Chapitre 240
Shen Jue dormit jusqu’à seize heures. Il se sentait encore mal quand il ouvrit les yeux. Il contempla le plafond tout blanc pendant un moment, les yeux dans le vague, puis se mit lentement assis. Dès qu’il se redressa, il ne put retenir un léger cri et son visage pâlit un peu.
Il dut attendre un moment avant d’avoir la force de prendre son portable sur la table de nuit. Quand il le déverrouilla, il songea tout à coup à quelque chose qu’il aurait mieux fait d’oublier.
La nuit dernière, Si Yu lui avait donné son numéro, mais de manière très honteuse.
Chaque numéro avait été donné par des coups de sexe.
L’autre homme avait également ri et lui avait demandé s’il se rappelait bien du numéro. Si jamais Shen Jue se trompait en le récitant, Si Yu recommençait simplement. À force, le numéro de téléphone de l’autre lui revint à l’esprit en même temps que sa honte.
En regardant l’heure, Shen Jue fit une vilaine tête. Il grinça des dents et enregistra le numéro de portable de Si Yu. Il envoya ensuite un message à son assistant dans la succursale.
Dans son état actuel, il n’allait certainement pas pouvoir aller travailler le lendemain, alors il n’avait pas d’autre choix que de demander congé. En plus, il devait retourner en Chine le surlendemain.
Après avoir envoyé le message, il se leva avec du mal et ressentit la douleur dès le premier pas. Quand il arriva à la porte de la chambre, de la sueur coulait sur son front. Une fois qu’il eut ouvert la porte, il entendit la télévision dans le salon.
Il jeta un regard : la télévision était allumée, mais personne ne la regardait.
Après que Shen Jue ait pris sa douche, il se rendit compte que Shang Jiayu ne se trouvait pas dans la chambre d’hôtel. Il se moquait bien de savoir où était passé l’autre, alors il se prépara une casserole de porridge pour lui-même.
Il s’était réveillé très tard alors même à vingt-deux heures, il n’avait pas sommeil. Shang Jiayu n’était toujours pas revenu. Shen Jue était assis devant la baie vitrée sur le balcon, en plein travail, quand il entendit soudain toquer à la porte.
Shang Jiayu avait sa propre carte de chambre, alors il n’aurait pas eu besoin de toquer.
Shen Jue alla ouvrit et comme il s’y attendait, Si Yu se tenait dans le couloir. Il portait aujourd’hui une chemise d’un blanc immaculé. Quand il vit Shen Jue, un sourire apparut sur son splendide visage. Les autres fois où Shen Jue l’avait vu, Si Yu portait soit un costume, ou bien une tenue noire. C’était rare de le voir en blanc et il fallait reconnaître qu’un Si Yu vêtu de blanc semblait plus gentil et proche.
« Je t’ai acheté quelque chose à manger, fit l’homme en entrant. Tu as déjà dîné ? »
Shen Jue se décala sur le côté et détourna le visage.
« J’ai déjà mangé. »
Si Yu referma la porte et lui jeta un coup d’œil. Il s’approcha pour lui prendre la main.
« Je vais me laver les mains et appliquer de l’onguent, okay ? »
Ces paroles firent grimacer Shen Jue, mais il prit sur lui : il ne retira pas sa main et hocha légèrement la tête.
Après avoir appliqué la crème, Si Yu alla de nouveau se laver les mains. Quand il revint, il vit que Shen Jue s’était déjà mis en pyjama et était assis au bord du lit. Les tentures de la chambre n’étaient pas tirées et l’homme regardait le paysage nocturne dehors.
« Il se fait un peu tard, et si tu te couchais ? » proposa Si Yu en entrant.
Il se plaça devant Shen Jue et s’agenouilla. Il prit gentiment les mains de l’autre homme sur ses genoux et fit doucement :
« Je partirai quand tu te seras endormi. »
Il fallait reconnaître que Si Yu était un amant extrêmement tendre dans une certaine mesure. Cela dit, c’était à cause de lui que Shen Jue était si inconfortable en ce moment et devait serrer les dents pour se lever.
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
Shen Jue baissa les yeux vers lui et les splendides yeux de Si Yu se posèrent tendrement sur lui, comme s’il était quelqu’un que Si Yu aimait profondément. Mais dans les faits, cela ne faisait que quelques jours qu’ils se connaissaient et ils venaient juste de coucher ensemble pour la première fois.
Le développement de leur relation ressemblait plus à du fast-food. Cette affection et cette tendresse, c’était juste dû au sentiment de nouveauté et encore, on ne pouvait pas dire que Si Yu et lui étaient dans leur période ‘jeunes mariés’.
Shen Jue n’était pas sincère et il était plus que probable que Si Yu non plus.
Dans les vies précédentes, Si Yu avait pu voler Yao Zhan à son demi-frère après avoir repris son identité, alors Shen Jue devait jouer le rôle de Yao Zhan en ce moment. C’était juste parce qu’il se trouvait aux côtés de Shang Jiayu que Si Yu avait pris l’initiative de se rapprocher de lui. Si cela avait été quelqu’un d’autre, Si Yu aurait certainement agi pareil.
C’était ridicule à dire, mais deux personnes sans la moindre sincérité venaient de partager l’acte le plus intime au monde.
« Où est-ce que tu vas ? » demanda Shen Jue.
Si Yu répondit rapidement :
« Ce n’est rien, je vais juste rentrer. J’ai congé demain.
– Alors reste cette nuit. »
Dès qu’il eut prononcé ces paroles, Shen Jue vit Si Yu se pincer les lèvres en un sourire, alors il ne put s’empêcher d’ajouter :
« Mais on ne fera rien ce soir.
– Je ne peux vraiment rien faire ? Que ce soit boire de l’eau ? Ou respirer ? » demanda Si Yu d’un ton taquin avec des yeux rieurs.
Les sourcils de Shen Jue tressautèrent, un peu agacé. Il prit l’oreiller à côté de lui et s’en servit pour taper Si Yu directement au visage.
« Tu ne feras rien, je vais me coucher. »
Il n’attendit pas la réaction de l’autre et s’allongea directement. Après un moment, les lumières de la chambre s’éteignirent et il entendit le bruissement des draps à côté de lui. Si Yu s’allongea à son tour.
« J’ai déjà pris ma douche avant de venir ici, fit l’autre homme d’une voix très douce. Endors-toi. »
Après avoir vécu dans tant de mondes différents, cela faisait longtemps que Shen Jue avait l’habitude d’avoir des gens autour de lui mais ce soir, pour une raison étrange, il ne trouvait pas le sommeil. Il était pourtant extrêmement fatigué.
Si Yu parut remarquer ça et il s’approcha.
« Qu’y a-t’il ? Tu n’arrives pas à dormir ? »
Shen Jue ouvrit les yeux et regarda la tenture devant lui. Il marmonna un En.
« Alors laisse-moi te raconter une histoire pour t’endormir. »
Si Yu parut soudain très intéressé et il déposa un baiser sur l’oreille de Shen Jue.
En entendant ça, ce dernier se retourna. La chambre était plongée dans la pénombre, mais les yeux de Si Yu étaient étonnamment brillants. Quand il vous regardait, il donnait toujours l’impression que vous étiez l’homme de sa vie.
« Quelle histoire ? » demanda Shen Jue.
Si Yu tendit les mains pour ramener en arrière les cheveux sur le front de l’autre.
« Qu’est-ce que tu as envie d’entendre ?
– Tout m’ira, mais je veux que ce soit une histoire vraie à toi. »
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
Quand Si Yu entendit ça, il garda le silence un moment avant de faire :
« Alors je n’ai vraiment aucune histoire à te raconter. Toutes les histoires que je connais viennent soit de livres ou bien d’autres personnes.
Shen Jue se pinça les lèvres.
« Alors je ne veux pas écouter, je vais dormir. »
Il se retourna de nouveau.
Si Yu eut un léger rire et posa une main sur son épaule.
« Pourquoi tu te fâches ? Okay, je vais te raconter une histoire vraie à moi. »
Si Yu lui conta alors l’histoire de jumelles Oméga. Les deux sœurs se ressemblaient comme deux gouttes d’eau. De la maternelle à l’université, elles avaient toujours été dans la même classe et même à la même table. Puis elles firent la connaissance d’un senior Alpha à l’université. Ce jeune homme avait d’excellentes origines, il était beau et très attirant. Peu de temps après, l’aînée des deux sœurs tomba amoureuse de cet homme et une fois ses études terminées, elle l’épousa.
Les contes de fées s’arrêtaient toujours au moment où le prince et la princesse se mariaient. Effectivement, une fois qu’ils étaient ensemble, la vie n’avait plus rien d’un conte de fées.
L’Alpha trompa son épouse alors qu’elle était enceinte et celle avec qui il coucha n’était autre que la petite sœur. Quand la grande sœur apprit ça, elle fut si furieuse qu’elle fit une fausse couche. Une fois sortie de l’hôpital, elle était dans un état de dépression et ne pouvait plus communiquer avec qui que ce soit. Elle ne faisait que rester assise dans le jardin à longueur de journée et contempler les fleurs soigneusement entretenues. Cela avait duré six ans.
Six années plus tard, elle était morte.
Elle n’avait plus dit un mot à son époux jusqu’à sa mort, mais elle adressa ses dernières paroles à son fils sur son lit d’hôpital :
« Ne deviens pas comme ta maman, tu sais ? »
…
Si Yu serra Shen Jue dans ses bras et fit doucement :
« J’ai fini mon histoire, tu devrais dormir à présent. »
Shen Jue répondit par un En. Cette histoire semblait être celle de la mère de Si Yu. Il avait toujours trouvé ça étrange que Si Yu ressemble autant à Shang Jiayu, mais si leurs mères avaient été jumelles, cela s’expliquait.
Mais pourquoi Shang Jiayu avait-il si peur de son demi-frère ? Il était tellement apeuré qu’il s’était mis à trembler et à se couvrir de sueurs froides à peine avait-il vu sa photo.
Shen Jue repensa soudain à la mère de Shang Jiayu : cette femme avait épousé son père alors que cela ne faisait que sept jours qu’ils se connaissaient. N’était-ce pas un peu trop rapide ?
Tout cela restait un mystère. Shen Jue, en tant que simple visiteur dans ce monde, ne pouvait pas le savoir pour le moment et sa relation avec Si Yu n’était pas très proche pour le moment. S’il demandait ça brusquement, il pourrait agacer l’autre homme.
Après tout, il y avait certains sujets qu’on ne pouvait pas aborder à la légère. Ils formaient comme une plaie sur son cœur et dès qu’on en reparlait, c’était comme rouvrir cette plaie.
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Quand Shen Jue se réveilla le lendemain, Si Yu était déjà parti. Il avait laissé un message et un verre d’eau sur la table de nuit. Le message disait —
Désolé, le théâtre est temporairement coincé alors je dois y aller. Bois un verre d’eau dès ton réveil. J’ai préparé du porridge aux haricots rouges dans la cuisine. Si c’est à ton goût, manges-en. Au fait, j’ai mis la crème dans l’armoire à pharmacie. Si tu as encore mal, ne joue pas les timides et applique-la.
Après un jour de repos et le fait de se soigner plusieurs fois avec la crème, Shen Jue allait beaucoup mieux. Cette fois, dès qu’il quitta la chambre, il vit Shang Jiayu. Le jeune Oméga était assis sur le canapé du salon et il tourna la tête vers lui en l’entendant.
« Grand frère, tu es réveillé, ah. »
Shang Jiayu se leva et s’approcha de lui en quelques pas. Comme d’habitude quand il le voyait, il se colla contre lui et passa automatiquement les bras autour de son cou.
« Grand frère, on rentre toujours demain ?
– En. »
Shen Jue détacha de force les mains du jeune homme.
« Où est-ce que tu étais hier ? »
Shang Jiayu battit des cils.
« Grand frère, tu étais inquiet pour moi, ah ? »
Cette question lui valut seulement un regard indifférent. Un peu déçu, Shang Jiayu se pinça les lèvres.
« Je suis allé nulle part, je me suis juste acheté plein de choses et ça m’a pris du temps pour me trouver un taxi. Je suis rentré tard hier soir. Comme j’ai vu que les lumières dans ta chambre étaient fermées, je n’ai pas voulu te déranger. »
Après avoir raconté ça, il bondit de nouveau :
« Grand frère, regarde un peu ce que je me suis acheté ! »
Le jeune Oméga courut dans sa chambre pour en ramener une valise. Quand il l’ouvrit, elle était remplie de poupées.
« Pourquoi tu as acheté autant de poupées ? » s’étonna Shen Jue.
Shang Jiayu s’accroupit et toucha une poupée après l’autre.
« J’aime les poupées, ah. J’en ai acheté plein comme ça, si j’en perds une, ce ne sera pas grave, ah. »
Il releva la tête et regarda Shen Jue avec une expression innocente.
« Grand frère, tu trouves que j’ai bien fait ? »
Shen Jue croisa son regard et sentit que quelque chose était bizarre. Il n’avait jamais su que Shang Jiayu aimait les poupées. Le jeune Oméga n’en avait jamais achetées durant les vies précédentes. Cela dit, il ne pouvait guère interférer avec les loisirs de l’autre.
« Du moment que ça te plaît, » lança Shen Jue en se tournant pour aller se laver.
Quand il eut fini de prendre sa douche, il se rendit dans la cuisine. Shang Jiayu, qui était resté dans le salon, fit subitement :
« Grand frère, j’ai renversé par accident le porridge aux haricots rouges dans la cuisine, désolé. Mais je t’ai pris du lait de soja et du pain du buffet de l’hôtel, alors tu pourras faire avec. »
Shen Jue marqua une légère pause, mais ne dit rien.
Tous les trois étaient au courant de l’existence l’un des autres, mais tous les trois gardaient ça secret. C’était comme s’ils gardaient le silence, certaines choses ne seraient pas dévoilées trop rapidement au grand jour.
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Avant de retourner en Chine, Shen Jue envoya un message à Si Yu qui était sûrement rentré chez lui. Il ne précisa pas quand il reviendrait et il ne reçut un message de l’autre homme qu’après qu’il soit descendu de l’avion et qu’il ait rallumé son portable.
[Bien reçu. Repose-toi bien et ne travaille pas tout le temps trop tard.]
Il ne demanda pas non plus quand Shen Jue reviendrait.
Et Shang Jiayu se montra aussi pénible que d’habitude. Sur le chemin de retour en partant de l’aéroport, il prit même la main de Shen Jue en chantonnant. Quand Shen Jue voulut se libérer, Shang Jiayu fit mine de pleurnicher. L’assistant ne put s’empêcher de jeter un regard dans le rétroviseur.
Ne voulant pas déranger, Shen Jue fronça les sourcils et laissa Shang Jiayu s’accrocher à lui.
Après que le jeune Oméga ait pu lui prendre la main, il posa la tête sur l’épaule de Shen Jue. Il chantonnait pour lui-même. Cela semblait être la même chanson qui se répétait en boucle.
En sentant l’atmosphère tendue dans le véhicule, l’assistant assis à côté du conducteur voulut la détendre un peu :
« Jeune maître Shang, quelle est cette chanson que vous fredonnez, ah ? C’est plutôt joli. »
Quand Shang Jiayu entendit la question, il cligna légèrement de ses yeux en amande et ses lèvres rouges s’entrouvrirent :
« Qui a tué le rouge-gorge ? »
La parole à l’auteur : Qui a tué le rouge-gorge ? (Who killed Cock Robin?)
Qui a tué le rouge-gorge ?
Moi, dit le moineau,
Avec mon arc et ma flèche,
J'ai tué le rouge-gorge.
Qui l'a vu mourir ?
Moi, dit la mouche,
Avec mon petit œil,
Je l'ai vu mourir.
Qui a recueilli son
sang ?
Moi, dit le poisson,
Dans mon petit plat,
J'ai recueilli son sang.
Qui fera le linceul ?
Moi, dit le scarabée,
Avec du fil et une aiguille,
Je ferai le linceul.
Qui creusera sa tombe ?
Moi, dit le hibou,
Avec ma pioche et ma pelle,
Je creuserai sa tombe.
Qui sera le pasteur ?
Moi, dit le freux,
Avec mon petit livre,
Je serai le pasteur.
Qui sera le commis ?
Moi, dit l'alouette,
Si ce n'est pas dans le noir,
Je serai le commis.
Qui portera le
flambeau ?
Moi, dit la linotte,
J'irai le chercher dans une minute.
Je porterai le flambeau.
Qui conduira les
obsèques ?
Moi, dit la colombe,
Je pleure pour mon amour,
Je conduirai les obsèques.
Qui portera le
cercueil ?
Moi, dit le milan,
Si ce n'est pas durant la nuit,
Je porterai le cercueil.
Qui aidera à
tenir le poêle ?
Nous, dit le roitelet,
Avec le coq et la poule,
Nous tiendrons le poêle.
Qui chantera un psaume ?
Moi, dit la grive,
Assise sur un buisson,
Je chanterai un psaume.
Qui sonnera le glas ?
Moi, dit le taureau,
Puisque je peux tracter,
Je sonnerai le glas.
Et tous les oiseaux dans
les airs,
Poussèrent des soupirs et des sanglots,
Lorsqu'ils entendirent sonner le glas
Pour le pauvre rouge gorge.
Avis à l’intention des concernés :
La prochaine fois dans le tribunal des oiseaux, le moineau sera jugé.
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