Chapitre 3 : Partir en guerre sans succès
Xu Xingzhi : « ... »
Dire que c'était Meng Chongguang qu'il avait porté sur son dos jusqu'à présent. Xu Xingzhi sentit une sueur froide couler le long de son dos et sur sa nuque.
Le plus important était qu'il ne savait pas comment répondre à ce que venait de dire Meng Chongguang.
Premièrement, ces gens connaissaient manifestement Xu Xingzhi tandis qu'il ignorait comment le vrai Xu Xingzhi se comportait avec eux et l'image qu'ils avaient de lui.
Deuxièmement, Xu Xingzhi n'était pas au clair concernant l'amitié ou la rancœur entre Meng Chongguang et Xu Xingzhi.
En toute logique, puisque Meng Chongguang avait tué leur maître et causé indirectement le bannissement de Xu Xingzhi de leur secte, ce dernier devait donc haïr Meng Chongguang.
Ce qui sauva Xu Xingzhi du danger de son absence de réponse fut la lance aux pampilles.
Pendant qu'il hésitait à répondre, un jet de lumière froide comme la lune et acérée surgit brusquement. La pointe de la lance visait droit le cœur de Xu Xingzhi.
Le jeune homme leva inconsciemment les mains et recula d'un pas en bafouillant :
« … Oh hé ! »
Il regretta aussitôt d'avoir parlé.
Quand il était encore Xu Ping, il avait certains tics de langage. Si Xu Xingzhi n'avait pas été lui aussi une grande gueule, il se serait trahi.
Le temps de ces quelques pensées, Xu Xingzhi entendit subitement un léger son de bris métallique.
— La lance fantôme se brisa juste sous les yeux de Xu Xingzhi.
La pointe de la lance se dirigeait désormais vers le ciel. Le manche était fendu et des échardes blanches apparaissaient à la brisure.
La main gauche de Meng Chongguang était refermée sur la partie brisée de la lance. Ses yeux étaient braqués sans ciller sur le jeune homme qui maniait l'arme. Aucune émotion particulière ne transparaissait dans sa voix :
« … Zhou Beinan, recule. »
Le jeune homme du nom de Zhou Beinan resserra sa prise sur sa lance brisée et ne fit pas mine de reculer.
Voyant que sa menace était inutile, Meng Chongguang ne montra plus aucune pitié : il arracha la pointe de la lance brisée et la lança d'un revers de la main en direction de Zhou Beinan.
Le fantôme esquiva aussitôt, cependant sa nuque se fit érafler et du sang coula soudain.
… Un esclave fantôme contrôlé par un cultivateur fantôme ne pouvait être blessé par les armes ordinaires des cultivateurs. Seules les armes magiques des soldats fantômes pouvaient blesser physiquement un fantôme.
La pointe de la lance s'enfonça dans l'immense rocher derrière lui. Le rocher explosa et tomba en morceaux comme du tofu.
La voix de Meng Chongguang se fit grave :
« … Ne pointe pas cette chose sur mon grand frère martial. »
Zhou Beinan ne manifesta aucune peur. D'un revers du poignet, il fit pivoter le manche brisé de sa lance pour soulever le menton de Xu Xingzhi. Il demanda à Meng Chongguang :
« C'est vraiment Xu Xingzhi ? Tu y crois ? »
Il se tourna vers les autres :
« … Vous y croyez tous ? »
Voyant que personne ne répondait et que l'atmosphère était un peu lourde, Xu Xingzhi leva bravement et honteusement la main et déclara :
« Moi, j'y crois.
– Toi ? ricana Zhou Beinan. Et si tu étais un cadavre réveillé par Jiu Zhideng ? »
Dans son monde, Xu Xingzhi avait lu plein d'histoires fantastiques et il avait entendu parler de cadavre réveillé dans un livre d'horreur.
Un cadavre réveillé était un monstre transformé à partir d'un corps mort. Son apparence, sa façon de parler et ses gestes étaient les mêmes qu'une personne ordinaire. Il pouvait même penser, vivre et manger comme un être vivant. Cependant, le cadavre réveillé avait perdu toutes les émotions de son vivant. Il ne distinguait plus l'amour de la haine, le noir et le blanc étaient inversés, il avait du mal à distinguer la lumière des ténèbres, le chaud et le froid revenaient du pareil au même pour lui. Il agissait uniquement selon les ordres et commandes de son maître.
Zhou Beinan ne perdit pas de temps à parler. Il retira le manche de sa lance et fit apparaître des feux follets au dessus de sa main gauche. Il les projeta directement au visage de Xu Xingzhi.
Les flammes s'arrêtèrent soudain à trois cun Un cun vaut environ 3,33 cm. (1) des yeux du jeune homme.
Les feux follets dégageaient une sensation glacée, pas brûlante. Cependant, le froid mordant fit tout de même apparaître une couche de givre sur le visage de Xu Xingzhi.
Afin de maintenir l'image du vrai Xu Xingzhi qu'il avait déjà failli briser, Xu Xingzhi se força à ne pas ciller et regarda la couche de givre et de neige se former sur ses cils.
Alors que les feux follets brûlaient, l'expression de Zhou Beinan perdit de son assurance antérieure.
Normalement, un cadavre réveillé se tromperait et prendrait ces flammes froides pour des flammes chaudes, ainsi il devrait instinctivement chercher à les éviter.
Zhou Beinan lança un regard incrédule à Xu Xingzhi.
« Comment est-ce possible ? … Tu n'es pas un cadavre réveillé ? »
Xu Xingzhi garda le silence.
Les mains croisées derrière son dos, il lança à Zhou Beinan un regard mystérieux mais rempli de culpabilité.
Zhou Beinan agita la main et les feux follets se dispersèrent en milliers de lucioles bleus qui disparurent.
Le jeune homme gardait toutefois un air soupçonneux. Il se tourna vers Meng Chongguang et fit :
« … Apporte son arme magique, je vais le combattre. Comme ça, je saurai si c'est bien lui ou un imposteur.
– Je possède désormais un corps de mortel, » dut lui rappeler Xu Xingzhi.
Bien entendu, Zhou Beinan n'y crut pas.
« Tu veux dire qu'on t'a retiré tes racines spirituelles ? »
Xu Xingzhi ne confirma ou n'infirma pas.
Zhou Beinan ricana.
« Impossible. À ma connaissance, aucun cultivateur à qui on a retiré ses racines spirituelles n'a pu survivre.
– Oui, à ta connaissance, » répliqua Xu Xingzhi.
Zhou Beinan cessa alors de perdre son temps à parler avec lui et voulut lui saisir le bras.
Cependant avant qu'il ne puisse le toucher, le poignet droit de Xu Xingzhi fut d'abord enserré par Meng Chongguang.
La prise était si forte que Xu Xingzhi faillit perdre l'équilibre.
Meng Chongguang le tira derrière lui pour le protéger et fit d'une voix glaciale et redoutable :
« S'il était un corps réveillé qui osait utiliser le visage de mon grand frère martial, je l'aurai étranglé dès que je l'aurais rencontré. »
Xu Xingzhi : « ... »
Il passa une main sur sa nuque soudain glacée et songea : Qui a éduqué cet enfant ? Il n'a vraiment aucune manière.
Il avait été bien gentil de le porter jusque chez lui et voilà que l'autre voulait en fait l'étrangler.
Mais en songeant au but de son voyage, Xu Xingzhi ne put que se taire.
… Je ne suis pas un bon oiseau moi-même, de toute façon. C'est le corbeau qui se moque du cochon noir. Le corbeau se moque du cochon parce qu'il est noir, cependant le corbeau ne voit pas que lui-même est encore plus noir. Cela veut dire se moquer des autres pour un défaut que l'on possède soi-même sans le voir. (2)
Meng Chongguang marqua une pause et reprit :
« Notre grand frère martial a effectivement perdu son pouvoir spirituel. Je l'ai sondé en chemin : les méridiens dans son corps sont inactifs depuis un bon moment et aucune énergie spirituelle ne circule en lui. »
Après ça, il se tourna vers Xu Xingzhi et sa voix se radoucit aussitôt :
« … Grand frère martial, c'est bien ça ? »
S'il ne devait pas jouer le rôle du grand frère martial qui avait été trahi par lui, s'il ne savait pas que cet homme était un démon céleste meurtrier, s'il n'était pas venu pour le tuer, alors Xu Xingzhi trouverait ce garçon plutôt adorable.
Il résista donc à l'envie de lui caresser la tête et détourna le regard.
Meng Chongguang sentit également sa résistance. Ses yeux s'attristèrent et il ressembla à un chiot qui n'avait pas eu de caresse de son maître.
Zhou Beinan semblait le croire un peu plus, toutefois ses doutes persistaient.
« Tu es sûr que ce n'est pas quelqu'un qui prétend être lui ? »
La femme squelette ne put en supporter davantage :
« Grand frère martial Zhou… »
Le jeune homme réfléchit un moment puis haussa les sourcils, comme s'il venait de trouver un excellent moyen de vérifier.
Xu Xingzhi remarqua le changement dans son expression alors il s'arma de courage et se concentra afin d'être prêt à faire face au prochain obstacle.
Zhou Beinan déclara :
« … Depuis l'enfance, tu m'as donné plus d'une douzaine de surnoms. Si tu arrives à m'en citer trois, je croirai alors que tu es Xu Xingzhi. »
Xu Xingzhi : « … »
Non seulement il lui avait donné des surnoms, et au moins une douzaine pour couronner le tout.
Xu Xingzhi se dit alors que le propriétaire d'origine de ce corps ne devait pas être un grand frère martial bien sérieux.
Cependant, une fois qu'il eut vérifié dans les bribes de souvenirs de Xu Xingzhi, il apprit que le vrai Xu Xingzhi avait réellement fait quelque chose d'aussi puéril.
Il y avait quatre grandes sectes dans la cultivation honorable. Xu Xingzhi et Meng Chongguang étaient deux disciples de la Montagne de la Tombe du Vent tandis que Zhou Beinan était le fils du maître de l'Île du Fleuve Céleste. Les deux autres sectes étaient le Pic du Yang Vermillon et la Vallée de la Pure Fraîcheur.
Les souvenirs du vrai Xu Xingzhi étaient extrêmement épars. Xu Xingzhi put voir que des bribes sans queue ni tête qu'à chaque fois que le vrai Xu Xingzhi et Zhou Beinan se rencontraient, ils se disputaient et se battaient. Ils ne s'entendaient absolument pas. Voilà pourquoi Xu Xingzhi lui avait donné plus d'une douzaine de surnoms, afin de montrer le statut particulier de Zhou Beinan à ses yeux.
Xu Xingzhi ne dit rien un moment puis glana sans problème un premier surnom dans les souvenirs fragmentés :
« Beibei.
– …
– Citrouille. Le premier caractère en chinois pour citrouille est le même Nan que dans le prénom de Zhou Beinan. (3)
– …
– Ah, il y a aussi Gros Zhou. »
Zhou Beinan ne put en entendre davantage :
« … La ferme ! »
La jeune fille aux deux épées pouffa soudain de rire.
Zhou Beinan se sentit humilié et se tourna vers elle pour la gronder :
« Quoi ? Tu trouves ça drôle ? »
La jeune fille n'eut absolument pas peur de lui.
« Mon oncle D'habitude, on peut appeler mon oncle une connaissance plus âgée mais là, c'est vraiment son oncle. (4), je peux comprendre les deux premiers surnoms mais Gros Zhou... »
Xu Xingzhi pointa la tête de derrière Meng Chongguang et la renseigna aimablement :
« C'est parce que quand il avait onze ans, il pesait plus de cent cinquante jin Un jin équivaut à environ 500 g. (5). »
Le visage de Zhou Beinan devint rouge jusqu'aux oreilles. La moitié de lance qu'il tenait tomba par terre.
« … Xu Xingzhi, tu cherches la bagarre ? »
Le concerné se cacha très honteusement derrière Meng Chongguang et fit le mort.
Pendant qu'ils discutaient, une ombre noire se rua vers eux de loin.
… C'était le jeune homme au masque de fantôme qui s'était tenu sur la colline durant la bataille.
Avant que Xu Xingzhi ne puisse réagir, le jeune homme se jeta dans ses bras, sa voix entrecoupée de sanglots :
« Grand frère martial Xu ! »
Ce jeune homme était effectivement très petit, il arrivait à peine au menton de Xu Xingzhi. La moitié inférieure de son visage qui n'était pas cachée par l'horrible masque en fer était très belle et pâle. À première vue, on pouvait se dire que c'était un enfant.
Xu Xingzhi fut pris au dépourvu par son geste mais, en se basant sur le principe qu'il devait feindre la familiarité même s'il ne connaissait pas le nom de l'autre, il lui tapota la tête.
« … En, c'est bien moi. »
Le jeune homme leva la tête et les pupilles sous le masque étaient bleu pâle, rondes et embuées de larmes. Il ressemblait à un renardeau.
« Grand frère martial Xu, cela fait treize ans que je ne t'ai pas vu. Où étais-tu ? »
Xu Xingzhi eut un sourire amer.
… Une seconde, laisse-moi inventer quelque chose.
Cependant avant qu'il n'ait pu imaginer quelque chose, le jeune homme fut séparé de lui par Zhou Beinan.
C'était peut-être son imagination mais Xu Xingzhi trouva que Zhou Beinan tirait encore plus la tête que toute à l'heure. Il désigna la lance par terre que Meng Chongguang venait de briser et ordonna d'un ton indifférent :
« … Répare-la. »
Le jeune homme au masque de fantôme se débattit et protesta :
« Mais grand frère martial est enfin là, j'ai tant de choses à lui demander… »
Zhou Beinan regarda Meng Chongguang du coin de l'œil et força le jeune homme au masque de fer à s'en aller.
« Ce n'est pas à ton tour de lui parler pour le moment. »
Le jeune homme masqué parut comprendre quelque chose et referma docilement la bouche.
Meng Chongguang salua également les autres. Saisissant le poignet droit de Xu Xingzhi, il se dirigea droit vers la tour.
Xu Xingzhi tenta de se libérer de sa prise, en vain. Il ne put que se laisser tirer par lui comme un chien.
Dans le mouvement, il regarda par-dessus son épaule et vit que la femme squelette qui avait soigné les brûlures de Meng Chongguang avait les yeux fixés sur lui.
Quand Xu Xingzhi la regarda, elle baissa précipitamment la tête et fit demi-tour.
Le ruban de soie qui attachait ses cheveux tombait jusqu'à sa taille, flottant au vent comme des vagues tandis qu'elle s'éloignait.
Quand les deux jeunes hommes furent entrés dans la tour, la jeune fille aux deux épées s'approcha du jeune homme au masque de fantôme et demanda d'un ton empli de curiosité :
« Grand frère Lu, c'est donc lui le grand frère martial Xu dont tu parles souvent ? »
Le jeune homme au masque de fantôme était en train de manipuler la lance fantôme cassée. Il fit d'un ton débordant de joie :
« Oui, ah. »
La jeune fille passa une main dans ses cheveux courts mal coiffés.
« Pourquoi je le trouve très frivole ?
– Même si grand frère martial Xu est un peu immoral, il reste le meilleur au monde, » affirma le jeune homme au masque de fantôme.
En entendant ça, Zhou Beinan roula des yeux.
« Peuh. »
Le jeune homme au masque de fantôme se tourna vers lui et se plaignit :
« Pourquoi tu ricanes ? Tu ricanes encore ?! Tu te rends compte de l'énergie que ça va me prendre pour réparer ta lance fantôme ? Tu ne pourrais pas faire plus attention en l'utilisant ?
– … D'accord, d'accord, d'accord, » grommela Zhou Beinan.
Après ça, Zhou Beinan se tourna vers la jeune fille aux deux épées et demanda :
« Ah Wang, où sont Qu Chi et Tao Xian ? »
Zhou Wang répondit :
« Il paraît qu'on a trouvé des pierres spirituelles dans les montagnes au sud. Mon parrain et ma marraine sont allés les chercher. Ils devraient être revenus vers minuit. »
Zhou Beinan réfléchit un moment puis tira sa nièce à part et lui demanda d'un ton grave :
« Et si tu rendais un service à ton oncle ? »
Zhou Wang approcha son oreille de lui et Zhou Beinan lui chuchota quelque chose.
Le jeune homme au masque de fantôme qui était resté sur le côté leva subitement la tête.
« Zhou Beinan, tu soupçonnes encore grand frère martial Xu ?
– … Je suis en train de parler à Ah Wang, pourquoi tu nous espionnes ? » protesta Zhou Beinan.
Le jeune homme répondit d'un ton fâché :
« Tu es mon esclave fantôme. Tes yeux sont mes yeux et tes oreilles sont mes oreilles. Tu crois que je voulais vraiment vous espionner ? »
Zhou Beinan n'eut alors pas d'autre choix que de répondre franchement et honnêtement :
« Cela fait treize ans qu'il a disparu et là, il ressurgit de nulle part. Je suis sûr qu'il a un but caché. N'oublie pas que Jiu Zhideng a toujours voulu nous tuer ! »
En disant cela, il se tourna vers les portes en bronze de la tour et ajouta d'un ton glacial :
« … Surtout Meng Chongguang qui est parvenu à survivre treize années dans les Terres Sauvages. Il y a de fortes chances qu'il soit devenu une grande source de préoccupation pour cet homme ! »
Dans la tour.
Complètement différent de l'extérieur morne et désolé de la tour, l'intérieur avait été rénové et était raffiné et calme. Il y avait même un petit cours d'eau qui parcourait la tour dans un doux murmure. Il y avait des pierres flottantes et des peintures au mur, les ombres calmes occupaient les coins des murs et une légère brume emplissait l'air.
Xu Xingzhi eut soudain l'impression d'être ce pêcheur imprudent qui s'était retrouvé au paradis Sûrement une référence à un conte populaire, mais je ne l'ai pas trouvé. (6).
Meng Chongguang fit un geste doux de la main et une porte en bambou face à l'entrée s'ouvrit alors.
Il fit entrer Xu Xingzhi dans la pièce où se trouvaient des tables, des chaises, un lit avec tout le nécessaire disponible. Il y avait même de magnifiques tentures perlées pour décorer l'ensemble.
Meng Chongguang fit d'un ton doux :
« Grand frère martial, c'est ta chambre. Je l'ai préparée exprès pour toi depuis longtemps. J'ai arrangé les objets comme avant mais je n'ai pas pu tout trouver dans les Terres Sauvages alors ne te fâche pas. Je compte bien trouver rapidement tous les objets que grand frère martial possédait avant. »
Xu Xingzhi feignit l'indifférence :
« En. »
Meng Chongguang tira Xu Xingzhi par la main pour le faire asseoir sur le lit, une lueur étrange dans les yeux.
« Grand frère martial, tu as caressé les cheveux de Lu Yujiu tout à l'heure alors maintenant, tu dois caresser les miens aussi, d'accord ? »
Bien, alors ce jeune homme au masque de fantôme s'appelle Lu Yujiu. Très bien, tu n'auras pas à chercher son nom la prochaine fois que tu le verras.
Xu Xingzhi se dit cela puis, sans regarder directement Meng Chongguang ou répondre à sa requête, il examina les environs.
Ce faisant, son regard tomba sur un exquis éventail en bambou pliable qui était placé debout à la tête du lit et qui avait l'air bien mystérieux.
Xu Xingzhi le prit de la main gauche et l'ouvrit lentement.
Il y avait huit caractères Huit caractères en chinois, bien sûr. (7) écrits en gros sur une face de l'éventail :
Actuellement dans le monde entier, qui peut s'opposer à moi ?
Le numéro un de la Compétition Céleste : Xu Xingzhi de la Montagne de la Tombe du Vent.

Xu Xingzhi : « … »
Meng Chongguang, qui venait de se faire ignorer, s'approcha de nouveau d'un air aimable :
« Grand frère martial, j'ai précieusement conservé ton arme magique. Tu es content ?
– … »
Il se dit que les goûts du propriétaire de ce corps resteraient tout bonnement un mystère pour lui.
Xu Xingzhi voulut remettre l'éventail à sa place d'origine. Au moment où sa main toucha le lit, une liane surgit de sous le lit tel l'éclair pour s'enrouler fermement autour de son poignet gauche.
Il en fut choqué.
« C'est quoi, ça ? »
Meng Chongguang s'écria d'un ton ravi :
« Grand frère martial, tu acceptes enfin de me parler.
– … C'est bon, je vais te parler. Fais partir ce truc. »
La liane épaisse comme un bras d'enfant ne faisait pourtant pas mine de le lâcher.
Meng Chongguang demanda d'un ton rempli d'espoir :
« Quand tu m'as raccompagné ici en me portant sur ton dos, grand frère martial, tu n'as pas dit que tu étais venu dans les Terres Sauvages pour me retrouver ? Je suis là, grand frère martial, alors tu n'as pas besoin d'aller ailleurs, n'est-ce pas ?
– … »
Voyant que Xu Xingzhi gardait le silence, Meng Chongguang ne put cacher sa déception. Il se releva en déclarant :
« Si tu ne veux vraiment pas me parler, j'attendrai. »
Xu Xingzhi comprit qu'il allait vraiment partir alors il ne put retenir un cri anxieux :
« Libère-moi ! »
Meng Chongguang s'avança vers la porte et ses épaules tressaillirent en entendant le cri de Xu Xingzhi. Quand il tourna la tête, il y avait des larmes qui coulaient légèrement de ses yeux.
« Grand frère martial, sois patient pour le moment. Tout ce que je fais, c'est pour toi. Les Terres Sauvages sont vraiment trop dangereuses. Tant que tu restes avec Chongguang, tu seras en sécurité. S'il te plaît, grand frère martial, écoute Chongguang et accepte de rester.
– … »
Si ce n'était pas lui qui était présentement enchaîné et incapable de bouger, rien qu'en voyant l'air chagriné de Meng Chongguang, cent pourcent des gens auraient l'impression que c'était en fait ce dernier qui était étroitement retenu par des lianes.
Xu Xingzhi tenta sa dernière chance :
« Libère-moi, je n'irai nulle part. »
Meng Chongguang réfléchit un moment puis demanda :
« Grand frère martial n'aime pas les lianes ?
– … En, » acquiesça-t'il.
… Les lianes avaient forcément des insectes et Xu Xingzhi avait une peur bleue des insectes.
Meng Chongguang fit alors avec réticence :
« … Bon, dans ce cas. »
Peu de temps après, il sortit de nouveau en refermant la porte derrière lui.
Xu Xingzhi était adossé contre le montant du lit d'un air abattu. La liane qui avait enserré son poignet gauche s'était changée en une chaîne et une menotte en or extrêmement solides, qui étaient à la fois luxueuses et brillantes.
Il toucha la dague à sa taille avec sa main en bois, très malheureux.
… C'est sûrement ça ce qu'on appelle partir en guerre sans succès, bah.
Notes du chapitre :
(1) Un cun vaut environ 3,33 cm.
(2) Le corbeau se moque du cochon parce qu'il est noir, cependant le corbeau ne voit pas que lui-même est encore plus noir. Cela veut dire se moquer des autres pour un défaut que l'on possède soi-même sans le voir.
(3) Le premier caractère en chinois pour citrouille est le même Nan que dans le prénom de Zhou Beinan.
(4) D'habitude, on peut appeler mon oncle une connaissance plus âgée mais là, c'est vraiment son oncle.
(5) Un jin équivaut à environ 500 g.
(6) Sûrement une référence à un conte populaire, mais je ne l'ai pas trouvé.
(7) Huit caractères en chinois, bien sûr.
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