Chapitre 198
Imaginez un vieux renard qui n’avait pas goûté à de la chair fraîche depuis des milliers d’années. Une fois qu’il y goûta, ce fut comme un animal sauvage qui mangeait de la viande crue pour la première fois de sa vie : tout allait bien avant qu’il n’en mange mais à présent, il ne pouvait plus s’en passer.
Toutefois, le désir de l’animal sauvage pour la viande crue n’était qu’une simple envie. Il n’allait pas mourir s’il n’en mangeait pas. Cela dit, quand de la viande crue se présentait devant lui, pourquoi devrait-il se priver ?
Les sentiments de Fu Jiuyin en ce moment à l’égard de Shen Jue étaient pratiquement similaires. Autrefois, il avait eu horreur de ces bêtes démoniaques qui venaient se présenter à lui comme partenaire et il s’était refusé à s’accoupler avec elles. Mais à présent qu’il avait tâté de la chair par la force des choses, il avait compris à quel point la double cultivation était agréable. Comment une puissante bête démoniaque comme lui aurait-elle accepté de se priver ? Naturellement, il devait suivre ses envies et faire un bon festin.
Shen Jue finit enfin par s’échapper de la mer de connaissances, mais il se fit ramener de force par l’autre. Il devint si furieux qu’il aurait eu envie de mordre. Fu Jiuyin reçut ainsi des coups de pied et de mains. Pour une fois, cela ne l’embêta pas. Il plaça même une de ses queues dans les bras de l’autre homme.
« Ne te fâche pas, tu peux toucher la mienne aussi. »
Comme l’autre le regardait toujours fixement, il hésita un peu, puis baissa la tête pour rapprocher ses oreilles.
« Tu veux aussi toucher mes oreilles ? »
L’instant d’après, ses oreilles de renard blanches comme la neige faillirent se faire arracher.
Fu Jiuyin eut mal et lui qui chérissait toujours sa fourrure, il montra aussitôt les dents, dévoilant des crocs d’animal acérés. Mais dès qu’il vit les yeux humides de Shen Jue, les crocs se rétractèrent lentement.
Ses oreilles frémirent. Il se pencha en avant et toucha le coin des yeux de l’autre homme. Le bout de ses doigts glissa sur la peau délicate et il ouvrit la bouche pour dire quelque chose.
La personne devant lui disparut soudain de sa mer de connaissances. Un moment stupéfait, Fu Jiuyin se retira aussitôt. Avant qu’il ne puisse parler, Shen Jue recouvrit sa bouche.
« Jie Chen a toqué à la porte. »
Le visage de Shen Jue était encore un peu rouge et sa respiration était saccadée quand il parlait.
Dès qu’il eut fini, on entendit toquer légèrement à la porte, ainsi que la voix de Jie Chen :
« Yu Qing ? Yu Qing ? Tu dors ? »
Fu Jiuyin rétrécit ses yeux de renard et fit mine de sortir du lit. Il se fit retenir par Shen Jue. Ce dernier le saisit par le bras et dit à voix basse, presque dans un murmure :
« Qu’est-ce que tu fais ?
– Je vais le ramener dans sa chambre, » répondit aussitôt le renard.
Shen Jue en resta interloqué.
« Mais il va te voir quand tu sortiras d’ici. »
À ces mots, Fu Jiuyin haussa les sourcils et son regard se modifia un peu.
« Alors tu veux faire comment ? »
Shen Jue le regarda et se trouva stupide. Bien sûr qu’il avait tout intérêt à ce que Jie Chen voie Fu Jiuyin sortir de sa chambre. Il lâcha donc lentement le bras de l’autre.
« Va le renvoyer dans sa chambre. »
Mais bien qu’il eut dit ça, Fu Jiuyin ne bougea pas et se rallongea dans le lit.
« Je suis fatigué, pas envie d’y aller.
– Fatigué, toi ? Où ça ? » répliqua Shen Jue en se renfrognant.
Fu Jiuyin lui jeta un regard en coin au sens indéterminé.
« Tu t’imagines que la double cultivation dans la mer de connaissances n’a rien de fatiguant ? Tes cornes de dragon ont beaucoup poussé, n’ai-je pas travaillé dur pour ça ? »
Il n’y avait aucun problème dans son discours au premier abord mais après y avoir bien réfléchi, rien n’allait dans ce qu’il venait de dire.
Shen Jue fut si furieux qu’il jeta un regard noir à Fu Jiuyin. Mais ce renard vivait depuis bien des années, il avait une carapace contre la honte aussi épaisse que les murailles d’une cité. Il reprit sa forme originelle et tira même la couverture sur lui en se servant de ses griffes, recouvrant son ventre blanc.
« Je vais dormir, ne me dérange pas. »
Shen Jue : « … »
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
Pendant ce temps, Jie Chen ne semblait pas se lasser de toquer à la porte. Shen Jue n’eut pas d’autre choix que de sortir du lit. Quand il ouvrit la porte, Jie Chen avait encore la main levée.
« Yu Qing ! »
Il sourit dès qu’il vit Shen Jue ouvrir la porte.
« Tu ne dormais donc pas. Moi non plus. »
Debout dans l’encadrement de la porte, Shen Jue ne prêta pas attention à ce que l’autre disait. Il demanda directement :
« Il y a un problème ? »
Sa respiration était bien plus régulière que tout à l’heure.
Jie Chen ne parut pas percevoir son indifférence. Il tendit la main pour prendre la sienne.
« Je n’arrive pas à dormir, je veux dormir avec toi. Je n’aime pas dormir à l’extérieur, tu pourrais… »
Avant qu’il ne puisse terminer, Shen Jue avait déjà reculé d’un pas.
« Il se fait vraiment tard. Si tu n’arrives pas à dormir, tu n’as qu’à méditer, hein ? Ça t’aidera à guérir plus vite. Moi, je retourne me coucher. »
Il claqua la porte au nez du jeune homme.
Après un long moment, il entendit les bruits de pas de Jie Chen s’éloigner.
Shen Jue retourna à son lit et vit le renard à neuf queues en train de dormir, tranquillement allongé. Il réagit aussitôt. Étant donné qu’il n’était plus un écureuil, il n’avait plus à servir soigneusement l’autre. Shen Jue tira donc sur les queues de Fu Jiuyin et le tira hors du lit.
« Va dormir dans ta propre chambre. »
Fu Jiuyin se fit ainsi impitoyablement arracher hors du lit. Il prit aussitôt forme humaine. Fixant Shen Jue qui s’était déjà rallongé, ses yeux de renard se plissèrent d’un air menaçant.
« Petit dragon puant, tu es vraiment bien audacieux ! »
Shen Jue répondit en enfouissant sa tête sous la couverture.
Le visage de Fu Jiuyin s’assombrit. Malgré ça, il sortit de la chambre.
Dès qu’il sortit de la chambre, il aperçut une silhouette non loin. L’homme se tenait derrière un pilier en bois laqué rouge. Le lustre du couloir illuminait ses vêtements blancs et la moitié visible de son visage n’arborait aucune expression. Il se contentait de fixer Fu Jiuyin.
Le visage du renard changea peu à peu d’expression. À ce moment, une main se tendit soudain dans son dos.
« Tu as oublié ton éventail. »
Voyant que Fu Jiuyin ne répondait pas, Shen Jue lui fourra l’éventail dans la ceinture. Quand il se tourna, il jeta un coup d’œil au pilier en bois laqué rouge.
Fu Jiuyin n’était pas humain, il n’avait donc aucune notion de honte ou d’éthique. Au contraire, Jie Chen était humain alors il comprenait le sens de la propriété, la justice, l’intégrité et l’honneur, et il savait ce qu’était un couple pour la vie.
Pour le moment, Jie Chen ne semblait guère apprécier Fu Jiuyin mais il redeviendrait lui-même un jour ou l’autre. Bien que Shen Jue n’était pas sûr que Jie Chen se rappellerait de cette scène une fois lucide, mais cela ne l’empêchait pas d’espérer quand même. Comme ça, à chaque fois que Jie Chen verrait Fu Jiuyin, il se rappellerait du moment où le renard était sorti de la chambre de Shen Jue au beau milieu de la nuit.
Était-ce méprisable ?
En effet.
Mais c’était clairement Shen Jue qui avait connu Fu Jiuyin en premier.
Il avait tellement donné de sa personne, il avait même donné sa vie, tout ça pour qu’au final, Fu Jiuyin ne se sente même pas un peu triste.
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
Mais Jie Chen, lui, n’avait pas eu à donner quoi que ce soit. S’il voulait une arme magique, Fu Jiuyin trouvait le moyen de l’aider à s’en procurer une. Si quelqu’un voulait tuer Jie Chen, Fu Jiuyin le protégeait en tuant cette personne. Pour Jie Chen, même en sachant qu’un piège l’attendait plus loin, Fu Jiuyin n’avait pas hésité à sauter.
Dans le monde, certaines personnes n’avaient besoin de rien faire pour se faire aimer. Au contraire, d’autres faisaient des centaines, voire des milliers d’efforts sans pour autant obtenir le moindre regard.
L’amour n’avait pas besoin de raisons, tout comme il ne suffisait pas d’explications pour pouvoir atteindre le Dao.
Et il devait se montrer méprisable, car il allait briser ce monde coûte que coûte.
Le lendemain quand Shen Jue se réveilla, Fu Jiuyin était déjà sorti. Il lui avait laissé une note disant qu’il allait chercher un moyen de sortir et il lui demandait de veiller sur Jie Chen.
La porte de la chambre de Jie Chen était bien fermée. Shen Jue jeta plusieurs regards dans cette direction avant de sortir dans la cour pour cultiver. De cet endroit, il saurait immédiatement si Jie Chen sortait de sa chambre.
Cependant, le jeune homme ne se montra pas de toute la journée. Quand Fu Jiuyin revint, il tenait une grosse jarre.
Shen Jue la fixa avec curiosité :
« Qu’est-ce que c’est ?
– Du brouillard, j’en ai ramené un peu pour voir si je pouvais le dissiper avec un sort. »
Fu Jiuyin jeta la jarre dans la cour, puis son regard se posa sur la porte de Jie Chen.
« Il n’est pas sorti une seule fois ?
– Non, » répondit Shen Jue.
Fu Jiuyin continua de fixer la porte et ne détourna le regard qu’après un long moment.
Le lendemain pendant toute la journée, il étudia la brume dans la jarre. Jie Chen ne se montra pas non plus. Ce ne fut qu’à la tombée de la nuit que sa porte s’ouvrit enfin.
Le jeune homme portait cette fois une tunique noire. Il jeta d’abord un coup d’œil au renard qui se trouvait dans la cour, puis il s’approcha de la chambre de Shen Jue et toqua légèrement à la porte.
« Yu Qing. »
La porte s’ouvrit au bout d’un moment.
Shen Jue venait de finir de cultiver et ses cornes de dragons étaient à présent un peu plus longues que la nuit précédente. Au départ, elles n’étaient pas plus grandes que l’ongle d’un petit doigt et à présent, elles étaient aussi longues qu’une phalange.
Grâce à la double cultivation avec Fu Jiuyin, son niveau de cultivation avait en effet rapidement augmenté. Il avait ingéré tellement de puissantes Perles du Dragon avant sans parvenir à faire pousser ses cornes. Et là, il avait suffi de pratiquer la double cultivation deux fois pour que les cornes aient bien poussé.
« J’ai bien écouté ce que tu m’as dit hier et j’ai médité pendant toute une journée. Je sens que le pouvoir spirituel dans mon corps n’est plus aussi chaotique. »
Après avoir dit ça, Jie Chen redressa légèrement le menton comme s’il attendait que Shen Jue le félicite.
Ce dernier ne put s’empêcher de jeter un coup d’œil à Fu Jiuyin qui se trouvait dans la cour. Mais le renard ne semblait pas faire attention à eux et il leur tournait le dos.
À ce moment, Jie Chen pencha soudain la tête vers Shen Jue. Bien que ce dernier chercha à esquiver, l’autre homme parvint quand même à poser la main sur sa joue.
Shen Jue lui jeta un regard surpris, mais l’autre lui souriait. Toutefois, ce sourire était différent des précédents : il était étrange et compliqué.
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
Jie Chen continua de baisser la tête et sa voix était très douce :
« Pourquoi tu cherches à le regarder alors que tu es en train de parler avec moi ? Tu as peur qu’il découvre tout ? »
Shen Jue put s’empêcher de reculer d’un demi-pas et il baissa également la voix.
« Qu’est-ce que tu veux dire ?
– Que se passerait-il s’il savait que tu as pris une fois son apparence pour m’embrasser ? fit Jie Chen en avançant d’un pas. Que se passerait-il s’il savait que si je suis dans cet état, c’est parce que tu m’as fait avaler une pilule ? »
Le regard de Shen Jue devint glacial.
« Tu crois vraiment que dans ton état actuel, il va croire ce que tu dis ?
– Et si on essayait pour voir ? On verra bien s’il me croit ou pas. »
Jie Chen sourit de nouveau.
« Bien sûr, si tu veux que je tienne ma langue, c’est très facile, ah : je veux ce à quoi il a droit. »
La parole à l’auteur : 700 000 mots !!!
—
Petit théâtre : Que faites-vous pour la Saint Valentin ?
Shen Jue : Cultiver.
Renard : Manger de la chair fraîche.
Jie Chen : Regarder les autres manger de la chair fraîche.
—
Après un long moment.
Xue Wenchun (n’y tient plus) : Et moi, tu ne me poses pas la question ?
Auteur immoral (surpris) : Tu n’es pas mort ?
Xue Wenchun : …
Note de Karura : Shen Jue est vraiment très demandé ! Que serait cette histoire sans un bon gros triangle amoureux ?
Commentaires :