Cent façons de tuer un prince charmant 267

Chapitre 267


C’était peut-être parce qu’il avait trop bu que Lin Chuyan avait dit ça. Il le regretta un peu aussitôt dit, mais quand il croisa le regard incrédule de l’adolescent, il réprima ce regret.

Quoi qu’il en soit, il refusait de voir quelqu’un qui avait le même visage que Jing He travailler dans une maison close. Même s’il devait mentir, il sortirait cet adolescent de là.

« Il y a bien trop de monde ici, tu peux venir chez moi ? »

Lin Chuyan songea que sa première priorité était de faire sortir l’autre d’ici. Il n’avait jamais commandé de prostitués dans un tel pavillon, mais il connaissait plus ou moins les règles. Les jeunes demoiselles et maîtres pouvaient sortir pour travailler, c’était juste une question de prix.


Après avoir dit ça, voyant que l’autre ne disait toujours rien, Lin Chuyan réfléchit et fit deux pas en avant pour le prendre maladroitement dans ses bras. Avec cette étreinte, Lin Chuyan put clairement sentir qu’il était en train de tenir contre lui un homme du même genre que lui.

Même si Shen Jue était petit et fin, il restait un homme.

À cette pensée, Lin Chuyan resserra son étreinte, comme pour montrer qu’il ne reculerait plus.

« Jeune maître Lin, vous voulez vraiment m’entretenir, ah ? »

Il entendit l’adolescent dans ses bras demander ça d’un ton nonchalant.

« Mais je n’aime pas qu’on me force la main. »

Lin Chuyan répondit par un En et ajouta :

« Je ne te forcerai jamais à faire quelque chose que tu ne veux pas.

– Alors rappelez-vous bien de ce que vous m’avez dit ce soir. Vous devez vous occuper de moi jusqu’à la mort. »

La voix de l’adolescent semblait plus glaciale à cause de la froide nuit hivernale.


Lin Chuyan, qui était un peu ivre, ne prêta pas attention à son ton, mais seulement à la teneur de ses propos. Sa famille était assez aisée, cela ne poserait aucune problème d’entretenir quelqu’un. Le problème, c’était le visage de Shen Jue.

Si quelqu’un venait à découvrir qu’il entretenait en secret un jeune homme qui ressemblait énormément à sa belle-sœur, il ne serait pas en mesure de se défendre à ce moment-là. Même s’il emmenait Shen Jue vivre dans la résidence secondaire, les serviteurs de là-bas avaient déjà plus ou moins vu Jing He. Mais par chance, Jing He était plutôt du genre à rester à la maison en permanence, alors peu de gens en ville la connaissaient.

En un court laps de temps, Lin Chuyan avait déjà trouvé un moyen.

Puisque Shen Jue ne pouvait pas vivre dans la résidence secondaire, il allait acheter une autre demeure et engager un autre serviteur.


« Que dirais-tu de ça ? Tu vas vivre à l’auberge quelques jours, le temps que j’achète une maison et la fasse nettoyer. Si tu es d’accord pour venir y habiter, je te donnerai de l’argent tous les mois. Et s’il te faut encore plus d’argent, tu n’auras qu’à me le dire. Je me chargerai de payer le serviteur pour faire les courses, alors tu n’auras plus à t’inquiéter de manquer de nourriture ou d’argent. Et si tu veux commencer à étudier, je peux t’engager un précepteur, fit doucement Lin Chuyan. Mais il y a une chose capitale : tu ne dois pas parler de moi aux autres, que ce soit mon nom, mon identité ou mon apparence. »

Shen Jue leva la tête en entendant ça et regarda Lin Chuyan droit dans les yeux.

« Jeune maître Lin, êtes-vous en train de préparer une cage dorée pour y cacher votre petit canari ? »

Loin de nier, Lin Chuyan répondit calmement :

« C’est bien ça. »

Shen Jue se pinça les lèvres et sourit lentement.

« Très bien, je ne parlerai pas de toi aux autres. »


* * *


Shen Jue hypnotisa temporairement la mère maquerelle avec ses pouvoirs et lui demanda de prendre le contrat d’un autre jeune maître pour le passer à Lin Chuyan en faisant croire qu’il s’agissait du sien. Dès qu’ils quittèrent le pavillon Tunjin, Lin Chuyan tendit le contrat de vente à Shen Jue.

« Désormais, c’est toi qui le garderas. »

Ensuite, il trouva une auberge assez éloignée de la résidence Lin et laissa Shen Jue y loger. Avant de partir, il regarda l’adolescent et le vit assis sur le lit, les yeux posés sur lui. Il réfléchit un peu, puis revint vers lui et souleva son menton du bout des doigts. Il fit d’un ton doux et cajoleur :

« Tu vas rester ici quelques jours. Je ne peux pas venir te voir durant le jour, je ne peux venir que la nuit. Il y a quelque chose qui te fait envie ? Je te l’apporterai demain soir. »

Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !

Shen Jue appréciait les belles personnes à présent, mais il ne pouvait de toute évidence pas répondre ça. Il ne pouvait pas non plus ne rien demander, sinon Lin Chuyan douterait forcément de ses intentions. Après tout, son approche était déjà très suspicieuse. Lin Chuyan ne doutait pas de lui pour le moment, mais rien ne garantissait qu’il n’allait pas se poser des questions par la suite. Shen Jue devait donc faire en sorte que l’autre ait des doutes le plus tard possible.

« Des bijoux, j’aime les belles choses comme les bijoux. »

Shen Jue répondit en nommant quelques chose que la plupart des gens apprécieraient, surtout les jeunes demoiselles et maîtres du pavillon Tunjin.

Effectivement, cette réponse ne surprit pas du tout Lin Chuyan qui accepta tout de suite. Il regarda Shen Jue, puis se pencha lentement vers lui pour déposer un léger baiser sur ses lèvres.

Ce baiser n’était pas dénué d’intentions, à moitié pour amadouer Shen Jue et à moitié pour se tester.


* * *


Lin Chuyan trouva très rapidement une maison à acheter et Shen Jue emménagea trois jours plus tard durant la nuit. La raison était que Lin Chuyan ne voulait pas se faire remarquer, mais cela convenait tout à fait à Shen Jue car sa peau devenait bleuâtre durant le jour. Les gens se rendraient alors facilement compte qu’il était un fantôme.

Le serviteur que Lin Chuyan avait engagé était un homme muet et sans la moindre éducation, du nom de Ah Yuan. Ce serviteur s’était installé un jour plus tôt pour nettoyer la maison qui comptait deux bâtiments. Il avait même fait brûler de l’encens dans la chambre où vivrait Shen Jue, mais c’était un peu trop fort. Lin Chuyan fronça les sourcils dès qu’il entra mais en voyant que Shen Jue restait impassible, il ne parla pas de l’encens. Il demanda juste à l’adolescent s’il avait faim.

« Je n’ai pas faim, je veux juste prendre un bain, » répondit Shen Jue.

Quand Lin Chuyan l’entendit dire qu’il n’avait pas faim, il marqua une pause un moment, puis demanda à Ah Yuan de faire chauffer de l’eau.


Ce jour-là, Lin Chuyan allait rester toute la nuit et partager le même lit que Shen Jue. Comme Ah Yuan était muet, il était agile de ses mains et ne se mêlait pas de ce qui ne le regardait pas. Ce n’était pas la première fois qu’il servait des amants entretenus à l’extérieur, alors en voyant que Lin Chuyan et Shen Jue allaient dormir dans la même chambre, il ne trouva pas ça bizarre. Il exécuta simplement les ordres et quand il vit les deux jeunes gens entrer dans la maison, il fit chauffer de l’eau sur le fourneau à l’avance, puis se retira dans sa chambre pour se reposer. Mais il n’osa pas se mettre au lit pour dormir. Il s’assit sur un tabouret et somnola un peu, tout en restant attentif à ce qui se passait à l’extérieur.


Dans la chambre, Lin Chuyan contempla la silhouette vague qui se dessinait sous les tentures. Il inspira profondément, puis s’approcha du lit et tendit la main pour soulever la tenture. Le lit aussi avait été encensé. À force d’être resté dans la chambre, il avait fini par se faire à l’odeur forte. C’était la personne au lit qui le rendait un peu nerveux.

L’adolescent était allongé sur le côté, lui tournant le dos. Quand il entendit la tenture se lever, il tourna à moitié la tête vers lui pour le regarder. Il ressemblait clairement beaucoup à Jing He, mais les impressions que les deux donnaient à Lin Chuyan étaient totalement différentes. Comparé à Jing He, vu que cet adolescent au lit venait du pavillon Tunjin, il avait forcément un côté plus séducteur. Mais c’était étrange, car ce côté disparaissait par moment.

Parfois, Lin Chuyan avait l’impression que cet adolescent était aussi séducteur qu’un démon ou qu’un fantôme mais parfois, il avait l’impression que son visage prenait un air glacial et qu’il ne se souciait de personne. Il y avait surtout ses yeux, comme de la glace qui commençait à fondre à la surface mais qui restait bien prise en profondeur.

Une fois que Lin Chuyan se fut décidé, il s’allongea sur le lit et attira l’adolescent dans ses bras.


* * *


Ah Yuan attendit que les lumières de la chambre principale soient éteintes et que personne ne vint lui demander de l’eau. Seulement là, il s’endormit à son tour.

Le lendemain matin avant l’aube, Lin Chuyan se leva pour partir. Comme cet endroit était assez éloigné de la résidence Lin, il devait se lever tôt afin de retourner en vitesse chez lui. Après s’être levé et habillé, il jeta un coup d’œil à l’adolescent qui dormait toujours.

Shen Jue était couché sur le ventre, ses cheveux noirs épais recouvrant la plus grande partie de son corps. Seule la moitié de son visage était visible. La pièce était trop sombre et Lin Chuyan n’osait pas allumer la lanterne de crainte de le réveiller. Il le contempla un moment avant de partir.

Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !

Depuis, Lin Chuyan prit le pli de venir tous les trois ou quatre jours. À chaque fois, il venait tard dans la soirée et partait avant l’aube. Grâce à ça, il ne découvrit jamais rien de bizarre chez Shen Jue. Quant à Ah Yuan, Shen Jue l’hypnotisait tous les jours afin qu’il ne dise jamais à Lin Chuyan que Shen Jue ne mangeait pas.

Il y eut juste une fois où Lin Chuyan attira soudain Shen Jue dans ses bras pour tâter son estomac.

« Tu n’as pas encore mangé ce soir ? »

Shen Jue ne nia pas et ne confirma pas. En voyant ça, Lin Chuyan garda le silence un moment, puis fit :

« Ce n’est pas le pavillon Tunjin ici. Tu ne grossiras pas si tu manges quelque chose le soir, et même si c’était le cas… »


Avant qu’il n’ait fini sa phrase, il sentit la personne dans ses bras gigoter pour se libérer. Lin Chuyan se rappela de ce que l’autre avait dit avant, qu’il ne fallait pas le forcer, alors il ne put que se taire et le serrer de nouveau contre lui.

Mais même ainsi, il sentit l’autre s’agiter encore. Alors il souleva simplement le visage de Shen Jue pour l’embrasser.

Après ce baiser, il le sentit encore se débattre, comme un chat qui piquait une colère. Lin Chuyan ne put que caresser son lobe d’oreille.

De cette manière, le chat fut calmé et rétracta ses griffes.


* * *


Le temps s’écoula lentement de cette manière jusqu’à la fin de l’année. Lin Chuyan fut encore plus occupé durant cette période, il ne pouvait parfois venir qu’une fois tous les dix jours. C’était compliqué pour lui de se trouver du temps pour venir, alors il partait après être à peine resté un peu. Cependant, il apportait des cadeaux à chaque fois, toujours des bijoux.

Après la fin du premier mois lunaire, Lin Chuyan eut enfin un peu plus de temps libre. À la première occasion venue, il se rendit chez Shen Jue avec une boîte de bijoux.

Il arriva tard durant la nuit alors à son arrivée, Shen Jue dormait déjà. L’adolescent dormait pour de vrai. Durant les jours où Lin Chuyan ne venait pas, il n’était pas resté sans rien faire. Il s’était promené dans les rues pour repérer de belles personnes, surtout lors de la Fête des Lanternes qui avait eu lieu deux jours auparavant. Beaucoup de gens avaient fait le déplacement pour l’occasion, alors Shen Jue avait vu énormément de personnes splendides. Comme il s’en était privé depuis trop longtemps, dès son retour de la Fête des Lanternes, il avait changé plusieurs fois de visage. Quand il avait finalement repeint le visage de Jing He, il était épuisé, alors il s’était écroulé dans le lit et s’était endormi.


Il se réveilla peu de temps après.

Il souleva ses longs cils, ses yeux contenant encore des traces de sommeil. Quand il vit clairement que c’était Lin Chuyan devant lui qui lui tenait la main, il fut stupéfait un moment. Une fois qu’il se ressaisit, il voulut retirer sa main, mais l’autre homme ne le lâcha pas. Il embrassa même la main du bout des doigts au poignet.

Mais quand ses lèvres arrivèrent au poignet, Lin Chuyan s’arrêta soudain. Il regarda la tache de peinture inconnue sur le poignet de Shen Jue, puis leva les yeux pour regarder l’autre.


Note de Karura : Shen Jue devient un petit canari élevé dans une cage dorée… ou plutôt un aigle !







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