Chapitre 164
Wen Yurong tendit rapidement les bras pour soutenir Shen Jue. Il baissa les yeux d’un air inquiet et se rendit compte que le visage de Shen Jue, qui avait été rougi par le soleil tout à l’heure, était à présent devenu bien pâle. Il toucha son front et découvrit que le front de Shen Jue était aussi froid que de la glace.
Le garde les regarda tous les deux et fit :
« Il a perdu connaissance, ah ? Alors ne sortez pas de la cité et allez plutôt voir un médecin. »
Wen Yurong se renfrogna mais il souleva pourtant Shen Jue dans ses bras. Au moment où il allait s’éloigner, il entendit des chevaux arriver par derrière.
Il vit alors un jeune homme en tunique dorée chevaucher vers les portes de la cité, un groupe de soldats derrière lui. Quand le jeune homme arriva aux portes, il tira sur les rênes de sa monture.
Les gardes à la porte s’agenouillèrent l’un après l’autre.
« Votre Altesse, nous vous saluons. »
Après que le jeune homme leur ait dit de se relever, ses yeux balayèrent la foule qui faisait la queue et se posèrent finalement sur Wen Yurong. Il haussa un sourcil, descendit de cheval et s’approcha.
Il remarqua Shen Jue dans les bras de Wen Yurong. Il le contempla puis fit à Wen Yurong :
« Mon oncle ne va pas bien, ce n’est pas une bonne idée de partir en voyage si précipitamment. »
Tout avait été dit dans cette simple phrase. Wen Yurong ne put que hocher la tête en voyant Shen Wei devant lui.
Il transporta Shen Jue dans son carrosse et un soldat vint conduire l’attelage. Les autres hommes de Shen Wei entourèrent le carrosse et l’escortèrent tout le long du chemin pour le palais de Jinling.
Shen Wei chevauchait en tête avec un sourire très satisfait sur le visage. Ses gens avaient surveillé la résidence de Shen Jue et Wen Yurong alors dès qu’ils s’étaient mis en route, les espions s’étaient empressés de faire porter la nouvelle au palais.
Shen Wei jeta un coup d’œil au carrosse derrière lui et sourit de nouveau.
Une fois arrivés au palais, Wen Yurong et Shen Jue furent conduits dans une chambre. À l’extérieur, des gardes du palais montaient soigneusement la garde.
Wen Yurong ne pouvait pas sortir, alors il n’eut pas d’autre choix que de faire au garde à la porte :
« Donnez-moi du papier et un pinceau, il faut que je note la prescription pour que vous achetiez les bons médicaments. »
À ces mots, le soldat secoua la tête.
« Désolé, mais le prince a donné des ordres très stricts. Aucune requête ne peut être acceptée tant qu’il n’est pas là. »
Wen Yurong n’avait guère besoin de réfléchir longtemps : Shen Wei devait être en train de mettre le prince Jinling au courant, et ce dernier n’allait pas tarder à venir. Il se tourna pour regarder Shen Jue alité et ses yeux s’obscurcirent.
Tout se déroula comme l’avait deviné Wen Yurong. Un groupe de personnes se présenta peu de temps après et à leur tête se trouvait le prince Jinling, qui avait plus de soixante ans. Le prince le regarda et sourit.
« Wen Yurong, n’est-ce pas ? Je me souviens de ton père, j’ai eu plusieurs occasion de le rencontrer par le passé. »
Au vu de la situation, Wen Yurong ne put que le saluer.
« Ce junior présente ses hommages au prince.
– Tu t’appelles un junior ? Pourquoi pas un officiel ? s’étonna le prince Jinling.
– Ce junior a déjà démissionné avant de quitter la capitale. Il n’est plus un officiel donc il n’est pas qualifié pour s’appeler ainsi, » répondit Wen Yurong d’un ton ni humble, ni arrogant.
Bien que prisonnier, il restait impassible.
« Comme c’est dommage, ah. Ce prince connaît ta réputation et sait que tu as toujours été un enfant prodige. »
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
Le prince Jinling voulut ensuite s’approcher du lit mais se fit bloquer par Wen Yurong. Il rétrécit les yeux.
« Wen Yurong, tu te rends compte de ce que tu es en train de faire ?
– Je m’en rends compte, répondit-il en regardant le prince Jinling. Le prince ne devrait-il pas se prosterner en voyant l’empereur ? »
Le vieil homme fit une vilaine tête en entendant ça, mais il ne s’approcha plus du lit. Il garda le silence un moment, puis fit signe à Shen Wei qui se tenait à la porte.
« Grand-père, qu’y a -t’il ? demanda le jeune homme en entrant.
– Va chercher un médecin. Sa Majesté est malade alors nous devons naturellement bien prendre soin de lui. »
Le prince Jinling partit après ça. Shen Wei jeta un regard à Wen Yurong avant de suivre son grand-père.
Le médecin se présenta très vite et écrivit sa prescription après avoir examiné Shen Jue. Wen Yurong lut attentivement la prescription avant de demander à un serviteur d’aller chercher les médicaments.
Une fois le médicament apporté, Wen Yurong y goûta avant de le donner à Shen Jue.
Shen Jue dormit tout l’après-midi avant de se réveiller. Il fut confus en voyant l’environnement inconnu et demanda ensuite à Wen Yurong :
« Yueze, on est déjà arrivé à la prochaine ville ? »
Wen Yurong fixa son air ingénu et secoua lentement la tête.
« Non, nous sommes actuellement dans le palais de Jinling.
– Le palais de Jinling ? répéta l’homme en fronçant les sourcils. Qu’est-ce qu’on fait ici ? »
Wen Yurong ne lui répondit pas mais fit plutôt :
« N’y pense pas. Tu as faim ? Je vais leur demander de nous apporter à manger. »
Ils ne mangèrent pas beaucoup cette fois-là. Pendant qu’ils dormaient la nuit, Shen Jue se pressa de lui-même dans les bras de l’autre jeune homme. Tout à l’heure pendant le dîner, il avait vu les soldats à l’extérieur.
« Yueze, pourquoi ils nous gardent prisonniers ? »
Wen Yurong passa un bras autour de Shen Jue et lui tapota doucement le dos.
« Ce n’est rien, c’est juste temporaire. Ça s’arrangera bientôt. »
Ils restèrent ainsi enfermés pendant dix jours. Les serviteurs leur apportaient tout ce qu’ils voulaient mais il n’avaient pas le droit de sortir et personne ne vint leur rendre visite.
Jusqu’à un après-midi ou quelqu’un débarqua comme une tornade.
Le visiteur était couvert de la tête aux pieds et le bas de sa cape était couvert de poussière à cause du voyage.
« Votre Majesté ! »
Il fit irruption dans la pièce en criant ainsi. Comme Shen Jue et Wen Yurong avaient encore leurs faux visages, il regarda les deux attentivement un moment avant de se précipiter vers l’homme qui se trouvait à la fenêtre.
Shen Jue était en train de lire assis à la fenêtre quand il vit cet homme se précipiter subitement vers lui. Il en fut paniqué et recula instinctivement.
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Depuis que Shi Zhou avait reçu le message en secret, il avait chevauché nuit et jour pour se rendre à Jinling, faisant cavaler deux chevaux à mort pour arriver ici. Quand il vit Shen Jue reculer devant lui, il ressentit une vive douleur. Il tourna la tête et posa alors les yeux sur Wen Yurong.
« Wen Yurong, tu as osé emmener sa Majesté loin de la capitale sans permission, tu te rends compte que de la catastrophe que tu as provoquée ? Tu avais pleinement conscience de tes actes… et tu as osé amener sa Majesté ici ? »
La voix de Shi Zhou était glaciale et il fixa Wen Yurong avec une pointe de dégoût dans le regard.
Wen Yurong vit qu’il était fâché, pourtant il sourit.
« Pourquoi tu es si furieux ? Quel est le problème avec Jinling ? N’es-tu pas toi-même venu à Jinling dans ta vie passée, hein ? C’est également à partir d’ici que tu as dirigé les troupes de Jinling vers la capitale. Aurais-tu oublié tout ça, général Shi ? »
Quand Shi Zhou entendit ça, sa première réaction fut de jeter un coup d’œil à Shen Jue. Voyant que l’autre ne faisait que regarder attentivement Wen Yurong, il poussa un soupir de soulagement puis s’adressa de nouveau au jeune homme, sa colère remontant :
« C’est une histoire qui remonte à une autre vie, est-ce comparable avec ce qui se passe dans cette vie ? »
Le sourire sur le visage de Wen Yurong était un peu sarcastique, mais il ne dit rien.
Quand Shi Zhou vit ça, il cessa de lui parler. Il s’approcha de Shen Jue et voulut lui prendre la main.
« Votre Majesté, nous rentrons à Beijing tout de suite. »
Mais sa main fut évitée.
Le regard de Shen Jue était empli de méfiance.
« Je n’irai nulle part avec toi. »
Il se tourna ensuite vers Wen Yurong et fit :
« Yueze, qui est cet homme ? »
Quand Shi Zhou entendit cette question, son visage se figea un long moment. Il fit ensuite :
« Tu es encore fâché contre moi ? Juste parce que je suis parti au beau milieu de la nuit ? »
Shen Jue ne lui accorda qu’un rapide coup d’œil avant de s’avancer vers Wen Yurong. Mais il se fit tout de suite enlacer par Shi Zhou.
Shi Zhou prit l’homme dans ses bras d’un air despotique.
« Où est-ce que tu vas comme ça ? Je t’interdis d’aller avec lui, c’est un homme vicieux. C’est lui qui t’a kidnappé et t’a conduit ici. Si tu vas avec lui, qui sait où il t’emmènera ! Regarde-toi, tu as perdu du poids. »
C’était complètement faux. N’importe qui connaissant bien Shen Jue pouvait dire qu’il avait visiblement pris un peu de poids.
Shen Jue se fit ainsi enlacer sans prévenir. Il se débattit pour repousser Shi Zhou, mais comment aurait-il pu faire le poids contre ce jeune homme qui pratiquait les arts martiaux ?
Shen Jue se débattit en vain et ne put que regarder Wen Yurong pour lui demander son aide :
« Yueze.
– Tu insistes ? Gardes, venez attacher Wen Yurong ! » ordonna Shi Zhou en appelant à l’extérieur.
Très vite, quelques personnes entrèrent en tenant des cordes et ils s’avancèrent vers Wen Yurong.
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Le jeune homme ricana doucement et fixa Shi Zhou avec ironie. Ils avaient grandi ensemble, mais le sort se jouait des humains : ils avaient fini par en arriver à ce point.
Shi Zhou était si dévoué envers celui qu’il aimait et si impitoyable envers celui qu’il n’aimait pas. Mais Wen Yurong se moquait bien de qui Shi Zhou aimait ou pas.
Il regarda Shen Jue et son regard se réchauffa peu à peu.
« Votre Majesté, vous avez aimé cette période ? Sans doute pas, non ? Je voulais vraiment permettre à votre Majesté de visiter tous les endroits qu’il voulait mais j’avais bien trop peur. Il y a tellement de gens mauvais dehors qui auraient pu vous faire du mal, votre Majesté. »
Il avait vu Shen Jue se faire violer, alors il s’était juré de ne jamais l’humilier. Il avait vu Shen Jue emprisonné dans un sombre palais, alors il avait voulu le faire sortir de la capitale.
C’était juste qu’il s’était rendu compte qu’il n’était pas à l’aise avec l’idée que Shen Jue sorte. Il avait même peur que l’autre homme ne s’enfuie loin de lui.
S’il retournait à Beijing maintenant, Wen Yurong savait que seule la mort l’attendait. Mais il n’avait aucun regret.
Pendant ce temps, les soldats avaient déjà ligoté Wen Yurong. Shi Zhou poussa un soupir de soulagement en le voyant ainsi retenu, puis il emmena Shen Jue de force dehors.
Il le poussa dans un carrosse et pressa ses points d’acupression pour l’immobiliser. Il fit ensuite :
« Si Votre Majesté souhaite se fâcher, vous pourrez faire tout ce que vous voudrez une fois de retour à Beijing. C’est juste que nous sommes ici à Jinling alors je vous en prie, ne m’en veuillez pas, votre Majesté. »
Shi Zhou descendit du carrosse tout en lui parlant. Shen Jue se dit qu’il devait sûrement aller discuter avec le prince Jinling. Si ce vieil homme ne l’avait pas tué, c’était parce que sinon, tous les ministres de Beijing choisiraient certainement le prince Yongcheng comme nouvel empereur. Le prince Jinling n’aurait aucune chance d’obtenir cette position et en plus, le prince Yongcheng était jeune et pouvait sans problème vivre encore bien des années. Voilà pourquoi le prince Jinling avait choisi de renvoyer Shen Jue à la capitale, mais pas sans obtenir quelques contreparties.
Shen Jue resta allongé seul dans le carrosse et beaucoup de pensées défilèrent dans son esprit. Il y avait quelques temps, il avait oublié énormément de choses, même son identité, et ne dépendait que de Wen Yurong à ses côtés.
Jusqu’au jour où il s’était rendu dans le salon de thé.
Le conteur d’histoires avait prononcé le nom de Murong Xiu. Quand Shen Jue avait entendu ce nom, il avait eu l’impression qu’une cloche sonnait au loin et que ce puissant tintement ébranlait tout à coup tous ses souvenirs scellés.
Il avait alors regardé le conteur et sentit quelque chose de bizarre. Il était donc resté jusqu’au bout et une fois que le conteur eut remballé ses affaires et soit parti, Shen Jue avait vu un mot sur l’éventail de cet homme —
“Chi”.
C’était son maître Je rappelle que son maître s’appelle Chi Yan. (1), son maître venait contre toute attente de se servir de la bouche de ce conteur pour lui faire revenir la mémoire.
Naturellement, il n’osa pas montrer devant Wen Yurong qu’il avait retrouvé ses souvenirs, surtout que le jeune homme avait déjà arrêté de lui faire prendre un des médicaments. Il fit simplement comme si rien ne s’était passé, continua à se montrer proche de Wen Yurong et à l’appeler Yueze.
Wen Yurong avait vraiment utilisé une potion bien étrange pour lui faire tout oublier. Jamais encore dans un monde, il avait oublié tout ce qui s’était passé avant. Durant cette période, il avait simplement trouvé que Wen Yurong était très gentil, alors il n’avait pas pu s’empêcher de vouloir être plus proche de lui. Il n’avait même pas songé à qui il était et où il se trouvait.
Au bout d’un certain temps, il y eut de l’agitation dehors. En même temps, Shen Jue ressentit une vive douleur dans sa poitrine et commença à avoir du mal à respirer. Comme un poisson hors de l’eau, il ne put qu’ouvrir la bouche et tenter d’avaler de l’air.
Quand Shi Zhou revint de l’étude du prince Jinling, il vit un attroupement et fronça les sourcils.
« Que faites-vous ?
– Général ! »
Quelqu’un vit Shi Zhou et se tourna précipitamment vers lui. C’étaient les hommes de la famille Shi alors ils avaient encore l’habitude de l’appeler général.
« Le seigneur Wen, il a pris du poison.
– Quoi ?! »
Shi Zhou s’approcha aussitôt et vit Wen Yurong à genoux par terre. Il était encore conscient mais il y avait du sang noir au coin de ses lèvres.
« Shi Zhou, fit-il en levant la tête et en souriant. Je l’emmène avec moi. »
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Cette phrase n’avait ni queue ni tête, mais Shi Zhou se sentit envahi par un grand froid. Il se précipita aussitôt dans le carrosse mais vit que l’homme à l’intérieur s’était effondré. Tout comme Wen Yurong, du sang noir coulait de ses lèvres.
« Votre Majesté, Shen Jue ! »
De ses mains tremblantes, il releva Shen Jue.
« Ça va aller, ça va aller, je vais t’emmener voir un médecin. »
Le visage de Shen Jue avait pâli sous l’effet de la douleur. Il avait entendu les paroles de Wen Yurong dehors et comprenait ce qui lui arrivait. Wen Yurong voulait mourir avec lui.
Shi Zhou le porta hors du carrosse et appela :
« Où est le médecin ? »
Il courut très vite en utilisant sa force interne. Dans les bras de Shi Zhou, Shen Jue se rappela soudain de sa vie précédente : Shi Zhou l’avait également tenu ainsi en cherchant un médecin impérial partout.
Il souffrait également terriblement du cœur, comme en cet instant.
Les yeux de Shen Jue se déplacèrent lentement jusqu’au visage de Shi Zhou. Il tendit faiblement la main pour saisir sa manche.
« Shi Zhou. »
À cause de la couleur, il parlait très lentement.
Shi Zhou ne baissa pas la tête et fit simplement :
« Ne parle pas, tu dois garder tes forces, tu as compris ? »
Shen Jue battit des cils d’un air las. Il était vraiment trop fatigué dans ce monde et il ne voulait plus y revenir. Wen Yurong et lui allaient mourir, alors il ne resterait que Shi Zhou. Mais si Shi Zhou était bel et bien le maître de ce monde, alors il allait devoir tout recommencer de nouveau.
« Tu veux bien m’accompagner ? » demanda-t’il en détachant chaque mot.
Shi Zhou s’arrêta net, ses yeux devenant rouges.
Shen Jue put sentir son corps se vider de ses forces, alors il saisit encore plus fort la manche de l’autre.
« Tu veux bien ? »
Shi Zhou baissa les yeux sur lui. Les lèvres de Shen Jue étaient déjà devenues complètement bleues et il était clairement condamné. Shi Zhou connaissait Wen Yurong : ce dernier avait beau avoir l’air gentil, il ne laissait jamais rien au hasard quand il faisait quelque chose. S’il voulait emporter Shen Jue aux Sources Jaunes avec lui, Shi Zhou serait bien incapable de l’en empêcher.
Il vit de l’attente dans le regard de Shen Jue, mais pas d’amour. Il se pinça les lèvres et se força à faire un sourire hideux.
« Entendu, je veux bien t’accompagner dans la mort. »
Il déposa Shen Jue par terre tout en le laissant s’appuyer contre lui. Puis il sortit une dague de sa ceinture.
« Tu te souviens de cette dague ? demanda-il en la montrant à Shen Jue. C’est le Ministère des Transports et de l’Irrigation qui l’a fait forger et elle a atterri dans mes mains. J’ignore pourquoi je l’ai prise avec moi pour venir. »
C’était la même dague dont s’était servi Shen Jue pour mettre fin à ses jours dans la vie précédente.
Shen Jue n’avait plus la force de parler. Il ferma un peu les yeux et les mouvements de son torse se ralentirent. Shi Zhou le regarda et demanda soudain :
« Si je n’avais pas… »
Avant même de finir la question, il partit d’un rire d’auto-dérision.
« Oublie ça. »
Une fois qu’il eut dit ça, il s’enfonça la dague dans le cœur.
Wen Yurong n’avait même plus la force de rester à genoux, alors il gisait sur le sol faiblement. Les soldats l’avaient détaché afin de lui laisser un peu de dignité.
Il contempla le ciel bleu sans nuage au-dessus de sa tête et eut un faible rire.
Dans sa vie passée, après avoir appris la mort de Shen Jue, il avait quitté la capitale sans un regard en arrière pour finir par atterrir à Lingnan Un ancien terme pour désigner le sud de la Chine. (2), où il avait vécu pendant cinq ans et appris énormément de choses.
Il était ensuite revenu dans la capitale où Shi Zhou était passé de général à ivrogne. Il traînait soit dans un bar ou dans une ruelle quelconque où il cuvait sa liqueur. Shi Haoran avait d’abord tenté d’y mettre le holà puis, voyant qu’il ne pouvait pas du tout contrôler son fils, il avait fini par laisser tomber. Il laissait Shi Zhou faire à sa guise, comme s’il n’avait pas un fils pareil.
Sauf que dame Shi ne pouvait pas supporter ça, alors elle envoyait à chaque fois des hommes pour retrouver son fils en cachette.
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Il fallut un moment à Wen Yurong pour retrouver Shi Zhou qui était ivre mort dans une chambre d’auberge. Il attendit que le jeune homme se réveille pour empoisonner la liqueur devant lui.
Il servit ensuite une coupe à Shi Zhou, puis une autre pour lui-même.
Il but le premier, puis tourna la tête pour regarder l’autre jeune homme. Shi Zhou s’assit sur le lit et contempla un bon moment la coupe avant de s’approcher en titubant.
Avant de prendre la coupe, il posa une question à Wen Yurong :
« Frère Yurong, dirais-tu que cela sert à quelque chose de regretter ?
– Peut-être bien, » répondit doucement Wen Yurong.
Shi Zhou mourut alors, cependant Wen Yurong avait pris l’antidote à l’avance.
Tout le monde crut que Shi Zhou avait trop bu et était mort de palpitations cardiaques. Quant à Wen Yurong, il retourna dans la résidence du premier ministre et reprit même sa carrière d’officiel. Il devint enseignant d’État car il avait réussi à prédire un grand nombre de désastres majeurs qui s’abattirent sur la nation. Même si Shen Wei ne croyait pas aux démons et aux dieux, il fut effrayé par les capacités du jeune homme. Il le nomma donc enseignant d’État et lui fit bâtir une résidence officielle au palais.
Wen Yurong y resta pendant quinze ans. En fait, la divination consumait la vie du devin. Chaque fois que Wen Yurong voulait connaître l’avenir, il vieillissait de plus en plus. Quand il eut à peine quarante ans, il ressemblait déjà à un vieil homme de quatre-vingts ans.
Shen Wei prit peur en le voyant et se dit qu’il était bien trop maléfique. Il envoya donc quelqu’un pour l’espionner. L’espion rapporta que Wen Yurong ne dormait pas de la nuit et ne cessait de consulter les étoiles, cherchant à savoir quelque chose.
En fait, Wen Yurong invoquait des âmes et il était revenu au palais justement parce c’était l’endroit où Shen Jue avait résidé le plus longtemps. C’était donc là que l’âme de Shen Jue avait le plus de chance de se trouver après sa mort. Mais il ne put jamais invoquer son âme. S’il n’y arrivait pas, cela voulait donc dire que l’âme de Shen Jue n’était plus de ce monde.
Après sa renaissance, Wen Yurong se rendit vite compte que Shi Zhou était rené, tout comme lui. Alors il commença à faire semblant de ne se rappeler de rien. Plus tard, Shi Zhou intégra le palais à sa place et ce fut alors qu’il découvrit que Shen Jue était également rené.
Il y avait une potion de Lingnan qui pouvait faire tout oublier aux gens. Wen Yurong voulait que Shen Jue la prenne afin qu’il ne souffre pas autant et qu’il oublie les humiliations subies dans la salle du trône à l’époque.
Il ajouta également son propre sang à la potion d’origine.
En fait, la potion et le sang étaient mélangés avec le petit-déjeuner. Shen Jue n’en savait rien et croyait que c’était un des médicaments qu’il buvait d’habitude.
En plus de ça, il infecta Shen Jue avec un ver de Gu. C’était une paire de vers de Gu mère et enfant. La mère était en lui et l’enfant en Shen Jue. Comme ça, s’il mourait, Shen Jue ne pourrait pas lui survivre.
S’il avait fait ça, c’était parce que durant la période où Shen Jue commençait à perdre la mémoire, lorsque Wen Yurong s’endormait la soir, il rêvait de beaucoup de sons et d’images. Ce n’étaient pas ses souvenirs.
C’étaient ceux de Shen Jue.
Même s’il ne se rappelait pas de ses rêves au réveil, il savait que Shen Jue souffrait terriblement.
Alors il y avait réfléchi et s’était dit que si Shen Jue retrouvait la mémoire, il l’emmènerait aux Sources Jaunes avec lui afin que Shen Jue n’ait plus à souffrir.
Si je suis incapable de te protéger, alors je préfère te tuer de mes propres mains.
La parole à l’auteur : Si déprimant.
Vous aviez trouvé comment ils étaient morts ? Que vais-je bien pouvoir écrire pour le prochain monde ? J’hésite entre du Xianxia ou un monde ABO.
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Maître Chi Yan : Mon cœur souffre. Mon apprenti ne devait pas manger n’importe quoi.
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Wen Yurong n’a pas totalement compris ce qu’il a vu en rêve, il a juste rêvé un peu.
Note de Karura : Encore un autre monde qui se termine sur une note joyeuse…
Pour ce qui est du prochain monde, ce sera finalement du Xianxia. Shen Jue va reprendre du poil de la bête et redevenir lui-même. Vous allez vite comprendre la première allusion, mais il faudra attendre un peu pour la deuxième. Ce sera une très longue partie (52 chapitres + un extra en 3 chapitres).
Vous auriez préféré lire le monde ABO ? Ne soyez pas déçus, ce sera le monde d’après !
Notes du chapitre :
(1) Je rappelle que son maître s’appelle Chi Yan.
(2) Un ancien terme pour désigner le sud de la Chine.
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