Chapitre 87 : Mourir neuf morts sans le moindre regret
Où qu’aille Xu Xingzhi, la couche de nuage se déplaçait encore et l’eau continuait de couler, mais tous les insectes de printemps étaient silencieux.
Il y avait bon nombre des disciples Démoniaques sur la Montagne de la Tombe du Vent. En cet instant, aucun d’entre eux ne pouvait parler ou crier. Ils étaient tous avachis par terre, le corps couvert du sueur de la tête aux pieds, la bouche sèche. Ils avaient l’impression que l’air autour d’eux avait été retiré et qu’un monstre invisible s’était infiltré en eux, rongeant leur volonté et la transformant en cendres sans le moindre effort.
Un cultivateur Démoniaque de garde de nuit venait de s’effondrer sur le chemin qui menait au Palais de Bambou Vert. La lanterne qu’il tenait en main était comme lui : avachie sur le sol comme de la boue.
En voyant Xu Xingzhi approcher pas à pas, il devint rouge comme du papier doré mais malgré tous ses efforts, il ne put que faire bouger ses orteils, convulsant comme un chien à l’agonie.
Mais Xu Xingzhi l’ignora, comme s’il voyait seulement un bout de bois pourri ou une pierre hideuse sur la route. Cela ne méritait même pas son regard, alors il se déporta sur le côté et marcha au-dessus de sa tête.
Dans cette nature profondément figée, la seule personne qui se mouvait, Jiu Zhideng, sortit du Palais de Bambou Vert où brûlaient des lanternes. Leur lueur dessina un halo légèrement doré autour de son corps.
Il portait la tunique de la Montagne de la Tombe du Vent et tenait même un rouleau en bambou à la main. Tout était semblable au jeune homme dans les souvenirs de Xu Xingzhi : propre et limpide, paisible comme une lanterne turquoise qui brûlait tranquillement dans une longue et sombre nuit.
Ce jeune homme qui se tenait au sommet des marches fit d’un ton doux :
« Grand frère martial, tu es là. »
Xu Xingzhi ne répondit pas. D’un moulinet du poignet et en levant son bras, la lame brillante de l’épée fut brandie à l’horizontale. La pointe tranchante, qui semblait avoir absorbé dans une certaine mesure un peu du clair de lune, était entourée d’une puissante envie de tuer. Elle fila droit vers la gorge de Jiu Zhideng !
L’image du jeune homme sur les escaliers se flouta avant de disparaître. Quand les marches en pierre explosèrent, l’épée acérée se changea en milliers de pointes lumineuses qui s’éparpillèrent dans tous les sens !
Quand le jeune homme reprit une position fixe, le souffle de l’épée avait déjà agité ses longs cheveux d’un noir d’encre. Il y avait de nombreuses entailles aux manches roulées et du sang humide s’en échappait.
Xu Xingzhi ne lui dit toujours pas un seul mot. Il bondit et se redressa pour aller droit au but.
Il voulait prendre la vie de cet homme ! Là, tout de suite !
Les pointes de lumière se rassemblèrent pour se transformer en un éventail qui retourna automatiquement dans les mains de Xu Xingzhi. Ce dernier saisit l’éventail de sa main gauche et les lamelles en bambou se déplièrent dans un bruissement, devenant un long sabre à la lame rougie. En à peine quelques bonds, le sabre entra en collision avec le fourreau que Jiu Zhideng brandit à l’horizontale. Une colonne de feu s’éleva à une hauteur de trois zhang !
L’envie de meurtre se condensa davantage dans le regard de Xu Xingzhi. D’un revers du poignet, la lame du sabre se rua vers le bord du fourreau, produisant tout au long des étincelles blanches et de toutes les couleurs. Jiu Zhideng s’écarta du tranchant et esquiva agilement.
Ses mouvements étaient rapides et lestes, faisant trois pas pour reculer. C’était exactement le jeu de jambes de l’art de l’épée enseigné à la Montagne de la Tombe du Vent.
Xu Xingzhi serra les dents et s’écria d’un ton vif :
« … Dégaine ton épée ! »
Le jeune homme répondit d’une voix claire et solennelle :
« Je ne dégainerai pas mon épée contre mon grand frère martial. »
Xu Xingzhi sentit uniquement un brasier s’allumer dans ses yeux. Sa tête lui faisait horriblement mal et les flammes dans son torse furent d’autant plus attisées. Il fit un pas en avant, tendit sa main gauche et brandit une lance en argent étincelante. Avec le bout, il fit sauter des mains du jeune homme le fourreau dont il se servait pour bloquer les attaques. Il le poussa ensuite par terre, continua d’avancer de son pied gauche puis posa un pied sur le fourreau au sol. Son pouvoir spirituel s’activa et la lance argentée devint une lance serpent, ce qui lui ajouta soudain un zhang de longueur surgi du néant. Il l’enfonça droit en direction du torse de Jiu Zhideng !
Il n’avait pas besoin d’entendre ses explications ou ses raisons, il voulait juste la vie de Jiu Zhideng !
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
Cependant, Jiu Zhideng s’était longuement entraîné avec lui à l’épée au fil des années et il connaissait ses poins forts. Une fois que Xu Xingzhi serait assez proche de lui, c’en serait fini de lui. Alors il abandonna simplement son épée et battit en retraite, son corps se dissolvant en plusieurs fragments de lumière.
Quand il s’arrêta de nouveau, avant même qu’il ne puisse pousser un soupir de soulagement, il sentit un frisson parcourir son torse. Il bondit instinctivement sur un pied pour reculer.
Xu Xingzhi avait déjà capté la direction dans laquelle allait son flux de pouvoir spirituel et avait aussitôt changé de trajectoire. Il se déplaça comme le tonnerre et la foudre : en un instant, il fondait déjà sur lui !
Jiu Zhideng recula rapidement, Xu Xingzhi continua de s’approcher. Les deux silhouettes éblouissantes glissèrent sur un côté, faisant clignoter les ombres des arbres le long de leur chemin et vaciller les lumières des lanternes.
La pression spirituelle d’Esprit Naissant qui s’agitait obligeait les disciples Démoniaques au sol à fermer les yeux. Leurs visages se plissèrent et se contractèrent. Ils auraient tout donné pour devenir des marionnettes en argile afin d’échapper au tranchant de ces deux-là.
Acculé contre un chêne, Jiu Zhideng bondit sur le tronc et Xu Xingzhi se lança à sa poursuite, sa lance en main.
Cependant, pendant qu’il se trouvait dans les airs, quelque chose d’étrange se produisit soudain !
Alors que Xu Xingzhi se trouvait à six chi du sol, d’innombrables rayons de lumière glacée surgirent du sol. Le pouvoir spirituel se condensa en de longs poinçons à trois faces qui s’enroulèrent avec précision autour de ses quatre membres et se nouèrent ensemble pour l’emprisonner au milieu !
… Jiu Zhideng avait déjà prévu à l’avance une formation à cet endroit ?
Les pieds de Jiu Zhideng se posèrent sur la cime de l’arbre et sa silhouette vacilla légèrement avec la douce brise qui soufflait au sommet.
« Grand frère martial, cesse d’agir dans la précipitation. Je ne veux pas te faire de mal. »
Xu Xingzhi refusa d’écouter ses inepties et se concentra plutôt sur cette étrange formation.
D’ordinaire, les formations étaient dessinées sur le sol, des murs, etc. sur lesquels elles s’appuyaient. Mais là, cette formation était en fait tracée dans les airs…
En une fraction de seconde, Xu Xingzhi se rappela soudain qu’à la bonne vielle époque où tout était en paix, il y avait un jeune homme qui aimait toujours dresser en douce une formation simple dans les airs pendant qu’il se battait contre Qu Chi ou Zhou Beinan. Ainsi, un filament venait les attraper de manière inattendue. C’était soi-disant pour tester leur capacité à réagir en cas d’urgence.
Les yeux de Xu Xingzhi se recouvrirent aussitôt d’un voile rouge.
… Comment Jiu Zhideng osait-il imiter la technique que Wen Xuechen utilisait autrefois ? Comment osait-il ?!
Il serra les dents et secoua son bras droit. Ignorant la dizaine de blessures sur ses coudes, entre son pouce et son index et à sa taille qui avaient été aussitôt entaillés par les longs cônes, il agita sa ‘main droite’ et l’enfonça directement dans un des piliers de lumière.
Quant à la lance qu’il tenait de sa main gauche, elle se transforma en un bouclier d’acier. Ainsi, aussi rapide que le vent, dans un mouvement de balayage instantané, des étincelles surgirent et l’un des poinçons se brisa !
Il n’avait fallu qu’un moment à Xu Xingzhi pour déchirer à mains nues la formation d’emprisonnement invoquée dans le ciel !
Jiu Zhideng savait bien que la main droite de Xu Xingzhi avait été tranchée. Pourtant, quand il vit la main en bois qui la remplaçait, sa gorge se serra. De plus, il n’aurait jamais pensé que Xu Xingzhi serait aussi déterminé et qu’il était prêt à se blesser pour sortir de cette cage. Quand il se rendit compte du danger et voulut esquiver, il était déjà trop tard.
Une fois que Xu Xingzhi fut assez proche de lui, Jiu Zhideng eut plus de mal à continuer. Il fut en difficulté un bon moment, reculant sans cesse durant le combat. De son côté, Xu Xingzhi employa tous les moyens possibles dans le seul but de lui ôter la vie. Il fit apparaître toutes sortes d’armes blanches, des milliers d’outils, des lances argentées et des lances serpents qui dansaient dans les airs. Glacés et l’air grave, les disciples Démoniaques purent tous voir des armes se succéder comme la navette d’un métier à tisser, mais aucun n’aurait su dire exactement combien de fois l’éventail se transforma dans les mains de Xu Xingzhi !
Slash —
Très vite, une ligne écarlate s’ajouta dans ce jeu d’ombre et de lumière des épées.
Une épée courte s’était enfoncée profondément dans le côté gauche du torse de Jiu Zhideng, entrant par le devant et ressortant dans le dos. Du sang en jaillit goutte à goutte, teintant de rouge la tenue de neige.
Au beau milieu, le violent impact de forces spirituelles s’apaisa progressivement.
Jiu Zhideng baissa les yeux vers sa plaie.
On aurait dit que cette blessure en plein cœur ne lui causait aucune douleur. Son visage n’avait un air ni inquiet, ni apeuré. Il étira même un peu vers le haut le coin de sa bouche dont coulait du sang :
« … Xingzhi. »
Après avoir prononcé ces deux syllabes, il vacilla et tomba à genoux. Mais ses yeux étaient humides comme une flaque d’eau. Il le suivit inlassablement du regard, comme s’il avait une foule de choses à lui dire.
Xu Xingzhi regarda ce garçon qu’il avait élevé et qui le regardait de cette manière, et son visage pâlit progressivement.
Il avait cru qu’il était venu dans l’unique but de tuer mais maintenant que c’était fini, il était comme engourdi. Qui aurait cru qu’une fois que les choses se terminerait, il aurait encore si mal.
Xu Xingzhi ne se demanda pas pourquoi l’autre l’avait appelé ‘Xingzhi’. Il se mit à genoux pour passer un bras autour de ses épaules, mais ne sut que lui dire pendant un bon moment.
Et le jeune homme dans ses bras ne prononça pas un mot non plus. Ses yeux se refermèrent, ses lèvres devinrent glacées et plus aucun souffle chaud ne s’en échappa.
Xu Xingzhi s’avachit et serra son corps contre lui, sentant que chaque parcelle de sa peau était d’un froid mordant.
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
Un souffle de vent froid passa et les deux rubans de soie verte attachés à l’arrière de leurs têtes s’envolèrent ensemble, comme deux papillons voletant dans les airs. Ils s’entremêlèrent un moment, puis se séparèrent chacun de leur côté.
Xu Xingzhi n’aurait pas su expliquer d’où venait cette douleur dans son cœur, qui donnait l’impression d’avoir été arraché vif. Il fut obligé de relever la tête pour soulager la douleur brûlante dans sa gorge.
L’instant d’après, il ressentit soudain une terrible douleur à l’os de son épaule droite. La douleur le fit grogner et son corps tomba mollement en arrière, mais il se fit envelopper à ce moment par une paire de bras chaleureux.
La voix un peu froide qui résonna à son oreille lui donna des picotements dans le crâne. C’était comme un coup de tonnerre sur la plaine, engourdissant les membres de Xu Xingzhi :
« … Grand frère martial, tu agis toujours sans réfléchir. »
Tandis que Xu Xingzhi écarquillait les yeux et se faisait allonger faiblement sur le dos, Jiu Zhideng derrière lui enlaça soigneusement ses épaules, de crainte que Xu Xingzhi ne soit mouillé par la rosée du soir et n’attrape froid.
Durant ce contact physique, le bout de son nez renifla par inadvertance le creux du cou de Xu Xingzhi et l’odeur familière de bois d’agar le fit légèrement rougir.
« Cela faisait longtemps, grand frère martial.
– Tu… »
Xu Xingzhi regarda le cadavre qui était tombé sur le dos une fois son support perdu. Une pensée lui traversa l’esprit tel un éclair et un frisson le parcourut.
— Tout à l’heure, le ‘Jiu Zhideng’ qui était sorti du Palais de Bambou Vert était un faux !
Jiu Zhideng avait utilisé un sort d’illusion pour modifier le visage et la voix. Et comme il venait juste de le dire, Xu Xingzhi avait agi sans réfléchir, sous le coup de la colère. Il avait simplement voulu ôter la vie de cet homme sans observer attentivement. Il n’avait ainsi même pas fait attention si Jiu Zhideng s’était servi d’une ruse ou pas !
À présent qu’il était tombé entre ses mains, Xu Xingzhi sentit simplement le sang bouillir dans ses veines.
« Jiu Zhideng ! … Aaah ! … »
Jiu Zhideng tendit la main pour la poser sur l’os de son épaule, injectant une autre vague de pouvoir spirituel dans le corps de Xu Xingzhi. Plusieurs de ses méridiens majeurs furent aussitôt bloqués. Être frappé par un tel état de faiblesse pour un cultivateur revenait à ressentir une douleur abominable, comme si ses os se brisaient. La taille de Xu Xingzhi s’amollit sous l’effet de la douleur, son corps convulsa violemment vers le haut, puis retomba de nouveau dans les bras de Jiu Zhideng. Ses mâchoires se fermèrent étroitement mais il y avait encore des petits cris qui s’en échappaient par intermittence.
Quand il entendit les petits gémissements entre ses dents, la respiration de Jiu Zhideng devint irrégulière. Il détourna légèrement les yeux et prit sur lui.
« Grand frère martial, je t’ai offensé. »
Après ça, comme à l’époque où il s’était occupé de Xu Xingzhi après avoir recopié les textes sacrés Cf ch. 33. (1), il le souleva dans ses bras et le porta au Palais de Bambou Vert.
Contrairement à l’autre fois, Xu Xingzhi était conscient. La douleur d’avoir vu la mort de Jiu Zhideng s’était déjà transformée en un millier d’aiguilles qui mouraient d’envie de transpercer cet homme comme un tamis.
Toutefois, il venait juste de déployer toutes ses forces durant le combat précédent et il avait été frappé par surprise. Son pouvoir spirituel était scellé et son corps bien trop faible pour se relever. Il agrippa le bras de Jiu Zhideng de sa main gauche et tâcha de serrer fort, mais se rendit compte que ses doigts étaient aussi mous que du tofu. Même lorsqu’il parla, la base de sa langue était rigide :
« Jiu… Jiu Zhideng… »
Jiu Zhideng serra plus fort contre lui le jeune homme dans ses bras et ouvrit du pied les portes fermées du palais.
Une fois la pression spirituelle évanouie, les disciples du Dao Démoniaques se relevèrent, encore en difficulté tout à l’heure. Voyant que Jiu Zhideng portait Xu Xingzhi dans ses bras et l’emmenait dans le palais, leurs mâchoires se décrochèrent et ils regardèrent avec ahurissement.
Seul le cadavre qui avait reçu le coup d’épée de Xu Xingzhi à la place de Jiu Zhideng arqua son corps comme un mille-pattes et lâcha un grognement de douleur :
« Xingzhi… Petit frère… »
— Celui qui se tordait de douleur au sol de manière inhumaine, c’était Xu Pingsheng !
Deux intendants de Jiu Zhideng ressuyèrent leur sueur et se dépêchèrent de se rendre près de cet homme. En le voyant se débattre désespérément en sang, ils arborèrent simultanément un air de dégoût.
L’un d’eux fit :
« Qu’est-ce qu’on doit faire de lui ? »
L’autre fixa la marque rouge sur sa nuque et hésita :
« C’est tout de même un cadavre réveillé au service de notre seigneur, alors mettons-le de côté… »
Avant qu’il ne puisse terminer sa phrase, les portes du Palais de Bambou Vert s’ouvrirent à nouveau.
Jiu Zhideng s’était souvenu qu’il y avait quelque chose dehors qui n’avait pas été nettoyé, alors il était ressorti.
Ses yeux se posèrent sur Xu Pingsheng, qui gisait telle une ordure par terre.
Avant que grand frère martial n’arrive, il avait transformé cette personne en cadavre réveillé inférieur et l’avait temporairement marqué. Il avait aussi insufflé en lui une partie de son esprit pour en faire son pantin temporaire.
Xu Pingsheng venait lui aussi de la Montagne de la Tombe du Vent, alors ses mouvements et ses déplacements étaient les mêmes que ceux de la secte. Du moment qu’il esquivait simplement et ne tirait pas son épée durant la confrontation avec grand frère martial, il y avait 70 % de chances que ce dernier ne se rende compte de rien.
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
Jiu Zhideng s’était servi de cet homme pour épuiser les forces de Xu Xingzhi et guetter l’occasion d’agir pour maîtriser Xu Xingzhi. Et Xu Xingzhi avait transpercé cet homme de son épée, ce qui comptait comme s’être vengé de ses propres mains pour le mensonge de cet homme qui avait blâmé un autre.
Cet homme n’avait donc plus aucune valeur à présent.
Jiu Zhideng ordonna brièvement :
« Jetez-le. »
En réponse à ces paroles, la marque rouge temporaire sur la nuque de Xu Pingsheng disparut dans un nuage de fumée.
… Il n’avait pas besoin de ce genre de cadavre réveillé à ces côtés, ce serait tout bonnement répugnant.
La longue épée enfoncée dans le cœur de cet homme avait perdu le soutien du pouvoir spirituel de Xu Xingzhi et avait repris son apparence d’éventail.
Jiu Zhideng leva une main et fit venir l’éventail dans sa paume. Il en nettoya soigneusement le sang du bout de ses doigts calleux, puis il se retourna et fit :
« Meng Chongguang ne va pas tarder à venir, alors préparez-vous. »
Bien qu’un cadavre réveillé ne pouvait ressentir aucune douleur physique, c’était tout de même extrêmement désagréable de se faire transpercer le cœur. Xu Pingsheng était toujours conscient tandis que les deux intendants le tiraient par les jambes pas à pas, l’entraînant dans la montagne comme un chien crevé.
Il ouvrit les yeux à moitié et contempla le ciel, arborant une expression engourdie et confuse.
Il ne se souvenait plus très bien de la raison pour laquelle il était revenu dans la montagne.
— Ils étaient apparemment bien arrivés à la montagne de Qiemo où les disciples de la Montagne de la Tombe du Vent et du Pic du Yang Vermillon avaient convenu de se retrouver. Cependant, le maître n’était pas arrivé. Tandis que les disciples ne savaient plus que faire, il se proposa pour retourner près de la Montagne de la Tombe du Vent afin de voir ce qui se passait. En même temps, il voulait secrètement voir si Yuan Ruzhou, qui s’était portée volontaire pour rester sur la montagne, avait des ennuis avec les cultivateurs démoniaques…
Comment s’était-il fait capturer ?
— Il avait apparemment été négligent et avait oublié que Jiu Zhideng avait également vécu plusieurs années dans la Montagne de la Tombe du Vent. Il en connaissait tous les chemins secrets sur le bout des doigts et il avait même installé exprès un poste de garde bien dissimulé pour les surveiller…
Mais lui-même, qui était-il ? Comment s’appelait-il ?
Il ne s’en rappelait pas.
Comment s’appelait le ‘maître’ qu’il était venu chercher ?
Il ne s’en rappelait pas non plus.
La Montagne de la Tombe du Vent, le Pic du Yang Vermillon, grande sœur martiale Yuan…
Tous les souvenirs dans son esprit étaient comme un rouleau de bambou qui avait été découpé morceau par morceau, devenant de plus en plus fin, jusqu’à ce qu’il ne reste finalement qu’un vaste champ de neige illimité, stérile et inhabité.
Les deux disciples Démoniaques qui le tiraient par les jambes se moquaient naturellement des pensées qui s’agitaient dans son esprit. Ils continuèrent juste de parler entre eux :
« Cet homme cherchait clairement la mort ! J’ai entendu dire que notre seigneur cherchait cet homme du nom de Xu. Qui aurait pensé qu’il allait se jeter dans nos filets et se présenter de lui-même à la montagne ?
– Notre seigneur en veut à cet homme ?
– Ce n’est pas ça ! J’ai entendu dire que cet homme est le grand frère de Xu Xingzhi de la Montagne de la Tombe du Vent. Il l’enviait et le haïssait tellement que ses yeux en étaient devenus verts. Il n’a cessé de mettre en cachette des bâtons dans les rouges de Xu Xingzhi. Et naturellement, tu connais la relation entre ce Xu Xingzhi et notre seigneur, hein ? »
Les deux échangèrent des regards entendus.
Après avoir tiré Xu Pingsheng un bon moment, l’un d’eux se mit à se plaindre :
« Il est vraiment mort de chez mort. Où est-ce qu’on va le jeter ?
– On n’a qu’à le jeter dans ce ravin devant toi. »
Quand le disciple prononça ces mots, il regarda machinalement par-dessus son épaule. Il trembla et lâcha un hurlement.
À un moment ou à un autre, Xu Pingsheng avait ouvert ses yeux en grand, regardant droit devant lui. Il murmura tendrement et d’un ton las le nom qu’il venait juste d’entendre :
« … Xingzhi. »
Entouré par deux disciples Démoniaques effrayés, il reçut des coups de pied comme un ballon de chiffon pendant un moment. Puis il se fit traîner si durement que plus aucune herbe ne repoussa sur son passage. Au bord d’une falaise où il n’y avait plus que le clair de lune brillant, il se fit jeter par-dessus bord d’un coup de pied.
Les deux disciples s’éloignèrent en jurant.
Xu Pingsheng était déjà mort alors même en se brisant les os, il ne ressentit aucune douleur.
Quand les fourmis sentirent le sang et se rassemblèrent autour de lui, Xu Pingsheng leva les yeux vers la lune visible dans le creux entre les parois de la falaise. Il semblait songer à beaucoup de choses mais en réalité, il resta simplement allongé là, ne pensant à rien, ne voulant penser à rien.
Tandis qu’un cadavre gisait au fond d’un ravin et contemplait la lune de printemps, sous cette même lune, Meng Chongguang enveloppa son corps d’une aura oppressante. D’un mouvement horizontal de la paume, il réduisit furieusement en morceaux les portes de la Montagne de la Tombe du Vent.
Il s’était vraiment trompé sur toute la ligne !
Il avait cru que son grand frère martial irait d’abord à la Vallée de la Pure Fraîcheur puis à l’Île du Fleuve Céleste afin de se renseigner sur la situation, avant de se rendre à la capitale du royaume des Démoniaques pour trouver Jiu Zhideng et lui régler son compte. Mais il avait couru à ces trois endroits, tout ça pour rien !
S’il n’avait pas été aussi pressé de retrouver son grand frère martial, il ne se serait pas arrêté après avoir seulement tué une centaine de personnes : il aurait définitivement recouvert de cadavres le palais principal du Dao Démoniaque et le sang aurait coulé à flots !
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
Voyant que les portes de la Montagne de la Tombe du Vent n’étaient pas gardées, Meng Chongguang sut alors que Jiu Zhideng était forcément là.
Cependant, après avoir compris ça, il devint encore plus anxieux.
… Si grand frère martial est venu ici avant moi, comment se fait-il que cet endroit soit aussi tranquille ?
Grand frère martial serait déjà… ?
Cette terrifiante conjecture se confirma irréfutablement lorsqu’il vit que Jiu Zhideng était indemne.
Depuis que Meng Chongguang avait franchi les portes de la montagne, il n’avait pas vu l’ombre d’une personne autour. Seule une cigale avait chanté plusieurs fois du haut d’un arbre, son cri incongru et solitaire, encore plus solitaire plongé dans le clair de lune glacial sur la cour.
Ce ne fut qu’en arrivant au Palais de Bambou Vert qu’il vit Jiu Zhideng assis seul sur les marches devant le palais, contemplant la lune.
Derrière lui se trouvait un demi-cercle d’un portail lumineux de couleur gris bleu qui s’agitait. Les tourbillons à l’intérieur s’entremêlaient et il était difficile de percer leurs ténèbres. Le clair de lune brillant, la porte lumineuse et les ombres, les deux se mélangeaient. Ces deux contraires projetaient les ombres sur Jiu Zhideng.
Il était en train de jouer avec le Pinceau Libre sous sa forme d’éventail entre ses mains, alors que cet éventail ne quittait jamais Xu Xingzhi !
Le visage de Meng Chongguang devint bleu et les muscles sur ses joues furent agités d’un tic et d’un spasme violent. Sa voix résonna comme le grondement d’avertissement d’un fauve :
« … Jiu Zhideng, où est grand frère martial ? »
Jiu Zhideng leva les yeux vers lui à cette question.
Comparé à l’autre jeune homme en face de lui qui avait les poils hérissés et les yeux grands ouverts, Jiu Zhideng se comportait comme un gentilhomme.
« Grand frère martial ? »
Il leva sa main pour désigner le portail lumineux et répondit :
« … Grand frère martial est là. »
Bien que Meng Chongguang avait toujours négligé sa cultivation, était paresseux et pas du tout intéressé d’apprendre, il lui était pourtant arrivé de suivre Xu Xingzhi pour des missions. Ayant exilé plein de Démoniaques et de monstres, il avait donc également déjà vu à quoi ressemblait la porte des Terres Sauvages.
Meng Chongguang fit un pas vers le portail lumineux. Son cœur parut s’être embrasé, tout son corps brûlait de fièvre.
« … Tu as envoyé grand frère martial dans les Terres Sauvages ? »
Jiu Zhideng se pencha lentement en avant et répondit calmement :
« Après que j’ai capturé grand frère martial, il a refusé de se soumettre au Dao Démoniaque et il a aussi blessé un grand nombre de mes disciples. Alors pour le punir, j’ai scellé les méridiens de grand frère martial, détruit ses racines spirituelles et l’ai envoyé dans les Terres Sauvages pour en faire un exemple aux yeux du reste du monde. »
… Ses méridiens scellés, ses racines spirituelles… détruites ?
Ces sept mots tombèrent à l’improviste dans l’oreille de Meng Chongguang, comme sept petites mains se ruant dans son torse pour déchirer en morceaux la chose qui y battait.
Heureusement, Meng Chongguang se ressaisit très vite. Il jeta un regard noir à Jiu Zhideng puis étira lentement le coin de ses lèvres vers le haut.
« N’essaie pas de m’avoir. Jiu Zhideng, tu as caché grand frère martial quelque part. »
… Oui, il l’avait forcément caché.
Jiu Zhideng n’avait toujours éprouvé que de l’amour et de l’admiration pour son grand frère martial, bien que ça ne soit qu’à sens unique. Alors comment aurait-il pu traiter son grand frère martial comme ça ?
Pourtant, si… s’il s’était aperçu qu’il était vraiment incapable de capturer grand frère martial et qu’il ne pouvait pas obtenir ce qu’il désirait, sa rancune et sa colère pouvaient éventuellement se transformer en des sentiments plus obscurs de haine. Il aurait très bien pu jeter son grand frère martial dans les Terres Sauvages juste pour se venger de lui, ne serait-ce pas possible ?
Jiu Zhideng ne s’intéressa pas du tout à son air féroce à l’extérieur mais paniqué à l’intérieur. Il déplia tranquillement le Pinceau Libre et traça soigneusement du bout des doigts les mots écrits comme un dragon qui volait et un phénix qui dansait.
« … À quoi ressemblent les Terres Sauvages, grand frère martial nous l’a souvent raconté à tous les deux. Laisse-moi te poser une question : combien de temps un mortel sans aucun pouvoir spirituel et gravement blessé peut-il survivre là-bas ? »
Meng Chongguang : « … »
Il fit tout son possible pour rejeter cette terrible conjecture et s’approcha pas à pas, mais il ne pouvait pas cacher sa respiration et les battements de son cœur qui devenaient tous deux irréguliers.
« Rends-moi grand frère martial.
– Je te l’ai dit, il est dans les Terres Sauvages.
– Il n’est pas là-bas ! » cria soudain Meng Chongguang.
Dès que sa voix s’éleva, son apparence démoniaque apparut. Une touche de rouge fit une volute au coin de ses yeux et il activa son pouvoir spirituel d’un mouvement de la paume. Toutefois, Jiu Zhideng ressemblait lui aussi actuellement à un démon avec ses pupilles rouges. Ces paroles étaient chargées d’un lourd sarcasme sous-entendu :
« Meng Chongguang, je sais que ton niveau de cultivation est au moins Esprit Naissant, mais moi aussi. Es-tu si sûr que tu vas pouvoir me tuer sur-le-champ ? »
Parmi les modulations de sa voix, son ton s’abaissa, comme s’il murmurait :
« Grand frère martial est gravement blessé et il se trouve dans les Terres Sauvages. Chaque seconde que tu perds ici met un peu plus grand frère martial en danger là-bas. Tu préfères donc rester ici et me combattre plutôt que d’aller l’aider, est-ce là la valeur de ton amour pour lui ? »
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
Meng Chongguang réprima de force l’impression que des aiguilles s’enfonçaient dans son torse. Il tâcha de son mieux de réfuter rationnellement :
« Il n’est pas dans les Terres Sauvages !
– Et s’il y était ?! » fit soudain Jiu Zhideng d’un ton sévère.
Meng Chongguang eu soudain l’impression de recevoir un gros coup de massue sur le crâne. Son dos devint brûlant et couvert de sueur. Un nœud coulant sembla s’enrouler autour de son cou avec juste ces cinq petits mots :
… Et s’il y était ?
Et si…
À cet instant, Jiu Zhideng agita sa manche et le portail lumineux devint un rayon de lumière qui disparut dans sa manche.
« Si tu refuses d’y aller, alors je ne t’y obligerai pas. Prends donc ça. Grand frère martial n’en aura à présent plus besoin. »
Sur ces mots, Jiu Zhideng lança le Pinceau Libre. L’éventail émit un bruit comme le battement des ailes d’une colombe et s’envola.
Une lueur passa dans le regard de Meng Chongguang qui bondit instinctivement pour l’attraper. Il se rendit alors compte qu’autre chose avait suivi le Pinceau Libre, un fin rayon de lumière. Le portail lumineux semi-circulaire ouvrit sa gueule béante en silence, engloutissant le jeune homme et le Pinceau Libre en une bouchée !
Meng Chongguang ne put même pas pousser un cri : il se fit envoyer irrémédiablement dans les Terres Sauvages.
Le silence revint devant le palais.
Jiu Zhideng regardait le vortex du portail lumineux qui tournoyait sans fin dans le ciel. La couleur rouge menaçante de ses yeux disparut lentement. La porte de lumière se réduisit peu à peu, se condensant en un point lumineux qui retourna dans la manche de Jiu Zhideng.
Il rabattit sa manche et arbora un sourire, chose très rare pour lui.
Jiu Zhideng avait bien compris que ce serait nettement plus facile de s’occuper de Meng Chongguang que de son grand frère martial.
Il n’y avait jamais eu que Xu Xingzhi dans le cœur de Meng Chongguang. Hormis lui, rien ni personne ne pouvait entrer dans son cœur.
Alors du moment que Jiu Zhideng s’emparait de grand frère martial puis le provoquait un peu, semant le doute en lui, Meng Chongguang était condamné à devenir son oiseau en cage.
Après s’être bien moqué de Meng Chongguang, qui était tombé dans les Terres Sauvages et avait disparu sans laisser de traces, Jiu Zhideng leva les yeux pour contempler la lune un moment, examinant ses émotions actuelles.
… Devrait-il être heureux ?
La chute des quatre grandes sectes, une partie des disciples dispersée, l’autre partie morte. Son grand frère martial capturé par lui et Meng Chongguang dupé par lui pour finir dans les Terres Sauvages.
À présent qu’il avait enfin assis son autorité en tant que seigneur du Dao Démoniaque, la prochaine étape serait de remettre sur pied les quatre sectes, faire du tri dans le Dao Démoniaque, préserver les préceptes, respecter scrupuleusement les intentions d’origine et ainsi guider le Dao Démoniaque vers la lumière.
À partir d’aujourd’hui, le Dao honorable et le Dao Démoniaque avaient fusionné. Il n’y avait plus aucune différence.
Au bout du compte, il était passé d’un otage abandonné au seigneur de tout le Dao.
À cette pensée, Jiu Zhideng mit une main dans sa manche pour en sortir la clef des Terres Sauvages. Il fit flotter entre ses doigts la boule de lumière qui ressemblait à un esprit.
Il y avait fort longtemps, afin d’éviter que la clef ne tombe entre les mains de gens malintentionnés comme Jiu Zhideng, Xuan Fei s’était appliqué à placer une restriction sur cette clef : elle ne pouvait être utilisée que dans l’enceinte des quatre sectes pour ouvrir la porte des Terres Sauvages.
Mais Xuan Fei n’aurait sûrement jamais pensé qu’un jour, le mal envahirait le bien, le Yin l’emporterait sur le Yang, et que le Dao Démoniaque finirait par occuper la place orthodoxe des quatre sectes.
Tout ce qu’il y avait à savoir sur la porte des Terres Sauvages, Jiu Zhideng l’avait appris dans les quatre sectes. Et aujourd’hui, il s’en servait avec une totale aisance comme d’un outil pour punir tous les disciples des quatre sectes qui refusaient de se soumettre.
… Oui, il devrait être heureux.
Après avoir rangé la clef, Jiu Zhideng retourna à l’intérieur du Palais de Bambou Vert.
Xu Xingzhi ne se trouvait pas dans le hall.
Bien entendu, il ne l’aurait pas mis dans un endroit où n’importe qui aurait pu le voir.
Montant marche par marche le petit escalier qui conduisait à la plate-forme, Jiu Zhideng s’assit en souleva l’arrière de sa tunique. Il prit dans sa main la pierre à encre ronde avec un trou qui servait à moudre le cinabre et qui se trouvait sur le bureau.
En un instant, le décor changea et il apparut dans une petite cellule propre.
Plusieurs chaînes en acier de l’épaisseur d’un poignet retenaient les mains, les pieds, la taille, les articulations et le cou de Xu Xingzhi. Un bandeau de tissu blanc recouvrait ses yeux, attaché à l’arrière de sa tête.
Xu Xingzhi avait les bras attachés au-dessus de lui, écarté en diagonale. Il était agenouillé par terre, les deux genoux un peu écartés. On aurait dit un papillon qui était tombé par mégarde dans une toile d’araignée.
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
Jiu Zhideng contempla cet homme et les émotions se précipitèrent aussitôt dans son regard. Il voulut le toucher, mais retira sa main.
Toutefois, Xu Xingzhi avait déjà repéré une autre présence dans la cellule. Il ouvrit donc la bouche pour demander :
« … Qu’est-il arrivé à Meng Chongguang ? »
Après s’être calmé, Xu Xingzhi s’était repassé tous les événements du début à la fin, et avait abouti à la conclusion que cela avait été un piège préparé depuis longtemps.
Il avait déjà confié à Sa Si le soin de veiller sur Jiu Zhideng. Sa Si était quelqu’un de plus que loyal, mais pas très perspicace. Après avoir exprimé son désaccord et s’être disputé avec Jiu Zhideng, il était logique qu’il parte retrouver Xu Xingzhi pour lui transmettre en personne l’information sur le désastre qui s’abattait sur les quatre sectes.
Xu Xingzhi était avec Meng Chongguang. Quand il aurait appris la nouvelle, il allait forcément venir quoi qu’il en coûte. Mais vu le tempérament de Meng Chongguang et vu qu’il lui avait déjà caché le massacre de la Vallée de la Pure Fraîcheur, il ne le laisserait certainement pas venir.
Quand les deux se séparèrent à cause de leur désaccord, ils allaient forcément tomber dans le piège que cet homme leur avait préparé.
Et après que Xu Xingzhi se soit précipité tête baissée et se soit fait capturer, Jiu Zhideng était parti sans rien dire et s’était absenté un long moment. Ce n’était donc pas bien difficile de deviner l’identité de celui dont il était parti s’occuper.
Jiu Zhideng répondit :
« Je l’ai envoyé là où il devait être. »
Xu Xingzhi serra son poing gauche et tira sur la chaîne, provoquant un fin cliquetis.
« Le tempérament d’un démon céleste est incertain. Ce serait un désastre s’il restait, continua Jiu Zhideng. J’estime que les Terres Sauvages sont l’endroit parfait pour quelqu’un comme lui. »
Bien qu’il s’était douté qu’une telle chose arriverait, Xu Xingzhi ressentit tout de même une vive douleur dans son cœur en entendant la confirmation. Le visage pâle, il serra ses liens d’acier.
« … Jiu Zhideng !! »
Après avoir crié son nom, Xu Xingzhi eut si mal qu’il n’arrivait plus à parler.
Pourquoi était-il devenu ainsi ?
Jiu Zhideng contempla attentivement le jeune homme agenouillé dont les épaules tremblaient. Le morceau de chair tendre dans son torse se comprima de manière incontrôlable.
Bien qu’il s’était répétitivement rappelé de ne pas penser à son grand frère martial, ce ne fut qu’au moment où Jiu Zhideng l’avait revu qu’il s’était rendu compte à quel point cette personne lui avait manqué dans son cœur.
… Dire qu’il avait peur de lui.
Il appela doucement :
« Grand frère martial…
– Ne m’appelle pas ‘grand frère martial’. »
Après avoir surmonté un peu sa douleur, il arbora un sourire qui était presque désespéré.
« Je ne peux pas l’accepter. … Je ne peux pas. »
Jiu Zhideng resta silencieux un bon moment.
Il ignorait comment réconforter ce jeune homme tremblant devant lui. Alors il contourna les couches de chaînes, se rendit à ses côtés et s’agenouilla. Il traça lentement les traits de son visage du bout des doigts.
Ce jeune homme qui n’apparaissait que dans ses rêves auparavant se trouvait enfin sous ses yeux.
Xu Xingzhi ne recula pas et n’esquiva pas. Il fit d’un ton indifférent :
« Jiu Zhideng, s’il te reste encore un peu de pudeur, ne m’humilie pas. Je refuse de me soumettre au Dao Démoniaque, alors envoie-moi dans les Terres Sauvages, hein ?
– Non. »
La réponse de Jiu Zhideng était totalement différente de ce que Xu Xingzhi s’était imaginé, à tel point que son front se plissa.
« Non ?
– Non. »
Les doigts de Jiu Zhideng se posèrent sur la bouche de Xu Xingzhi et pressèrent les lèvres douces et charnues en les enfonçant un peu.
« Grand frère martial, tu dois rester à mes côtés. »
Xu Xingzhi changea d’expression et il fit d’un ton incrédule :
« …. Qu’est-ce que tu as dit ? »
Ce qui lui répondit fut en fait une paire de lèvres fines !
… En effet.
Au bout du compte, Jiu Zhideng s’était finalement aperçu qu’en cet instant, il pouvait totalement monopoliser son grand frère martial.
Il était le seigneur du Dao Démoniaque et le maître des quatre grandes sectes mais cependant, du début à la fin, depuis le tout début, Xu Xingzhi était la seule lumière dans son existence, la seule personne qu’il souhaitait vraiment posséder.
Et à présent que sa lumière était enfermée dans un endroit où lui seul pouvait se rendre, comment pourrait-il la laisser partir aussi aisément ?!
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
Quand Xu Xingzhi toucha des lèvres qui n’étaient pas celles de Meng Chongguang, tous ses cheveux explosèrent !
Ce coup-ci, il ne pouvait plus garder son calme plus longtemps. Le visage pâle, il lutta pour tourner la tête.
« Qu’est-ce que tu fais ?! »
Malheureusement, son menton se fit saisir par une main, fermement tenu entre le pouce et l’index. Le pouce passa sur son menton, se plia légèrement et caressa inlassablement le coin de ses lèvres.
Dans la voix d’ordinaire toujours froide de Jiu Zhideng, il y avait un certain nombre d’émotions qui engourdirent le corps de Xu Xingzhi de la tête aux pieds.
« Grand frère martial, si tu ne comprends pas, je n’ai qu’à recommencer. »
La gorge de Xu Xingzhi se serra. Sans se soucier de la douleur à son menton, il se débattit pour esquiver. Mais contre son gré, son menton se fit soulever et sa pomme d’Adam, qui s’agitait, fut prise en bouche et soigneusement sucée et léchée.
Comme il ne pouvait pas voir, tous ces contacts subtils furent amplifiés. Xu Xingzhi émit un long Mmm, à la fois furieux et surpris. Ses joues perdirent leur couleur à cause de la gêne.
Embrassé et touché ainsi, comment ne pourrait-il toujours pas comprendre les intentions de Jiu Zhideng ?
Il… était en fait comme Meng Chongguang ? Tous les deux…
Xu Xingzhi aurait été bien en peine de décrire ce qu’il ressentait en cet instant. Il n’avait qu’une seule envie : tomber raide mort afin de retrouver la paix.
Le fait qu’il se débatte fit cliqueter frénétiquement les nombreuses chaînes. Ce clic clic de résistance ainsi que l’air humilié de Xu Xingzhi excitèrent encore plus Jiu Zhideng qui avait accumulé de la frustration pendant des années. Ces émotions entrèrent en éruption tel un volcan, provoquant un nuage brûlant de cendres dans le ciel qui engouffra Xu Xingzhi et lui ensemble.
Il retira ses lèvres et fit lentement glisser le bout de ses doigts sur le cou et la clavicule de Xu Xingzhi. Il fit d’un ton doux :
« Grand frère martial, tu dois te dire qu’après toutes les horribles choses que j’ai faites, comment ai-je encore l’audace de me tenir devant toi et de t’exprimer mes tendres sentiments, n’est-ce pas ? »
Xu Xingzhi ne pouvait pas l’esquiver et ses méridiens étaient scellés. Il n’eut donc pas d’autre choix que de subir en silence les caresses tendres et ambiguës.
« Je reconnais. Je reconnais tout ce que j’ai fait. Puisque c’est moi qui ai choisi de le faire en premier lieu, je n’ai naturellement aucun regret. »
Le ton de Jiu Zhideng changea soudain :
« … Mais toi, grand frère martial, tu dois être rempli de regrets à présent. »
Xu Xingzhi ne dit toujours rien.
Comme s’il touchait un trésor qui pouvait se briser au moindre contact, Jiu Zhideng retira lentement sa ceinture.
« Grand frère martial, la plus grave erreur de ton existence, c’est que tu n’as pas laissé mes méridiens exploser et me tuer quand ma lignée s’est réveillée. »
Xu Xingzhi voulut se débattre de nouveau mais quand il l’entendit dire ça, il se calma.
Jiu Zhideng poursuivit :
« … Ou bien tu aurais mieux fait d’abolir ma cultivation à ce moment-là. Comme ça, je n’aurais pas pu continuer à cultiver jusqu’au niveau d’Esprit Naissant et les quatre grandes sectes n’auraient pas connu ce désastre actuel. Et aussi, cette histoire avec la marque du serpent autrefois. Pourquoi m’avoir sauvé ? Si j’étais mort, est-ce que tout n’aurait pas été pur et propre, sans tache ? Cela n’aurait jamais entraîné tant d’ennuis pour grand frère martial par la suite. »
Les couches de vêtements tombèrent par terre au fur et à mesure des paroles de Jiu Zhideng.
« Grand frère martial, est-ce que tu penses comme tout le monde que j’aurais mieux fait de mourir à la naissance ? »
L’esprit de Jiu Zhideng était déjà en proie au chaos et ses yeux glacés étaient à nouveau remplis d’un désir furieux et d’une soif de sang.
« … Ce doit être le cas, n’est-ce pas ? Ah ? »
Le buste de Xu Xingzhi n’avait plus qu’une fine couche de tissu pour le recouvrir. Il resta agenouillé, immobile, ses lèvres pincées en une ligne blanche.
Jiu Zhideng ignorait quelle réponse il voulait entendre de sa part. Que ce soit oui ou non, il se disait qu’il n’en avait plus rien à faire.
Après avoir dit ça, il révéla simplement d’un ton malveillant le secret qui avait été dissimulé si longtemps dans son cœur :
« Grand frère martial, vas-y, dis-le, ah. Tu me hais énormément, hein ? Les seuls à être au courant de ta marque de serpent, c’étaient Meng Chongguang et moi. — C’était moi. C’est moi qui ai dévoilé ton secret. Y compris la mort du maître, tout est de mon fait ! »
C’était à partir de cet incident que Jiu Zhideng était devenu fou.
Le maître et grand frère martial abattus de ses propres mains. En effet, le seul à pouvoir mettre en place un tel plan à plusieurs étapes était forcément au courant de la marque du serpent.
Par conséquent, Jiu Zhideng ne pourrait jamais obtenir le pardon de son grand frère martial et il lui était désormais impossible de retourner dans le Dao honorable. Que pouvait-il faire d’autre, lui qui était responsable de la mort de Qing Jing, de la réputation souillée de son grand frère martial ainsi que de sa main droite coupée ?
Dans ce cas, puisque les choses étaient ainsi, il n’avait plus qu’à devenir un Démoniaque pour de bon.
Criant ces mots entre ses dents serrées, Jiu Zhideng attendit presque joyeusement que Xu Xingzhi devienne hystérique, l’accuse et le maudisse.
Il savait que c’était Liu Yunhe qui avait fait tout ce mal mais il endossait toute la responsabilité et déforma les faits pour que Xu Xingzhi le haïsse encore plus.
Si tu ne peux pas m’aimer, alors hais-moi. Au moins comme ça, j’aurais toujours une place dans le cœur de grand frère martial.
De toute façon, comment les choses pourraient-elles être pires que ça ?
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
Après un long silence, Xu Xingzhi parla enfin.
« Je ne regrette rien de ce que j’ai fait, fit-il. Et aussi, avant que le malheur ne s’abatte sur les quatre sectes, je ne t’avais pas du tout soupçonné au sujet de la marque du serpent. »
Jiu Zhideng rit.
Il se dit que les paroles de réconfort de son grand frère martial étaient à la fois amusantes et cruelles.
… Pas du tout soupçonné ?
Comment était-ce possible ?
Si Jiu Zhideng n’avait pas été haï par la seule personne au monde qui comptait pour lui, s’il n’avait pas renoncé à tout espoir et toute aspiration, comment aurait-il pu faire ce qu’il avait fait ?
Il enlaça les épaules de Xu Xingzhi et ricana :
« Grand frère martial, tu as donc autant confiance en moi ? »
Il refusait d’y croire. Jamais il ne pourrait…
À cette pensée, ses yeux se baissèrent et il fut abasourdi de voir que dans le dos de Xu Xingzhi, un gros morceau de chair avait été arraché de l’endroit où était gravée à l’origine la marque de serpent dans son dos. La plaie était très récente, le sang qui coulait à travers le vêtement n’avait même pas encore séché.
Le visage de Jiu Zhideng devint subitement pâle.
« Avant que Sa Si ne vienne me voir, j’ai toujours cru que c’était lui qui avait parlé par inadvertance de la marque de serpent dans mon dos. Après tout… Sa Luo et lui sont oncle et neveu. »
La voix de Xu Xingzhi s’alourdit comme des eaux profondes et lugubres.
« … Je n’ai jamais pensé que c’était toi. »
Après ça, il releva la tête et désigna du regard, bien que ses yeux soient cachés par le bandeau blanc, Jiu Zhideng dont les lèvres tremblaient :
« … Je n’ai jamais regretté d’avoir intercepté cette marque de serpent à ta place. Mais quand j’ai appris ce que tu avais fait, cela m’aurait rendu malade de garder cette marque de serpent plus longtemps sur mon corps. »
… Jiu Zhideng quitta la cellule presque en courant.
Assis sur le fauteuil en hauteur dans le hall principal, il trembla et enfouit son visage dans ses mains. Le coin de ses lèvres était étrangement étiré vers le haut mais ses yeux étaient remplis de larmes.
Il garda le silence un certain temps avant de lâcher un cri désespéré, presque un rugissement rauque.
La parole à l’auteuse : Sœur Jiu a dit que sœur Guang n’a que grand frère martial dans son cœur.
Mais dans le cœur de sœur Jiu, grand frère martial n’est pas sa seule source principale de motivation.
… Un poème pour sœur Jiu :
Les eaux de la cascade remontent en amont,
Les graines de pissenlit s’envolent au loin, se rassemblant en formant comme des parapluies,
Le soleil se lèvre à l’ouest et se couche à l’est,
La balle retourne dans le baril,
Le coureur retourne sur la ligne de départ,
Je remets mon avis d’admission et oublie dix ans d’études intenses.
L’odeur de la nourriture s’échappe de la cuisine.
Tu signes mon document d’examen.
Tu éteins la télé et m’aide à mettre mon sac d’école sur le dos.
Tu es toujours à mes côtés.
— Le premier prix de la lettre d’amour de l’Université de Langues de Hong Kong : “Tu es toujours à mes côtés”
Note de Karura : Dure révélation pour Jiu Zhideng.
Notes du chapitre :
(1) Cf ch. 33.
Commentaires :