Chapitre 277
La prison était mal éclairée, alors c’était encore plus difficile de distinguer le genre du beau visage féminin de Xie Zhi ici. Mais l’hostilité de son visage était bien trop puissante, ce qui lui ôtait toute féminité.
Les yeux de phénix rouge regardèrent directement Shen Jue et une lueur défila dans ces yeux bruns. Quand il ouvrit ses lèvres rouges, ce fut pour ricaner :
« Quoi ? Je te fais trop peur ? »
Xie Zhi était né avec une force brutale, ce qui n’avait rien à voir avec Lin Chuyan. Shen Jue se fit soulever par le col sans même pouvoir résister. Il y avait trois hommes qui attendaient hors de la cellule. Shen Jue se dit que même si Xie Zhi avait un mauvais caractère, il ne toucherait pas à Lin Chuyan en présence d’autres personnes.
« Pourquoi tu ne dis rien ? »
Xie Zhi vit que Shen Jue ne semblait pas du tout paniqué et l’hostilité dans ses yeux se fit plus lourde.
Shen Jue répondit calmement :
« Que veux-tu que je te dise ? »
Xie Zhi rétrécit les yeux, puis il se releva et recouvrit Shen Jue de son manteau. Il le souleva dans ses bras et sortit de la cellule. Quand Shen Jue fut ainsi porté dans le couloir, il vit un des trois hommes entrer de son propre gré dans la cellule.
Les deux autres refermèrent la grille à clef.
Shen Jue regarda Xie Zhi d’un air surpris.
« Qui est-ce ? »
Xie Zhi ne répondit pas, mais pressa simplement le visage de Shen Jue dans ses bras, ce qui signifiait que Shen Jue n’était pas autorisé à parler ou à regarder. Shen Jue aurait aimé tourner la tête, mais il n’eut pas d’autre choix que de renoncer. Dans les bras de Xie Zhi, la vue bloquée, il savait seulement que l’homme le transportait dehors.
Quand il se fit poser, Xie Zhi et lui se trouvaient déjà dans un carrosse.
Xie Zhi le lâcha uniquement une fois à l’intérieur, puis il tourna la tête et fit dehors :
« On y va. »
Shen Jue s’assit en face de lui, puis ouvrit la fenêtre du carrosse pour regarder dehors. Ils se trouvaient à l’extérieur de la prison et il ignorait où allait ce carrosse.
« Qui était cet homme qui est entré dans la cellule tout à l’heure ? » demanda-t’il en tournant la tête vers Xie Zhi.
L’autre homme lui jeta un regard indifférent. Voyant qu’il gardait le silence, Shen Jue continua de demander :
« Où est-ce qu’on va ?
– Pourquoi tu me poses toutes ces questions ? Si tu as le temps de penser à tout ça, autant en profiter pour cultiver ton esprit. »
Xie Zhi étira les lèvres en un sourire sarcastique. Shen Jue ne comprit pas le sens de ce sourire mais quand le carrosse s’arrêta, il se rendit compte qu’ils étaient en fait arrivés devant la maison que Lin Chuyan lui avait achetée.
Xie Zhi le fit descendre du carrosse. Le ciel commençait déjà à s’éclaircir à l’horizon. L’homme cassa d’un coup de pied le verrou de la porte arrière de la demeure et entraîna Shen Jue à l’intérieur. Les deux hommes qui conduisaient le carrosse ne les suivirent pas, mais se postèrent dehors.
« Qu’est-ce que tu fais ? »
Shen Jue ressentit subitement un certain malaise. Il regarda en arrière et s’aperçut que les deux autres hommes avaient carrément refermé le portail.
« Tu as oublié ce que je t’ai dit quand je suis arrivé ? »
Xie Zhi tira Shen Jue vers la chambre principale.
Shen Jue avait vécu un bon moment, alors il ne pouvait qu’être très familier avec les lieux. Mais à présent, tous les meubles et ornements de la chambre principale avaient été changés : du rouge sautait aux yeux de partout, que ce soit les rideaux rouges, les coussins et les oreillers. Même la table de chevet était rouge et dessus était posée une paire de bougies ornées de dragon et de phénix C’est totalement le décor d’une chambre nuptiale ! (1).
Xie Zhi conduisit Shen Jue derrière le paravent. L’eau dans la baignoire avait déjà été préparée, mais elle avait complètement refroidi. Xie Zhi ne sembla pas s’en soucier et se mit à dévêtir directement Shen Jue.
Choqué, ce dernier recula et tenta de bloquer les mains de l’autre homme. Mais il portait un uniforme de prisonnier, qui était si usé qu’il était prêt à se déchirer si on tirait un tant soit peu dessus. En voyant Shen Jue essayer d’esquiver, Xie Zhi ricana et saisit son col pour le déchirer rudement
…
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
Shen Jue se fit pousser dans la baignoire. L’eau froide lui donna envie de sortir aussitôt, sauf que Xie Zhi se posta à côté du bassin et refusa de le laisser faire. Il se tenait debout comme une bête sauvage qui observait la proie qui était tombée dans son piège.
Au bout d’un moment, il vit que Shen Jue s’était juste blotti dans l’eau, les bras autour de lui-même. Il prit une éponge en laine du plateau à côté de lui et la jeta dans l’eau.
« Lave-toi ! »
Shen Jue leva les yeux vers lui et ne put s’empêcher de se demander ce qui se passerait s’il tuait Xie Zhi. Pendant qu’il réfléchissait, Xie Zhi perdit patience. Il prit l’éponge dans l’eau et commença à laver lui-même Shen Jue.
Comme s’il étrillait un cheval, ses mouvements ne furent pas doux du tout. Bien que Shen Jue soit un fantôme, il était précisément un fantôme à la peau peinte. Ce genre de fantôme était très douillet, surtout en ce qui concernait leur peau. Après quelques passages d’éponge, Shen Jue avait si mal qu’il allait se mettre à pleurer. Cependant, sa raison lui interdisait de tuer Xie Zhi.
Quand un fantôme tuait un humain, il devenait un fantôme féroce et dans ce cas, il serait pourchassé par les gardes fantômes. Lin Chuyan n’était pas encore tombé amoureux de lui alors s’il se faisait capturer par les gardes fantômes, ce monde ne serait pas brisé et il devrait tout recommencer.
Comment aurait-il pu accepter de repartir de zéro après en être arrivé jusque là ?
Les yeux de Shen Jue étaient rouges à cause de la douleur et il ne pouvait même pas y réchapper. Le bassin n’était pas si grand que ça après tout. Tout en frottant sa peau avec l’éponge, Xie Zhi fit en serrant les dents :
« Ça t’apprendra à avoir été avec quelqu’un d’autre. Je vais retirer toute la crasse de ton corps aujourd’hui ! »
Shen Jue n’y tint plus et tenta d’employer l’hypnose sur Xie Zhi, mais cela ne servit à rien du tout. L’autre homme ne donna même pas l’impression d’avoir senti le sort. Au moment où il s’attaqua à au mollet gauche de Shen Jue, il vit la clochette noire à sa cheville. Ses pupilles se contractèrent et il saisit aussitôt la cheville.
« C’est quoi, ça ? »
Shen Jue le regarda en serrant les dents, incapable de contrôler plus longtemps son dégoût.
S’il n’avait pas été en train de jouer le rôle de Lin Chuyan, il se serait déjà rendu invisible pour s’en aller. Cependant, il ne pouvait pas dévoiler qu’il était un fantôme. S’il faisait ça, Xie Zhi risquait de deviner que la personne avec qui il avait couchée avant n’avait pas été son ami.
Xie Zhi vit que l’autre ne disait rien, alors il tenta de retirer lui-même la clochette noire. Mais il eut beau utiliser une dague, il ne put couper le ruban. Après y avoir passé tout un bâtonnet d’encens, Xie Zhi n’arriva toujours pas à la retirer, alors il n’eut pas d’autre choix que de renoncer. Son expression se fit plus glaciale et la manière dont il regardait Shen Jue devint plus compliquée.
Il semblait considérer Lin Chuyan comme sa propriété personnelle. À présent qu’il voyait la clochette noire au pied de Shen Jue, il avait l’impression que quelqu’un avait marqué son bien.
Après ce bain, les vêtements de Xie Zhi étaient presque complètement trempés, mais il n’en eut cure. Il souleva la personne de la baignoire d’une seule main et recouvrit Shen Jue d’une tunique rouge sur le paravent de son autre main.
« Xie Zhi, ne m’oblige pas à te gifler de nouveau ! » fit Shen Jue pour lui rappeler ce qui s’était passé à la résidence Lin la dernière fois.
Il pensait que quelqu’un d’aussi fier que Xie Zhi devait se sentir honteux d’avoir été giflé par Lin Chuyan auparavant. Alors en menaçant de le frapper de nouveau, il voulait le mettre en colère et faire en sorte qu’il haïsse Lin Chuyan.
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Xie Zhi se fâcha effectivement, mais la cible de sa colère ne fut pas celle que Shen Jue aurait bien voulu. Au lieu de s’énerver, il tira Shen Jue jusqu’au lit de jour sous la fenêtre.
« Je voulais te prendre en pitié pour une fois, mais il semble que ce ne soit pas du tout nécessaire. »
Xie Zhi le poussa sur le lit de jour et serra férocement ses dents blanches comme la neige.
« Tu peux me frapper. Tu peux me frapper si tu veux, du moment que tu en as la force. »
Il y avait un poème qui disait :
La poudre fond et la neige parfumée imprègne la gaze légère.
Un autre poème disait :
s’arrêtant puis reprenant.
Une paire de jade est suspendue sur un visage de crème.
Avec la lumière du soleil qui passait par la fenêtre, Shen Jue ne pouvait même pas se rendre invisible. Il avait beau être furieux, il n’y avait rien qu’il ne pouvait faire. Alors quand la main de Xie Zhi toucha ses lèvres, il ne put s’empêcher de la mordre.
Il mordit très fort, comme pour lui arracher un bout de chair.
Xie Zhi le regarda, ses yeux bruns de phénix devenant presque transparents sous la lumière du soleil. Même si Shen Jue l’avait mordu jusqu’au sang, il ne changea pas d’expression.
Les nuages s’étaient dispersés, la pluie s’était arrêté et le soleil brillait.
Shen Jue fut transporté du lit de jour au lit. Il se roula en boule, ferma les yeux et laissa Xie Zhi appliquer l’onguent pour lui. La blessure à son visage fut également soignée. Il avait employé une illusion pour la faire ressembler à une blessure ordinaire, mais ce sort arrivait à ses limites.
Durant le jour, ses pouvoirs étaient grandement réduits, sans parler qu’il ne se sentait pas bien du tout en ce moment. Quand un fantôme couchait avec un humain, il absorbait le Qi Yang de son partenaire. Le problème, c’était que Xie Zhi n’était pas un humain ordinaire : il possédait un corps de pur Yang, lui qui était né un jour Yang d’un mois Yang d’une année Yang à une heure Yang.
Shen Jue ne pouvait donc pas le supporter. Il était à présent si faible que même un jeune fantôme pourrait facilement le dévorer. Cela lui avait demandé un effort énorme que de lancer cette illusion.
« Chuyan, tu ne peux pas rester dans la capitale. Je vais te faire sortir ce soir pour te conduire au Temple des Mille Bouddhas. »
Xie Zhi tendit la main pour caresser les longs cheveux de Shen Jue. Comme c’était très agréable, il ne put s’empêcher de saisir une poignée, mais les cheveux noirs étaient si lisses qu’ils glissèrent de ses doigts. Surpris un moment, il regarda Shen Jue avec un air encore plus déterminé.
Shen Jue ouvrit légèrement les yeux à ces mots.
« Tu vas laisser cet homme de l’autre nuit mourir à ma place ? »
L’homme qui était entré dans la cellule avait baissé la tête, alors Shen Jue n’avait pas pu distinguer clairement son apparence. Mais en y repensant maintenant, sa silhouette ressemblait pratiquement à celle de Lin Chuyan.
Même sans Shen Jue, Xie Zhi avait été capable de trouver quelqu’un pour mourir à la place de Lin Chuyan. Ce genre d’intention représentait vraiment énormément. Si Shen Jue avait vraiment été Lin Chuyan, il aurait pu pardonner les actes honteux que l’autre venait de commettre rien qu’à cause de cette bonne intention.
Mais il n’était pas Lin Chuyan.
« Tu n’as pas à t’en faire pour ça. Repose-toi bien. Je te préviendrai une fois que le repas sera prêt. »
L’attitude de Xie Zhi avait clairement changé. Sa voix était également devenue plus douce.
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Mais quand Shen Jue entendit ça, il se sentit encore plus dégoûté. Il étira le coin de ses lèvres en un sourire dédaigneux, son regard glacial.
« Je n’ai pas faim. »
Xie Zhi plissa le front.
« Ce n’est pas bon pour ta santé de ne rien manger. Tu es trop fatigué, c’est ça ? Alors je t’apporterai à manger plus tard. »
Pour tout réponse, Shen Jue ferma simplement les yeux. Xie Zhi se figea, mais ne dit rien.
Peu de temps après, Shen Jue se fit réveiller. Xie Zhi était assis à côté de lui avec un bol de bouillie de riz, un sourire enjôleur sur son splendide visage.
« Chuyan, lève-toi pour manger un peu. Je vais te nourrir. »
Tout en parlant, il remua un peu la bouillie avec une cuillère.
« Je sais que tu aimes les jujube, alors j’en ai rajouté un peu dans le plat. Je les ai coupés finement. Comme ça, tu n’auras pas trop de mal à les mâcher. »
Il prit une cuillerée de bouillie et la porta aux lèvres de Shen Jue, ses yeux remplis de cajolerie et d’espoir mélangés.
Shen Jue le regarda et au bout d’un moment, il fit faiblement :
« Je veux m’asseoir.
– Bien, bien, bien. »
Xie Zhi posa tout de suite le bol sur un tabouret à côté, puis aida Shen Jue à se redresser. Il plaça également deux oreillers contre sa taille, de crainte que l’autre homme n’ait un peu mal en s’appuyant dessus. Puis il entendit Shen Jue ajouter :
« Je veux manger moi-même. »
Xie Zhi hésita un moment avant d’accepter. Mais quand il tendit le bol à Shen Jue, il craignait quand même que l’autre ne renverse de la bouillie sur lui, étant donné qu’il était faible et vacillant. Bien que la bouillie ne soit pas très chaude, cela pouvait quand même brûler un peu si on en renversait sur soi.
Sa crainte devint réalité, sauf que la bouillie n’éclaboussa pas le corps de Shen Jue, mais son propre visage.
Xie Zhi en resta sans voix un long moment après s’être pris le bol de bouillie en pleine figure. Il sentit la nourriture poisseuse dégouliner le long de son visage. Au bout d’un certain temps, il leva la main pour ressuyer les traces.
Le jeune homme en face de lui le regarda d’un air moqueur, puis agita le bol vide qu’il tenait.
« Comment tu as trouvé ça ? Xie Zhi.
– Délicieux ! » cracha Xie Zhi entre ses dents serrées.
Il se leva pour sortir. Quand il revint, il avait changé de tenue et s’était même lavé les cheveux, dont de l’eau dégoulinait encore un peu.
Il se posta devant Shen Jue en quelques pas. Ses yeux ne contenaient plus aucune trace de la chaleur précédente, il ne restait que les ténèbres.
« Je suis plein, alors c’est à présent à ton tour. »
Alors que Shen Jue avait si mal qu’il pouvait de nouveau à peine bouger, il y eut de l’agitation dehors. Xie Zhi n’y prêta pas attention. Quand quelqu’un toqua à la porte, il rugit furieusement :
« Qui que ce soit, dégagez ! »
Il y eut un moment de silence à l’extérieur, puis la porte se fit enfoncer par un coup de pied vigoureux.
Xie Zhi se renfrogna et tira aussitôt la couverture pour se couvrir, ainsi que Shen Jue. À peine ce fut fait que l’autre personne était déjà entrée. Cette personne s’approcha précipitamment et quand il vit la scène au lit, ses pas s’arrêtèrent net.
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« Tu n’as pas entendu ? Je t’ai dit de dégager ! »
Xie Zhi tourna la tête dans cette direction. Cependant, la férocité dans son regard disparut quand il vit l’autre personne non loin, ne laissant que du choc. Il lui fallut un très long moment pour retrouver l’usage de la voix. N’en croyant pas ses yeux, il prononça le nom de l’autre homme :
« Chuyan ? »
Ce jeune homme avait le visage très pâle et ses mains étaient déjà serrées en poings à ses côtés. Mais même en cet instant, il gardait le dos bien droit. Son regard n’était pas fixé sur Xie Zhi, mais sur celui qui se trouvait pressé en-dessous.
Pour être exact, sur le fantôme qui arborait son propre visage.
La parole à l’auteur : Citations :
1.
La poudre fond et la neige parfumée imprègne la gaze légère.
— Les sables de Huanxi : Le bol de jade glacial et
la fleur de rosée,
Yan Shu
2.
s’arrêtant puis reprenant.
Une paire de jade est suspendue sur un visage de crème.
— Les légendes de la rivière : Pluie d’automne, Yuan Xuan
Notes du chapitre :
(1) C’est totalement le décor d’une chambre nuptiale !
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