Cent façons de tuer un prince charmant 259

Chapitre 259


Le temps que la douleur passe, il faisait déjà nuit dehors. Shen Jue était allongé sur le lit, ses longs cheveux répandus sur le matelas comme de l’eau qui coulait. Il attendit un moment avant de se redresser pour s’asseoir et quand il le fit, il ressentit une douleur innommable dans une certaine partie de son anatomie. Shen Jue fit aussitôt une vilaine tête.

Bien qu’il soit un fantôme, cela faisait mal si les fantômes couchaient avec un être humain, surtout un fantôme à la peau peinte comme lui.

La couleur des yeux de Shen Jue s’assombrit et sa main, qui était passée de bleuâtre à blanche, passa dans les longs cheveux dans son dos. Il enfila ses chaussons et s’approcha en silence du miroir de bronze. Il avait volé ce miroir dans le palais impérial. C’était un miroir de bien meilleure qualité que ceux du peuple : il reflétait plus clairement et il était bien plus beau. Voilà pourquoi Shen Jue aimait énormément se regarder dans ce miroir.


La personne qui se refléta dans le miroir avait de longs cheveux jusqu’à la taille, un visage splendide et un teint de porcelaine. On pouvait totalement employer les mots ‘frais et élégant’ ainsi que ‘magnifique’ pour le décrire sauf qu’en ce moment, ses yeux étaient bien trop sombres et terrifiants. Ces yeux étaient insondables, les marques bleues et violacées dessous étaient difficiles à cacher et les lèvres sur la peau au teint pur étaient d’un rouge anormal, comme si elles avaient été peintes avec le suc d’une fleur ou bien du sang.

C’était le visage de Chuyan mais en cet instant, à cause du Qi fantomatique de Shen Jue, ce visage beau et pur avait un air lugubre.


Chuyan était seulement le prénom du bien-aimé de Xie Zhi. Son nom de courtoisie était Lin Miao. Ses proches l’appelaient en général Lin Chuyan. Ceux qui étaient intimes avec lui retiraient naturellement le nom de famille pour l’appeler simplement —

“Chuyan”

Comme par exemple, Xie Zhi.

Dans les vies précédentes comme dans cette vie, Shen Jue avait subitement servi comme substitut de Lin Chuyan à cause de son amour pour la beauté. De son côté, Xie Zhi avait été aveuglé par le désir, à tel point qu’il ne s’était pas rendu compte qu’il couchait avec un fantôme. Et ce fantôme avait lui aussi été entraîné dans ce désir, fasciné par la beauté de l’autre. Il avait supporté l’acte même si cela avait été très douloureux et il n’avait pas cessé de suivre l’autre bien gentiment chez lui, acceptant de se laisser presser sous lui contre le matelas.


Pour être honnête, Shen Jue n’aimait pas Xie Zhi et le haïssait même. Mais rien que parce que l’autre était beau, il l’avait laissé le prendre… En plus, Xie Zhi était vraiment une brute au lit.

Heureusement, le maître de ce monde n’était pas Xie Zhi, que Shen Jue haïssait, mais son bien-aimé : Lin Chuyan.

Dans ce monde, tout le monde admirait une peau au teint clair et la beauté. Même un jeune maître devait appliquer de la crème et de la poudre. Lin Chuyan était un exemple typique de ce canon de beauté. Il n’avait pas besoin de poudre ou de rouge à lèvres : sa peau était blanche comme la neige en hiver, ses lèvres étaient vermillon, ses traits de visage bien dessinés et il était un modeste gentilhomme. On pouvait dire qu’il était l’homme idéal pour bien des jeunes demoiselles nobles de Beijing et même les jeunes maîtres de la capitale imitaient son style.


Bien que Xie Zhi soit lui aussi né splendide, sa beauté ressemblait plus à celle d’un démon comparé à Lin Chuyan, et c’était une beauté agressive qui plus est. Aux yeux des gens, il n’était pas aussi magnifique que Lin Chuyan qui était une beauté froide et détachée de ce monde. Bien sûr, il y avait aussi le fait que Xie Zhi avait une personnalité fougueuse, qu’il aimait se battre et tuer à tout bout de champ et qu’il n’était pas aussi facile à aborder. Voilà pourquoi tout le monde préférait en général Lin Chuyan.

Shen Jue prit le pinceau sur la table devant le miroir en bronze et recouvrit lentement les cernes sous ses yeux, cachant tout le Qi fantomatique de son visage. Bien qu’il ne se sentait pas bien, il devait sortir.

Il devait rencontrer Lin Chuyan.

Jusque là, il n’avait eu de contact qu’avec Xie Zhi et ces contacts avaient pratiquement tous eu lieu au lit. Il ne savait donc que très peu de choses sur Lin Chuyan.


* * *


La demeure de Lin Chuyan se trouvait dans le quartier sud de la capitale. Shen Jue évita les foules et se rendit invisible pour flotter devant le manoir du jeune homme. Il commença par examiner les environs. Le père de Lin Chuyan était un dignitaire du clan impérial Un ministère qui s’occupait de toutes les affaires relevant de la famille impériale. (1), un fonctionnaire qui était toujours au bord du fil. Plus tard, il offensa l’empereur et fut arrêté, puis exécuté. Les trois générations du clan Lin étaient tous des érudits. Lin Chuyan avait grandi dans une famille de lettrés, alors il avait baigné dans ce milieu et était naturellement plus éduqué et tempéré que les gens ordinaires. Quand Shen Jue passa à travers le mur, le jeune homme était en train de lire un livre, assis à son bureau.

Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !

Shen Jue masqua sa présence et se plaça en silence à côté de lui. Lin Chuyan était vraiment très avenant. La tête baissée pour lire son livre, ses cils étaient aussi longs que de petits éventails, projetant une légère ombre sous ses yeux. Étant donné qu’il était chez lui, il était vêtu de manière informelle, portant une tunique légère blanche comme la lune. Les manches étaient ornées de bambous verts brodés et les poignets dévoilés hors de la manche étaient aussi blancs et purs que du jade sous la lumière de la lanterne.

Il lut assez longuement. Un jeune serviteur vint lui resservir du thé en passant. Il ne releva la tête que lorsque la bougie fut presque consumée. Il se massa doucement l’espace entre ses sourcils. Shen Jue était assis au coin du bureau de jeune homme, l’observant tranquillement se masser les sourcils.


Après que Lin Chuyan se soit levé pour reposer le livre sur l’étagère, il ne quitta pas tout de suite son étude, mais se tourna et revint au bureau. Il sortit une peinture d’un meuble verrouillé en-dessous.

Son expression quand il sortit la peinture était presque indéchiffrable. Ses yeux contenaient des émotions très complexes et ses lèvres étaient pincées en une fine ligne. En voyant ça, Shen Jue ne put que hausser les sourcils. Après une tasse de thé Environ 15-20 min. (2) complète, il vit enfin le jeune homme dérouler la peinture sur le bureau.

Cette peinture représentait une jeune femme vêtue d’une splendide robe de brocart et d’une cape rouge. Le visage sous la capuche était délicat et charmant, mais bien loin de la beauté de Xie Zhi. Pourtant quand Lin Chuyan contempla ce portrait, on aurait dit qu’il voyait quelque chose d’enchanteur.


En voyant ça, Shen Jue pencha la tête sur le côté pour examiner attentivement cette peinture. Une lueur défila dans son regard.

Il avait vu cette femme quand il était entré dans la résidence Lin. Tandis qu’il cherchait Lin Chuyan, il avait pratiquement visité toutes les cours du manoir et c’était dans l’une des cours qu’il avait vu la femme du portrait.

Comparé à son apparence sur la peinture, elle avait à présent plusieurs années de plus et arborait une coiffure de femme mariée. Elle était assise sous le porche, la tête posée sur l’épaule d’un homme à côté d’elle. Elle souriait paisiblement tandis que l’homme avait gentiment passé un bras autour de sa taille. Les deux discutaient à voix basse, semblant très amoureux.


En se rappelant de ça, Shen Jue s’envola rapidement et retrouva la cour de la femme. Le couple s’était déjà retiré dans la maison. Shen Jue n’osa pas entrer mais resta près de la fenêtre. Il entendit une servante appeler à l’intérieur :

« Premier jeune maître, jeune maîtresse. »

Lin Chuyan avait un grand frère et la servante venait de dire “premier jeune maître, jeune maîtresse”. Cela voulait donc dire que de ces deux personnes, l’un était le grand frère de Lin Chuyan, et l’autre qui était représentée sur le portrait était sa belle-sœur ?

Shen Jue ne resta surpris qu’un moment, puis le coin de ses lèvres s’étira vers le haut.

Il venait de voir ça clairement : Lin Chuyan avait regardé le portrait de cette femme avec un désir évident.


La parole à l’auteur : Bien que ce chapitre est court, ce sera tout pour aujourd’hui.

Je me dois de vous avertir : ce monde va être très sanglant. Sérieusement, quand j’ai réfléchi au déroulement aujourd’hui, j’ai failli m’impressionner moi-même. Croyez-moi, vous allez vous régaler !


Notes du chapitre :
(1) Un ministère qui s’occupait de toutes les affaires relevant de la famille impériale.
(2) Environ 15-20 min.






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