Comment élever un sacrifice 4 19

Chapitre 19


« Quelles sont ces absurdités… »

Choqué, Luther jugea aussitôt qu’Etna racontait n’importe quoi. Ces paroles insufflèrent un peu d’espoir en Nigel qui agonisait intérieurement.

Le garçon, qui tenait à peine sur ses jambes, lança un regard désespéré à son père. Le visage de Luther n’était rempli que d’inquiétude et d’angoisse pour Nigel. Il affichait une expression ferme et sans la moindre hésitation. Luther s’avança pour protéger Nigel, mais Etna raffermit sa prise sur son épée.

« Je vous dis que ce n’est pas Nigel. Ne vous approchez pas, père.

– Etna !

– Écoutez-moi et vous allez comprendre, » répliqua Etna d’un ton un peu frustré.

Puis il rapporta à Luther sa conversation avec Nigel de tout à l’heure.

Nigel avait si peur de l’histoire d’Etna qu’il ne put supporter de lever la tête.


Après le long récit, Luther ne dit rien pendant un moment. Bien que bref, ce silence parut durer une éternité à Nigel.

« Arrête de dire n’importe quoi et ferme-la ! » s’écria soudain le duc.

Nigel releva la tête à cause de cette voix rauque. Les yeux de Luther brûlaient d’une rage sans précédent et étaient posés sur Etna. Le jeune homme raffermit sa prise sur Nigel.

« … Père, fit-il.

– C’est normal que des gens en état de choc aient des souvenirs confus. Si ton petit frère a des soucis de mémoire, tu ne devrais pas songer à protéger cet enfant fragile plutôt que de le traiter d’imposteur ? Qu’est-ce qui te prend ?! »

Le torse de Luther se soulevait et s’abaissait violemment à cause de la colère. Il reprit son souffle, essayant de ne pas trop s’énerver.


« Non, je vois, Etna. Tu dois être un peu choqué toi aussi. Nigel est tout à coup devenu le messager de Dieu ou que sais-je, quelqu’un de grandiose.

– Père, je suis…

– Mais tu ne devrais pas le menacer ainsi. Est-ce comme ça que je t’ai élevé ? Même si Nigel était un imposteur comme tu le prétends, allais-tu résoudre le problème en le tuant et en te débarrassant de lui ? »

Le corps d’Etna se mit à trembler. Il fixa Luther d’un air figé, puis rumina ce que son père venait de dire. Il eut un rire d’auto-dérision.

« … Je reconnais que je me suis emporté un peu trop vite.

– Etna, c’est normal de faire des erreurs. Tant que tu n’as pas encore été trop loin, tu peux toujours réparer tes erreurs. »


Etna garda le silence, ses yeux d’ambre regardant dans le vague. Nigel remarqua que ce n’était pas un simple regard vide : les yeux s’agitaient de gauche à droite.

C’était une fenêtre.

Quelqu’un avait ouvert une fenêtre pour Etna, que ce soit le système, un avertissement, une conversation ou autre chose…

Était-ce Glarus ? Essayait-il de piéger Nigel en envoyant Etna ici ? Nigel ne pouvait pas le savoir parce qu’on ne pouvait pas lire le contenu d’une fenêtre destinée à quelqu’un d’autre.

Etna se mordit les lèvres et releva la tête. Sa colère, qui avait paru s’apaiser un peu, ressurgit de nouveau. Il pressa l’épaule de Nigel si fort que le garçon eut mal.

« Oui, c’est de ma faute. Je n’aurais jamais dû agir de manière aussi impulsive. J’aurais dû rassembler petit à petit des preuves contre ce gamin et vous convaincre, père.

– Etna !

– Harold est mort ! »

Tous les deux se mirent à crier en même temps.

Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !

Nigel tressaillit en entendant soudain ce nom. C’était Inas. C’était clairement Inas qui avait fait ça. Etna ne manqua pas les émotions qui défilèrent sur le visage du garçon et son regard sévère se posa sur lui.

« Harold est l’ancien valet de Nigel. C’est celui qui le connaît le mieux et c’est lui qui a tout de suite noté quelque chose d’étrange quand Nigel a changé. Et comme par hasard, il a mystérieusement disparu d’un coup et il est mort. Ce gamin a dû faire quelque chose. On ne peut pas continuer à le laisser faire. À ce rythme-là, non seulement moi mais aussi vous, père, serons en danger ! »

Etna saisit Nigel et le secoua rudement. Son épée acérée lui égratigna la joue, laissant une légère entaille. Le sang et les larmes se mélangèrent, tombant par terre. De son côté, Luther resta perdu en voyant la blessure de Nigel.


Cela ne fit que renforcer la fureur d’Etna.

« Vous ne trouvez pas que ce gamin est bizarre ? Dès que je l’ai vu, j’ai tout de suite senti quelque chose d’étrange. C’était comme un sombre pressentiment, reprit-il.

– Mais de quoi tu parles, bon sang ?

– Mon petit frère n’est pas du tout comme ça. Il s’agit de quelqu’un d’autre. Père, vous ne vous en rendez vraiment pas compte ? Il s’agit pourtant de votre fils ! Regardez-le bien ! »

Comme le demandait Etna, Luther regarda Nigel. Ce dernier haleta parce qu’il ne pouvait pas supporter ce regard scrutateur. Il était choqué par la froideur de son père, qui encore peu de temps auparavant lui disait qu’il l’aimait.


Luther détourna lentement son regard pour le poser sur Etna, l’air sombre.

« Bien, j’ai compris, » fit-il presque en crachant ces mots.

En un instant, il brandit son épée.

« C’est toi, l’imposteur !

– … Père.

– Oui, tu ne peux pas être Etna. Mon fils a été enterré de mes propres mains, c’est sûr et certain. Et toi, qui es soudain revenu à la vie d’un corps glacial… »

Alors que Luther murmurait à voix basse, toute l’affection qu’il avait manifestée avant disparut totalement. Il regarda Etna d’un air très hostile.

« Il est impossible qu’un mort puisse revenir à la vie. J’ai failli vendre mon âme au diable.

– Père, je suis vraiment Etna !

– Ôte tes sales pattes de mon fils ! »

Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !

Etna déglutit fortement. Sa respiration se fit aussi saccadée, comme s’il n’avait jamais pensé à une telle situation. Il s’était montré rude envers Nigel, mais il n’aurait jamais pensé que leur père allait immédiatement se retourner contre lui et le renier.

« … Père, vous devez avoir été complètement ensorcelé. »

Une fois qu’il eut repris son souffle, Etna jeta un regard haineux à Luther.

« Je ne voulais pas y toucher parce que c’est le corps de mon petit frère, mais je pense que ça vaut mieux que de vous laisser continuer à vous faire manipuler. »

Mais la pointe de sa haine était dirigée contre quelqu’un d’autre que son père bien-aimé.

« Etna !

– Vous dites que je suis un imposteur, pourtant vous continuez à m’appeler Etna, » murmura le jeune homme d’un ton bouleversé.


La main qui tenait l’épée trembla. Même si Etna était persuadé qu’il ne s’agissait pas de Nigel, cela restait le corps de son petit frère. Cependant, il raffermit sa prise sur son épée et réprima ses tremblements.

Le corps de Nigel trembla. Il ne pouvait pas contrôler sa terreur. Et au moment où l’épée acérée s’approcha…

La porte s’ouvrit en grand. Sans même regarder, Nigel put dire qui venait d’entrer.

C’était Inas.

Profitant du fait qu’Etna soit distrait pour le moment, Inas s’approcha avec un regard acéré et arracha Nigel des mains d’Etna.

« … »

Tout s’était passé très vite. Le temps que Nigel reprenne ses esprits, il était déjà dans les bras d’Inas.

C’était sûrement pareil pour Luther et Etna qui eurent du mal à comprendre ce qui venait de se passer. La confrontation sévère entre les deux retomba et il ne resta plus que le silence.


Ce silence fut brisé par Nigel qui se mit à tousser. Il n’avait pas été étranglé, mais Etna l’avait tenu par le col pendant tout ce temps, alors sa nuque compressée lui faisait mal. Ce ne fut que là qu’Etna se ressaisit. Il tenta de récupérer Nigel, mais Inas n’allait certainement pas se faire avoir par une attaque maladroite.

Inas serra très fort Nigel contre lui. Le garçon rouvrit les yeux avec du mal et leva la tête pour le regarder, ne voyant que son menton fin. Inas ne semblait pas agité, mais on pouvait clairement sentir sa colère envers son adversaire.

« Idenbach, » appela Luther.

Maintenant qu’il n’y avait plus d’otage, il brandit son épée sans rien craindre.

« Prends Nigel avec toi et partez. Ne laisse personne venir.

– Bien, » répondit Inas sans hésiter, comme si cela avait été son intention dès le départ.


« Non, attendez… »

Nigel voulut protester, en vain. Etna abattit de nouveau son épée vers eux deux, mais son coup fut esquivé.

Inas courut hors du bureau en tentant Nigel dans ses bras, qui tentait de se libérer. À travers l’ouverture de la porte qui se refermait lentement, il put voir Luther parer le coup d’Etna. La peur l’envahit face à cette scène remplie d’intention de meurtre.

« Inas ! » l’implora désespérément Nigel pour qu’il ne parte pas.

Mais Inas ignora les cris du garçon comme s’il n’entendait rien. Nigel eut beau se débattre, il ne parvint pas à se libérer des bras de l’adolescent. Alors il lui serra le bras.

« Inas, Inas, nous devons y retourner. Père, Père… grand frère… »

La scène qu’il avait vue dans l’entrebâillement de la porte était fortement restée gravée dans l’esprit de Nigel. Ce n’était pas censé se passer comme ça.

Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !

Une fois assez loin du bureau, Inas déposa enfin Nigel. Il le soutint car le garçon vacillait à cause de ses jambes faibles. Tout en tenant Nigel et en le regardant droit des les yeux, il fit franchement :

« L’un des deux doit forcément mourir.

– Qu-qu’est-ce que tu veux dire ?

– … »

Inas ne répondit pas à cette question qui servait uniquement à tenter de fuir la réalité. Seuls ses yeux noirs étaient insistants, comme s’ils poussaient Nigel dans des ténèbres sans fin.

Un sourire se dessina lentement sur les lèvres d’Inas. Cela donna la chair-de-poule à Nigel.

« Lequel des deux vous voulez sauver ?

– Les, les deux… »

N’était-ce pas évident ? Luther était son père et Etna était son grand frère, même si Etna était convaincu que Nigel n’était pas son petit frère.


« C’est impossible, je n’ai jamais réussi à sauver les deux.

– Al-alors, il faudrait au moins appeler, appeler à l’aide…

– Qui que l’on appelle, il viendra en aide au duc. »

Le corps de Nigel se mit à trembler. Il le savait très bien. S’ils n’arrêtaient pas le combat mais faisaient venir des gardes, les gens du manoir prendraient le parti de Luther, et pas celui de Taren, qui ressemblait à feu Etna.

Nigel trembla quand il se rendit compte en faveur de qui son cœur avait penché depuis le début. C’était un choix cruel, mais cela semblait naturel pour lui.

« Désirez-vous sauver le duc ? insista Inas.

– Mon, mon père. Oui… »

Luther était le père de Nigel. C’était une certitude. Bien qu’il avait parfois poussé Nigel rudement et l’avait souvent contrarié, cela avait été dans le but de faire de lui le prochain duc. Seul cet amour était réel. Il était bien réel…

Le corps de Nigel trembla alors qu’il baissait la tête.

Pourquoi n’avait-il pas pu se souvenir de tous les moments où son père avait été gentil avec lui avant ça ?


« Ne vous en faites pas, » assura Inas.

Il tint fermement Nigel, dont les yeux vacillaient de confusion.

« Etna ne pourra jamais vaincre votre père.

– Mais mon frère a un plus haut niveau ! protesta le garçon.

– Ce n’est pas une question de niveau. Tout ne se rapporte pas simplement aux niveaux et aux capacités. »

Nigel cligna des yeux. Bien sûr, la différence de niveaux entre Luther et Etna n’était pas bien grande. Cependant, Etna détenait l’épée sacrée et le pouvoir qu’il avait reçu en tant qu’incarnation de Dieu. Bien sûr, Luther était aussi en mesure de se défendre mais si on les laissait se battre seuls comme ça, celui qui avait le plus de chances de perdre était Luther.

Malgré ça, le visage d’Inas ne montrait aucune inquiétude. Il souriait, son regard rempli d’assurance, comme quelqu’un qui avait déjà aperçu toutes les cartes dans le jeu de son adversaire. Ce sourire peint sur son visage comme un masque était un peu effrayant.

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« Pour Etna, Luther est le père qu’il respecte le plus au monde…

– …

– Tandis que pour Luther, Etna est juste un démon qui essaie de tuer son fils. »

L’un ne pouvait pas attaquer de tout cœur, tandis que l’autre attaquait sincèrement pour tuer. S’il y avait un duel à mort entre les deux, le résultat était évident.

Nigel tressaillit comme s’il avait été frappé par la foudre. Il se libéra de l’étreinte d’Inas et courut. Cette fois, Inas ne chercha pas à le retenir. Seul son léger soupir arriva aux oreilles du garçon.


* * *


Même si le manoir était immense, ce n’était pas non plus un château, alors le bureau n’était pas bien loin. Après plusieurs pas chancelants, Nigel arriva enfin au bureau et ouvrit la porte.

Etna gisait au sol.

Il n’avait pas l’air mort. Il n’y avait pas de blessures visibles. Alors que Nigel s’approchait, il put voir son torse se soulever et s’abaisser. Il avait juste cessé de bouger, comme une marionnette dont on avait coupé les fils.

Luther se tenait non loin de lui, son épée en main. Il avait affirmé qu’il allait tuer Etna, mais il n’y était pas arrivé au bout du compte. La pointe de l’épée qui visait le jeune homme tremblait.


Le fantôme de Rimera flottait devant Etna et Luther. L’ancienne comtesse tournoyait avec le visage encore plus pâle.

[ Chéri, chéri, c’est notre garçon. Etna est notre garçon ! C’est mon précieux bébé, alors je t’en supplie !]

Cependant, Luther ne pouvait pas voir sa femme devenue fantôme, pas plus que la voix du fantôme qui résonnait comme une mélopée funèbre n’atteignit ses oreilles. D’un air vide, Nigel contempla le splendide visage de Rimera. C’était sa mère, pourtant elle lui semblait être une étrangère.

Son cœur l’élançait douloureusement. Nigel recula inconsciemment et heurta une statue qui ornait la pièce. Un bruit lourd résonna dans le bureau.


« Nigel ! »

Ce ne fut qu’à ce moment que Luther repéra son fils. Il jeta son épée et s’approcha de lui. Nigel ne put le regarder en face, les yeux rivés sur Etna.

« Papa. Grand, grand frère…

– Ne regarde pas. »

Luther recouvrit les yeux de son fils d’une main. En sentant la main qui tremblait légèrement et la chaleur corporelle, Nigel se nicha dans ses bras. En même temps, il éprouvait le besoin de le repousser.

« Papa. Je, je… moi, ce qu’a dit grand frère, je ne me rappelle vraiment de rien.

– Oublie ces absurdités ! » cria Luther en le serrant fort contre lui.

Il tremblait autant que son fils et se pressait contre lui autant qu’il le serrait contre lui.

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« Ce n’était qu’un imposteur. Tu es mon fils, peu importe ce qu’on peut en dire. Je n’ai pas le moindre doute à ce sujet.

– Papa… »

Les paroles murmurées, le visage sérieux, en voyant tout cela, Nigel sut que Luther croyait sincèrement en lui et n’avait pas été une seule fois effleuré par le doute à cause des paroles d’Etna.

Fou de joie, reconnaissant et en même temps apeuré, Nigel serra désespérément son père dans ses bras. La culpabilité grandit et le dévora petit à petit.

Il pouvait voir Rimera se tenir dans le dos de Luther. Le visage pâle et las, elle criait contre Nigel :

[ C’est toi l’imposteur. Rends-moi Etna. Rends-moi Etna !]

Le cœur de Nigel battit plus vite à cause de ce mauvais pressentiment. Il pouvait entendre le monde s’écrouler au loin. Tout ce que Nigel savait jusqu’à présent s’effondrait. Il sentit sa vision se rétrécir en tunnel, puis il s’évanouit.


Note de Karura : Yep, Nigel n’est pas Nigel. Qui est-il alors ?

Les révélations se poursuivent dans le prochain chapitre !







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