Chapitre 257
Shang Yanyu resta deux jours à l’hôpital avant de pouvoir en sortir, le temps que les blessures à son visage se voient moins. Après le spectacle du Nouvel An, le théâtre lui avait donné quinze jours de congé.
Durant ces deux semaines, il passa la majeure partie de son temps avec Shen Jue à regarder des comédies musicales et autres. Sa déclaration lors de la première nuit de la nouvelle année ne l’avait pas beaucoup changé : on pouvait dire qu’il était toujours le même Shang Yanyu auquel on ne pouvait trouver presque aucun défaut. Il restait attentionné, intelligent et ne mettait pas la pression sur son partenaire. S’il y avait un changement à noter, c’était qu’il ne regardait plus Shen Jue de la même manière.
Au départ, son affection semblait flotter à la surface mais maintenant, elle s’était enfoncée profondément.
Quand il ne lui resta plus qu’une semaine de vacances, Shen Jue demanda quelques jours de congé à sa compagnie. Il acheta des billets d’avion pour accompagner Shang Yanyu au pays C, là où il avait grandi.
Ce pays n’était pas bien grand, mais il était économiquement très développé, comptant donc plusieurs riches. Le père de Shang Yanyu en avait fait partie. Cet entrepreneur avait été un homme riche et puissant très connu dans le pays C. À sa mort, comme stipulé dans son testament, la plupart de son argent avait été donné à des œuvres de charité, laissant leur domaine à la mère de Shang Jiayu.
Mais elle n’était pas parvenue à bien gérer la propriété. Au lieu de ça, elle dépensa sans compter avec son fils, jusqu’à ce qu’elle meurt dans un accident de voiture.
À présent, toutes les propriétés restantes étaient au nom de Shang Jiayu, ce qui changeait des autres vies. Dans cette vie, Shang Yanyu n’avait pas repris son identité exprès pour devenir le gardien du jeune Oméga.
La villa où avait vécu la famille existait encore, mais elle avait changé de propriétaire. Dès que la mère de Shang Jiayu avait enterré son époux, elle s’était empressée de vendre l’endroit, comme si elle ne voulait pas y rester un jour de plus.
Puisque la villa ne leur appartenait plus, Shang Yanyu ne pourrait pas y entrer.
Il resta donc simplement à l’extérieur de la villa et regarda à travers les barreaux en acier. Il eut beau regarder, il ne put pas voir grand-chose.
« Il y a une serre par là-bas. Mon père l’avait faite construire spécialement pour ma mère. À l’époque, je n’étais pas encore né. Ma mère m’a raconté que mon père n’était pas allé au travail exprès pour fabriquer cette serre. C’est aussi lui qui a planté les fleurs à l’intérieur mais par la suite, il a laissé cette femme cueillir les plantes dans la serre comme elle voulait. »
Quand il raconta ça, Shang Yanyu avait un air très calme, comme si cela n’avait rien à avoir avec lui.
Shen Jue songea que l’autre homme devait vraiment haïr énormément son père, sinon il serait revenu le voir quand il était mourant. La mort n’effaçait pas forcément tout le mal commis et c’était à la victime de décider de pardonner ou pas, pas au coupable.
La villa se trouvait un peu dans les hauteurs, avec d’autres propriétés autour. Quand Shen Jue et Shang Yanyu descendirent de la colline, ils rencontrèrent un autre résident. L’homme s’arrêta à côté d’eux en voiture et après avoir baissé la vitre, il fixa Shang Yanyu comme s’il ne pouvait pas en croire ses yeux.
« Toi… »
Il n’ajouta rien de plus pendant un long moment, mais Shang Yanyu l’appela par son nom le premier :
« Xiao Mao, ça faisait un bail. »
Ce jeune homme du nom de Xiao Mao cligna deux fois des yeux en entendant ça, puis arriva enfin à articuler une phrase complète :
« Shang Yanyu ? Tu n’étais pas mort ? »
Pendant que Shang Yanyu et Xiao Mao discutaient du bon vieux temps, Shen Jue ne resta pas à côté pour les écouter. Il alla se promener dans les environs. Il ne revint que lorsque Shang Yanyu l’appela sur son portable.
Xiao Mao les conduisit au pied de la colline. Après s’être rappelé du passé, Shang Yanyu semblait d’humeur clairement morose. Il ne dit pratiquement plus un mot sur le trajet.
Xiao Mao lui jeta plusieurs coups d’œil dans le rétroviseur.
« Shang Yanyu, je vais tâcher de contacter le propriétaire actuel de ta maison pour voir si je peux te laisser entrer pour regarder. Donne-moi ton numéro, je te donnerai des nouvelles au plus vite. »
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
Après avoir salué l’autre homme, Shang Yanyu ne parla toujours pas. Quand ils rentrèrent dans l’hôtel où ils logeaient, il ne s’embêta même pas à fermer la porte et prit Shen Jue dans ses bras. Cette étreinte était si serrée qu’ils étaient pratiquement collés l’un contre l’autre. Shen Jue avait un peu de mal à respirer, mais il savait que Shang Yanyu n’allait pas bien en ce moment.
Xiao Mao avait dû lui raconter certaines choses sur ce qui s’était passé après son départ.
Shang Yanyu n’était encore qu’un adolescent quand il avait quitté son foyer et il était dans la période la plus sensible de sa jeunesse. Shen Jue ignorait comment il était sorti de l’hôpital psychiatrique, ni ce qui lui était arrivé durant son séjour d’un an là-bas.
Shang Yanyu avait été le fier fils du Ciel, mais son père l’avait envoyé dans un asile. Les gens le regardaient comme un pervers qui avait des pensées anormales et qui avait pu se comporter de manière inappropriée avec son propre petit frère. Il avait été traité dans l’hôpital psychiatrique pendant toute une année.
Cette maison était l’endroit où il avait grandi, là où ses parents et lui avaient vécu nuit et jour. Pour lui, les souvenirs liés à cette villa étaient mitigés. Il adorait les jours avant l’infidélité de son père et haïssait la période qui avait suivi.
Il errait seul dans le monde. Bien qu’il soit à présent un interprète d’opéra célèbre, son amertume avant ça devait être au-delà des mots. Les étrangers voyaient sa vie aussi splendide qu’une pièce de théâtre, mais qu’en était-il en dehors de la scène ? Après tout, il avait avancé seul avec sa haine, cachant sa douleur de ces années sous un masque parfait.
Tout le monde adorait son apparence, qui se souciait de savoir si son âme était encore intacte ?
Il arrivait parfois qu’une âme brisée ne soit pas attirée par une âme complète, parce qu’elle savait que l’autre personne avait toujours eu une famille aimante et une vie heureuse, alors comment pourrait-elle comprendre et partager le chagrin dans son cœur ? Si deux âmes incomplètes se rencontraient, chacune pouvait dire au premier regard que l’autre était comme elle, vivant en portant un masque et cachant tous ses sentiments au plus profond de son cœur.
Pour Shang Yanyu, Shen Jue était une autre âme brisée.
Il pouvait voir que cet homme cachait de la haine dans son cœur et il savait aussi ce que l’autre cachait. Leur rencontre avait tout de préméditée et tous les deux en avaient parfaitement conscience. Shang Yanyu n’était pas stupide : Shen Jue étant le tuteur légal de Shang Jiayu, il n’avait pourtant rien dit en voyant exactement le même visage, quoiqu’il avait été surpris un bref moment.
L’autre fois dans les coulisses du théâtre, Shang Yanyu savait très bien que Shen Jue était réticent à coucher avec lui, mais il avait voulu martyriser l’autre homme exprès, se demandant jusqu’où il pouvait aller pour lui… jusqu’à ce qu’il reçoive cette larme.
Ces larmes avaient coulé de ces yeux remplis de douleur et comme un petit caillou, elles avaient provoqué des ondulations dans son cœur.
Au fil des années, il avait été entouré par bien des gens, riches comme pauvres, beaux comme laids, il n’aurait pas su les compter. Ces gens venaient, attirés par sa beauté comme des mouches agaçantes. Il haïssait ces mouches à cause de l’envie et la jalousie cachées dans leurs yeux.
Quand ces gens le regardaient, ils avaient tous un air très étrange, comme s’il était une poupée exquise dans une vitrine. Ils désiraient l’acheter, l’emmener chez eux et le cacher sur une étagère.
Il n’appartenait à personne et ne laisserait jamais l’occasion à quelqu’un de le posséder.
Il s’était fermement tenu à ce principe jusqu’à ce qu’il rencontre Shen Jue, qui était l’opposé total de lui.
Bien qu’il soit aussi une âme brisée, Shang Yanyu avait pleinement conscience de la différence entre eux : lui pouvait sourire à n’importe qui et était aussi beau qu’une poupée parfaite. Sauf qu’en réalité, il voulait tout détruire. Il n’aimait pas sourire, il n’aimait pas parler et il n’aimait pas aider les autres. Même le lycéen qui vivait la même chose que lui autrefois, alors qu’il écoutait l’autre se plaindre, il avait pensé —
Qu’est-ce que ça peut me faire ?
Mais Shen Jue n’était pas comme lui : il avait l’air indifférent, pas humain, il n’aimait pas parler ou rire, mais il avait en fait le cœur très tendre. Le lycéen avait son numéro. Quelques temps auparavant, il lui avait transféré des centaines de yuan en lui demandant de les rendre à Shen Jue.
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Shang Yanyu avait porté son masque pendant si longtemps qu’il avait à présent oublier comment l’enlever. Alors il aimait bien l’indifférence affichée par Shen Jue.
Quelle importance si son âme était incomplète ? Du moment qu’il rencontrait une autre âme qui avait ce qui lui manquait, cela pouvait former une seule âme complète.
Durant toutes ces années, il avait recherché la perfection, comme si cela allait lui éviter de devenir comme sa mère, abandonnée du début à la fin. Mais après avoir rencontré Shen Jue, il avait pris un peu peur car il n’arrivait plus à dissimuler ses sentiments. Il avait donc fabriqué une liaison de toute pièce pour faire de lui celui qui allait abandonner l’autre.
Cette nuit-là à l’hôpital, il n’avait pas dit la vérité à Shen Jue. Le malentendu au sujet de la liaison était faux, tout comme la réaction à son test. Il avait fait exprès pour que Shen Jue comprenne de travers. Il avait délibérément foncé dans l’arbre et répondu au coup de fil devant Shen Jue pour provoquer leur rupture.
S’il rompait le premier, il ne se ferait pas abandonner.
Et s’il avait poursuivi Shen Jue jusque devant les urgences dans sa légère tunique d’hôpital, cela n’avait été que par habitude. Il avait déjà appris à jouer les hypocrites grâce à son père, surtout après son départ de la maison.
Tant qu’il avait eu une famille, il avait pu rester lui-même mais par la suite, quand il avait perdu sa famille, il avait dû changer afin de survivre.
C’était juste qu’il n’aurait jamais pensé que Shen Jue allait le croire au bout du compte. Même le soir du Nouvel An, il avait appelé exprès le lycéen pour qu’il vienne en coulisse au théâtre. Bien que Shen Jue était tombé sur lui, il avait choisi de rester avec Shang Yanyu.
Et quand Shang Yanyu avait frappé Yao Zhan, il avait eu des intentions plus profondes que la simple colère. Il voulait que Shen Jue le voie ainsi et briser l’illusion de perfection sous ses yeux.
Mais l’autre avait continué de l’accepter.
Dans les jours qui avaient précédé sa mort, sa mère lui avait toujours dit qu’au lieu d’être parfait aux yeux des autres, mieux valait rester soi-même. Mais cela faisait longtemps qu’il était incapable d’être lui-même. Alors même pour rompre, il avait suivi une route sinueuse.
Mais grâce à l’acceptation de Shen Jue et parce qu’il était vraiment très las, Shang Yanyu s’était tourné vers le monde extérieur pour obtenir de l’aide pour la première fois depuis le décès de sa mère. Sous son masque de perfection se cachait un cœur brisé. Il voulait qu’on l’aide, qu’on le sauve.
Shang Yanyu prenait le risque de présenter son cœur brisé à Shen Jue. C’était à l’autre de décider de le réparer ou bien de le briser en miettes jusqu’à ce qu’il n’en reste plus rien.
Quant aux secrets que cachait Shen Jue, il se disait qu’il avait tout le temps devant lui pour les comprendre.
Cette nuit-là, Shang Yanyu dormit dans les bras de Shen Jue. Il se roula en boule, se blottit contre l’autre et posa l’oreille contre son torse. Il s’endormit en écoutant les battements de cœur de Shen Jue.
Après s’être endormi puis réveillé dans ses bras, Shang Yanyu ressentit pour la première fois le fait de compter sur quelqu’un. Après l’adultère de son père, il était devenu le soutien moral de sa mère. Après avoir quitté sa maison, il avait vécu seul et avait l’habitude de jouer la perfection, alors comment aurait-il pu vouloir montrer son côté vulnérable ?
Shang Yanyu se redressa sur un coude. Sous la lumière du matin, son visage avait un côté flou, comme si la plus douce lumière du monde tombait légèrement sur son visage. Sa beauté n’avait plus rien d’agressif, c’était devenue une lame rangée dans son fourreau.
Il regarda tranquillement Shen Jue qui s’était déjà réveillé. Au bout d’un long moment, il baissa la tête et le serra de nouveau contre lui. Les deux s’enlacèrent très étroitement, comme un couple au moment de la fin du monde.
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Durant les jours qui suivirent, Shang Yanyu emmena Shen Jue dans les endroits où il allait étant petit, comme le collège qu’il avait fréquenté ou la bibliothèque où il aimait aller pour étudier. La veille de leur retour en Chine, Xiao Mao appela Shang Yanyu pour lui dire qu’il avait réussi à contacter le propriétaire de la villa. Cet homme était allé à l’étranger et cela ne faisait que deux jours qu’il était revenu. Il avait dit qu’il acceptait de laisser Shang Yanyu entrer voir la villa cet après-midi.
Quand Shang Yanyu répondit à cet appel, Shen Jue était à côté. Après avoir répondu, il jeta un regard à Shen Jue. Bien que Shen Jue n’avait pas pu entendre ce qu’avait dit Xiao Mao, il en avait déjà deviné une bonne partie dans les yeux de Shang Yanyu.
« À toi de décider, » fit-il.
Shen Jue se disait que s’il voulait prendre la vie de Shang Yanyu, il devait d’abord résoudre les lourds tourments de son cœur. Et ces tourments ne pouvaient être liés qu’à ses parents. À présent que ses parents étaient morts, la seule chose qui pouvait l’aider à évoquer leur mémoire était probablement cette villa.
« Allons-y cet après-midi. Xiao Mao a dit qu’il a l’accord du propriétaire, » répondit Shang Yanyu après un long silence.
Ils s’étaient donnés rendez-vous à treize heures. Ils arrivèrent devant la villa à mi-hauteur de la colline. Xiao Mao les attendait à l’entrée du portail. Quand il les vit arriver, il les conduisit à la porte pour sonner.
La villa avait grandement changé et tout l’intérieur avait été redécoré. La seule chose qui n’avait pas changé, c’était la serre. Le nouveau propriétaire de la villa semblait avoir une bonne impression de Shang Yanyu, alors il précisa :
« J’ai trouvé que cette serre était très bien faite, alors je l’ai laissé telle quelle. »
Quand il vit le jeune homme s’arrêter subitement pour regarder une rangée d’étagères dans un coin, il regarda à son tour.
« Ce pot de lys te plaît ? Il était déjà là quand j’ai acheté la demeure et il pousse encore bien. Si tu veux, tu peux le prendre. »
Une lueur défila dans les yeux de Shang Yanyu. Il ne parla pas et s’approcha simplement pour prendre le pot de lys dans ses bras. Après un moment, il se tourna et remercia l’autre homme.
« Merci. C’est ma mère qui a planté ces fleurs avant de mourir. Je ne m’attendais pas à ce qu’elles soient encore là. »
Le pot était orné d’un caractère tout simple qui était typique de sa mère, voilà comment il l’avait reconnu au premier regard.
En partant, Shang Yanyu ne laissa pas Xiao Mao les raccompagner en voiture. Le pot de fleurs d’une main et la main de Shen Jue de l’autre, il descendit lentement de la colline, comme pour dire au revoir au passé. Alors qu’ils étaient presque en bas, une voiture arriva en face d’eux.
Au départ, Shang Yanyu et Shen Jue ne firent pas attention à cette voiture qui les dépassa. Mais juste après, ils l’entendirent revenir par derrière. Et à bien écouter, le véhicule roulait très vite. Shang Yanyu jeta instinctivement un regard en arrière et l’instant d’après, ses pupilles se contractèrent. Il n’eut pas trop le temps de réfléchir et poussa simplement Shen Jue sur le bas-côté.
Shen Jue se fit ainsi violemment pousser. Le temps qu’il réalise ce qui venait de se passer, le pot de lys que tenait Shang Yanyu était déjà brisé.
Les plantes en pot étaient complètement explosées de partout au sol et la voiture roula sur les fleurs dont les tiges étaient couvertes de boue. Le sang jaillit, teintant de rouge les lys au sol.
Shen Jue contempla la scène devant lui et battit des cils. Au bout d’un moment, il se leva pour s’approcher des lys. Il avait été pris par surprise en se faisant pousser tout à l’heure, alors il s’était tordu la cheville en tombant. Il boitait donc un peu en s’avançant.
Il regarda l’homme qui gisait par terre et se pinça les lèvres. Puis il se mit à genoux pour le redresser un peu dans ses bras.
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Au même moment, la voiture qui s’était éloignée fit demi-tour pour revenir à nouveau.
Shen Jue releva la tête pour voir le véhicule qui se rapprochait rapidement. Vu la vitesse, il n’arriverait jamais à l’éviter. Il ne put que regarder alors que l’autre allait le percuter. Mais au dernier moment, la voiture fit une embardée et alla s’écraser contre un arbre tout proche.
Comme la voiture allait bien trop vite, le devant fut pratiquement enfoncé après la collision dans l’arbre.
Shang Jiayu était assis dans le véhicule, son esprit presque plus lucide. Tout en tremblant, il tenta d’ouvrir la portière, mais n’y parvint pas. Ses jambes semblaient complètement coincées et il ne pouvait même pas sentir la moindre douleur.
Mais quelle importance s’il ne ressentait pas la douleur ?
Il n’était plus rien à présent, ni un Oméga, ni un Alpha, pas même un simple Bêta. Il était devenu un monstre.
Six mois auparavant, il s’était rendu dans un autre pays pour pratiquer une opération secrète afin de changer de sexe.
Si la plupart des gens dans le monde étaient satisfaits de leur genre, certains ne l’étaient pas. Voilà pourquoi de tels hôpitaux avaient vu le jour. Ils étaient naturellement illégaux, alors les patients signaient une décharge médicale et devaient assumer tous les risques.
Ces six derniers mois, il avait vécu l’enfer presque tous les jours : petites et grandes opérations, des médicaments sans fin et pleins de tubes dans son corps. Mais il se disait que du moment que ça lui permettait de devenir un Alpha, Shen Jue s’intéresserait enfin à lui au lieu de ne se soucier que de ce salaud de Shang Yanyu. Alors il avait survécu, mais l’opération avait échoué : il n’avait plus de glandes et était devenu sans genre.
En même temps, sa santé se détériorait de jour en jour. Le docteur qui s’était occupé de lui avait dit qu’il lui restait trois ans à vivre au grand maximum. Mais Shang Jiayu n’avait même pas envie de vivre ces trois années car il était devenu un monstre.
Il n’avait pas osé sortir, jusqu’à ce que Xiao Mao le contacte.
Xiao Mao était un de ses admirateurs, l’un des rares à l’apprécier alors que Shang Yanyu était là. Il lui avait dit que Shang Yanyu était revenu au pays C et avait amené un homme avec lui.
Shang Jiayu n’eut pas à réfléchir énormément pour savoir qui était cet homme dont il parlait.
Ces deux-là continuaient de roucouler alors que lui était devenu un monstre. Ils ne savaient même pas ce qu’il avait vécu et qu’il n’allait pas tarder à mourir.
Alors il avait décidé de se venger. Il décida de périr en entraînant Shang Yanyu et Shen Jue dans la mort avec lui. Mais au moment où il allait percuter Shen Jue, il avait subitement changé d’avis.
La température à l’intérieur du véhicule continuait d’augmenter. De ses mains couvertes d’un sang qui coulait abondamment, il parvint enfin à pousser la portière pour l’ouvrir, mais il ne put que sortir la moitié supérieure de son corps. La partie inférieure était complètement coincée dans la voiture. Il employa toutes ses forces pour s’extirper de là, laissant d’innombrables marques sanglantes au sol, mais il ne put sortir au bout du compte.
Shang Jiayu était en fait quelqu’un de très délicat et qui appréciait énormément la beauté. Il avait déjà songé à sa mort. Il s’était dit qu’il devait mourir de manière très propre et décente, une mort paisible, afin que les gens qui viendraient à son enterrement loueraient cet Oméga qui était si beau même dans la mort.
Mais à présent qu’il allait mourir pour de bon, il n’était plus un Oméga dorloté et il ne connaîtrait pas une mort très propre et décente.
Les larmes de Shang Jiayu coulèrent sur ses joues et se mélangèrent au sang par terre. Il sanglota doucement et cria tout en rampant :
« Maman, sauve-moi ! Maman, sauve-moi… »
Dans sa dernière phrase, il hurla :
« Shen Jue, ça fait si mal, ah ! »
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
Sous le soleil vif de l’hiver, le froid était intense.
Shen Jue serra dans ses bras l’homme qui ne respirait plus. Il ramassa les lys qui étaient couverts de sang et de boue pour les déposer gentiment dans les bras de Shang Yanyu. Du sang tachait le visage de cet homme. Shen Jue tenta de l’effacer mais plus il frottait, moins il arrivait à l’enlever. Le sang était si brillant, on aurait dit la couleur des lèvres de Shang Yanyu qui était lourdement maquillé le jour de leur première rencontre.
Après que la petite nonne qui avait chanté “Oh, qu’il le fasse” soit descendue de la montagne, allait-elle trouver l’époux de ses rêves ?
Note de Karura : Bon, Shen Jue n’a pas eu à lever la main pour tuer Shang Yanyu.
Les deux gong de cette partie étaient donc Shang Yanyu (sans surprise) et Shang Jiayu !
Yao Zhan : Et moi alors ?
Karura : Tu n’étais que de la chair à canon.
Shang Jiayu, les yeux brillants : J’ai donc réussi à devenir un gong ?
Karura : Euh… Dans l’intention, en tout cas.
Bon, je vous avais bien dit que ce n’était pas ma partie préférée de l’histoire. Heureusement, la prochaine partie est très différente ! On va un peu revenir à la cruauté de la première partie et les deux gong auront soigneusement bénéficié de l’expérience des autres parties pour savoir comment traiter Shen Jue. Nyark !
Shen Jue : J’ai un mauvais pressentiment.
En plus, ce sera le dernier monde avant le retour de Shen Jue dans le monde réel ! Mais ça va durer une cinquantaine de chapitres. Patience !
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