisamment d'acier pour fabriquer des armures.


Du coup, les soldats dans l'Empire portaient des armures en cuir épais. Seuls les casques avaient des parties en acier, principalement pour protéger la tête en cas de chute de cheval. Il était étonnant de constater à quel point des différences culturelles pouvaient influer sur l'exploitation du minerai de fer. Dans tous les cas, les armures des Vites de l'Invasion avaient été précieusement récupérées sur les dépouilles et avaient ensuite contribué à relancer l'économie de Towa. Haruni ne savait pas s'il devait s'en réjouir ou le déplorer. C'était sans doute un mélange des deux.


~*~


La grande cérémonie de commémoration eut lieu le lendemain en milieu de matinée. Le prêtre supérieur du temple de Mūfori dirigeait l'événement. Des officiels se relayèrent pour le récit de l'Invasion. Haruni put ainsi entendre des “perfides Vites”, “sans respect pour l'âge de raison”, “cruels et abominables” et autres qualificatifs à la limite de l'injure. Il fallait toutefois reconnaître que c'était largement mérité. Même si la Croisade avait été orchestrée par les Hikari dans l'unique but de tuer le Premier Prince en se servant des Vites comme boucs-émissaires, les Templiers ne s'étaient pas non plus fait prier pour envahir la terre des démons. Haruni soupira. Tant de haine et de peur entre deux peuples, tout ça parce qu'ils étaient très différents. Il leur était pourtant possible de vivre en paix, comme le prouvait Madare. Ce n'était pas parfait, pour sûr, mais cela fonctionnait ! Hélas, depuis l'Invasion, les Vites étaient interdits dans le reste de l'Empire de l'Aube. Il faudrait certainement attendre que les souvenirs s'estompent avant de tenter d'abolir cette interdiction.

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Après la longue cérémonie qui ne fut pas suivie d'un banquet par respect pour les défunts, Haruni prévint Kaname qu'il allait se promener à cheval.

« J'ai mon propre recueillement à faire, » expliqua-t'il.

L'Impératrice ne l'en empêcha pas mais lui assigna cinq gardes impériaux, pour son plus grand déplaisir.

« Nous ne sommes pas à Kurojū, argua Kaname. Ce serait un scandale de voir le Second Prince se déplacer seul. »

Elle ne dit rien de plus mais il y avait également une haine plus vive des Hikari à Towa, surtout en cette période. Même si en tant qu'enfant, Haruni ne risquait normalement aucune attaque physique, la douleur et le ressentiment pouvaient parfois pousser les gens à des extrémités.


Haruni était bien conscient de tout cela, alors il accepta sans protester. Chiharu voulut l'accompagner, désireux de prendre l'air après les obligations de la journée, mais Haruni refusa.

« Demain, si tu veux, offrit-il en guise de consolation.

Pourquoi ? Tu vas où ? insista son frère.

Ne t'occupe pas de ça. »

Bien que Haruni ne se soit pas montré trop sec, Chiharu fit la moue et rejoint sa mère. Haruni soupira et se rendit aux écuries. Yaji semblait impatient de se promener car la monture l'accueillit avec enthousiasme. Les servants préparèrent le cheval, puis Haruni monta dessus. Les cinq gardes l'attendaient à cheval eux aussi et ils quittèrent le palais. Haruni leur ordonna de chevaucher derrière lui à une certaine distance. Cela lui permettrait de s'imaginer qu'il était seul.


Le temps était sec mais venteux. Haruni mit plus de deux heures à se diriger vers le nord, en direction de la baie de Mika. C'était là que les navires des Templiers avaient jeté l'encre autrefois après leur longue traversée de Kaze no Umi. Haruni se rappelait parfaitement du trajet et de l'endroit. Sur une vaste plaine balayé par le vent légèrement iodé, il put contempler l'endroit où les Templiers avaient lutté jusqu'à la mort, attendant en vain que les navires reviennent les chercher. Malgré les souvenirs horribles, Haruni avait tenu à voir cet endroit de ses propres yeux. Il descendit de cheval et l'attacha à un petit arbre. Puis il se tourna vers son escorte et leur ordonna :

« Attendez là. »

Peu concernés, les hommes acquiescèrent. Ils semblaient plutôt mécontents de devoir rester sur une plaine déserte à surveiller un gamin plutôt qu'à pouvoir profiter des tavernes de Metsūjū ou d'autres amusements. Cependant, tel était leur devoir de gardes impériaux, l'élite de l'armée.


Haruni s'avança dans l'herbe verte, son regard balayant la plaine en quête d'un signe infime de la présence passée de ses frères. Mais après vingt-cinq ans, il ne restait naturellement plus aucune trace de la terrible bataille qui avait eu lieu ici et qui s'était conclue par un massacre unilatéral..

« C'est ici que sont morts, Lucius, Marius et Gaïus, » songea Haruni, la gorge serrée.

Il n'avait jamais pu trouver la paix à ce sujet : il avait abandonné ses frères pour suivre Kaname et Chiharu. S'il était resté, les choses auraient-elles été si différentes ? Peut-être qu'il serait simplement mort avec ses frères...

« Tu as sauvé Chiharu ce jour-là, intervinrent les dieux qui l'avaient laissé en paix jusque là. Tu ne le regrettes quand même pas ?

Bien sûr que non, soupira-t'il. Mais cela ne m'empêche pas pour autant de regretter la mort de mes frères.

C'est Chiharu, ton frère, » insistèrent-ils, obsédés par les liens du sang.

Haruni n'était guère d'humeur à discuter de nouveau sur ce sujet.

« Laissez-moi, demanda-t'il. Je veux prier pour eux. »


Il sentit que les dieux étaient offusqués comme toujours quand il pratiquait sa religion, mais ils se turent pour de bon. Haruni inspira et sortit une gourde d'eau remplie. Il fit le signe de la croix pour la bénir. Les Templiers n'avaient pas eu droit à un enterrement catholique : leurs corps avaient été brûlés et les cendres dispersées par le vent. Techniquement, ils ne reposaient donc pas en ce lieu mais Haruni décida tout de même de leur organiser une messe. Cela n'aurait certainement aucun effet sur leurs âmes, mais cela réconforterait un peu le garçon.

« In nomine Patris et Filii et Spiritus Sancti... »

Les mots en latin sonnaient étrangement dans sa bouche, presque comme un blasphème. Il se força à poursuivre. Dieu voyait dans le cœur des hommes, alors IL verrait ses bonnes intentions et pas le fait qu'un démon osait diriger un saint office. Après tout, trois des Archanges avaient été des démons et le quatrième à moitié. Le péché avait été commis depuis longtemps, et par le Pape en personne !

« Requiescat in Pace, » conclut-il en vidant la dernière goutte d'eau bénite devant lui.

Il resta ensuite un long moment à contempler la plaine en quête d'une quelconque manifestation, en vain. Il se sentit alors obligé d'ajouter :

« Mes frère, pardonnez-moi pour tout. »

Les larmes coulèrent le long de ses joues et il serra les poings.


~*~

Œuvre originale écrite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé mon histoire !

Ils quittèrent Metsūjū juste après la fin des célébrations. Kaname avait annoncé que la province de Towa revenait définitivement au clan Mondō. Haori, à présent seigneur de Towa, lui avait solennellement juré de continuer à faire prospérer leur magnifique province. L'Impératrice avait fait bonne figure mais son cœur saignait de toute évidence. Dans le carrosse, Chiharu meublait le silence en parlant de tout et de rien. Kaname et Haruni étaient d'humeur identique, chacun perdu dans se sombres pensées.

« Les gens étaient très gentils à Metsūjū, fit l'adolescent avec un sourire. Je serai content d'y revenir une autre fois.

Tant mieux, Chiharu, » commenta distraitement Kaname.

Le Premier Prince se tourna alors vers son frère et fit :

« Et toi, Haruni, tu as aussi aimé Metsūjū ?

Bah... »


La réponse neutre parut blesser un peu Chiharu.

« Ah, je comprends. C'est parce que tu n'as aucun lien avec Towa... Dis, et si on allait à Higawa la prochaine fois ? »

En entendant le nom de l'ancienne province des Hikari, Haruni se raidit et lança un regard froid à son frère qui recula le plus loin possible dans le carrosse.

« Pourquoi tu voudrais aller là-bas ? » demanda sèchement Haruni.

Cela tira Kaname de sa mélancolie et elle fixa les deux garçons, anxieuse. Chiharu se tritura les manches, une habitude d'enfant qu'il pensait avoir perdue depuis des années.

« Hé bien... les Hikari son ton clan maternel après tout et...

Ne dis plus jamais ça ! siffla le garçon, ses yeux dorés réduits à une fente.

Mais... mais... »


Chiharu était confus. Il savait que c'était un sujet sensible pour son frère, mais il pensait que c'était parce que Haruni avait perdu sa mère et que cela le rendait triste. Alors Chiharu voulait le réconforter et lui assurer que quoi qu'il arriverait, ils resteraient frères et pourraient toujours compter l'un sur l'autre. Mais la réaction de Haruni était plus virulente qu'il n'y s'y attendait et cela le coupa dans sa lancée.

« Tu ne veux pas voir l'endroit où ta mère a grandi ? demanda-t'il malgré tout.

Cette femme n'a jamais été ma mère ! répliqua férocement Haruni. Ce n'était qu'une salope...

Haruni ! » le coupa Kaname.

Il lui jeta un regard défiant.

« Hé bien quoi, ce n'est pas vrai ? »

Là, Kaname ne pouvait guère prendre la défense de l'ancienne concubine. Chiharu, lui, restait sous le choc. Comment Haruni pouvait-il détester sa mère ? Il ne la connaissait même pas ! Les larmes lui montèrent aux yeux.


Haruni se calma aussitôt. Il oubliait parfois l'extrême sensibilité de son frère, bien qu'il ait onze ans de plus que lui. Il tenta alors de se rattraper.

« Écoute, Chiharu, tout le monde n'a pas eu la chance d'avoir une mère comme Kaname, d'accord ? »

L'adolescent saisit aussitôt les mains de son frère.

« Haruni, dans ce cas, je veux bien qu'elle devienne ta mère aussi ! »

Haruni prit un air compliqué.

« Qu'est-ce que tu racontes encore ?

Comme ça, on aura la même mère et nous serons des frères encore plus proches ! » affirma Chiharu, ses yeux azur très brillants.

Haruni parut un peu démuni face à un tel regard.

« Chiharu...

On s'en fiche des Hikari ! Tu es mon frère, mon seul et unique frère en ce monde ! »

Œuvre originale écrite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé mon histoire !

Chiharu fut très content d'être quand même parvenu à délivrer son message d'origine. Il serra Haruni contre lui et ajouta :

« On sera toujours là l'un pour l'autre, pas vrai ? »

Haruni lança un regard à Kaname, mais cette dernière les fixait d'un air attendri. Retenant un soupir, il n'eut pas d'autre choix que de rendre son étreinte à Chiharu.

« Oui, mais il y aura d'autres gens à tes côtés, tu sais, nuança-t'il.

Mon frère sera toujours le plus important pour moi ! » rétorqua Chiharu.

Haruni ne voulut pas se fatiguer à le détromper.

« Et après, on dit que c'est moi qui suis têtu, » songea-t'il avec un sourire mi-amusé, mi-exaspéré.

Il ne regrettait pas d'avoir sauvé cet enfant vingt-cinq ans plus tôt même si à l'époque, il ignorait leur lien de parenté.

« J'ai trahi mes frères pour protéger mon frère, quelle ironie, se dit-il. Mais ma vie entière semble n'être qu'une vaste blague. »

Quoi qu'il en soit, il continuerait à faire ce qui lui semblait être juste, en dépit des sacrifices. Ce ne serait que de cette manière qu'il honorerait la mémoire des morts.


Notes du chapitre :
(1) Le nom posthume de Kahiro.






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