Cent façons de tuer un prince charmant 100

Chapitre 100


« Où est Shen Jue ? »

Dès que Qiao Jiangyuan posa les yeux sur Yu Qing, l’autre homme lui posa toute de suite la question. Yu Qing semblait avoir encore un peu changé depuis la dernière fois. Sa silhouette était plus vigoureuse, son beau visage avait une touche de fermeté et il y avait un air funeste persistant dans son regard et son expression.

C’était le propre des hommes de talent qui avaient combattu tout du long sur le champ de bataille.

Qiao Jiangyuan prit en silence la bouteille posée devant lui et se servit un verre de vin. Il n’ouvrit pas la bouche avant un bon moment.

« Je croyais qu’il était avec toi.

– Pourquoi il serait avec moi ? rétorqua Yu Qing en fronçant les sourcils. Où est-il allé ? »

Qiao Jiangyuan regarda l’anxiété dans les yeux de l’autre homme et eut un léger rire. Il but lentement le vin rouge.

« Comment tu veux que je le sache ? Tu n’as qu’à le chercher toi-même. »


En entendant ça, Yu Qing le saisit directement par le col et le souleva de terre. Les serviteurs de la famille Qiao furent choqués de voir ça et se précipitèrent aussitôt pour arrêter Yu Qing. Mais Qiao Jiangyuan leva une main pour leur faire signe de n’en rien faire.

« Je ne sais vraiment pas. Il ne m’a pas dit où il allait. »

Le sourire de Qiao Jiangyuan contenait une pointe d’ironie.

« Je croyais qu’il était parti te rejoindre mais je n’aurais jamais cru que tu aurais été abandonné, ah. On dirait que ce n’est pas toi non plus, celui qu’il aime. »

Quand il eut prononcé ces mots, il se mit à rire comme s’il trouvait ça très drôle.


Yu Qing eut simplement l’impression que Qiao Jiangyuan semblait avoir perdu l’esprit, et son regard montra une pointe de dégoût.

« Je sais qu’il t’a donné toutes ses propriétés. Comment tu peux ne pas savoir où il est ?

– Et comment je le saurais ? »

L’expression sur le visage de Qiao Jiangyuan devint glaciale, de même que son regard.

« Il ne m’a rien dit. Si tu veux le retrouver, ce n’est pas chez moi qu’il faudra le chercher. »

Yu Qing resserra sa prise sur Qiao Jiangyuan et, après un moment, il le lâcha.


* * *


Comme il n’y avait rien à tirer de Qiao Jiangyuan, Yu Qing décida de ne compter que sur lui-même. Il ne s’était pas enfui cette fois mais avait obtenu officiellement un congé pour une durée de trois mois.

Quelques mois plus tôt, il avait reçu une lettre de Shen Jue indiquant qu’il allait bientôt déménager et qu’il ne pourrait pas lui écrire pendant un moment. Il avait aussi écrit qu’il lui transmettrait sa nouvelle adresse, mais Yu Qing n’avait pas attendu sur sa lettre.

Après avoir obtenu son congé, il s’était rué à la capitale impériale, tout ça pour apprendre que Shen Jue avait quitté cet endroit. Yu Qing alla même jusqu’à contacter tous les nobles qu’il avait rencontrés durant les soirées, mais aucun ne savait où se trouvait Shen Jue. Cependant, tous étaient au courant qu’il avait donné toutes ses propriétés à Qiao Jiangyuan.

Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !

Dans les deux mois qui suivirent, il fit de son mieux pour retrouver Shen Jue, que ce soit publier une annonce dans les journaux ou bien se rendre dans plusieurs villes où l’autre pourrait se trouver. Finalement, il obtint une bribe d’information utile.

Il y avait un noble qui avait croisé Shen Jue à la gare plusieurs mois avant. Il lui avait demandé sur le ton de la conversation où Shen Jue se rendait, et la réponse qu’il avait reçue avait été très surprenante.

Shen Jue avait répondu qu’il se rendait dans la petite ville frontalière entre l’empire des humains et celui du clan de sang.

C’était là que vivaient la plupart des semi-vampires, et c’était également là que Yu Qing avait passé son enfance.

Yu Qing resta un moment stupéfait en apprenant que Shen Jue s’était rendu là-bas. Mais il acheta vite un billet de train et descendit vers le sud. Cinq jours plus tard, il arriva à la ville frontalière.


Quand il descendit du train, Yu Qing put tout de suite sentir la différence entre cet endroit et la capitale. La plupart des passants dans la capitale étaient bien habillés tandis qu’ici, la gare était déjà entourée d’un groupe de mendiants. Dès qu’ils voyaient quelqu’un descendre du train, ils se pressaient autour de lui pour demander de l’argent ou de la nourriture.

Yu Qing avait grandi ici alors il savait qu’il ne pouvait pas leur donner l’aumône car une fois qu’il commencerait, les autres mendiants qui attendaient plus loin se précipiteraient à leur tour. Du coup, cela deviendrait très compliqué de parvenir à sortir de la gare.

Comparé aux autres, Yu Qing eut de la facilité à se frayer un chemin hors de la foule. Bien que les mendiants auraient voulu l’entourer, il leur suffisait de regarder soigneusement le tempérament général de cet homme pour ne pas oser s’approcher de lui.


Après que Yu Qing ait quitté la gare, il commença par trouver la plus grande agence d’intermédiaires de la ville. Cette agence s’occupait de louer les maisons. Yu Qing dépensa un peu d’argent pour obtenir quelques informations d’un des employés de l’agence.

Il y avait quelques mois, un homme qui avait tout l’air d’un noble était venu ici pour louer une maison. Il vivait dans la partie est de la ville. L’employé ne donna pas l’adresse exacte à Yu Qing et lui dit simplement de trouver par lui-même.

Bien que Yu Qing portait encore les marques de son voyage, il n’avait pas l’intention de se laver dans l’immédiat. Il voulait voir Shen Jue au plus vite, alors il se rua vers le quartier est de la ville sans prendre le temps de souffler.


Cette fois, il acheta quelques bonbons de sang pour les donner à des enfants qui jouaient dans la rue. Il leur demanda de découvrir qui avait emménagé récemment dans le quartier et précisa qu’il devait s’agir d’un homme.

Les enfants jouaient dans la rue à longueur de journée, alors ils étaient parfois mieux renseignés que les adultes. En moins d’une heure, les enfants revinrent l’un après l’autre, et Yu Qing apprit enfin où vivait Shen Jue.

Il y avait un adulte extrêmement gentil envers les enfants qui vivait dans l’avant-dernière maison du vieux quartier à l’est de la ville.


* * *


Quand Yu Qing arriva à l’entrée de la maison, la porte était fermée à clef, avec une grosse serrure dessus. Apparemment, l’occupant n’était pas chez lui. Yu Qing dut alors attendre tranquillement à la porte. Quand le ciel commença à virer au bleu, il entendit quelqu’un qui revenait à l’aube.

Dans la rue vide, les bruits de pas s’entendaient d’autant mieux.

Yu Qing se redressa, leva la tête et vit aussitôt la personne non loin. L’homme avait la tête baissée et fouillait dans ses poches tout en s’approchant d’ici. Après un moment, l’homme sortit une clef de sa poche. Ce fut alors qu’il leva la tête et aperçut Yu Qing à la porte.

La pomme d’Adam de Yu Qing remonta et descendit, ses yeux fixant attentivement l’autre homme d’un air bête.

Il était maigre, son teint était extrêmement livide et il flottait apparemment dans ses vêtements.


Yu Qing inspira en silence puis s’avança et prit l’autre homme dans ses bras. Il n’osa pas serrer trop fort, de crainte que l’autre homme ne se brise sous l’effet de sa force.

L’autre homme parut surpris. Il reprit ses esprits quand Yu Qing le serra contre lui.

« Qu’est-ce que tu fais ici ?

– C’est plutôt à moi de te poser la question, murmura Yu Qing. Qu’est-ce que tu fais ici ? »

Shen Jue ne répondit pas. Yu Qing réfléchit un moment puis décida de ne pas se montrer trop brusque pour le moment. Il prit la clef des mains de l’autre et s’avança pour ouvrir la porte.

Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !

La maison était petite, exiguë, et l’air sentait l’humidité, comme s’il y avait eu une infiltration d’eau dans le sol depuis un bon moment. Yu Qing saisit la main de Shen Jue et entra en fronçant les sourcils. Quand il vit les marques douteuses sur les murs et s’avança sur l’escalier qui craquait, son visage prit un air grave.

« Et si tu me suivais à l’hôtel ? »

Shen Jue libéra sa main de la prise de Yu Qing.

« Je ne veux pas. C’est bien ici. Si tu veux, tu n’as qu’à y aller tout seul. »

En voyant sa réaction, Yu Qing reprit la main de Shen Jue, ne le laissant pas s’éloigner.

« D’accord, pas d’hôtel. Ta chambre est à l’étage ? »


La chambre de Shen Jue était probablement la seule pièce de cette maison qui convenait pour recevoir du monde, pourtant elle n’était pas aussi bonne que la chambre de Yu Qing en tant qu’esclave dans le manoir.

La canalisation dans le coin bourdonnait et faisait des bruits bizarres. Le plafond était très noir, allez savoir ce qui l’avait rendu ainsi.

En voyant cet environnement, Yu Qing ne pouvait pas croire que c’était ainsi que Shen Jue avait vécu durant cette période. Shen Jue, quant à lui, conserva un air calme. Il retira son manteau devant Yu Qing et fit :

« Je veux d’abord me baigner. Je peux ?

– Vas-y. »

Yu Qing vit Shen Jue entrer dans la salle de bains puis il s’avança vers le lit de l’autre homme. Il le toucha : le lit était dur, comme s’il n’y avait qu’une planche en dessous.


Shen Jue prit du temps pour se laver. Quand il sortit de là, il n’avait pas pu régler la température de l’eau alors son visage pâle arborait une légère rougeur.

Il s’approcha du lit, s’assit dessus puis se ressuya tranquillement les cheveux avec une serviette. Il sortit de l’argent de la poche de son manteau.

En voyant les quelques pièces et billets, Yu Qing plissa le front.

« Qu’est-ce que c’est ? »

Shen Jue le regarda, un peu surpris de son manque d’expérience.

« C’est l’argent pour les dépenses de ce mois-ci. Je calcule combien je vais pouvoir dépenser par jour jusqu’à mon prochain salaire. »


Cela ne faisait qu’un an, mais Yu Qing se rendit subitement compte que Shen Jue semblait être devenu une toute autre personne. Avant, il ne se serait jamais soucié de ce peu d’argent mais désormais, il devait compter soigneusement le moindre sou.

Yu Qing se sentit soudain suffoquer un peu. Il ne put s’empêcher de se lever et de faire les cents pas. Il demanda ensuite à voix basse :

« Où sont les autres ? Le majordome ? Ye Ye et les autres serviteurs ?

– Je les ai renvoyés, répondit calmement Shen Jue. Après tout, je n’avais plus les moyens de les payer.

– Alors pourquoi... » … tu as donné toutes tes propriétés à Qiao Jiangyuan ?

Yu Qing voulait poser cette question mais, pour une raison inconnue, il n’osa pas. Il lança un regard un peu irrité à Shen Jue puis ne put finalement que dire :

« Je vais prendre une douche d’abord. »


* * *


L’eau dans la maison de Shen Jue était soit gelée comme la glace, ou bien si brûlante qu’on perdait presque une couche de peau. Au final, Yu Qing opta pour l’eau glaciale. Heureusement qu’il était actuellement en bonne santé, sinon il serait forcément tombé malade.

Après cette douche, il fut encore plus mécontent de cet endroit. Il n’avait qu’une envie : emmener Shen Jue loin d’ici immédiatement. Il ne pouvait pas imaginer comment l’autre avait pu rester ici pendant des mois.

Quand il sortit de la pièce, il ne vit pas Shen Jue dans la chambre.

Quand Yu Qing était venu, il avait apporté une petite valise avec lui. Il en prit des vêtements pour les enfiler. À ce moment, Shen Jue ouvrit la porte et entra.

« Tu veux manger quelque chose avant d’aller te coucher ? »

Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !

Yu Qing regarda par-dessus son épaule et vit que Shen Jue tenait en fait une assiette dans les mains. Il ne put cacher sa stupéfaction.

« Tu... »

Il inspira, s’approcha rapidement de lui et lui prit l’assiette. Il fit :

« Ne t’embête pas avec ces choses-là, laisse-moi m’en occuper. »

Il baissa les yeux et vit une petite coupure sur la main de Shen Jue, qui n’était pas là juste avant.

Le cœur de Yu Qing se remplit d’émotions vraiment compliquées en cet instant. Il posa l’assiette sur une table, prit la main de Shen Jue et l’examina soigneusement avant de regarder l’autre homme.

« Mon seigneur, revenez avec moi. »

Shen Jue baissa les yeux et secoua doucement la tête.

« Pourquoi ? fit Yu Qing en plissant le front. Ce n’est pas un bon endroit ici.

– Mais il se trouve que j’aime rester ici. Si ça ne te plaît pas, tu peux t’en aller tout seul. »

Shen Jue retira sa main.


* * *


Vu que Shen Jue refusait de partir, Yu Qing ne pouvait évidemment pas le laisser seul. Il dut donc s’installer ici temporairement. Les autres chambres n’étaient pas nettoyées et ne pouvaient donc pas être habitables, alors Yu Qing se fit un lit de fortune par terre, à côté du lit de Shen Jue, pour ce jour-ci.

La raison pour laquelle il ne dormit pas dans le lit, c’était parce que le lit était trop petit. S’il dormait dedans, Shen Jue n’aurait plus de place pour dormir.

Yu Qing s’allongea donc par terre en contemplant le lit, les yeux ouverts. Shen Jue était allongé en lui tournant le dos et semblait dormir déjà. Yu Qing soupira en silence. Il ne pouvait vraiment pas comprendre à quoi pouvait bien penser Shen Jue.

Il espérait simplement que ce n’était qu’une lubie de sa part et qu’il voulait juste expérimenter la vie d’un roturier.


Mais durant les dix jours qui suivirent, Yu Qing accompagna Shen Jue tous les jours. Il eut beau insister, Shen Jue était déterminé à rester ici. Si Yu Qing menaçait de partir, Shen Jue était prêt à le laisser s'en aller tout seul.

Le moment où Yu Qing devrait retourner à l’armée s’approchait. En fait, il avait eu une autre raison pour prendre congé et retrouver Shen Jue. Il allait être promu général adjoint de l’Armée du Dragon Blanc. Il avait battu et abandonné l’arrogant Wang Shengfeng sur le champ de bataille, mais la famille Wang n’osait plus s’en prendre à lui.

Comme les supérieurs de l’armée appréciaient énormément Yu Qing, ils lui avaient exceptionnellement accordé ce congé de trois mois.

Yu Qing avait donc eu l’intention d’emmener Shen Jue assister à la cérémonie de sa promotion. Cependant, Shen Jue ne voulait pas partir et avait même exprimé son intention de rester vivre ici un bon bout de temps.


Yu Qing s’était rendu sur le lieu de travail de Shen Jue : une très petite banque, et son salaire était encore plus petit. Tous les jours, à la fermeture de la banque, Shen Jue devait rester là et faire des heures supplémentaires afin de trier et compter l’argent.

Voilà pourquoi il rentrait souvent à l’aube.

La sécurité était également très faible dans ce quartier. Cela faisait à peine quelques jours que Yu Qing était là que les fenêtres de la maison louée par Shen Jue avaient déjà été cassées deux fois. Quelqu’un tenta même d’entrer par effraction la nuit afin de voler des choses mais heureusement, Yu Qing surprit l’individu.

Il battit sévèrement le voleur.

Dans cet endroit, le juge était là presque juste pour faire beau.


Cela ne faisait même pas dix jours qu’il était là et il avait constaté bien trop de choses qui ne lui plaisaient pas dans cet endroit. Il était hors de question qu’il laisse Shen Jue vivre ici seul.

« Mon seigneur, venez avec moi, fit Yu Qing d’un ton implorant en portant la main de Shen Jue à ses lèvres. Ce n’est pas un bon endroit. »

Le visage de Shen Jue arborait un air indifférent.

« Je te l’ai dit : je ne m’en irai pas. Si tu veux partir, fais-le sans moi. »

Yu Qing se mordit les lèvres sans savoir que dire. Cependant, il lui faudrait effectivement bientôt partir. Il devait absolument s’en aller le lendemain, sinon l’armée considérerait qu’il refusait sa promotion. Et alors, tous les efforts acharnés de ces quatre dernières années auraient été en vain. Ce qu’il désirait se trouvait juste à portée de main. Il lui suffisait de continuer à travailler dur et d’obtenir encore quelques mérites militaires, et il aurait une chance d’être anobli.


Mais…

Et Shen Jue dans tout ça ?

S’il s’en allait, que deviendrait Shen Jue ?

Depuis que Yu Qing vivait ici, il s’était rendu compte que Shen Jue ne pouvait pas du tout prendre soin de lui-même : il restait souvent dans un état de mutisme et se blessait tout seul par maladresse. Comment un noble gâté depuis l’enfance aurait-il pu réussir à apprendre à s’occuper de lui en à peine quelques mois ?

Yu Qing réalisa alors qu’un choix invisible s’offrait à lui. Soit il restait ici avec Shen Jue pour prendre soin de lui, ou bien il rentrait à l’armée pour récolter l’honneur et la richesse à portée de main.

Depuis tout petit, il avait rêvé de devenir noble. À présent que ce rêve était sur le point de se concrétiser, il était incapable de se décider.

Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !

S’il retournait à l’armée et que Shen Jue devait vivre seul ici, Yu Qing pouvait à peine imaginer ce que serait la vie de Shen Jue. En plus, la longue distance n’aiderait pas au développement de leurs sentiments. À la base, il avait compté sur le fait que s’il accomplissait un grand exploit et serait anobli, il pourrait alors retourner à la capitale impériale, mais à présent…

Que choisir ?

D’un côté, il y avait la gloire et la fortune, de l’autre l’homme qu’il aimait.


* * *


Le jour de son départ, Yu Qing fut incapable de trouver le sommeil. Au contraire, Shen Jue se leva de bonne heure. Il prépara une tasse de thé de sang pour Yu Qing et lui apprit que c’était la première fois qu’il en faisait. Il demanda à Yu Qing de goûter et de voir si c’était bon.

Yu Qing vida complètement la tasse. Le fond de la tasse était si propre qu’il pouvait pratiquement voir son reflet dedans.

« C’était bon ? » demanda Shen Jue en souriant.

Yu Qing reposa la tasse et contempla l’autre homme. Shen Jue avait changé et était devenu plus joyeux. Bien que la vie ici était rude, il était toujours souriant et prenait l’initiative de saluer ses voisins, ce qui aurait été complètement impensable autrefois.

Le hautain duc Shen Jue regardait toujours les gens avec ses narines C’est parce qu’il a toujours la tête bien levée par fierté. (1).


Yu Qing se rendit soudain compte que pendant qu’il avait sué sang et eau pour améliorer sa condition afin d’être digne de l’autre homme, ce dernier était descendu de sa splendide tour d’ivoire pour arriver à son niveau.

Un sourire naquit au coin de ses lèvres.

« C’est délicieux. Je veux en boire tous les jours dorénavant, d’accord ? »

Les mots coulèrent naturellement de ses lèvres et il saisit la main de l’autre homme sur la table.

Tout était clair dans son esprit. Il désirait être avec Shen Jue encore plus que la gloire et la fortune. Tant qu’ils étaient ensemble, que ce soit dans la pauvreté ou dans la richesse, cela lui convenait.


Quand la lune brillante qu’il aimait se trouvait haut dans le ciel, il avait grimpé des montagnes et franchi des rivières, était monté sur une échelle et avait tenté de se rapprocher d’elle. À présent que la lune brillante qu’il aimait était tombée à l’eau, il jetait son échelle, retournait à sa place et enlaçait la flaque d’eau.

Rester ensemble rien que tous les deux, cela lui suffisait.


Yu Qing écrivit donc une lettre et l’envoya à l’armée. Le jour où il posta la lettre, il était très calme. Ce fut plutôt Shen Jue qui lui demanda plusieurs fois :

« Tu ne veux vraiment pas y retourner ?

– Non, répondit Yu Qing en hochant la tête. Je veux rester avec toi. »

Shen Jue observa Yu Qing glisser l’enveloppe dans la boîte aux lettres rouge et une lueur apparut furtivement dans son regard. Malheureusement, Yu Qing ne remarqua rien.

Après avoir posté la lettre, il rentra joyeusement à la maison avec Shen Jue et discuta avec lui en chemin de ce qu’ils allaient manger aujourd’hui.


* * *


Les jours à la ville frontalière furent ordinaires mais heureux. Yu Qing avait remplacé le lit de la chambre avec un grand lit. Toutes les nuits quand il se réveillait, il pouvait voir le visage endormi et paisible de l’autre homme, ce qui gonflait son cœur de tendresse. Cela renforça encore plus sa décision d’avoir envoyé cette lettre à l’armée.

Il se trouva un travail de livreur ici. Les journées étaient très fatigantes mais le salaire était plutôt bon. Avec cet argent, il remplaça au fur et à mesure les meubles de la maison, repeignit les murs et répara les fuites d’eau.

Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !

Yu Qing cultiva également des bacs de fleurs sur le bord de la fenêtre de la maison. Tous les jours, il les arrosait volontiers et il leur avait même donné des noms.

« Xiao Jue, bonjour. Tiens, voilà de l’eau.

« Xiao Shen, tu as l’air encore plus joli, vraiment magnifique. »

Quand Shen Jue entendait ça, il ramassait en silence ses savates sous le lit pour les lancer à Yu Qing. Ce dernier, bien qu’ayant le dos tourné à Shen Jue, arrivait à les éviter par réflexe, une immense lueur d’amusement dans ses yeux splendides.


* * *


Yu Qing pensait qu’il ne se lasserait jamais de vivre ainsi pendant des centaines d’années, mais on finissait toujours inévitablement par se réveiller d’un beau rêve.

Il découvrit par hasard une boîte en fer au-dessus de l’armoire.

Sur un coup de tête, il avait voulu faire la poussière au-dessus de l’armoire et était tombé sur une boîte en fer dans un coin.

Elle était d’une splendide facture, on voyait tout de suite que ce n’était pas un produit ordinaire, et elle avait une serrure.


En fait, Yu Qing n’aurait pas dû l’ouvrir mais cette boîte était comme la Boite de Pandore. Il se doutait clairement que quelque chose de terrible allait se produire s’il l’ouvrait, malgré ça, il ne pouvait pas s’en empêcher.

Il crocheta la serrure. Il n’y avait que deux objets à l’intérieur de la boîte : une broche en diamants et un journal intime.

Quand Yu Qing vit la broche en diamants, son visage perdit soudain toute couleur.


Note de Karura : Aïe aïe aïe. Après cette joyeuse vie domestique, Yu Qing va tomber de très, très haut.

La conclusion dans le prochain chapitre. Vous vous doutez qu’il va falloir de nouveau préparer le stock de mouchoirs.


Notes du chapitre :
(1) C’est parce qu’il a toujours la tête bien levée par fierté.






Commentaires :


:

:

Pour insérer des émojis dans le message, appuyez sur la touche Windows et ; de votre clavier (pour Windows 10).

Derniers chapitres parus :
La Renaissance du Suprême Immortel 447 et 448
Lanterne 52
La Renaissance du Suprême Immortel 445 et 446

Planning des mises à jour :
Dimanche tous les quinze jours : Lanterne : le reflet d’une fleur de pêcher
La Renaissance du Suprême Immortel
Le Prince Solitaire