Chapitre 241
La chanson “Qui a tué le rouge gorge ?” était une comptine pour enfants très connue et un peu sinistre. Shang Jiayu n’avait fait que fredonner l’air durant tout ce temps, alors les trois autres personnes dans la voiture n’avaient pas pu entendre les paroles. Après que le jeune Oméga ait donné le titre de la comptine, un silence s’abattit dans la voiture. Finalement, l’assistant le brisa avec un léger rire jaune :
« Je suis surpris que le jeune maître Shang chante des chansons pour enfants. Je suis si vieux à présent que j’ai complètement oublié les comptines de mon enfance. Je ne peux à présent que fredonner quelques chansons populaires. »
Quand Shang Jiayu entendit ça, un air étrange apparut sur son visage jeune et beau. Il semblait fâché, pourtant il fit exprès sur le ton de la plaisanterie :
« Pourquoi tu m’appelles sans cesse ‘jeune maître Shang’ ? Se pourrait-il qu’il y ait un grand maître Shang ? »
L’assistant se justifia aussitôt :
« Non, c’est juste que je vous trouve très jeune, voilà pourquoi je vous appelle comme ça. Si ça ne vous plaît pas, je peux changer de nom… Que dites-vous de ‘M. Shang’ ? »
Mais Shang Jiayu ne répondit pas et se contenta de fixer l’autre homme.
Shen Jue leva la tête et s’adressa à l’assistant, brisant cette sorte de bras-de-fer visuel dans la voiture :
« Inutile de t’en faire pour lui. Quand tu seras retourné dans la compagnie, apporte tous les nouveaux échantillons de la saison dans mon bureau. »
Shang Jiayu se tourna vers lui et renifla d’un ton un peu malheureux :
« Mon grand frère aide toujours les autres, jamais moi. »
Shen Jue l’ignora et Shang Jiayu parut trouver ça ennuyeux. Peu après, fatigué après ce vol de plusieurs heures, il s’endormit contre Shen Jue.
Quand la voiture s’arrêta, Shen Jue le poussa, ce qui le réveilla.
« On est à la maison ? demanda le jeune Oméga en ouvrant des yeux confus.
– Non, on est arrivé à la compagnie. Je vais demander à Xiao Zhang de te ramener. »
Voyant que l’autre s’était réveillé, Shen Jue retira son bras. Avec Shang Jiayu qui s’était servi de lui comme d’un oreiller, son bras était un peu engourdi.
Le jeune Oméga releva la tête en se frottant les yeux. Depuis qu’il avait vu Shen Jue au travail, il n’avait plus la moindre envie de rester avec lui au bureau, alors il hocha docilement la tête. Mais quand Shen Jue voulut ouvrir la portière pour sortir, il lui saisit subitement le bras.
« Grand frère, tu dois rentrer tôt. Je t’attendrai à la maison. »
Shen Jue lui jeta un regard et sans trop d’effort, il se libéra de la prise de l’autre et sortit de la voiture sans dire un mot.
Le regard de Shang Jiayu suivit Shen Jue. Il ne détourna les yeux que lorsque l’autre eut franchi les portes du bâtiment et ne soit plus en vue.
Le chauffeur était employé uniquement par la société de Shen Jue et était en général responsable pour aller chercher Shen Jue et Chu He. Il jeta un regard à Shang Jiayu dans le rétroviseur et fit en souriant :
« M. Shang, allons-y ?
– Bien. »
Après que Shang Jiayu ait dit ça d’un ton déprimé, il sortit son portable et passa un appel. Quand l’autre décrocha, il changea aussitôt d’expression et sa voix passa d’indifférente à charmante :
« Frère Zhan. »
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
Pendant que Shen Jue était affairé au bureau, il reçut soudain un texto sur son portable. Il prit le téléphone pour regarder et découvrit que cela venait de Si Yu.
L’autre homme avait posté un selfie de lui en train de se maquiller. Il demandait si Shen Jue le trouvait joli.
Shen Jue l’examina soigneusement un moment, puis répondit en deux mots —
[Pas joli.]
Si Yu répondit rapidement :
[Ouah, du Bêta pur et dur.]
Qu’est-ce que cela voulait dire ?
Shen Jue ne pouvait pas comprendre le sens de ce message. Il y réfléchit un moment puis quand il vit son assistant lui apporter du café, il ne put s’empêcher de lui demander :
« Dis voir, ça veut dire quoi ‘du Bêta pur et dur’ ? »
L’assistant réfléchit un moment avant de répondre :
« C’est sûrement parce que cette personne n’a pas trop de tact et se montre très directe dans sa manière de parler et de faire, alors elle est sans pitié. »
Shen Jue se tut à ces mots. L’assistant regarda la tête qu’il faisait et demanda avec circonspection :
« Monsieur le directeur, j’ai… j’ai dit quelque chose de mal ?
– Non, répondit Shen Jue en baissant la tête et en reprenant son travail. Tu peux partir. »
Une fois l’autre homme parti, Shen Jue reprit son portable. Il cliqua de nouveau sur la photo de Si Yu et l’examina à nouveau longuement. Ce n’était pas joli. Le maquillage de scène était à moitié appliqué et on aurait dit un fantôme. Il n’avait fait que dire la vérité, en quoi avait-il mal fait ?
Il réfléchit un moment, puis prit un selfie.
L’angle de la prise était un peu particulier : le visage était complètement tourné et à contre-jour. On ne pouvait pas dire que c’était très réussi, ce serait déjà bien si ça rapportait un ou deux yuan aux enchères.
Shen Jue envoya la photo à Si Yu et lui posa la même question que lui. Comme toujours, Si Yu répondit très rapidement au texto.
[Mon M. Chocolat est aussi beau que d’habitude, ah.]
C’était à vomir.
Shen Jue lâcha le portable et perdit tout intérêt à discuter avec Si Yu. Heureusement, l’autre homme n’allait pas tarder à monter sur scène, alors il ne lui envoya pas d’autres messages.
Shen Jue fut occupé jusqu’à vingt heures ce soir et quand il sortit du travail, il s’aperçut que Shang Jiayu lui avait envoyé un message à dix-huit heures.
[Grand frère, je sors faire la fête avec mes amis. Je risque de rentrer tard ce soir. N’oublie pas de bien manger, grand frère.]
Ces deux frères, Shang Yanyu et Shang Jiayu, se ressemblaient non seulement mais en plus, ils envoyaient le même genre de texto qui donnait la chair-de-poule.
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
Shen Jue prit un taxi pour rentrer et comme il n’avait pas très faim, il sauta le dîner. Après une autre heure de travail, il prit une douche et voulut aller se coucher. Ce fut à ce moment que son portable sonna.
C’était un numéro inconnu.
Shen Jue fixa le numéro un moment avant de répondre :
« Allô ?
– C’est moi, Yao Zhan. »
Comme s’il avait très peur que Shen Jue raccroche, il ajouta aussitôt :
« Ne me raccroche pas au nez, j’ai quelque chose de très important à te dire ! »
Shen Jue répondit par un vague En.
Yao Zhan parut soulagé que l’autre homme n’ait pas mis fin à l’appel sur-le-champ.
« Xiao Yu est sorti avec moi et il… il a bu beaucoup d’alcool. Tu veux bien venir le récupérer ?
– S’il est avec toi, tu n’as qu’à t’occuper de lui, répliqua Shen Jue. Autre chose ?
– Arrête, insista Yao Zhan, je trouve qu’il n’a vraiment pas l’air dans son assiette. Il vous est arrivé quelque chose à tous les deux ? »
Yao Zhan reprit après une pause :
« Xiao Jue, je me fais en fait constamment du souci pour toi. Tu n’es pas comme Xiao Yu, tu caches tout dans ton cœur et tu ne dis jamais quand tu es heureux ou malheureux. C’est facile pour toi de t’attirer des ennuis. Je… J’ai envie de te voir, tu peux venir ? Viens récupérer Xiao Yu et parlons un peu.
– Pas la peine. »
Sur ce, Shen Jue raccrocha.
Après ça, il se massa l’espace entre les sourcils, l’air fatigué. Shang Jiayu était donc allé voir Yao Zhan, est-ce qu’il s’intéressait de nouveau à l’autre homme ?
En fait, quand le jeune Oméga avait appelé Yao Zhan devant lui l’autre fois, Shen Jue savait bien qu’ils n’allaient pas rompre comme ça. Yao Zhan était quelqu’un de très affectueux, à tel point que même après une rupture, il pouvait rester ami avec ses ex et même sortir ensemble de temps à autres.
Dans les vies précédentes, Shen Jue s’était souvent disputé avec lui sur ce sujet. Yao Zhan avait beau s’excuser à chaque fois, il ne pouvait pas changer sa façon d’être. Par la suite, même quand Yao Zhan était avec Shang Jiayu, il avait aussi appelé Shen Jue mais il avait vite arrêté. Si on comptait le temps écoulé, Yao Zhan se trouvait alors sûrement en couple avec Si Yu, alias Shang Yanyu. Une fois avec lui, il avait totalement arrêté de contacter son ex-fiancé.
L’affection pouvait aussi être impitoyable. Ce n’était qu’une fois qu’un homme affectueux donnait tout son amour à une seule personne qu’il cessait de se montrer affectueux.
Si Shang Jiayu et Yao Zhan se mettaient ensemble, comment allait réagir Si Yu ? Allait-il changer aussitôt de cible ?
Shen Jue ressentit une légère migraine à cette idée. Il ne put s’empêcher de prendre sa tête entre ses mains, ses sourcils se fronçant presque en boule. Ces derniers jours, il avait fait des heures supplémentaires, bien trop. Même s’il avait pris un ou deux jours de congé occasionnellement, c’était parce qu’il n’était pas en état physique de se rendre dans la compagnie. Par contre, il avait continué à travailler de chez lui.
En plus d’une charge de travail aussi intense, il songeait à comment briser ce monde. Il s’était senti si nerveux que sa tête avait commencé à lui faire mal.
Shen Jue se mordit les lèvres, comme pour détourner son attention de la douleur dans son crâne. À ce moment, son portable sonna de nouveau.
Cette fois, ce n’était pas un numéro inconnu : c’était Si Yu qui l’appelait.
Shen Jue poussa un long soupir avant de décrocher de ses mains tremblantes. Il n’eut même pas le temps de parler que Si Yu fit en premier :
« Salut, je viens juste de sortir du théâtre. Tu n’es pas encore au lit ?
– Non. »
Shen Jue baissa la tête, les sourcils encore bien froncés.
En se basant sur le ton de sa voix, Si Yu semblait de bonne humeur.
« Va te coucher maintenant. J’ai peur que tu travailles encore une fois tard et que tu ne te couches pas avant longtemps. Tu arriveras à dormir aujourd’hui ? Sinon, je peux te raconter une autre histoire, hein ? »
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Si Yu monta apparemment dans un taxi. Shen Jue put vaguement l’entendre donner son adresse.
« Quelle histoire tu veux me raconter ? » demanda Shen Jue.
Si Yu réfléchit un moment avant de répondre :
« Un conte de fées ? Une histoire d’amour ? Qu’est-ce que tu aimerais entendre ?
– Raconte-moi une histoire d’amour, la tienne, » répondit calmement Shen Jue.
Si Yu se contenta de rire un peu. Il émit un long mmm, puis fit :
« Je ne peux pas te la raconter tout de suite. Je prendrai le temps quand je serai chez moi. Je devrais y être dans une demi-heure. Si tu ne dors pas encore d’ici-là, envoie-moi un texto et je t’appellerai pour te raconter cette histoire. »
Shen Jue répondit par un En, puis fit :
« Alors je te laisse.
–Attends, fit Si Yu d’un ton très doux. Tu as aimé le porridge aux haricots rouges ? »
Quand Shen Jue entendit la question, il hésita un moment avant de répondre :
« C’était délicieux. »
Le rire de l’autre lui parvint à l’autre bout du fil.
« Tant mieux. La prochaine fois que tu viendras, je te ferai d’autres délicieux petits plats. Je suis très doué pour cuisiner, tu sais ? Bonne nuit, M. Chocolat. »
Malgré ce bonne nuit, Si Yu ne raccrocha pas. Shen Jue attendit un moment, puis quand il vit que l’autre ne disait rien et ne raccrochait pas, il se chargea de mettre fin à l’appel.
Après ça, il s’allongea et éteignit la lampe de chevet.
Qu’est-ce que Si Yu pensait de lui ? Shen Jue était un peu confus au sujet de cet homme. Si Yu semblait être le maître du monde le plus accessible qu’il ait jamais rencontré. Même lors de leur conversation à l’instant, le ton de Si Yu était aussi intime que s’ils étaient en couple. Mais plus ils devenaient proches, plus cela voulait dire que Si Yu dissimulait profondément ses sentiments.
Si Yu et lui avaient probablement leurs propres fantômes, aucun ne pouvait blâmer l’autre. Cela dit, Shang Jiayu était allé voir Yao Zhan…
Shen Jue réfléchit un moment, puis il se redressa et ralluma la lampe de chevet. Il composa le numéro de Yao Zhan.
Ce dernier décrocha tout de suite :
« Xiao Jue, qu’y a-t’il ? »
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Shen Jue serra le portable dans sa main.
« Yao Zhan, où est-ce que vous êtes en ce moment, Shang Jiayu et toi ? »
L’autre homme donna le nom d’un club, puis fit :
« Xiao Jue, tu veux venir ? Laisse-moi venir te chercher en voiture.
– Pas la peine, je peux conduire. »
Shen Jue se tourna pour se lever du lit. Il sortit de la chambre en enfilant ses chaussons.
« Où est Shang Jiayu ? Il est déjà ivre ? »
Tout à coup, une autre personne parla au téléphone.
C’était Shang Jiayu.
Il semblait ivre et parlait de manière en traînant sur les mots :
« Grand frère… frère, tu viens me chercher ? Je suis… »
Un hoquet interrompit la phrase.
« Grand frère, viens vite. Je t’attends, tu dois venir… »
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