Cent façons de tuer un prince charmant 81

Chapitre 81


Quand Shen Jue se dirigea vers la chambre de Yu Qing, il croisa plusieurs serviteurs. Ils parurent tous l'air très surpris de le voir parce que le petit bâtiment derrière le manoir était leurs quartiers. De mémoire, le duc n'avait jamais été là-bas.

Ils saluèrent Shen Jue et certains ne purent s'empêcher de demander :

« Mon seigneur, puis-je vous aider ?

– Non, » refusa Shen Jue.

Il ignora les regards surpris des serviteurs et se dirigea directement vers la porte de la chambre de Yu Qing. Ce n'était pas la première fois qu'il venait, il s'était déjà rendu là en plein jour.


Shen Jue toqua à la porte et après un moment, il entendit une voix rauque à l'intérieur :

« Qui est-ce ?

– C'est moi, » répondit-il.

Quand il eut parlé, il y eut un bref moment de silence derrière la porte. Après un instant, la porte s'ouvrit. Yu Qing semblait avoir enfilé sa chemise et son pantalon en hâte. Un pan de la chemise sortait du pantalon dont la fermeture n'était pas complètement refermée. Il y avait aussi une rougeur inexplicable sur son visage. Sans oser regarder Shen Jue, le jeune homme murmura :

« Que fait mon seigneur ici ? »

Shen Jue le fixa et fit :

« Tu ne m'invites pas à entrer et m'asseoir ? »


La main de Yu Qing sur la clenche se crispa et il serra les dents avant de répondre :

« Ma chambre n'est pas rangée. J'ai peur que cela n'offense le duc. Si mon seigneur a le moindre ordre, il peut me le dire ici.

– Alors je t'ordonne de m'inviter à entrer, » fit calmement Shen Jue tout en avançant d'un pas.

Dès qu'il s'avança, Yu Qing recula précipitamment de quelques pas comme si Shen Jue était un pestiféré. En voyant ça, le duc entra dans la chambre et referma la porte au passage.


Dès que la porte se referma, le visage de Yu Qing se tendit visiblement. Il saisit même le haut de son pantalon et froissa le tissu entre ses mains. Shen Jue examina la chambre et ne trouva rien d'anormal, sauf que le lit n'était pas fait. Il reposa finalement les yeux sur le visage du jeune homme.

Yu Qing était tout rouge et il fixait le sol de ses yeux splendides.

Shen Jue garda le silence un moment avant de faire :

« La boisson de l'autre fois était droguée. C'est un aphrodisiaque du nom de la Passion de Dix Jours, alors ça va durer au moins dix jours. Comment tu... comment tu te sens en ce moment ?

– Je vais bien ! » lâcha aussitôt Yu Qing en relevant la tête.

Quand il croisa le regard de Shen Jue, il baissa de nouveau la tête, paniqué. Il marmonna :

« J'ai... j'ai pris l'habitude et ça va passer après quelques jours. C'est juste que je ne peux pas travailler tant que ça dure. J'ai déjà dit au majordome de me retirer un mois de salaire.

– Vraiment ? »


Shen Jue baissa les yeux vers l'aine de Yu Qing, de manière intentionnelle ou pas.

Le jeune homme sentit le regard du duc et il se recroquevilla sur lui-même, embarrassé. Il vit ensuite que Shen Jue s'était assis sur le canapé et qu'il lui disait :

« Viens. »

Yu Qing en resta ébahi un moment, puis il leva la tête pour regarder Shen Jue. Il le fixa un peu nerveusement, croyant deviner ce qu'il voulait sans en être sûr. Et s'il se faisait encore des idées ? La dernière fois, Shen Jue avait bien dit clairement qu'il n'aimait pas les hommes.

« Yu Qing, tu ne veux pas que je t'aide ? » fit Shen Jue en sortant un bonbon de sa poche.

Il restait encore plein de bonbons de ce qu'il avait acheté au magasin la dernière fois. Il avait pris l'habitude d'en avoir toujours sur lui.


Il déballa le bonbon avant de le mettre en bouche. Pendant qu'il cherchait où jeter le papier, Yu Qing s'était déjà approché.

Le jeune homme prit le papier de bonbon dans sa main et s'approcha de la corbeille près du lit pour l'y jeter. Il retourna ensuite lentement devant Shen Jue. Comme ce dernier était assis et lui debout, il baissait les yeux vers lui. Son regard parcourut lentement le visage du duc, puis il prit l'initiative de s'asseoir à califourchon sur ses genoux.

Après ça, il ne bougea plus mais lança un regard silencieux au duc.

Shen Jue se renfrogna légèrement mais ne dit rien.

Les boutons furent défaits.

Le feu fut pris en main.

Yu Qing inspira brusquement puis serra les dents. Contrairement à l'autre fois, il ne fit rien à part rester sur les genoux de Shen Jue et le regarder attentivement.

Et Shen Jue ne fit rien de superflu non plus. Il agit en silence, léchant le bonbon dans sa bouche de temps en temps.

La douceur du sucre envahit sa bouche, comme si tout cela n'avait rien de dégoûtant. Ses sourcils se détendirent progressivement et il retrouva son calme.


Yu Qing jouit avec un peu trop d'empressement, il fut incapable de se contrôler. Quand il se rendit compte de ce qui venait de se passer, ses pupilles se dilatèrent complètement. Shen Jue ne se serait pas non plus attendu à ce qu'une telle chose arrive et sa première réaction fut de fermer les yeux. Son corps se raidit encore plus.

C'était bien la première fois qu'une telle chose lui arrivait dans tous les mondes. Pendant qu'il restait figé et crispé à cause de ça, il sentit quelque chose toucher ses paupières avant de passer au bout de son nez, son menton et finalement de s'accrocher à ses lèvres.

Le goût du sucre dans sa bouche disparut de moitié.

Shen Jue fronça les sourcils mais garda les yeux fermés. Après un moment, comme il voyait que l'autre ne faisait pas mine d'arrêter, il le mordit.

« Sssss. »

L'autre jeune homme se retira brusquement en inspirant.


Après un moment, le poids disparut des genoux de Shen Jue. Peu après, l'autre homme nettoya soigneusement son visage avec une serviette chaude et humide, puis en prit une autre pour l'aider à ressuyer ses mains.

Yu Qing frotta longtemps avec la serviette, jusqu'à ce que le visage et les mains de Shen Jue deviennent un peu rouges. Ce ne fut que là qu'il s'arrêta et fit à voix basse :

« C'est bon. »

Il savait que le duc était réticent, sinon il n'aurait pas fermé les yeux.

Shen Jue rouvrit enfin les yeux. La première chose qu'il fit, ce fut se lever et se diriger vers la porte. En voyant ça, Yu Qing fut envahi d'un courage venant d'on ne sait où et se posta devant l'autre homme. Il déglutit puis fit d'une voix tremblante :

« Mon seigneur, vous n'aimez pas les hommes pourtant. Alors pourquoi... pourquoi... ? » Vous m'avez aidé ?

Il aurait pu se débrouiller tout seul, cela aurait été juste plus difficile.


Shen Jue ne le regarda pas.

« Tu t'es retrouvé drogué parce que tu es sorti avec moi. Je ne veux pas te devoir de faveur, c'est tout. »

Yu Qing secoua la tête à ces mots.

« Non, vous auriez pu clairement demandé à quelqu'un de venir... »

Cette fois, avant qu'il ne puisse aller au bout de sa phrase, Shen Jue l'interrompit :

« J'ai voulu appeler quelqu'un la dernière fois mais tu as refusé, pas vrai ? Yu Qing, qu'est-ce que tu espères ? »

Il étira légèrement les lèvres, arborant un sourire dédaigneux.

« Tu crois que je suis attiré par toi ? Que je te veux pour amant ? »

Il continua à avancer et Yu Qing recula jusqu'à heurter la porte, sans la moindre échappatoire.


Shen Jue lui saisit le menton et fit d'une voix douce :

« À part ton visage, en quoi tu mérites d'être mon amant ? Même si j'aimais les hommes, je n'irais pas trouver un semi-vampire comme toi. Et même s'il n'y avait pas tout ça et que je te prenais pour amant, que ferais-tu si je me mariais plus tard ? Tu continuerais à être mon amant secret ? Ça t'irait de ne jamais être reconnu publiquement ? »

Les cils de Yu Qing frémirent légèrement. Il ouvrit la bouche et son corps fut agité d'un terrible tremblement. Après un moment, il fit à voix basse :

« Mais si le duc ne veut pas de moi, alors pourquoi m'avoir laissé boire votre sang ? Pourquoi m'avoir emmené au gala ? Pourquoi m'avoir acheté des vêtements ? Et... m'appeler bébé...

– Je trouvais ça amusant, c'est tout, répondit franchement Shen Jue. Tu croyais que c'était quoi ? »


Yu Qing en resta sans voix après ça. Il aurait voulu dire à l'autre que ce n'était pas vrai mais il n'avait aucune raison de mettre en doute ces paroles.

C'était amusant ?

Cela devait être très amusant.

Ce n'était que pour faire marcher Yu Qing. Ce dernier l'avait même stupidement supplier de lui faire l'amour, croyant que l'autre voulait de lui mais en fait, il n'avait fait ça que pour s'amuser.

Yu Qing fixa Shen Jue un moment. Il se pinça les lèvres et eut un faible sourire.

« Je... comprends. Je n'irai plus m'imaginer des choses. Mais mon seigneur... vous pourriez arrêter ça ? Même si je ne suis qu'un semi-vampire, j'ai quand même ma dignité.

– Yu Qing, tu es mon esclave. Tu n'as aucun droit de t'opposer à ce que je veux, » refusa Shen Jue.

Ses yeux étaient indifférents et froids. Sous un tel regard, Yu Qing avait l'impression de ne plus être une personne mais un simple objet.

Il ne savait pas vraiment comment réagir. Il ne pouvait pas refuser, ne pouvait pas prendre d'initiative, alors il ne pouvait qu'endurer tout ça en silence.


Shen Jue examina Yu Qing un moment puis fit soudainement :

« Défais ma braguette et agenouille-toi. »

Yu Qing paniqua aussitôt à ces mots. Il secoua vivement la tête.

« Je... je... »

Il avait envie de s'enfuir.

De toute évidence, le duc ne le désirait pas, alors pourquoi lui donnait-il un tel ordre ?

Cependant, Shen Jue posa doucement les mains sur ses épaules pour l'abaisser et il fit à voix basse :

« Tu es mon serviteur, Yu Qing. Tu dois faire tout ce que je t'ordonne. »


En tant que vampire noble, l'ouïe de Shen Jue était nettement plus fine que celle d'un semi-vampire comme Yu Qing. Il lui avait donné cet ordre subit parce qu'il avait entendu des bruits de pas.

Il connaissait bien ces pas. Après tout, il les avait entendus tant de fois. Dans ses vies précédentes, il avait souvent fait exprès de rester chez Qiao Jiangyuan mais son ami était occupé la plupart du temps. Shen Jue devait donc attendre très longtemps à chaque fois. Il faisait mine de s'en moquer mais à chaque fois que quelqu'un passait dans le couloir, il tendait attentivement l'oreille pour reconnaître le bruit de pas. Après un bout de temps, il avait fin par être capable de reconnaître très précisément les pas de son ami.

Un pas lourd et l'autre léger, avec toujours un intervalle d'une demi-seconde entre chaque.

Bien qu'il ne savait pas ce que Qiao Jiangyuan faisait ici, Shen Jue n'allait pas laisser passer une telle opportunité. Il appuya sur les épaules de Yu Qing et, sans trop d'effort, il le fit s'agenouiller. Yu Qing ne dit rien un moment puis, de ses mains tremblantes, il ouvrit le pantalon de Shen Jue.


Note de Karura : Shen Jue aime vraiment jouer avec les sentiments des autres. C'est son côté rancunier qui se manifeste !







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