Le méchant est outrageusement beau 9

Chapitre 9 : Un mélange de mensonges et de vérités


Xu Xingzhi en resta interloqué. Il posa une main sur sa joue et ne put s'empêcher de rire. Il fit une chiquenaude sur le front de Chongguang :

« Petite fripouille. »

Chongguang recula d'un pas à cause de la chiquenaude. Il leva les mains à son front et regarda Xu Xingzhi d'un air misérable :

« … »

En le voyait prendre cet air, Xu Xingzhi se demanda s'il n'y avait pas été un peu trop fort.

« Ça fait mal ?

– En. »

Des larmes se rassemblèrent dans les yeux du garçon et il fit la moue.

« … Ça fait mal. »

Non loin de là, Jiu Zhideng se renfrogna légèrement.


Xu Xingzhi croisa les bras et contempla l'enfant qui paraissait sur le point de fondre en larmes à tout moment. Il eut un début de migraine.

« Si tu es un homme, un vrai, tu ne dois pas prendre cet air. »

Chongguang parut perdu, comme si d'immenses perles brillaient dans les eaux brumeuses de ses yeux :

« … »

La peau du garçon était comme du tofu : elle devenait rouge après juste un petit coup, et cela avait l'air très grave.

Démuni, Xu Xingzhi se pencha et souffla un peu sur la zone rouge. Il tapota ensuite sur sa tête pour le diriger vers Jiu Zhideng :

« … Ne fais pas le bébé. Que cela ne se reproduise plus. »


Avec des larmes au coin des yeux, Chongguang tourna la tête vers lui et lui sourit tendrement :

« Oui, grand frère martial Xu. »

Putain, c'est trop mignon.

Xu Xingzhi fit demi-tour et réfléchit tout en marchant. À présent qu'il s'était décidé pour le prénom, quel nom de famille pourrait-il bien lui donner ?

Vu qu'il l'avait recueilli, devrait-il l'appeler Xu ?

Non, si je prends Xu comme nom de famille, mon grand frère ne sera absolument pas d'accord.

À cette pensée, Xu Xingzhi soupira mentalement.

… Mieux valait prendre le livre des Noms de Famille, fermer les yeux et entourer un nom au pinceau, puis prendre le nom entouré quel qu'il soit.


Ayant pris sa décision, Xu Xingzhi vit Zhou Beinan sortir d'un portail de lumière ondulante, sa lance en acier à la main.

Dès qu'il atterrit, le regard de Zhou Beinan tomba sur lui et il roula des yeux en silence si haut qu'ils atteignirent presque le sommet de son crâne.

Xu Xingzhi tint son éventail et s'avança en écartant les bras. Il sourit et fit :

« Regardez un peu qui est de retour. »

Zhou Beinan fit d'un ton méprisant :

« … Tu te dandines comme ça. Tu parles d'une image décente. »

Xu Xingzhi continua de se dandiner.

« Même si je me dandine, les disciples ici doivent quand même encore tous m'appeler "grand frère martial Xu", pas vrai ?

– … Pfff. »


Xu Xingzhi ne fut pas intimidé par lui. Il s'approcha de Zhou Beinan, passa un bras autour de son épaule et tapota son torse avec son éventail.

« Quoi, tu m'en veux encore pour la dernière fois où je t'ai battu durant la Compétition Céleste ? Franchement, comment peux-tu être aussi rancunier ? »

Ainsi saisi par lui, Zhou Beinan renifla froidement :

« Tu as eu un avantage déloyal dans la compétition. Tu devrais avoir honte d'en parler. »

Xu Xingzhi partit d'un rire joyeux.

« Qu'est-ce que tu appelles un avantage déloyal ? »

Il joua avec son éventail, le fit tournoyer et le transforma en une épée courte et acérée.

Il fit tournoyer de nouveau la poignée de l'épée qui se transforma cette fois en une lance dont le manche était orné d'une tête de serpent en bronze.

Xu Xingzhi fit tournoyer la lance plusieurs fois avant de la retransformer en son éventail en bambou.


« Tu n'es pas censé être fort dans les combats à la lance ? »

Xu Xingzhi lança l'éventail de sa main droite dans les airs puis le rattrapa.

« … Et pourtant, tu as perdu contre moi. C'est vraiment humiliant pour toi. »

Zhou Beinan se fâcha pour de bon :

« … N'importe quoi. Tu n'avais pas dit avant le combat que tu n'utiliserais pas ton éventail pourri pour faire tes tours de passe-passe ?

– Par le Ciel, ah. »

Xu Xingzhi écarquilla les yeux.

« On a grandi ensemble et tu crois encore ce que je dis. Gros Zhou, tu es trop adorable.

– … »

Sans ajouter un mot, il dégaina sa lance de derrière son dos et le frappa d'un revers de la main.


Avec cette attaque subite, Xu Xingzhi bondit sur le côté et l'éventail dans sa main se transforma en tenailles. Les tenailles à dents de scie se refermèrent étroitement sur la lance que Zhou Beinan brandissait et en soulevèrent la pointe.

Xu Xingzhi sourit et fit :

« Attention, attention, Xiao Beibei. Je m'excuse ! »

Zhou Beinan n'avait pas également attaqué pour de bon. Voyant que l'autre reconnaissait son erreur, il retira sa lance mais refusa néanmoins de lui pardonner.

« … Comment le seigneur Qing Jing a-t'il pu accepter quelqu'un comme toi comme disciple en chef de la Tombe du Vent ? »

Xu Xingzhi répondit sans la moindre honte :

« Peut-être parce que je suis trop beau, hein ? »

Zhou Beinan : « … »

Qu Chi qui assistait à la scène : « … »


Zhou Beinan se tourna vers Qu Chi :

« … Dis, Qu Chi, tu ne trouves pas qu'il se la pète un peu ? »

Qu Chi ne put s'empêcher de rire.

« … De temps en temps. »

Xu Xingzhi retransforma les tenailles en éventail et s'éventa avec.

« … Beinan, c'est là que tu te trompes. J'ai fabriqué ce Pinceau Libre tout seul et mon maître m'a également donné la permission de m'en servir pendant la compétition. Ce n'est pas déshonorant de ta part d'avoir perdu contre moi, vraiment. »

Zhou Beinan s'empressa de lui jeter de l'eau froide :

« Qu'est-ce que tu peux faire avec ce fichu éventail ? Au final, tu ne t'es pas fait battre à plate couture par Qu Chi ?

– Pourquoi tu dis "à plate couture" ? soupira Xu Xingzhi. J'ai perdu contre lui mais ça s'est joueacute; à pas grand-chose. Dans cinq ans, la première place me reviendra sans aucun doute. Et à ce moment-là, j'inscrirai sur mon éventail ces neuf caractères : "Le numéro un des cultivateurs : Xu Xingzhi de la Tombe du Vent"… »


Il n'eut pas le temps de finir qu'un autre portail de lumière s'ouvrit près des trois jeunes gens.

Un fauteuil roulant en sortit, passant sur les pavés en jade turquoise en craquant.

Un disciple de la Vallée de la Pure Fraîcheur passait justement par là avec un épais ouvrage dans les bras. En voyant le nouveau venu, il se tut aussitôt de frayeur et s'inclina bien bas :

« Bonjour, grand frère martial Wen. »

Le nouveau venu était vêtu d'une tunique turquoise et violette et était aussi mince et sec qu'une cigale. Il portait un bracelet de Foudre Yin et Yang en bois de jujube. Il ne sourcilla pas en entendant le salut mais répondit sèchement :

« … Bien. »


Il fit avancer son fauteuil roulant directement vers les trois jeunes hommes.

« Pourquoi vous faites encore tout un vacarme ? »

Qu Chi souleva le fouet dans sa main et répondit avec un sourire :

« Xingzhi et Beinan se disputent encore. »

Le teint de Wen Xuechen était très pâle mais c'était une pâleur maladive. Ses lèvres avaient même une légère teinte bleutée.

Par conséquent, sa voix était très éthérée, dévoilant une pointe de fragilité :

« … Vous n'avez rien de mieux à faire ? »

Xu Xingzhi posa une de ses fesses sur l'accoudoir du fauteuil roulant de l'autre jeune homme.

« Je viens juste de revenir d'une affaire. Je n'ai donc rien d'autre à faire pour le moment, et bavarder n'est pas interdit. … À ce propos, je trouve que les monstres qui gardent les offrandes manquent de plus en plus d'intérêt. Ils se battent même entre eux. »


Wen Xuechen le lorgna sans rien dire.

« Si vous voulez mon avis, il y a deux sortes de monstres dans ce monde. »

Xu Xingzhi continua à agiter son éventail et à se vanter :

« — les faibles qui sont agréables à pincer et les faibles qui ne sont pas agréables à pincer. »

Zhou Beinan : « … »

Qu Chi : « … »

Wen Xuenchen redressa légèrement le menton :

« Oh ? Vraiment ? Xingzhi n'a vraiment peur de rien en ce monde, ah. »

Le concerné ouvrit son éventail avec élégance et fit avec un rire joyeux :

« C'est évident… »

Il tourna soudain les yeux et cessa aussitôt de respirer.


Wen Xuechen ouvrit la main droite qu'il avait gardé fermée jusque là. Il y avait un immense scarabée à l'intérieur, bien en chair comme un têtard, qui agitait ses antennes et rampait lentement hors de la paume.

Wen Xuechen fit :

« Xingzhi, voici une spécialité des Monts de la Lumière Éminente. J'ai trouvé ça mignon alors j'ai pensé à te le rapporter. »

Assis sur l'accoudoir du fauteuil roulant de Wen Xuechen, Xu Xingzhi s'était pétrifié telle une statue.


* * *


Après un moment.

Chongguang venait juste de se changer et était assis sur les marches en agitant les jambes d'un air désœuvré quand il entendit un hurlement au loin qui transperça le ciel. Il entendit ensuite les éclats de rire de Zhou Beinan.

Ses oreilles frémirent et il bondit des marches.

« Grand frère martial Xu ?! »

Jiu Zhideng était en train d'entretenir son sabre d'un air indifférent. Le visage impassible, il fit calmement :

« Inutile d'aller voir. Grand frère martial doit avoir vu un insecte. »

Chongguang cligna des yeux.

« Grand frère martial a peur des insectes ? »


Jiu Zhideng, qui avait toujours été silencieux et indifférent jusque là, prit un air vaguement animé en parlant de Xu Xingzhi :

« … À chaque Compétition d'Offrandes pour l'Empereur Oriental, grand frère martial va toujours deux semaines en avance dans les cinq montagnes dont il est responsable. D'une part, c'est pour repérer les lieux pour les disciples qui participeront. D'autre part, c'est pour se servir de son pouvoir spirituel afin d'assommer les serpents, insectes, rats et fourmis dans les montagnes pendant deux semaines. Sans ça, grand frère martial n'oserait pas mettre les pieds dans les montagnes. »


* * *


Le gros scarabée qui surgit soudain de la main de Wen Xuechen fit tellement peur à Xu Xingzhi que son corps se couvrit de sueur froide. Sa tête se mit à lui faire mal, ses jambes flageolèrent et il perdit l'équilibre. Il eut soudain l'impression de tomber dans un tourbillon et suite à l'immense force centrifuge, il s'éloignait de plus en plus de ces gens.

Au bout du compte, il tomba sur un lit, étourdi et avec la tête qui lui tournait.

Au moment où il ouvrit les yeux, une vive douleur explosa dans sa tête.

Il pouvait encore sentir l'odeur des sequoias rouges dans ses narines, cependant il avait quitté les souvenirs du propriétaire originel de ce corps pour revenir à la haute tour dans les Terres Sauvages.

… Meng Chongguang n'était pas dans la chambre mais il y avait Zhou Beinan qui se tenait près du lit. Il était penché et remettait en place les oreillers pour Xu Xingzhi.


En se rendant compte que l'autre était réveillé, Zhou Beinan prit soudain l'air embarrassé et désigna les oreillers :

« … Tu transpirais de trop. Je voulais juste changer ton oreiller. »

Après cette explication, il arbora un léger air de "Putain, pourquoi tu te justifies ?".

Il n'y tint plus et fit demi-tour pour partir.

L'esprit de Xu Xingzhi était encore confus. Il ouvrit la bouche et appela :

« Gros Zhou. »

Zhou Beinan, qui avait déjà atteint la porte, s'arrêta brusquement.

Ce surnom parut faire ressurgir les émotions refoulées au plus profond de son cœur. Il fit demi-tour et retourna à grands pas au lit. Il fit d'un ton sévère :

« … Où étais-tu passé ces treize dernières années ?! Qu'est-ce que tu es venu faire dans les Terres Sauvages ? »


Il tendit la main pour saisir le col de l'autre jeune homme mais ne rencontra que du vide.

Cela faisait de nombreuses années que Zhou Beinan était mort et il était devenu un esclave fantôme aux ordres de Lu Yujiu alors techniquement parlant, il n'était plus un être humain. Au pire, il n'était plus que l'arme à forme humaine de Lu Yujiu. Il ne pouvait que se servir de son arme fantôme pour tuer des gens et ne pouvait toucher personne d'autre à l'exception de Lu Yujiu.

Ses mains translucides traversèrent le corps de Xu Xingzhi mais même ainsi, il serra les poings de toutes ses forces.

Il serra les dents et murmura :

« Xu Xingzhi, tu sais que je t'ai cru mort depuis tout ce temps… »


… Xu Xingzhi pouvait en fait entendre une pointe de tristesse malgré ses dents serrées.

Dans les souvenirs épars au début, le propriétaire d'origine de ce corps et Zhou Beinan se battaient dès qu'ils se voyaient. Qui plus est, la première fois qu'ils s'étaient rencontrés dans les Terres Sauvages, Zhou Beinan s'était montré assez agressif envers lui. Il n'avait pas du tout l'air sympathique alors Xu Xingzhi en avait conclu que la relation entre ces deux-là était comme l'eau et le feu Ils ne s'entendent pas du tout et ne peuvent pas supporter la présence de l'autre. (1).

Mais dans ce souvenir complet, leur relation semblait de toute évidence très bonne.


Les pensées de Xu Xingzhi étaient un peu embrouillées actuellement. Il pressa ses mains sur ses tempes insupportablement douloureuses et les massa deux fois afin d'apaiser un peu la douleur.

Après avoir remis de l'ordre dans ses pensées, Xu Xingzhi leva la tête et fit à l'autre jeune homme :

« … On m'a demandé de venir vous tuer. »

Il avoua ça si franchement que Zhou Beinan en resta sidéré.

Après un moment, il demanda :

« … C'est Jiu Zhideng qui t'a fait venir ? »

Xu Xingzhi eut un sourire amer et ne répondit pas.

Sa réaction renforça la conviction de Zhou Beinan qu'il avait vu juste.


Il s'assit au bord du lit.

« Il t'a demandé de tuer Meng Chongguang ?

– C'est bien ça, fit-il en hochant la tête. Chongguang ne se méfierait pas de moi. »

Zhou Beinan prit un air d'illumination puis il eut un sourire de dérision et de fureur :

« Ce sale petit enfoiré, il veut vraiment tous nous tuer, ah. »

Xu Xingzhi poussa discrètement un soupir de soulagement.

… C'était enfin réglé.

Le vrai Xu Xingzhi avait disparu pendant treize années consécutives et là, il avait pris sa place et apparaissait subitement dans les Terres Sauvages. Cela ne pouvait qu'attirer les soupçons sur lui.


En plus, Xu Xingzhi n'avait pas pu tuer Meng Chongguang tout de suite. Alors s'il voulait rester avec ces gens et attendre la bonne occasion pour agir, il devait trouver une raison acceptable pour qu'ils l'acceptent parmi eux.

Et le meilleur mensonge était toujours un mélange de mensonges et de vérité. C'était comme ça qu'il avait l'air le plus plausible.

Comme Xu Xingzhi s'y attendait, Zhou Beinan avait avalé son histoire.

Le jeune homme se pencha en avant et demanda d'un ton grave :

« Il sait que nous allons bientôt trouver la clef des Terres Sauvages ? »


Note de Karura : Xu Xingzhi est vraiment très rusé !

Concernant les flash-backs, nous avons donc fait la connaissance des quatre disciples en chef des grandes sectes. Zhou Beinan est mort dans les Terres Sauvages et a fini en esclave fantôme. Qu Chi a régressé à l'âge mental de cinq ans. Xu Xingzhi est mort et l'âme d'un transmigrateur occupe désormais son corps. Reste à savoir ce qui est arrivé à Wen Xuechen ?


Notes du chapitre :
(1) Ils ne s'entendent pas du tout et ne peuvent pas supporter la présence de l'autre.






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