Chapitre 9
C’était un peu trop facile de prendre pour excuse le fait de ‘je n’ai plus assez de force’. Si Glarus ne se montrait pas en personne, il y avait de fortes chances pour que ce soit parce qu’il avait fait quelque chose d’assez grave pour être pénalisé même dans le temple, son domaine.
Et il y avait aussi de fortes chances pour que ses actions soient dans le but de frapper Inas.
Nigel serra les poings si forts que ses ongles s’enfoncèrent dans sa chair.
« Qu’est-ce que tu as fait ? »
« Réponds-moi franchement ! »
si tu te prosternes par terre pour me supplier,
je pourrais peut-être te donner un indice.]
Bien que ce n’était qu’une phrase et non une voix, le ton moqueur était bien transmis.
Nigel fronça sombrement les sourcils. Il n’arrivait pas à croire que ce sale type était vraiment le dieu qui protégeait l’équilibre de ce monde. On aurait plutôt dit un sale mioche pourri gâté.
« Tu n’es vraiment qu’une ordure. »
« Quoi ?! »
C’était une blague ou quoi ? Nigel se retrouvait traité d’ordure sans la moindre raison et il n’arrivait pas à croire qu’il était en train de se disputer avec Glarus. Alors qu’il voulait balancer une insulte bien sentie, sa langue se bloqua tout à coup, comme figée. Devant Nigel, une autre fenêtre que la fenêtre de dialogue apparut :
le langage employé est automatiquement censuré>
envers votre dieu>
C’était quoi ce bordel ? Nigel en resta estomaqué. C’était ce dieu qui avait commencé le premier à manquer de respect comme s’ils étaient amis ! Nigel voulut déchirer cette fenêtre devant lui, mais il avait bien du mal à bouger sous le contrôle de cette force coercitive. La fenêtre contenant les derniers mots de Glarus tremblait comme s’il riait. Trouvant ça injuste, Nigel serra les poings.
« … »
niveau autorisé. Mais ce qui est sûr,
c’est que je n’ai jamais agi autrement
que dans l’intérêt du monde.]
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
« BIP Qu’est-ce que tu veux dire ?! »
Le mot grossier qu’il allait prononcer fut censuré par le système, ce qui rallongea sa phrase.
Glarus ne répondit pas tout de suite, puis se mit à afficher des phrases lentement et une par une.
Effectivement, si Nigel avait accouru jusqu’ici, c’était bien parce qu’il avait été surpris de ce qu’il avait vu. Il ne pouvait plus fermer les yeux sur ce qui lui avait été caché jusque là.
« Mais je ne comprends pas. »
Glarus répondit ainsi fermement à Nigel qui se montrait têtu.
Des ondulations apparurent au-dessus de la fenêtre, effaçant les mots de Glarus. Ces ondulations laissèrent aussitôt d’innombrables disques grands comme petits à divers endroits. Les bords des disques se craquelèrent un peu pour devenir des roues dentées. Et ces dizaines de milliers de roues dentées qui remplissaient la pièce se mirent à tourner ensemble dans un immense engrenage. Le bruit d’un mécanisme gigantesque résonna comme la mer. Bien que cela ne soit qu’une illusion, cette scène semblait si réelle que Nigel ne pouvait que s’émerveiller des détails sophistiqués.
Cependant, cette scène parfaite comportait une anomalie : un petit caillou. Tout était ralenti et bloqué à cause d’un tout petit élément étranger qui s’était subitement logé entre deux roues.
La roue dentée principale tenta de continuer à tourner, mais ce petit élément étranger solide était fermement coincé et ne se délogeait pas. La roue tourna un peu en grinçant, mais son mouvement n’était plus comme avant.
Nigel ne voulait pas en voir davantage, mais il ne pouvait rien voir d’autre.
L’engrenage qui ne pouvait pas tourner correctement se mit à se fissurer peu à peu. La roue qui avait tourné si parfaitement avant tomba par terre et se brisa, cessant de tourner.
La destruction qui avait commencé en un endroit se répandit à tout le mécanisme. Tout commença à s’effondrer. Tout fut détruit et tomba par terre.
Ce ne fut qu’une fois que tout fut détruit que le petit caillou roula par terre. Le regard de Nigel resta fixé sur cette petite pierre.
Un élément étranger. Pourtant, Nigel se sentait désolé pour ce petit caillou ou plus précisément, pour la personne qu’il représentait. Comme pour se moquer des sentiments de Nigel, les paroles du dieu apparurent dans les airs.
Une pierre ordinaire aurait déjà été broyée
par l’engrenage.]
« … »
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s’est pas encore totalement effondré.]
Si on brisait Inas et qu’on broyait son être tout entier, ce mécanisme enrayé pourrait fonctionner de nouveau.
perd la mémoire session après session. S’ils se
rappelaient de qui s’était passé avant,
tout le monde deviendrait fou.]
« Il me semble que c’est effectivement ce qui t’est arrivé. »
Il aurait voulu plutôt lui dire qu’il était complètement cinglé, mais il énonça ce fait calmement au lieu de lui répliquer violemment. Heureusement, le message put passer.
Tandis que la fenêtre de dialogue disparut comme une illusion, Glarus resta silencieux. Nigel prit ça pour un accord tacite.
Il avait été à la base un dieu qui œuvrait de toutes ses forces pour maintenir l’équilibre du monde, mais il avait fini par devenir fou et haïr toute existence sur terre.
Au bout d’un long moment, Glarus reprit son dialogue comme si de rien n’était :
plus, cela veut dire qu’il est cassé… ou
bien qu’il a atteint ses limites.]
« Réponds-moi franchement : c’est la dernière session ou pas ? »
ne pouvais pas te parler avant.
Mais moi aussi, je suis soumis au système.]
Cette réponse suffisait amplement.
Il y avait de fortes chances pour cette session se termine avec l’effondrement du monde.
Après tant de répétitions, le monde touchera à sa fin une bonne fois pour toute en 284.
« Inas pense qu’il y a peut-être un moyen d’arrêter ces répétitions. »
tu as autant tenter le coup.]
« Tu dis que c’est possible ? »
« … »
J’espère que tu ne feras pas de choix stupide.]
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Cette phrase apparut de manière plus claire que les autres, mais elle disparut aussitôt. Nigel regarda dans la salle de prières où il se tenait seul. Il ne pouvait pas le voir, mais il pouvait sentir que Glarus était parti pour de bon.
Éliminer Inas pour que le monde retrouve son équilibre, ou bien laisser le monde se détruire et Inas périr avec. Dans tous les cas, Inas mourait. Ce serait donc mieux de choisir de sauver le plus grand nombre. Si on regardait la situation objectivement, voilà quel serait le choix à faire. Sauf que…
L’engrenage que lui avait montré Glarus avait été cassé par un simple petit caillou. Mais qu’est-ce que ce caillou, subitement projeté dans ce mécanisme, avait fait de mal ? Devait-il endurer ce poids et cette pression qui le comprimaient comme pour l’écraser, être piégé sans moyen de s’enfuir, puis se faire réduire en morceaux juste parce qu’il gênait ?
Nigel se sentit soudain nauséeux. Son corps fragile réagit aussitôt au choc excessif qu’il venait de recevoir. Nigel ne put rester debout plus longtemps et se laissa tomber à terre en chancelant. Ce faisant, il heurta accidentellement la chaise à côté de lui qui tomba en faisant un grand bruit.
« Jeune seigneur ! »
Après ce cri bref, la porte s’ouvrit et Schumach entra. Que se passait-il ? Même dans cette situation, Nigel se sentit embarrassé, mais l’autre homme s’approcha d’un air calme et le souleva.
« Vous semblez être très malade. Je vais vous ramener chez vous.
– Sire Schumach, nous pouvons très bien nous occuper de lui ici au temple, intervint subitement une femme vêtue d’une tunique blanche de prêtresse.
– Que préférez-vous, jeune maître ? »
En voyant la manière respectueuse dont Schumach lui parlait à présent, ainsi que la rangée de prêtres derrière lui, Nigel comprit ce qui s’était passé.
Apparemment, les gens du temple avaient rapidement découvert son identité. Ils voulaient peut-être le garder ici plus longtemps. Schumach, qui ne connaissait pas toute la situation, avait décidé d’aider Nigel.
Le garçon lui saisit le bras et fit :
« Je dois retourner au manoir tout de suite. »
S’il ne se montrait pas assez clair, il serait coincé ici. La prêtresse, qui aurait bien voulu insister davantage, tressaillit face à ces paroles remplies de détermination.
« Dieu a dit que je devais rentrer. »
<Fausse Révélation> Cette compétence permettait à Nigel de faire passer ses paroles pour les propres mots de Dieu. Comme c’était une compétence qui était d’autant plus efficace que l’interlocuteur était croyant, cette prêtresse qui avait bloqué la sortie se déporta aussitôt sur le côté.
« Seigneur Nigel, votre visite dans notre temple fut un honneur. Serait-il possible que nous discutions plus tard ?
– Une prochaine fois, » répondit Nigel à la prêtresse qui s’accrochait à lui avec regret.
Après ça, il put enfin sortir du temple.
La prêtresse s’empressa de le suivre et fit :
« Puisque vous devez rentrer tout de suite, laissez-moi vous prêter un carrosse. »
Il n’y avait aucune raison de refuser, alors Nigel attendit calmement. Cela dit, c’était un peu gênant d’être dans les bras de Schumach. Il fit donc signe à l’homme qui le portait :
« Vous pouvez me poser.
– Vous tremblez.
– C’est parce qu’il fait froid.
– Comment pouvez-vous avoir froid ici alors que vous vivez dans l’extrême nord du continent ? » contra calmement Schumach à présent qu’il connaissait son identité.
Au lieu de répliquer, Nigel sourit.
« … Je peux quand même avoir froid.
– Si vous avez froid, raison de plus pour ne pas bouger. Mon corps est chaud.
– Non, merci, ça ira… »
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Il n’aimait pas ça, mais il était clair que ça le réchauffait de rester dans les bras de l’autre homme. Le temps que son corps tremblant se calme, le carrosse préparé par le temple s’arrêta devant eux.
Schumach déposa le garçon à l’intérieur, puis monta avec lui. Ce ne fut que lorsque la porte se referma et que l’attelage se mit en route que Nigel remarqua son manège.
« Vous allez me suivre ?
– Vous n’avez pas dit que vous vouliez m’engager ? En plus, c’est le duc de Magnus qui m’a envoyé un message pour me dire de prendre contact avec vous. Il m’a invité au manoir.
– Euh, c’était…
– Vous m’avez reconnu parce que vous avez vu mon visage dans une de vos révélations, comme le prétendent les rumeurs ? » fit Schumach en lui jetant un regard incisif.
Un des objectifs de Nigel pour cette session était de convaincre Schumach de travailler pour lui. Il devait se montrer sincère à tout moment et ne pas se montrer imprudent, car cela serait difficile. Il fallait absolument que Schumach ne songe pas un seul instant à rassembler l’épée.
Nigel fut capable de se ressaisir en songeant à son objectif. Ses tremblements avaient disparu, mais il serra ses mains encore glaciales en des poings serrés.
« Non. Il y a vraiment des rumeurs à ce sujet ?
– Vous n’êtes pas au courant ? fit Schumach avec un regard interrogateur.
– La Révélation n’est pas quelque chose de tout puissant qui me permet de tout savoir.
– Non, je veux parler des rumeurs concernant le jeune maître. Personne ne vous en a parlé ?
– Un enfant comme moi n’a pas à tout savoir.
– C’est bizarre. Vous devriez quand même être au courant de ce qui vous concerne. »
C’était une manière de parler assez franche et directe. C’était peut-être ce genre d’attitude qui lui avait attiré la haine d’Essian, se dit Nigel. Pour sa part, ça ne le dérangeait pas. Au contraire, il appréciait.
« Quoi qu’il en soit, je ne sais rien. Que disent les rumeurs à mon sujet ?
– En fait, il n’y a rien de précis. Il s’agit de plusieurs rumeurs. Elles sont toutes l’une plus exagérée que l’autre, alors beaucoup de gens ne prennent pas ça au sérieux.
– D’accord… » répondit Nigel d’un ton démuni.
Étant donné que son père ne voulait pas associer Nigel au temple, il avait dû répandre toutes sortes de rumeurs. Cela ne servait donc à rien de les écouter toute de suite. Nigel s’adossa contre la banquette du carrosse. Il n’avait pas la force de penser à quoi que ce soit d’autre pour le moment.
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Comme ce n’était déjà pas très loin à pied, l’attelage arriva rapidement au manoir du duc de Magnus. Schumach ouvrit la porte et aida Nigel à descendre.
Quand Nigel sortit du carrosse, il croisa le regard de tous les gens qui se tenaient devant lui : Roshan, plusieurs autres chevaliers et plusieurs domestiques. Et il y avait aussi Inas.
« … »
Les yeux d’Inas le fixaient avec insistance, comme pour vérifier quelque chose.
Note de Karura : Imaginez un peu le pauvre Inas qui se fait un sang d’encre pour son Nigel et qui le voit revenir avec un rival potentiel !
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