Cent façons de tuer un prince charmant 92

Chapitre 92


Le majordome, qui s’était tenu en silence sur le côté, réagit avant Yu Qing :

« Vraiment ? J’aurais cru que le duc Qiao attendrait quelques années avant de faire sa demande à mon seigneur. »

Il avait vu Shen Jue et Qiao Jiangyuan grandir ensemble et estimait que ces deux jeunes gens allaient très bien ensemble, que ce soit en terme de lignée ou d’apparence, sans parler du fait qu’ils se connaissaient très bien. Il avait également constaté que Shen Jue se comportait bien mieux avec Qiao Jiangyuan qu’avec les autres. D’ailleurs, quand les deux s’étaient un peu éloignés récemment, le majordome en avait été un peu attristé.


Yu Qing ouvrit la bouche mais ne savait pas quoi dire. Il avait l’impression d’avoir reçu une gifle en pleine face, une gifle de la part de la réalité qui l’avait tiré de son magnifique rêve. Après avoir entendu les paroles de Shen Jue, plusieurs pensées défilèrent dans son esprit.

Si Shen Jue acceptait d’épouser Qiao Jiangyuan, alors Yu Qing ne pourrait plus rester ici et ne pourrait plus jamais non plus revoir Shen Jue. Tout ce qu’il avait présentement allait disparaître et il redeviendrait ce misérable esclave.

Avant que Yu Qing ne puisse parler, Shen Jue assura :

« Ne t’en fais pas, même si je me marie, tu pourras conserver ton style de vie actuel. Cependant, tu ne pourras sans doute plus habiter ici. Je t’achèterai une maison dans le centre ville, je la mettrai à ton nom et tu pourras y vivre en tout tranquillité. »

En disant cela, son expression était bien trop calme, comme s’il réglait une affaire triviale.

Mais Yu Qing ne trouvait pas que c’était une affaire triviale.


Il inspira profondément et demanda d’une voix tremblante :

« Tu me prends pour quoi ? »

Un canari en cage ? Il lui achetait une maison où vivre et Yu Qing n’aurait alors plus qu’à le regarder en épouser un autre ? Regarder Shen Jue prendre dans ses bras, embrasser et même coucher avec un autre ?

Yu Qing sentait qu’il n’arriverait pas à supporter ça.

Shen Jue haussa les sourcils à sa question et parut un peu surpris.

« Cela ne te convient pas ? Dans ce cas... »

Il garda le silence un moment.

« Si tu veux un autre maître, je peux te présenter quelqu’un. Je connais certains nobles de bonne moralité. Ils devraient satisfaire tes besoins. »


Yu Qing en resta totalement stupéfait. Pour la première fois, il eut l’impression de ne pas du tout connaître l’homme en face de lui. Il avait pourtant été si intime avec lui. Il croyait bien le connaître et même le contrôler. Mais quand il entendit ces mots, il réalisa à quel point il avait été ridicule.

Il aurait voulu dire quelque chose mais ne savait pas quoi. Alors il ne put que fixer Shen Jue, le visage pâle.

Shen Jue attendit un moment puis, voyant que Yu Qing ne semblait pas se décider à parler, il se détourna et entra dans le manoir. Le majordome le suivit et lui rapporta calmement la situation au manoir durant son absence de plus de dix jours. Shen Jue hocha la tête par moments en l’écoutant.

Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !

Yu Qing resta dehors et il lui fallut un bon moment avant de se résoudre à entrer dans le manoir d’un pas lourd. Shen Jue était déjà retourné dans sa chambre. Yu Qing resta debout dans le séjour magnifiquement décoré et ses yeux parcoururent les meubles familiers. Il avait grandi dans ce manoir et avait même vécu des moments de bonheur ici. Cependant, ces jours heureux allaient apparemment prendre fin car Shen Jue ne voulait plus de lui.

Il avait mal estimé sa position depuis le début et s’était pris pour l’amant, sauf qu’il réalisait à présent qu’il n’avait jamais été qu’un animal de compagnie élevé par Shen Jue. À présent qu’un vrai maître allait s’installer au manoir, l’animal de compagnie n’avait plus besoin de rester et serait même confié à un autre.

Les longs cils de Yu Qing frémirent légèrement et, après un moment, il se rendit dans la chambre de Shen Jue.


Le duc était en train de prendre sa douche. En temps normal, Yu Qing serait entré dans la salle de bains pour le taquiner mais aujourd’hui, il n’en avait plus le courage. Il resta donc debout à côté du canapé, l’air circonspect, et attendit que le duc ait fini de se laver.

Quand Shen Jue sortit, vêtu d’un peignoir, son expression ne changea pas en le voyant. Yu Qing nota cela et il poussa un soupir de soulagement. Depuis l’enfance, Yu Qing avait dû se battre pour tout ce qu’il avait, jamais il n’avait reçu de cadeau du Ciel. Alors après son désemparement initial, il avait vite retrouvé son esprit combatif. Il était encore possible que Shen Jue n’accepte pas la demande en mariage de Qiao Jiangyuan, alors Yu Qing se disait qu’il devait redoubler d’efforts et ne pas renoncer.

Il prit une serviette propre et s’approcha de Shen Jue pour lui ressuyer gentiment les cheveux. Voyant que Shen Jue ne le rejetait pas, son cœur se détendit un peu. Il sécha ainsi les cheveux du duc puis alla nettoyer la salle de bains et déposa les vêtements de Shen Jue dans le panier à linge. C’étaient les tâches qu’il avait accomplies autrefois en tant que valet personnel, mais il avait cessé de faire ça ensuite.


* * *


Quand Yu Qing sortit de la salle de bains, Shen Jue était assis sur le canapé avec le journal que lui avait apporté le majordome. Il avait quitté la capitale impériale pendant plus de dix jours et n’avait pas eu accès au journal. Il le parcourut rapidement pour chercher les informations importantes quand il sentit soudain quelque chose de chaud à ses pieds.

Il détourna les yeux du journal et vit Yu Qing agenouillé devant lui.

Yu Qing était en train de masser ses mollets de ses propres mains.

Shen Jue portait un peignoir alors ses mollets étaient complètement exposés, les veines bleues s’étirant sous la peau pâle. Il était bien trop pâle et en plus, Yu Qing avait un peu bronzé durant cette période. Rehaussées par les mains sombres du jeune homme, les jambes de Shen Jue étaient si pâles qu’elles semblaient presque transparentes. C’était une pâleur livide mais tous les nobles appréciaient cette teinte. Yu Qing, également influencé par les goûts esthétiques de la noblesse, ne pouvait en détacher son regard.

Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !

Il leva les yeux vers Shen Jue, puis baissa de nouveau la tête.

Il déposa un baiser après l’autre sur la peau livide, son visage arborant un air révérant comme s’il exprimait sa foi.

Shen Jue baissa les yeux sur lui et quand Yu Qing arriva un peu trop haut, il réagit : il lui saisit les cheveux et l’éloigna de lui. Il fit d’un ton détaché :

« Suffit. Si tu as quelque chose à dire, dis-le simplement. »

Le cuir chevelu de Yu Qing lui fit un peu mal mais il n’osa pas pousser de cri. Il serra les dents avant de dire :

« Est-ce que mon seigneur pourrait renoncer à ce mariage ? »

Il appelait de nouveau Shen Jue ‘mon seigneur’, ce titre restaurant leur ancienne relation de maître à esclave.

« Pourquoi ? demanda Shen Jue en baissant un peu la tête. Je finirai bien par me marier un jour ou l’autre. Tu crois que c’est toi que je vais épouser ? »


Shen Jue s’était montré bien trop gentil ces derniers mois, ce qui avait fait oublier à Yu Qing son caractère originel. Il avait oublié l’attitude que Shen Jue avait envers lui à la base. Il ne se rappelait plus que de son indulgence sans limite de ces derniers mois. Alors quand il entendit ces paroles, il retrouva peu à peu sa lucidité.

« Si je t’épousais, je deviendrais uniquement la risée de toute la capitale. Personne n’irait épouser un esclave, fit Shen Jue en rouvrant tranquillement les cicatrices de Yu Qing. Je me moque bien de qui j’épouse, du moment que cela m’apporte quelque chose et toi, je ne trouve aucun avantage avec toi. Tu es juste une sangsue collée à moi, pas vrai ? Une sangsue qui en plus me dit de ne pas me marier, alors avec quoi je vais t’entretenir ? Pendant que tu t’amuses dans les soirées, je gagne de l’argent pour toi, alors tu devrais m’être reconnaissant de pouvoir mener une si belle vie. J’ai dit que je continuerai à t’entretenir après mon mariage, alors pourquoi tu n’es toujours pas satisfait ? »


Sangsue, amuser, pas satisfait, ces mots étaient comme des coups de poignard dans le cœur de Yu Qing. Jamais il n’aurait cru qu’aux yeux de Shen Jue, il n’était même pas un animal de compagnie mais une vilaine et dégoûtante sangsue.

Le beau visage de Yu Qing perdit toute couleur et ses yeux expressifs semblèrent devenir des étangs asséchés. Son visage s’engourdit et il fut incapable d’articuler le moindre mot. Shen Jue le dévisagea un moment, puis libéra sa prise sur ses cheveux. Il se ressuya la main avec le mouchoir à côté de lui.

Il jeta ensuite le carré de tissu sur le visage de Yu Qing.

« Sors, je vais faire comme si tu n’avais rien dit. La vie que tu menais avant, tu vas continuer à la mener désormais. »

Yu Qing baissa les yeux sur le mouchoir qu’il lui avait lancé. Ses lèvres tremblèrent, puis il prit le mouchoir et sortit sans un mot de la chambre de Shen Jue.


* * *


Dans les jours qui suivirent, Yu Qing resta cloîtré dans sa chambre. Il ne descendit pas et Shen Jue ne vint pas le voir. Seul son valet de chambre lui apportait ses repas. Yu Qing resta dans sa chambre dans une stupeur hébétée. Il ne se lavait même plus. Il restait simplement assis au bord du lit, fixant le vide avec des yeux vagues.

Quand son valet le vit ainsi, il se retint un bout de temps avant d’ouvrir finalement la bouche :

« M. Yu, vous devriez manger. Quoi qu’il vous arrive, vous ne devez pas vous laisser dépérir. »

Yu Qing secoua faiblement la tête à ces mots.

« Aucun membre du clan de sang ne peut mourir de faim. Ne t’en fais pas, je ne vais pas dépérir. »


Le valet soupira.

« Ce n’est pas que ça. Je pense simplement que M. Yu ne devrait pas renoncer aussi facilement. J’ai entendu dire que notre seigneur a refusé la demande en mariage du duc Qiao. Même quand le père du duc Qiao est venu en personne, notre seigneur a refusé. »

Quand Yu Qing entendit ça, il tourna brusquement la tête :

« Qu’est-ce que tu as dit ? »

Il se leva et s’avança vers le serviteur. Cependant, cela faisait longtemps qu’il n’avait pas mangé et dormi : il ne fit que deux pas avant de tomber par terre. Mais cela ne parut pas du tout le déranger : il fixa simplement le valet d’un air hébété.

« Répète ce que tu viens de dire. »

Apeuré par le comportement de Yu Qing, le valet vint vite l’aider à se relever et fit :

« J’ai juste entendu les autres le dire. Les serviteurs ont discuté entre eux que le père du duc Qiao est venu au manoir hier avec plein de présents, mais notre seigneur ne les a pas acceptés. Je pense donc qu’il a refusé la demande en mariage. Quand le père du duc Qiao est parti, il avait l’air un peu déçu. »

Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !

Il avait refusé ? Parfait.

Yu Qing sentit aussitôt qu’il avait retrouvé toutes ses forces. Il saisit la main tendue de son valet et se releva.

« Je veux manger, prendre un bain et ensuite dormir. »

Il se dit qu’il avait peut-être encore une chance.

Cela faisait longtemps que Yu Qing n’avait pas mangé avec autant de précipitation. Il s’empiffra tout en songeant à son plan d’action. Il voulait améliorer son statut afin d’être en mesure d’épouser Shen Jue.

Et il n’y avait qu’un seul moyen pour ça : s’enrôler dans l’armée.


Note de Karura : Shen Jue est vraiment sans cœur, snif. Yu Qing n’a pas fini de souffrir avec lui.







Commentaires :


:

:

Pour insérer des émojis dans le message, appuyez sur la touche Windows et ; de votre clavier (pour Windows 10).

Derniers chapitres parus :
La Renaissance du Suprême Immortel 447 et 448
Lanterne 52
La Renaissance du Suprême Immortel 445 et 446

Planning des mises à jour :
Dimanche tous les quinze jours : Lanterne : le reflet d’une fleur de pêcher
La Renaissance du Suprême Immortel
Le Prince Solitaire