Comment élever un sacrifice 19

Chapitre 18


Nigel fit un cauchemar.

Dans ce rêve, Inas était en train de lui parler quand tout à coup, il devint tout plat et se transforma en peinture. Sur la peinture, Inas continuait de lui sourire et de lui parler, sauf que Nigel n’entendait plus sa voix. Au lieu de ça, ce que disait Inas était écrit dans une petite bulle qui flottait en-dessous.

Inas.

Nigel, je t’aime.

Perplexe, Nigel tenta de répondre mais ses propres paroles, comme celles d’Inas étaient piégées à l’intérieur d’une étrange case et seul le texte apparaissait.

Nigel.

Inas…


Nigel se réveilla, incapable de se rappeler de ce qu’il voulait dire dans ce rêve où ils n’avaient fait que prononcer le nom de l’autre.

« Hum… »

Cela n’avait pas été un rêve agréable.

Nigel faisait souvent des cauchemars. Dans la plupart, il était enfermé ou enchaîné quelque part. À chaque fois qu’il faisait un de ces mauvais rêves, il était horrifié et en avait assez. Mais maintenant, ces rêves-là lui manquaient presque.

Il ne parvenait toujours pas à croire ce qu’il avait entendu la veille. Cela ne semblait même pas réel.

Nigel leva la main pour l’examiner. Des longs doigts, des empreintes au bout et des veines visibles au poignet. Tout était si réaliste, alors il ne pouvait pas se dire que ce n’était qu’un jeu.


Nigel cligna lentement des yeux. S’il laissait son esprit dériver à sa guise, il avait l’impression qu’il allait finir par fuir de nouveau la réalité en se disant que cet endroit n’était pas réel. Il ne voulait pas accepter ça, mais il devait l’accepter s’il s’agissait bien de la vérité. Ce n’était pas le genre de Nigel de fuir éternellement la réalité et de fermer les yeux sur la situation.

« … »

Mais cela ne ferait pas de mal de se détendre un peu. Nigel se débarrassa de ses pensées troublantes en se prélassant dans un bain chaud avec plein de mousse.


* * *


Alors que Nigel était resté suffisamment dans le bain pour fondre, le majordome vint le trouver. Nigel fut bien obligé de sortir rapidement car le vieil homme avait été très surpris par l’excentricité de son maître maladif qui avait demandé de l’eau chaude sans même prendre le temps de manger. Enfilant une fine robe de chambre, Nigel eut un sourire timide.

« Désolé de vous avoir inquiété. Je vais bien.

– Non, je vous en prie. Au fait, seigneur Nigel.

– Hum ?

– Sire Schumach vous attend depuis ce matin. »


Nigel consulta aussitôt l’heure. Il était déjà presque midi, car il s’était levé assez tard. Schumach devait avoir beaucoup de choses à lui dire, étant donné qu’il avait bien voulu l’attendre aussi longtemps.

« Dites-lui que j’arrive tout de suite.

– Vous comptez le recevoir dans cette tenue ? »

La tenue d’intérieur informelle n’était pas faite pour être portée en présence d’étrangers avec qui on n’avait que peu de contact. Malgré ça, Nigel hocha la tête.

Après avoir ressuyé ses cheveux juste assez pour que les gouttes arrêtent de tomber, il se rendit directement au salon.

Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !

Quand Nigel entra, Schumach se leva au bruit de la porte, puis il resta subitement bouche bée. L’homme regarda de haut en bas la tenue quelque peu négligée et se fâcha, avec son visage qui devint tout rouge.

« Mon seigneur, que… Quelle est donc cette tenue ? C’est comme ça que vous recevez les invités… ?

– Nous avons vécu tant de choses ensemble hier, alors quelle importance ?

– Que… ? »

Tu as failli me tuer, j’ai failli te faire tuer, n’avons-nous pas dépassé ce stade à présent ?

Nigel s’assit devant Schumach sans trop hésiter et sans se soucier des manières.

Schumach continua de le fixer d’un œil réprobateur. Il semblait incapable de détacher son regard de lui.


Un peu ennuyé, Nigel présenta ses excuses :

« Désolé de vous avoir fait attendre. Je ne l’ai pas fait exprès… Je viens juste d’apprendre que vous étiez là. Vous êtes très fâché ?

– C’est vrai que j’étais un peu fâché… C’est passé. »

Schumach soupira en fronçant les sourcils, comme si quelque chose ne lui convenait pas.

« Bon, je vais continuer ce que j’étais en train de dire hier, avant que le duc ne disparaisse… Keuf keuf ! »

Cessant de parler, le chevalier se mit soudain à tousser. Ce ne fut pas qu’une petite toux, mais une véritable quinte qui le secoua. Il se couvrit la bouche. Ce ne fut qu’à ce moment que Nigel s’aperçut que l’autre homme avait les joues et les oreilles un peu rouges.

« Vous avez pris froid ?

– Vous deux, vous… vous m’avez endormi et laissé par terre, keuf keuf… »


Cette toux semblait assez sérieuse. Nigel adressa un regard d’excuse à Schumach, qui toussait avec la tête tournée sur le côté.

… Même si on était au printemps, les nuits étaient encore plutôt fraîches. Avec un temps pareil, Schumach avait été plongé dans l’eau et s’était endormi complètement trempé. Alors il avait beau être le chevalier le plus puissant de tout le royaume, c’était normal qu’il soit tombé malade. Nigel appela un serviteur dehors.

« Apporte un fourneau et aussi une couverture. Fais préparer le thé que je bois quand je suis malade. Et qu’on nous prépare aussi un repas léger.

– À vos ordres.

– C’est aussi pour moi, expliqua Nigel à l’intention de Schumach. Si j’attrape un rhume, je serai malade pendant dix jours. Mes vêtements sont un peu trop fins.

– C’est pour ça que vous auriez dû vous habiller plus convenablement ! »


Bien que s’énervant à nouveau face à cette excuse de Nigel, Schumach se calma bien vite. Dès que le thé bien chaud arriva avec le fourneau, son expression s’adoucit, sans doute parce qu’il devait bien souffrir intérieurement. Après tout, les gens comme les animaux se sentaient le plus à l’aise quand ils avaient le ventre plein et qu’ils étaient au chaud.

Nigel fit passer le temps en parlant de choses sans importance. Ce ne fut qu’une fois que les pics émanant de Schumach se rétractèrent que Nigel reparla de ce qui s’était dit la veille.

« Je comprends que vous ne me fassiez pas confiance à cause de ce qui s’est passé hier. Mais je suis sincère quand je dis que je veux vous aider.

– Bien. Je ne suis pas très sûr, mais je veux bien vous croire.

– Alors dites-moi s’il vous faut quoi que ce soit. Je vous aiderai en tout.

– Je n’ai besoin de rien pour le moment. »

Il semblait dire qu’il n’avait pas besoin de sa coopération. Même après tout ce qu’il avait subi, il n’allait pas se montrer docile aussi facilement.

« Ne me dérangez plus pour un rien.

– Entendu. »

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Comme Nigel l’avait craint, cette visite semblait être plus un avertissement qu’une demande d’alliance. De toute manière, même sans l’aide active Nigel, Schumach était censé rassembler toutes les pièces de l’épée. Nigel décida donc de ne pas trop insister auprès de lui.

Cela n’avait été qu’une brève conversation, pourtant Schumach se leva sans hésitation, comme si l’entretien était déjà terminé. Nigel aurait pensé qu’il allait sortir immédiatement mais étonnamment, Schumach s’arrêta devant la porte. Il se tourna et hésita un moment avant de demander :

« Autre chose… Vous allez bien ?

– Je vais plutôt bien, » mentit un peu Nigel.

Bien qu’encore un peu atteint par le choc, Nigel était en temps normal très affaibli. Alors en comparaison, son état actuel n’était pas trop mal.


Schumach avait-il décelé le mensonge ou bien avait-il décidé dès le départ de ne pas y croire ?

Il s’avança en se renfrognant et saisit le poignet de Nigel. Sans se soucier de savoir si Nigel allait être offensé par son manque de manière, il se mit à examiner le jeune homme de la tête aux pieds, regardant son bras ou même sa nuque. Nigel se libéra vigoureusement de sa prise quand l’autre homme voulut écarter son col pour examiner son torse.

« Qu’est-ce que vous faites ?!

– Je regarde s’il y a des traces.

– Des traces de quoi ?

– Vous ne vous êtes pas évanoui hier et il ne vous a pas porté ? »

Schumach aurait dû déjà être endormi mais d’une façon ou d’une autre, il avait dû voir ça. C’était vrai que Nigel s’était évanoui, mais il ne voyait pas pourquoi l’autre examinait son corps. En voyant Nigel le fixer d’un air de totale incompréhension, Schumach s’éclaircit la gorge.


« Je vais bien à présent, assura Nigel.

– Vous êtes sûr ?

– Oui. J’apprécie votre inquiétude, mais je vous prierai de vous abstenir de vous montrer si familier. »

Je me suis bel et bien évanoui, mais c’est quoi le rapport avec des marques sur mon corps ?

Schumach sembla un peu frustré par la réponse du jeune duc.

« Vous ne pouvez pas aller bien. Vous n’avez pas mal au dos ?

– Si, mon dos me fait un peu mal. »

C’était peut-être parce qu’il avait longuement vomi la veille et qu’il s’était endormi roulé en boule. Il n’y avait pas que son dos, il avait mal dans tout son corps.


Schumach hocha la tête d’un air grave.

« Vous avez appelé un médecin ?

– Ce n’est pas grave au point de faire venir le docteur.

– Non, le duc doit se faire examiner par un médecin. Ce serait encore mieux de faire aussi venir un prêtre. »

Un médecin et un prêtre ? Nigel ne pouvait pas comprendre ce que disait soudain l’autre.

La santé de Nigel avait toujours été fragile alors il avait dépensé plus d’argent que le roi pour se soigner. À cause de ça, le manoir du duc avait un docteur attitré qui était aussi compétent que le médecin de la famille royale. Grâce à de généreuses donations, des prêtres compétents du temple étaient également à disposition, prêts à se ruer dès que le duc les ferait mander.

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« J’ignore ce qui vous inquiète… Je me fais régulièrement ausculter par le médecin.

– Qu’est-ce qu’il ausculte exactement ?

– Vous n’avez pas à demander. Pourquoi vous vous montrez si indiscret… ?

– Non, ce n’est pas ce que je voulais dire. »

Schumach secoua la tête, puis il se pencha pour murmurer à l’oreille de Nigel :

« Si c’est à cause d’Idenbach que vous ne pouvez rien me dire… »

Bien qu’ils se trouvaient extrêmement proches, Schumach parlait d’une voix très basse, comme s’il avait peur qu’on l’entende. Ce ne fut qu’à ce moment que Nigel comprit le malentendu avec lui. C’était si absurde qu’il avait mis du temps à s’en rendre compte.


Cet homme soupçonnait Inas, qui avait un grand pouvoir, d’opprimer Nigel. Il ne fallait pas non plus négliger la possibilité que Nigel soit manipulé par des drogues ou par la magie.

« Non, ce n’est pas du tout ça. »

Schumach s’était imaginé tout ça après ce qui s’était passé la veille, il avait une sacrée imagination. Nigel secoua la tête d’un air des plus sérieux mais comme il avait pu le constater la veille, Schumach avait tendance des fois à ne plus rien écouter.

« Bien que je rassemble l’épée de Glarus… je n’ai pas l’intention de m’en servir pour piétiner les plus faibles. C’est également vrai pour vous, mon seigneur. Bien sûr, je ne dis pas que le duc est faible, mais cette affaire est injuste. Je ne peux pas laisser passer ça. »


Nigel s’empressa de nier à nouveau afin de rectifier cet absurde malentendu. Mais on aurait dit que cette hypothèse des plus ridicules s’était déjà fermement implantée dans le cerveau de l’autre homme.

« Ce n’est pas du tout ça.

– C’est peut-être de la magie ou du poison. Je sais que vous avez peur actuellement mais si vous ratez le bon moment, vous ne pourrez plus rien faire contre ça.

– Ce n’est ni du poison, ni de la magie !

– Peut-être que vous ne vous en rendez pas compte. Si c’était un simple roturier, je lui réglerais son compte par la force…

– Vous n’écoutez rien ou quoi ? Vous allez me rendre fou. »


Sans se soucier que Nigel devienne fou et s’agita, Schumach continua dans son petit monde. Il donna des conseils à Nigel avec l’air sérieux d’un chevalier modèle.

« Inas Idenbach est quelqu’un de sinistre.

– Ne dites pas de mal de lui ! »

Nigel se renfrogna, mécontent que l’on insulte son chevalier, mais Schumach prit un air encore plus sérieux.

« Je ne dis pas ça à la légère. C’est un sentiment que je ne peux pas exprimer par des mots. Je me doutais qu’il cachait sûrement ses compétences, mais je n’aurais jamais pensé qu’il savait utiliser la magie… Tout ça ne laisse présager rien de bon. »

Un simple sentiment… Schumach n’avait pas tort de dire ça. Il était vrai que le pouvoir caché d’Inas était monumental. Si cela avait été quelqu’un d’autre, Nigel l’aurait éjecté du manoir une bonne centaine de fois déjà.

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« N’ayez pas peur. Vous n’avez qu’à m’appeler quand le moment sera venu. Je vous aiderai à n’importe quel moment. »

Cela n’aurait servi à rien que Nigel dise que c’était inutile. Schumach le regarda une dernière fois de manière étrange, puis il se tourna et quitta enfin le salon.

Cela n’était pas tout de suite venu à l’esprit de Nigel quand il était entré, mais… À chaque fois que quelqu’un s’approchait de lui, cela semblait être toujours la même chose. Nigel pouvait donc prédire ce qui allait se passer ensuite.

« Je suis sûr qu’Inas va se montrer. »

Après avoir marmonné ce souhait, Nigel regarda autour.

Et comme prévu…

Inas surgit lentement dans les airs.


Note de Karura : Schumach est vraiment trop drôle à se tourner des films ! Cet aspect de sa personnalité n’apparaît malheureusement pas dans le webtoon.

Quant à Nigel, il n’a pas conscience de son charme et ne comprend toujours pas les sous-entendus.

Inas doit fulminer.







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