Chapitre 156
Cela continua ainsi jusqu’à Nangong.
Une fois à destination, comme le temps à Nangong était bien plus doux qu’à la capitale, Shen Jue se sentit en meilleure forme que sur la route. Il allait tous les jours baigner un peu dans les sources chaudes avant de se coucher.
Une fois qu’il alla mieux, il était bien moins fatigué alors il se réveillait plus facilement la nuit. Par conséquent, la troisième nuit de son arrivée à Nangong, Shen Jue sentit confusément que quelqu’un le tenait dans ses bras.
Il ne réagit pas tout de suite. Quelque chose de chaud se déposa sur son front. Après ça, son dos se fit gentiment caresser, comme pour lisser sa fourrure.
Shen Jue fronça les sourcils. Il ouvrit lentement les yeux et vit le visage de celui qu’il ne voulait pas voir.
Shi Zhou, qui croyait que Shen Jue dormait, fut pris par surprise. Tout son corps se figea et ce ne fut qu’après un long moment qu’il fit avec du mal :
« Il fait bien trop froid. Je me suis dit que sa Majesté devait avoir du mal à dormir, alors je suis venu pour réchauffer votre lit. »
Shen Jue ne dit rien et se contenta de lancer un regard lourd à Shi Zhou. Ce dernier grinça des dents en voyant ces yeux indifférents. Finalement, il serra l’autre homme encore plus fort sans se soucier de son avis.
« Dans notre vie précédente, j’ai exagéré sur certaines choses mais toi, tu as voulu me tuer le premier, alors on va dire que ça s’annule, pas vrai ? Et si on oubliait tout ce qui s’est passé et qu’on repartait de zéro ? »
En réponse aux paroles de Shi Zhou, Shen Jue se contenta de sortir une dague de sous son oreiller. Il pressa la dague contre son propre cou et fixa le jeune homme devant lui avec détachement.
Dès que Shi Zhou vit la dague, sa prise sur Shen Jue s’affaiblit peu à peu. Il se leva du lit en faisant une tête horrible à voir et ne prit même pas son manteau. Quand il fit demi-tour pour le récupérer, il vit les serviteurs de Shen Jue sortir de la chambre en portant plein d’affaires.
Un des serviteurs à l’œil vif repéra Shi Zhou et accourut vers lui.
« Consort impérial, vous arrivez juste à temps. Vous avez oublié votre manteau, ce serviteur ne savait pas quoi en faire. »
Shi Zhou récupéra son vêtement des mains de l’autre homme puis regarda les autres serviteurs.
« Qu’est-ce qu’ils tiennent ?
– Sa Majesté a dit que les draps et les couvertures étaient sales, répondit le serviteur. Il nous a ordonnés de les remplacer et de jeter les autres. »
Quand Shi Zhou entendit ça, il fit une encore plus vilaine tête. Le serviteur du palais à côté de lui vit ça et se rendit compte qu’il avait dit quelque chose qu’il ne fallait pas. Il baissa précipitamment la tête.
Shi Zhou lâcha un lourd soupir avant de se tourner et de s’en aller.
Le lendemain soir, Shi Zhou se rendit compte qu’il ne pouvait plus entrer dans le palais de Shen Jue : un groupe de serviteurs montait la garde devant. Ils fixèrent Shi Zhou avec embarras :
« Consort impérial, sa Majesté nous a ordonné de ne pas vous laisser entrer. Ces serviteurs n’y peuvent vraiment rien et nous supplions le consort impérial de nous laisser vivre. Car si le consort impérial entrait, ces serviteurs ne pourraient plus garder leurs têtes. »
Shi Zhou regarda le palais où toutes les lumières avaient été éteintes. Il fronça les sourcils, mais tourna les talons et s’en alla.
Le jour d’après, il se rendit en courant aux sources chaudes, mais découvrit qu’il y avait également un groupe de serviteurs là, pour lui bloquer le passage.
En fait, vu les capacités de Shi Zhou, il aurait été très facile pour lui de bousculer ces serviteurs et de passer. Mais pour une raison étrange, il avait un peu peur de mettre Shen Jue en colère, alors il ne pouvait qu’attendre que l’autre se calme.
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
Cette attente dura un bon mois. Shen Jue était très fort pour l’empêcher de le voir. Et puis un jour, quelqu’un se présenta à Nangong.
C’était Wen Yurong.
Le jour de l’arrivée du jeune homme, Shen Jue était en train de déjeuner. Quand un serviteur vint le prévenir que Wen Yurong était là, il en fut légèrement ébahi.
Wen Yurong occupait à présent une position officielle : il était un lettré de l’Académie Hanlin Un collège d’études littéraires, mais aussi le conseil secret de l’empereur. Seuls les plus hauts fonctionnaires peuvent y travailler. (1). S’il était venu à Nangong, c’était pour apporter à Shen Jue les mémoriaux relatant les derniers événements importants de la nation.
Dans les autres vies, c’était quelqu’un d’autre qui était venu les lui apporter, alors il fut très surpris que ce soit Wen Yurong dans cette vie.
« Qu’il attende dans la salle annexe, ordonna Shen Jue après un moment de réflexion.
– Bien, votre Majesté, » fit le serviteur en se retirant.
Après que Shen Jue eut fini son repas, il lut encore plusieurs pages d’un livre avant de se lever et de se rendre dans la salle annexe. Quand il entra, Wen Yurong était debout devant un tableau accroché au mur. Il avait les yeux levés et semblait fasciné. Il ne réagit que lorsque le serviteur toussota légèrement.
Wen Yurong se tourna alors. Il portait la tunique classique verte d’un officiel mais sur lui, cela faisait l’effet d’un bambou vert dans la neige, d’une fierté unique, gracieux et indifférent. Son visage était comme du jade gelé. Les traits de son visage étaient très beaux et masculins.
Dès qu’il vit Shen Jue, Wen Yurong s’agenouilla et se prosterna bien bas.
« Ce sujet présente ses hommages à votre Majesté. Que sa Majesté vive mille fois mille fois mille ans. »
Shen Jue se pinça les lèvres et fit :
« Tu peux te relever. »
Wen Yurong se leva et se rendit au bureau où les mémoriaux se trouvaient déjà.
« Votre Majesté, voici les mémoriaux des affaires importantes de la cour durant ces derniers mois. »
Shen Jue émit un En. Il s’approcha du siège du dragon en face du bureau et prit place.
« Je te laisse choisir les plus importants d’abord.
– À vos ordres. »
Wen Yurong parla ensuite de l’augmentation anormale du prix de la nourriture dans plusieurs provinces, puis de la taxation, et ainsi de suite.
La voix de Wen Yurong était chaleureux et douce, comme le murmure d’un ruisseau. Après l’avoir écoutée un moment, Shen Jue se sentit comme une envie de dormir. En général, il faisait la sieste après le déjeuner. Aujourd’hui, il ne l’avait pas faite parce qu’il voulait écouter le mémorial. Mais à présent qu’il entendait Wen Yurong lui parler du mémorial, la somnolence l’envahit et il avait bien du mal à garder les yeux ouverts.
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
« Ceci concerne Hangzhou… Votre Majesté ? »
Shen Jue entendit Wen Yurong qui l’appelait, mais il était bien trop fatigué. Il ne put que secouer la tête avec réticence et se redresser.
« Je vais déjà examiner ça aujourd’hui. Nous continuerons demain avec le reste. »
Quand il eut dit ça, il se leva mais tituba un peu. Le serviteur à ses côtés n’avait pas encore eu le temps de tendre les mains que Wen Yurong, le plus proche de lui, fut plus rapide et le rattrapa.
« Faites attention, votre Majesté, » s’éleva la voix de Wen Yurong au-dessus de la tête de Shen Jue.
Ce dernier s’appuya sur le bras du jeune homme et parvint à se redresser avec du mal. Il marqua une pause avant de vouloir repousser l’autre. Mais avant qu’il ne puisse le faire, sa main se fit retenir.
Surpris, il leva les yeux pour regarder le jeune homme. Wen Yurong ne l’avait pas quitté des yeux après avoir fini son rapport. En le voyant le regarder, il eut un sourire.
« Votre Majesté, vous avez toujours tendance à tomber. »
La voix de Wen Yurong était très douce, mais Shen Jue l’entendit clairement.
Les pupilles de Shen Jue se rétractèrent. Cette phrase… ce n’était clairement pas ce qu’un officiel devait dire quand il était en présence du Fils du Ciel pour la première fois. En plus, durant sa vie précédente, il était souvent tombé en présence de Wen Yurong et à chaque fois, c’était ce dernier qui l’avait rattrapé.
Après que Wen Yurong eut prononcé ces paroles, il lâcha sa main, recula de deux pas et fit d’un ton respectueux :
« Alors ce sujet reviendra demain. »
Shen Jue le regarda un moment avant de hocher la tête.
« Bien, tu peux te retirer. »
Wen Yurong inclina la tête et prit congé, pendant que Shen Jue restait sur place, la mine sombre. Si on se basait sur ce qu’il venait de dire, Wen Yurong était également rené. Mais pourquoi est-ce que Shi Zhou et lui étaient renés ?
Qu’avait-il bien pu se passer après sa mort dans l’autre vie ?
Même si Shen Jue ne voulait rien savoir des affaires de ces deux-là, leur renaissance à tous les deux ne pouvait que troubler son cœur.
Du coup, il y pensait encore en se rendant aux sources chaudes le soir, avant d’aller se coucher. Pendant qu’il se trouvait dans le bassin, il entendit soudain du bruit à l’extérieur.
Shen Jue releva la tête quand il vit Shi Zhou faire irruption. Le jeune homme contourna directement le paravent et sans dire un mot, il plongea dans l’eau. Les éclaboussures touchèrent le visage de Shen Jue.
L’empereur avait fermé les yeux à cause de l’eau qui l’éclaboussait. Il n’eut pas le temps de les rouvrir qu’il se fit enlacer.
« Tu peux te fâcher si tu veux mais moi, je n’en peux plus. Tu peux me frapper ou m’insulter mais quoi qu’il arrive, je refuse de te lâcher, » fit Shi Zhou en resserrant son étreinte autour de la taille de Shen Jue.
Note de Karura : Oh, oh, il y a un certain ours qui est très jaloux !
Notes du chapitre :
(1) Un collège d’études littéraires, mais aussi le conseil secret de l’empereur. Seuls les plus hauts fonctionnaires peuvent y travailler.
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