Cent façons de tuer un prince charmant 145

Chapitre 145


Shen Jue abaissa la main de Wen Yurong au moment où ce dernier voulait défaire sa ceinture. Il avait le souffle un peu court et ses lèvres toujours pâles d’ordinaire luisaient à présent d’une rougeur peu naturelle. Il y avait même une voile humide suspicieux dessus, comme des bégonias après la pluie qui avaient l’air charmant et délicat.

Mais l’arrogance n’avait pas quitté ses yeux, même dans un tel moment. Il fixa Wen Yurong et fit d’un ton autoritaire :

« Arrête, Wen Yurong. »

Le jeune homme n’était en guère meilleur état que Shen Jue mais dès qu’il entendit cet ordre, il se pinça les lèvres et arrêta.


Voyant que les mains de Wen Yurong s’étaient immobilisées, Shen Jue jeta un coup d’œil au chemin de gravier où il n’y avait plus personne. Comme il était un peu fatigué, il se pressa de tout son corps contre Wen Yurong, sans se soucier de l’état d’inconfort du jeune homme.

« Qu’est-ce que tu as mangé de bizarre aujourd’hui ? »

Wen Yurong baissa les yeux et passa une main autour de la taille de Shen Jue pour l’empêcher de glisser vers le bas.

« J’ai juste bu du thé. »

Son ton était un peu terne, en tout cas comparé à son enthousiasme de tout à l’heure.


Shen Jue renifla et leva la tête. Il posa une main sur la joue du jeune homme.

« Ne mange pas sans prendre de précautions la prochaine fois. Comment tu feras si tu te retrouves tout seul ? »

Il dit ça comme s’il avait aidé Wen Yurong à se soulager, sauf qu’en fait il n’avait fait qu’attiser un autre feu en lui. Tout en sachant que Wen Yurong était souffrant, il se pressait pourtant dans ses bras.

Wen Yurong ne put déceler le ton taquin de Shen Jue, alors il ne put que répondre par un vague son démuni.

Shen Jue contempla son front perlant de sueur et vit que Wen Yurong prenait sur lui pour se retenir. Il étira les lèvres en un sourire et tendit les mains pour les enrouler autour du cou de l’autre. Il baissa la tête.

« Yulang est vraiment un gentil, gentil garçon. »

Il effleura simplement les lèvres de l’autre.


L’aphrodisiaque qu’avait utilisé Tong Meng’Er était très léger : il rendait temporairement les gens excités, passionnés et confus, mais l’effet se dissipait de lui-même au bout d’un moment. Ce n’était pas le genre d’aphrodisiaque qui nécessitait que la victime jouisse.

Après tout, l’impératrice douairière n’avait pas eu l’intention de placer Wen Yurong dans une position délicate Je rappelle que dans l’esprit de Tong Meng’Er, c’est son fil qui doit être le gong ! (1) à l’extérieur, elle voulait juste que Shen Yongcheng voit clairement que Wen Yurong n’était pas quelqu’un pour qui il pouvait avoir des sentiments.

Shen Jue et Wen Yurong restèrent un moment sous le kiosque avant que Wen Yurong sente enfin la chaleur dans son bas-ventre se dissiper. Il poussa un soupir de soulagement puis baissa les yeux vers l’empereur qui dormait déjà dans ses bras. Ce fut cette fois un soupir d’impuissance qui sortit de sa bouche.


* * *


Depuis ce jour, le regard de Shen Yongcheng ne s’aventura plus là où il ne fallait pas. Il ne lança plus de regards à la dérobée à Wen Yurong mais l’adolescent ne pouvait pas non plus cacher ses sentiments. Face à Shi Ji, il ne put se forcer à sourire et fit la tête.

Quand Shi Ji vit que l’adolescent tirait encore plus la tête que lui, il trouva ça bizarre et demanda de manière concise :

« Qu’est-ce qui peut bien rendre son Altesse si malheureux ? »

C’était la première fois que Shen Yongcheng tombait amoureux mais il ne lui avait pas fallu longtemps pour avoir le cœur brisé, tout ça parce qu’il était tombé amoureux de l’amant de son oncle impérial. Il se disait que si Wen Yurong n’avait pas été un homme, il aurait certainement déjà occupé le trône de l’impératrice. Après tout, il venait d’une très bonne famille, il avait une belle apparence et du talent, tout était là. Du coup, pouvait-on dire que Shen Yongcheng était tombé amoureux de sa belle-mère ? Ou au moins de sa belle-tante ?

Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !

Il ne pouvait parler à personne de ses soucis d’adolescent, et encore moins à sa mère. Si jamais sa mère découvrait ça, elle l’écorcherait vif.

Mais ce genre de sentiments le faisait suffoquer intérieurement.

Alors Shen Yongcheng leva les yeux vers Shi Ji et se dit que ce jeune homme avait le corps bien développé mais un esprit simple et honnête. Alors après y avoir bien réfléchi, il décida de confier ses pensées tourmentées à l’autre.

« Ce prince aime quelqu’un mais cette personne… cette personne a déjà quelqu’un d’autre. »

Shen Yongcheng contempla alors les hauts murs rouges du palais non loin d’un air morose.


Quand Shi Ji entendit ça, il roula des yeux discrètement car cela ne l’intéressait pas du tout. Malgré ça, il conseilla :

« Alors oubliez-la.

– Je ne peux pas l’oublier.

– Alors emparez-vous d’elle.

– Je ne peux pas non plus. »

Comment aurait-il pu s’emparer de l’amant de son oncle impérial ?

Shi Ji : « … »

Il suggéra alors :

« Vous voulez boire ? »

Shen Yongcheng avait passé les seize premières années de sa vie sans boire une seule goutte d’alcool, alors il fut très intéressé par la proposition de Shi Ji. Il demanda aussitôt aux serviteurs d’apporter de la liqueur afin de boire avec l’autre jeune homme.


Les deux vidèrent coupe après coupe. Shi Ji avait l’habitude d’être sur les champs de bataille alors il buvait l’alcool en général dans un bol. Même si cette liqueur-ci était forte et brûlait la gorge, ce n’était pas en buvant dans la petite coupe du palais que cela allait pouvoir l’enivrer.

Au contraire, Shen Yongcheng n’avait absolument pas l’habitude de boire. Il devint ivre après à peine quelques coupes. Il déversa alors tout ce qui se trouvait dans son cœur.

« Yulang… Pourquoi a-t’il fallu que Yulang soit l’homme de mon oncle impérial ? Bouh ouh, je ne peux pas voler l’homme de mon oncle impérial. »


Shi Ji buvait la liqueur comme s’il s’agissait d’eau. Mais quand il entendit les paroles de l’adolescent, ses yeux s’écarquillèrent et il le fixa.

« Votre Altesse, qu’avez-vous dit ? Yulang ? Wen Yurong ? Ne dites pas n’importe quoi, comment pourrait-il être l’homme de sa Majesté ? »

Shen Yongcheng leva la tête et lui lança un regard rempli de tristesse.

« C’est la vérité ! J’ai vu Yulang embrasser mon oncle impérial dans les jardins et ce baiser a duré bien longtemps. Je… je n’ai pas osé faire de bruit à ce moment, de peur qu’ils ne me voient. »

Le visage de Shi Ji s’assombrit aussitôt. Sans se soucier de Shen Yongcheng qui était saoul, il se leva et partit directement.


* * *


À présent que le temps s’était réchauffé, Shen Jue allait mieux et pouvait même s’occuper en partie des mémoriaux. Bien que Tong Meng’Er répugnait un peu à laisser son fils être surchargé de travail à cause de ça, Shen Jue ne voulait pas que ce soit sa mère seule qui porte ce fardeau.

Il ne tenait pas Wen Yurong à l’écart quand il se chargeait des mémoriaux. Il lui demandait même de l’aider à trier les documents. Par exemple, les demandes ordinaires d’audience et les recettes des impôts des différentes régions devaient être classées séparément. Du coup, Wen Yurong lisait d’abord le début de chaque document, puis Shen Jue lisait le reste.

Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !

« Votre Majesté, fit un serviteur en entrant, le seigneur Shi demande à vous voir. »

Quand Wen Yurong entendit que Shi Ji voulait venir, il jeta un regard à Shen Jue qui se trouvait à côté de lui.

Les yeux de l’empereur restèrent fixés sur le mémorial et il fit à voix basse :

« Il a précisé la raison ?

– Le seigneur Shi n’a rien dit d’autre, mais il a l’air un peu anxieux, » répondit le serviteur.

Shen Jue songea alors : Serait-il arrivé quelque chose à Shen Yongcheng ?

« Fais-le entrer. »


Shi Ji arriva très vite. Il s’avança à grands pas dans le palais et se prosterna devant Shen Jue.

« Relève-toi. »

Shen Jue arrêta d’écrire. Il se pencha en arrière et massa l’arête de son nez d’un air fatigué.

« Que se passe-t’il ? »

Shi Ji ne manqua pas de voir que Wen Yurong était assis à côté de l’empereur et il vit également le mémorial ouvert dans ses main ;

Quelle relation est-ce là pour qu’un officiel ait le droit de lire un mémorial ?

Depuis quand ces deux-là sont-ils devenus aussi proches ?

Le regard de Shi Ji était si impoli que même Shen Jue, pourtant très fatigué, ne put que se redresser bien droit et son visage s’assombrit.

« Seigneur Shi, qui t'a appris à te montrer si irrespectueux des règles ? Serait-ce Shi Haoran ? Ou bien est-ce ton grand-père ? »

C’étaient des paroles très graves qui impliquaient même tout le clan Shi.


Malgré cela, Shi Ji garda le cou dressé, refusant d’obéir.

« Votre Majesté pense-t’il que ce sujet ne connaît pas les règles ? Dans ce cas, comment se fait-il que le seigneur Wen puisse s’asseoir à côté de vous et lire les mémoriaux ? »

Wen Yurong n’aurait jamais cru que Shi Ji pourrait se montrer si audacieux et qu’il oserait directement répliquer à Shen Jue, reprenant même ses mots pour les retourner contre lui. Son regard vacilla et il voulut lui faire discrètement signe de s’agenouiller rapidement. Mais Shi Ji, cet inconscient buté, était bien trop occupé à se fâcher avec Shen Jue. Il lui faisait les gros yeux et semblait n’avoir vraiment pas peur de mourir.


En voyant ça, Shen Jue rit de colère. Il saisit la tasse de thé sur son bureau et la jeta en direction de Shi Ji.

« Parfait, Shi Ji. C’est donc à ton tour de me faire la morale ? »

Shen Jue n’eut cependant pas la force de bien lancer et la tasse tomba par terre bien avant de toucher sa cible. Shi Ji ne regarda même pas la tasse brisée par terre.

« Se pourrait-il que ce sujet ait abordé un sujet délicat pour sa Majesté, d’où la raison de votre colère ? »


La parole à l’auteur : Je décline toute responsabilité pour le mini-théâtre suivant.

Shi Ji : Explique-toi clairement : est-ce que oui ou non tu aimes cette renarde à côté de toi ?!

Shen Jue : …

Shi Ji (refusant de lâcher le morceau) : Qu’est-ce qu’il y a de si bien chez cette renarde ? Et moi, je ne suis pas adorable et ardent ? Ah ?! Je te rappelle que tu as touché quelque chose au lit la dernière fois, alors tu dois prendre tes responsabilités. Tu as complètement rasé les poils de l’ours.

Shen Jue : … Ne dis pas n’importe quoi.


Notes du chapitre :
(1) Je rappelle que dans l’esprit de Tong Meng’Er, c’est son fil qui doit être le gong !






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