Chapitre 260

Shen Jue resta un long moment à regarder par la fenêtre et il apprit par pur hasard une information des plus importantes —

Dans quelques jours, le grand frère de Lin Chuyan allait prendre ses fonctions dans un endroit assez éloigné. Bien qu’il avait également une concubine, il prévoyait cette fois de n’emmener que sa première épouse avec lui, à savoir la personne dont Lin Chuyan avait le portrait.

Shen Jue entendit aussi le grand frère appeler cette femme Jing He, c’était sûrement son nom.

Le grand frère allait emmener son épouse dans une ville éloignée, ce qui voulait dire que Lin Chuyan ne pourrait plus revoir cette femme du nom de Jing He pendant au moins sept ans.

Après avoir quitté la résidence Lin, Shen Jue retourna dans son manoir pour s’y reposer deux semaines.

La demeure se trouvait sur une montagne déserte en dehors de la ville. Cette montagne restait fertile, mais l’unique route permettant d’arriver en hauteur était bloquée suite à un éboulement. Les autres chemins étaient tous trop escarpés alors au fil du temps, de moins en moins de gens se rendirent sur cette montagne. Voilà comment elle avait fini par être désertée. La demeure de Shen Jue était autrefois un temple. Il y avait eu de moins en moins de pèlerins pour pratiquer l’ascension et les moines étaient partis l’un après l’autre. Le temple était donc devenu la demeure hantée de Shen Jue, le fantôme à la peau peinte.

Shen Jue avait au départ nettoyé le temple de fond en comble. Il avait repeint les fresques sur les murs et plafonds, puis il avait volé tous les meubles et accessoires des demeures des riches marchands de la capitale. Quant aux statues de Bouddha du temple, il avait eu l’audace de toutes les enterrer dans la terre. La seule raison était qu’il avait peur en les voyant, alors il les avait enterrées en se disant qu’il n’aurait plus peur s’il ne les voyait pas.

Durant ces quinze jours, il ne fit rien d’autre à part se concentrer pour peindre sa peau dans sa demeure. Il voulait prendre l’apparence de cette Jing He.

Cela faisait plus d’un siècle qu’il était un fantôme à la peau peinte et il avait toujours été capable de se rappeler clairement de l’apparence des gens, du moment qu’il voulait s’en souvenir. Il fit beaucoup d’efforts pour peindre exactement la même apparence que cette femme.

Quand il eut fini, il se rendit compte qu’il devrait aussi changer sa taille en conséquence. Heureusement quand il enfila sa peau, son squelette se modifia pour s’adapter. La seule ombre au tableau, c’était que sa poitrine restait plate. Ce serait donc facile de le démasquer.

Après un long moment de réflexion, Shen Jue se rendit dans le jardin pour cueillir deux petites pêches. Il cousit une poche intérieure dans ses vêtements et fourra les deux pêches dedans.

À présent, la personne qui se reflétait dans le miroir ressemblait exactement à la femme du portrait. Shen Jue contempla le minois délicat et adorable, avec un sourire sarcastique aux lèvres.

La peau avait été peinte, il était temps de monter sur scène pour la représentation.

En tant que fantôme, Shen Jue pouvait entrer dans les rêves. Lin Chuyan était un homme de savoir et de raison, mais il s’avérait qu’il éprouvait des sentiments pour sa belle-sœur. Quand il était éveillé, il pouvait se contrôler et maintenir les apparences, mais qu’en serait-il dans ses rêves ? Shen Jue avait donc prévu d’entrer dans le rêve de Lin Chuyan avec l’apparence de Jing He, tout ça pour embrouiller son esprit.

Pour sa première apparition dans le rêve, Shen Jue porta volontairement une tunique semblable à celle du portrait. Il flotta jusqu’à la résidence Lin tard dans la nuit. À cette heure, Lin Chuyan dormait déjà, alors Shen Jue entra dans son rêve sans plus attendre.

En un clin d’œil, ses pieds avaient déjà touché le sol.

Il releva les yeux et regarda tout autour. Il se rendit compte que cela semblait être l’arrière-cour du manoir Lin. Le jardin y était bien entretenu, rempli de fleurs dont il pouvait même sentir le doux parfum.

Mais tout cela n’était pas réel, ce n’était qu’une illusion sortie de l’imagination du rêveur. Si Shen Jue se penchait pour cueillir une fleur, celle-ci disparaîtrait aussitôt entre ses mains.

Shen Jue dut chercher un moment dans le jardin avant de trouver Lin Chuyan. Le jeune homme était assis sous le porche rouge du kiosque, vêtu de sa tenue d’intérieure blanche ornée de bambous, ses longs cheveux noirs comme de l’encre simplement retenus par un bandeau. Il y avait un livre ouvert sur ses genoux mais ses yeux n’étaient pas posés dessus. Il regardait en dehors du kiosque, comme perdu dans ses pensées.

Même quand Shen Jue s’approcha, il ne remarqua rien.

Voyant ça, Shen Jue dut toussoter deux fois.

Cela finit par attirer l’attention de Lin Chuyan. Quand il vit Shen Jue, il en resta manifestement surpris. Il le fixa un long moment sans cligner des yeux et sans parler non plus.

Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !

Shen Jue comprenait sa surprise. Après tout, pour Lin Chuyan, le rêve actuel était la réalité, alors c’était normal qu’il soit surpris de voir tout à coup sa belle-sœur avec plusieurs années de moins.

« Te voilà, ah. Je t’ai cherché partout. »

Shen Jue imita une voix de jeune femme et s’assit gentiment sur un petit tabouret à côté du kiosque. Ces jours-ci, il s’était entraîner à bouger devant le miroir afin de ne pas se trahir devant Lin Chuyan.

« Belle… sœur, pourquoi tu es là… ? »

Lin Chuyan était si abasourdi qu’il en bafouilla.

Shen Jue haussa les sourcils et lui jeta un regard en coin.

« Pourquoi tu m’appelles ‘belle-sœur’ ? Ce n’est pas comme ça que tu m’appelles, normalement. »

À ces mots, Lin Chuyan se pinça les lèvres. Il se rassit bien droit et referma le livre sur ses genoux. Bien qu’il avait repris contenance, on pouvait toujours lire de la surprise et de la nervosité dans son regard.

« Belle-sœur veut plaisanter, fit-il doucement avec de la distance dans son ton.

– Lin Miao, regarde-moi bien. Quand suis-je devenue ta belle-sœur ? »

Shen Jue savait que le jeune homme ne parvenait pas à distinguer le rêve de la réalité en cet instant, alors il avait déjà songé au moyen de le berner. Il voulait que Lin Chuyan croit que tout ce qui s’était passé avant n’était qu’un rêve et que Jing He, qu’il interprétait, n’était pas mariée à son grand frère. Ainsi, Lin Chuyan pourrait faire en rêve ce qu’il ne serait pas capable de faire dans la réalité.

Il devait trouver le point faible de Lin Chuyan.

Dans tous les cas, il jouait le rôle de substitut. Il avait été auparavant le substitut de Lin Chuyan, mais avait fini tué par Xie Zhi. À présent qu’il jouait le substitut de Jing He, il ignorait comment Lin Chuyan réagirait quand il s’en rendrait compte.

Les paroles de Shen Jue ébranlèrent l’expression calme du jeune homme. Il regarda Shen Jue d’un air de doute puis après un moment, il se leva pour s’approcher de lui.

« Tu… Tu n’es pas encore mariée à mon grand frère ?

– Qu’est-ce que tu racontes comme bêtise ? Quand est-ce que j’aurais épousé ton grand frère ? Chuyan, tu as fait un rêve ? Ou bien tu es malade ? »

Shen Jue se leva pour tâter le front de Lin Chuyan mais avant d’y arriver, le jeune homme avait reculé pour esquiver.

« Non, je ne suis pas malade. »

Lin Chuyan lui tourna même carrément le dos.

« Belle-sœur, j’ai des choses à faire, je dois te laisser. »

Lin Chuyan quitta rapidement le jardin de la résidence Lin. Avec le départ du rêveur, tout commença lentement à disparaître. Shen Jue sentit finalement une force l’expulser.

Cela voulait dire que Lin Chuyan était en train de se réveiller. Shen Jue fronça les sourcils, mais il n’eut pas d’autre choix que de partir pour le moment. Il reviendrait dans le rêve le lendemain soir.

Le problème, c’était que Lin Chuyan n’était pas facile à appréhender dans ses rêves. Cela faisait plus de dix nuits d’affilée que Shen Jue était apparu dans ses rêves et leur relation se limitait jusque là à s’asseoir et bavarder ensemble. Bien que Lin Chuyan avait une lueur joyeuse dans le regard quand il lui parlait, il restait très correct, sans le moindre geste déplacé. Shen Jue en venait à se demander s’il ne s’était pas trompé en pensant que Lin Chuyan aimait Jing He.

Cela traîna en longueur, alors Shen Jue finit par perdre patience. Il comptait bien secouer Lin Chuyan un grand coup.

Cette nuit-là, il apparut comme d’habitude dans la résidence Lin et comme d’habitude, Lin Chuyan voulait discuter avec lui sous le kiosque. Mais cela ne convenait pas à Shen Jue.

Il réfléchit un moment et eut recours à un tour. Il transforma la résidence Lin qu’il voyait en sa montagne déserte et laissa la pluie couler. Ce n’était pas une petite averse.

Et sa demeure devint un temple en ruines.

Shen Jue se tenait dans les ruines et il attendit un bon moment. Il entendit alors des bruits de pas qui couraient vers lui.

Les bruits de pas se rapprochaient. Shen Jue entendit alors la voix du serviteur de Lin Chuyan :

« Second jeune maître, il y a un temple en ruines ! Entrons nous abriter de la pluie. »

Shen Jue se cacha en entendant ça.

Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !

Lin Chuyan et son serviteur ouvrirent rapidement la porte du temple et entrèrent. Les cheveux et les vêtements du jeune homme étaient trempés par la pluie qui s’abattait dehors. Son visage au teint clair était à présent trempé et quelques mèches restaient collées sur ses joues. Et ses vêtements gorgés d’eau révélaient les courbes de sa taille, ce qui était assez embarrassant.

Sauf que lorsqu’une beauté se trouvait dans un piteux état, cela lui rajoutait encore plus de charme.

Commentaires :