Cent façons de tuer un prince charmant 99

Chapitre 99


Quand Yu Qing retourna à l’armée, il fut emprisonné pendant une semaine. Cependant, il s’en moquait bien car il avait réussi à annuler le mariage de Shen Jue et à obtenir une promesse de lui.

Cette fois, Shen Jue avait promis de l’attendre, de sa propre bouche cette fois.

Après l’emprisonnement de sept jours, Yu Qing s’empressa d’écrire à Shen Jue. Il n’avait pas lu beaucoup de livres et ne pouvait donc pas écrire des mots doux. Il ne put que relater de manière détaillée des choses triviales, comme son entraînement. Il put ainsi remplir plusieurs pages. À la fin de sa lettre, il écrivit la phrase suivante :

Vous me manquez, maître.


* * *


Quand cette lettre arriva sur le bureau de Shen Jue, on était déjà quinze jours plus tard. Il prit le coupe-papier pour ouvrir l’enveloppe et parcourut rapidement le contenu de la lettre. Quand il se rendit compte qu’il ne s’agissait que de choses triviales, son expression se fit un peu médusée.

Au même moment, Ye Ye apporta avec sollicitude le journal, ainsi que du thé et des gâteaux.

La une du journal parlait de Shen Jue.

Désormais, toute la noblesse savait que Shen Jue et Qiao Jiangyuan étaient devenus ennemis et qu’ils s’étaient même lancés dans une guerre ouverte.


La majeure partie des investissements de Shen Jue était dans l’industrie et l’agriculture, surtout l’industrie, tandis que la famille Qiao était plus dans le commerce en tout genre. Mais voilà que la famille Qiao avait annoncé de manière ostentatoire qu’ils allaient se lancer dans l’industrie militaire et l’agriculture.

Les journaux et magazines étaient plus qu’intéressés par cette guerre entre deux anciens amoureux. Presque comme un roman-feuilleton, les dernières nouvelles entre ces deux hommes étaient publiées tous les jours. Le contenu des articles était encore plus détaillé que si les auteurs étaient cachés sous les lits de Shen Jue et Qiao Jiangyuan.

En fait, Shen Jue n’avait aucunement l’intention d’entrer en guerre contre Qiao Jiangyuan, parce que cela ne servirait à rien. Cependant, il fut un peu surpris en lisant un article publié deux semaines plus tard —


La famille Qiao annonçait qu’ils allaient construire une machine à mouvement perpétuel.

Il paraissait que si on arrivait à fabriquer une telle machine, elle opérerait jour et nuit sans consommer la moindre énergie. Elle pourrait ainsi complètement remplacer le travail manuel et déclencher le début d’une nouvelle ère industrielle sans travailleurs humains.

Ce qui surprenait Shen Jue, c’était justement que ce projet de machine à mouvement perpétuel était apparu sur son bureau il y avait quelques temps. Comme Shen Jue investissait dans l’industrie, beaucoup de personnes lui proposaient des projets en espérant qu’il investirait dedans, et ce projet de machine à mouvement perpétuel en avait fait partie.

Mais Shen Jue n’avait pas été intéressé car il savait qu’il n’y avait pas de machine à mouvement perpétuel dans ce monde.

Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !

Ce projet semblait extrêmement alléchant et presque tout le monde se laisserait tenter au premier regard. Cependant, Shen Jue bénéficiait des souvenirs de plusieurs vies, après tout.

Dans les vies précédentes, un noble de la capitale impériale s’était intéressé à ce projet et avait investi. Résultat : il avait perdu son argent et avait fait faillite. Quant à celui qui avait proposé ce projet, il avait déjà touché son argent et s’était enfui.

Alors quand Shen Jue avait vu ce projet, il l’avait aussitôt écarté. Mais quand Ye Ye lui avait demandé s’il devait se débarrasser de ce document, Shen Jue avait curieusement dit de le laisser sur son bureau.

Finalement, Qiao Jiangyuan l’avait vu et s’y était intéressé.

Durant les mois précédant leurs fiançailles, Qiao Jiangyuan avait souvent fait des allées et venues dans le bureau de Shen Jue.


* * *


Dès que fut annoncée la nouvelle que la famille Qiao voulait fabriquer une machine à mouvement perpétuel, cela fit sensation dans toute la ville. Tout le monde fut très intrigué par ce projet.

Même le majordome s’en inquiéta un peu dès qu’il apprit la nouvelle et il courut demander à Shen Jue si cela allait ou non affecter leur production industrielle.

Shen Jue se contenta de sourire et de dire au majordome de ne pas s’en inquiéter.

Au même moment, la famille Qiao organisa délibérément une conférence de presse pour parler de la création de ces machines à mouvement perpétuel. Shen Jue reçut également une invitation.

Cela le surprit que la famille Qiao lui envoie encore des invitations. Par pure curiosité, il se rendit à la conférence.


Ce ne fut qu’une fois là qu’il se rendit compte que cette conférence de presse était en fait une réunion déguisée pour trouver des actionnaires. La famille Qiao semblait attacher énormément d’importance à ce projet et se préparait à investir lourdement dedans. Cependant, ils ne disposaient pas de suffisamment de capitaux en liquide, alors ils recherchaient des actionnaires pour lever des fonds.

Durant la conférence de presse, Qiao Jiangyuan fut le porte-parole et il s’exprima franchement et avec assurance. Il ne jeta même pas un regard en coin du côté de Shen Jue. Quand il eut fini son discours, presque tous les nobles présents étaient enthousiasmes et la plupart achetèrent des parts.


Qiao Jiangyuan vit cette scène animée et il arbora un sourire. Toutefois, quand il tourna les yeux et vit que Shen Jue était toujours assis à sa place, son sourire retomba aussitôt. Il s’avança lentement vers lui, avec une pointe d’arrogance.

« Si tu veux devenir actionnaire, je peux te faire une réduction. Après tout, c’est d’abord grâce à toi que j’ai découvert ce projet. »

Shen Jue le regarda un moment avant de répondre doucement :

« Ce ne sera pas la peine. »

Il se leva pour partir. Il n’avait pas fait deux pas que la voix un peu frustrée de Qiao Jiangyuan s’éleva derrière lui :

« Je te souhaite de pouvoir conserver ton arrogance pour toujours, Shen Jue. Je vais tout te prendre et te laisser sans rien. »

Son ton était vraiment rempli de haine.

Shen Jue partit sans s’arrêter.


* * *


Tous les mois, le manoir recevait une lettre de Yu Qing. Le contenu des lettres était toujours une tonne de futilités, avec toujours les mêmes mots à la fin —

Vous me manquez, maître.

Quand Shen Jue avait fini de lire ce baratin, il prenait son stylo pour répondre.

Il y avait un fort contraste entre ses lettres de réponse et les lettres de Yu Qing. Il n’y avait généralement qu’une page, voire même une page pas toujours remplie avec juste deux ou trois phrases dessus.

Ces quelques phrases servaient juste à répondre aux questions de Yu Qing.

Yu Qing aimait toujours lui demander ce qu’il avait mangé récemment, s’il s’était amusé et s’il avait rencontré des gens. Après y avoir répondu, Shen Jue regarda sa courte lettre. Il hésita puis ajouta une autre phrase à la fin :

Je te souhaite le meilleur. Une formule classique en Chine pour terminer une lettre. (1)

Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !

Avec chaque lettre, Shen Jue réfléchissait au meilleur moment de tuer Yu Qing. Il semblait à présent que le jeune homme était tombé amoureux de lui, mais ce n’était pas encore sûr. Il devait faire un ultime test.


* * *


Le projet de machine à mouvement perpétuel de la famille Qiao fit sensation pendant un an et finit par complètement échouer. En tant qu’actionnaire principal, la famille Qiao fit faillite et les nobles qui avaient investi vinrent récupérer leur argent l’un après l’autre.

Qiao Jiangyuan s’était réfugié dans son ancienne demeure et osait à peine mettre le pied dehors. Le manoir où il vivait jusque là était déjà pris d’assaut par les gens. Il en était désormais réduit à se cacher avec son père dans le manoir où il avait passé son enfance. Durant cette période, son père était tombé malade à cause de leur faillite.

Qiao Jiangyuan n’aurait jamais cru qu’il allait être ruiné. Le projet avait l’air si prometteur, pourtant il avait échoué. Il était absolument impossible de fabriquer une machine à mouvement perpétuel. L’argent qu’il avait investi dedans était perdu et l’auteur du projet s’était enfui. Il n’était pas parvenu à le retrouver.


Comparé à son père malade, Qiao Jiangyuan n’était en guère meilleur état. Il restait dans sa chambre et buvait tous les jours, vivant dans un abrutissement permanent. Après la faillite de la famille Qiao, les serviteurs étaient tous partis, craignant de ne plus être payés. Désormais, seul un vieux majordome était resté aux côtés de la famille.

Ce vieux majordome s’occupait du père Qiao tout en essayant de persuader le fils de moins boire. Il avait tant à faire qu’il avait perdu énormément de poids. Alors quand il vit Shen Jue à la porte, il faillit défaillir de joie

Le majordome de Shen Jue et celui-ci partageaient le même avis : il trouvait que ces deux jeunes hommes qui avaient grandi ensemble étaient faits pour se marier. Même s’il y avait eu ensuite une querelle entre eux, c’était normal pour des amis d’enfance de parfois se disputer.

Alors d’où était venue cette haine du jour au lendemain ?

Ainsi, le vieux majordome accueillit joyeusement Shen Jue et lui fit un rapport général de la situation actuelle de Qiao Jiangyuan.


Quand Qiao Jiangyuan fut averti de la présence de Shen Jue, sa première réaction fut de refuser de le voir. Mais après un moment, il se releva du sol et fit d’une voix froide :

« Dites-lui d’attendre un moment. »

Il alla se prendre une douche froide et se changea avant de descendre rencontrer Shen Jue. Cela faisait longtemps qu’il ne l’avait pas vu. Durant cette année, il avait quasiment consacré tout son temps à ce projet de machine à mouvement perpétuel. Il voulait voir le moment où il vaincrait Shen Jue après la production de la machine. Jamais il n’aurait cru que la seule chose qui l’attendait, c’était la faillite.


Tandis qu’il s’approchait, il eut bien du mal à ne pas dévorer Shen Jue du regard. Même s’il avait pris un bain et s’était habillé exprès, il se sentait pourtant rustre comparé à Shen Jue.

L’autre homme n’avait pas changé, indifférent et remarquable, et les gens ne pouvaient pas détacher leur regard de lui, tandis que Qiao Jiangyuan, lui, n’était qu’un perdant.

« Qu’est-ce que tu fais ici ? demanda Qiao Jiangyuan, le visage glacial. Tu es venu me voir pour te moquer ? »

En entendant ça, Shen Jue poussa vers lui les documents sur la table et fit calmement :

« Je suis venu te parler de collaboration.

– Collaboration ? Je suis ruiné, de quelle collaboration tu veux qu’on parle ? répliqua l’autre homme d’un ton sarcastique.

– Regarde d’abord avant de te décider. »

Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !

Qiao Jiangyuan garda le silence un moment avant de s’asseoir sur le canapé en face de Shen Jue et de prendre les documents en question.

Quand il eut fini d’en lire le contenu, son expression avait changé radicalement. Il leva la tête et contempla Shen Jue avec incrédulité :

« Tu vas vraiment me donner toutes les propriétés listées dedans ? »

Shen Jue hocha la tête.

« Pourquoi ? » demanda aussi Qiao Jiangyuan.

Quand il entendit cette question, un sourire extrêmement doux apparut au coin de ses lèvres.

« Parce qu’il y a quelqu’un avec qui je veux être, mais il ne s’estime pas digne de moi. Alors j’ai pensé que si ma fortune diminuait, il ne se sentirait plus si inférieur. »

Il marqua une pause avant d’ajouter :

« Bien entendu, je voudrais aussi savoir s’il m’aimera toujours si je ne suis plus le même qu’au départ. »


Pour Qiao Jiangyuan, Shen Jue se montrait indifférent la plupart du temps. Même s’il souriait, son sourire n’atteignait pas en général ses yeux. Mais là, il vit pour la première fois toute la glace fondre dans le regard de Shen Jue pour devenir un torrent d’eau de source.

Qiao Jiangyuan ne savait pas quoi dire en cet instant. Il se trouvait vraiment ridicule : il avait eu la prétention de se battre contre Shen Jue mais l’autre homme ne l’avait jamais pris au sérieux. Il avait même accouru pour lui donner ses propriétés.

Le plus ridicule était qu’il n’avait pas d’autre choix que d’accepter, sinon il serait condamné à vivre pour toujours comme une souris dans une cave. Il pouvait le faire, mais pas son père.


Qiao Jiangyuan signa donc le contrat, les yeux rouges. Il se sentait si honteux qu’il ne voulut même pas demander à Shen Jue de qui il voulait parler, parce que cela ne pouvait être que ce semi-vampire.

Comme c’était formidable, ah. Ils allaient enfin pouvoir être ensemble tous les deux et lui, le bouffon, avait pris l’argent et il était temps pour lui de se retirer.

Quand Shen Jue se leva pour partir, Qiao Jiangyuan se dressa devant lui d’un air morose et demanda d’un ton qui se voulait nonchalant :

« Est-ce que tu avais laissé exprès ce projet sur ton bureau ? »

Shen Jue ne dit rien un moment. Il lâcha ensuite un simple mot d’un ton tranquille :

« Oui. »

La poitrine de Qiao Jiangyuan se gonfla de fureur en cet instant et il s’écria :

« Pourquoi ? Shen Jue, qu’est-ce que j’ai bien pu te faire de mal pour que tu veuilles me traiter ainsi ?! »


Après cette explosion, l’autre homme garda le silence un bon moment.

En voyant ça, Qiao Jiangyuan reprit d’un ton enragé :

« Parle, Shen Jue ! »

Shen Jue réagit enfin. Il tourna la tête pour le fixer d’un air grave.

L’ami d’enfance avec qui il avait grandi, que ce soit dans cette vie ou les précédentes, ils étaient arrivés à la fin et toujours dans une situation aussi tendue que celle-ci, avec toujours un perdant.

Sauf que dans les vies précédentes, cela avait été lui le perdant qui fixait Qiao Jiangyuan d’un air aussi haineux.

« Qiao Jiangyuan, tout ça, c’est ce que tu mérites, tu ne trouves pas ? » fit doucement Shen Jue.

Tout comme ce que lui avait dit Qiao Jiangyuan dans les autres vies.


* * *


Depuis ce jour, Qiao Jiangyuan ne revit plus jamais Shen Jue dans la capitale impériale. Ce dernier avait même donné son propre manoir à Qiao Jiangyuan.

Qiao Jiangyuan se servit des propriétés données par Shen Jue pour rembourser ses dettes et reprit son métier d’origine. Son père retrouva la santé et recommença à sortir voir des amis.

Tout semblait être redevenu comme avant, seul Qiao Jiangyuan avait bien du mal à accepter tout ça.

Mais il n’avait pas assez d’assurance pour se venger de Shen Jue. Tout ce qu’il possédait maintenant provenait de la charité de Shen Jue et lui, il n’était plus qu’une créature pitoyable.

Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !

Qiao Jiangyuan scella le manoir où avait vécu Shen Jue et il n’autorisa personne à y entrer, sauf les serviteurs nécessaires pour faire le ménage. Il ne chercha même pas à savoir ce que devenait Shen Jue parce qu’il s’imaginait qu’il devait être en train de couler des jours heureux avec Yu Qing en ce moment.

Jusqu’au jour où Yu Qing se présenta à sa porte.


Note de Karura : Le côté rancunier de Shen Jue est de plus en plus manifeste !

Bon, vous vous doutez bien qu’il n’est pas parti couler des jours heureux avec Yu Qing. Quel est donc son plan machiavélique et cruel ? Ah ah ah ! Plus que trois chapitres avant la fin de ce monde.


Notes du chapitre :
(1) Une formule classique en Chine pour terminer une lettre.






Commentaires :


:

:

Pour insérer des émojis dans le message, appuyez sur la touche Windows et ; de votre clavier (pour Windows 10).

Derniers chapitres parus :
La Renaissance du Suprême Immortel 447 et 448
Lanterne 52
La Renaissance du Suprême Immortel 445 et 446

Planning des mises à jour :
Dimanche tous les quinze jours : Lanterne : le reflet d’une fleur de pêcher
La Renaissance du Suprême Immortel
Le Prince Solitaire