Chapitre 287

« Toi… »

Quand Shen Jue vit Xie Zhi devant lui, il en resta sans voix.

Xie Zhi était bel et bien devenu un fantôme, et un fantôme vengeur qui plus est. Les fantômes vengeurs n’étaient pas comme les fantômes à la peau peinte : ils restaient dans le monde à cause de leur ressentiment. En général, plus leur rancœur était profonde, plus leur pouvoir serait grand.

Le jeune homme qui lui faisait face était un peu différent de l’humain qu’il avait été. Ses traits de visage étaient toujours aussi splendides et délicats, sauf que ce n’était plus une beauté démoniaque, mais une beauté fantomatique. Une légère brume noirâtre recouvrait son visage. Ce Qi fantomatique rendait Xie Zhi un peu effrayant désormais, malgré son immense beauté.

« Tu es surpris de me voir ? »

Xie Zhi se pencha en avant, ses longs cheveux cascadant sur ses épaules. Ses yeux de phénix clignèrent légèrement et parurent contenir une pointe de moquerie.

« Tu ne devrais pas. Quand tu as demandé à Lin Chuyan de m’arracher la peau, tu aurais dû savoir que je reviendrai. Comment aurais-je pu vous regarder tous les deux jouer au parfait petit couple humain et fantôme ? Tout sucre et tout miel. »

Quand Shen Jue vit l’autre s’approcher de lui, il ne put que reculer inconsciemment. Mais dès qu’il fit mine de reculer, son bras se fit violemment saisir et il se fit tirer en avant. La distance entre les deux fantômes se réduisit aussitôt. Le visage de Xie Zhi était très proche du sien.

« Il t’appelle Ah Jue, pas vrai ? Alors je vais aussi t’appeler comme ça à présent. Ah Jue, tu veux me voir sans ma peau ? »

Dès qu’il eut fini de parler, son apparence changea radicalement.

Les fantômes pouvaient prendre l’apparence horrible de leur mort, sauf que Shen Jue avait perdu tous ses souvenirs de ce monde en tant que fantôme. Il ne se rappelait pas de la manière dont il était mort, donc il ne pouvait pas prendre cette apparence. Quand il avait voulu faire peur à Xie Zhi, il s’était transformé en la créature la plus effrayante qu’il avait pu imaginer. Mais à présent qu’il voyait contre toute attente l’apparence de Xie Zhi, Shen Jue ne put que rester pétrifié. Peu de temps après, il sentit la main de l’autre sur son épaule.

« Ah Jue, » l’appela Xie Zhi.

Shen Jue crut entendre du sang couler goutte à goutte sur lui. Le visage de l’autre fantôme se rapprochait de plus en plus. Shen Jue ne put s’empêcher de fermer les yeux à cet instant.

Dès qu’il eut fait ça, il entendit le rire de l’autre.

« Alors comme ça, tu as peur. Tu n’as pourtant pas eu peur quand Lin Chuyan m’a tué ! Tu n’as pourtant pas peur de porter ma peau ! Ouvre les yeux ! »

Sur ces trois derniers mots, la voix de Xie Zhi était devenu complètement glaciale.

Shen Jue ne réagit pas pendant un long moment, puis il ouvrit lentement les yeux. Le fantôme devant lui avait repris son apparence normale, sauf que ses yeux ne contenaient plus de lueur d’amusement. Xie Zhi le fixait d’un air glacial, songeant à Dieu sait quoi. Shen Jue se mit également à réfléchir à ce qu’il allait faire à présent.

Xie Zhi était devenu un fantôme vengeur. Il était rempli de rancœur et ne réincarnerait pas gentiment, à moins qu’un garde fantôme ne remarque son existence et ne prenne l’initiative de le capturer. Shen Jue avait compris dès l’instant où il avait vu Xie Zhi qu’il ne pourrait jamais le vaincre.

Xie Zhi avait eu un corps de pur Yang de son vivant. Une fois fantôme, ce corps était devenu un corps de pur Yin et il était un fantôme vengeur de surcroît. On pouvait dire que Xie Zhi était devenu un diable pur et dur.

Seuls les gardes fantômes pourraient faire le poids contre lui, mais Shen Jue ne savait pas quand ils allaient se présenter. En plus, si les gardes fantômes venaient, ils l’emmèneraient également avec. Si cela se produisait, Shen Jue ne pourrait plus jamais revoir Lin Chuyan.

Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !

« Aujourd’hui, c’est le Nouvel an. Comme d’habitude, les gens vont sortir dans les rues pour admirer le feu d’artifice organisé par le Ministère des Rites devant le plus haut bâtiment. Allons voir ça aussi, » fit Xie Zhi d’une voix froide.

Dès qu’il eut dit ça, il souleva Shen Jue et le traîna dehors.

Shen Jue décolla pratiquement du sol mais avant qu’il ne puisse tomber, une main s’enroula autour de sa taille et l’aida à rester debout.

Xie Zhi le fixa avec de la moquerie évidente.

« Tes jambes sont trop faibles ? »

Shen Jue vit la tête qu’il faisait et comprit qu’il se faisait des idées, mais il ne s’embêta pas à lui expliquer.

« Je veux pas y aller. »

Shen Jue voulut récupérer sa main, mais Xie Zhi était à présent un fantôme vengeur. Sa force était bien trop grande pour que Shen Jue puisse lui résister.

Sauf qu’au bout de deux pas, Xie Zhi s’arrêta en entendant les clochettes tinter à la cheville de Shen Jue.

Il fronça les sourcils et souleva soudain Shen Jue pour le ramener au lit. Il retira d’un seul mouvement sa botte et sa chaussette.

Il fixa la chaînette de clochettes dorées à la cheville de Shen Jue et posa la main dessus. Ce qui suivit laissa Shen Jue presque ébahi car la chaîne se brisa.

Elle tomba en morceaux dans la main de Xie Zhi.

Dès que cette chaîne fut brisée, il n’y eut plus du tout d’obstacle. Ce fut ainsi que Shen Jue fut tiré de force hors de la maison par Xie Zhi.

Ce dernier serra très fort le bras de Shen Jue et l’emmena dans la rue. En même temps, il lui fit :

« Si tu ne veux pas que les gens s’aperçoivent que tu es un fantôme, tu ferais mieux de te rendre invisible.

– Et si je ne veux pas ? »

Shen Jue prit aussi un ton glacial.

Quand Xie Zhi entendit ça, il s’arrêta. Puis il se tourna pour le regarder, ses lèvres rouges s’étirant vers le haut.

« Alors je laisserai les gens dans la cité me voir en train de te traîner sans ma peau. Cela ne pourra qu’attirer les gardes fantômes ou bien des maîtres célestes qui voudront s’occuper de nous. Après ça, je verrai bien comme tu feras pour séduire des hommes. »

Le sourire sur ses lèvres devint sarcastique.

« N’est-ce pas comme ça que tu as obtenu cette peau que tu portes ? »

Menacé ainsi, Shen Jue n’eut pas d’autre choix que de se rendre invisible comme Xie Zhi, tout en tentant de trouver le moyen de se débarrasser de lui.

Xi Zhi n’était pas prêt de lâcher prise et la peau que portait Shen Jue était la sienne. Il pouvait donc facilement le retrouver.

Shen Jue se fit donc entraîner avec une seule pensée en tête : comment éliminer Xie Zhi au plus vite. Quand il entendit de plus en plus de conversations autour de lui, il se rendit compte qu’ils étaient arrivés dans la rue de Qianmen, la plus grande rue de toute la capitale.

La tour d’archer se trouvait juste derrière cette rue et c’était le meilleur endroit pour admirer le feu d’artifice.

Quand ils arrivèrent dans la rue de Qianmen, Shen Jue devint un peu nerveux. Il avait promis à Lin Chuyan de regarder le feu d’artifice et d’admirer les lanternes ensemble. Si Lin Chuyan rentrait à présent et se rendait compte qu’il n’était plus à la maison…

En songeant à ça, il jeta automatiquement un regard à l’homme qui marchait devant lui. Xie Zhi s’était rendu invisible, fendant la foule sans le moindre problème. Les lanternes des deux côtés de la rue l’éclairaient, illuminant encore plus joliment sa tunique rouge, telle une tenue de marié. Malheureusement, Shen Jue était le seul à pouvoir profiter de la vue.

Ce dernier n’était clairement pas d’humeur à admirer l’autre homme. Il fixait son dos, songeant au moyen de le tuer.

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Quand ils arrivèrent au lac dans la cité, Xie Zhi s’arrêta soudain. Il se tourna vers Shen Jue et lui demanda :

« Tu vois ça ? »

Il désigna un bateau sur le lac.

Shen Jue suivit son regard et vit plusieurs bateaux sur le lac en cette soirée. Celui que Xie Zhi désignait ne se distinguait pas vraiment des autres.

« Ce serait bien de regarder le feu d’artifice depuis le lac. Allons-y ! »

Xie Zhi n’attendit pas que Shen Jue refuse. Il le saisit par le bras et passa directement son autre bras autour de la taille de Shen Jue, le forçant à s’envoler avec lui.

Il y avait d’autres passagers sur l’embarcation, mais personne ne put voir les deux fantômes.

Xie Zhi entraîna Shen Jue dans la cabine. Il y avait des petites pièces à l’intérieur. Quand il arriva à la pièce la plus éloignée, il fit entrer Shen Jue.

Dès que Shen Jue mit un pied dans la pièce, il aperçut Lin Chuyan à l’intérieur.

Ce dernier était assis à une table avec sept ou huit personnes autour de lui, des hommes et des femmes. À sa droite se trouvait une femme qui lui servait de la liqueur.

Lin Chuyan la remercia gentiment. Dès que la femme entendit ça, son visage déjà rouge devint encore plus cramoisi. Quand les hommes autour virent cela, ils se lancèrent aussitôt dans des taquineries grivoises.

Ils allèrent même jusqu’à demander à Lin Chuyan de ramener cette femme avec lui cette nuit.

« Tu as vu ? »

Xie Zhi s’était posté à un moment derrière Shen Jue. Il baissa la tête pour lui parler, ses paroles presque murmurées directement à l’oreille de Shen Jue.

Ce dernier recula sur le côté, lui jetant un regard rempli de dégoût évident.

La pièce était remplie, pourtant personne n’entendit ce que venait de dire Xie Zhi.

Lin Chuyan se contenta de rire un peu à cette blague, mais il y eut un importun sur le côté qui poussa directement la femme dans les bras de Lin Chuyan.

La femme paniqua et voulut se relever aussitôt mais ce faisant, elle ne parvint pas à tenir debout et retomba de nouveau.

Cette chute fit éclater de rire tous les gens présents dans la cabine.

La voix de Xie Zhi se fit de nouveau entendre :

« Elle ne te rappelle personne ? »

Shen Jue s’était déjà rendu compte que cette femme ressemblait assez à la belle-sœur de Lin Chuyan.

Face aux allusions grivoises, Lin Chuyan resta très calme. Il n’aida pas la femme, mais la laissa se relever toute seule.

Le banquet semblait avoir débuté dans l’après-midi. Après encore quelques tournées, quelqu’un annonça qu’il se faisait tard et qu’il devait rentrer pour dîner avec sa famille.

Dès que ces paroles furent prononcés, les gens se dispersèrent rapidement. Lin Chuyan fut le dernier à partir. Il paya la note et allait s’en aller quand la femme qui lui avait servi la liqueur apparut soudain de nouveau.

« Jeune maître, fit-elle en le regardant d’un air enamouré, je… »

Lin Chuyan la fixa, sortit un billet de sa manche et l’interrompit :

« Cela suffira ?

– Qu… Quoi ? » fit-elle d’un air clairement stupéfait.

Lin Chuyan conserva son air gentil, mais ses paroles n’eurent rien d’amical :

« Va te faire soigner pour tes jambes. Si tu n’arrives pas à rester debout, j’ai bien peur que tu ne pourras plus marcher par la suite. »

Quand elle entendit ça, la femme eut aussitôt les yeux qui devinrent rouges. Elle se tourna et partit en courant, sans même prendre l’argent. Lin Chuyan ne s’en soucia pas et jeta le billet sur la table.

Il se leva pour partir.

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Quand Shen Jue le vit s’en aller, il ne put que le suivre. Il aurait pensé que Xie Zhi allait l’en empêcher mais à sa grande surprise, non seulement l’autre fantôme ne l’arrêta pas, mais il le suivit également.

Shen Jue suivit ainsi Lin Chuyan et Xie Zhi le suivit. Même quand Shen Jue préféra retourner le premier à la maison, Xie Zhi le suivit sans rien faire.

« Qu’est-ce que tu veux ? Xie Zhi. »

Shen Jue se doutait que l’autre avait de mauvaises intentions et voulait se venger d’eux, mais il ne savait pas exactement ce qu’il avait prévu.

« Tu aimerais bien le savoir ? répliqua Xie Zhi en le regardant avec un sourire qui n’en était pas un. Lin Miao ne devrait pas tarder. »

Ces paroles n’auguraient rien de bon dans l’esprit de Shen Jue. Il ne put s’empêcher de reculer de deux pas. Dès qu’il bougea, il marcha accidentellement sur la chaîne de clochettes dorées qui avait été arrachée de sa cheville.

Les clochettes émirent un son désagréable.

Au moment où Lin Chuyan entra dans la pièce, il entendit un léger bruit. Mais quand il fut à l’intérieur, il n’y avait plus aucun bruit.

Shen Jue le regarda entrer, puis ferma les yeux de honte. Xie Zhi ne le laissa pas tranquille pour autant. Il saisit le menton de Shen Jue et lui parla mentalement :

« Ton Chuyan est là, pourquoi tu ne l’appelles pas à l’aide ? Tu n’es pas doué pour ça ? »

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