Extra 1 partie 18
Au sixième mois, le raisin commençait à mûrir et le bourdonnement des cigales était comme des tambours.
Tandis que le joyeux événement se rapprochait, la Montagne de la Tombe du Vent était occupée de tous les côtés. Des lanternes rouges avaient été suspendues dans toute la montagne, formant des grappes de rouge vif pendant entre les pins et les cyprès verts. La grue blanche de maître Guang Fu, dont la fourrure était brillante et lisse, volait à travers la montagne, apportant partout les instructions de maître Qing Jing aux disciples.
Cela faisait un an que Xu Xingzhi avait fait une demande en mariage publique qui avait secoué le monde entier. Bien que Yuan Ruzhou en avait éprouvé un immense regret, cela avait fini par passer. Qui plus est, en tant que première disciple de maître Guang Fu, elle avait beaucoup d’affaires à gérer et n’avait donc pas le temps de se laisser distraire.
Surtout quand il s’agissait de compter les cadeaux de la liste et organiser les différents aspects de la cérémonie, la jeune femme n’avait guère le temps de se sentir triste à cause de son amour non réciproque. Elle s’émerveilla plutôt de la générosité de Qing Jing à plusieurs reprises.
Pendant qu’elle tenait un nouveau registre avec stupéfaction, la servante qui avait été récemment transférée de la secte externe à la secte interne lui apporta du thé. Elle tendit curieusement la tête pour regarder à son tour.
« Grande sœur martiale Yuan, il y a quelque chose d’étrange ? »
Cette jeune femme se nommait Huang Shanyue et elle était entrée toute petite dans la secte. Elle avait une personnalité vivante et aimait parler. Après quelques jours, Yuan Ruzhou s’entendait bien avec elle. Puisque cela n’avait rien de secret, Yuan Ruzhou lui tendit simplement le document pour qu’elle puisse lire.
Huang Shanyue n’y jeta qu’un simple regard et ses yeux en amande s’écarquillèrent aussitôt.
« … Maître Qing Jing a encore ajouté des trésors ? »
Cela fit rire Yuan Ruzhou qui lui passa un par un six ou sept autres registres.
« … Il n’y a pas que celui-ci. Tous ces registres ont été apportés rien qu’aujourd’hui… Ce sont toutes les choses que maître Qing Jing compte ajouter à la cérémonie et à la liste de cadeaux. »
Les yeux en amande de l’autre jeune femme restèrent grands ouverts et elle ne put cacher son envie.
« Maître Qing Jing adore vraiment grand frère martial, ah. »
Après ça, elle fit un peu la moue et fit pour plaisanter :
« Si j’avais su, rien que pour tous ces cadeaux, j’aurais tout fait pour m’emparer du cœur de grand frère martial avant. »
Yuan Ruzhou eut un léger rire mais ne dit rien.
Elle avait également vu Meng Chongguang grandir, alors elle savait parfaitement que même si maître Qing Jing offrait une montagne de trésors, Meng Chongguang ne verrait que le beau jeune homme qui agitait son éventail. Comme ces présents n’avaient aucune valeur pour lui, ils finiraient éventuellement par être confiés à Xu Xingzhi.
… Autrement dit, tous ces cadeaux de maître Qing Jing étaient en fait pour son disciple.
Avec tout le monde qui s’affairait, Xu Pingsheng ne pouvait naturellement pas rester les bras croisés en tant que grand frère. Maître Qing Jing avait déjà pris en charge les devoirs d’un père, donc il dut opter pour la seconde responsabilité. Il fit de son mieux pour arranger la chambre nuptiale, broyer des fleurs de poivre avec de l’argile et repeindre la chambre de Xu Xingzhi.
Quelques jours avant la cérémonie, la chambre était prête. Le lit nuptial avait aussi été apporté. Des couches de draps et couvertures de noces tous neufs furent empilées sur le nouveau lit. Xu Pingsheng avait des sentiments mitigés en les voyant.
Il quitta le palais en silence pour retourner dans sa propre demeure. Il sortit une paire de petites chaussures de sous son lit et les posa dans ses mains pour les examiner attentivement.
À la base, il avait acheté cette paire de chaussures pour Xu Xingzhi quand il était petit mais à cause de divers incidents, Xu Xingzhi n’avait pas pu les avoir. Quand leur relation s’était améliorée, Xu Pingsheng lui avait alors acheté une paire de chaussures similaires. Il s’était dit que le jour où son petit frère se marierait, il aurait l’occasion parfaite de lui offrir ce cadeau en retard. Mais là, les chaussures étaient toujours en sa possession.
… Je ne les lui donnerai pas. Ce petit salaud, plutôt que de se trouver une brave fille, il préfère frayer avec un homme sans la moindre honte.
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
Alors que Xu Pingsheng s’énervait tellement que de la fumée sortait de ses oreilles, un disciple à l’extérieur lui transmit un message :
« Grand frère martial Xu, il y a quelqu’un qui veut te voir aux portes de la montagne. Il dit que c’est un vieil ami à toi et qu’il a quelque chose d’important à te dire. »
… Un vieil ami ? Xu Pingsheng avait rarement fréquenté des gens, alors d’où pouvait bien venir ce vieil ami ?
Il demanda :
« Comment s’appelle-t’il et d’où vient-il ? »
L’autre disciple répondit qu’il n’en savait rien. Il pouvait seulement dire qu’il s’agissait d’un bel homme avec apparemment un problème de vue puisque ses yeux étaient couverts d’un bandeau noir. Il était venu sur la montagne en volant sur son épée et avait affirmé qu’il venait voir Xu Pingsheng, le troisième disciple de maître Qing Jing de la Montagne de la Tombe du Vent, et qu’il était prêt à l’attendre aux portes de la secte. Les disciples de garde n’avaient pas osé faire entrer un inconnu à la légère, alors l’un d’eux était venu prévenir Xu Pingsheng et lui demander de venir à la rencontre de ce visiteur.
L’esprit rempli de doute et d’agitation, Xu Pingsheng descendit le long de la route de forêt et aperçut ce prétendu ‘vieil ami’ à l’ombre fraîche et dense des arbres.
Cette personne n’était pas tournée vers lui. Vêtu d’une tunique bleue avec un long bandeau de cheveux qui retombait dans son dos, il avait un bandeau noir noué autour de sa tête et le bout du bandeau voletait au gré du vent derrière lui. Sa posture debout était plutôt détendue et indolente. Voyant ça, Xu Pingsheng plissa le front.
… Il ne se rappelait vraiment pas avoir un tel ami.
Avant qu’il ne puisse ouvrir la bouche, le vent avait déjà apporté son odeur poivrée au nez du visiteur.
L’homme se tourna vers lui, révélant une paire de lèvres fines qui étaient d’un rouge vif. Il les étira sur le côté en un air provocateur, ce qui donna inexplicablement envie à Xu Pingsheng de le frapper.
… C’est comme si… cette personne éveille en moi un sentiment de familiarité.
C’est vraiment un vieil ami ?
Pendant que Xu Pingsheng se creusait la tête, l’autre homme s’appuya sur son épée et s’avança vers lui pas à pas. Sa démarche manquait de stabilité, alors Xu Pingsheng prit l’initiative de se porter à sa rencontre. Il s’arrêta devant lui et lui demanda poliment :
« Excusez-moi, vous êtes… »
Une main frivole couverte de cals d’épée vint lui caresser le visage, frottant de haut en bas. L’homme commenta :
« Tu as maigri depuis la dernière fois que je t’ai vu, ah. »
Xu Pingsheng : « … »
… Rien qu’à sa voix, il avait reconnu cet enfoiré.
Un air vide sur le visage, il dégaina son épée de son fourreau et frappa impitoyablement et sans hésiter le visiteur à l’estomac.
Un peu plus tard.
Les deux étaient assis côte à côte sur les marches. Xu Pingsheng conservait une certaine distance, le visage neutre, pendant que Sa Si retirait le bandeau de ses yeux. Il grinça des dents en massant l’endroit douloureux à son ventre et se plaignit tristement :
« Grand frère, ça fait longtemps qu’on ne s’est pas vus alors pourquoi tu es toujours aussi féroce ? »
Xu Pingsheng roula des yeux. Il avait exercé trop de force à l’instant et avait un peu mal à la tête.
Le coup de la fleur dans ses cheveux était encore très clair dans ses souvenirs. Sans le savoir, il avait marché dans les rues avec cette fleur de parasol dans les cheveux. Ce ne fut qu’à leur retour après avoir éliminé des Démoniaques que Yuan Ruzhou lui avait fait une remarque et qu’il avait découvert la composition florale derrière sa tête. La jeune femme avait même porté une main à sa bouche et fit avec un léger rire :
« Troisième grand frère martial est très beau avec cette fleur. »
Xu Pingsheng s’était senti si honteux qu’il aurait voulu pouvoir creuser un trou dans le sol pour s’enterrer.
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Mais là, en voyant Sa Si souffrir, il se sentit enfin un peu mieux.
« Ça t’amuse de jouer les aveugles ? »
Le bandeau noir qui avait couvert les yeux de Sa Si tout à l’heure était à présent négligemment attaché autour de son poignet. En entendant ça, Sa Si se plaignit d’un ton de victime :
« Mes yeux ont une couleur particulière. Si un disciple de la Montagne de la Tombe du Vent les avait vus et m’avait identifié comme un membre du Dao Démoniaque, pourquoi m’aurait-il aidé à faire passer mon message ? Il fallait donc bien que je les cache. »
Xu Pingsheng réprima sa rage intérieure.
« Qu’est-ce que tu veux de moi ? Tu crois qu’on se connaît assez bien ?
– Je suis venu apporter un cadeau de mariage. Xingzhi est le marié, alors il doit être trop occupé pour venir. J’ai eu beau réfléchir, tu es le seul que je connais sur la Montagne de la Tombe du Vent, grand frère. »
Sa Si en oublia la douleur et se transforma aussitôt en un sale mioche qui ne se rappelait que des bonnes choses et pas des mauvaises. Il eut un grand sourire :
« Grand frère, rends-moi service. »
Cet homme était venu apporter un cadeau, ce qui était une bonne intention. Xu Pingsheng ne pouvait faire pas des histoires dans un tel moment et le renvoyer, alors il n’eut pas d’autre choix que de demander, le visage froid :
« … Qu’est-ce que tu as ramené ? »
Sa Si prit un objet long dans son dos. Il retira le tissu autour couche par couche, dévoilant une longue boîte en bois de palissandre. Son visage prit l’air joyeux de celui qui offrait un grand trésor :
« Grand frère, regarde un peu. »
Xu Pingsheng ouvrit la boîte.
Sa Si était clairement très fier de son cadeau, alors il le présenta d’un ton ravi :
« C’est une ancienne épée que j’ai forgée à partir de pierre de Tangxi. Dès que j’ai appris le mariage de Xingzhi, j’ai commencé à forger cette épée. Cela fait depuis le troisième mois que le feu dans la forge a brûlé nuit et jours. C’est seulement hier que j’ai pu enfin la finir… »
Pendant qu’il bavassait, Xu Pingsheng releva lentement la tête de la boîte en faisant la grimace.
« Mon frère va se marier et toi, tu lui offres quelque chose de négatif ? Une arme qui sert à tuer ? »
Sa Si lâcha un ah, un peu confus.
« C’est une bonne épée, ah. »
Xu Pingsheng : « … »
Déjà depuis qu’il avait vu la tête d’abruti de ce type, il avait eu l’envie de le frapper. Là, en entendant de telles absurdités de sa part, il ne put réprimer plus longtemps la colère qui couvait dans son cœur. Il souleva la boîte et la lui jeta.
« Ça porte malheur, tu ne le savais pas ?! »
Sa Si rattrapa la boîte dans ses bras et cligna innocemment de ses yeux fins et charmeurs.
« Mais je tiens vraiment à cette pierre d’épée, ah… Ça fait onze ans que je l’ai obtenue, mais je ne voulais pas m’en servir pour moi… »
L’air confus et triste de l’autre homme adoucit un peu le cœur de Xu Pingsheng.
… Cet homme ne l’avait sans doute pas fait exprès, c’était juste qu’il ne suivait pas les règles ordinaires. Il tenait à offrir un trésor qui lui tenait vraiment à cœur. Bien que l’intention n’était pas bonne, elle était tout de même sincère.
Heureusement, Sa Si n’était pas du genre à s’appesantir sur des affaires triviales. Il tapa dans ses mains et chassa sa légère déception.
« Alors je vais descendre de la montagne pour acheter un nouveau cadeau. Grand frère, attends-moi ici !
– Une minute ! s’écria Xu Pingsheng en se levant. Je viens avec toi. »
Comme ça, ça l’empêcherait de choisir des choses étranges et honteuses qui ne pourraient pas servir de cadeau.
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Sa Si passa un bras autour de son cou et partit d’un rire joyeux.
« Je savais que grand frère avait bon cœur ! »
Un tic agita le visage de Xu Pingsheng.
« … Ton bras. »
Sa Si décida de bien se comporter. Il retira son bras et fit, la bouche en cœur :
« Grand frère…
– Ne m’appelle pas comme ça. Je suis le grand frère de Xingzhi, je n’ai aucun lien avec toi.
– Alors comment je dois t’appeler ?
– … Appelle-moi comme tu veux, peu importe. »
Sa Si réfléchit soigneusement.
« Pingsheng ? »
L’autre jeune homme manqua de s’étrangler. Il lui jeta un regard furieux, mais croisa alors le sourire brillant d’un certain type sans honte.
« Pingsheng, Pingsheng. »
… Xu Pingsheng décida qu’il n’allait pas se rabaisser au même niveau que cet imbécile, alors il prit sur lui.
Après avoir marché un peu, Sa Si se montra de nouveau malicieux.
« … Pingsheng, j’ai forgé moi-même cette épée, alors ce ne serait pas bien que je m’en serve moi-même. Je trouve que ton épée en pierre de Moye est très bien. Et si on faisait un échange, ah ?
– Dans tes rêves.
– Tu ne veux vraiment pas me l’échanger ?
– La ferme. »
Des petites taches de lumières qui passait à travers la canopée retombèrent sur les deux jeunes gens. Une volée d’oiseaux blancs s’envola de la forêt de pins. Les ombres et la lumière se mouvèrent lentement avec les branches, comme si de l’eau coulait sur les épaules des deux marcheurs.
Le temps qu’ils descendent de la montagne, puis qu’ils remontent, l’épée en pierre de Moye à la taille de Xu Pingsheng avait été remplacée par l’épée en pierre de Tangxi.
La raison était que Xu Pingsheng n’en pouvait plus des demandes répétées de Sa Si et qu’il ne pouvait plus supporter de voir son regard des plus suppliants.
Sa Si avait donc fini par avoir l’épée en pierre de Moye et il était aussi excité qu’un enfant qui avait obtenu le jouet qu’il désirait tant. Avec une innocence très vive et animée, il tenait l’épée entre ses mains et ne cessait de la contempler encore et encore, sans même faire attention à la route.
Xu Pingsheng roula des yeux et se dit que ce serait bien fait pour lui s’il tombait et se tuait.
Quelques pas plus tard, Sa Si trébucha vraiment. Xu Pingsheng, qui n’avait cessé de faire attention à ses mouvements, sentit son cœur se serrer subitement. Avant de trop réfléchir, il saisit l’autre par le col pour l’empêcher de rouler et de dégringoler la route de montagne accidentée.
Quand Sa Si tomba en avant, le bout de son nez passa à quelques cheveux de la lame de son épée. Étonnamment, il sentit l’odeur fraîche des aiguilles de pin.
Ses yeux s’illuminèrent et dès qu’il reprit son équilibre, il s’empressa de demander à son sauveur :
« Pingsheng, qu’est-ce que tu utilises pour entretenir la lame de ton épée ? Ça sent vraiment bon ! »
Xu Pingsheng : « … »
Il regretta de l’avoir sauvé. Il aurait mieux valu le laisser tomber et se faire mal, cela l’aurait fait taire.
Cela dit, si tous les Démoniaques étaient comme Sa Si et ne cherchaient pas à causer des problèmes, ce ne serait pas trop mal.
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Pour autant que Xu Pingsheng savait, dans la lutte pour obtenir la position de nouveau seigneur Démoniaque, Liu Yunhe, qui avait été successivement un disciple de Sa Luo et de Nian Zai, avait remporté cette position de seigneur vénérable du Dao Démoniaque. Toutefois, la lutte interne pour le pouvoir avait affaibli la majeure partie de son camp. Les deux fils de Nian Zai avaient été exilés de la capitale du Dao Démoniaque et on disait qu’ils avaient renoncé à leur querelle pour former une alliance et prévoir une contre-attaque, ce qui alarmait énormément Liu Yunhe.
Avec le mariage de Xu Xingzhi, cet homme avait enfin trouvé une occasion de nouer des liens avec les quatre grandes sectes. Il était venu personnellement sur la Montagne de la Tombe du Vent deux semaines auparavant pour présenter un cadeau très précieux. Tout respectueux et prudent, il exprima simplement le souhait que les quatre grandes sectes ne profitent pas de leur déclin pour agir dans le but d’éliminer les Démoniaques.
Qing Jing vint en personne examiner le présent. Après s’être assuré qu’il ne contenait rien de louche, il le rangea parmi les autres cadeaux et convint que l’accord de paix entre les quatre grandes sectes et le Dao Démoniaque serait maintenu. Mais si jamais le Dao Démoniaque nourrissait des pensées rebelles, les quatre grandes sectes pourraient les éradiquer à tout moment sans même prévenir à l’avance.
Liu Yunhe suait à profusion, émettant des “bien, bien” à tout bout de champ. Il s’aplatit un bon moment afin d’obtenir un bref répit pour le Dao Démoniaque. Cependant, les deux jeunes seigneurs qui le guettaient comme des tigres restaient sa plus grande préoccupation.
Mais il n’osa pas aborder ce sujet, de crainte que les quatre grandes sectes n’interfèrent de trop près avec ses affaire.
Dans ce monde en paix pavé de toutes pièces par Yue Wuchen, la cérémonie de mariage de Xu Xingzhi put officiellement débuter.
Xu Xingzhi et Meng Chongguang étaient tous les deux de la Montagne de la Tombe du Vent et ils vivaient déjà ensemble dans le palais principal, alors s’ils étaient récupérés sur place pour pratiquer la cérémonie, ce serait trop rapide.
Après délibérations, Meng Chongguang accepta de résider à l’avance dans la petite ville au pied de la Montagne de la Tombe du Vent et il serait conduit sur la montagne le jour de la cérémonie. Ce faisant, il était comme la nouvelle épouse.
Si on demandait à un homme ordinaire d’en épouser un autre en suivant le cérémonial d’une femme, il se sentirait forcément indigné. Toutefois, Meng Chongguang ne se souciait pas de ces choses triviales.
Celui avec qui il voulait passer le reste de sa vie était Xu Xingzhi. Du moment que son grand frère martial était heureux, les commentaires des autres lui passaient par-dessus la tête et cela ne méritait pas de rester un seul instant dans son cœur.
La date propice du huitième jour du sixième mois arriva.
Tôt le matin, Zhou Beinan et Qu Chi, les garçons d’honneur, s’étaient postés à la porte de la secte pour accueillir les invités. Sa Luo, qui était l’officier de cérémonie, devait énoncer à voix haute les cadeaux offerts par les quatre grandes sectes et les remercier.
Les listes de cadeaux lui étaient présentées une par une. Sa Luo parla du matin au soir sans s’arrêter un seul moment.
Une fois tous les invités installés, Sa Luo, qui avait la gorge bien sèche, prit la liste de cadeaux de maître Qing Jing d’une boîte de jade. En voyant l’écriture familière, son cœur morose et agacé se calma un peu.
Cependant quand il déroula totalement le parchemin, sa vision s’assombrit soudain et son cerveau faillit exploser.
Tous les gens présents poussèrent de vives exclamations.
— C’était une très longue liste de cadeaux qui allait du haut de la plate-forme en hauteur jusqu’au sol, densément recouverte par l’écriture de Qing Jing.
Sous les yeux de tous les disciples qui étaient devenus verts d’envie, Sa Luo déglutit avec difficulté et entama la lecture depuis le tout début.
Il lui fallait une heure entière pour compléter la liste.
Au départ, à chaque fois que les gens entendaient le nom d’un trésor, ils étaient surpris et commentaient vivement. À force, ils finirent par être blasés et une seule pensée resta dans leurs esprits :
… Maître Qing Jing adore vraiment grand frère martial Xu, ah.
Une fois que la liste fut lue, la voix de Sa Luo, qui était normalement splendide et vibrante, était devenue presque complètement rauque. Il s’éclaircit la gorge et eut à peine assez de voix pour annoncer le commencement officiel de la cérémonie.
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Les gongs et les tambours résonnèrent et les trois carillons tintèrent l’un après l’autre, jouant une musique ancienne de bonne augure et au rythme lent. Xu Xingzhi et Meng Chongguang portaient tous les deux la tunique or et rouge du marié. Ils dépassèrent le brasier près de la porte et s’avancèrent main dans la main.
Tous les deux avaient le visage orné d’un grand sourire. L’un avait l’air beau et impeccable, l’autre avait l’air d’une jeune femme soignée. L’un était élégant et libre, l’autre était d’une beauté sans égale.
En les voyant, même Wen Xuechen, qui avait beaucoup à redire sur ce couple, en fut un peu ému. Comme tous les autres, six mots surgirent dans son esprit : faits l’un pour l’autre.
Depuis qu’il avait franchi les portes de la montagne, Xu
Xingzhi avait senti quelque chose d’étrange sous ses
pieds et il y avait une légère odeur qui chatouillait
ses narines. Il baissa les yeux et en resta sous le choc.
— Au premier regard, on aurait dit que le sol sous leurs pieds n’était qu’un simple tapis rouge mais en y regardant de plus près, il s’agissait d’une couche épaisse de fins pistils de safran, un joyau naturel qui recouvrait le sol. Il y en avait au moins pour des millions de taëls et on pouvait dire que chacun de leur pas valait vraiment de l’or.
Sur leur passage, des bulbes de fleurs spirituelles plantés de chaque côté fleurirent, nourris par du pouvoir spirituel. Du coup, chacun de leur pas était accompagné de couleur et les fleurs se mettaient à éclore l’une derrière l’autre. C’était d’une beauté à couper le souffle. Plusieurs cultivatrices en eurent les larmes aux yeux rien qu’en voyant ça.
Les yeux de Xu Xingzhi lui piquaient aussi un peu. Il leva les yeux vers Yue Wuchen, son témoin, qui se trouvait plus loin sur la tribune en hauteur.
Le coin des lèvres de l’autre homme était légèrement étiré vers le haut. Son expression était tendre et douce, comme un père qui voyait son fils se marier.
Devant lui, les deux futurs mariés se tinrent la main et s’arrêtèrent.
« … Maître, appela Xu Xingzhi d’une toute petite voix.
– C’est bien, fit Yue Wuchen dont la voix trembla un peu. C’est très bien. »
— Tout est parfait. Mon enfant, mon disciple, mon Xingzhi, vis heureux et en bonne santé, vis aussi longtemps que le ciel et la terre. Tiens la main de ton bien-aimé, reliés par le fil rouge, et restez ensemble pour toujours.
« La première prosternation pour le Ciel et la Terre, que votre vie conjugale soit harmonieuse et paisible.
« La seconde prosternation pour le maître, si vous demandez une pêche, recevez du jade, que votre vie soit prospère pour toujours.
« La dernière prosternation est entre vous, que le mari protège toujours son épouse et que les deux rentrent dans leur foyer. »
Des félicitations s’ensuivirent, toutes sincères.
Xu Xingzhi tourna la tête. Ses amis et proches étaient tous autour de lui, aussi loin qu’il pouvait voir. Xu Pingsheng, Zhou Beinan, Qu Chi, Zhou Xian et Lu Yujiu le regardaient tous avec des sourires de joie sincère. Mêmes Wen Xuechen et Jiu Zhideng, qui ne souriaient jamais, avaient esquissé l’ombre d’un sourire.
De sa main droite, Xu Xingzhi serra les mains des gens autour de lui. De son côté, Meng Chongguang répondit en silence en lui serrant la main gauche de plus en plus fort.
D’ordinaire quand un homme se mariait, il était d’usage de prononcer des paroles de bon augure comme “avoir très vite un enfant”. Dans le cas présent, ce rite compliqué était énormément allégé.
Une fois la cérémonie officielle achevée, tout le monde se mit à boire et à se lâcher. À la nuit tombée, les feux d’artifices envahirent le ciel sombre au-dessus de la Montagne de la Tombe du Vent, le transformant en un ciel illuminé d’arbres de feu, de fleurs argentées et de traînées dorées brillantes.
Xu Xingzhi avait une très grande tolérance à l’alcool, alors le groupe mené par Zhou Beinan n’allait pas laisser passer cette bonne occasion de le faire boire. Cependant, ils n’exagérèrent pas pour qu’il puisse encore accomplir son devoir conjugal. Une fois que Xu Xingzhi fut pas mal ivre, les gens l’entourèrent et le guidèrent vers la chambre nuptiale dans son palais nouvellement redécoré. Après avoir fait un peu de chahut dans la cour un moment, ils se dispersèrent.
… Après tout, ils n’avaient encore jamais vu une chambre nuptiale entre deux hommes. Craignant des incidents qui pourraient embarrasser et les hôtes et les invités, ils se retirèrent simplement et gentiment sous la direction de Qu Chi et Wen Xuechen.
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L’alcool tapait vraiment fort. Xu Xingzhi ouvrit un peu son col avant de pousser la porte. Il y trouva Meng Chongguang, qui avait déjà été conduit à la chambre comme il se devait pour une épouse et qui s’était déjà changé.
Il portait une écharpe ornée de nuages et un guan de phénix. Ses lèvres pulpeuses étaient d’un rouge vif. La tunique vermeille et moulante soulignait une taille douce qu’on pouvait saisir d’une main et les longs cheveux étaient étalés parmi les oreilles, comme des nuages.
Il était allongé sur le lit et souriait d’un air très séducteur.
« J’ai ajouté ça moi-même. Ça te plaît, grand frère martial ? »
Un grondement grave surgit de la gorge de Xu Xingzhi.
… Chongguang…
Cette personne était avec lui depuis tout petit et à un certain point, il s’était peu à peu habitué à sa présence et l’avait progressivement intégré dans sa vie. Et puis, il avait fini par se rendre compte que Meng Chongguang était devenu une partie indispensable de son existence.
Il n’y avait pas eu de vague ou de remous, tout était parfaitement dans la logique des choses. Il n’y avait pas eu besoin d’épreuves et de tribulations, pas besoin de partager la vie ou la mort. Il l’aimait tout simplement, son cœur était ému et il avait découvert qu’il ne pouvait pas vivre sans lui, alors ils s’étaient mis ensemble.
La première personne dont il était tombé amoureux serait également la seule qui tiendrait sa main pour le restant de sa vie, comme c’était magnifique.
Les gens comme Xu Xingzhi, qui étaient sans contraintes et sans attaches, avaient tous le même défaut en commun : ils se souciaient des gens et respectaient les sentiments humains, mais ils ne comprenaient pas vraiment ce qu’était le véritable amour.
Cependant quand il vit Meng Chongguang ainsi, son cœur se mit à battre à tout rompre et son sang bouillonnait dans ses veines. Il ne put s’empêcher d’avoir envie de le prendre dans ses bras pour l’embrasser.
C’est sans doute ça, le véritable amour, hein ?
Xu Xingzhi s’approcha du lit et posa ses doigts sur la chair tendre de la nuque de Meng Chongguang. Il pinça les endroits dont il avait envie, puis les massa lentement.
Sans surprise, l’autre jeune homme étira le cou comme un chaton, lui présentant sans réserves son endroit le plus vulnérable et le laissant le caresser et le manipuler.
Xu Xingzhi déposa un baiser sur la nuque pâle qui lui était présentée. Sa voix trembla tant il était extrêmement nerveux.
« … Chongguang, je vais essayer d’être aussi doux que possible, alors n’aie pas peur. »
Meng Chongguang leva une main pour caresser le grain de beauté en forme de larme au coin des yeux de Xu Xingzhi. Il eut un sourire entendu.
« … Grand frère martial, je n’ai pas peur. Tu ne devrais pas non plus avoir peur. »
Avant que Xu Xingzhi ne puisse comprendre ce qui se cachait derrière ces paroles, Meng Chongguang tira soudain sur sa ceinture et les deux tombèrent enroulés sur le lit. Ils s’embrassèrent, comme deux foyers d’incendie qui brûlaient au même endroit.
Environ un quart d’heure plus tard, un cri terrifié parvint de l’intérieur du palais :
« … Toi du nom de Meng ! Toi du nom de Meng… Mmm — qu’est-ce que tu fais ?! … Je — »
Les mots qui suivirent furent scellés à l’intérieur d’une barrière spirituelle, alors ils ne purent se répandre à l’extérieur.
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Dans la nuit, Yue Wuchen goûta enfin à l’ivresse pour la première fois depuis plus de dix ans.
Il était si ivre qu’il n’arrivait plus à tenir debout. Il ne cessait de tirer sur la manche de maître Fu Yao et de gémir :
« Xingzhi, ne t’en va pas.
« C’est la faute du maître. »
Fu Yao ne savait pas s’il devait en rire ou en pleurer. Il passa un bras à moitié autour de la taille de l’autre et fit à Sa Luo qui se trouvait à côté :
« Luo Shisan, viens t’occuper de ton maître. »
Sa Luo, qui n’avait eu aucun succès depuis, prit un Yue Wuchen au regard vide dans ses bras et l’amadoua gentiment :
« Maître, retournons au Palais de Bambou Vert. Tu es ivre. »
De légères larmes pitoyables brillaient dans les yeux tombants de l’autre homme. Il murmura :
« Je ne suis pas ivre. Je ne me saoulerai plus jamais. »
Les cordes sensibles de Sa Luo furent effleurées par la petite voix de cet homme. Son ton s’adoucit encore plus :
« Entendu, le maître n’est pas ivre. Il se fait tard, alors ce disciple va raccompagner son maître pour le maître au lit, d’accord ? »
Yue Wuchen hocha la tête docilement.
« En. »
Puis il posa la tête dans les bras du jeune homme et ne bougea plus.
… Il s’était enfin calmé.
Sa Luo aida son maître à marcher et une fois loin des regards, il prit dans ses bras l’homme qui titubait et le transporta dans le Palais de Bambou Vert. Il le déposa sur un lit de jour, puis alla chercher de l’eau chaude pour nettoyer les mains et les pieds de l’autre. Pour finir, il mit à infuser du thé noir afin de dessaouler l’autre.
Pendant que le thé refroidissait, Sa Luo s’assit au bord du lit de jour.
Yue Wuchen n’avait pas un sommeil paisible. À cause de l’alcool, il se tournait et se retournait, ses sourcils froncés. Il marmonnait et son expression était presque douloureuse, comme s’il faisait un cauchemar.
En le voyant ainsi, des pensées différentes se mirent à germer dans l’esprit de Sa Luo.
— Yue Wuchen était ivre en ce moment et sans défense, alors pourquoi ne pas en profiter pour explorer sa mer de connaissances ? Comme ça, il verrait ce que Yue Wuchen pensait vraiment de lui.
Note de Karura : C’est exactement comme dans les films d’horreur, quand on voit un personnage se diriger vers une porte et qu’on lui crie : “N’y va pas, n’y va surtout pas !!!”
Tu vas le regretter, Sa Luo.
Ce sera la dernière partie de l’extra 1 ~
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