Chapitre 199
Une telle proposition était tout bonnement absurde.
Au moment où Shen Jue allait carrément refuser, Jie Chen posa un doigt sur ses lèvres.
« Ne refuse pas si vite, prends le temps de bien réfléchir. Je t’attendrai dans ma chambre ce soir. »
Sa voix était profonde et magnétique, comme la musique d’un instrument.
« Si tu viens, ce qui s’est passé entre nous avant et ce qui se passera ensuite restera un secret. »
Quand il eut fini de parler, il rit de nouveau puis retira lentement sa main. Il se tourna ensuite et se rendit dans sa chambre.
Shen Jue, qui était resté sur place, grinça des dents. Quand il vit que Fu Jiuyin regardait dans sa direction, il se figea, puis referma directement sa porte.
Durant la nuit.
Shen Jue était allongé sur le côté dans son lit, repensant encore à ce que Jie Chen avait dit.
Actuellement, Fu Jiuyin le traitait simplement comme un plaisir passager. Il n’avait cherché sa compagnie qu’après avoir goûté à la double cultivation.
Si Fu Jiuyin savait que c’était à cause de Shen Jue que Jie Chen était dans cet état, il était plus que probable qu’il le tuerait sur-le-champ.
Devait-il accepter… ?
Les yeux de Shen Jue étaient moroses et son expression encore plus.
Fu Jiuyin tomba sur cette scène en entrant.
Il cligna de ses yeux de renard et s’approcha lentement du lit. Cependant, avant qu’il n’arrive à son but, Shen Jue se redressa.
« Qu’est-ce que tu viens faire ici ? »
Le ton de Shen Jue ne laissait présager rien de bon.
Fu Jiuyin cligna de nouveau des yeux comme s’il ne percevait pas la froideur du visage de Shen Jue. Il s’assit au bord du lit.
« La nuit est longue, je me suis dit que tu ne devais pas encore dormir. Alors je viens te voir. »
Shen Jue l’examina de la tête aux pieds.
Ce type était encore plus apprêté que la dernière fois. La tunique de brocart dorée et ornée de nuages le faisait resplendir comme le Dieu de la Richesse, sauf que le Dieu de la Richesse ne serait jamais aussi tape-à-l’œil que ce vieux renard.
Ce vieux renard semblait aussi s’être parfumé à l’encens ce soir. Shen Jue put le sentir dès qu’il s’approcha.
Quand les animaux mâles faisaient la cour, ils aimaient tous revêtir leurs plus beaux atours. Même ce vieux renard qui avait vécu des milliers d’années ne pouvait pas réchapper à cette manie.
Il était déjà du genre à parader en temps normal mais quand il cherchait à faire l’amour, il en faisait encore plus. Même ses queues dépassaient de sous sa tunique, afin de bien faire voir à son partenaire désiré que ses neuf queues étaient bien épaisses, longues et puissantes On parle toujours des queues de renard. Enfin, je crois… 😅 (1).
Shen Jue fronça les sourcils, incapable d’endurer l’apparence de Fu Jiuyin. Bien que ce type soit devenu une bête démoniaque, il avait conservé une grande part d’animal. N’importe qui savait qu’il fallait offrir des cadeaux, avoir des rendez-vous, avouer ses sentiments, etc. quand on désirait sortir avec quelqu’un. Ils faisaient en sorte d’y aller petit à petit. Mais quand on en venait à Fu Jiuyin, ce type ne disait rien et allait directement au lit.
Une fois que le renard s’assit sur le lit, Shen Jue se retrouva coincé par lui sans s’en rendre compte. Une des queues du renard s’enroula autour de lui et il la saisit, un peu agacé. Mais à peine une queue attrapée qu’une autre prit sa place. Comme ce type avait neuf queues, il était impossible de toutes les attraper avec juste deux mains.
« Fu Jiuyin ! s’écria Shen Jue en fixant le vieux renard devant lui. Ce que tu veux, c’est… »
Avant même qu’il ne puisse finir sa phrase, Fu Jiuyin avait déjà hoché la tête d’un air naturel.
« Oui. »
Shen Jue se pinça automatiquement les lèvres.
« Jie Chen a repris connaissance, pourquoi tu ne vas pas le voir pour pratiquer la double cultivation ? »
Quand le renard entendit le nom de Jie Chen, il marqua une pause visible. Mais il reprit assez vite :
« Je t’ai déjà expliqué la raison, il ne pourrait pas le supporter. En plus…
– En plus, quoi ? »
Shen Jue trouvait que Fu Jiuyin était un peu bizarre en disant ça, comme s’il cachait quelque chose.
« Ce n’est rien. »
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
Fu Jiuyin tendit la main pour saisir une mèche des longs cheveux de Shen Jue.
« Je vais pratiquer la double cultivation avec toi et t’aider à faire pousser tes cornes. Cela ne peut te nuire en rien, alors pourquoi jouer autant les timides ? »
Shen Jue fronça les sourcils et récupéra sa mèche. Mais l’instant d’après, il se fit presser contre le lit par ce vieux renard.
Il y avait tellement de queues de renard que Shen Jue ne pouvait toucher que de la fourrure où qu’il mette ses mains.
Alors il tira simplement très fort sur une des queues. Comme prévu, Fu Jiuyin inspira brusquement l’instant d’après et ses yeux de renard le foudroyèrent avec indignation et fureur.
Mais un renard restait un renard et il avait plus d’un tour dans son sac pour séduire les gens. Il reprit même sa forme originelle sans la moindre gêne et se conduisit comme un bébé dans les bras de Shen Jue. Dans ce but, il avait fait exprès de réduire sa taille pour prendre l’apparence d’un petit renardeau.
Après avoir obtenu satisfaction, Fu Jiuyin redevint un bon gros vieux renard vautré dans le lit de Shen Jue, ses queues pendant par terre.
La mine sombre, Shen Jue l’éjecta d’un coup de pied.
« Va dans ton lit. »
Bien qu’éjecté, les pattes du renard restèrent agrippées au bord du lit.
« Pourquoi ?
– Tu as trop de poils, j’ai trop chaud. »
Les oreilles de renard frémirent, puis il rit doucement et quitta lentement la chambre.
Après son départ, Shen Jue se massa le front entre les sourcils d’un air las. Il s’était débarrassé de Fu Jiuyin, mais il y en avait encore un autre qui attendait qu’il s’occupe de lui.
S’il avait parlé de Jie Chen à Fu Jiuyin ce soir, c’était dans le but de le tester. Mais la réponse de Fu Jiuyin avait été des plus vagues, comme s’il n’avait pas très envie de parler de Jie Chen. Fu Jiuyin ne voulait pas proposer la double cultivation au jeune homme, était-ce parce qu’il avait pitié de lui ou bien y avait-il une autre raison ?
Bien que Shen Jue l’avait déjà fait trois fois avec le renard, il savait clairement que l’autre ne resterait intéressé par lui qu’un certain temps. C’était comme une nouveauté : la première fois, on était très intéressé mais ensuite, on finissait par se lasser complètement.
Peut-être que Fu Jiuyin ne voudrait plus de lui une fois qu’ils auraient quitté cet endroit.
Shen Jue parvint à remettre de l’ordre dans ses pensées avant de se lever du lit et de quitter sa chambre. C’était silencieux du côté de Fu Jiuyin, comme s’il était vraiment allé se coucher. Shen Jue jeta un coup d’œil à la porte avant de se diriger lentement vers la chambre de Jie Chen.
Il ne toqua pas mais poussa la porte pour voir.
Elle n’était pas fermée à clef.
La main de Shen Jue se crispa légèrement sur la porte avant de la pousser. Il avait déjà été si loin, comment pourrait-il reculer maintenant ?
C’était une question de vie ou de mort.
Une fois à l’intérieur, il vit Jie Chen.
Le jeune homme était assis dans un grand fauteuil et une bougie était allumée sur le petit bureau à côté de lui, illuminant légèrement son visage au teint clair. Son menton reposant sur une main, il approchait de la flamme le bout des doigts de son autre main. Dès qu’il allait se faire brûler, il retirait rapidement sa main. Il semblait y prendre beaucoup de plaisir, comme si c’était un jeu très amusant.
Shen Jue referma la porte du revers de la main. Il avança de quelques pas, puis s’arrêta.
« Jie Chen. »
L’autre homme tourna la tête vers lui au son de sa voix.
Un léger sourire apparut sur ce splendide visage au teint clair.
« Tes cornes de dragon ont encore poussé. »
Les deux personnes présentes comprirent très bien ce que voulaient dire ces mots.
Shen Jue le fixa d’un air glacial.
« Je suis venu te dire que je ne te donnerai pas ce que tu réclames. Si tu veux aller tout dire à Fu Jiuyin, vas-y. Je me demande bien comment il va réagir quand il apprendra tout ça. »
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
Le sourire sur les lèvres de Jie Chen s’élargit soudain.
« Pourquoi ? Tu es amoureux de ce renard ? Mais je ne crois pas qu’il t’aime, lui. Tu peux l’attirer avec ton corps pendant un moment, mais tu ne pourras pas le garder pour toujours. Fu Jiuyin est encore plus sans cœur que tu ne peux l’imaginer. La seule personne qu’il aime, c’est lui-même.
– Je sais, tu n’as pas besoin de me dire tout ça. Je suis avec lui pour mes propres raisons et cela ne regarde personne d’autre. »
Dès qu’il eut fini de parler, Jie Chen se leva. Il s’avança vers lui pas à pas avec un mystérieux air morose dans les yeux.
« Il n’est même pas amoureux de toi, pourtant tu veux rejeter les autres pour lui ? Crois-le ou pas, mais je peux faire en sorte qu’il ne te demande plus jamais de pratiquer la double cultivation dès demain. »
Jie Chen s’arrêta devant Shen Jue, puis tendit la main pour toucher son visage. Mais avant ça, il reçut un sort de paralysie.
Shen Jue avait un air polaire.
« Alors essaie un peu pour voir. »
Jie Chen partit d’un léger rire.
« Très bien, ah, je vais essayer. »
Shen Jue ne voulut pas rester plus longtemps ici et se tourna pour partir. Ce fut alors qu’il entendit Jie Chen le héler :
« Tu vas le regretter. »
Allait-il le regretter ?
Peut-être bien, mais comment savoir comment cela allait se finir tant qu’on n’avait pas essayé ?
S’il avait accepté ce que voulait Jie Chen et que Fu Jiuyin les surprenne ensuite, comment aurait-il pu expliquer ça ? Il avait bien demandé à Fu Jiuyin de ne plus toucher les autres mais lui, il se permettait de coucher avec un autre, ne serait-ce pas vraiment honteux ?
Il ne pouvait pas faire ce genre de choses et plus important encore, il ne voulait pas faire ça.
Le lendemain matin, quand Shen Jue se réveilla, il entendit parler à l’extérieur. Il écouta attentivement et reconnut les voix de Fu Jiuyin et Jie Chen.
Ils semblaient discuter pour savoir comment sortir de la vallée.
Shen Jue cligna des yeux avec lassitude et se tourna dans le lit. Il n’avait vraiment pas envie de se lever aujourd’hui.
Cette nuit, il avait parlé avec assurance et fait un pari avec Jie Chen mais au fond de son cœur, il savait qu’il n’avait aucune chance de gagner.
Il ne quitta pas sa chambre de toute la journée et personne ne vint toquer à sa porte. On aurait dit qu’il était vraiment oublié.
Et comme l’avait dit Jie Chen, Fu Jiuyin ne vint pas l’importuner de toute la journée et de toute la nuit.
Le jour suivant, Shen Jue se leva très tôt. Quand il sortit, il vit que les portes des chambres de Fu Jiuyin et Jie Chen étaient fermées. Après un regard, il sortit hors des limites de la barrière du pavillon doré.
Il trouva un lac dans la Vallée du Brouillard Empoisonné. Les eaux étaient si pures qu’il pouvait presque voir le fond. Shen Jue était à présent un dragon, donc il cultivait plus rapidement dans l’eau. Il se changea en dragon et plongea dans le lac.
Il nagea d’abord plusieurs fois autour du lac avant de se lancer dans la cultivation.
Quand il méditait, il ignorait totalement ce qui pouvait se passer autour de lui. Mais dès il rouvrit les yeux, il sentit une présence.
Shen Jue sortit de l’eau et aperçut un jeune homme vêtu de noir qui se tenait au bord du lac.
Quand ce dernier aperçut Shen Jue, il eut un sourire en coin. Il s’approcha d’une pierre sur la rive et s’assit dessus.
« Tu veux continuer notre pari ? fit-il avec un léger sourire dans la voix. Tu ne peux pas gagner contre moi, Fu Jiuyin m’écoute énormément. »
Shen Jue se tourna et nagea sur l’autre rive. La voix de Jie Chen s’éleva derrière lui :
« Et si tu t’avouais vaincu ? Tu ne pourras pas gagner. »
Shen Jue l’ignora et remonta lentement sur la rive. Il fit exprès de ne pas se cacher de Jie Chen et se rhabilla lentement sous les yeux de l’autre.
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La tunique que lui avait offerte Jiang Yunji était en fait un outil magique, comme il s’en était rendu compte par la suite. Quand il se transformait en dragon, cette tunique se rangeait automatiquement dans son anneau de stockage, elle avait donc une certaine spiritualité. Elle ne s’était même pas déchirée quand il était tombé de la falaise.
Une fois habillé, Shen Jue utilisa un sort pour sécher ses cheveux, puis sortit un morceau de tissu au hasard pour les attacher.
Après avoir bien fait tout ça, il se tourna vers Jie Chen qui se trouvait de l’autre côté du lac.
Le jeune homme regardait de son côté sans détourner les yeux.
« Tu en as vu assez ? » demanda Shen Jue d’un ton indifférent.
Les yeux du jeune homme s’assombrirent.
« Et si je te dis que non ? »
Shen Jue sourit soudain. Il n’était pas du genre à sourire, il gardait plutôt un visage froid et indifférent en permanence. À présent qu’il souriait soudain, c’était comme une fleur qui perçait à travers la glace ou bien un prunier rouge qui poussait au milieu de la neige. Au milieu de la glace et de la neige, cette unique touche de rouge apportait de la splendeur, de la beauté et de la grâce à ce monde.
« Il n’y a rien à faire. Ceci est uniquement réservé aux yeux de Fu Jiuyin. Il peut regarder autant qu’il le veut, mais pas toi. »
Après ça, il se tourna et partit. Jie Chen resta sur place et frappa du poing la pierre sur laquelle il s’était assis. On put voir des fissures apparaître tout en bas, puis le rocher finit par être réduit en poussière.
Jie Chen s’était éloigné d’un zhang avant que la pierre ne se désintègre, ses yeux toujours fixés dans la direction où Shen Jue était parti.
Quand Shen Jue retourna au pavillon doré, il tomba sur Fu Jiuyin. Le renard était encore en train d’étudier la brume dans la grosse jarre. Dès qu’il vit Shen Jue revenir, il haussa les sourcils.
« Tu étais où ?
– Je cultivais, répondit-il d’un ton neutre en dépassant le renard pour retourner dans le pavillon.
– Jie Chen est parti te chercher, tu l’as vu ? » demanda Fu Jiuyin dans son dos.
Shen Jue s’arrêta, puis tourna la tête pour le regarder.
Le vieux renard avait enfin arrêté de s’habiller de manière tape-à-l’œil aujourd’hui. Il portait une tunique bleu foncé, ses longs cheveux étaient soigneusement retenus par un guan en jade. Il avait l’air beaucoup plus sérieux que d’habitude.
« Je l’ai vu, mais je suis rentré avant lui, fit calmement Shen Jue. Autre chose ? »
Fu Jiuyin plissa le front, comme s’il sentait que l’attitude de Shen Jue était un peu étrange. Cependant, Shen Jue était déjà à court de patience.
Il se tourna et rentra directement dans sa chambre.
Peu de temps après, il entendit Jie Chen revenir.
Fu Jiuyin et Jie Chen se mirent à discuter dehors, tandis que Shen Jue était assis à l’intérieur, contemplant la boîte en métal doré sur la table. Il essaya de l’ouvrir mais n’y parvint pas. Pourtant, son niveau de cultivation avait augmenté.
Quand il songea à la cultivation, il ne put s’empêcher de toucher ses cornes de dragon.
Elles n’avaient plus poussé depuis.
Note de Karura : Jie Chen (ou plutôt son Être) boit du vinaigre. Quant à Shen Jue, il ne pourra pas réchapper à la double cultivation ! 😋
Notes du chapitre :
(1) On parle toujours des queues de renard. Enfin, je crois… 😅
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