Chapitre 121
C’était la première fois que Shao Ge disait ‘notre enfant’.
Une lueur apparut dans le regard de Shen Jue.
« Tu as dit… notre enfant ? »
Shao Ge émit un En puis demanda en retour :
« Parce que ce n’est pas le cas ? Se peut-il que ce soit l’enfant d’un autre ? Qu’est-ce que tu me caches ? »
Tout en disant ça, il tendit la main pour pincer le lobe d’oreille de Shen Jue.
Les lobes d’oreille du jeune homme étaient comme son visage : rond et charnu. Shao Ge le tritura et sentit une petite bosse, la marque d’une oreille qui avait été percée mais dont le trou s’était refermé.
Effectivement, durant leurs débuts, leur agent leur avait fait percer les oreilles. Cependant, Shao Ge avait préféré avoir des boucles d’oreille dans l’hélix.
Il toucha le lobe et trouva ça très agréable. Il ne put s’empêcher de le pétrir plusieurs fois. Il baissa même un peu la tête et souffla dans l’oreille de l’autre :
« Dis-moi, ah, tu ne m’aurais pas caché quelque chose ? »
Son intonation était montante à la fin, avec une touche de plaisanterie mais également d’ambiguïté.
Cela stupéfia Shen Jue. À ses yeux, Shao Ge avait toujours été du genre égocentrique. En général, ces gens-là étaient très sérieux et ne prononçaient jamais de paroles équivoques, mais il l’avait pourtant fait aujourd’hui.
Shen Jue ne put s’empêcher de penser aux autres vies. Se pouvait-il que le Shao Ge qu’il avait vu alors n’était qu’une fausse image et que le vrai Shao Ge, comme n’importe quel homme, était du genre à boire du vinaigre, à blaguer, se montrer équivoque pour s’amuser, voire même… à prendre avantage ?
« Tss, vous êtes en train de baiser dans ma cuisine ? » fit soudain une voix derrière eux.
Surpris, Shen Jue se tourna et vit Ji Yao. Ce dernier était de nouveau sorti de sa chambre, il faisait encore une vilaine tête et ses yeux étaient braqués en ce moment sur Shao Ge et Shen Jue.
Shao Ge retira lentement sa main et fit d’un ton calme :
« Tu te fais des idées, nous ne faisions rien du tout.
– Je me fais des idées ? Vous allez tous les deux avoir un enfant, en quoi je me fais des idées ? C’est possible de tirer un coup dans la cuisine, mais je trouve ça trop sale. »
Quand Ji Yao dit cela, il faillit grincer un peu des dents. Il se tourna ensuite vers Shen Jue.
« Et si tu retournais dans ta chambre ?
– Vas-y, renchérit Shao Ge en lui tapotant l’épaule. Tu as besoin de repos. »
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
Shen Jue fit deux pas avant de s’arrêter de nouveau :
« Je n’ai pas encore débarrassé dans le salon…
– Je m’en charge, va te coucher, » l’interrompit Shao Ge.
En voyant ça, Shen Jue dut se résoudre à retourner dans sa chambre. Cela faisait un moment qu’il aurait déjà dû dormir et à cause de sa grossesse, il se sentait étrangement léthargique. En fait, il dormait déjà pratiquement debout, mais il avait dû rester concentré sur le fait de s’occuper de Shao Ge et Ji Yao.
À cause de sa fatigue, Shen Jue s’endormit rapidement.
Les deux jeunes hommes dans la cuisine s’étaient rendus sur le balcon. Ji Yao prit un paquet de cigarettes sur la petite table du balcon, s’en alluma une et se mit à fumer.
Shao Ge lui lança un regard désapprobateur. Il n’avait jamais aimé l’odeur de la cigarette. La dernière fois qu’il avait fumé, c’était parce qu’il était trop irrité mais il n’avait pas fumé en présence de quelqu’un et ce n’était arrivé qu’une fois.
Tout dans l’attitude de Ji Yao indiquait qu’il était un gros fumeur.
Ji Yao parut remarquer son regard. Il se tourna vers lui et lui souffla un rond de fumée au visage.
« Shao Ge, nous sommes après tout le premier amour de l’autre, alors inutile de faire comme si tu ne me connaissais pas du tout, hein ? »
Dès qu’il aborda ce sujet, le visage de Shao Ge s’assombrit aussitôt.
« Tu n’avais pas promis de ne plus jamais parler de ça ? En plus, ce n’était pas vraiment une relation amoureuse, nous avons juste discuté quelques fois sur internet.
– Ah oui ? »
Ji Yao se mit à rire, puis exhala un autre rond de fumée devant lui. Il regarda l’anneau de fumée blanche disparaître lentement dans les airs, avant de faire d’un ton gracieux :
« Mais tu m’as reconnu dès que tu m’as vu. Cela voudrait dire que tu as gardé mes photos d’il y a dix ans, non ? »
Après avoir dit ça, il se tourna de nouveau vers Shao Ge.
« Quoi qu’il en soit, nous avons eu une relation autrefois. Mais à présent, tu fais semblant de ne pas me connaître en présence de Shen Jue, et tu prétends même te faire contrôler par mon pouvoir. Tu n’es pas croyable, te servir de moi pour tester sa sincérité envers toi. À cause de toi, je suis à présent un horrible méchant. »
La base était vraiment très calme si tard dans la nuit. Surtout quand on se trouvait aussi haut qu’au quatorzième étage, on n’entendait quasiment aucun bruit. Ils ne pouvaient entendre clairement que la respiration de l’autre.
Shao Ge fronça encore plus les sourcils.
« Je ne me sers pas de toi pour tester Shen Jue. C’est toi qui m’as fait agir comme ça envers lui, je n’ai pas eu d’autre choix que de jouer ton jeu. »
Il s’avérait que Shao Ge et Ji Yao avaient un secret dont Shen Jue n’était pas au courant.
Shen Jue avait toujours cru que ces deux-là avaient eu le coup de foudre. Par la suite, il s’était dit que Ji Yao avait dû utiliser son pouvoir d’envoûtement pour contrôler Shao Ge. Mais en fait, ce n’était absolument pas ça.
Shao Ge et Ji Yao s’étaient rencontrés au lycée par le biais d’une appli de rencontres en ligne. À cette époque, Ji Yao s’habillait déjà comme une femme. Son avatar et toutes les photos sur sa page le représentaient vêtu comme une femme, ce qui avait naturellement captivé Shao Ge, qui était à l’âge de ses premiers émois amoureux.
Tandis que leurs conversations devenaient plus fréquentes et intimes, Shao Ge tomba peu à peu amoureux de la personne de l’autre côté de l’écran. Cependant, ils n’avaient jamais communiqué par téléphone, c’était une règle implicite entre eux.
Puis un beau jour, Shao Ge acheta un billet d’avion sur un coup de tête afin de retrouver Ji Yao. Il savait déjà dans quelle ville habitait l’autre. Alors après avoir acheté son billet, il le prit en photo et l’envoya à Ji Yao.
Ce dernier, qui d’ordinaire répondait toujours dans la seconde qui suivait, resta aux abonnés absents un long moment.
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
À peine deux heures avant l’embarquement, comme indiqué sur le billet, Ji Yao répondit enfin à Shao Ge :
Yaoyao (Ji Yao) : [Tu es à l’aéroport ?]
Sabre (Shao Ge) : [En, tu pourras venir me chercher ? Sinon, donne-mon ton adresse. Je prendrai un taxi quand je serai là.]
Yaoyao (Ji Yao) : [Tu n’as pas toujours dit que tu voulais qu’on parle par vidéo ? Tu as le temps maintenant ?]
En lisant ces mots, Shao Ge eut un pressentiment étrange dans son cœur, mais il accepta tout de même l’appel vidéo. Dès qu’il l’ouvrit, il vit un corps nu.
Le corps nu d’un adolescent mâle.
Alors que le visage était celui de sa petite amie.
L’autre personne sourit et fit :
« Shao Ge, tu as toujours envie de me voir maintenant ? »
Shao Ge raccrocha aussitôt l’appel vidéo, puis bloqua rapidement le numéro. Il quitta ensuite l’aéroport sans un regard en arrière.
Il avait presque totalement oublié cette histoire passée mais il n’aurait jamais pensé qu’ils se reverraient de nouveau et qu’il pourrait même reconnaître sa soi-disant ‘ex-petite amie’ au premier coup d’œil.
Ce jour-là, Shen Jue avait vu ces deux-là discuter au réfectoire. Naturellement, ce n’était pas d’un film dont ils avaient parlé.
« Shao Ge, ça faisait un bail, fit Ji Yao avec un sourire. Tu m’as reconnu. »
Il n’y avait bien que lui pour être sûr que l’autre était capable de le reconnaître après dix ans sans se voir.
Il était normal que Shao Ge reconnaisse aussi Ji Yao car c’était à cause de lui que Shao Ge n’avait pas pu tomber amoureux pendant toutes ces années : dès qu’il voyait une femme, il ne pouvait pas s’empêcher de la soupçonner d’être un homme travesti.
« Qu’est-ce que tu fais ici ? » fit Shao Ge en baissant la voix.
Il ne voulait pas que Shen Jue soit au courant de cette histoire.
Parce que c’était bien trop honteux.
« C’est moi qui ai fondé cette base, c’est donc normal que je sois ici. Au fait, je travaille également à mi-temps comme jeune maître et ton compagnon a même déjà fait appel à mes services. »
Ji Yao continua de sourire. Quand d’autres souriaient, ce sourire n’atteignaient parfois pas leurs yeux mais quand Ji Yao souriait, ses yeux étaient remplis de sourires.
Cette rencontre ne fut pas des plus agréables.
La fois suivante, Ji Yao demanda à voir Shao Ge seul, mais ce dernier refusa aussitôt. Ji Yao lui fit toutefois parvenir une lettre avec une photo à l’intérieur.
Sur cette photo, Shen Jue ne portait pas de pantalon.
C’était en très haute définition.
Shao Ge n’eut donc pas d’autre choix que d’accepter ce rendez-vous.
« Qu’est-ce que tu veux ? »
Shao Ge n’avait que très peu de patience avec son ‘ex’.
« Je ne veux rien du tout. Shao Ge, tu as enfin trouvé ton véritable amour, je dois t’en féliciter. Mais tu penses qu’il t’aime vraiment ? »
Ji Yao présenta à ce moment plusieurs autres photos sur lesquelles Shen Jue n’était pas seul : il y avait Ji Yao et lui, et un autre homme et lui.
Le visage de Shao Ge s’assombrit peu à peu.
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En voyant ça, Ji Yao eut un sourire satisfait.
« Shao Ge, faisons un pari pour voir si ton véritable amour est vraiment sincère. S’il ne finit pas dans mon lit avant trois mois, alors tu auras gagné. Je détruirai ces photos et je ne parlerai plus jamais de notre ancienne relation. Mais s’il finit dans mon lit, alors tu seras à moi, ou bien il sera à moi.
– Hors de question, je refuse, » répliqua Shao Ge sans la moindre hésitation.
Pas du tout fâché, Ji Yao lui proposa simplement une autre option :
« Alors faisons plutôt ça : il est capable de tomber enceint, tu ne peux pas me le cacher. Un jour ou l’autre, il portera un enfant. Si tu pars d’ici avec un homme enceint, ce ne sera pas pratique du tout. En plus, même si toi tu peux supporter les contraintes de la route, il en sera capable, lui ? Et le bébé dans son ventre ? Alors si tu acceptes ce pari avec moi, je t’aiderai à protéger le bébé dans le ventre de Shen Jue et à faire en sorte qu’il naisse sans problème. Si tu perds, il n’y aura aucun gage. Qu’en dis-tu ? »
Voyant que Shao Ge n’acceptait toujours pas, il ajouta :
« Il n’a pas de pouvoir surnaturel, alors il peut facilement mourir. »
Ces mots étaient remplis de menace.
Shao Ge n’eut alors pas d’autre choix que d’accepter.
Toutefois, il perdit ce pari quand il vit Shen Jue agenouillé devant Ji Yao. Après plusieurs jours de dépression, il alla trouver Ji Yao.
Ce fut alors que Shao Ge emménagea avec eux.
L’une des conditions pour que Ji Yao accepte qu’il vienne emménager, c’était que Shao Ge l’aide à jouer la comédie.
Note de Karura : Voilà qui explique un peu mieux le coup de foudre des vies précédentes. Mais que peut bien vouloir Ji Yao ? Ce serait juste pour s’amuser ?
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