3. Cauchemar
Meng Chongguang piqua de nouveau une crise avec Xu Xingzhi. La raison semblait des plus triviales pour ce dernier.
Alors qu’il discutait avec Zhou Beinan au moyen de la lampe de clairvoyance, son ami avait dit de manière familière :
« Si ça ne marche pas, je t’arracherai la tête à mort. »
Il se trouva que Meng Chongguang arriva juste au mauvais moment pour entendre ça.
Le jeune homme prit tout à coup un air sauvage et agressif, puis il tourna les talons et partit de colère.
Xu Xingzhi n’y comprenait plus rien. Il ne se soucia même pas de la moquerie de Zhou Beinan qui disait “Ta femme est si stricte”. Il voulait savoir ce qui était arrivé à Meng Chongguang.
De son point de vue, bien que Meng Chongguang pouvait se montrer enfantin, capricieux et qu’il aimait causer des soucis de temps en temps, il n’avait jamais été susceptible à ce point. Il semblait constamment en proie à des soucis personnels et considérait chaque nouveau jour comme une chance. La nuit, il ne se reposait pas en méditant, trop anxieux pour ça, et il faisait des pieds et des mains pour qu’ils s’allongent dans les bras l’un de l’autre. Ce n’était qu’ainsi qu’il était satisfait. Parfois, quand Xu Xingzhi se réveillait en pleine nuit, il sentait bien que l’autre n’était pas en train de dormir. Mais Meng Chongguang refusait de répondre s’il l’appelait et lui répondait seulement avec une respiration lourde et de la sueur froide sur tout son corps.
Xu Xingzhi en profita donc pour demander à Zhou Beinan :
« Est-ce que Chongguang faisait souvent des cauchemars dans les Terres Sauvages ? »
Zhou Beinan s’empressa de clarifier les choses :
« Qu’est-ce que j’en sais, moi ? Je ne dormais pas avec lui. »
En parlant de ça, il réfléchit soigneusement et fit :
« Mais quand tu es arrivé dans les Terres Sauvages, il m’a paru un peu changé. »
Cela dit, du point de vue de Zhou Beinan, Meng Chongguang était quelqu’un de caractériel et à l’humeur volatile. C’était donc tout à fait normal que son tempérament avait changé quand il avait été réuni avec Xu Xingzhi après treize ans de séparation. Voilà pourquoi il n’avait pas fait le lien avec la question de Xu Xingzhi et mentionné ça juste en passant.
En voyant son ami songeur, Zhou Beinan se moqua de lui :
« Regarde-toi un peu, tu as peur qu’il te fasse la tête ? »
Xu Xingzhi sourit et fit franchement :
« Bien sûr que j’ai peur de lui. »
… Il avait peur que Meng Chongguang soit triste et qu’il ne puisse pas dormir. Il craignait encore plus de ne jamais pouvoir suffisamment compenser ces treize années qu’il lui devait.
Xu Xingzhi éteignit la lampe de clairvoyance. Il retourna à son palais et quand il arriva, il s’aperçut qu’il avait été clairement enfermé à l’extérieur.
Il toqua à la porte.
« Chongguang, et si on en parlait ? »
La personne à l’intérieur n’avait pas du tout l’intention de parler. La porte était bien fermée, comme une bouche cousue qui refusait de lâcher le moindre secret.
Xu Xingzhi envisagea sérieusement de défoncer la porte pour entrer, puis rejeta cette idée.
S’il cassait la porte, il faudrait bien qu’il la répare ensuite.
Il s’assit donc en tailleur sous l’auvent du palais, sortit sa jarre et fit :
« Si tu n’ouvres pas la porte, je vais attendre ici. »
Quand Xu Xingzhi disait qu’il allait attendre, cela voulait dire qu’il était vraiment décidé à attendre jusqu’au bout. Tout en se servant une coupe de liqueur, il activa la technique de communication mentale et se connecta à la mer de connaissances d’une autre personne en faisant :
« Boning, apporte-moi quelques documents officiels à mon palais. »
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
Très peu de temps après, un bel adolescent tranquille apparut sous la Porte de la Lune en portant plusieurs rouleaux de parchemin. Bien que jeune, cet adolescent possédait déjà le raffinement et l’élégance d’une peinture à l’encre. Ses lèvres étaient d’un rouge foncé sans avoir besoin de maquillage et il se tenait debout tout comme une foule de peintures de paysages.
Chang Boning déposa les parchemins devant Xu Xingzhi et fit :
« Maître, pourquoi vous n’entrez pas ? »
Xu Xingzhi porta la jarre à ses lèvres et prit une gorgée. Il répondit d’un ton naturel et distingué :
« L’épouse de ton maître a mis ton maître à la porte. »
Chang Boning avait l’habitude. Il étira les lèvres en un sourire et fit :
« Alors je vais déposer ça sous l’auvent pour vous. »
Chang Boning était le nouveau disciple de Xu Xingzhi depuis l’établissement des nouvelles quatre sectes. Ce garçon possédait des racines spirituelles célestes et était extrêmement doué. Le plus important était qu’il avait le cœur paisible d’un Daoïste, tout à fait du genre à s’asseoir pour contempler les nuages qui passaient.
… Pour dire les choses clairement, cet adolescent ressemblait énormément à Qing Jing / Yue Wuchen au même âge.
Meng Chongguang était assis dans le palais. Quand il entendit Xu Xingzhi faire de l’autre côté “l’épouse de ton maître”, il se sentit lui aussi taquiné, puis se pinça les lèvres.
… Ce n’était pas qu’il ne voulait pas laisser entrer Xu Xingzhi, c’était qu’il ne pouvait pas.
Quand il était revenu dans le palais, il avait cassé tous les objets et meubles sur lesquels il avait mis la main, fou de colère. Il s’était uniquement arrêté quand il avait été trop fatigué. Il y avait à présent des bouteilles brisées, des pots cassés et des morceaux de jade qui jonchaient toute la pièce. S’il laissait entrer Xu Xingzhi comme l’autre le demandait, ce dernier prendrait peur.
Meng Chongguang était très content de s’être rappelé à temps qu’il s’agissait de la résidence de son grand frère martial au moment de devenir fou. Il n’avait donc pas activé son énergie magique car autrement, les fondations mêmes de la Montagne de la Tombe du Vent seraient à présent instables.
Meng Chongguang contempla une bougie cassée en deux par terre. Au moment où il allait se lever, il laissa échapper un rire amer :
— Grand frère martial dit qu’il veut parler, mais qu’y a-t’il à se dire ?
Parler ouvertement et honnêtement, cela ne ferait qu’ajouter aux problèmes de son grand frère martial. Meng Chongguang refusait de laisser ces souvenirs sombres et lourds, visqueux et sales ternir un tant soit peu le jeune homme.
Après avoir fracassé tous ces objets, Meng Chongguang était très épuisé. Il s’allongea au bord du lit et leva les yeux vers la tenture en soie de grège. Il songea avec lassitude que son grand frère martial avait toujours froid et qu’il ne supporterait pas la rosée nocturne. Il devait donc nettoyer tout ce bazar avant le coucher du soleil afin de laisser son grand frère martial rentrer.
À force de penser ainsi, il finit par s’endormir petit à petit, les yeux fermés.
Les portes et les fenêtres de la pièce étaient toutes soigneusement fermées. Contre toute attente, la tenture en soie claire fut agitée par un souffle de vent, comme si elle dansait. La silhouette fantomatique de Xu Xingzhi apparut devant le lit. Il regarda autour et fit doucement :
« … Le petit saligaud. »
S’il n’avait pas fait venir d’abord Chang Boning et ensuite amadoué Meng Chongguang avec ses paroles pour lui faire relâcher sa vigilance, les choses ne se seraient pas passées comme il l’avait voulu aussi facilement.
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
Xu Xingzhi agita les doigts et fit se rétracter le fil invisible de lumière enroulé autour de son doigt. C’était un outil magique raffiné à partir de Gu du sommeil. Cela pouvait provoquer chez les gens un sommeil très profond duquel ils ne se réveilleraient pas facilement. On pouvait aussi directement utiliser les Gu de sommeil vivants, mais Xu Xingzhi n’aurait vraiment pas pu supporter d’avoir quelques vers rampants et gigotants sur son éventail. Il avait donc dû attendre plus longtemps et dépenser plus pour que d’autres règlent ce problème à sa place, puis pour qu’il puisse l’utiliser lui-même.
Il ne se soucia pas du tout de la scène de désordre dans la pièce. Il s’assit au bord du lit et caressa la marque de démon sur le front de Meng Chongguang.
Cette marque semblait très sensible pour lui. Un simple contact léger suffit à le faire reculer en arrière et enfouir son visage pâle dans l’oreiller moelleux, comme pour échapper à quelque chose.
Xu Xingzhi poussa un soupir silencieux.
Puisque Meng Chongguang refusait de lui ouvrir son cœur, il n’avait pas d’autre choix que de chercher une fissure pour s’y faufiler.
Même si sa blessure au cœur était douloureuse, il ne fallait pas la laisser sans traitement, sinon l’autre risquait d’en mourir. Xu Xingzhi n’aimait pas laisser ces choses se mettre continuellement entre Meng Chongguang et lui. Il ne voulait pas non plus que l’autre porte sur ses épaules des fardeaux bien trop lourds à porter pour une seule personne.
Xu Xingzhi n’oublierait jamais qu’une fois dans les Terres Sauvages, il avait tenté d’explorer la mer de connaissances de Meng Chongguang, mais qu’il avait été presque submergé par un océan de tristesse.
Le Meng Chongguang des souvenirs de Xu Xingzhi aimait jouer et s’amuser, n’avait aucun scrupule, n’était pas piégé par le monde des mortels, entravé par des milliers de règles. C’était un enfant libre et sauvage, à la fois innocent et malicieux.
… En tout cas, il ne devait pas être dans un tel état de mélancolie profonde comme maintenant, comme s’il portait le monde entier sur ses épaules.
Xu Xingzhi lâcha un soupir. Il se pencha et pressa son front un peu froid contre la marque de démon sur le front de l’autre. Il fit comme pour lui-même :
« Chongguang, laisse-moi voir ce qui se passe. »
… Quand Meng Chongguang se réveilla tout à coup dans le lit, il faisait déjà bien nuit.
À l’extérieur, un vent morne sifflait et le tonnerre grondait. Depuis le crépuscule jusqu’à maintenant, il avait plu énormément.
Au début, Meng Chongguang sentit un vide dans son cœur, comme un blanc dans ses souvenirs qui avait besoin d’être rempli. Il se frotta les joues qui étaient toutes chaudes après son sommeil, puis se focalisa pour tenter de découvrir d’où venait ce sentiment de vide.
Il finit par le découvrir au bout d’un long moment.
… Il n’avait pas fait de cauchemars ?
Quand son grand frère martial était à ses côtes, il faisait moins de cauchemars mais la plupart du temps, il ne pouvait pas échapper à ces rêves qui le tourmentaient comme des asticots sur son corps. Ce n’était qu’en se réveillant, en serrant fort Xu Xingzhi dans ses bras et même en débutant quelques actes intimes qu’il pouvait confirmer que l’homme dans ses bras n’était pas un rêve.
Quand Xu Xingzhi avait été dans les Terres Sauvages au début, les quelques rêves étranges qu’il avait faits avaient tous été provoqués par les actes intimes de Meng Chongguang qui n’avait pas pu réprimer les pulsions de son cœur.
Avant de pouvoir comprendre où il se trouvait et quelle nuit c’était, Meng Chongguang ne s’embêta pas à mettre ses bottes. Marchant pieds nus sur les débris par terre, il se rua vers la porte.
Le col de sa tunique était un peu ouvert et il y avait une étrange sensation de brûlure dans son cœur. Cependant, avec son grand frère martial toujours enfermé dehors, comment aurait-il pu se soucier de ces petites choses ?
Il ouvrit brusquement les portes du palais.
Il y avait une odeur de poisson dans l’air, mais cela pouvait provenir soit de la terre qui avait été lessivée ou bien des vers de terre qui la submergeaient.
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
Sans surprise, Xu Xingzhi était encore assis sous l’auvent.
Toutefois, il n’avait pas perdu le nord. Quand on était coincé dans ce genre de temps et qu’on n’avait que le ciel comme toit, on risquait de mourir de froid. Alors il avait transformé le Pinceau Libre en épaisse couverture et s’était allongé sous l’auvent glacial pour dormir paisiblement. Il ne s’était pas inquiété que des disciples puissent aller et venir devant le palais.
Il y avait fort à parier qu’un nouveau ragot allait circuler sur la Montagne de la Tombe du Vent dès le lendemain.
— Le maître s’était fait mettre à la porte par son épouse. Trempé par la pluie, il n’avait pas eu d’autre choix que de dormir par terre.
Allez savoir si c’était à cause du froid, mais la moitié exposée du visage de Xu Xingzhi était d’une pâleur inquiétante.
Meng Chongguang se mordit les lèvres. Il s’approcha sans un mot et souleva l’autre homme dans ses bras. Il ouvrit d’un coup de pied les portes du palais qui se refermèrent ensuite à cause du vent, puis s’enfonça dans la pièce.
Au moment où Xu Xingzhi fut sorti de sa couverture chaude, il se réveilla en sursaut. Pas pressé de se remettre debout, il sourit et se nicha dans les bras de Meng Chongguang.
« … Tu t’es réveillé ? »
Sans rien dire, Meng Chongguang le lâcha sur le lit avec un bruit sourd, puis il se pressa au-dessus de lui. Un jeune homme en tenue de nuit débraillée qui pressa un homme bien habillé qui ne s’était pas encore dévêtu, c’était vraiment une scène de séduction.
Cependant, cette action qu’on pouvait considérer comme agressive fit sourire Xu Xingzhi.
« Pourquoi tu n’as pas toqué à la porte ? demanda Meng Chongguang. Il pleut, que feras-tu si tu tombes malade ? »
Tout en posant ces questions, Meng Chongguang ressentit subitement quelque chose de bizarre.
À un moment ou à un autre, il avait pris l’habitude d’écouter les battements de cœur de Xu Xingzhi. Il trouvait qu’aujourd’hui, son cœur ne battait pas comme d’habitude, mais il n’arrivait pas à trouver ce qui clochait.
Il n’aimait pas ce sentiment de perte de contrôle, alors ses pensées diaboliques pour confirmer l’existence de Xu Xingzhi se répandirent de nouveau comme un incendie.
Avec des baisers ardents, Meng Chongguang suça et mordit les lèvres de Xu Xingzhi comme pour le punir. Ses doigts remontèrent le long de sa taille pour pincer et pétrir rudement un mamelon.
Xu Xingzhi inspira brusquement, comme s’il avait mal.
D’habitude, il supportait très bien qu’on touche ses mamelons. À cause de sa réaction, Meng Chongguang sentit son cœur trembler et il le lâcha aussitôt.
« Grand frère martial ? Ça ne va pas ? »
Xu Xingzhi lâcha un long soupir. Il se redressa à moitié et prit l’autre homme paniqué dans ses bras. Il fit clairement :
« Je vais bien. Chongguang, toi aussi tu vas aller mieux à présent. »
Hébété, Meng Chongguang se retrouva dans les bras de l’autre.
Le cœur dans le corps un peu froid était chaud et battait vigoureusement du côté gauche du torse. En fait, leurs deux battements étaient parfaitement synchronisés.
Il parut réaliser soudain quelque chose et une lueur défila dans son regard. Il s’empressa de déchirer les vêtements recouvrant le torse de Xu Xingzhi.
Une fine ligne d’un rouge vif barrait en diagonale la position du cœur de Xu Xingzhi. Une légère lueur émanait de cette marque.
Meng Chongguang l’effleura de ses doigts tremblants. Les battements de cœur qui provenaient de là étaient exactement les mêmes que ceux du morceau de chair du côté gauche de son propre torse.
Quand il ouvrit avec empressement sa propre tunique et vit la même ligne rouge, Meng Chongguang en eut les larmes aux yeux. Il entendit le doux murmure de Xu Xingzhi :
« … Avec tous les livres que maître Guang Fu m’a fait recopier autrefois, je sais ce qu’est la méthode du Manche Pourri. »
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
Xu Xingzhi s’était déjà préparé mentalement à ce qu’il allait voir dans la mer de connaissances de Meng Chongguang.
— Il s’était rendu compte que l’autre homme réagissait le plus violemment au mot ‘mort’, même s’il n’était prononcé que comme ça. De plus, il connaissait bien trop de secrets qu’il n’aurait pas dû savoir.
— L’emplacement des fragments de la clef dans les Terres Sauvages, il était évident que seul Xu Xingzhi, en tant que porteur du Livre du Monde, était capable de le savoir de manière inconsciente. Si Meng Chongguang avait vraiment su avant où se trouvaient les fragments, vu ses capacités, il n’aurait pas passé treize années en vain dans les Terres Sauvages. Il aurait tout de suite rassemblé la clef et serait sorti pour tuer Jiu Zhideng. Il aurait ensuite pris le contrôle tous les disciples démoniaques et les auraient obligés à aller dans les Terres Sauvages pour y chercher Xu Xingzhi. Voilà ce qu’il aurait normalement dû faire.
En combinant tous ces points plus les connaissances de Xu Xingzhi en matière d’anciennes techniques, cela n’avait pas été difficile de deviner ce qui avait dû forcément se passer.
Toutefois, ce qu’il avait vu de ses propres yeux avait été inévitablement différent de ce qu’il avait pu s’imaginer. Le nombre de morts et leur degré de tragédie avaient largement dépassé ses prévisions alors du coup, quand il s’était échappé de la mer de connaissances, il était resté stupéfait un long moment.
Cependant, il n’avait jamais été du genre à regretter la fin du printemps ou à soupirer à l’approche de l’automne. Quand il rencontrait un problème, il fallait toujours qu’il trouve une solution.
… Et ces deux lignes rouges étaient la solution à laquelle il avait pensé.
Meng Chongguang avait étudié avec Qu Chi pendant de nombreuses années dans les Terres Sauvages, comment Xu Xingzhi aurait-il pu ne pas connaître cette technique ?
La malédiction Partage Cœur était similaire en nom et en effet à la malédiction Partage Sort que Meng Chongguang avait lancée autrefois sur le maître du Mont Scellé. C’était une technique hérétique.
D’après la légende, la personne qui avait créé cette malédiction était un jeune alchimiste qui avait autrefois vaincu un cultivateur démoniaque. Il fut possédé par inadvertance par un fragment d’âme de ce Démoniaque et souffrit de problèmes d’anxiété, incapable de dormir la nuit. À cause de ces tourments, cet homme ne put en supporter davantage. Il créa un sort en cachette et quand il sortait dans les rues de jour comme de nuit, il lançait ce sort en secret sur d’innocents passants qui partageaient temporairement ses troubles.
Cette méthode fut très efficace : la personne ensorcelée faisait seulement quelques cauchemars, ce qui permettait à l’alchimiste de dormir en paix quelques jours. Sauf qu’une fois, à cause de son avidité, une personne innocente fut maudite et ne put supporter l’énergie démoniaque : elle mourut brusquement. Le jeune alchimiste dut porter le poids de cette mort. Il fut capturer et emprisonné par les quatre grandes sectes, qui obtinrent ainsi ce sort.
Et l’aspect le plus visible du sort était une ligne rouge entre les cœurs du jeteur de sort et de celui qui se faisait maudire. Avec cette ligne rouge, tous les deux partageaient le même cœur, ce qui atténuait la force maléfique. S’ils voulaient rompre ce sort, cela ne pouvait être fait que par le jeteur de sort.
Xu Xingzhi déposa un baiser sur l’oreille de Meng Chongguang et fit avec un léger rire :
« Cette fois, ça y est… Je t’ai vraiment donné mon cœur. »
Quand il comprit soudain, Meng Chongguang pressa deux fois son cœur de nouveau. Il sentit clairement une veine spirituelle qui partait de la pointe de son cœur. Les deux organes avaient fusionné et plus rien ne pourrait les séparer.
Il paniqua et gratta violemment la ligne rouge. Ses ongles laissèrent des traînées de sang sur son torse nu. En larmes, il fit d’un ton rageur :
« Qui veut de ton cœur, ah ?! Je n’en veux pas, grand frère martial. Reprends-le, reprends-le — »
Il ne voulait pas que son grand frère martial expérimente de tels cauchemars, grand frère martial ne devait pas —
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
Ces larmes tombèrent sur le cœur de Xu Xingzhi comme des éclats de verre. Cela le rendait très triste, pourtant il se força à sourire. Il saisit les mains agitées de Meng Chongguang et l’embrassa sur les lèvres sans dire un mot, bloquant toutes les paroles incohérentes sur le bout de la langue.
Quand la personne au-dessus de lui se fut calmée, Xu Xingzhi libéra ses lèvres et les pressa contre l’oreille du jeune homme. Il fit d’une voix chaude et rauque :
« Ne panique pas, calme-toi. Ton cœur bat trop vite, j’ai du mal à le supporter… »
Meng Chongguang posa la tête sur le torse de Xu Xingzhi. En songeant à ces nuits et ces jours difficiles d’autrefois, ses dents frémirent de malaise.
« Grand frère martial…
– Pourquoi tu pleures ? »
Xu Xingzhi ressuya ses larmes pour lui.
« Nous sommes déjà un couple de Dao, alors nous devrions tout partager équitablement. N’est-ce pas normal ? »
Meng Chongguang serra les dents et fit d’un ton rude :
« Grand frère martial dit ça d’un ton si léger, en quoi ça a été un partage équitable ?! »
Il sentait clairement que la douleur du passé s’était énormément atténuée. Même les scènes inoubliables de morts n’étaient plus aussi vives dans son esprit, comme si ces souvenirs avaient été lessivés par la pluie battante à l’extérieur et couverts d’une couche de brouillard et de pluie persistante.
Xu Xingzhi avait clairement hérité de la plus grande part des cauchemars !
À présent qu’il était découvert, Xu Xingzhi ne se cacha plus. Il se gratta le nez avec un léger rire.
« Je suis le plus insensible, alors ce n’est pas grave si tu m’en donnes plus, ah. »
Meng Chongguang sanglota un bon moment, puis finit par se calmer progressivement. Il se frotta contre les bras de Xu Xingzhi, écoutant soigneusement les battements de cœur.
Voyant que l’autre se comportait mieux, Xu Xingzhi en fut très soulagé. En songeant à ce que Meng Chongguang avait dit tout à l’heure, il traça gentiment la ligne rouge sur le torse de ce dernier du bout des doigts et le taquina :
« Qui a dit qu’il ne voulait pas de mon cœur ?
– Je le veux. »
Meng Chongguang releva la tête et renifla. Son nez tout rouge était à la fois adorable et pitoyable.
« … Je le veux. »
Xu Xingzhi sourit et embrassa un peu plus fort son oreille.
« Si tu le veux, je peux te le donner en entier. »
Tous les deux avaient passé pas mal de temps à se frotter l’un contre l’autre en étant débraillés, alors ils avaient un peu chaud. Des lianes douces soulevèrent un peu le pantalon de Meng Chongguang et sortirent par les pieds. Elles se nouèrent peu à peu en une forêt dense de lianes odorantes et chaleureuses qui dansaient de manière séductrice autour du corps de Xu Xingzhi.
Meng Chongguang se trouva une bonne excuse :
« Grand frère martial a dépensé bien trop de pouvoir spirituel pour ce sort, alors je dois le compenser. »
Vraiment trop fatigué, Xu Xingzhi voulait refuser mais quand il repensa aux yeux remplis de larmes de Meng Chongguang, son cœur s’adoucit plus qu’à moitié et les main posées sur les épaules de l’autre homme qu’il comptait repousser descendirent pour défaire les boutons de la tunique.
Aucune importance, aucune importance, laisse-le faire, hein ?
Une nuit de forte pluie, les clapotements recouvrirent les gémissements très nombreux. Le ciel et la terre, la lune et le nuage ne firent plus qu’un et ne se séparèrent plus jamais.
Commentaires :