Chapitre 95

Dès que la nouvelle des fiançailles de Shen Jue et Qiao Jiangyuan se répandit, elle ébranla toute l’aristocratie de la capitale impériale. Même les grands journaux s’empressèrent d’en faire la une de leurs éditions. En fait, il y avait une particularité dans le style de vie du clan de sang : la majorité d’entre eux n’appréciaient pas les contraintes du mariage. Ils étaient plutôt du genre libres en matière de relations : deux personnes étaient ensemble quand elles s’appréciaient et elles se séparaient quand elles ne s’appréciaient plus. Peu de gens étaient désireux de se marier car une fois mariés, ils restaient liés ensemble pour le restant de leur vie.

En effet, on ne pouvait pas divorcer chez les vampires.

En plus de ça, Shen Jue et Qiao Jiangyuan étaient deux hommes. Bien que les mariages homosexuels n’étaient pas interdits par la loi des vampires, la plupart des couples vampires qui se mariaient étaient hétéro.

Au départ, Qiao Jiangyuan voulait sauter la partie des fiançailles, mais Shen Jue s’y était opposé. Alors ils allaient donc se fiancer pour commencer, et le mariage était prévu à la fin de l’année.

Comme il s’agissait quand même de l’union entre deux ducs, tout devait être au point. Dès que la nouvelle des fiançailles se fit savoir, les deux familles se lancèrent dans les préparatifs avec frénésie, surtout la famille Qiao. En effet, Shen Jue n’avait pas de parents proches pour l’aider. Il trouva finalement un cousin éloigné qui accepta de l’aider.

Les finances de la famille du cousin étant déjà très modestes, ce fut Shen Jue qui lui paya tout le trajet.

Le cousin serait le représentant de la famille de Shen Jue durant la cérémonie de fiançailles.

Pendant la préparation de cette cérémonie, Qiao Jiangyuan rendit visite à Shen Jue avec bien plus d’assiduité. En tant que futur fiancé, il était comme l’autre maître du manoir. Quand les serviteurs le voyaient donc, ils se montraient bien plus respectueux à son égard.

« Ça fait si longtemps que tu lis. Et si on sortait se promener ? » ne put s’empêcher de dire Qiao Jiangyuan en s’approchant de Shen Jue et en constatant qu’il se trouvait toujours à son bureau.

Cela faisait une heure qu’il était assis là. Ye Ye était venu lui rapporter du thé mais Shen Jue n’avait même pas relevé la tête.

Quand Qiao Jiangyuan vit que l’autre homme ne faisait pas mine de bouger, son regard se figea puis il tendit la main pour recouvrir doucement le document que lisait l’autre homme.

« Cela suffit. Les affaires sont sans fin, votre seigneurie le duc. Tu ne veux vraiment pas faire une pause ? »

Shen Jue fixa la main qui était subitement apparue devant lui et son regard ne varia pas.

« Retire ça. »

Qiao Jiangyuan : « ... »

Il se mordit la lèvre et retira sa main en cédant.

« Très bien, continue ta lecture, hein ? J’attendrai que tu aies fini. »

Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !

Après trois heures d’attente où il resta assis sur le canapé du bureau, il était à deux doigts de tomber de sommeil quand il entendit la chaise qui bougeait.

Il leva aussitôt la tête et vit que Shen Jue s’était enfin levé.

L’autre homme lissa ses vêtements et se dirigea vers la porte. En voyant ça, Qiao Jiangyuan le héla :

« Où tu vas ? »

Shen Jue parut un peu surpris de l’entendre, comme étonné que l’autre soit encore là.

« Je vais me coucher, il est presque l’aube. »

Le regard de Qiao Jiangyuan exprima une pointe d’amertume.

« Cela fait cinq heures que je t’attends. Tu es sûr de vouloir aller au lit maintenant ? »

Il sortit la montre-gousset de sa poche.

« Il reste encore une demi-heure avant l’aube et tu ne m’as pas dit plus de cinq phrases aujourd’hui. Shen Jue, n’oublie que nous allons nous marier. »

Pour Shen Jue, Qiao Jiangyuan n’était qu’un outil qu’il employait. Il se moquait donc bien de ce que l’autre pouvait ressentir. Cependant, après l’avoir entendu, il se dit qu’il se montrait peut-être un peu trop distant.

Il réfléchit à ça un moment puis changea de direction. Il s’approcha de l’autre canapé et s’assit, puis regarda Qiao Jiangyuan en face de lui.

« De quoi tu veux parler ? »

Le visage de l’autre homme prit un air crispé. Il lui fallut un certain temps avant de sourire d’un air démuni, comme s’il était découragé.

Il se leva pour aller s’asseoir à côté de Shen Jue. Voyant que l’autre le fixait sans ciller, il se mordit les lèvres et tenta de tendre la main. Au moment où il allait toucher la main de Shen Jue, ce dernier la retira avec un sifflement.

« Qu’est-ce que tu fais ? » demanda Shen Jue en se renfrognant.

Qiao Jiangyuan garda le silence un moment avant de faire :

« Shen Jue, nous allons nous marier, est-ce que tu le sais ?

– Je le sais.

– Alors tu ne crois pas que nous devrions cultiver nos sentiments ? Au lieu de rester assis là comme on le fait en cet instant ? »

Qiao Jiangyuan vit un Shen Jue si glacial et brusquement, l’ancien Shen Jue lui manqua.

À l’époque, Shen Jue était vraiment autoritaire et dominateur. Mis à part ses bonnes origines et son apparence, il n’avait quasiment que des défauts. Mais il y avait une chose en particulier, c’était qu’il était collant. Où qu’aille Qiao Jiangyuan, il fallait que Shen Jue l’accompagne. Si Qiao Jiangyuan voulait se faire un nouvel ami, Shen Jue allait enquêter à fond sur cette personne pour ensuite tout raconter à Qiao Jiangyuan, afin qu’il ne se fasse pas avoir.

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Il était vraiment trop collant à l’époque, et cela agaçait même un peu Qiao Jiangyuan. Il en avait assez que Shen Jue contrôle ses allées et venues et gère son cercle d’amis en permanence.

À présent, Shen Jue n’était plus autoritaire et dominateur, il était calme et posé. Hormis le fait qu’il était trop indifférent, Qiao Jiangyuan ne pouvait lui trouver aucun défaut.

Malgré ça, il espérait que le Shen Jue collant d’avant revienne. Non, ce serait même mieux si les deux Shen Jue pouvaient s’équilibrer.

Les gens étaient ainsi : ils voulaient leur liberté mais aussi de l’amour.

En voyant un Shen Jue si indifférent, Qiao Jiangyuan se sentit un peu découragé. Cependant, il voulait être celui qui ferait fondre la glace autour de Shen Jue.

Ce que Yu Qing pouvait voir, il voulait aussi le voir.

« Sinon, je peux aussi ne pas rentrer chez moi aujourd’hui ? » proposa Qiao Jiangyuan en voyant que Shen Jue gardait le silence.

Il estimait que les choses ne pouvaient pas continuer ainsi alors qu’ils allaient bientôt se marier. Vu que Shen Jue ne semblait pas prendre l’initiative, c’était à lui de le faire.

Shen Jue hocha la tête sans hésitation. Les yeux de Qiao Jiangyuan s’illuminèrent de joie et, même lorsqu’il découvrit qu’il dormirait simplement dans la chambre d’ami, la joie ne disparut pas pour autant.

Il était quelqu’un d’extrêmement patient. Il sentait qu’une fois qu’il aurait franchi le premier pas, le reste viendrait naturellement. Il voulait également sa place dans l’espace privé de Shen Jue.

Durant les jours suivants, Qiao Jiangyuan continua de vivre au manoir de Shen Jue. Ce dernier ne s’y opposa pas. Même lorsqu’ils sortaient pour des soirées, Qiao Jiangyuan avait un bras passé autour de sa taille intimement. Mais quand il voulut aller plus loin, il se fit repousser.

Shen Jue recula d’un pas, ses yeux et son attitude indiquant sa résistance.

Qiao Jiangyuan retira donc sa main en souriant.

« C’est bon, pas de baiser. Rentrons alors. »

Le temps passa très rapidement et on arriva à la veille des fiançailles de Shen Jue et Qiao Jiangyuan. D’après la coutume, ils ne devaient pas se voir la veille de leur fiançailles. Alors Qiao Jiangyuan retourna chez lui ce jour-là. Il ne trouva pas le sommeil durant la journée à cause de la cérémonie.

Quand la nuit fut pratiquement tombée, Qiao Jiangyuan se leva. Il refusa l’aide de son valet pour se préparer, car il le trouvait trop lent. Quand le père de Qiao Jiangyuan vit son fils descendre, il agita le journal qu’il lisait.

« Qu’est-ce que tu fais debout si tôt ? »

Qiao Jiangyuan s’approcha et fit en riant :

« Père, tu fais exprès ? Tu ne sais pas quel jour on est aujourd’hui ?

– Ce ne sont que des fiançailles. »

Le père posa le journal et demanda au majordome de leur présenter le déroulement de la soirée.

Qiao Jiangyuan s’assit à côté de son père et écouta très attentivement. À vingt-et-une heures, après avoir fini tous les préparatifs, ils se mirent en route pour l’hôtel. La cérémonie de fiançailles commencerait officiellement à minuit.

Quand Qiao Jianyuan et sa famille arrivèrent, les invités du côté de Shen Jue n’étaient pas encore là. Ce ne fut qu’à vingt-trois heures que Qiao Jiangyuan vit arriver le cousin de Shen Jue.

Ce cousin logeait dans un hôtel de la ville et pas au manoir de Shen Jue, donc ils n’étaient pas partis ensemble.

Quand il fut 23:30, Qiao Jiangyuan commença à devenir un peu inquiet. Les amis et parents avaient tous pris place, mais l’autre personnage principal de la soirée n’était toujours pas arrivé.

Le père de Qiao Jiangyuan alla trouver son fils et lui demanda à voix basse :

« Il n’est pas encore là ? »

Qiao Jiangyuan répondit par un En.

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Les sourcils du père tressautèrent.

« Qu’est-ce que cela veut dire ? soupira-t’il. Il va être en retard pour un jour aussi important ? Il devait être là à vingt-deux heures, et il est déjà 23:30.

– Père, ne vous fâchez pas. Je vais aller le chercher. »

Qiao Jiangyuan fut donc sur le point de s’en aller comme il l’avait dit à son père quand ce dernier le retint.

« Avec Shen Jue qui n’est pas venu et toi qui t’en vas maintenant, que vont penser les invités ? N’y va pas, on va demander simplement à un serviteur d’y aller. »

Il envoya donc un serviteur voir ce qui était arrivé à Shen Jue.

Mais à minuit trente, le serviteur n’était pas non plus revenu. Qiao Jiangyuan ne pouvait donc plus rester assis les bras croisés et, en dépit des objections de son père, il sortit de l’hôtel et roula lui-même pour se rendre au manoir de Shen Jue.

Quand il arriva au manoir, il vit son serviteur et le majordome. Le serviteur parlait avec agitation au majordome, tandis que ce dernier avait l’air bien embêté et ne cessait de secouer la tête.

Qiao Jiangyuan descendit de la voiture, claqua la portière et s’avança, le teint blême. Quand le majordome entendit le bruit et vit qu’il s’agissait de Qiao Jiangyuan, une trace de panique apparut sur son visage.

« Où est Shen Jue ? » exigea de savoir Qiao Jiangyuan en se tenant devant le majordome.

Son serviteur à côté de lui s’écria aussitôt :

« Mon seigneur, ils ne veulent pas me laisser entrer. Je n’ai donc pas pu voir le duc Shen. »

Le majordome jeta un regard terriblement embarrassé à Qiao Jiangyuan.

« Notre seigneur le duc… Il…

– Que lui arrive-t’il ? Il est malade ? Je vais entrer le voir, » déclara Qiao Jiangyuan en faisant mine d’entrer.

Le majordome s’interposa rapidement.

« Non, il n’est pas malade, il est... »

De nouveau, il s’arrêta au beau milieu de sa phrase.

Qiao Jiangyuan posa les yeux sur lui.

« Puisqu’il n’est pas malade, vous savez quel jour nous sommes aujourd’hui ? Vous ne l’avez pas rappelé à votre seigneur ? »

Le majordome continua de lui bloquer l’accès au manoir.

« Toutes mes excuses, mais le duc ne peut pas recevoir des invités pour le moment. »

Qiao Jiangyuan fut encore plus furieux d’entendre ça. Il avait fait tout ce chemin et était déjà en train de se retenir d’exploser. Il se disait que si Shen Jue lui donnait une bonne explication, il pourrait lui pardonner facilement son retard mais là, le majordome de Shen Jue l’empêchait carrément d’entrer dans le manoir.

« Suis-je encore un simple invité ? Aujourd’hui est le jour de mes fiançailles avec votre seigneur. »

Qiao Jiangyuan repoussa alors carrément le majordome pour entrer. Quand le majordome vit cela, il n’osa plus tenter de l’arrêter. Il ne put que le suivre et tenter de le dissuader :

« Duc Qiao, nous sommes vraiment désolés pour aujourd’hui mais notre seigneur ne peut vraiment pas recevoir des invités. »

Qiao Jiangyuan fit la sourde oreille et monta directement les escaliers. Il se rendit d’abord dans le bureau. Quand il n’y vit pas Shen Jue, il se dirigea ensuite vers sa chambre. Au moment où il allait ouvrir la porte, quelqu’un en sortit précipitamment.

C’était Ye Ye.

Le valet se dressa devant Qiao Jiangyuan.

« Duc Qiao, mon seigneur ne peut pas recevoir d’invité pour le moment, alors je vous prie de bien vouloir attendre un peu dans le séjour. »

C’était le second à lui dire que Shen Jue ne pouvait pas recevoir d’invité.

Que ce soient les trois mots “ne peut pas” ou le mot “invité”, Qiao Jiangyuan était de plus en plus énervé à chaque fois qu’il les entendait.

Son futur fiancé était en retard le jour de leurs fiançailles, et on pouvait même dire qu’il avait raté la cérémonie. En ce moment même, leurs parents et amis les attendaient dans l’hôtel, mais il fallait que le valet de Shen Jue l’empêche de le voir.

Tout cela rendit Qiao Jiangyuan complètement furieux.

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Ignorant la grâce et la distinction des nobles, il poussa Ye Ye sur le côté et s’avança à grands pas.

Il arriva vite à la porte de Shen Jue.

Il resta un moment là à se calmer avant de toquer à la porte.

« Shen Jue, tu es réveillé ? »

Contrairement à son ton de tout à l’heure, sa voix était redevenue douce.

Personne ne répondit.

Qiao Jiangyuan tourna subitement la tête et aperçut le majordome et Ye Ye, qui avaient tous deux tenté de l’arrêter avant, se tenir à distance cette fois. Leurs visages arboraient un air très compliqué. Qiao Jiangyuan ne put que froncer les sourcils. L’instant d’après, il parut frappé par une idée alors il posa la main sur la clenche pour ouvrir la porte.

Note de Karura : Vous devinez ce qui a bien pu retarder Shen Jue ?

Double indice : ce qui attend Qiao Jiangyuan est un 💔

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