Le méchant est outrageusement beau 119

Chapitre 119 : S’il te plaît, emmène-moi avec toi


Quand Sa Si franchit les portes de la montagne en portant Xu Pingsheng comme un sac de patates, un disciple de la Montagne de la Tombe du Vent qui les connaissait bien les vit et leur sourit en hochant la tête.

« Jeune maître Sa, grand frère martial Xu. »

Ce disciple faisait partie de ceux qui avaient gardé autrefois la porte sud-ouest avec Xu Pingsheng alors que la situation était instable. À l’époque, ce disciple n’avait eu que peu d’estime pour lui, mais plusieurs années à attendre dans un monde très sombre avaient doté ces gens d’une nature chaleureuse et radiante. Toutes ces querelles et disputes du passé semblaient à présent aussi insignifiantes qu’un souffle de vent.

Xu Pingsheng, lui, ne se rappelait plus du visage de ce disciple. Il se concentra uniquement sur le fait de se battre contre Sa Si pour se libérer de sa prise.


Sa Si demanda :

« Où est Xingzhi ?

– Grand frère martial se trouve dans l’arrière-montagne, » répondit doucement le disciple.

Aussitôt, une légère lueur de tristesse apparut dans son regard et il ajouta :

« … Il enterre le maître. »

Sa Si inspira brusquement comme s’il avait une rage de dent.

« Je vois. Ce ne serait pas convenable que j’aille le rejoindre. Fais-lui savoir à son retour que je l’attends dans son palais. »


* * *


Le matin sur la Montagne de la Tombe du Vent était exactement comme les matinées d’autrefois. Quand on inhalait l’air rempli de la rosée matinale, un parfum aromatique emplissait la bouche. Comme cet endroit était une terre d’immortels comme on n’en trouvait qu’une seule en cent ans, même sous la fine couche de neige hivernale, il y avait encore beaucoup de feuilles vertes et de bourgeons, des bandes de verdure persistante, des petites taches bleues et beaucoup d’autres blanches et turquoise, ce qui donnait un charme naturel.

Qing Jing avait un cénotaphe Monument funéraire élevé à la mémoire d’une personne mais qui ne contient pas la dépouille. (1) érigé à cet endroit. Son corps avait été conservé dans un cercueil de glace et scellé dans la Grotte de Glace Profonde.

La surface de la stèle érigée sur le cénotaphe était extrêmement propre. Il était clair que quelqu’un était venu ici pendant toutes ces années pour balayer et la nettoyer.

Xu Xingzhi venait de terminer le rite funéraire. Il sortit la bourse spirituelle qui était restée stockée dans l’anneau avec un jade de Dushan appartenant à Meng Chongguang. Il fit délicatement sortir les bribes d’âme qui ressemblaient à des lucioles et les enterra entre le guan en jade et la tunique toute blanche.


Cela faisait longtemps que les fragments d’Esprit Naissant de Sa Luo et Qing Jing avaient été mêlés ensemble, leurs Qi ne faisaient plus qu’un et c’était impossible de les distinguer. Xu Xingzhi ne pouvait pas non plus laisser ces fragments errer misérablement alors en désespoir de cause, il n’avait pas d’autre choix que de les enterrer ensemble.

Xu Xingzhi recouvrit de nouveau la tombe de terre et sortit une jarre de liqueur. Il en versa une bonne partie sur la terre fraîchement retournée et appela doucement :

« Maître, venez boire. »

Cet alcool était la pure liqueur que Xu Xingzhi avait ramenée le matin même. Le liquide tomba en éclaboussant la terre tachetée de neige et une forte odeur moelleuse se répandit dans l’air.

« Maître, Chongguang et moi sommes devenus compagnons de Dao, poursuivit-il. Je suis venu en faire part au maître. »


Meng Chongguang s’agenouilla à son tour et posa doucement sa tête au sol, mais ses yeux restaient fixés sur Xu Xingzhi. Il leva la main et caressa doucement la ceinture de l’autre homme, la faisant rouler entre ses doigts. Si Xu Xingzhi devenait triste à un moment ou à un autre, il était prêt à le prendre dans ses bras pour le réconforter gentiment.

Toutefois, Xu Xingzhi ne pleura pas. Il resta fort et se rassit face à la stèle funéraire.

« Chongguang, tu peux y aller. J’ai à parler au maître de fils à père. »

Mais Meng Chongguang minauda :

« Est-ce que le gendre peut aussi rester parler à son beau-père ? »

Cela fit rire Xu Xingzhi qui lui pinça les joues et insista :

« … Vas-y. »

Meng Chongguang aurait bien voulu continuer à minauder mais après avoir repéré la tristesse difficile à cacher sous le sourire léger du jeune homme, il se plia à la volonté de Xu Xingzhi. Il agita la main, se tourna et partit.

Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !

Une fois Meng Chongguang parti, Xu Xingzhi s’assit en tailleur. Il reprit la jarre de liqueur et but en une gorgée l’alcool qui restait au fond. Le liquide coula du coin de ses lèvres et laissa quelques gouttes sur ses vêtements.

Il tira sur le devant de sa tunique et ressuya la liqueur du dos de sa main gauche. Ce faisant, il fit :

« Maître, tu es bien trop paresseux. Durant ces treize dernières années, étant donné que tu m’avais confié un rêve, j’ai pu me souvenir du passé. Mais les rêves sont faits pour les penseurs, pas pour les meneurs, ah. Est-ce que tu m’en veux parce que je ne t’ai pas apporté à boire pendant ces treize années ? Désormais, je te promets de me racheter. Je viendrai ici tous les jours pour ça, alors ne sois pas fâché contre moi.


« J’ai apporté le corps de Jiu Zhideng à Beinan. Il avait dit une fois que s’il mettait la main sur lui, il dévorerait sa chair et boirait son sang de son vivant, puis une fois mort, il ferait démembrer son cadavre par cinq chevaux. Mais quand il a vu le corps, il n’avait plus envie de faire quoi que ce soit. Il a simplement dit que Jiu Zhideng était mort, alors qu’il fallait l’enterrer. J’en ai discuté avec Qu Chi et je veux renvoyer sa dépouille à l’ancienne capitale du royaume Démoniaque pour qu’il soit enterré auprès de sa mère, Shi Pingfeng. On peut dire qu’il va enfin retourner chez lui.

« Il reste encore pas mal de survivants du Dao Démoniaque qui se sont enfuis un peu partout et qui ne vont pas renoncer. Nous devons intensifier nos efforts pour les éliminer, de crainte qu’ils ne se retrouvent à bout de ressources, comme des bêtes aux abois et qu’ils ne s’en prennent aux gens.


« Maître, les quatre grandes sectes ne sont plus. J’en ai parlé avec Qu Chi, Beinan et Xiao Lu… Au fait, Xiao Lu, c’est Lu Yujiu. Nous en avons débattu et avons décidé tant bien que mal d’établir quatre nouvelles sectes qui s’appelleraient les quatre nouvelles sectes. Elles seront divisées en quatre parties : la Montagne de la Tombe du Vent, le Pic du Yang Vermillon, la Vallée de la Pure Fraîcheur et l’Île du Fleuve Céleste. Elles continueront de suivre les anciennes traditions et de protéger les quatre points cardinaux.

« Actuellement, c’est Qu Chi qui dirige les affaires des quatre sectes. Maître, sois sûr que même si Xingzhi a plusieurs fois plaisanté par le passé en disant qu’il avait d’autres ambitions, pour le bien de l’avenir de la Montagne de la Tombe du Vent, il va apprendre lentement mais sûrement. Un jour, il sera capable de redonner tout son éclat à la Montagne de la Tombe du Vent et les quatre grandes sectes seront restaurées. »


Après avoir dit tout cela, le cœur de Xu Xingzhi devint plus léger. D’après son ton, c’était comme s’il parlait de la vie quotidienne.

Le chagrin d’il y avait plus de dix ans s’était peu à peu atténué au fil du temps. Des gens avaient déjà quitté ce monde, laissant les vivants vides et désolés, qui oubliaient peu à peu comment verser des larmes.

À force de lui raconter les affaires ordinaires de la montagne, les jambes de Xu Xingzhi étaient engourdies par la neige, mais son visage était brûlant.

Ayant dit tout ce qu’il avait à dire, il se redressa en silence et resta face à la stèle un bon moment. Puis il saisit une poignée de terre humide de son côté gauche avec sa main intacte.

Au bout d’un long moment, Xu Xingzhi sourit avec du mal.

« Maître, j’ai trouvé un compagnon de Dao qui peut me tenir compagnie pour toute la vie…. »

Il baissa la main et regarda l’inscription gravée dans le jade bleu.

« … Mais qu’en est-il de ma dot et mes cadeaux de mariage ? Je ne sais pas ce que c’est, mais tu m’avais promis une dot autrefois, ah. »


La personne dans la tombe ne pouvait naturellement pas répondre, alors Xu Xingzhi décida de se lever. Il passa ses bras autour de la stèle et posa son visage contre le jade chaud. Il murmura à l’homme dans la tombe :

« … Maître, tu me manques. »

Il ne pleura toujours pas et ne se lamenta pas. Au contraire, tel un enfant malicieux, ses yeux étaient plissés en deux splendides demi-lunes noires.

S’appuyant sur la stèle, il continua à discuter affectueusement avec son maître Qing Jing qui reposait en paix dans le sol.

« Maître, tu t’occupes des affaires des morts et moi, je me charge des affaires des vivants. Nous deux, père et fils, ne serons ainsi jamais séparés. Qu’en dis-tu ? »

Si Qing Jing pouvait entendre ça sous terre et voir son sourire brillant, il sourirait lui aussi d’un sourire entendu en cet instant.

Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !

Après être resté sur la tombe un bon moment, Xu Xingzhi se releva et épousseta la terre de son pantalon.

« Je vais à présent m’occuper des vivants. Maître, ne laisse pas ce vieux con t’embêter, frappe-le un bon coup. »

Après ça, il tapota le sol de ses pieds pour faire disparaître l’engourdissement, puis il se tourna et appela à voix haute :

« Meng Chongguang, Chongguang ! »

Personne ne lui répondit. Xu Xingzhi émit un son incertain. Il ouvrit son éventail et le pressa contre son torse, puis il éleva un peu la voix :

« … Chongguang ? »

Alors qu’il s’éloignait en tournant le dos à la tombe, une ombre apparut lentement devant le cénotaphe de maître Qing Jing.


Meng Chongguang souleva le devant de sa tunique et s’agenouilla devant la stèle de Qing Jing. Ses yeux d’un noir d’encre étaient comme deux pions d’échec immergés dans de l’eau pure, étincelants d’une légère lueur.

« Maître, grand frère martial est à moi. »

Meng Chongguang baissa la voix et prononça chaque mot avec ferveur :

« … Je l’aime de tout mon cœur. Il est mes yeux, ma vie, il est tout. Merci d’avoir pris soin de grand frère martial avant ma venue. Dorénavant… ayez le cœur tranquille, vous pouvez me le confier. »


* * *


Xu Xingzhi avait eu beau parcourir cinquante pas, il n’avait toujours pas retrouvé Meng Chongguang, alors il trouva ça amusant : Où a-t’il bien pu passer ?

Dès que cette pensée naquit dans son esprit, il sentit soudain un poids dans son dos, comme si un immortel était descendu du ciel et avait atterri comme par hasard sur son dos. Dorénavant, il était destiné à porter ce fardeau à la fois lourd et doux, tout comme la montagne les portait, tout comme la mer les portait.

La voix suave du jeune homme résonna à ses oreilles :

« … Grand frère martial, je suis là. »

Après ça, il ouvrit la main devant ses yeux et les lignes de sa paume s’entremêlèrent. Une fleur rouge vif apparut dans sa main.

Meng Chongguang attacha la petite fleur sur le col de Xu Xingzhi.


Ce dernier sourit :

« Ça va attirer les insectes, ah. »

Meng Chongguang pressa sa joue contre son cou et fit d’une voix affectueuse qui démangea son cœur :

« Je suis là, alors ça n’arrivera pas. »

Xu Xingzhi eut un léger rire. Il passa ses mains sous ses cuisses et les souleva.

« Alors accroche-toi bien, ne pars nulle part. »

Meng Chongguang ne dit rien mais se serra contre lui plus fort.

Le soleil réchauffait la scène et Xu Xingzhi eut l’impression d’avoir un petit chat doré complètement allongé sur son épaule droite, qui ronronnait et émettait des petits bruits satisfaits.

Il se pinça les lèvres et sourit, transportant ce vieux génie des fleurs. Il se dirigea vers le devant de la montagne.


Tandis qu’ils traversaient la montagne, quand ils passèrent près des prisons, ils virent de loin une forme humaine allongée dans l’herbe. Une couverture de paille recouvrait son torse et sa tête, mais pas ses jambes. Xu Xingzhi put distinguer sans effort ses orteils osseux comme du grès.

Il héla un disciple qui s’occupait du cadavre :

« Qui est-ce ? »

Le disciple le salua.

« Grand frère martial, ce doit être un homme du Dao Démoniaque. Cela fait longtemps qu’il était emprisonné ici. D’après la broderie sur son uniforme de prisonnier, on dirait qu’il s’appelait ‘Liu Yunhe’. »

Xu Xingzhi fronça les sourcils.

Ce nom lui disait quelque chose, mais les souvenirs évoqués par cette personne étaient très vagues.

Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !

Voyant que Xu Xingzhi faisait deux pas vers l’endroit où gisait le corps, le disciple l’arrêta gentiment :

« Grand frère martial, ne va pas le voir. Son apparence est vraiment horrible à voir et sanglante, il ne reste plus qu’un squelette vivant. »

Meng Chongguang demanda derrière Xu Xingzhi :

« … Il est vivant ? »

Le disciple remarqua que les deux jeunes hommes se comportaient de manière intime et que la présence des autres ne les dérangeait pas. L’un était plus calme que l’autre, le visage souriant. Le disciple sentit seulement une douleur à la dent à cause de la scène mielleuse.

« … Il était en vie quand on l’a trouvé. Mais grand frère martial Zhou n’a pas pu supporter de le laisser dans cet état, alors il a abrégé ses souffrances. »

Puisque cet homme était mort, Xu Xingzhi n’avait plus aucun intérêt pour lui. Il ne s’attarderait donc pas pour voir sa misérable apparence.


Après l’avoir laissé derrière lui, Xu Xingzhi fit encore une autre centaine de pas, puis un disciple vint le prévenir que Sa Si était là et qu’il l’attendait dans le palais où il avait vécu avant.

Xu Xingzhi s’y rendit joyeusement.

Contournant les eaux murmurantes et les pins verts, empruntant le corridor sans le moindre ornement, il revint au palais où il avait vécu autrefois avec Meng Chongguang. Xu Xingzhi fut étonné de voir que l’endroit était propre et sans la moindre poussière, et que rien n’avait changé par rapport à avant. Il ressentit une légère chaleur dans son cœur.

Toutefois, Meng Chongguang jeta un coup d’œil et son visage se renfrogna, pas content du tout.

Il songea au coupable dont le spectre planait toujours en cet endroit et étira les lèvres en un sourire dédaigneux.

Après qu’ils soient tous les deux rentrés dans le palais et qu’ils aient salué Sa Si, ce dernier passa tout de suite à l’essentiel :

« Je suis venu te confier quelqu’un. »


* * *


Au même moment, la personne que Sa Si était venu confier se cachait dans le Palais de la Loi Merveilleuse où avait résidé Guang Fu autrefois.

Il pointait la tête avec curiosité entre les poteaux de la balustrade en jade blanc pour observer les poissons qui nageaient dans la mare, tous bien colorés et gras, pressés ensemble. Ses yeux ne pouvaient dissimuler son envie.

Depuis qu’il était devenu un cadavre réveillé, Xu Pingsheng était sujet à de nombreux désirs qu’il n’avait jamais eus auparavant.

S’il n’y avait pas Sa Si pour réprimer sa soif de sang ou même lui donner son propre sang, il avait toujours envie de manger de la viande crue et de boire du sang frais.

En cet instant par exemple, il trouvait que ces poissons avaient l’air très délicieux et il avait une grande envie d’en attraper un ou deux pour satisfaire sa faim.


Après avoir retiré le haut de sa tunique, il remonta le bas de son pantalon et s’apprêtait à entrer dans l’eau. Ce fut à ce moment qu’une ombre solitaire vêtue d’un manteau noir arriva avec un bol de nourriture pour poisson dans les mains. Elle tomba sur la vision du corps nu et laissa échapper un ah de stupéfaction, sans pour autant exprimer de la malice.

Dès que Xu Pingsheng entendit la voix de femme familière, sa faim disparut en un instant. Il saisit en hâte ses vêtements et courut derrière un ancien arbre très haut, se cachant derrière le tronc. Confus et honteux, il se rhabilla très vite.

Yuan Ruzhou ne voulait pas le mettre dans l’embarras, alors elle resta immobile jusqu’à ce qu’un visage tout rouge surgisse de derrière l’arbre au bout d’un moment. Elle le rassura d’une voix douce :

« Petit frère martial Xu, il n’y a pas de quoi avoir peur. »

Xu Pingsheng rougit, ne montrant que sa tête qui dépassait du tronc.

« Grande, grande sœur martiale Yuan. C’est affreux, ne regarde pas. »

Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !

La jeune femme avait vu tout à l’heure les coutures dense sur tout son corps, comme si cet homme avait été démembré et décapité, puis recousu ensemble. Elle avait alors ressenti une grande compassion. Et là, en le voyait si timide, elle adoucit encore plus sa voix de crainte d’effrayer et de faire fuir ce petit chat sauvage.

« Laisse-moi te soigner. »

Confus, Xu Pingsheng resserra ses vêtements sur lui.

« Non, pas la peine. »

Yuan Ruzhou fit deux pas prudents vers l’arbre.

« Laisse-moi au moins t’aider pour le cou. Tu peux toujours porter une écharpe en hiver pour cacher ça, mais comment tu vas faire en été ? À force de toujours couvrir ton cou, tu vas attraper une insolation. »


Au bout d’un long moment, Xu Pingsheng abaissa tous les piquants sur son corps et sortit de derrière l’arbre. Il alla s’asseoir dans le petit kiosque près du bassin, attendant que la jeune femme vienne le soigner.

Yuan Ruzhou posa une main osseuse sur le côté du cou du jeune homme. Elle pressa la peau douce et s’aperçut qu’il y avait aussi des lignes épaisses en-dessous.

Xu Pingsheng haussa les épaules comme si ça le chatouillait. Ses yeux larmoyants s’agitèrent, ses cils frémirent de nervosité, ce qui projetait une ombre anxieuse sur son visage qui avait conservé sa beauté.

« Grande sœur martiale Yuan…

– N’aie pas peur, le cajola-t’elle. Ce sera bientôt fini. »

Elle éprouvait énormément d’affection pour ce jeune homme qui était comme un petit frère pour elle.

Ils avaient été autrefois grande sœur martiale et petit frère martial, pourtant on ne pouvait pas dire qu’ils avaient été proches. Mais il y avait tout de même l’amitié à cause du fait qu’ils étaient condisciples et compagnons d’arme. Et aujourd’hui, tous les deux avaient été réduits à une apparence ni humaine, ni fantôme, ce qui engendrait pas mal de compassion l’un pour l’autre.


Quand le pouvoir spirituel de la jeune femme circula lentement dans son cou, Xu Pingsheng ferma les yeux et murmura :

« Grande sœur martiale Yuan, je… je voudrais te demander quelque chose.

– Je t’écoute, » fit-elle en se concentrant sur ses blessures.

Xu Pingsheng se tortilla les doigts et on entendit quelques craquements.

« … J’ai quelque chose à dire à une personne vraiment très importante pour moi, mais je ne sais pas comment le lui dire. »

Yuan Ruzhou se figea un moment, puis lâcha un léger rire.

Son rire fut aussi doux que la brise printanière. Xu Pingsheng pouvait imaginer un visage splendide en fermant les yeux. Et quand il les rouvrit et vit les os blancs, il trouva également ça extrêmement beau, alors il sourit avec elle sans s’en rendre compte.


Yuan Ruzhou souleva sa joue d’un doigt blanc et osseux. Elle vérifia que la blessure au cou était bel et bien guérie. En même temps, elle répondit :

« … Si tu ne sais pas comment le lui dire, tu n’as qu’à l’écrire. »

Xu Pingsheng pencha la tête sur le côté. Comme à son habitude, il leva la main pour caresser la cicatrice sur son cou mais se rendit compte que la peau était devenue lisse. Un peu perturbé, il baissa la main et marmonna à voix basse :

« L’écrire… »


* * *


Environ un demi-shichen plus tard.

Tenant son éventail dans la main, Xu Xingzhi arpentait le corridor à grands pas rapides.

Sa Si le rattrapa, puis se posta devant lui et suivit son mouvement à reculons, tout en jacassant sans fin :

« … Il a besoin de boire du sang. Je peux te dire que je l’ai limité exprès. Je le nourris tous les trois jours. Tu ne dois pas te plier à ses caprices car crois-moi, il te marchera sur la tête en un rien de temps… »

Xu Xingzhi repoussa son visage de son éventail. Il haussa la voix pour héler un disciple au loin :

« Tu n’aurais pas vu Xu Pingsheng ? »

Le disciple secoua la tête.

Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !

Voyant que Sa Si continuait de l’importuner et de jacasser, il l’interrompit dès qu’il put en placer une :

« On doit d’abord le trouver et lui parler de ça ! Et si mon grand frère s’était enfui de la montagne ? »

Sa Si lâcha :

« Il n’a nulle part ailleurs où aller. Même s’il se sauve, il finira par revenir au mont Qiemo. »

Dès qu’il prononça ces paroles, il sentit que quelque chose clochait, mais il réprima rapidement le malaise qu’il ressentait. Il continua à déblatérer sans la moindre gêne :

« … Il n’arrive pas à dormir dans un autre lit que le sien le soir. Il lui faut absolument sa couverture en laine déchirée pour s’endormir, il refuse de l’enlever. Quand il emménagera ici, tu devras lui fournir une nouvelle couverture, ah. Il doit t’obéir, je ne serai plus là pour le retenir. »

Xu Xingzhi : « … »


Sa Si insista :

« Tu as bien tout retenu ? Répète pour me montrer. »

Xu Xingzhi renonça et fit :

« Bien, bien, je vois que tu es bien pénible. Je vais bien prendre soin de mon grand frère mais d’abord, je dois le retrouver avant de parler de tout ça ! »

Après avoir fait quelques pas, Xu Xingzhi lui tapa sur l’épaule.

« Ai, on devrait se séparer pour le chercher. J’imagine que mon grand frère a dû se rendre au Palais de la Loi Merveilleuse pour voir Ruzhou. Ce n’est pas la peine de me suivre, va plutôt par là. Peut-être que… grand frère ne se souvient tout simplement pas du chemin pour venir au palais. »

Après ça, Xu Xingzhi s’envola sur le vent astral et s’éloigna, laissant Sa Si seul derrière lui.


Le jeune homme se gratta les oreilles, son cœur rempli d’irritation inexprimée.

Bien sûr qu’il se rendait compte qu’il était pénible. Toutefois, il avait élevé Xu Pingsheng pendant tant d’années que même un chien et un chat finissaient par éprouver de l’affection l’un pour l’autre. À présent qu’il allait le confier à un autre, il se sentait vraiment mal à l’aise et aurait souhaité pouvoir transmettre tous les secrets pour bien s’occuper de Xu Pingsheng.

Sans y penser, il tourna dans tous les sens dans la forêt près du palais un bon nombre de fois. Au moment où il se demanda s’il ne s’était pas perdu, il vit au détour d’un sentier Xu Pingsheng entouré de bambous.


Il fut d’abord transporté de joie et courut vers lui. Puis il leva la jambe et le frappa.

« Où tu étais passé, putain, ah ? Tu te rends compte que nous… que Xu Xingzhi te cherche partout ? Il a cru que tu t’étais fait enlever par un enfoiré de Démoniaque. »

Il ne se rendit clairement pas compte qu’il s’insultait lui-même. Au contraire, Xu Pingsheng l’entendit mais ne le corrigea pas.

… Un enfoiré, il n’y avait pas de problème avec ça.

Quand Sa Si le regarda de plus près, une veine pulsa de nouveau sur son front —

Devant Xu Pingsheng se trouvait un bambou tout cassé en morceaux. En regardant les trous, il sut que c’était ce petit monstre en face de lui qui l’avait déchiqueté de ses propres mains.


Sa Si porta une main à son visage.

« … Putain. Tu te rends compte que je dois payer pour toi quand tu détruis ce qui ne t’appartient pas, ah ?! »

Ces dernières années, il avait souvent dû payer à cause de la maladresse de Xu Pingsheng, que ce soit les pieds ou les mains. À présent qu’il avait détruit la propriété de la Montagne de la Tombe du Vent, Sa Si ne se retint pas et lui fit la morale comme d’habitude.

Cependant, fait rare, Xu Pingsheng ne le frappa pas.

Il lâcha le petit bout pointu de bambou qu’il tenait dans sa main droite et ramassa le plus gros morceau de bambou qu’il avait déchiré en quatre. Il le leva bien droit, manquant de crever les yeux de Sa Si avec le bambou vert émeraude.

Sa Si esquiva aussitôt en marmonnant :

« C’est quoi ce bordel, ah ? »

Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !

L’instant d’après, il vit clairement ce que Xu Pingsheng tenait et il en resta stupéfait un moment.

Sur le premier morceau de bambou était gravé : Je sais manier une épée.

Le second morceau disait : Je ne crains ni la douleur, ni la mort.

Sur le troisième bout était écrit : Je peux manger moins. Je peux me nourrir qu’une fois tous les quatre ou cinq jours.

Sa Si prit le dernier morceau de bambou et le tint dans sa main. Il contempla longtemps la courte ligne de caractères tordus. Un léger sourire apparut au coin de ses lèvres sans qu’il ne s’en rende compte.

Soigneusement gravé sur le quatrième morceau de bambou, il était écrit : S’il te plaît, ne me laisse pas ici. Emmène-moi avec toi.


Note de Karura : Un peu de douceur dans cette histoire de brute 💝

Plus que deux chapitres pour clôturer l’histoire principale ~


Notes du chapitre :
(1) Monument funéraire élevé à la mémoire d’une personne mais qui ne contient pas la dépouille.






Commentaires :


:

:

Pour insérer des émojis dans le message, appuyez sur la touche Windows et ; de votre clavier (pour Windows 10).

Derniers chapitres parus :
La Renaissance du Suprême Immortel 447 et 448
Lanterne 52
La Renaissance du Suprême Immortel 445 et 446

Planning des mises à jour :
Dimanche tous les quinze jours : Lanterne : le reflet d’une fleur de pêcher
La Renaissance du Suprême Immortel
Le Prince Solitaire