Cent façons de tuer un prince charmant 139

Chapitre 139


Shen Jue parut ne se rendre compte de rien, mais Wen Yurong arborait au contraire un air un peu gêné. Cependant, en se disant qu’ils étaient tous les deux des hommes, il refoula de force sa gêne au plus profond de son cœur.

Shen Jue s’était mis assis parce qu’il voulait se servir de l’eau. Il se pencha pour atteindre la petite table à côté et parvint de justesse à soulever la théière. Toutefois, ses mains ne cessaient de trembler. Depuis qu’il avait quitté les bras de Wen Yurong, le froid glacial avait vite envahi de nouveau son corps.

Irrité, il n’eut pas d’autre choix que de lâcher la théière et de retourner de nouveau dans les bras du jeune homme, son corps tremblant comme une feuille.


Wen Yurong avait déjà deviné ce que voulait faire Shen Jue. Il garda le silence un moment, puis fit doucement :

« Si votre Majesté le souhaite, ce sujet va vous chercher de l’eau. »

Mais quand il eut fini de parler, il se rendit compte que Shen Jue ne faisait pas mine de le lâcher. Wen Yurong tourna légèrement les yeux vers lui et se rendit compte que l’empereur dans ses bras avait déjà fermé les yeux. Ses longs cils frémissaient, comme s’il avait vraiment trop froid.

Du coup, Wen Yurong dut tenir l’empereur d’une main et s’asseoir pour verser de l’eau. Ce fut très compliqué de prendre de l’eau ainsi. Ce ne fut qu’à ce moment que le jeune homme se rendit compte que ce n’était pas une tâche facile que de servir quelqu’un.


Il souleva la tasse d’eau chaude et regarda Shen Jue qui avait toujours les yeux fermés. Il fit d’un ton chaleureux :

« Votre Majesté, voici votre eau. »

Shen Jue ouvrit faiblement les yeux. Il fixa la tasse dans la main de Wen Yurong et tendit la main pour la prendre. Mais alors qu’il la tenait, ses mains se mirent à trembler violemment, comme s’il n’avait même pas la force de tenir une simple tasse d’eau.

En voyant qu’une partie de l’eau fut répandue sur le tapis et la couverture, Wen Yurong ne put que lui reprendre la tasse des mains.

« Ce sujet va servir sa Majesté, qu’en dites-vous ? »

Il porta la tasse aux lèvres de Shen Jue.

En cet instant, leurs postures étaient ainsi : Wen Yurong était à moitié assis et à moitié allongé, adossé contre la paroi du carrosse. Shen Jue était recroquevillé dans les bras de Wen Yurong, enveloppé dans une épaisse couverture.


Shen Jue aurait préféré boire par lui-même, mais il ne pouvait pas le faire avec son corps inutile. Il n’eut donc pas d’autre choix que de boire des mains de Wen Yurong.

Ses lèvres se posèrent sur le bord de la tasse, aspirant l’eau chaude petit à petit.

Bien que Shen Jue était gelé, il avait la gorge sèche à cause de l’épaisse couverture autour de lui, ainsi que des bouillottes. Après avoir fini une tasse, il n’en avait pas eu assez. Il se lécha les lèvres et leva les yeux pour fixer Wen Yurong.

« En… core. »

Cela lui demandait beaucoup d’effort pour parler, alors Shen Jue fut très concis.

Mais justement, comme c’était trop concis, cela sonnait bizarre.


Et en plus, Shen Jue n’avait guère l’air d’un empereur en ce moment. Ses longs cheveux étaient défaits et retombaient sur ses épaules. Sous le rideau de cheveux, son visage pâle et exsangue ne semblait pas plus grand qu’une paume de main. Les yeux de phénix hérités de Tong Meng’Er semblaient également un peu moins acérés et ils regardaient faiblement l’homme en face de lui. Après avoir bu de l’eau presque bouillante, les lèvres qui étaient d’ordinaire toujours blanches étaient devenues un peu rosées en cet instant.

S’il n’avait pas porté la tunique jaune vif avec un dragon brodé dessus — une couleur et un motif qu’une seule et unique noble personne pouvait porter dans le monde entier — les gens l’auraient certainement pris pour un prostitué qui se serait enfui de son bordel.

Mais en y regardant de plus près, il était impossible de confondre Shen Jue avec un prostitué. Après tout, son port noble et altier n’était pas quelque chose que les gens du commun pouvaient posséder, et encore moins dans ce genre de métier.

Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !

Wen Yurong détourna le regard et se contenta de servir une seconde tasse à Shen Jue.

Ce dernier but ainsi trois tasses d’eau chaude avant de ne plus ressentir la soif. Il se nicha de nouveau dans les bras de Wen Yurong. Cependant, bien qu’il soit très confortablement installé, Wen Yurong était loin de partager ce sentiment. Ce jeune homme était en bonne santé, après tout. Comment aurait-il pu supporter la chaleur intense dans le carrosse ?

Le temps passa et le dos de Wen Yurong était brûlant de sueur. La seule chose qui le rafraîchissait un peu était l’empereur gelé qu’il serrait contre lui.


Il endura aussi longtemps qu’il le put. Quand son front commença à suer à son tour, il ne put se retenir plus longtemps.

« Votre Majesté, ce sujet a un peu chaud. Puis-je me lever pour retirer mon manteau ? »

Shen Jue accepta et Wen Yurong se leva pour retirer son manteau. Cependant, il avait encore chaud même sans le manteau, alors il retira également sa tunique supérieure avant de se rallonger.

L’empereur dans ses bras commença à se réchauffer et s’endormit peu à peu, tandis que Wen Yurong, l’édredon humain, contempla bêtement le plafond du carrosse.

Il connaissait par cœur les Quatre Livres et les Cinq Classiques, et il avait même fini premier au concours officiel. Il n’aurait jamais cru qu’il servirait de chauffe-lit au bout du compte. Wen Yurong put goûter toute l’ironie et l’absurdité de sa situation.


* * *


Depuis ce jour, Wen Yurong dut se rendre dans le carrosse impérial tous les jours. Par la suite, il passa même les nuits dans le carrosse impérial.

Les serviteurs de Shen Jue savaient tous ce que faisait Wen Yurong et ils avaient l’habitude, alors même s’ils venaient changer le thé et la soupe, ils faisaient mine d’ignorer le fait que Shen Jue soit blotti dans les bras du nouveau lauréat, tel un serpent invertébré.

Pour autant, Wen Yurong était quand même un peu gêné. Il était simplement venu pour être un compagnon de lecture mais au final, il était devenu un chauffe-lit et il devait chauffer le lit même la journée.

Deux hommes adultes qui restaient toute la journée dans les bras l’un de l’autre, quelle histoire était-ce là ? Wen Yurong songea que si ses camarades avec qui il avait étudié à l’université le voyaient ainsi, ils n’auraient pas fini de se moquer de lui.


À force de tenir l’autre dans ses bras tous les jours, Wen Yurong découvrit que la peau de Shen Jue était vraiment très tendre. À quel point elle était tendre ? S’il exerçait un peu de pression avec sa main, la peau de Shen Jue devenait vite rouge. Et s’il augmentait la pression, elle deviendrait probablement bleue.

Bref, le grand Bouddha dans ses bras était à la fois noble mais fragile, maladif mais avec un mauvais caractère. Wen Yurong se dit alors que c’était une chance que Shen Jue soit né dans la famille impériale. Quelle autre famille aurait pu entretenir une telle personne ?


* * *


Ce ne fut qu’une fois arrivé à Nangong que Wen Yurong fut enfin libéré de sa tâche. Il faisait bien plus chaud à Nangong qu’à la capitale, et le temps ici était similaire au début de l’automne dans la capitale. En plus, il y avait aussi des sources chaudes à Nangong, donc Shen Jue n’avait plus besoin de Wen Yurong.

Sans ce besoin, Wen Yurong se rendit compte qu’il ne pouvait plus du tout voir Shen Jue. Ce ne fut qu’une fois l’hiver bien installé à Nangong qu’il put de nouveau le revoir.

Mais à chaque fois qu’il le voyait, Shen Jue était allongé sur le côté ou bien assis, emmitouflé dans d’épaisses fourrures. Son visage était toujours pâle et exsangue, et ses lèvres étaient si pâles qu’elles semblaient incolores.

Aujourd’hui ne faisait guère exception.

Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !

Shen Jue avait passé plusieurs semaines à Nangong. Bien qu’il aille se baigner dans les sources chaudes tous les jours, sa santé était toujours aussi mauvaise et il n’arrivait pas à récupérer. Même en prenant ses médicaments tous les jours, rien n’y faisait. Pour être plus précis, ces médicaments lui permettaient uniquement de se raccrocher à la vie.

Au contraire des autres mondes, il ne pouvait pas perdre de temps ici. Comme sa santé était si mauvaise, il ne pouvait pas passer trop de temps avec Wen Yurong.

« Officiel Wen, viens plus près, » fit doucement Shen Jue en regardant le jeune homme qui se tenait plus loin.

Wen Yurong s’avança et s’approcha de lui sans s’arrêter.


Shen Jue toussa deux fois avant de pouvoir continuer :

« Être mon compagnon de lecture n’est pas un poste qui met ton talent en valeur. Y a-t’il quoi que ce soit que tu voudrais faire ? »

Wen Yurong resta sidéré en entendant ça, mais il répondit rapidement :

« Votre Majesté, votre compliment n’est pas fondé. Ce sujet n’a aucun grand talent. C’est déjà un immense honneur pour ce sujet que de rester aux côtés de votre Majesté. »

Face à cette réponse, Shen Jue garda le silence. En fait, il ne savait vraiment pas ce que Wen Yurong aimait, mais vu qu’il avait passé le concours officiel, cela voulait dire qu’il avait souhaité devenir un officiel.

Alors Shen Jue devait réfléchir encore.


« Alors assieds-toi et mange un peu avec moi aujourd’hui, » fit Shen Jue.

Il ordonna à un serviteur d’apporter un siège pour Wen Yurong. Comme il était empereur, même en plein hiver, les fruits sur sa table n’étaient pas du tout des fruits de saison. Il était dommage que Shen Jue ne pouvait pas manger grand-chose.

De son côté, Wen Yurong se retrouva assis à côté de l’empereur et se montra très prudent, osant à peine bouger. L’atmosphère entre les deux fut donc très mal à l’aise. Tout à coup, un serviteur se rua de l’extérieur.

« Votre Majesté, cet esclave a une nouvelle, fit-il en s’agenouillant.

– Parle, répondit Shen Jue d’un ton apathique.

– Le seigneur Shi est arrivé et il est déjà aux portes du palais en ce moment même, » lui apprit le serviteur.


Note de Karura : J’en connais un qui se sentait tout seul et jaloux 😋







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