Chapitre 89
Xiang Wen en fut clairement ébranlé. Ses pupilles se dilatèrent inconsciemment.
En voyant ça, Yu Qing se redressa avec une lueur d’ironie dans les yeux et fit d’une voix douce :
« On dirait que frère Xiang Wen n’est pas au courant, ah. Je n’aurais pas dû révéler le secret du duc, mais comme j’ai vu le duc dans la chambre de frère Xiang Wen aujourd’hui, j’ai cru que…
– De quoi tu parles ? l’interrompit aussitôt Xiang Wen, le visage sombre. Sors d’ici. »
Yu Qing ne se fâcha pas à ces mots. Il souhaita un bon appétit à l’autre homme.
Après le départ de Yu Qing, Xiang Wen resta seul dans sa chambre, son esprit un peu confus à cause des paroles de l’autre jeune homme. Durant la journée, comme il avait été trop embrouillé par son propre comportement audacieux et inconscient, il n’avait pas du tout fait attention à la réaction de Shen Jue, cependant lui-même avait réagi.
Et Yu Qing venait de dire que Shen Jue ne pouvait pas durcir…
À cet endroit…
Le visage de Xiang Wen oscilla entre le rouge et le blanc. Il se repassa en mémoire les décennies passées où il avait servi Shen Jue, en se demandant s’il avait déjà vu le duc réagir. Alors que les autres nobles entretenaient des amants plus ou moins longtemps, Shen Jue était resté pur, du moins jusqu’à ce qu’il rencontre ce sans-gêne de semi-vampire, Yu Qing.
Incapable de bander, pour un homme, c’était tout à fait le genre de choses qu’on cachait par honte.
Xiang Wen sentit soudain que Shen Jue était vraiment très à plaindre : il avait beau être un aristocrate, il n’était pas capable de la réaction la plus basique d’un homme, comme ce devait être douloureux. Et ce Yu Qing, dire qu’il s’était permis de rire quand il en avait parlé à l’instant.
Un type pareil ne méritait tout simplement pas d’être au service de Shen Jue.
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
Xiang Wen sentit son torse comprimé par la colère. Ce juste courroux lui faisait sentir qu’il était de son devoir de chasser Yu Qing. Bien entendu, il ne devait pas se limiter à chasser Yu Qing. Shen Jue ne pouvait pas bander et ratait ainsi le plus grand bonheur chez un homme. Xiang Wen jugeait la situation de l’autre par rapport à lui-même : à la place de Shen Jue, il serait malheureux et peu importait sa fortune.
Il voulait donc réconforter Shen Jue et voulait même l’aider à soigner son problème, mais comment faire ?
Pour une raison mystérieuse, Shen Jue trouvait que Xiang Wen le regardait un peu bizarrement ces derniers temps. Pour être plus précis, Xiang Wen fixait constamment une certaine partie de son anatomie avec un air bizarre. Cela surprit et irrita un peu Shen Jue : personne n’aimait qu’on fixe ses parties intimes.
« Xiang Wen, tu peux sortir, » fit Shen Jue en se retournant, son ton un peu mécontent.
Xiang Wen se ressaisit aussitôt mais était réticent à l’idée de s’en aller. Il resta là à hésiter jusqu’à ce que Shen Jue le foudroie du regard. Seulement là, il sortit lentement de la chambre.
En voyant ça, Yu Qing eut un rire silencieux. Il sortit une cravate du tiroir et s’avança vers Shen Jue.
« Mon seigneur, ne soyez pas trop fâché envers frère Xiang Wen. Il est sûrement un peu malade ces temps-ci. »
Shen Jue allait sortir pour parler affaires cette nuit. Au départ, il comptait prendre Xiang Wen avec lui, mais comme ce dernier n’avait pas arrêté de le fixer à cet endroit, il était impensable que Shen Jue le prenne avec lui. Finalement, il dut emmener Yu Qing.
Cette fois, son partenaire d’affaires était un propriétaire terrien qui aimait plutôt jouir du bon temps. L’endroit où il avait invité Shen Jue pour discuter se trouvait en banlieue de la capitale impériale. Il voulait parler affaires tout en pêchant. Il fallut plusieurs heures de voiture pour que Shen Jue s’y rendre, et le ciel commençait à virer au bleu.
C’était l’aube.
Cela dit, il était justement prévu qu’ils pêchent au petit matin.
Le serviteur du propriétaire terrien conduisit la voiture de Shen Jue sur la route qui menait au lieu de rendez-vous. Quand Shen Jue descendit de la voiture, il vit le propriétaire terrien déjà complètement habillé pour la pêche et qui lui faisait signe de la main en riant joyeusement. Shen Jue lui sourit en retour et se tourna pour faire signe à son garde du corps de sortir son matériel de pêche du coffre.
En chemin pour l’étang, le propriétaire terrien marcha à côté de Shen Jue et entama la conversation :
« Tu as déjà pêché ?
– Non, répondit honnêtement Shen Jue.
– Alors il faut que tu essaies aujourd’hui, fit l’autre homme en riant. Mais vous autres, les jeunes nobles, vous n’aimez pas trop être au soleil. Il te faudra alors un grand chapeau pour protéger ton beau visage. »
Shen Jue se contenta de sourire sans réagir plus.
Il n’était pas vraiment un vampire. S’il dormait le jour et vivait la nuit ces temps-ci, c’était uniquement pour se conformer au style de vie du clan de sang. Alors pour une fois qu’il pouvait être actif de jour, cela le rendait très heureux.
Et il se trouva que la réaction de Shen Jue ravit l’agriculteur
Shen Jue avait un immense terrain juste à côté de celui du propriétaire terrien. Il voulait donc simplement acheter les terrains autour pour investir dans des machines dernier cri pour cultiver les terres. S’il ne possédait pas un lopin de terre assez vaste, ce serait du gâchis d’acheter de telles machines.
Du coup, Shen Jue tenait vraiment à conclure cette affaire.
Pendant la pêche, Shen Jue et l’agriculteur s’assirent à distance et aucun d’eux ne parla. Ils regardèrent chacun leur canne à pêche en silence. Shen Jue avait l’habitude de méditer longuement quand il pratiquait le taoïsme, alors il avait une extrême patience pour ce qui était de rester tranquillement assis en silence. Le propriétaire terrien avait pêché avec bien des gens au fil des années, mais jamais il n’avait encore rencontré un jeune homme si silencieux et qui ne craignait pas la solitude. Il ne put donc s’empêcher d’apprécier un peu plus Shen Jue.
En tant qu’esclave, Yu Qing avait également l’habitude de se taire alors il regarda en silence son maître qui pêchait.
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Cela ne faisait pas longtemps qu’ils avaient commencé à pêcher que quelqu’un d’autre arriva.
Quand le propriétaire terrien entendit du bruit, il tourna d’abord la tête. En voyant l’homme venir, il sourit et fit :
« Te voilà. Viens, assieds-toi ici. »
Avant ça, Shen Jue avait déjà remarqué que le serviteur du propriétaire terrien portait une canne à pêche supplémentaire, alors il avait deviné que quelqu’un d’autre viendrait. Il n’en fut pas surpris et continua à rester tranquillement assis, fixant sa canne à pêche d’un air inexpressif.
La canne restait immobile, tout comme les eaux du lac autour.
« Tu n’arriveras pas à pêcher quelque chose comme ça, tu dois l’agiter de temps en temps, » fit soudain une voix d’homme bien familière juste à côté de lui.
Shen Jue tourna la tête en entendant cette voix et vit le visage extraordinairement beau de Qiao Jiangyuan.
Il portait une tenue de pêche vert kaki qui était de si haute qualité qu’elle aurait pu passer pour un costume de soirée. Ses longs cheveux étaient coiffés en arrière avec une queue au sommet de sa tête. Son visage pâle semblait pratiquement luire au soleil.
Quand Shen Jue vit clairement qui était le nouveau venu, il détourna la tête et ramena son attention sur sa canne.
Malgré ça, Qiao Jiangyuan resta simplement à côté de lui et demanda au serviteur d’apporter sa canne à pêche.
D’un geste expert, il lança la canne assez loin et l’agita de temps en temps. En moins de quinze minutes, la ligne fut tirée. Le regard de Shen Jue fut involontairement attiré. Qiao Jiangyuan remonta la ligne calmement et il attrapa un gros poisson d’au moins sept ou huit jin Un peu moins de 4 kg. (1).
Quand le propriétaire terrien vit cela, il félicita Qiao Jiangyuan pour son adresse à la pêche et commenta à l’intention de Shen Jue :
« Tu dois redoubler d’efforts, allez ! Il vient à peine d’arriver et il a déjà attrapé un poisson. Tu ne peux pas perdre. Tu dois au moins attraper un poisson aujourd’hui. »
Il y avait déjà cinq poissons dans le seau du propriétaire terrien. Cela faisait à peine vingt minutes que Qiao Jiangyuan était arrivé et il en avait également attrapé un. Shen Jue fixa son seau dont l’eau était limpide et ses mains se resserrèrent en silence sur le manche de sa canne à pêche.
Le temps qui suivit parut être une compétition entre Qiao Jiangyuan et le propriétaire terrien.
Les deux pêchaient des poissons l’un après l’autre, tandis que du côté de Shen Jue, cela restait désespérément calme. Finalement, Shen Jue n’en put plus des mouvements de Qiao Jiangyuan juste à côté de lui. Il se leva sans un mot avec sa canne à pêche et changea de place, bien loin de l’autre duc.
Yu Qing le suivit rapidement. Il jeta ensuite un regard à Qiao Jiangyuan comme si de rien n’était. Quand il travaillait encore aux cuisines, il savait que les deux hommes étaient de très bons amis, toutefois ils s’étaient peu à peu éloignés l’un de l’autre cette année. Ou pour être plus précis, c’était Shen Jue qui s’était mis à éviter Qiao Jiangyuan.
La dernière fois, quand Shen Jue avait été dans la chambre de Yu Qing, c’était Qiao Jiangyuan qui avait toqué à la porte.
En fait, cela avait énormément surpris Yu Qing à l’époque : pourquoi Qiao Jiangyuan serait venu chercher Shen Jue dans une chambre de serviteur, au mépris de son noble statut ? Quant à cette partie de pêche, Shen Jue ne semblait pas s’être attendu à la venue de l’autre duc. Quand il avait vu Qiao Jiangyuan, un air de dégoût était fugitivement apparu sur son visage.
Mais Qiao Jiangyuan avait fait mine de ne rien voir.
C’était trop étrange.
Yu Qing jeta un nouveau regard en coin à Qiao Jiangyuan, ses yeux reflétant la profondeur de ses pensées.
Quant à Qiao Jiangyuan, il regarda en direction de Shen Jue et ses lèvres s’étirèrent en un sourire. Son regard se posa ensuite sur Yu Qing qui se trouvait aux côtés de l’autre homme. Il se rappelait que l’attitude de Yu Qing envers son maître n’avait pas paru aussi affectueuse la dernière fois. Cette fois pourtant, on aurait dit que l’atmosphère entre les deux avait changé.
Une demi-heure après que Shen Jue ait changé de place, un poisson mordit enfin à son hameçon. Shen Jue fut d’abord pris par surprise et tira rapidement sur sa ligne. Toutefois, le poisson se débattit bien au-delà de ce qu’aurait pu imaginer l’homme. Sa canne se plia en deux et soudain, il sentit une paire de bras passer autour de lui par derrière.
« Je vais t’aider, » lui parvint la voix de Qiao Jiangyuan au-dessus de sa tête.
L’autre duc était grand, une demi-tête de plus que Shen Jue. Il se plaça derrière lui pour l’aider à ramener sa ligne, et sa posture donnait l’impression qu’il tenait Shen Jue dans ses bras. Shen Jue se raidit. Quand il fut sur le point de se dégager, il entendit Qiao Jiangyuan baisser la voix pour dire :
« J’ai déjà travaillé avec lui. Il a toujours préféré les gens qui savent pêcher. Si tu n’es pas capable d’attraper le moindre poisson aujourd’hui, je crains fort que tu n’aies que très peu de chance de faire affaire avec lui. »
Dès que Shen Jue entendit ça, il cessa de se débattre. Avec l’aide de Qiao Jiangyuan, il ramena sa ligne et put attraper un gros poisson.
Le propriétaire terrien vint féliciter Shen Jue de sa prise et regarda le ciel.
« Il se fait tard, venez donc dans mon domaine tous les deux pour vous reposer. On vous préparera justement les poissons que vous avez attrapés aujourd’hui. »
Avant que Shen Jue ne puisse répondre, Qiao Jiangyuan l’avait déjà devancé :
« Bonne idée. Je me souviens que votre chef cuisinier sait préparer le poisson de manière absolument phénoménale, et que c’était des plus succulents. »
Le propriétaire terrien eut un rire joyeux et agita la main.
« Très bien, alors c’est entendu. Allons-y. »
Shen Jue regarda Qiao Jiangyuan qui se trouvait à côté de lui et suivit l’autre homme. Pendant ce temps, Qiao Jiangyuan lança un regard en arrière à Yu Qing.
En tant que serviteur, Yu Qing n’avait pas osé outrepasser son rang en présence du propriétaire terrien, mais quand il avait vu que Qiao Jiangyuan était quasiment en train d’enlacer Shen Jue, il s’était enfoncé les ongles dans la chair.
C’était encore un autre qui voulait lui voler Shen Jue ?
Yu Qing s’en tenait à sa première idée, alors il considéra comme de la provocation le regard profond de Qiao Jiangyuan en cet instant.
Cependant, Yu Qing avait deviné depuis longtemps que ce serait extrêmement difficile d’avoir Shen Jue rien que pour lui. Peu importait qu’il y avait un Qiao Jiangyuan de plus qui se présentait, de toute manière, cela ne lui faisait pas peur. Au bout du compte, Shen Jue ne serait qu’à lui seul. À cette idée, Yu Qing renvoya un regard glacial à l’autre duc avant de tourner la tête pour récupérer les affaires que Shen Jue avait laissées.
Quand Qiao Jiangyuan vit le regard de Yu Qing, il en resta ébahi. D’après l’image qu’il avait de lui, Yu Qing était un jeune homme bien élevé et innocent, avec un sourire vraiment adorable. Jamais il n’aurait cru qu’il verrait un air si malveillant dans le regard de Yu Qing.
Il avait même l’impression de se faire regarder de travers par un vautour féroce, juste parce qu’il avait tenté de s’approcher de sa nourriture.
Il fronça les sourcils, cependant le propriétaire terrien et Shen Jue s’étaient déjà un peu éloignés. Il ne put que détourner le regard et suivre les deux autres.
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Une fois arrivés dans le manoir du propriétaire terrien, ils burent des boissons de sang dans le séjour et prirent une légère collation. Le propriétaire terrien les invita ensuite à aller se reposer un peu dans les chambres d’ami. Ils seraient réveillés quand le poisson serait prêt.
Les chambres de Shen Jue et Qiao Jiangyuan étaient voisines. Quand Shen Jue entra dans sa chambre, il entendit l’autre homme l’appeler :
« Shen Jue, je voudrais... »
Cependant, Shen Jue l’ignora royalement et entra directement dans la pièce. Yu Qing suivit son maître et claqua carrément la porte au nez de Qiao Jiangyuan.
Qiao Jiangyuan : « ... »
Yu Qing se sentit bien mieux après avoir fermé la porte au nez de l’autre homme. Il s’avança pour aider Shen Jue à retirer sa tenue de pêche et fit à voix basse :
« Pourquoi ce propriétaire terrien évite constamment de ne pas parler affaire ? On dirait qu’il fait exprès de retarder les choses. »
Les sourcils de Shen Jue frémirent et il fit après réflexion :
« Qiao Jiangyuan doit également vouloir acheter ses terres, voilà pourquoi le propriétaire terrien nous a fait venir tous les deux. Cependant, il ne m’a rien dit. Il attend peut-être de voir lequel de nous deux est le plus patient ou bien lequel offrira le meilleur prix. »
Toutefois, Qiao Jiangyuan n’avait aucune parcelle de terre dans les environs, alors il n’avait pas besoin d’acquérir les terres du propriétaire terrien, sauf s’il avait appris la nouvelle et était venu exprès pour empêcher son affaire de se faire. Quand Shen Jue songea à cela, il lança un regard un peu songeur à Yu Qing.
Tout à l’heure, même s’il était parti en avant avec le propriétaire terrien, il avait regardé par-dessus son épaule et vu que Qiao Jiangyuan regardait Yu Qing.
L’autre duc n’avait probablement pas renoncé à lui et cherchait d’autres moyens de s’emparer de Yu Qing.
Alors la solution la moins contraignante serait de faire en sorte que Shen Jue soit ruiné, afin que Yu Qing puisse appartenir à Qiao Jiangyuan.
En voyant le regard de Shen Jue, Yu Qing en resta sidéré un moment puis demanda avec circonspection :
« Mon seigneur ? »
Shen Jue détourna les yeux et tendit à Yu Qing la veste qu’il tenait.
« Ce n’est rien. Je vais d’abord prendre une douche. Tu pourras dormir avec moi après. »
C’était peut-être son besoin d’afficher son envie de monopoliser Yu Qing au visage de Qiao Jiangyuan, se dit Shen Jue. Il finit de se déshabiller et se rendit dans la salle de bains. Quand Yu Qing entendit ses paroles, un grand sourire se dessina sur ses lèvres. Il regarda Shen Jue entrer dans la salle de bains jusqu’à ce que la porte se referme. Ensuite, il récupéra les vêtements que le duc avait laissés sur le canapé.
Il étala les vêtements de Shen Jue sur le lit puis se laissa tomber dessus, sur le dos. Il roula ensuite pour enfouir son visage dans les vêtements de l’autre homme.
Ces derniers temps, Shen Jue ne le laissait pas tellement le servir. C’était toujours Xiang Wen qui était appelé. Yu Qing était donc presque fou de jalousie au manoir mais heureusement, cet idiot de Xiang Wen avait fait l’imbécile. Sans ça, Yu Qing n’aurait pas eu l’occasion de sortir avec Shen Jue aujourd’hui ;
C’était juste que partout où il allait, il y avait toujours des gens qui n’avaient aucune jugeote.
Yu Qing songea à Qiao Jiangyuan dans la chambre voisine et son regard se fit maussade.
Pourquoi n’existait-il pas d’endroit où il n’y aurait que Shen Jue et lui ?
De cette manière, personne ne lui volerait Shen Jue, Shen Jue ne regarderait que lui, et Shen Jue et ses biens n’appartiendraient qu’à lui seul.
Yu Qing inspira profondément et ses narines s’emplirent de l’odeur des vêtements de Shen Jue. Le faible parfum était mêlé à une légère odeur sucrée. Shen Jue semblait avoir tellement trop mangé de bonbons que même l’odeur restait sur son corps et que le parfum crémeux des bonbons avait été transmis à ses vêtements. Yu Qing était immergé dans cette odeur. Son magnifique visage devint peu à peu rouge, de même que ses yeux.
Il se caressa au travers de son pantalon, inspira profondément et murmura silencieusement le nom de Shen Jue entre ses lèvres.
Quand Yu Qing entendit dans la salle de bains le bruit de l’eau qui s’arrêtait, il se releva rapidement et pendit les vêtements de son maître dans l’armoire de la chambre d’ami.
Shen Jue dormit jusqu’au soir. Quelqu’un toqua à la porte pour le réveiller.
Quand il sortit, il se trouvait que Qiao Jiangyuan sortait de sa chambre à son tour. L’autre homme sourit et le salua dès qu’il le vit, mais Shen Jue détourna la visage et suivit le serviteur du propriétaire des lieux vers la salle à manger qui se trouvait au rez-de-chaussée.
Lorsque Yu Qing sortit à son tour, il vit également Qiao Jiangyuan.
Quand ce dernier remarqua que Yu Qing venait visiblement tout juste de se réveiller, il en fut un moment stupéfait parce que le propriétaire terrien avait alloué deux autres chambres pour les gens que Shen Jue et lui avaient pris avec eux, il s’agissait de chambres d’ami au rez-de-chaussée.
Son garde-du-corps et son serviteur avaient tous les deux dormi dans la chambre du rez-de-chaussée.
Contre toute attente, Shen Jue avait en fait dormi avec Yu Qing dans sa chambre.
Le regard de Qiao Jiangyuan s’assombrit un peu.
Ce regard mauvais fut capté par Yu Qing et cela renforça le doute qu’il nourrissait dans son for intérieur. Il regarda l’autre duc puis eut un léger rire. Il se tourna ensuite pour avancer mais n’oublia pas de montrer les marques rouges sur son cou.
C’était lui qui s’était fait ces marques rouges.
Avant d’aller au lit, Yu Qing avait mentionné qu’il y avait des moustiques puis il avait fait exprès des marques sur son cou. Jamais il n’aurait pensé que cela allait servir si vite.
Qiao Jiangyuan vit les marques sur le cou de Yu Qing et son visage fit encore plus peur à voir. Il reprit son expression normale tout en s’éloignant et se rendit dans la salle à manger du rez-de-chaussée.
Dans la salle à manger, ce fut en général le propriétaire terrien qui discuta avec Qiao Jiangyuan. Ce dernier était très à l’aise pour parler et il semblait être une vieille connaissance du propriétaire terrien. Il le fit rire avec quelques mots. Shen Jue observa la scène qui se déroulait sous ses yeux et se dit qu’en fait, ce n’était pas qu’il avait une chance sur deux de conclure cette affaire, mais que cette affaire n’allait certainement pas se faire. Alors il baissa la tête et savoura simplement son poisson.
Le poisson était aussi délicieux que l’avait dit Qiao Jiangyuan, surtout lorsque Shen Jue se rendit compte qu’il avait été vidé de son sang. Il avait la sensation d’être resté trop longtemps dans ce monde et que c’était la première fois qu’il mangeait de la nourriture normale, alors il ne put s’empêcher de manger de très bon appétit.
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Durant la conversation, Qiao Jiangyuan remarqua l’assiette vide de Shen Jue et ne put s’empêcher de rire.
« On dirait que ce poisson était vraiment délicieux. Frère Song, tu l’ignores peut-être mais mon ami d’enfance a toujours fait le difficile sur la nourriture depuis tout petit. C’est bien la première fois que je le vois manger autant. »
Le propriétaire terrien regarda à son tour l’assiette de Shen Jue et fit :
« Ce n’est pas grave, tu pourras ramener du poisson chez toi pour plus tard. Je vais demander à mon cuisiner d’apprendre à ton serviteur comment bien cuisiner le poisson. Comme ça, tu pourras en manger autant que tu veux chez toi. »
Qiao Jiangyuan se pinça les lèvres et sourit.
« Alors il faut aussi que mon serviteur l’apprenne. Comme ça, Shen Jue pourra venir souvent chez moi par la suite. »
Shen Jue se renfrogna discrètement mais ne dit rien. Il ne voulait pas se montrer trop horrible devant le propriétaire terrien. Malheureusement, son silence poussa Qiao Jiangyuan à en dire plus et même à parler de leur enfance.
« Un jour quand on était petits, j’étais en train de jouer avec Shen Jue quand il a dit pour plaisanter qu’il m’épouserait plus tard. Sur le coup, j’étais mort de trouille : il était vraiment un petit diable quand il était plus jeune ; qui aurait osé l’épouser ? Je n’ai donc pu que secouer rapidement la tête mais qui aurait cru qu’il allait se fâcher ? Il m’a frappé à la tête avec un bâton et je me suis retrouvé avec plusieurs grosses bosses avant qu’il ne veuille bien arrêter, » fit le duc avec un rire.
Shen Jue intervint calmement :
« Ce ne sont que des histoires d’enfant, comment tu peux encore prendre ça au sérieux ? Si tu es encore fâché pour ce qui s’est passé quand nous étions enfants, alors je te présente mes excuses. »
Il prit le thé de sang devant lui.
« Je t’offre ce thé plutôt que du vin en guise d’excuse. »
Le propriétaire terrien intervint soudain :
« Nous sommes tous de bons frères, alors pourquoi être aussi distants ? Dites donc, il se trouve que j’ai une bonne bouteille de vin que j’ai à peine ouverte aujourd’hui. Et si on la buvait ensemble ? Quand on boit ensemble, tout ce qu’on a pu faire est effacé. »
Cet homme n’était pas stupide, il avait depuis longtemps senti que l’ambiance entre Qiao Jiangyuan et Shen Jue était un peu bizarre. Il avait donc offert subitement de boire, ne sachant pas vraiment quoi faire d’autre. Shen Jue voulut refuser mais Qiao Jiangyuan l’avait déjà devancé pour accepter.
Shen Jue n’était pas du genre timoré, alors il ne refusa pas du tout. Il voulait également voir ce qui allait se passer, toutefois il resta prudent. Il tourna légèrement la tête pour appeler Yu Qing.
« Je vais sûrement finir ivre, alors tu m’aideras à remonter en voiture. Ne restons pas ici ce soir, tu ne dois absolument pas rester ici ce soir, tu m’as bien compris ? » fit Shen Jue à voix basse.
Yu Qing hocha la tête avec circonspection à ces mots. Il semblait avoir deviné quelque chose. Quand il se releva, il lança un regard mauvais à Qiao Jiangyuan qui était assis à côté.
L’autre duc se contentait de regarder Shen Jue en souriant, comme s’ils étaient les meilleurs amis au monde.
Le propriétaire terrien apporta la bouteille et versa une coupe généreuse à Shen Jue et Qiao Jiangyuan. Shen Jue n’avait guère l’habitude de boire et après juste quelques gorgées, il plissa le front. Cependant, le propriétaire terrien le poussa à boire. Au contraire, Qiao Jiangyuan n’avait besoin de personne pour l’inciter : il se servit tout seul.
Au bout du compte, une seule bouteille de vin ne suffit pas pour les trois hommes. Le propriétaire terrien demanda à son serviteur d’en ouvrir une autre. Pour l’instant, Shen Jue était le moins ivre des trois mais quand la seconde bouteille fut quasiment vide, il fut le premier à avoir la vue qui se troublait.
Il secoua vivement la tête mais avait toujours l’impression que le propriétaire terrien en face de lui s’était triplé. Shen Jue porta une main à son front et, à la tournée suivante pour l’inciter à boire, il ne put que dire :
« Je ne peux plus boire, je… je vois tout trouble. »
Son élocution commençait à être laborieuse et même ses yeux devinrent plus troubles.
Le propriétaire terrien éclata de rire.
« Tu ne tiens vraiment pas l’alcool, tu as à peine bu quelques verres. Laisse tomber, je n’insiste pas. Tu peux retourner dans la chambre pour te reposer. »
Mais Shen Jue tenta de se lever tant bien que mal et agita la main.
« Je… non... »
Avant même d’avoir pu finir de parler, son corps retomba en arrière. Yu Qing se précipita pour le soutenir et appela son nom deux fois, d’un ton anxieux. En voyant que Shen Jue avait le visage rouge et les yeux troubles, il comprit que l’autre homme devait être trop ivre, alors il fit au propriétaire terrien :
« Excusez-moi, mais mon seigneur m’a ordonné juste avant que je devais absolument le faire rentrer ce soir. Alors je préfère ramener mon seigneur.
– Ai, comment ça ? Frère Qiao et moi n’avons pas encore fini la bouteille, c’est ton duc qui a fini ivre le premier. Normalement, il aurait dû continuer à boire avec nous mais je lui pardonne parce qu’il est saoul. Qu’il aille se reposer un peu dans la chambre, il reviendra boire quand il se sera réveillé. Pas question que vous rentriez, » désapprouva le propriétaire terrien.
Il demanda à son serviteur d’aider à faire monter Shen Jue dans la chambre d’ami au premier étage.
Yu Qing répondit d’un ton froid :
« Je dois obéir aux ordres de mon seigneur. Vous l’avez rendu ivre, quelles sont vos intentions ? »
Quand Qiao Jiangyuan entendit ça de son côté, il eut un léger rire. Il agita son verre de vin et sourit à Yu Qing.
« Pourquoi tu dis ça comme si nous étions des gens mauvais ? C’est juste qu’il y a du brouillard dehors. Si vous rentrez si tard dans la nuit, j’ai peur qu’il n’arrive un accident. La route jusqu’à la ville n’est pas éclairée. S’il se passe quelque chose, tu pourrais en assumer les conséquences ? »
Yu Qing ne prit pas ses paroles au sérieux. Il passa un bras autour de la taille de Shen Jue, à moitié pour le soutenir et à moitié pour le prendre dans ses bras, et sortit avec lui. Le garde du corps était resté avec eux depuis le matin pour protéger le duc. Quand ils sortirent du manoir, ils apprirent que la voiture était en panne. Le chauffeur était en nage et ne parvenait pas à la démarrer.
« J’ai bien peur que cette voiture ne puisse plus rouler. On dirait qu’on n’a pas d’autre choix que de passer une autre nuit ici, » fit-il d’un ton embarrassé.
Note de Karura : Tiens tiens, la voiture tombe en panne comme par hasard 🤔.
Bon, Shen Jue croit que Qiao Jiangyuan en a après Yu Qing, tandis que Yu Qing est persuadé que c’est Shen Jue la cible. Lequel des deux a raison ? Vous le découvrirez dans le prochain chapitre !
Notes du chapitre :
(1) Un peu moins de 4 kg.
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