Chapitre 94
Yu Qing crut qu’il allait mourir, pourtant il rouvrit les yeux.
Il fixa d’abord le plafond, puis tourna lentement la tête en entendant du bruit, et un visage entra dans son champ de vision.
Le visage auquel il n’avait pas arrêté de penser.
Shen Jue était assis sur une chaise à côté du lit. Quand il vit que Yu Qing avait ouvert les yeux, il lui demanda d’une voix douce :
« Tu peux m’entendre à présent ? »
Yu Qing était en très mauvais état actuellement : son visage était si enflé qu’on ne parvenait pas à voir son apparence d’origine. Il avait été frappé si fort qu’un de ses yeux était devenu complètement injecté de sang, et cet œil était encore couvert d’un pansement.
Shen Jue devait admettre que les performances de Yu Qing dans l’Armée du Dragon Blanc avaient surpassé ce qu’il aurait pu imaginer. Bien qu’il avait envoyé Yu Qing là-bas, il avait également envoyé des gens pour le protéger en cachette. Quand la nouvelle de la bagarre était arrivée aux oreilles de Shen Jue, Yu Qing avait déjà été envoyé à l’hôpital.
Shen Jue avait donc appris en gros ce qui s’était passé de la part de ses hommes.
Quelqu’un s’était entiché de Yu Qing et avait voulu le violer, mais Yu Qing s’était débattu si violemment que cette nuit-là, le bain public avait été presque rempli de sang et Yu Qing avait même mordu la moitié de l’oreille de son agresseur. Son attitude avait rendu fou de rage l’autre homme. Quand Shen Jue avait vu Yu Qing allongé sur son lit d’hôpital, il avait d’abord pensé qu’il était mort.
Yu Qing cligna avec lassitude de son seul œil encore valide. Ses doigts couverts de bandages s’agitèrent légèrement, comme s’il voulait toucher la main de Shen Jue posée sur le lit. Cependant, cela faisait tellement mal. Rien que le fait de bouger ses doigts faisait si mal qu’il avait envie de pleurer.
Shen Jue baissa les yeux et vit cela. Il retira sa main.
« N’essaie pas de bouger pour le moment. Le docteur a dit que tu devais bien te reposer pour guérir. »
Heureusement, ils faisaient partie du clan de sang alors leur capacité de guérison n’était pas mauvaise. Si Yu Qing avait été un humain ordinaire, il serait déjà mort.
Les lèvres de Yu Qing frémirent légèrement mais il continua à bouger ses doigts. Avec énormément de mal, il avança sa main vers Shen Jue.
Ce dernier fronça légèrement les sourcils.
« Yu Qing, reste tranquille. »
Les yeux du jeune homme devinrent rouges et il fixa l’autre homme d’un air stupide :
«Vous… vous pourriez… me prendre dans vos bras… ? »
Sa voix était si rauque qu’il inspirait plusieurs fois après quelques mots.
« Ces hommes… ne m’ont pas touché… mon seigneur. »
Il craignait que Shen Jue ne se soit imaginé des choses et qu’il le trouve sale, alors il s’empressa d’expliquer. Mais quand l’autre homme entendit ça, son expression ne varia pas le moins du monde.
Yu Qing ne put que fermer les yeux et se moquer intérieurement de son propre comportement ridicule.
Sa première réaction à son réveil avait été d’assurer à l’autre qu’il était toujours propre, mais l’autre s’en moquait complètement.
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
Si Yu Qing se trouvait seulement ridicule pour le moment, la colère envahit ensuite uniquement son cœur.
« Je… refuse… de m’excuser ! »
Le visage du jeune homme vira au rouge. Il était si furieux qu’il voulut se mettre assis sur le lit.
Cette fois, Yu Qing avait causé une affaire violente et qui avait fait du bruit. Wang Shengfeng avait aussi fini à l’hôpital. Les gens de sa famille avaient voulu causer des ennuis à Yu Qing mais quand ils découvrirent que Shen Jue le protégeait, c’était resté dans une impasse.
La famille Wang savait que Yu Qing n’était qu’un esclave de la famille de Shen Jue, mais comme disait le dicton : si tu frappes un chien, tu frappes aussi son maître. Alors ils exigèrent que Yu Qing présente des excuses sincères à Wang Shengfeng et quitte l’Armée du Dragon Blanc, et cette histoire en resterait là.
Shen Jue avait seulement proposé des excuses.
Après un bras-de-fer de plusieurs jours, la famille Wang finit par céder et affirma que, du moment que Yu Qing venait présenter ses excuses, l’affaire serait oubliée.
« Alors tu préfères quitter l’Armée du Dragon Blanc ? Si tu acceptes de partir, tu n’auras pas à t’excuser, » fit calmement Shen Jue.
Yu Qing ne voulait d’aucune des deux options qu’il proposait. Il ne comprenait pas : il était clairement la victime dans tout ça. Pourquoi devrait-il s’excuser devant ce Wang Shengfeng ?
Apparemment, la douleur et la confusion étaient bien trop visibles dans le regard de Yu Qing. Shen Jue le fixa un long moment avant de dire doucement :
« Seule compte la force dans ce monde. Il n’y a pas de juste ou de tort. »
En fait, il n’avait pas besoin d’expliquer ça au jeune homme. Le mieux pour lui serait même qu’il pousse Yu Qing dans une situation désespérée. Néanmoins, en voyant Yu Qing actuellement, il ne pouvait s’empêcher de penser à lui-même à la Cour Céleste.
C’était comme avec lui au début : il avait été clairement celui qui avait été drogué et n’avait fait que se défendre, pourtant il avait été puni et envoyé dans le monde des réincarnations. Avant d’entrer dans ces mondes, il avait en fait énormément haï son maître. Pourquoi avait-il fallu que ce dernier porte secours au fils chéri de l’Empereur de Jade ? Pourquoi Shen Jue aurait-il dû s’excuser ?
Il avait été clairement dans son droit, mais son maître avait voulu qu’il baisse la tête.
Ce n’était que maintenant qu’il comprenait : la colère d’une misérable fourmi ne pouvait rien contre le pouvoir absolu. Si son maître avait fait tout ça, c’était justement pour lui sauver la vie. Ce n’était qu’en restant en vie qu’on pouvait se venger par la suite.
Shen Jue baissa un peu la tête pour se rapprocher de Yu Qing. Il observa sans un mot la colère dans les yeux du jeune homme, puis murmura :
« Tu ne pourras te venger que si tu restes en vie. Ce n’est qu’en restant dans l’armée que tu pourras le vaincre vraiment sur le champ de bataille. Même si je t’aide à te venger maintenant, est-ce que tu en seras soulagé pour autant ? Il continuera à vivre tranquillement ailleurs. »
Ses yeux étaient profonds et insondables, comme la mer dans la nuit sombre, et de sombres émotions se cachaient dans cette mer.
Yu Qing grinça des dents et les larmes coulèrent de ses yeux sans qu’il ne puisse les retenir. Il comprenait ce que voulait dire Shen Jue, mais cela lui faisait vraiment mal.
Il ferma les yeux avec embarras pour tenter de cacher ses larmes, et entendit alors un soupir.
Puis quelque chose de doux toucha sa paupière.
Le temps qu’il réalise de quoi il s’agissait, la personne à côté de son lit était déjà partie.
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Quand Shen Jue sortit de la chambre, il vit Ye Ye. Ce dernier le fixa avec inquiétude.
« Comment va M. Yu ? Je lui ai cuisiné quelque chose. »
Shen Jue devina que Yu Qing ne voudrait certainement pas que quelqu’un d’autre le voit pleurer, alors il secoua la tête.
« Ce n’est pas la peine. Rentre plutôt au manoir et préviens le majordome que je vais rester ici pour le moment. »
Ye Ye en fut stupéfait.
« Mon seigneur, vous allez rester ici ? »
Il se mordit la lèvre inférieure.
« Et si je restais aussi ? J’ai appris à m’occuper un peu des patients.
– Ça ira. Rentre au manoir et dis à Xiang Wen de m’apporter mes affaires, » refusa Shen Jue.
Ye Ye hésita mais partit docilement. Avant de s’en aller, il regarda en arrière.
Il vit l’autre homme dans l’allée s’adosser contre le mur de l’hôpital. La lumière jaune brillante tombait sur lui, projetant une fine ombre sur le sol de l’allée.
Ye Ye le contempla un moment avant de détourner la tête et de reprendre sa route.
Grâce à la capacité de guérison extraordinaire des vampires et aux soins méticuleux de l’hôpital, Yu Qing, qui avait été blessé de la tête aux pieds, recouvrit la santé en deux mois. Pendant ces deux mois, Shen Jue était resté à ses côtés. Quand Yu Qing ne pouvait pas manger, Shen Jue le nourrissait. Quand Yu Qing ne pouvait pas se baigner, Shen Jue allait chercher de l’eau pour lui faire la toilette.
Yu Qing n’avait pas dit un mot depuis le jour où il s’était réveillé. Même quand Shen Jue lui posait une question, il se contentait de hocher ou de secouer la tête. Il se montrait très coopératif, c’était juste qu’il ne disait pas un mot. Mais son regard restait constamment braqué sur Shen Jue. Où qu’aille Shen Jue, les yeux de Yu Qing le suivaient. Et si Shen Jue sortait trop longtemps, Yu Qing quittait son lit pour aller le chercher.
Il ne demandait pas aux gens de l’aider à le retrouver, il faisait le tour de l’hôpital avec frénésie, comme une mouche sans tête. À cause de ça, Shen Jue fut obligé de lui dire à chaque où il allait avant de partir.
De manière inexplicable, Shen Jue se sentait nerveux en voyant un tel Yu Qing. Il avait l’impression que le jeune homme avait un peu trop changé. Mais quand on y réfléchissait, c’était compréhensible qu’après un tel incident, Yu Qing soit devenu une toute autre personne.
« Il est temps de dormir. »
Shen Jue retira le livre des mains de Yu Qing et se tourna pour tirer les rideaux.
Ces deux derniers mois, il avait dormi dans la même chambre d’hôpital que Yu Qing, sur un lit pliant.
Une fois les rideaux tirés, Shen Jue se rendit au lit pliant et retira son manteau. Il s’était déjà baigné mais comme il se trouvait dans un hôpital, il portait son manteau au-dessus de son pyjama.
Il allait se mettre au lit quand il entendit soudain la voix de Yu Qing.
C’était la première fois que le jeune homme parlait depuis deux mois.
« Demain, je vais présenter mes excuses à Wang Shengfeng. »
Shen Jue se figea et tourna légèrement la tête.
« Tu t’es décidé ? »
En fait, cela faisait un moment que Yu Qing aurait pu quitter l’hôpital mais Shen Jue n’avait rien dit, préférant lui laisser du temps.
« Oui, » fit doucement Yu Qing.
Il leva les yeux pour lancer un regard compliqué au dos de l’autre homme.
« Très bien. Tu pourras quitter l’hôpital après avoir présenté tes excuses. Tu veux revenir vivre au manoir un moment ou retourner dans l’armée ? demanda Shen Jue.
– Je veux retourner dans l’armée, » répondit Yu Qing sans même hésiter.
Shen Jue garda le silence un moment avant de répondre :
« Bien. »
Quand Yu Qing alla présenter ses excuses, Shen Jue n’entra pas avec lui. Wang Shengfeng n’avait subi que des blessures mineures, mais il avait fait exprès de rester hospitalisé longtemps, comme Yu Qing.
Shen Jue resta à la porte et attendit le jeune homme. Après un long moment, Yu Qing sortit enfin. Il y avait une trace rouge de main sur son visage et son pantalon était un peu poussiéreux au niveau des genoux.
Yu Qing s’avança vers Shen Jue et baissa la tête.
« Mon seigneur, je vais tout de suite retourner à l’armée. Je remercie mon seigneur d’avoir pris soin de moi durant cette période.
– Alors je te laisse, » fit Shen Jue.
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Il venait à peine de se tourner qu’il entendit soudain la voix de Yu Qing.
« Mon seigneur, avez-vous reçu mes lettres ? » demanda-t’il d’une voix faible.
Shen Jue marqua une légère pause.
« Oui. »
Yu Qing étira les lèvres en un sourire.
« Je vois. »
Il se tourna. Il y avait des gens de l’Armée du Dragon Blanc derrière lui qui étaient venus pour le ramener.
Quand Shen Jue revint au manoir, il demanda aussitôt au majordome :
« Est-ce que Yu Qing m’a envoyé des lettres ? »
Le majordome hocha la tête à cette question.
« Oui, une lettre tous les mois. J’ai demandé à Xiang Wen de vous les apporter, mon seigneur. »
Il nota la tête que faisait Shen Jue.
« Mon seigneur, vous ne les avez donc pas reçues ? »
Les sourcils de Shen Jue tressautèrent légèrement.
« Ce n’est pas important. »
Puis il fit venir Xiang Wen.
« C’est toi qui as les lettres ? »
Quand Xiang Wen l’entendit parler de lettres, une lueur de culpabilité apparut dans son regard, pourtant il fit :
« De quelles lettres voulez-vous parler, mon seigneur ?
– Les lettres de Yu Qing, répondit calmement Shen Jue. Où les as-tu cachées ? »
Le valet serra les dents.
« Je… les ai brûlées. Qu’est-ce que des lettres de cet idiot pourraient apporter de bon ? Mon seigneur, vous ne trouvez pas qu’il a déjà fait assez de mal comme ça ? Pourquoi vous vous en faites encore autant pour lui ? »
Quand il poursuivit, son visage rougit d’animation.
« Je n’ai jamais pu supporter ce type, alors pour quelle raison, ah ? Tout ça parce qu’il s’est enrôlé dans l’armée ?! »
Ses yeux devinrent un peu rouges.
« Je sais que vous avez perdu du poids pendant que vous étiez avec lui, mon seigneur. Je suis allé lui en parler mais il n’en avait rien à faire. Je déteste ça, je déteste le fait que je n’ai pas le même visage que lui. Au moins, je prendrais bien soin de vous, mon seigneur, contrairement à lui, et je ne vous causerais pas de problème. Lui, il cause des problèmes même dans l’armée et vous êtes obligé d’aller nettoyer sa merde à sa place. »
Cela faisait trop longtemps que Xiang Wen avait gardé ça au fond de son cœur. Aujourd’hui seulement, il eut le courage de tout déballer. Même si Shen Jue le renvoyait, il n’en avait plus rien à faire. Au moins, il aurait vidé son cœur.
« Je sais que j’ai commis une faute très grave. Je m’en vais de ce pas en informer le majordome. »
C’était très grave pour un serviteur de cacher le courrier de son maître. En effet, certaines lettres auraient pu contenir des informations capitales, voilà pourquoi n’importe quel manoir prenait ce genre d’affaire très au sérieux.
Après que Xiang Wen ait fini de parler, il tourna les talons pour s’éloigner. Shen Jue le regarda et se massa un peu les sourcils avec lassitude.
« Bon, que cela ne se reproduise plus. »
Voyant que le serviteur s’était arrêté, il ajouta :
« Tu devrais éviter d’écouter les autres à l’avenir. »
Xiang Wen s’était tout d’abord un peu réjoui, mais avec la dernière phrase de Shen Jue, ce fut comme un seau d’eau froide en pleine figure. Il se pétrifia et n’osa même pas tourner la tête. Il ignorait comment Shen Jue avait bien pu savoir que c’était Ye Ye qui lui avait dit de faire ça.
La première fois que le majordome avait confié la lettre à Xiang Wen, bien que réticent, ce dernier l’avait quand même rapporté au bureau du duc. En arrivant, il était tombé sur Ye Ye qui aidait Shen Jue à remettre de l’ordre dans les livres de la bibliothèque. Quand l’autre valet l’avait vu arriver, il l’avait salué et ses yeux étaient naturellement tombés sur l’enveloppe que tenait Xiang Wen.
« Frère Xiang Wen, c’est une lettre pour le duc ? »
Ye Ye s’approcha, prêt à la prendre.
Xiang Wen renifla alors.
« Ça vient d’un misérable individu, fit-il en la jetant dans les mains de Ye Ye. Mets ça avec le reste du courrier du duc. Au fait, mets bien cette lettre en dessous de la pile. »
Plus tard il la lira, mieux ce sera, songea ainsi Xiang Wen.
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Ye Ye prit l’enveloppe avec un peu de curiosité et l’examina de plus près. Quand il vit le nom de l’expéditeur, il poussa un léger Ah et fit d’un ton étonné :
« C’est une lettre de M. Yu. »
Après avoir dit ça, il lança un regard un peu perplexe à l’autre valet.
« Frère Xiang Wen n’apprécie pas M. Yu ?
– Humph, qu’est-ce qu’il y a à apprécier chez lui ? »
Xiang Wen n’avait jamais été capable de dissimuler ses pensées. On ne pouvait voir que de l’irritation sur son visage. Même en présence de Ye Ye, il fut capable de dire toutes sortes de vilaines choses sur Yu Qing, sans avoir peur que l’autre valet n’aille répéter tout ça.
Quand il eut fini d’entendre tout ce que Xiang Wen avait à dire, Ye Ye plissa le front, songeur. Après un long moment, il fit d’un ton perplexe :
« Puisque frère Xiang Wen pense que M. Yu ne fait que du mal au duc et qu’il ne veut pas que le duc fasse grand cas de M.Yu, pourquoi alors ne pas simplement cacher cette lettre ? »
Xiang Wen en resta un moment sans voix, puis fut frappé par l’illumination.
« Tu as raison. »
Il reprit la lettre des mains de Ye Ye. Après tout, c’était lui qui avait reçu la lettre des mains du majordome et qui l’avait emmenée dans le bureau. Si Shen Jue ne demandait pas spécialement au majordome, jamais il ne saurait que Yu Qing lui avait envoyé une lettre.
Xiang Wen lui-même ignorait d’où lui venait une telle audace. Il cacha ainsi toutes les lettres que Yu Qing envoya. Bien entendu, il ne les brûla pas. Il se contenta simplement de les cacher sous son lit.
Shen Jue regarda Xiang Wen qui n’avait pas bougé de là et fit :
« Tu peux sortir. N’oublie pas ce que je t’ai dit. »
Xiang Wen émit un son d’assentiment tant bien que mal et se hâta de sortir. Il tomba sur Ye Ye dès qu’il eut franchi la porte.
Ses yeux s’illuminèrent et il se dépêcha de rejoindre l’autre valet. Il lui saisit le bras d’une main.
« Le duc a découvert pour les lettres. »
Ye Ye arbora un air surpris.
« Et qu’est-ce qu’il a dit ? »
Le visage de Xiang Wen était encore un peu pâle.
« Il a dit que cela ne devait plus se reproduire.
– Alors frère Xiang Wen n’a pas du tout de souci à se faire, fit Ye Ye en riant. Cela prouve que la place de frère Xiang Wen dans le cœur du duc est bien plus importante, ah. Même si frère Xiang Wen a caché des lettres, le duc a juste lâché quelques mots légers. Tout le monde dit que le duc se montre bon envers M. Yu, mais je ne suis pas forcément d’accord. Je trouve que le duc se montre encore meilleur envers frère Xiang Wen. »
Xiang Wen ne se serait jamais attendu à ce que Ye Ye dise cela, alors il en resta un peu stupéfait.
« Pourquoi tu dis ça ? »
Ye Ye rit de nouveau et attira Xiang Wen dans un coin pour murmurer :
« Regarde, tout le monde savait avant que M. Yu était l’amant du duc, alors ils le respectaient tous en apparence mais le critiquaient sévèrement en privé. Et voilà que le duc a envoyé M. Yu dans l’Armée du Dragon Blanc. Je me dis que quand on aime quelqu’un, comment peut-on l’envoyer dans un endroit aussi sinistre ? Alors je ne crois pas du tout que le duc est amoureux de M. Yu, je crois plutôt qu’il s’en sert comme d’une diversion et que la personne que le duc aime vraiment serait plutôt quelqu’un de proche de lui. »
Proche de lui ?
Xiang Wen ne put s’empêcher de songer à lui-même. Après tout, il était le plus proche de Shen Jue.
Ye Ye fixa Xiang Wen d’un air pensif et ajouta :
« Je pense que si le duc a refusé de se marier, ce n’est pas pour attendre sur M. Yu mais peut-être qu’il attend sur toi, frère Xiang Wen. Mais tu es actuellement… son valet personnel dans le manoir. Le duc ne veut sans doute pas qu’on se moque de toi dans ton dos, comme pour M. Yu. Voilà pourquoi il n’a jamais rien dit. »
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La raison disait à Xiang Wen qu’il ne devrait pas écouter ce que disait Yu Yu, mais son cœur le poussait à y croire. Avant d’aller se coucher ce soir-là, il pensait encore aux paroles de l’autre valet et il sortit la broche en émeraude que Shen Jue lui avait offerte.
Pour l’anniversaire de Yu Qing, Shen Jue lui avait demandé de s’occuper de choisir le cadeau pour l’autre jeune homme. Par contre, ses cadeaux avaient été choisis par Shen Jue lui-même. On pouvait donc facilement voir qui comptait le plus ou le moins à ses yeux.
Et dans les disputes qui l’avaient opposé à Yu Qing, même sans savoir ce qui s’était passé, Shen Jue avait toujours pris son parti.
Se pouvait-il que Shen Jue soit vraiment amoureux de lui ? Mais qu’il n’avait jamais rien dit à cause de l’identité de Xiang Wen ? Et que Yu Qing n’était qu’une diversion ?
Tout le monde avait déjà vu Shen Jue avec Yu Qing, alors le fait de voir ensuite Shen Jue avec lui-même, cela n’aurait rien de bien surprenant. Si un misérable semi-vampire était assez bien pour être avec un duc, alors lui aussi.
À force de songer à cela, Xiang Wen ne ferma pas l’œil de la journée. Même au réveil, il y songeait encore et n’arrêta pas de commettre des erreurs. Cependant, il se rendit compte que même quand il faisait quelque chose de mal, Shen Jue ne lui adressait aucun reproche et faisait comme s’il n’avait rien vu.
Même le majordome et Ye Ye ne pouvaient s’empêcher de le fixer quand il faisait une bêtise, mais Shen Jue faisait mine de ne pas le voir.
La graine qui avait déjà germé dans le cœur de Wiang Wen se mit de nouveau à croître.
Quand Shen Jue apprit que Xiang Wen avait démissionné, il en fut fort surpris. Xiang Wen avait adressé sa demande de démission directement au majordome. Son contrat avait expiré depuis longtemps mais il avait continué à travailler au manoir et le majordome n’avait pas pensé à renouveler son contrat chaque année. Alors quand Xiang Wen annonça qu’il partait, le majordome ne put trouver la moindre raison de l’en empêcher.
« Je suis vraiment désolé, mon seigneur. J’ai tenté de lui faire entendre raison mais il est resté très ferme. Je ne comprends vraiment pas pourquoi il a subitement quitté son travail, fit le majordome. Quoi qu’il en soit, désirez-vous que j’engage un autre valet ? »
Shen Jue garda le silence un moment, puis secoua la tête.
« Ce ne sera pas la peine. Si ça se trouve, il reviendra bientôt. Nous allons lui laisser ce poste libre pour lui. Comme ça, il pourra revenir quand il le voudra. »
Le majordome répondit par un “Très bien” avant de faire demi-tour et de se retirer.
Quand il arriva au bord des escaliers, il ne put s’empêcher de soupirer en voyant Ye Ye monter avec du thé de sang. Le valet qui était resté le plus longtemps dans ce manoir était subitement parti, et il ignorait combien de temps allait pouvoir tenir celui-ci.
« Ye Ye, dorénavant, tu seras le seul valet personnel du duc. Tu devras t’occuper de tout. À compter d’aujourd’hui, tu toucheras le même salaire que celui de Xiang Wen. »
Le majordome tapota l’épaule du jeune homme.
Ye Ye hocha la tête avec circonspection.
« Comptez sur moi, monsieur le majordome. »
Le majordome soupira de nouveau et murmura le nom de Xiang Wen en ajoutant :
« Ce garçon… Ai. »
En voyant ça, Ye Ye tenta de le réconforter.
« Peut-être que frère Xiang Wen reviendra dans quelques jours. Vous n’avez pas à vous en faire autant. Même s’il ne revenait pas, compte tenu de ses capacités, je suis sûr que frère Xiang Wen va mener une bonne vie à l’extérieur. »
Le majordome n’était pas sans ignorer le tempérament particulier de Xiang Wen : il avait effectivement de bonnes capacités mais aussi tendance à offenser les gens avec ses paroles. Cependant, le majordome ne voulait pas discuter de tout ça avec Ye Ye. Il agita la main et descendit.
Ye Ye contempla son dos qui s’éloignait, puis se tourna doucement pour apporter son thé de sang avec du vin dans le bureau.
Le temps fila, et deux années déjà s’étaient écoulées.
Durant ces deux années, Shen Jue n’avait plus reçu la moindre lettre de Yu Qing et il n’avait pas non plus eu de nouvelles de Xiang Wen.
Pour Yu Qing, il y avait des gens en place qui faisaient des rapports réguliers à Shen Jue sur ce qui se passait. Mais pour Xiang Wen, il avait bel et bien disparu dans tous les sens du terme. Bien que Shen Jue avait envoyé des gens à sa recherche, ils furent incapables de le retrouver. Il se pouvait donc que Xiang Wen ait quitté la capitale impériale.
Durant ces deux années, Qiao Jiangyuan fut le visiteur le plus assidu de Shen Jue. Il invitait de temps en temps Shen Jue pour un rendez-vous et ce dernier acceptait une fois sur dix, ce qui était déjà pas mal. Mais cela ne le dérangeait pas du tout. Quand Shen Jue ne voulait pas sortir le voir, il prenait l’initiative de venir chez lui et refusait de partir. Assis dans le séjour, il buvait tasse sur tasse de thé de sang, jusqu’à ce que Shen Jue soit bien obligé de descendre le voir.
Quand Qiao Jiangyuan le voyait, il arborait toujours un sourire radieux. Même si Shen Jue l’ignorait un peu, il était capable de tenir la conversation à lui seul.
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Et quand Shen Jue se rendait à une soirée, on était sûr à 100 % que Qiao Jiangyuan serait également présent. Certains se moquaient d’eux en disant qu’ils avaient échangé leurs rôles : avant, c’était Shen Jue qui courait derrière Qiao Jiangyuan et maintenant, c’était Qiao Jiangyuan qui courait derrière Shen Jue.
Certains demandèrent à Qiao Jiangyuan pourquoi il avait changé subitement d’attitude.
Le duc eut un sourire rayonnant mais ne répondit pas.
Quand Shen Jue voyait l’autre homme se comporter ainsi, il ne pouvait que se rappeler de lui-même durant les vies précédentes. Le Shen Jue d’origine était presque comme le Qiao Jiangyuan de maintenant : peu importait l’indifférence de Qiao Jiangyuan, il avait continué de le coller d’un air affectueux.
Jusqu’au jour où il avait découvert les véritables sentiments de l’autre homme sous son masque et avait découvert que celui qu’il aimait vraiment, c’était Yu Qing.
Qiao Jiangyuan s’approcha de Shen Jue avec deux verres de boissons de sang et lui en tendit un. Voyant que l’autre homme ne faisait pas mine de la prendre, il eut un léger rire et posa le verre sur une table sur la terrasse.
« C’est fou comme le temps passe vite. »
Il contempla Shen Jue qui regardait la lune. Deux ans après, il avait l’impression que cet homme avait encore plus changé : il était devenu plus indifférent, mais aussi plus séduisant.
Il savait que l’aura glaciale de Shen Jue pouvait refroidir les gens, mais il connaissait également l’ardeur de cet homme une fois que la glace avait fondu.
Shen Jue leva la tête et contempla la lune brillante dans le ciel. Le temps était vraiment passé bien plus vite qu’il ne l’aurait pensé. Il ne restait désormais plus que deux ans du délai qu’il avait laissé à Yu Qing. Ces deux dernières années, il s’était tenu au courant de la situation de Yu Qing uniquement par ses informateurs, il ne l’avait pas rencontré en personne.
C’était un jeu pour voir lequel aurait le plus de patience.
Toutefois, il ne pouvait pas laisser trop de temps à Yu Qing pour se développer. Si Yu Qing devenait trop puissant, Shen Jue n’aurait plus aucune chance de gagner. Alors il s’était déjà préparé au prochain mouvement.
Il tourna la tête vers Qiao Jiangyuan et demanda :
« Qiao Jiangyuan, à propos de ce que tu m’as demandé il y a deux ans, tu es toujours sérieux ? »
L’autre duc en fut visiblement stupéfait. Son sourire coutumier s’atténua un peu.
« De… de quoi tu parles ? »
Après ça, Shen Jue ne lui répondit pas. Qiao Jiangyuan fit un pas vers lui, nerveux.
« Vraiment, vraiment, tu veux m’épouser ? »
Shen Jue lui adressa un regard rapide puis récupéra le verre que l’autre homme venait de déposer sur la table de la terrasse.
Il prit une petite gorgée.
« En effet. »
Note de Karura : Si vous entendez un bruit de verre cassé, c’est le cœur de Yu Qing qui vient de se briser. 💔
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